• Pour rendre compte des nouvelles de l’Ukrisis en cours, on pourrait aussi bien commencer par celles qui semblent avoir le moins d’importance, comme si elles étaient anecdotiques. • Elles ont pourtant une cohérence qui les place dans la logique du monde nouveau, ou « clown world » comme le surnomme Alex Christoforou. • Elles ont leur place à côté des affaires beaucoup plus importantes, quoique tout aussi « clown world », concernant des grands projets de sécurité/d’insécurité. • Le commentateur a du mal à suivre parce que le diable chevauche en zigzag.
Pour saluer la reine Elizabeth II, l’ambassade d’Ukraine à Londres, établissement qu’on imagine extrêmement privilégié, a projeté sur ses murs un immense portrait numérisé de la reine, avec la mention d’une grandeur égale, à la droite du portrait, pour que nul ne s’y trompe : « Queer Elizabeth II », – c’est-à-dire, bien lire “Queer” et non, comme certains extraterrestres fort incultes auraient pu l’attendre, “Queen”. Alex Christoforou s’esclaffe à propos de ce qu’il nomme « this clown world » et conseillant aux ‘Ukrotaniens’ de Londres de prendre des leçons d’orthographe ; mais il plaisante sans doute, car il n’est pas sans savoir que le mot est bien ce que l’ambassade d’Ukraine voulait écrire, par marque de respect et d’estime... ‘Queer’ signifie, Wikipédia aidant, et nous-mêmes comprenant qu’il s’agit alors d’une parfaite identification d’Elizabeth II, selon les canons du “monde nouveau” qui la salue :
« Queer est un terme générique pour les personnes qui ne sont pas hétérosexuelles ou qui ne sont pas cisgenres. Signifiant à l'origine “étrange” ou “particulier”, le terme “queer” a commencé à être utilisé de manière péjorative contre les personnes ayant des désirs ou des relations homosexuelles à la fin du XIXe siècle. À partir de la fin des années 1980, les activistes queer, tels que les membres de Queer Nation, ont commencé à récupérer le mot comme une alternative délibérément provocatrice et politiquement radicale aux branches plus assimilationnistes de la communauté LGBT. »
Ainsi le “monde nouveau”, assimilant le wokenisme, les LGTBQ et le juste combat des ‘Ukrotaniens’ de Kiev-Londres, rend-il un juste hommage à la vieille Reine, aux funérailles de laquelle est convié le monde entier, – sauf la Russie et la Biélorussie. Elizabeth préside ainsi, du Woke-Paradis où elle a été installée, la victoire finale de la déconstructuration civilisationnelle. Triomphe du « clown world » d’Alex (23’27” de sa vidéo).
Batiouchka, sur le ‘Saker-US’ a une autre explication. Nous lui en laissons évidemment la responsabilité, car comment la Reine d’un des fleurons du « clown world » pourrait-elle “en avoir assez” (“fed up”), de toutes ces clowneries ? Il y a là un conflit, sinon d’intérêts, dans tous les cas d’interprétation :
« Peut-être sa fin a-t-elle été précipitée par le comportement de son fils, le prince Andrew, de son petit-fils, le prince Harry, et des imbéciles qui habitent le 10 Downing Street, dont elle a dû confirmer la nomination de la dernière en date, deux jours seulement avant sa mort. Pourquoi vivre plus longtemps ? Elle devait en avoir assez de tout cela. C'est la fin, la fin définitive de l'Empire protestant de Grande-Bretagne (1522-2022)... »
Toutes ces nouvelles et “réflexions” peuvent paraître bien dérisoires au regard des drames tragiques qui secouent le “monde nouveau”. Tout de même, BHL se trouvait proche de la voiture de Zelenski, avec l’oiseau à son bord, lorsqu’un accident (sans gravité heureusement, semble-t-il) est survenu retour d’une visite commune à Izium, dans les territoires reconquis par la foudroyante contre-offensive de territoires déserts puisqu’ abandonnés par l’ennemi. La troupe se trouvait en bonne compagnie de protection, comme le précise d’une plume venimeuse RT.com... « Clown world » !
« Le président ukrainien était accompagné de la célébrité française Bernard Henri-Levy. Les photos de la visite partagées par Zelenski sur les médias sociaux montrent l'un de ses gardes du corps arborant un écusson utilisé par les unités SS-Totenkopfverbande dans l'Allemagne nazie. »
Ainsi le commentateur est-il confronté à un rude travail de sélection s’il veut rendre compte de la marche du temps d’une manière qui lui assure un lectorat fidèle et reconnaissant. Les nouvelles données ci-dessus ont ceci de satisfaisant qu’elles sont précises et, disons, assez stables. Ce n’est pas le cas des affaires que nous allons rapidement évoquer ci-dessous, qu’on pourrait juger après tout dans le climat régnant d’inversion, beaucoup moins importantes.
Le Traité d’Insécurité de Kiev
Ce qui occupe (un peu) les esprits, outre l’espèce de flou considérable et sans cesse augmenté où s’abat le compte-rendu de la “contre-offensive” triomphale de Kharkov, c’est l’étonnant “Traité de Sécurité de Kiev” présenté par les Ukrainiens. Il serait plus convenable de parler, disons d’un “Traité d’Insécurité Globale” (TIG), devant cet étonnant document qui reprend tous les processus américanistes donnant l’apparence de la raison, de la réflexion, de la mesure, pour accoucher d’un superbe monstre qui a fait s’étrangler de fureur les Russes. En quelques mots et, surtout surtout, sans entrer dans les détails...
« L'Ukraine a présenté une proposition de recommandations pour des garanties de sécurité, qui lieraient politiquement et juridiquement le pays et ses États garants dans un partenariat stratégique connu sous le nom de “Traité de Sécurité de Kiev”. [...]
» Kiev suggère que des pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie et la Turquie agissent en tant que garants de la sécurité de l'Ukraine. Selon l'approche “multi-niveaux”, un “noyau dur” d’alliés s'engagerait clairement à soutenir l’armée ukrainienne, tandis qu’un groupe plus large fournirait des garanties non militaires fondées sur des sanctions.
» “Nous avons besoin d'une force militaire suffisamment forte pour repousser le désir de vengeance des Russes. Et une force capable de causer des dommages irréparables à l'agresseur si ce désir s'avère irrésistible”, a déclaré le chef de cabinet de M. Zelenski, Andrey Yermak. »
Ces propositions ukrainiennes constituent un document sans guère de précédent d’exigences de soumissions à tous les risques, – réels et fantasmés, – que l’on pourrait faire courir à l’Ukraine, dans le futur prévisible, et même imprévisible. L’ennemi est désigné, bien entendu, et l’on nous laisse aimablement le deviner.
On publie ci-après les réactions de deux personnalités de le direction russe. Elles ne sont pas tendres, bien entendu. Ce document, s’il est présenté comme une proposition, n’est bien entendu pas fait pour être accepté mais pour accroitre encore la tension autour d’Ukrisis.
• La première réaction est de Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, qui n’a pas la plume dans sa poche. Zakharova s’en prend plus spécifiquement à la position que ce “traité” étrange conduirait à imposer aux pays-membres de l’UE, selon une conception qu’elle qualifie de “diabolique”, venue toute droite des cerveaux lucifériens bouillonnant dans les forges du DeepState évidemment américaniste.
« La plupart des mesures incluses dans le document “sont déjà mises en œuvre” par les partisans de Kiev, mais les alliés européens de Washington devraient s'engager à maintenir l'aide financière à l'Ukraine dans un avenir prévisible, a déclaré Mme Zakharova dans une interview mercredi. S'il est signé, le “pacte de sécurité de Kiev" signifiera pour l'Union européenne un “esclavage implacable” dont elle ne se remettra pas de sitôt, a-t-elle affirmé.
» “Un engagement total à soutenir le régime de Kiev signifierait tout simplement l'immolation [pour l'UE]. Et cette proposition s'adresse à des nations qui se demandent comment elles pourront passer l'hiver”, a déclaré Mme Zakharova, en référence aux pénuries d'énergie auxquelles les États membres de l'UE s'efforcent de faire face.
Selon la porte-parole du ministère des affaires étrangères, les pays développés de l'UE sont confrontés à une catastrophe économique et humanitaire après avoir reçu des instructions des États-Unis sur la manière de répondre à la crise en Ukraine.
» La situation est ironique, estime-t-elle, car l'UE est née d'un groupe de nations qui se sont regroupées pour en tirer un avantage économique mutuel en déréglementant le commerce. Aujourd'hui, “ils sont rassemblés” pour que leurs vies deviennent “plus froides, plus pauvres et plus difficiles”, a-t-elle déclaré.
» C'est le plan diabolique de Washington pour détruire ce qu'on appelait auparavant l'espace européen commun. »
• La deuxième réaction, de Medvedev, est à la fois biblique et apocalyptique, choses qui vont très bien ensemble. L’ancien président conserve tout le tonus et l’alacrité qu’il n’a cessé de montrer sur ses divers comptes des réseaux sociaux, spécialement depuis le début de la guerre, le 24 février 2022. Ses termes renvoient autant à la très humaine pathologie de la psychologie qu’aux mythes ancestraux des religions du Livre, Armageddon et Apocalypse à l’appui.
« La proposition de “garanties de sécurité” dévoilée par Kiev mardi est “en réalité un prologue à la troisième guerre mondiale”, a déclaré Medvedev, la qualifiant d’“appel hystérique” aux pays occidentaux engagés dans une guerre par procuration contre la Russie.
» Si l'Occident poursuit son “renforcement effréné du régime de Kiev avec les types d'armes les plus dangereux”, la campagne militaire de la Russie passera à l'étape suivante, où “les frontières visibles et la prévisibilité potentielle des actions des parties au conflit” seront effacées et le conflit prendra une vie propre, comme le font toujours les guerres, a affirmé Medvedev.
» “Et alors, les nations occidentales ne pourront pas s'asseoir dans leurs maisons propres, en riant de la façon dont elles ont soigneusement affaibli la Russie par procuration. Tout sera en feu autour d'eux. Leur peuple récoltera pleinement sa peine. La terre sera en feu et le béton fondra”, écrit M. Medvedev, avant de citer un verset de la Bible tiré de l'Apocalypse 9:18.
» “Pourtant, les politiciens bornés et leurs stupides groupes de réflexion, faisant tourner pensivement un verre de vin dans leurs mains, parlent encore de la façon dont ils peuvent traiter avec nous sans entrer dans une guerre directe. Des idiots ennuyeux qui n'ont pas reçu d'éducation classique”. »
Il n’empêche : bien que réagissant dans des registres différents, les deux intervenants qui font partie de la direction russe, et qui n’ont sans doute pas les mêmes degrés de démarche spirituelle, citent instinctivement la référence diabolique. Cela fait partie d’un climat intellectuel qui s’exacerbe de plus en plus en Russie, renforçant les conditions pour une montée gravissime aux extrêmes. A tant en faire, les États-Unis et leur domesticité la plus empressée convainquent de plus en plus d’observateurs d’une dimension maléfique chez eux, qui dépasse la simple rhétorique de rencontre.
Qu’ils aient intoxiqué toute cette domesticité, justement, et possédante de tant de moyens de communication, n’ôte strictement rien à la vérité-de-situation, et même ne cesse au contraire de la renforcer tant le simulacre est de plus en plus visible. Nous n’avons nul besoin d’être pro-russes, ni intoxiqués par l’acte de la propagande, ni par l’excellente tenue du rouble, pour s’effrayer de cette extraordinaire effondrement de toutes les conceptions de lucidité, de dignité, de moralité intuitive, au profit d’un climat d’exacerbation et d’hystérisation des perceptions. Cette affaire ne concerne pas les seuls Russes, elle nous concerne tous.
Universalité du « clown world »
Le mélange de ces informations, commençant en apparence par les plus futiles, mais nullement les moins significatives à notre sens, est absolument une marque de l’essence, – si l’on peut dire, – de ce « clown world » dont font aussi bien partie la Reine transformée en ‘Queer’ que le ‘TIG’ visant à perpétuer les conditions scandaleuses de chantage, d’escroquerie et éventuellement d’orientation génocidaire de l’actuel gang international.
Toutes les apparences de la ‘légitimité” selon l’américanisme est introduit là où c’est possible, comme le processus menant au ‘Traité”, sorte de grotesque simulacre d’un Minsk-3 enrobé de toutes les apparences du travail bureaucratique sérieux à la mode de Washington D.C. Il s’agit du résultat d’un travail commandé par Zelenski à une commission d’“experts” plantureusement subventionnés en dollars fraîchement imprimés, constituée ad hoc sous la présidence du Danois Rasmussen, prédécesseur à l’OTAN du Norvégien Stoltenberg. (Les Nordiques semblent très appréciés pour donner une face réjouissante d’intelligence et de sérieux à ces simulacres de démarches intellectuelles). Le “Traité d’Insécurité Globale’ est donc un monstre directement enfanté par l’OTAN.
Les connexions entre ce monde de la bureaucratie de sécurité “nationale“, le monde de l’entertainment (allusion à BHL, visiteur renouvelable à volonté de Zelenski) et tout ce qui fait penser ou adhérer à l’application des doctrines-Woke sont ici évidentes et logiques. L’ensemble, avec diverses autres connexions qui sont acceptables pourvu qu’elles soient de type-moderniste, représente une démarche d’une puissance et d’une rapidité extraordinaires, aussitôt intégrée dans le processus de bureaucratisation dont l’OTAN est la référence incontournable. L’excellent aspect, dans ce « clown world », c’est que les fabricants de cette monstruosité sont incapables d’une vue générale et globale d’une part, et d’autre part de la perception du poids considérable à la fois des simulacres et de leur aspect satanique selon des correspondances qui sont totalement déséquilibrées et invertis bien entendu par rapport à la référence de la vérité-de-situation. (Mettre un BHL à portée d’un champ de bataille sera toujours saugrenu et, à un moment ou l’autre, confirmant le rôle du clown, discréditera l’aspect tragique du champ de bataille, enlevant à la cause sa valeur d'exemple et d'entraînement, et par conséquent sa légitimité.)
Le « clown world » devrait grandement peiner à s’imposer comme un « Brave Clown World », c’est une caricature du “Brave New World”, qui ne sait pas se tenir, qui n’a aucune idée de ce qu’est une certaine tenue du simulacre, lorsqu’on veut que ce simulacre soit pris pour vrai. Il est un peu trop visiblement ce qu’il tente de dissimuler pour passer pour un simulacre acceptable ; c’est une sorte d’usine à gaz de simulacre...
Mis en ligne le 15 septembre 2022 à 18H30
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