En guise d'introduction...
Dans son article "Ce que l'extrême-droit ne nous prendra pas" (cf. infra), Frédéric Lordon distingue les tenants de la souveraineté nationale et les tenants de la souveraineté populaire :
" Les tenants de la « souveraineté nationale » en effet ne se posent guère la question de savoir qui est l’incarnation de cette souveraineté, ou plutôt, une fois les évocations filandreuses du corps mystique de la nation mises de côté, ils y répondent « tout naturellement » en tournant leurs regards vers le grand homme, l’homme providentiel – l’imaginaire de la souveraineté nationale dans la droite française, par exemple, n’étant toujours pas décollé de la figure de de Gaulle. L’homme providentiel donc, ou tous ses possibles succédanés, comités de sages, de savants, de compétents ou de quelque autre qualité, avant-gardes qualifiées, etc., c’est-à-dire le petit nombre des aristoi (« les meilleurs ») à qui revient « légitimement » de conduire le grand nombre. La souveraineté vue de gauche, elle, n’a pas d’autre sens que la souveraineté du peuple, c’est-à-dire l’association aussi large que possible de tous les intéressés à la prise des décisions qui les intéressent "
Frédéric Lordon est un partisan de la souveraineté populaire et de la socialisation des moyens de production.
C'est aussi le cas d'Etienne Chouard.
Une divergence de taille néanmoins entre ces deux intellectuels :
pour Chouard, dans le processus constituant (le fait de rédiger la Constitution par le peuple et pour le peuple), il faut pouvoir parler avec tout le monde (Alain Soral par exemple); trouver un socle commun (le processus constituant doit éviter les sujets clivants); le processus constituant n'est ni de gauche, ni de droite; dans un tel processus, où tout le monde a la parole (certes de façon codifiée, organisée : sur le modèle de la démocratie athénienne par exemple, des espaces et des moments pour dialoguer, se disputer - l'agora; d'autres ensuite pour écouter les porte-paroles en silence et voter), les fachos sont naturellement minoritaires.
Pour Frédéric Lordon, on ne se compromet pas avec les fachos.
Mais c'est quoi un facho, quand on y réfléchit bien ? J'ose avancer qu'il s'agit d'une personne de gauche ou de droite ou du centre (démonstration par l'absurde) qui commet un passage à l'acte tels que cassage de gueule, matraquage, bombardement, viol, torture, meurtre, giflage, bizutage, stigmatisation, etc. à l'égard de toute opposition de pensée. Certes, là ou ça devient compliqué, c'est lorsqu'il s'agit de juger de tels passages à l'acte : terrorisme, résistance, légitime défense, ingérence, héroïsme, pathologie, éducation, volonté de puissance, etc. ? Oufti, on rentre dans des zones dangereuses pour un tas de gens :-)
Les ateliers constituants, un rêve de bisounours ? Mise à part la perspective de mourir sous le feu d'un Etat aux abois, ce qui ne m'intéresse guère a priori, je ne vois pas d'autres alternatives que d'organiser d'abord notre puissance (notre Constitution) avant tout autre chose. Lorsque Chouard estime qu'un individu participant au processus constituant connaît une véritable mutation, lorsqu'il estime que la participation de cet individu prime sur le contenu des articles qu'il rédige, cela ne revient-il pas à dire que la "révolution intérieure" doit précéder la révolution des institutions ? Autrement dit, une révolution, oui, mais d'abord se prendre en mains pour éviter d'être repris en mains. Nuit Debout, à qui confieras-tu ton destin ?
Bé oui, le plus dur, c'est qu'on aimerait voir tout ça se réaliser de notre vivant. Tout cela semble si éloigné alors que c'est peut-être tout proche. Tout tout proche. Et il paraît que la pensée agit sur la matière.
Christophe
Dans son article "Ce que l'extrême-droit ne nous prendra pas" (cf. infra), Frédéric Lordon distingue les tenants de la souveraineté nationale et les tenants de la souveraineté populaire :
" Les tenants de la « souveraineté nationale » en effet ne se posent guère la question de savoir qui est l’incarnation de cette souveraineté, ou plutôt, une fois les évocations filandreuses du corps mystique de la nation mises de côté, ils y répondent « tout naturellement » en tournant leurs regards vers le grand homme, l’homme providentiel – l’imaginaire de la souveraineté nationale dans la droite française, par exemple, n’étant toujours pas décollé de la figure de de Gaulle. L’homme providentiel donc, ou tous ses possibles succédanés, comités de sages, de savants, de compétents ou de quelque autre qualité, avant-gardes qualifiées, etc., c’est-à-dire le petit nombre des aristoi (« les meilleurs ») à qui revient « légitimement » de conduire le grand nombre. La souveraineté vue de gauche, elle, n’a pas d’autre sens que la souveraineté du peuple, c’est-à-dire l’association aussi large que possible de tous les intéressés à la prise des décisions qui les intéressent "
Frédéric Lordon est un partisan de la souveraineté populaire et de la socialisation des moyens de production.
C'est aussi le cas d'Etienne Chouard.
Une divergence de taille néanmoins entre ces deux intellectuels :
pour Chouard, dans le processus constituant (le fait de rédiger la Constitution par le peuple et pour le peuple), il faut pouvoir parler avec tout le monde (Alain Soral par exemple); trouver un socle commun (le processus constituant doit éviter les sujets clivants); le processus constituant n'est ni de gauche, ni de droite; dans un tel processus, où tout le monde a la parole (certes de façon codifiée, organisée : sur le modèle de la démocratie athénienne par exemple, des espaces et des moments pour dialoguer, se disputer - l'agora; d'autres ensuite pour écouter les porte-paroles en silence et voter), les fachos sont naturellement minoritaires.
Pour Frédéric Lordon, on ne se compromet pas avec les fachos.
Mais c'est quoi un facho, quand on y réfléchit bien ? J'ose avancer qu'il s'agit d'une personne de gauche ou de droite ou du centre (démonstration par l'absurde) qui commet un passage à l'acte tels que cassage de gueule, matraquage, bombardement, viol, torture, meurtre, giflage, bizutage, stigmatisation, etc. à l'égard de toute opposition de pensée. Certes, là ou ça devient compliqué, c'est lorsqu'il s'agit de juger de tels passages à l'acte : terrorisme, résistance, légitime défense, ingérence, héroïsme, pathologie, éducation, volonté de puissance, etc. ? Oufti, on rentre dans des zones dangereuses pour un tas de gens :-)
Les ateliers constituants, un rêve de bisounours ? Mise à part la perspective de mourir sous le feu d'un Etat aux abois, ce qui ne m'intéresse guère a priori, je ne vois pas d'autres alternatives que d'organiser d'abord notre puissance (notre Constitution) avant tout autre chose. Lorsque Chouard estime qu'un individu participant au processus constituant connaît une véritable mutation, lorsqu'il estime que la participation de cet individu prime sur le contenu des articles qu'il rédige, cela ne revient-il pas à dire que la "révolution intérieure" doit précéder la révolution des institutions ? Autrement dit, une révolution, oui, mais d'abord se prendre en mains pour éviter d'être repris en mains. Nuit Debout, à qui confieras-tu ton destin ?
Bé oui, le plus dur, c'est qu'on aimerait voir tout ça se réaliser de notre vivant. Tout cela semble si éloigné alors que c'est peut-être tout proche. Tout tout proche. Et il paraît que la pensée agit sur la matière.
Christophe