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lundi 25 juillet 2022

« L’écologie est navrante. Pendant la canicule faites du ski dans des salles à -5° ! » L’édito de Charles SANNAT

Source : https://insolentiae.com/lecologie-est-navrante-pendant-la-canicule-faites-du-ski-dans-des-salles-a-5-ledito-de-charles-sannat/

Mes chères impertinentes, chers impertinents,

J’aime à répéter que l’écologie actuelle n’est rien d’autre que de l’escrologie en bande organisée visant à rapiner les braves gueux que nous sommes sous forme d’impôts nouveaux puisque nous sommes très très culpabilisés par notre empreinte carbone qui n’est que l’écume de choses de la pollution totale.

Vous savez à quel point je rejette cette écologie punitive et malhonnête. Non pas parce qu’il ne faut pas prendre soin de notre maison commune qu’est notre si petite planète. Bien évidemment que la protection de l’environnement est indispensable, mais le tri des poubelles c’est 0 et les voitures électriques ont un bilan carrément négatif.

Et puis de vous à moi, il y a trop de paradoxes détestables et qui à ce niveau ne relève pas du hasard ou de la mauvaise gestion, mais bien de la mauvaise foi.

On vous parle d’écologie et l’on fait voler des millions d’avions à bas prix, on vous fait venir les avocats du Pérou, on importe tout de Chine ou d’ailleurs avec des transports sur des milliers de kilomètres ultra-polluants. On vous propose la coupe du monde au Qatar dans des stades en plein désert… climatisés ! On vous fait de la publicité toutes les 5 minutes pour vous pousser encore et toujours à acheter plus de trucs dont vous n’avez pas besoin avec de l’argent que vous n’avez pas !

Bref, nous vivons en pleine escrologie.

Une escrologie d’ailleurs qui s’aggrave. 

Qui s’amplifie.

D’un côté toujours plus de taxes et d’emmerdements sur les déplacements quotidiens et la gestion de ma poubelle, et de l’autre, Monsieur Dugenou qui peut aller skier en pleine canicule en mettant sa combinaison de ski en plein été…

Ce n’est pas au Qatar.

Non c’est en France.

Par contre il faudrait que vous pensiez à éteindre votre wifi et ne mettiez plus en veille votre télé selon l’aimable porte-parole du gouverne-ment et anciennement ministre de la santé.

J’en ai assez d’être pris pour un imbécile.

C’est tellement gros que cela est aussi visible que risible.

Ne me parlez pas d’écologie.

Ne me parlez pas d’économie d’énergie quand dans ce pays on ferme des piscines l’été pour ouvrir des pistes de ski réfrigérées à -5°.

Quand on atteint un tel niveau de connerie collectif c’est à se demander si un effondrement ne serait pas la meilleure des solutions.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.

Préparez-vous !

Charles SANNAT

mardi 28 juin 2022

Le ski, à quel prix ? Aucune Retenue 👮💧"On Fouille et on Filtre"

y a même des skieurs dans la foule



lundi 13 décembre 2021

Enki Bilal : « D’ici 4 ou 5 ans, l’imaginaire sera l’ennemi public numéro un »

Source : https://usbeketrica.com/fr/enki-bilal-d-ici-4-ou-5-ans-l-imaginaire-sera-l-ennemi-public-numero-un

Péril écologique, accélération numérique, ravages de la bien-pensance… Dans L’homme est un accident (Belin, 2021), un livre d’entretien avec Adrien Rivierre, expert reconnu de la mise en récit et contributeur régulier de cette plateforme, Enki Bilal parle de notre époque et de celle à venir avec la liberté de ton et de pensée qui le caractérise. Ses mots sont un éloge de la liberté et de la complexité, deux notions que le dessinateur estime aujourd’hui en péril. Nous publions ci-dessous les « bonnes feuilles » de cet ouvrage à découvrir en librairie ce mercredi 5 mai.

« Avec la rupture numérique actuelle, je crois que nous sommes plus proches de Matrix que de Brazil ! »

« La planète sera notre juge de paix »

« C’est bel et bien une dictature culturelle qui se met en place ! »

« Il faut jouir d’une liberté absolue, une liberté pure »

« Toujours viser la complexité : cette ambition doit être la boussole de l’humanité »

« La science-fiction donne des clés de compréhension incroyables »

« Avec la rupture numérique actuelle, je crois que nous sommes plus proches de Matrix que de Brazil ! »

« (…) En parlant de cette toile numérique, cela me fait penser aux visions exposées dans deux films. D’un côté, il y a Brazil de Terry Gilliam, et de l’autre Matrix des Wachowski. Le premier se déroule dans une ambiance orwellienne totalitaire où tout est parfaitement huilé. Sauf qu’un jour, le système déraille à cause de la chute malencontreuse d’un insecte dans l’imprimante de l’ordinateur central du Service des recoupements. Il faut noter ici qu’il s’agit d’une machine mécanique et non numérique. Ce grain de sable remet en cause l’ordre établi car au lieu de se lancer à la poursuite d’Archibald Tuttle, un dissident au régime, la police arrête un innocent, Archibald Buttle. D’une certaine manière, c’est un peu le monde ancien où il y avait cette volonté de tout contrôler et peut-être la capacité de le faire.

Au contraire, Matrix repose tout entier sur la logique même d’une accélération constante. Une matrice virtuelle existe en effet, parallèlement à notre monde et permet d’asservir les êtres humains. Avec la rupture numérique actuelle, je crois que nous sommes plus proches de Matrix que de Brazil ! Non seulement nous ne parvenons pas à ralentir, encore moins à marquer des temps de pause, mais il faut également prendre conscience de la puissance du numérique, cette machine-là ne se grippe pas. Et puis, il y a ce que nous voyons mais également des forces invisibles qui sont à l’œuvre, par exemple toutes celles qui pullulent sur le Darknet.

Je considère ainsi que ceux qui cherchent à réaliser des comparaisons avec des situations passées se trompent. L’ampleur et la déflagration du choc numérique requièrent de nouveaux outils d’analyse, il faut changer de logiciel. Certes, il existera toujours une rhétorique réactionnaire qui ne voudra pas de cette révolution… mais ses partisans sont ceux qui vont être éjectés les premiers. Ils le sont déjà d’ailleurs. Nous n’avons pas d’autre choix que de faire confiance à ce nouveau chemin numérique, pour le meilleur comme pour le pire. Qui peut raisonnablement croire qu’il est aujourd’hui possible de stopper cette dynamique ? »


© Casterman

« La planète sera notre juge de paix »

« Je préfère le terme de planétologie à celui d’écologie car il dit plus immédiatement encore le défi auquel nous faisons face et la posture au monde que nous devrions adopter : la défense de la planète tout entière. La planétologie, c’est pour moi l’idée selon laquelle la planète doit être l’étalon avec lequel on juge toute idée ou action. (…) La planète sera notre juge de paix. C’est pourquoi la planétologie est avant tout humaine, au sens où les sujets de la pollution, de l’extinction massive d’espèces animales ou du dérèglement climatique doivent nous prendre aux tripes. Ce n’est pas parce que ces phénomènes se produisent à l’autre bout du monde ou ignorent les frontières qu’ils ne sont pas de notre responsabilité.

Je crois d’ailleurs que la planétologie devrait être un enseignement scolaire obligatoire dès le plus jeune âge. Il faut développer ce lien à la nature et le renforcer sans cesse pour l’endurcir. Allez tiens, un peu d’utopie ! Imaginons que dans un futur proche je sois le ministre de l’Éducation de tous les pays, ce qui sous-entend déjà qu’il y aurait un gouvernement mondial. Ma première mesure serait de rendre la planétologie obligatoire à l’école. Ce cours aurait pour objectif d’expliquer ce qu’est la planète Terre. Les professeurs montreraient aux élèves sa petitesse et sa fragilité dans le cosmos qui nous entoure. Ils leur diraient que c’est notre unique lieu de vie, que si nous la détruisons, il n’y a pas de plan B. Ils partageraient cette leçon que la planète est notre maison, la seule que nous ayons. Et puis, peut-être que pour les plus chanceux, grâce à un fou comme Elon Musk qui sera encore là, probablement avec une barbe blanche, ils pourraient faire un tour de la Terre pour mieux apprécier l’offrande qu’elle nous fait, celle de nous accueillir, de nous tolérer. (…)

La planétologie est une relation viscérale au monde qui nous entoure. (…) Tant que nous n’aurons pas cette idée chevillée au corps, dans nos pensées et nos actions, il sera très difficile de s’en sortir. »


© Casterman

« C’est bel et bien une dictature culturelle qui se met en place ! »

« Quand je vois toutes les actions menées au nom de la cancel culture, j’ai peur. J’ai peur car je n’oublie pas que lorsqu’une dictature arrive au pouvoir, la première chose qu’elle fait, c’est d’écarter certain·e·s écrivain·e·s et artistes ou de choisir quelles sont les œuvres autorisées et quelles sont celles à éliminer. Or, ce qui est nouveau c’est que cette fois-ci, ce n’est pas nécessairement le gouvernement politique en place qui agit en ce sens, en tout cas pas en France. Ce sont certaines personnes et certaines communautés qui jouent aujourd’hui ce rôle. (…)

Au rythme auquel vont les choses, je m’attends, d’ici quatre ou cinq ans, à vivre dans une société où les imaginaires seront fortement proscrits. L’imaginaire sera l’ennemi public numéro un. Il faut dire que c’est un suspect idéal puisqu’il est le garant de la liberté, du vagabondage, de l’irrévérence et de l’autonomie intellectuelle. Or, quand la volonté est celle d’un contrôle strict, voire d’une imposition coercitive d’idées ou de croyances, alors ces valeurs doivent disparaître au plus vite. En toute honnêteté, si je devais attendre le retour d’une dictature, j’aurais imaginé que celle-ci soit politique ou économique. Je me suis lamentablement trompé, c’est bel et bien une dictature culturelle qui se met en place !

De façon corollaire, la mémoire est également en grand danger. D’ailleurs, il n’y a aujourd’hui plus aucun devoir de mémoire car la cancel culture fait un tri de la mémoire des hommes… et des femmes, bien sûr. Au nom de quel principe faudrait-il garder tel souvenir plutôt qu’un autre ? Toute mémoire n’est pas reluisante et ne nous présente pas sous notre meilleur visage, mais je crois qu’il faut apprendre à regarder en face ce que nous avons fait et ce que nous sommes. Vouloir « gommer » est très dangereux. Quand je vois les débats pour savoir quelle statue il faudrait déboulonner et au nom de quoi, c’est ubuesque ! (…)

Nous ne devons pas oublier notre passé, il faut l’interroger et y revenir constamment. Je dirais même qu’il faut encore croire qu’il peut nous apprendre des choses sur aujourd’hui et demain. C’est un combat qui commence maintenant pour sauver notre culture. »


© Casterman

« Il faut jouir d’une liberté absolue, une liberté pure »

« Pour être le monde, il faut jouir d’une liberté absolue, une liberté pure. C’est la seule façon à mes yeux d’avoir une vision, c’est-à-dire de proposer une grammaire du monde, avec ses règles et ses exceptions. Cette démarche est inattaquable. Bien sûr, mes albums de bande dessinée peuvent tomber des mains de certaines personnes. Le lecteur peut détester ce que je fais, ou au contraire adorer, mais en aucun cas dire c’est bien ou c’est mal. (…) Mon indépendance est tout ce que j’ai de plus cher, la chose à défendre coûte que coûte. L’indépendance c’est être capable de penser par soi-même, de s’arrêter sur un sujet et de se demander ce que l’on en pense, véritablement. Aujourd’hui, avec le flux ininterrompu d’informations qui ne cesse de circuler, la tâche est ardue. Il faut éviter de penser par procuration. (…)

Le meurtre de Samuel Paty est un traumatisme d’une immense violence. Un traumatisme qui risque de se répéter, malheureusement. Je ne suis pas un dessinateur comme ceux de Charlie Hebdo ou Hara-Kiri mais je suis leur frère. J’admire ce qu’ils font. Cette irrévérence noble. Ce talent pour tordre l’actualité, pour la violenter, je dirais même pour la violer parfois. Ce sont des compagnons de l’audace, de l’humour gras, des blagues foireuses. On peut trouver que ce n’est pas toujours bon mais c’est la loi du genre, c’est salubre, et il y a de la vie dans ce qu’ils font. À travers cet événement, c’est donc toute la liberté d’expression qui est en sursis. Un combat de tant de siècles…

Je pense véritablement que selon la réponse que nous formulons face à une telle attaque, nous faisons un choix de civilisation. D’un côté, ceux qui veulent museler cette liberté d’expression, qu’importe au nom de quelles idéologies, religions ou desseins politiques. De l’autre, ceux qui veulent la défendre comme ce qu’ils ont de plus cher. La fracture est là et elle est en train de scinder notre monde. Alors, comme tous ceux qui les soutiennent, je dis à Charlie Hebdo de continuer tous azimuts car ils expriment une vitalité qui doit demeurer indestructible. Nous ne devons pas baisser la garde et reculer. Nous sommes du côté de la vie ! »


© Casterman

« Toujours viser la complexité : cette ambition doit être la boussole de l’humanité »

« Modestement, je dirais qu’il faut combattre la pensée simpliste (…) et toujours viser la complexité. L’ambition peut être modeste mais elle doit être la boussole de l’humanité. C’est la raison pour laquelle mes œuvres font la part belle à l’hybridation, à la transformation et aux relations entre le passé, le présent et l’avenir. J’essaie de montrer les intrications et les enchevêtrements entre les choses. C’est une lutte permanente et non un état que l’on atteint à un moment donné.

C’est d’ailleurs ainsi que je conçois mon rôle en tant qu’artiste, en prenant en compte cette complexité et en adoptant une vision globale sur le monde. Disons que je ne m’assigne pas cette tâche précisément mais je pense que l’artiste est le monde s’il parvient à faire cela. Il s’exprime en son nom bien sûr mais il le fait aussi au nom du grand mystère de la vie, des premières origines aux contrées lointaines du futur en passant par tous les événements que nous vivons, ici et maintenant. C’est une conscience que je garde toujours en moi. Et je me rends compte que l’os que j’ai envie de ronger c’est celui du monde, dans sa complexité et dans sa globalité. Difficile de dire pourquoi et d’où cela vient. Je me souviens que ma fascination pour H. P. Lovecraft est par exemple liée à la cosmogonie et à la cosmologie qu’il a su développer. (…)

Toute ma démarche est un combat contre une pensée et une conception du monde qui seraient simplistes et binaires. D’ailleurs, je ne crois pas à l’atteinte de vérités uniques et immuables. Ainsi, dans mes œuvres, tout est une question de nuances, de fausses pistes, de faux-semblants, d’illusions. Je peins la complexité, seule façon d’essayer de comprendre le monde, ce qui nous arrive, et peut-être qui nous sommes vraiment.

Cette idée d’embrasser la complexité est peut-être une forme d’éthique que je me suis forgée moi-même, je ne sais pas… Ce qui est certain c’est que je n’aime pas chez l’humain la malhonnêteté intellectuelle, cette disposition de l’intelligence à masquer les choses plutôt qu’à essayer de les comprendre. Pour prendre un exemple trivial, je déteste le questionnaire de Proust. Je déteste ce genre d’artifices qui simplifient la pensée à outrance. Encore une fois, aujourd’hui j’ai le sentiment que le réductionnisme intellectuel s’impose partout, cela fait des ravages. Cela ne veut pas dire que tout ce que j’avance est la vérité mais j’essaie de faire honneur à notre intellect en m’efforçant de réfléchir au monde qui se présente à moi. »


© Casterman

« La science-fiction donne des clés de compréhension incroyables »

« L’éducation doit l’emporter sur tout. Une éducation universelle pour tous dès le plus jeune âge, non sectaire, non obscurantiste. Donc, exit les religions. Qu’elles restent dans les sphères privées. C’est la priorité des priorités, cela l’a toujours été mais je crois que nous l’avons un peu oublié aujourd’hui. En développant cette exigence de l’ouverture sur le monde, de l’humain, du respect de la nature, tout deviendrait ensuite beaucoup plus facile.

J’ai toujours défendu la création artistique et en particulier la science-fiction. Je suis désolé de le dire mais pour moi certains textes de science-fiction dépassent largement des œuvres adoubées par la « culture officielle ». Je le dis et je l’assume ! (…) Imagine un peu un professeur de français qui aurait compris que les enjeux à venir ont des réponses pertinentes chez Asimov, Lovecraft, Philip K. Dick, H. G. Wells ou aujourd’hui Damasio, et qui mettrait ces textes au programme plutôt que Hugo, Proust ou Zola…

On a souvent considéré que la science-fiction n’était pas à la hauteur du monde culturel, or aujourd’hui, on voit les clés de compréhension incroyables qu’elle donne. Pour moi, cette littérature est une façon pertinente de regarder le monde, de penser ce qui nous arrive. J’ajoute même que je suis convaincu que la science-fiction permet de porter un regard acéré sur le monde, un regard politique, au sens où elle a les deux pieds ancrés dans le réel à tel point que parfois celui-ci nous revient à la figure ! »


Adrien Rivierre
- 4 mai 2021


vendredi 26 juin 2020

Célébrons Litha et le solstice d'été


Le solstice d'été est indéniablement mon moment préférée de l'année. Toute cette période d'Avril à Juin, la croissance vers la lumière, la nature qui s'éveille et explose, les odeurs, les lumières, les couleurs qui naissent. Tout est propice à la création, à la contemplation et à la bienveillance. J'aime célébrer Litha et sa magie. Chaque année je profite intensément de cet instant pour me regorger d'énergies et danser dans les fleurs. J'ai pour l'occasion crée cette vidéo au format un peu spécial, qui je l'espère vous plaira et vous portera dans la magie de cet instant. * Le jour le plus long lorsque le Soleil est le plus fort et la Terre est fertile et abondante * Extrait de Witch Crafting ❀ Restez Libres et Sauvage ! ❀ www.orlanepaquet.net ----------------------------------------------------------- ❀ Mon insta : https://www.instagram.com/orlane_paquet/ ❀ Mon Facebook : https://www.facebook.com/orlanepaquet... ❀ Twitter : https://twitter.com/libreetsauvage ❀ Tipeee : https://fr.tipeee.com/libre-et-sauvage Musique : Venkatesananda.

mardi 31 mars 2020

Contre les pandémies, l’écologie

Afin d’endiguer la progression de ce que l’Organisation mondiale de la santé qualifie depuis le 11 mars de pandémie — une épidémie touchant tous les continents —, plusieurs pays dont l’Italie, l’Espagne et la France ont mis en place des mesures de confinement drastiques, comme l’avait fait Pékin quelque temps après l’apparition du coronavirus SRAS-CoV-2 sur le sol chinois.
D’où viennent les coronavirus ?

Contre les pandémies, l’écologie

Même au XXIe siècle, les vieux remèdes apparaissent aux yeux des autorités chinoises comme le meilleur moyen de lutter contre l’épidémie due au coronavirus. Des centaines de millions de personnes subiraient des restrictions dans leurs déplacements. N’est-il pas temps de se demander pourquoi les pandémies se succèdent à un rythme de plus en plus soutenu ?
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Kirsten Stolle. — « VI-2 », de la série « Virus Illumination », 2013
Tracey Morgan Gallery, Asheville - Nome Gallery, Berlin
Serait-ce un pangolin ? Une chauve-souris ? Ou même un serpent, comme on a pu l’entendre un temps avant que cela ne soit démenti ? C’est à qui sera le premier à incriminer l’animal sauvage à l’origine de ce coronavirus, officiellement appelé SRAS-CoV-2 (1), dont le piège s’est refermé sur plusieurs centaines de millions de personnes, placées en quarantaine ou retranchées derrière des cordons sanitaires en Chine et dans d’autres pays. S’il est primordial d’élucider ce mystère, de telles spéculations nous empêchent de voir que notre vulnérabilité croissante face aux pandémies a une cause plus profonde : la destruction accélérée des habitats.
Depuis 1940, des centaines de microbes pathogènes sont apparus ou réapparus dans des régions où, parfois, ils n’avaient jamais été observés auparavant. C’est le cas du virus de l’immunodéficience humaine (VIH), d’Ebola en Afrique de l’Ouest, ou encore de Zika sur le continent américain. La majorité d’entre eux (60 %) sont d’origine animale. Certains proviennent d’animaux domestiques ou d’élevage, mais la plupart (plus des deux tiers) sont issus d’animaux sauvages.
Or ces derniers n’y sont pour rien. En dépit des articles qui, photographies à l’appui, désignent la faune sauvage comme le point de départ d’épidémies dévastatrices (2), il est faux de croire que ces animaux sont particulièrement infestés d’agents pathogènes mortels prêts à nous contaminer. En réalité, la plus grande partie de leurs microbes vivent en eux sans leur faire aucun mal. Le problème est ailleurs : avec la déforestation, l’urbanisation et l’industrialisation effrénées, nous avons offert à ces microbes des moyens d’arriver jusqu’au corps humain et de s’adapter.
La destruction des habitats menace d’extinction quantité d’espèces (3), parmi lesquelles des plantes médicinales et des animaux sur lesquels notre pharmacopée a toujours reposé. Quant à celles qui survivent, elles n’ont d’autre choix que de se rabattre sur les portions d’habitat réduites que leur laissent les implantations humaines. Il en résulte une probabilité accrue de contacts proches et répétés avec l’homme, lesquels permettent aux microbes de passer dans notre corps, où, de bénins, ils deviennent des agents pathogènes meurtriers.
Ebola l’illustre bien. Une étude menée en 2017 a révélé que les apparitions du virus, dont la source a été localisée chez diverses espèces de chauves-souris, sont plus fréquentes dans les zones d’Afrique centrale et de l’Ouest qui ont récemment subi des déforestations. Lorsqu’on abat leurs forêts, on contraint les chauves-souris à aller se percher sur les arbres de nos jardins et de nos fermes. Dès lors, il est facile d’imaginer la suite : un humain ingère de la salive de chauve-souris en mordant dans un fruit qui en est couvert, ou, en tentant de chasser et de tuer cette visiteuse importune, s’expose aux microbes qui ont trouvé refuge dans ses tissus. C’est ainsi qu’une multitude de virus dont les chauves-souris sont porteuses, mais qui restent chez elles inoffensifs, parviennent à pénétrer des populations humaines — citons par exemple Ebola, mais aussi Nipah (notamment en Malaisie ou au Bangladesh) ou Marburg (singulièrement en Afrique de l’Est). Ce phénomène est qualifié de « passage de la barrière d’espèce ». Pour peu qu’il se produise fréquemment, il peut permettre aux microbes issus des animaux de s’adapter à nos organismes et d’évoluer au point de devenir pathogènes.
Il en va de même des maladies transmises par les moustiques, puisque un lien a été établi entre la survenue d’épidémies et la déforestation (4) — à ceci près qu’il s’agit moins ici de la perte des habitats que de leur transformation. Avec les arbres disparaissent la couche de feuilles mortes et les racines. L’eau et les sédiments ruissellent plus facilement sur ce sol dépouillé et désormais baigné de soleil, formant des flaques favorables à la reproduction des moustiques porteurs du paludisme. Selon une étude menée dans douze pays, les espèces de moustiques vecteurs d’agents pathogènes humains sont deux fois plus nombreuses dans les zones déboisées que dans les forêts restées intactes.

Dangers de l’élevage industriel

La destruction des habitats agit également en modifiant les effectifs de diverses espèces, ce qui peut accroître le risque de propagation d’un agent pathogène. Un exemple : le virus du Nil occidental, transporté par les oiseaux migrateurs. En Amérique du Nord, les populations d’oiseaux ont chuté de plus de 25 % ces cinquante dernières années sous l’effet de la perte des habitats et d’autres destructions (5). Mais toutes les espèces ne sont pas touchées de la même façon. Des oiseaux dits spécialistes (d’un habitat), comme les pics et les rallidés, ont été frappés plus durement que des généralistes comme les rouges-gorges et les corbeaux. Si les premiers sont de piètres vecteurs du virus du Nil occidental, les seconds, eux, en sont d’excellents. D’où une forte présence du virus parmi les oiseaux domestiques de la région, et une probabilité croissante de voir un moustique piquer un oiseau infecté, puis un humain (6).
Même phénomène s’agissant des maladies véhiculées par les tiques. En grignotant petit à petit les forêts du Nord-Est américain, le développement urbain chasse des animaux comme les opossums, qui contribuent à réguler les populations de tiques, tout en laissant prospérer des espèces bien moins efficaces sur ce plan, comme la souris à pattes blanches et le cerf. Résultat : les maladies transmises par les tiques se répandent plus facilement. Parmi elles, la maladie de Lyme, qui a fait sa première apparition aux États-Unis en 1975. Au cours des vingt dernières années, sept nouveaux agents pathogènes portés par les tiques ont été identifiés (7).
Les risques d’émergence de maladies ne sont pas accentués seulement par la perte des habitats, mais aussi par la façon dont on les remplace. Pour assouvir son appétit carnivore, l’homme a rasé une surface équivalant à celle du continent africain (8) afin de nourrir et d’élever des bêtes destinées à l’abattage. Certaines d’entre elles empruntent ensuite les voies du commerce illégal ou sont vendues sur des marchés d’animaux vivants (wet markets). Là, des espèces qui ne se seraient sans doute jamais croisées dans la nature se retrouvent encagées côte à côte, et les microbes peuvent allègrement passer de l’une à l’autre. Ce type de développement, qui a déjà engendré en 2002-2003 le coronavirus responsable de l’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), est peut-être à l’origine du coronavirus inconnu qui nous assiège aujourd’hui.
Mais bien plus nombreux sont les animaux qui évoluent au sein de notre système d’élevage industriel. Des centaines de milliers de bêtes entassées les unes sur les autres en attendant d’être conduites à l’abattoir : voilà des conditions idéales pour que les microbes se muent en agents pathogènes mortels. Par exemple, les virus de la grippe aviaire, hébergés par le gibier d’eau, font des ravages dans les fermes remplies de poulets en captivité, où ils mutent et deviennent plus virulents — un processus si prévisible qu’il peut être reproduit en laboratoire. L’une de leurs souches, le H5N1, est transmissible à l’homme et tue plus de la moitié des individus infectés. En 2014, en Amérique du Nord, il a fallu abattre des dizaines de millions de volailles pour enrayer la propagation d’une autre de ces souches (9).
Les montagnes de déjections produites par notre bétail offrent aux microbes d’origine animale d’autres occasions d’infecter les populations. Comme il y a infiniment plus de déchets que ne peuvent en absorber les terres agricoles sous forme d’engrais, ils finissent souvent par être stockés dans des fosses non étanches — un havre rêvé pour la bactérie Escherichia coli. Plus de la moitié des animaux enfermés dans les parcs d’engraissement américains en sont porteurs, mais elle y demeure inoffensive (10). Chez les humains, en revanche, E. coli provoque des diarrhées sanglantes, de la fièvre, et peut entraîner des insuffisances rénales aiguës. Et comme il n’est pas rare que les déjections animales se déversent dans notre eau potable et nos aliments, 90 000 Américains sont contaminés chaque année.
Bien que ce phénomène de mutation des microbes animaux en agents pathogènes humains s’accélère, il n’est pas nouveau. Son apparition date de la révolution néolithique, quand l’être humain a commencé à détruire les habitats sauvages pour étendre les terres cultivées et à domestiquer les animaux pour en faire des bêtes de somme. En échange, les animaux nous ont offert quelques cadeaux empoisonnés : nous devons la rougeole et la tuberculose aux vaches, la coqueluche aux cochons, la grippe aux canards.
Le processus s’est poursuivi pendant l’expansion coloniale européenne. Au Congo, les voies ferrées et les villes construites par les colons belges ont permis à un lentivirus hébergé par les macaques de la région de parfaire son adaptation au corps humain. Au Bengale, les Britanniques ont empiété sur l’immense zone humide des Sundarbans pour développer la riziculture, exposant les habitants aux bactéries aquatiques présentes dans ces eaux saumâtres. Les pandémies causées par ces intrusions coloniales restent d’actualité. Le lentivirus du macaque est devenu le VIH. La bactérie aquatique des Sundarbans, désormais connue sous le nom de choléra, a déjà provoqué sept pandémies à ce jour, l’épidémie la plus récente étant survenue en Haïti.
Heureusement, dans la mesure où nous n’avons pas été des victimes passives de ce processus, nous pouvons aussi faire beaucoup pour réduire les risques d’émergence de ces microbes. Nous pouvons protéger les habitats sauvages pour faire en sorte que les animaux gardent leurs microbes au lieu de nous les transmettre, comme s’y efforce notamment le mouvement One Health (11).
Nous pouvons mettre en place une surveillance étroite des milieux dans lesquels les microbes des animaux sont le plus susceptibles de se muer en agents pathogènes humains, en tentant d’éliminer ceux qui montrent des velléités d’adaptation à notre organisme avant qu’ils ne déclenchent des épidémies. C’est précisément ce à quoi s’attellent depuis dix ans les chercheurs du programme Predict, financé par l’Agence des États-Unis pour le développement international (Usaid). Ils ont déjà identifié plus de neuf cents nouveaux virus liés à l’extension de l’empreinte humaine sur la planète, parmi lesquels des souches jusqu’alors inconnues de coronavirus comparables à celui du SRAS (12).
Aujourd’hui, une nouvelle pandémie nous guette, et pas seulement à cause du Covid-19. Aux États-Unis, les efforts de l’administration Trump pour affranchir les industries extractives et l’ensemble des activités industrielles de toute réglementation ne pourront manquer d’aggraver la perte des habitats, favorisant le transfert microbien des animaux aux humains. Dans le même temps, le gouvernement américain compromet nos chances de repérer le prochain microbe avant qu’il ne se propage : en octobre 2019, il a décidé de mettre un terme au programme Predict. Enfin, début février 2020, il a annoncé sa volonté de réduire de 53 % sa contribution au budget de l’Organisation mondiale de la santé.
Comme l’a déclaré l’épidémiologiste Larry Brilliant, « les émergences de virus sont inévitables, pas les épidémies ». Toutefois, nous ne serons épargnés par ces dernières qu’à condition de mettre autant de détermination à changer de politique que nous en avons mis à perturber la nature et la vie animale.
Sonia Shah
Journaliste. Auteure de Pandemic : Tracking Contagions, From Cholera to Ebola and Beyond, Sarah Crichton Books, New York, 2016, et de The Next Great Migration : The Beauty and Terror of Life on the Move, Bloomsbury Publishing, Londres, à paraître en juin 2020. Ce texte a été publié dans The Nation.

On s'arrête, on réfléchit

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(1Et non pas Covid-19, qui est le nom de la maladie, comme indiqué par erreur dans la version imprimée.
(2Kai Kupferschmidt, « This bat species may be the source of the Ebola epidemic that killed more than 11,000 people in West Africa », Science Magazine, Washington, DC - Cambridge, 24 janvier 2019.
(3Jonathan Watts, « Habitat loss threatens all our futures, world leaders warned », The Guardian, Londres, 17 novembre 2018.
(4Katarina Zimmer, « Deforestation tied to changes in disease dynamics », The Scientist, New York, 29 janvier 2019.
(5Carl Zimmer, « Birds are vanishing from North America », The New York Times, 19 septembre 2019.
(6BirdLife International, « Diversity of birds buffer against West Nile virus », ScienceDaily, 6 mars 2009.
(7« Lyme and other tickborne diseases increasing », Centers for Disease Control and Prevention, 22 avril 2019.
(8George Monbiot, « There’s a population crisis all right. But probably not the one you think », The Guardian, 19 novembre 2015.
(9« What you get when you mix chickens, China and climate change », The New York Times, 5 février 2016. En France, la grippe aviaire a touché les élevages durant l’hiver 2015-2016, et le ministère de l’agriculture estime qu’un risque existe cet hiver pour les volatiles en provenance de Pologne.
(10Cristina Venegas-Vargas et al., « Factors associated with Shiga toxin-producing Escherichia coli shedding by dairy and beef cattle », Applied and Environmental Microbiology, vol. 82, n° 16, Washington, DC, août 2016.
(11Predict Consortium, « One Health in action », EcoHealth Alliance, New York, octobre 2016.
(12« What we’ve found », One Health Institute.
Lire aussi le courrier des lecteurs dans notre édition d’avril 2020.