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jeudi 17 décembre 2015

[Brisons la terreur d’état!] Ce que l’état d’urgence dit de nous et de nos capacités de résistance / [ Let us break the terror of state!] what the state of emergency says of us and our capacities of resistance

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Un texte fort, juste et indispensable en ces temps de peur généralisée et d’atteinte à nos libertés fondamentales. Un appel à la résistance face à la terreur d’état et à s’organiser pour reprendre en main nos existences.
Un témoignage d’un militant assigné à résidence à diffuser très largement ! :

Ce que l’état d’urgence dit de nous et de nos capacités de résistance

Quelques états d’âme livrés sans considération de ce qu’ils pourraient produire, parce qu’on devrait pouvoir se dire les choses comme elles nous viennent, surtout en des temps si obscurs. Ressenti, persiflage ou analyse, chacun-e choisira la description de ce texte qui lui conviendra.
Des ami-e-s activistes sont venu-e-s de Russie pour protester contre la COP21, comme il/elles sont venues régulièrement par le passé pour participer en Europe à des actions contre le capitalisme et ses symptômes. C’est d’ailleurs comme ça qu’on s’est rencontré-e-s. Je les ai donc tout naturellement invité-e-s à venir dans la maison où j’habite, le temps de la COP.
Dans les rues de Russie, il n’y a pas de manifestations. Il n’y a pas de manifestations, car la peur et la soumission ont depuis longtemps emporté les cœurs. Et je ne parle même pas de la Biélorussie où mes ami-e-s ont abandonné la lutte et se sont définitivement tus, dans ce pays, placé au coeur de l’Europe, où l’État exécute encore des prisonnier-e-s d’une balle dans la nuque et où la police arrêtait encore il y a quelques temps des passant-e-s parce qu’ils protestaient contre le pouvoir en applaudissant à l’arrêt de bus…
Arrivé-e-s à Paris, mes ami-e-s russes ont découvert combien la situation ressemblait à celle qu’ils connaissent. Des agents du renseignement qui veulent savoir pourquoi il/elles sont là et combien il/elles sont, ce qu’il/elles ont prévu de faire. Des agents de forces spéciales qui arrachent la porte d’entrée et entrent avec des fusils pour perquisitionner nos domiciles. Des convocations sans motif réel, des assignations à résidence. Des avocats qui n’ont pas accès aux informations concernant les personnes arrêtées… La liste est longue.
Un rude constat pour tou-te-s celles et ceux qui se croyaient libres.
Je suis amer, car je me rends compte que beaucoup de celles et ceux qui m’entourent, et qui se reconnaissent pourtant dans les mêmes valeurs que moi, semblent avoir conservé une certaine confiance dans les institutions et dans la démocratie. Une confiance inconsciente. Malgré les discours, les attitudes et réactions à l’état d’urgence en disent long sur la manière dont mes ami-e-s conçoivent le rapport de force avec les autorités.
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La manifestation reste, par exemple, le plus grand simulacre de liberté. On a appris à croire, tant la démocratie nous y a habitué, que la manifestation était une forme de résistance. Elle n’en est pas. Elle n’est qu’un faire valoir démocratique, consentis par les autorités. Crier, tu peux. Joindre la parole au geste, non. Marche, mais reste en vue. Bouge les bras, mais de préférence au dessus de la tête. Ne fais pas trop de bruit, ne fais pas trop de remous. La manifestation est un acte réformiste et non révolutionnaire. En ce sens, elle ne gêne pas les autorités, qui savent comment organiser leur propre réforme, pour surtout ne jamais prendre le risque que leurs fondements totalitaires soient remis en question.
Les assemblées ouvertes quant à elles reproduisent inconsciemment les modes de décisions parlementaires. On s’y retrouve, on s’écoute parler, mais celles et ceux qui organisent les choses le font en dehors de l’assemblée, tant chacun-e sait combien la transparence ne peut garantir aucune confidentialité, ni aucune sécurité. On n’organise pas la résistance en échangeant publiquement sur ses modalités d’organisation. Et celles et ceux qui, sincèrement, s’y réunissent, le font par soucis d’ouverture. Parce qu’il/elles ne veulent pas se couper des personnes qui n’ont pas les contacts, les réseaux, les habitudes et les « réflexes militants ». Même si en réalité, les modes de langage et d’organisation de l’assemblée elle-même demeurent excluants, et cela malgré tous les efforts d’ouverture déployés.
De fait, il y a dans les assemblées beaucoup de « touristes » et de curieux, de personnes qui se taisent et regardent, ou de personnes qui acceptent de participer à certaines tâches, avant de ne plus revenir. Il y a aussi des flics et des journalistes, qui viennent là comme au spectacle ou parce que ça leur permet d’identifier ceux et celles qui tentent de donner une consistance politique à un cadre qui n’en a pas. Mais les autres ne les identifient pas, et croient qu’ils viennent participer. Le nombre est trompeur. On se croit nombreux-ses, mais on n’est que quelque un-e-s.
La désertion des autres, qui ont déjà fait le deuil des assemblées, met en danger ceux et celles qui s’accrochent à cette forme d’organisation collective ouverte et qui, de fait, sont plus visibles que celles et ceux qui restent en retrait.
Si seulement les absent-e-s s’organisaient en parallèle pour proposer des initiatives ou pour poser des cadres logistiques, alors l’assemblée pourrait a minima servir à transmettre au plus grand nombre les informations qui doivent être partagées. Mais ce n’est pas le cas. Personne ne propose rien. Tout le monde est schizophrène : on attend rien de l’assemblée, mais on attend tout d’elle quand même.
Qu’est-ce que vous avez prévu pour la COP ? Rien, on vous attendait pour en discuter.
Et quand l’État montre les dents, tout s’éparpille. On se cache, on échange des ressentis qui aboutissent à un renoncement collectif, plutôt qu’à une gestion collective de la peur. Soudainement, on n’est plus prêts à faire ce qu’on avait prévu et on ne se pose pas trop la question de savoir s’il vaut mieux modifier un peu les plans en tenant compte des données nouvelles, plutôt que d’abandonner tout.
Certain-e-s se rendent aux convocations de police. Pourquoi ? Par peur sans doute. Mais qui n’a pas peur ? La question n’est pas là. Il ne s’agit pas ici de montrer du doigt celles et ceux qui « ont peur », mais plutôt de se demander pourquoi il/elles ont plus peur d’ignorer la convocation que d’y répondre. Qu’est-ce qui peut ressortir de positif de ces « invitations à se dénoncer » ? Est-ce qu’on a quand même un peu confiance dans la police pour croire qu’on va s’en sortir mieux en allant lui parler ? Est-ce que chacun-e se dit qu’il/elle est assez innocent-e pour s’en tirer mieux que celles et ceux qui ne se présenteront pas. Est-ce qu’on y va pour montrer patte blanche ? Je ne comprends plus. Ce n’est pas une critique, c’est une interrogation.
Dans la réunion collective du mardi 24 (au CICP à Paris) qui faisait suite à la réception des convocations suite à la manifestation interdite de dimanche à Bastille, il a été proposé de refuser collectivement de répondre aux convocations, de la même manière que chacun-e sait qu’il vaut mieux refuser les comparutions immédiates. Mais on a préféré laisser à chacun-e la liberté de répondre ou non. C’est tout à notre honneur, mais cette manière d’individualiser nos réactions est dangereuse, non seulement pour celles et ceux qui vont aux convocations, mais aussi celles et ceux qui ne s’y rendent pas.
Pourtant, on parlait de « rapport de force », on disait qu’on était « prêts à prendre les risques », qu’on « ne lâcherait rien ». Le vent a soufflé trop fort, et notre détermination s’est envolée si vite. On ne dit pas le mot « peur », mais c’est pourtant bien de cela qu’il s’agit. Elle est déjà en train de conquérir nos cœurs et nos esprits.
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Mes ami-e-s russes me disent que si nous ne prenons pas notre courage en main aujourd’hui, nos vies ressembleront aux leurs, que nos rues ressembleront aux leurs, que nos libertés sous condition s’évanouiront plus vite qu’on ne le croyait. Il/elles me demandent : « de quoi avez-vous peur ? » Je ne sais pas quoi répondre.
Dans ma tête, une réponse s’esquisse, douloureuse à accepter : je crois finalement que beaucoup confondent confort et liberté, et acceptent inconsciemment de perdre leur liberté pour ne pas perdre leur confort. Ou tout au moins ce qui nous rassure et nous endort, toutes ces choses qui font qu’on n’est pas autant dans la merde que tou-te-s celles et ceux, pauvres, migrant-e-s, prisonnier-e-s ou colonisé-e-s, qu’on prétend soutenir.
Oui, c’est ça. On a peur de perdre les misérables privilèges qui font qu’on se croit moins en dictature en France qu’en Russie.
Ce qu’on acceptera aujourd’hui produira les conditions de notre silence demain.
L’État d’urgence, c’est juste l’outil qui permet à la démocratie d’assumer publiquement le fait qu’elle est, et a toujours été, une dictature.
En dépit de tous ces constats négatifs, j’ai beaucoup d’espoir en moi. Parce que je sais que tou-te-s celles et ceux que je qualifie d’ami-e-s dans ce texte sont de belles personnes, sincères et justes, qui sauront réagir sereinement aux critiques qui leur sont adressées.
Tous mes voeux de courage à celles et ceux qui persistent.
C. (depuis son canapé sur lequel il est assigné)
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Pour rappel, voici comment s’exprime la terreur d’état :
Montage de différentes vidéos de dimanche 29 novembre, à l’occasion des manifs contre la COP21 et l’état d’urgence.
Diffusé par Loïc Citation sur FB : « Parce que les médias désinforment et stigmatisent, après 8h de travail, de recherches sur internet pour réaliser cette vidéo, et des larmes d’émotions face à ces souvenirs, voici des images de ce dimanche 29 novembre, « oubliées » des JT. »

mercredi 4 novembre 2015

Cop 21 etcaetera .... un article de Philippe Grasset (DeDEfensa) pour remettre de l'ordre dans le caniveau... / Cop 21 etcaetera Philippe Grasset's article ( DeDefensa) to tidy up the gutter/

Bilan de l’anthropocène : la destruction du monde

source : http://www.dedefensa.org/article/bilan-de-lanthropocene-la-destruction-du-monde

Le World Wildlife Fund (WWF) a rendu public mardi 30 septembre son rapport bisannuel, dit Living Planet Index (LPI), qui rend compte d’une évolution encore plus catastrophique que précédemment évaluée des conditions du monde (ce que nous appelons la “crise de destruction du monde”) depuis 1970. Le facteur qui prédomine est le constat du déclin de la population animale sauvage de 52% depuis 1970, et non de 28% comme on l’estimait en 2008 (entre 1970 et 2008). D’autres observations sont intéressantes, comme ce constat que les pays les plus destructeurs en termes de consommation de ressources et de gaspillage rejoignent parfaitement la liste qu’on peut faire des pays complètement acquis au Système, construits sur l’argent et l’exploitation des ressources naturelles selon la seule optique du rapport, destructeurs des principes, etc., – bien sûr, des pays comme les USA, et d’autres comme les pays du Golfe (voir le Qatar)... Le classement établi selon l’indice dit de la Largest ecological footprints, donne le Koweït en tête, suivi par le Qatar, les EAU et les USA.
Russia Today rend compte du rapport du WWF le 30 septembre 2014 : «The world’s wildlife populations, including mammals, birds, reptiles, amphibians and fish, have dropped by more than half in the last 40 years, the World Wildlife Fund’s (WWF) said in its latest report. “Put another way, in less than two human generations, population sizes of vertebrate species have dropped by half,” Director General of WWF International Marco Lambertini said in a statement.[...] “We should feel a strong sense of urgency because we have to really deal with these issues in the next few decades,” Lambertini said. “We are using nature’s gifts as if we had more than just one Earth at our disposal. By taking more from our ecosystems and natural processes than can be replenished, we are jeopardizing our very future.”»
»The report found that Kuwait had the worst record in the past four decades, with the most resources consumed and wasted per head of any country, followed by Qatar and the United Arab Emirates. The US also has a bad track record, with the report noting that “if we lived the lifestyle of a typical resident of the USA, we would need 3.9 planets.” Other countries that left one of the worst ecological footprints included Denmark, Belgium, Trinidad and Tobago, Singapore, Bahrain and Sweden. Some of the poorer countries had better sustainability results, including India, Indonesia and the Democratic Republic of Congo.
»In terms of species, the biggest fall was reported among the populations of freshwater fish, down by 76 percent over the last four decades, the report stated. The loss of natural habitats, excessive hunting and fishing, as well as climate change were some of the main reasons behind the overall decline.
»Also, WWF said that the Earth has crossed three of out the nine identified “planetary boundaries,” which are “potentially catastrophic changes to life as we know it,” including biodiversity, carbon dioxide levels and nitrogen pollution from fertilizers. Another two are currently in danger of being crossed: ocean acidification and phosphorus levels in fresh water. “Given the pace and scale of change, we can no longer exclude the possibility of reaching critical tipping points that could abruptly and irreversibly change living conditions on Earth,” the report said.»
• Ce que met en évidence le rapport du WWF, c’est l’évolution vers une instabilité grandissante des conditions environnementales. Cette instabilité affecte les grands pays eux-mêmes, comme dans le cas rapporté parallèlement et présentant un exemple spécifique de “destruction du monde”, ce même 30 septembre 2014, également sur RT. Il s’agit de nouvelles, évidemment catastrophiques, de l’avancement de la sécheresse qui frappe la Californie depuis trois ans. Cette sécheresse est en connexion, bien entendu, avec la crise écologique sans précédent qui frappe tout le Sud-Ouest des USA (avec la situation spécifique de Las Vegas, dans le Nevada), renforçant de ce fait les déséquilibres internes des USA. La situation est résumée par les détails de circonstances qui deviennent de plus en plus habituels... «A growing number of communities in central and northern California could end up without water in 60 days due to the Golden state’s prolonged drought. [...] In January, Gov. Jerry Brown (D-Calif.) declared a drought state of emergency in preparation for water shortages, in particular during the summer months. The drought has entered its third year, and water restrictions have increased in the state.»
• Le rapport et les données du WWF ont l’avantage d’échapper à la polémique courante, essentiellement celle du global warming, polémique vaine, inutile et épuisée à force de manipulations. (Pour avoir notre précision sur cette question, voir plus bas.) Ils ont l’avantage de nous livrer en vrac ce que nous nommerions “le bilan de l’anthropocène”, c’est-à-dire de ce qui devrait devenir une nouvelle “ère géologique” dans le classement scientifique si la proposition d’une nouvelle identification est acceptée.
(L’ère de l’anthropocène, actant comme son nom l’indique l’action humaine comme un facteur décisif pour les conditions géologiques, indiquerait la période commencée à la fin du XVIIIème siècle, souvent selon la référence symbolique de l’année 1784, qui marque l’introduction de la machine à vapeur au Royaume-Uni. On sait que cet événement, cette datation autant que cette identification, tiennent une place essentielle dans notre propre rangement métahistorique. Le début de l’ère de l’anthropocène est jugé par nous comme la troisième révolution qui, avec la révolution américaniste et la Révolution française, marque ce que nous désignons comme l’événement dudéchaînement de la Matière. On trouve de nombreuses références et analyses sur ce site, sur la question de l’ère de l’anthropocène, – par exemple le 4 novembre 2013 et le 21 novembre 2013, pour prendre deux parmi les plus récentes...)
Pour nous, l’ère de l’anthropocène incluse dans le “déchaînement de la Matière” ouvre la période de l’introduction du processus accéléré de la destruction du monde, notamment avec son opérationnalisation réalisée dans le Système, et précisément par le moyen mécanique du “choix de la thermodynamique” (Le choix du feu, selon Alain Gras) pour le développement technologique (système du technologisme). Cette “destruction du monde” a aujourd’hui une dimension statistique qui apparente cet épisode à la possibilité prospective d’un gigantesque holocauste, par des moyens extrêmement variés, allant de l’économie à la psychologie. Il apparaît évident pour nous que le problème ainsi posé par l’ère de l’anthropocène ne peut en aucune façon être réduit aux questions écologiques ou environnementales comme elles sont souvent évoquées dans le système de la communication et dans les milieux de la gestion de la politique-Système, c’est-à-dire en étant considérées d’une façon très fortement réductrice, voire marginales. Au contraire, ces questions écologiques et environnementales constituent un contexte général fondamental caractérisant les effets absolument destructeur du Système, dans le sens que nous évoquons souvent selon la formule dd&e(déstructuration, dissolution & entropisation). Elles ont un sens métahistorique évident et pèsent sur tous les événements importants depuis qu’elles sont apparues dans le contexte de l’ère de l’anthropocène.
C’est dans ce sens qu’on doit juger à la fois très intéressant et très significatif de retrouver parmi les “pays-tueurs” (du monde) les plus “performants”, dans le sens de l’inversion et de la subversion, quelques-uns de ceux qui sont cités comme les exemples les plus accomplis de la modernité, et même de la postmodernité, qui sont des créations absolument artificielles, sans relation avec l’Histoire, et dont la puissance est fondée sur l’exploitation du monde, sur la spéculation, sur la rapacité, sur l’artificialité la plus complète. De même, on retrouve parmi eux (cas du Qatar et des USA, éventuellement du Koweït) des pays qui sont fondamentalement producteurs de la politique-Système. Le rapport n’est pas fortuit, il est logique et inéluctable. La crise environnementale est de ce point de vue étroitement liée à la crise du Système autant qu’au désordre psychologique du point de vue de la perception et des conceptions qui en résulte dans les populations, au point qu’on peut dire qu’elle est la crise du Système et que tout le reste du désordre et des conditions de tension que nous connaissons lui est directement connecté. Sa dimension politique présente est également indéniable dans la mesure où elle interfère directement dans toutes les crises nées du Système, et qui sont déclenchées pour des causes dynamiques liées au Système, – et opérationnalisées sous la forme de l’affrontement entre la dynamique de surpuissance appliquée pour l’imposition du modèle-Système (libéralisme, marché libre, idéologie des droits de l’homme, etc.) et la résistance antiSystème. La difficulté est aujourd’hui de distinguer les formes que prend cet affrontement, de distinguer ce qui est issu du Système et ce qui est antiSystème, de bien retrouver ces tendances dans des conflits géopolitiques grotesques à force de complexité et de manipulation, et également d’écarter les polémiques et les débats inutiles (au nom de l’inconnaissance)... Cette observation nous conduit au sujet annexe suivant, sur le réchauffement climatique.
• Un dernier point sera par conséquent pour aborder le débat, – selon nous faux-débat par rapport aux capacités de simulacre du Système, – sur le global warming et tout le reste concernant le “changement climatique du aux activités humaines”. Il nous a semblé intéressant, dans le cadre de cette analyse, de rappeler notre position qui est exprimée dans un texte de Philippe Grasset du 18 juillet 2011. Nous la restituons ci-dessous. (La forme du texte qui est une réponse personnelle de PhG à un lecteur, développée dans le cadre de la rubrique Ouverture libre, emploie la première personne du singulier et plutôt le style polémique qui s’y accorde, mais le fond reflète effectivement une position claire sur la question. La référence “Derrida, Deleuze & Cie” concerne l’argument sylmbolique essentiel de l’analyse, le passage cité sur le global warming n'en constituant qu'une partie, – la troisième comme l'indique l'intertitre.)

« 3). Le sexe climatique des anges »

« Le climat ? Parlons du climat, puisque cela se fait et que l’on y est souvent invité.
» La question du climat est pour moi le type même de la connaissance qui enchaîne à l’objet, – un véritable débat deleuzien. Nul n’est sûr de rien, les chiffres abondent, auxquels tout le monde fait dire ce que chacun veut, des forces énormes de pression et d’intoxication liées au Système croisent et recroisent dans le débat à pleine vapeur, et pas moins chez les climatosceptiques (Mobil Exxon et les pétroliers, le groupe Murdoch, les partisans de libre-échange en modeturbo, une très forte majorité des élus républicains US si bien qu’on peut dire que les climatosceptiques ont la majorité au moins à la Chambre des Représentants du Congrès, etc.). La polémique est aussitôt de la partie et, avec elle, dans un tel cadre, la manipulation, et l’on est emporté dans ce piège qui colle comme de la glu, qui est le Système. Le tour est joué, tellement prévisible, – il ne s’agit plus du climat mais du Système, c’est-à-dire du Mal. Voilà pour la connaissance dans ce cas ; si je cédais à descendre dans l’arène, je ne suis sûr que d’une chose, pour mon compte, – je serais enchaîné au Système, broyé, concassé, parce qu’il est infiniment plus surpuissant que moi. Donc, je refuse cette “connaissance”-là de leurs débats sur le climat.
» Cela n’implique en rien ni l’indifférence ni l’ignorance, puisqu’il est question d’inconnaissance. Sur cette question du climat, le savoir me dit ceci… L’effondrement du monde, notamment avec son “eschatologisation”, avec la terrifiante dégradation de l'environnement et la perception du désordre du climat par rapport à notre organisation, avec d’autres multiples phénomènes chaotiques qui commencent par la crise de notre psychologie (le plus grave), l’effondrement du monde n’est pas l'objet d'un débat pour mon compte ; c’est un fait évident de tous les jours, une évidence colossale et écrasante que j’observe de ma position d’inconnaissance, la dévastation du monde qui a tout à voir avec le désordre de la modernité, et rien avec le classement scientifique en degrés centigrades dans un sens ou l'autre, et en pourcentage de responsabilité humaine ou autre. L’évidence, c’est-à-dire la vérité du monde, cela existe pour l’inconnaissance, c’est même ce qui lui permet de s’affirmer comme telle puisque cela fait partie de son savoir.
» Plus encore, vu de mon observatoire d’inconnaissance, j’ai deux remarques à faire. On verra qu’elles n’ont nul besoin de la “connaissance” ni de leurs débats sur la “vérité scientifique”, – laquelle est, au vu de l’histoire réelle, qui ne s’interdit pas de remonter au-delà de la Renaissance, une aventure sacrément impudente qui prend parfois des allures, elle aussi, de simulacre. (“Vérité scientifique”, – doux oxymore, quand tu nous tiens…)
» 1). Le débat se fait d’abord, dans sa rage polémique la plus extrême, autour de l’idée du “réchauffement climatique du aux activités humaines”. Bel exemple de sophisme, que Deleuze ne démentirait pas, – et ils en sont tous coupables, de ce sophisme, des partisans du réchauffement dans ces conditions aux climatosceptiques. Car cet intitulé est faux, archi-faux, une imposture, une inversion comme seul notre Système sait en accoucher… Le Système, justement ; le seul intitulé qui vaille est bien : débat pour ou contre “le réchauffement climatique du aux activités du Système”. La différence est apocalyptique.
» Tout le débat-polémique sur le climat est complètement subverti par cette imposture sémantique. Je suis sûr qu’elle n’a pas été voulue, parce qu’on fait chez les robots beaucoup moins dans le complot qu’on ne croit et que le sens des mots, finalement, on s’en fout ; même les “institutionnels” n’y voient que du feu, de Al Gore (pour) à Mobil Exxon (contre), – sauf qu’ils auraient une mauvaise surprise si le pot aux roses leur était révélé, et qu’on leur annonçait qu’ils débattent, horreur, pour ou contre “le réchauffement climatique du aux activités du Système”. Quant aux purs, ceux qui croient vraiment à la “vérité scientifique” et s’écharpent en son nom, ils ont toute mon affection et toute mon affliction, car ils sont prisonniers de leur “connaissance”.
(Détail “opérationnel” : si j’ai tendance à prendre en compte, sans me battre pour elle, certes, la thèse des pro-“réchauffement climatique…”, c’est d’abord parce que c’est elle qui me rapproche le plus d’une mise en accusation du Système, – et alors qu’elle n’est tout de même pas une monstruosité insupportable par rapport à la “vérité scientifique”, référence immensément vertueuse découverte par le groupe Murdoch autour de 2006, avec la montée médiatique des climatosceptiques. On retrouve la ligne de ma pensée.)
» 2). La chose effective et concrète qui m’importe effectivement dans cette affaire, ce n’est ni le réchauffement, ni le refroidissement, ni le “tout va très bien, misses la marquise”, etc., tous ces jugements à l’emporte-pièce pour le temps présent et dépendant de chiffres, lesquels sont tordus jusqu’à ce tout le monde leur fasse dire ce que chacun veut … La seule chose qui m’importe, c’est le désordre qu’introduit cette prévision ou cette appréciation du dérèglement climatique (voilà une expression plus sérieuse, – quoiqu’il en soit du climat), désordre qui est déjà dans les psychologies. Pas besoin de “connaissance” du sujet pour constater cela, l’intuition fait l’affaire : ce désordre est psychologique et il est déjà là, bien présent, lancinant… Confirmation statistique ? (Les statistiques confirment toujours, des années plus tard, fort pompeusement et à prix élevé, l’invention du fil à couper le beurre.) Voici que 44% des citoyens US croient à la “théorie” du réchauffement climatique, contre 51% en 2009 et 71% en 2007; la même année que celle des 44% (2011), on nous dit que 77% croient à un redoublement des tempêtes, de l’instabilité climatique par rapport aux tendances admises, donc du désordre. Et dès qu’il y a une tempête aujourd’hui, gémissent les climatosceptiques, on l’attribue au “changement/réchauffement climatique du/indu aux activités humaines” ; eh oui, et qui t’a fait roi ? Voilà la deuxième chose très importante de la polémique du climat : le désordre psychologique est parmi nous, quand on mélange la perception du désastre et le “tout va très bien, misses la marquise”.
» Je parle, moi, du Système et pas du climat, car c’est lui, le Système, qui règne et règle tout dans les conditions que je décris par ses caractères (son hermétisme, son monopole de surpuissance), et qui constitue les données essentielles de ma réflexion. Si les climatosceptiques l’“emportaient” (hypothèse farfelue, que j’évoquais dans dde.crisis pour l’image développée, car personne n’emportera rien dans ce débat), cela ne signifierait pas que le climat est conforme à leurs calculs fiévreux mais que l’équilibre au sein du Système a penché vers eux, c’est tout, et cela sans que le Système ne change rien de sa course, et cette modification de fortune de l’équilibre interne grâce aux activités médiatiques notoirement efficaces et vertueuses du groupe Murdoch, au temps de sa splendeur et maintenant. Je ne participe pas à ces débats-là, parce que j’estime qu’une participation serait une marque d’allégeance au Système, donc une victoire du Système sur moi, – outre que ces débats m’abaisseraient considérablement parce que ce sont des débats réglés par le Système, pour poursuivre son simulacre type-Derrida, Deleuze & Cie. De là l’inconnaissance : je n’ai pas besoin de prendre connaissance de ces débats au sein du Système, et de “me situer” (de me compromettre) par rapport à eux, qui n’ont aucune réalité ontologique (Derrida, Deleuze & Cie, entrepreneurs en destruction d’ontologie par définition). Je ne veux pas m’exposer sans défense, dans mon humaine faiblesse dont je ne peux être tout à fait assuré, au piège de la séduction de la fascination du Mal, car c’est bien cela que représente le Système. (Pour écouter les sirènes, rappelle Mattei, Ulysse avait bien pris soin de se faire lier au mat.)… J’ai mes priorités, dont l’essentielle est de résister. Je réserve mon attention à d’autres choses plus importantes, qui dépendent du savoir et de l’intuition haute que privilégie l’inconnaissance, où l’on peut fermement s’appuyer ; et enfin c’est être en dehors, alors que c’est désormais et nécessairement en dehors du Système qui tient le monde dans ses griffes que se trouve la vérité.
» Je veux refuser absolument l’idée d’une substance du Système, lui dénier absolument la moindre essence et le moindre sens, lui opposer, du dehors, hors de portée de sa subversion, une fermeté intraitable, qui le fasse hurler de rage, – et puis, le renvoyer au grand magasin des simulacres, avec ses proches, Derrida, Deleuze & Cie. Cela ne m’empêche pas, inconnaissance et savoir aidant justement, de ne pas ignorer à qui j’ai affaire, et comment... (On peut se reporter à dedefensa.org au jour le jour, ci-dessous.) L’important est d’opposer une frontière à l’imposture. »

Mis en ligne le 1er octobre 2014 à 14H32