La vaccination généralisée garantit l’immunité collective ; elle ne présente aucun danger et elle est la seule solution envisageable. Ce n’est pas très compliqué à comprendre.

Alors pourquoi certains s’obstinent-ils à refuser les vaccins ?

La seule explication plausible, c’est que ce sont tous des ignares [1] – ils n’entendent rien aux évidences de la vraie science – et des égoïstes [2] – ils préfèrent leur petite liberté à la solidarité. Puisque discuter avec de tels individus se révèle inutile, que faire d’autre sinon les culpabiliser par tous les moyens [3], leur rendre la vie impossible [4] en les pourchassant jusque dans les écoles, sur les campus, dans les grandes surfaces et sur leur lieu de travail, et en étendant l’usage du Covid safe Ticket afin de les priver de vie sociale ? Et s’ils résistent encore, certains songent à suspendre leurs droits fondamentaux au nom du bien commun, afin de disposer de leurs corps pour les vacciner de force.

Pourtant, en discutant avec certains d’entre eux, je constate tout d’abord qu’ils sont une majorité à n’être ni « antivax » ni complotistes. Ils ne sont pas non plus mal informés, mais au contraire plus informés que la moyenne sur les publications scientifiques.

Et tout comme d’ailleurs de nombreux vaccinés, ils font le constat que sur certaines questions essentielles, les virologues, les épidémiologistes ou les médecins – c’est-à-dire ceux qui sont qualifiés pour prendre la parole – ne sont en réalité pas d’accord entre eux. Parmi les plus éminents, il s’en trouve de plus en plus qui soutiennent qu’étant donné ce qu’est un virus, et vu la baisse d’efficacité des vaccins actuels en termes de propagation face au variant Delta, l’immunité collective est un horizon qui recule au fur et à mesure que le nombre de vaccinés avance [5].

En commandant 23 millions de doses pour 2022 et 2023, il semble que même le gouvernement et les experts qui le conseillent se résignent à voir le virus circuler encore longtemps [6].

Beaucoup se montrent aussi très réservés par rapport aux risques encourus à moyen et long terme par une vaccination massive. Selon eux, ceux qui les nient catégoriquement et ceux qui prophétisent des hécatombes parlent sans savoir [7].

De cette ignorance, ils en déduisent un minimum de prudence. Enfin, parmi ces experts, ils sont de plus en plus nombreux à promouvoir l’existence de traitements préventifs et précoces scientifiquement documentés [8], à partir de molécules déjà connues, et dont certaines, manifestement, limitent la propagation du virus [9].

Alors, ces non-vaccinés s’interrogent (avec d’ailleurs de nombreux vaccinés) : les scientifiques et médecins qui développent pareilles études sont-ils tous des imposteurs ou des incompétents ?

Pourquoi les experts officiels (spécialistes en vaccination mais sans aucune qualification pour juger des autres voies possibles) et nos autorités ne jurent-ils que par la vaccination de masse et évitent soigneusement tout débat scientifique ?

Même nos universités, qui devraient être des lieux de réflexion et de recherche, se taisent.

J’observe aussi que les non-vaccinés avec lesquels je discute ne sont pas les égoïstes que l’on dit. Au contraire, leurs prises de position leur attirent de plus en plus d’ennuis. S’ils ne pensaient qu’à préserver leur zone de confort, leurs habitudes et leur petite liberté, ils se feraient vacciner.

Je constate que pour eux, la solidarité est une valeur qu’ils tiennent en haute estime. Mais ils l’envisagent de façon réfléchie : premièrement, puisqu’à défaut d’empêcher la transmission du virus, les vaccins protègent des formes graves de la maladie, continuer à proposer la vaccination à toutes les personnes pour qui la balance coût/bénéfice penche clairement en faveur des bénéfices.

Deuxièmement, pour tous les autres, qui restent de toute façon libres de préférer la vaccination, mettre à leur disposition les traitements préventifs scientifiquement documentés. Cette stratégie utilisant des molécules connues, elle permettrait de surcroît de faire de sérieuses économies – ce qui est une autre façon de se soucier aussi du bien commun.

Seraient notamment concernés les soignants des hôpitaux qui ne veulent pas se faire vacciner, ainsi que tous les métiers de contact, en y incluant les établissements scolaires. On peut faire l’hypothèse que les communautés (bruxelloises) réticentes aux vaccins seraient aussi plus enclines à accepter ces alternatives.

Troisièmement, organiser une prise en charge précoce des symptômes en impliquant les médecins généralistes.

Enfin, au nom d’un principe élémentaire de solidarité, une grande partie des 23 millions de doses de vaccins réservées par la Belgique pourrait être rendue disponible pour les populations à risques des pays pauvres. Tout l’inverse de l’égoïsme national dont font actuellement preuve les pays riches, malgré quelques gestes symboliques consentis dans le cadre du programme Covax, pour se donner bonne conscience.

En vérité, pour mes interlocuteurs, refuser de se faire vacciner, c’est défendre une solidarité intelligente, qui ne sacrifie ni le respect dû à chacun, ni les avancées de la science, ni la protection des plus vulnérables. Est-il absurde de privilégier une diversité de stratégies pour lutter contre ce virus, plutôt que d’en imposer une seule qui montre ses limites ?

Bien sûr que non. Ce n’est pas très compliqué à comprendre.

Alors pourquoi nos autorités s’obstinent-elles au point de préférer diaboliser pour mieux les soumettre celles et ceux qui pourraient devenir de précieux alliés ?


[1] Par exemple : Vaccination à Bruxelles: «Les gens viennent parfois avec des mythes, nous, on répond avec des faits» - Le Soir Plus

[2] Cfr entre mille : Conner Rousseau estime que les non-vaccinés sont des "égoïstes" (rtbf.be)

[3] Cfr « Di Rupo appelle les non vaccinés à faire leur examen de conscience », La Libre Belgique, le 19 septembre 2021. A la suite d’Alexandre De Croo, il explique que l’épidémie perdure à cause des non vaccinés. Ce qui sera fort heureusement démenti par Y. Coppieters qui s’en tient aux données scientifiques ; cfr La libre Belgique, du 18 septembre 2021 : « Alexandre De Croo se trompe quand il dit que ce sont les non vaccinés qui sont responsables de l’épidémie ». Mais le mal est fait, nos responsables politiques désignent à la foule les coupables tout trouvés d’une situation qui pourtant s’améliore.

[4] Marc Noppen, « Il faut rendre la vie des non-vaccinés aussi difficile que possible » in La Meuse.Sudinfo, le 12 août 2021

[5] Il faut aussi tenir compte du retard pris par les pays pauvres, et le fait que le virus peut muter par l’intermédiaire de certains animaux comme les visons, avant de revenir chez l’homme. Faudra-t-il vacciner tous les vivants ? Cfr en guise de porte d’entrée pour accéder facilement aux débats et à certains articles scientifiques : « Vaccin et variants : seulement 66% d’efficacité face au variant Delta », sur le site de lintern@ute, le 25 août 2021.

[6] Coronavirus : la Belgique a commandé 23 millions de doses pour une troisième injection (rtbf.be) A la lecture de ce titre, deux possibilités s’offrent à nous : soit on nous avait caché qu’il y a en vérité 23 millions d’habitants en Belgique ; soit nos autorités prévoient déjà une quatrième dose.

[7] On ne le répétera jamais assez, pour savoir si des complications apparaîtront dans 5 ou 10 ans, il faut attendre 5 ou 10 ans. Cf Le Soir du 24/08/2021 « Des non-vaccinés confrontés à des experts ». A la question qui leur est adressée de promettre qu’il ne peut y avoir de conséquences à long terme avec les vaccins, aussi bien Muriel Moser immunologue à l’ULB que Jean-Michel Dogné, professeur à l’université de Namur, pro-vaccins, répondent qu’ils ne peuvent évidemment rien garantir : « un scientifique ne peut jamais dire jamais. » Quant à la pharmacovigilance censée relever les effets à court terme, on lui fait dire tout et son contraire : il est actuellement impossible d’avoir la moindre certitude en la matière.

[8] FLCCC, I-MASK+ Prevention & Early Outpatient Treatment Protocol for COVID-19 https://covid19criticalcare.com/covid-19-protocols/i-mask-plus-protocol/. Il semble par ailleurs que l’Europe va bientôt autoriser des traitements précoces.

[9] Cfr par exemple : « Une étude israélienne affirme que l’Ivermectine pourrait réduire drastiquement la transmission du Covid-19 », in Le Figaro du 15 juillet 2021, mis à jour le 04 août 2021.