Nous sommes les Soulèvements de la terre
Nous nous soulevons, chacun.e depuis notre endroit, chacun.e à notre manière. Le mouvement des Soulèvements de la Terre ne peut pas être dissout car il est multiple et vivant. On ne dissout pas un mouvement, on ne dissout pas une révolte.
Nous appelons toutes et tous à nous rejoindre pour rendre caduque cette tentative d’étouffement. Nous sommes, toutes et tous ensemble, les Soulèvements de la Terre.
Cette
annonce vise à répondre au déluge de critiques adressées au déplorable
pilotage du maintien de l’ordre en France depuis quelques semaines. La
manifestation de Sainte Soline contre les méga-bassines et
l'accaparement de l'eau, samedi 25 mars, n’était à cet égard que le
point d’orgue d’une partition macabre, entamée il y a plusieurs
semaines, pour rappeler qu’il ne fait plus bon aujourd’hui sortir de
chez soi pour manifester son opposition à la politique du gouvernement.
Nous
pleurons aujourd’hui toutes et tous les blessé.e.s du 25 mars et
veillons les deux manifestants plongés dans le coma entre la vie et la
mort. Nous pensons à toutes celles et ceux qui ont dû faire face à un
dispositif militaire conçu pour terrifier au risque de tuer. Un
dispositif d'une brutalité inouïe, allant le jour même jusqu'à
l'obstruction de l'arrivée des secours, pour protéger un symbole, celui
de leur autorité, envers et contre toute raison.
Mutiler et dissoudre.
La dissolution, cette nouvelle manœuvre du ministre de l’intérieur pour
tenter de faire oublier la brutale répression qu'il a orchestrée est un
peu trop grossière. Le projet de dissolution avait en effet « fuité »
dans la presse depuis un article du Parisien du 20 décembre 2022,
premier d’une série d’articles trop soutenue pour être hasardeuse, sur
le profil des militants écologistes radicaux, sur ces mouvements ou ces
territoires qui «s’éloignent des règles de la République».
Ce
que nous comprenons, au fil des interventions des ministres de ce
gouvernement, c’est qu’ils semblent décidés, emportés dans leur propre
fébrilité, à taxer « d’ultra-gauche » tout ce qui se met en travers de
leur chemin. Au gré des recyclages de cette appellation, elle
recouvre désormais presque parfaitement celle d’« opposant », toutes
catégories confondues.
Le gouvernement a en l’espèce tenté d’user
d’une double stratégie. D’une main fustiger l’éco-terrorisme, les
black-blocs, et les activistes écologistes radicaux, accusés de
parasiter les « légitimes mouvements pour la préservation de la planète
», de l’autre couper sournoisement les vivres à toutes les associations
de défense de l’environnement qui se battent pied à pied pour ralentir
le cours du désastre écologique.
Ainsi, depuis la loi Séparatisme ce
sont des dizaines d’associations sociales, environnementales et
culturelles soupçonnées de ne pas souscrire au « Pacte Républicain », ou
juste trop critiques à leur goût, qui se sont vues refuser des
financements, inquiétées par les préfectures, bannies des instances de
concertation, portées sur de mystérieuses listes noires qui circulent de
service en service.
Rien ici qui ne nous surprenne vraiment. Ce
qui nous sidère c’est qu’ils et elles puissent penser que ces vieilles
ficelles suffisent à mettre un coup d’arrêt à une révolte de fond contre
la continuelle destruction du vivant.
Car les Soulèvements de la Terre sont une grandissante coalition de forces :
au fil des mois c’est toute une constellation de collectifs
d’habitant.e.s en lutte, d’associations de défense de l’environnement,
de fermes, de groupes naturalistes, de cantines populaires, de
syndicalistes paysans, de scientifiques en rébellion, de syndicats, de
groupes autonomes, de mouvements d’éducation populaire, d'élu.e.s, de
personnes de tous âges et de tous horizons, qui se retrouvent et
s’organisent sous la bannière des Soulèvements de la Terre. Et ça, rien
n’est en mesure de le dissoudre.
En réalité aujourd'hui, c'est ce gouvernement que la majorité des habitant.e.s du pays voudrait voir dissout.
Alors, pour donner un peu de chair à leur inquisition, nous
allons, nous qui signons cette tribune et toutes celles et ceux qui ne
manqueront pas de nous rejoindre, rendre publique notre appartenance aux
Soulèvements de la Terre.
Nous serons donc dans les
rassemblements de solidarité avec les blessé.e.s de Sainte Soline et
pour que cessent les violences policières, ce jeudi à 19h devant les
préfectures, comme nous participerons aux comités locaux des
Soulèvements de la Terre que nous appelons aujourd’hui à créer partout
sur le territoire et au-delà. Nous nous soulevons toutes et tous contre
la vision du monde et de la vie que ce gouvernement incarne, contre le
saccage des milieux naturels, la disparition des terres arables,
l’accaparement de l’eau, l’augmentation de la durée de cotisation qui
n’est que le paravent de l’injuste partage des richesses, contre les
mutilations parfois fatales qu’ils infligent depuis trop longtemps à nos
ami.e.s, à nos enfants, à nos camarades.
Nous nous soulevons,
chacun.e depuis notre endroit, chacun.e à notre manière. Le mouvement
des Soulèvements de la Terre ne peut pas être dissout car il est
multiple et vivant. On ne dissout pas un mouvement, on ne dissout pas
une révolte.
Nous appelons toutes et tous à nous
rejoindre pour rendre caduque cette tentative d’étouffement. Nous
sommes, toutes et tous ensemble, les Soulèvements de la Terre.
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