Ce jeudi 31 mars, alors que les AmiEs de la Terre s’affairent à changer le monde – le préférant moins gris – le téléphone retentit. Au bout du fil, un homme nous annonce détenir des informations importantes concernant l’énergie atomique, la sûreté de l’État et un scandale planétaire ; rien que ça.
Intrigué-es, nous rencontrons notre informateur en face de la pisciculture de Tihange. Roger – nom d’emprunt préservant son anonymat – nous apprend être cadre pour le Forum nucléaire, conglomérat belge d’entreprises manipulant l’atome.
« Mon boulot, c’est de faire croire aux gens que le nucléaire est sans danger, voire sauve le climat. Le nuage radioactif qui s’est arrêté juste à la frontière en 1986, c’était mon idée. À l’époque, on était seulement responsables de quelques milliers de cancers, on se disait que comparés à nos collègues du lobby automobile ou de l’armement, on s’en tirait pas trop mal.
Et puis, il y a eu les fissures. Le risque était devenu bien trop élevé et on pensait que la blague allait s’arrêter là. Mais on a reçu l’ordre du gouvernement Michel de continuer à mentir. Ensuite, il y a eu les attentats et l’État, histoire de faire quelque chose, a déployé son arsenal militaire autour des centrales. Évidemment, nous savons bien, nous, que tout cela est vain et que la seule mesure de sécurité raisonnable serait d’arrêter les réacteurs nucléaires.
Mais on a été beaucoup trop loin. La Belgique compte, dans ou à proximité de son territoire, 20 réacteurs nucléaires, 6 centres d’enfouissement de déchets radioactifs, 2 centres de recherche nucléaire et une base militaire stockant 10 à 20 missiles nucléaires. Que l’un de ces sites soit victime d’une défaillance technique, d’une catastrophe naturelle, de négligence ou d’attaque et nous devrions évacuer des villes entières comme Liège ou Anvers. À vrai dire, nous ne le ferions sans doute pas. Nous n’en aurons pas les moyens et l’économie du pays n’y survivrait pas. Comme on l’a fait au Japon, nous élèverons les taux acceptables de radioactivité et ré-investirons les lieux irradiés après quelques années seulement. En attendant, et faute d’une véritable volonté politique d’arrêter cette mascarade, on paye des gens comme moi pour dire que le risque est minime. Et on distribue de l’iode à Tihange. »
Voici un témoignage édifiant dont la société civile ne manquera pas de se saisir pour mettre fin à cette terrifiante menace !
- Un poisson trouvé dans la baie de Fukushima. Ces encravattés du lobby nucléaire oseront-ils prétendre, sans rougir, que seule la beauté intérieure compte ? - Photo : Steve Loya
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