"Il n'existe rien de constant si ce n'est le changement" BOUDDHA; Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots." MARTIN LUTHER-KING; "Veux-tu apprendre à bien vivre, apprends auparavant à bien mourir." CONFUCIUS ; « Nous savons qu’ils mentent, ils savent aussi qu’ils mentent, ils savent que nous savons qu’ils mentent, nous savons aussi qu’ils savent que nous savons, et pourtant ils continuent à mentir ». SOLJENITSYNE
Nicolas Hulot semble sincère concernant les enjeux climatiques.
On pourra lui reprocher ses multiples moyens de locomotion et ses produits dérivés.
Paradoxalement, son hélicoptère lui a permis de contribuer à un début de prise de conscience des problèmes environnementaux au sein d'une partie non négligeable de la population.
Des contradictions, qui n'en a pas, même si elles sont proportionnelles à nos revenus... un vol Ryan Air pour se dorer la peau... et à un prix qui n'a rien de libéral. Par exemple.
Il nous parle de cohérence individuelle et collective à aller chercher au-delà des récupérations partisanes et veut cesser de se mentir à lui-même. Compte tenu des enjeux et de cette recherche de "cohérence pour tous", je ne lui reprocherai pas ce moment de lucidité et ce ton solennel.
Pour ce qui est de sa loyauté envers macron et le gouvernement, hum, humainement je peux comprendre mais moi je crois que macron est un missionnaire formidable du système marchand que Hulot dénonce. Je crois que Hulot le sait. Je crois aussi que macron est un sociopathe.
Pour la suite, des avis contrastés, et intéressants à plus d'un titre
intéressant cette question des lobbys....
quelle maturité :-)
Ah ce cher François, toujours le mot pour rire :-)
Publié le 26 Août 2018 par Observatus geopoliticus in Etats-Unis
Égérie du Deep State, héros de l'interventionnisme américain, idole du système impérial, le sénateur John McCain vient de s'éteindre. La presstituée pleure déjà la disparition de son maître, comme dans cet articlehallucinant de niaiserie de l'imMonde dont je ne résiste pas à publier un extrait :
Un rebelle en perpétuel état d’indignation, mais qu’est-ce qu’un « rebelle sans une cause juste »?, insistait-il. La sienne, la cause de sa vie, était la défense de la démocratie. En Ukraine, en Serbie, et dans les dernières années, en Russie.
Paraît qu'il vaut mieux entendre ça que d'être sourd... McCainistan rejoint dans la tombe les centaines de milliers de morts des divers guerres/invasions/putschs made in US qu'il a soutenus.
On retrouve en effet le triste sire derrière tous les mauvais coups de l'empire ces vingt dernières années et ce blog en a parlé à plusieurs reprises. C'est sa visite (menaçante ?) à Sofia en 2014 qui a poussé la Bulgarie à abandonner le South Stream, faisant par là même une croix définitive sur les royalties pourtant juteux qu'elle en aurait retirés.
Artisan et partisan du putsch maïdanite en Ukraine, son soutien à la junte a toujours été sans faille et ses visites source d'étincelles, comme il y a un an et demi :
Trump ne pouvait pas être plus dans le mille lorsqu'il a raillé la passion des sénateurs McCain et Graham pour la Troisième Guerre Mondiale. Si, depuis l'élection du Donald, Berlin a tendance à se prendre désormais pour la deuxième Washington, le système impérial expulsé du pouvoir compte également sur ses valeurs sûres en interne.
En juin 2014, McCainistan faisait un voyage express à Sofia ; le lendemain, la Bulgarie renonçait au South Stream. A la Saint-Sylvestre, il remettait ça, visitant la ligne de front ukrainienne avec son inséparable compère Lindsay Graham. Discours lyriques, "danger russe" et tout le toutim, en compagnie de l'inénarrable Chocochenko et ses monumentales 13% d'opinions favorables.
En passant, il est d'ailleurs intéressant de voir la défiance absolue envers la junte installée par Washington. Selon le sérieux Institut international de sociologie de Kiev, 69% des habitants n'ont pas confiance en Porochenko. Pour les autres composantes de la république bananière ukrainienne, ce n'est pas mieux. Gouvernement : 73%. Parlement : 82%. Quant aux médias, seuls 2,4% leur font confiance ! Décidément, que ce soit en Ukraine ou en Europe, et maintenant aux Etats-Unis mêmes, le système impérial a un vrai problème avec les peuples et la vie réelle...
Mais revenons à la visite du couple Follamour ; quelques semaines plus tard, le conflit reprend dans le Donbass. Coïncidence ?
En Syrie, McCainistan n'hésitait pas à fricoter avec les barbus, éructant contre les bombardements russes ou poussant à l'armement des djihadistes :
Nous avons rapidement évoqué dans le dernier billet le coup de poker désespéré du parti de la guerre devant la perspective de la libération totale d'Alep par les Syro-russes. Des membres du Congrès US, travaillés par l'éternel pyromane John McCain (comme pour Soros, on attend impatiemment qu'il traverse le Styx...), a mis la proposition d'armer les "rebelles" syriens sur la table de Barack à frites qui l'a signée. Concrètement, cela permet de passer outre le Arms Export Control Act, sensé interdire le financement et l'armement par l'argent public états-unien de groupes militants.
Les contraintes - notification de 15 jours au Congrès - sont légères et pourraient permettre d'envoyer des missiles anti-aériens aux coupeurs de tête modérés avant l'entrée en fonction de Trump le 20 janvier. Que ces armes puissent finir entre les mains de Daech ne semble pas empêcher de dormir les allumés de Washington...
Mais c'est évidemment dans le combat contre l'adversaire stratégique russe que le sénateur a mis tout son coeur, en défendant notamment avec acharnement l'extension de l'OTAN :
Alors que la Maison Blanche souhaite désormais mettre la pédale douce à l'activité otanienne, McCainistan et sa clique poussent au contraire à son extension forcée. Une délicieuse passe d'armes a eu lieu au Sénat américain. Le sénateur Rand Paul s'est opposé à une proposition de loi en faveur de l'adhésion du petit Montenegro à l'OTAN, provoquant la fureur du Follamour de l'Arizona qui a un peu perdu les pédales pour l'occasion :
Puisqu'il refuse d'accueillir cette petite nation attaquée par les Russes [!?!], il faut en conclure que ce sénateur travaille maintenant pour Vladimir Poutine.
La crise de nerfs de John "quiconque n'est pas d'accord avec moi est un agent russe" McCain s'est attiré la réponse amusée dudit Rand Paul :
Je pense qu'il vient de prouver que la limitation des mandats est nécessaire. Il a peut-être dépassé la date limite, il devient un peu déséquilibré.
La russophobie fanatique du successeur de McCarthy le poussait à réclamer toujours plus de sanctions contre Moscou, comme il y a un an :
Ainsi, le système impérial a décidé d'aller jusqu'au bout dans sa confrontation avec la Russie et l'intégration eurasienne. A l'image d'un McCain à moitié gâteux tirant ses dernières salves avant de rejoindre l'enfer, l'Etat profond de l'hégémon déclinant, désormais réfugié au Congrès américain, choisit la voie jusque-boutiste. Un grand classique de l'Histoire. C'est comme ça que les empires chutent ; c'est également comme cela que les grandes guerres commencent...
Toute possibilité de rapprochement entre Trump et Poutine étant vue avec horreur par le système impérial, McCain s'est évidemment retrouvé en première ligne dans le combat universel contre le Donald :
Face au vent de l'histoire, le système impérial est en émoi, ne lâche pas prise et s'arc-boute. Les accusations contre le Donald deviennent chaque jour plus ubuesques, l'objectif étant bien évidemment de dénigrer préventivement toute forme de rapprochement avec Moscou - Trump est sous influence russe, c'est la raison pour laquelle il veut s'associer avec Vlad l'empaleur...
Aussi, les membres de la nouvelle administration, Affaires étrangères et Pentagone notamment, ont dû monter patte blanche lors de leur audition devant le Sénat et chanter le petit couplet Danger Russie pour y emporter l'adhésion. Notons au passage l'archaïsme du processus américain où une assemblée presque aussi déconsidérée que le flamby élyséen (18% d'opinions favorables seulement et 78% de défavorables) se permet de faire passer sur le grill une administration nouvellement élue bénéficiant du soutien populaire. Mais refermons la parenthèse et revenons au manège des faucons, vrais cons, néo-cons et autre parti de la guerre.
Qui retrouve-t-on derrière cette cabale ? Les habituels suspects : l'inusable John McCain (qui admet avoir envoyé au FBI les allégations contre Trump), CNN et la clique médiatique, Marco Rubio, certains secteurs de la CIA, Soros (qui a d'ailleurs perdu un milliard de $ suite à l'élection)... La vieille garde contre le nouveau monde.
Dernier cadeau du prix Nobel de la... oui, paix... avant son départ sur les terrains de golf, l'OTAN envoie 3 000 soldats US en Pologne aux frontières de la Russie, dans ce qui est le plus grand déploiement de forces militaires américaines en Europe depuis des décennies. Stratégiquement parlant, cela n'a aucune réelle importance et nous sommes plutôt dans la gesticulation médiatique. Mais ici comme ailleurs, il s'agit de provoquer Moscou et miner un peu plus le terrain du Donald...
Ce faisant, le sénateur va-t-en guerre s'est plus d'une fois attiré les foudres de l'occupant de la Maison Blanche :
McCainistan et son ombre Lindsay Graham se sont fait rabrouer vertement : "Les deux sénateurs feraient mieux de concentrer leur attention sur l'EI et la sécurité des frontières au lieu de toujours chercher à commencer une Troisième Guerre Mondiale." Comme le train, les oreilles du couple Follamour ont sifflé trois fois. Aux dernières nouvelles, McCain en a perdu son dentier de stupeur...
Le mois dernier encore, pourtant en phase terminale, l'excité de l'Arizona n'a pu s'empêcher de décocher une dernière flèche à Trump, coupable d'avoir rencontré Poutine à Helsinki, parlant sans rire de "l'un des pires moments de l'histoire de la présidence américaine" (dixit).
On le voit, la passion belliciste de McCain n'a jamais failli. Il rejoint maintenant dans l'au-delà une autre grande âme damnée du système impérial, disparu l'année dernière. Sur la fin, Dr Zbig avait eu la clairvoyance de constater qu'il s'était fourvoyé :
Un an avant sa mort, l'éminence grise publie un dernier texte en forme de testament. Derrière les éléments de langage d'usage, notamment russophobes, et quelques énormités ("la pression démographique chinoise" qui constituerait un danger pour Moscou), on sent un désenchantement certain.
Les Etats-Unis ne sont plus la grande puissance impériale planétaire, la Russie et la Chine sont revenues dans la course et n'en partiront plus, l'Europe est un trou noir et le monde musulman devient de plus en plus violent. Aussi convient-il de travailler à une nouvelle architecture internationale où seront alliés à des degrés divers Washington, Moscou et Pékin pour contrer les flambées de violence moyen-orientales et établir une certaine sécurité globale.
Dans la bouche de celui qui a grandement favorisé en Afghanistan l'essor de l'islamisme transnational, moqué le danger djihadiste et oeuvré sans relâche à l'affaiblissement voire à la désintégration de la Russie, ces mots sont un incroyable constat d'échec. La négation d'une vie impériale...
Rien de tel chez McCainistan, butor jusqu'au bout.
John McCain believed that every citizen has a responsibility to make something of the freedoms given by our Constitution, and from his heroic service in the Navy to his 35 years in Congress, he lived by his creed every day. https://bit.ly/2wff9V5
.@SenJohnMcCain lived a life of service to his country, from his heroism in the Navy to 35 years in Congress. He was a tough politician, a trusted colleague, and there will simply never be another like him. My thoughts and prayers are with Cindy and his entire family.
Vivons-nous en « démocratie » ? Bien sûr que non[1] ! Quelle drôle de question[2], me direz-vous. Cependant, si l’on en croit les médias de masse, les membres du gouvernement, les philosophes et autres intellectuels médiatiques, cela ne fait aucun doute : nous vivons évidemment en démocratie. Pour preuve, leur meilleure justification consiste bien souvent à bafouiller quelque chose signifiant à peu près « parce que c’est le nom du régime politique actuel », ou « parce que les institutions actuelles correspondent à ce que l’on appelle la démocratie », bref, une sorte de tautologie qui suggère que nous vivons en démocratie parce que nous vivons en démocratie. En termes de bluff, un joueur professionnel de poker ne ferait pas mieux, ou pas pire, c’est selon. Un rapide examen des institutions étatiques actuelles nous montre, au contraire, qu’elles sont toutes directement issues de régimes politiques qui n’avaient strictement rien de démocratique, pas même l’ombre d’une prétention.
Commençons par la plus détestée : la police. Pas besoin de recourir à des sources controversées pour découvrir l’histoire séculaire de cette triste institution. Le site web officiel de la police nationale l’explique très bien :
« Au XIVe siècle, la hiérarchie royale s’établit comme suit : prévôt dans les prévôtés (de la taille d’une châtellenie ou fief, une grosse commune rurale d’aujourd’hui), bailli ou sénéchal dans les bailliages ou sénéchaussées (de la taille d’un comté, environ d’un quart de département).
Ils cumulent des pouvoirs d’administration, de police et de justice. Cette hiérarchie est plus tard coiffée par les intendants, que l’on peut apparenter à nos préfets. […]
‘La police consiste à assurer le repos du public et des particuliers, à protéger la ville de ce qui peut causer des désordres’. L’édit que présente Colbert à Louis XIV en mars 1667 résulte de l’évolution des mœurs françaises depuis quelques siècles en matière de sécurité publique. Il envisage une approche globale de la criminalité et constitue l’acte fondateur de la police sous l’ancien régime en clarifiant une situation héritée du moyen-âge [sic].
La charge de lieutenant de police qu’il institue a pour but de créer un pouvoir autonome veillant à la bonne marche de la cité, quelque pression qu’il puisse subir. »
Au passage, il faut souligner un point important. À la lecture de leur formulation de l’histoire de la police, on ne ressent absolument pas — et il n’est jamais suggéré — que la « bonne marche de la cité » constitue l’imposition autoritaire et violente d’un ordre social hautement inégalitaire élaboré par et pour une poignée d’autocrates. Le discours étatique, y compris (manifestement) celui de l’État soi-disant démocratique de notre temps, évite toujours l’autocritique, c’est-à-dire la critique de l’État, même de l’État autoritaire, même de l’État royaliste ouvertement et officiellement antidémocratique d’il y a plusieurs siècles. L’histoire étant écrite par les vainqueurs, cela n’a rien de surprenant. Les descriptions des régimes étatiques du passé — royaumes, empires, etc. — que l’on peut lire dans un certain nombre de manuels scolaires traitant de l’histoire française n’insistent que très rarement sur leurs côtés profondément antidémocratiques, autoritaires, inégalitaires. Le même phénomène de culte du pouvoir fait que des Stéphane Bern — des lèche-bottes des descendants des rois et des reines d’autrefois, des nostalgiques des régimes ouvertement despotiques du passé — bénéficient d’émissions sur les principales chaînes de télévision et, plus généralement, de tribunes dans les médias de masse (radios, journaux) ; que de nombreuses rues portent les noms de nobles, de tyrans et de dictateurs ; que les villes sont parsemées de statues à leurs effigies ; que leurs demeures (palais, châteaux, etc.), jugées dignes d’admiration, deviennent des musées ou des attractions touristiques ; que partout, dans la culture dominante, on parle de ces « grands hommes qui ont fait l’histoire » ou qui « ont fait la France », etc. Ce phénomène découle du principe implicite et inhérent à toute société étatique selon lequel l’État (soi-disant démocratique, ou pas), comme ses dirigeants, doit être respecté, glorifié. Du principe qui fait que le pouvoir glorifie le pouvoir.
Quoi qu’il en soit, ce qu’il faut comprendre, et retenir, c’est que la police est une création historique de la royauté dont la « démocratie » moderne a (étrangement) hérité.
Le Sénat et l’Assemblée nationale, pour faire simple (on pourrait remonter encore plus loin dans le temps) sont des produits de la révolution bourgeoise de 1789 (« la constitution thermidorienne de 1795 fait naître le Sénat sous le nom de Conseil des Anciens ; il devint Corps législatif sous le Consulat et l’Empire[3] » ; l’Assemblée nationale, quant à elle, est née en 1789 lorsqu’un groupe de bourgeois, les fameux « députés du tiers état », considérant, avec la mégalomanie habituelle des bourgeois, qu’ils représentent « les quatre-vingt-seize centièmes au moins de la nation », décident de se proclamer Assemblée nationale). Il s’agit donc là aussi d’institutions créées par et pour des régimes non démocratiques.
Même chose pour les ministères : « Au moment de la Révolution française, les mots ministre et ministère deviennent courants et la Constitution de 1791 en fixe le nombre à six : Justice, Intérieur, Contributions et revenus publics, Marine, Guerre, Affaires étrangères[4]. » Le site du ministère de l’Intérieur le vante sans aucune gêne : « Depuis deux siècles, le ministère de l’Intérieur est au cœur de l’administration française : il assure sur tout le territoire le maintien et la cohésion des institutions du pays. » Il y a deux siècles, parce que c’est Napoléon Bonaparte, ce grand démocrate, qui a créé « ce qui a fait, et fait encore, la force de l’État en France : une administration institutionnalisée, indépendante, professionnalisée, hiérarchisée, rationalisée, nerf de la puissance publique. La politique intérieure de Napoléon s’exerça au travers de cette pyramide solide. À la tête de l’État, l’Empereur confia la direction d’un pan de l’action publique à des ministres[5]. » Là encore, à travers son propre discours, on constate que l’État, loin d’être critique à l’égard des régimes étatiques autoritaires et ouvertement despotiques du passé, se vante d’en être l’héritier direct.
Ainsi, de la tyrannie bonapartiste nous avons aussi hérité la Légion d’honneur, le Code civil, le Conseil d’État, et une bonne partie des structures actuelles de l’État. C’est également sous Napoléon Bonaparte que l’institution scolaire commence à prendre sa forme actuelle. Le site web de la Fondation Napoléon l’explique : « Sous le Consulat, Bonaparte met en place de nouvelles institutions qui parviendront jusqu’à nous, tant elles ont paru conformes aux nécessités de notre pays. » C’est-à-dire que les institutions établies par et pour un dictateur ont « paru conformes aux nécessités de notre pays » supposément démocratique. Simple coïncidence.
D’ailleurs, à propos de Napoléon et de la glorification des despotes des régimes étatiques passés, il faut savoir que la Fondation Napoléon, considérée d’utilité publique [sic], bénéficie d’aides publiques, comme lorsqu’elle a eu pour projet d’éditer la correspondance générale de Napoléon Bonaparte. C’est-à-dire que l’argent des contribuables, l’argent des petites gens — celui des descendants des sujets de l’Empire — est utilisé — par les descendants des dirigeants de l’Empire — pour financer cette fondation qui « se donne pour mission de faire connaître l’histoire du Premier et du Second Empire, et de contribuer à la mise en valeur du patrimoine napoléonien ». Qui se donne pour mission, autrement dit, de glorifier tout ce qui se rapporte à ce tyran sanguinaire, ce meurtrier de masse[6] qu’est Bonaparte. Les Guadeloupéens et les Martiniquais, qui subissent toujours les conséquences de la colonisation et qui, en plus de cela, paient le prix de politiques néocoloniales incroyablement irresponsables — avec l’empoisonnement des terres au chlordécone[7] pour au moins un demi millénaire, parfois qualifié de « Tchernobyl antillais », pour ne donner qu’un exemple — doivent se réjouir du fait que leurs impôts servent à glorifier leur Némésis, le « Bourreau des Antilles », Napoléon Bonaparte.
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Mais revenons-en à l’imposture démocratique. Un des seuls arguments avancés par ceux qui croient vivre en démocratie consiste à affirmer que l’élection est synonyme de démocratie. Sauf que pas du tout. La « démocratie » (le pouvoir du peuple) n’est pas synonyme de « régime électoral » (la délégation du pouvoir à un petit groupe de gouvernants), au contraire[8].
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Et d’ailleurs, nous pourrions continuer encore et encore. La majorité des institutions qui régissent actuellement notre société sont des produits des régimes tout sauf démocratiques du passé. La duperie est grotesque d’une organisation sociale qui, d’un côté, se proclame radicalement différente (« démocratique ») de celles qui l’ont précédée (royautés, empires, etc.) et, de l’autre, se fonde précisément sur leurs institutions. Et pourtant, il s’agit d’un procédé très commun dans la société marchande. Les commerciaux professionnels de la sphère anglophone parlent de rebranding. Le rebranding est « une stratégie marketing qui consiste à trouver un nouveau nom ou un nouveau symbole pour une marque établie de longue date, afin de lui donner une identité différente, nouvelle, dans l’esprit des consommateurs, des investisseurs, des concurrents et autres acteurs. »
Ce même procédé a d’ailleurs donné naissance au mal nommé « développement durable ». Lorsqu’ils se sont rendus compte que tout ce dont ils faisaient (et font) frénétiquement l’éloge, et qu’ils regroup(ai)ent derrière le concept du « développement », précipitait une catastrophe écologique (et sociale) globale, et quand ils ont réalisé que l’opinion publique commençait à s’en inquiéter, les dirigeants étatiques et corporatistes du monde ont conjointement décidé, après quelques réunions (comme la Conférence de Stockholm), d’employer, à la place du terme « développement », l’expression « développement durable ». Quelle imagination féconde, me direz-vous. Certes, mais là n’est pas l’important. Ce qu’il faut voir, c’est que fondamentalement, rien n’a changé[9]: la planète est toujours en train d’être détruite (mais par la production d’ampoules basse consommation plutôt que haute consommation, de réfrigérateurs ou de téléviseurs A+++ plutôt que E-, de plastique soi-disant biodégradable en plus du pas du tout biodégradable, de véhicules roulant au biodiesel en plus de véhicules roulant au pétrole, etc.). Seule la manière de qualifier ce qui était et ce qui est encore entrepris a changé. D’où la continuation de la catastrophe.
De la même façon, nos « démocraties » modernes sont des rebrandings des régimes autoritaires du passé. Sous son nouveau vernis, l’État reste l’État : une organisation sociale fondamentalement antidémocratique. Seule son appellation a changé.
Nicolas Casaux
Relecture : Lola Bearzatto
P. S. : Je ne prends pas ici le temps de revenir en détail sur ce qu’est une vraie démocratie, je considère que le lecteur comprend qu’il s’agit d’une organisation sociale élaborée par et pour l’ensemble de ses membres, dans laquelle ils ont tous voix au chapitre, etc. Ceux qui voudraient en savoir plus peuvent, par exemple, se procurer l’excellent ouvrage Démocratie, histoire politique d’un mot aux États-Unis et en France de Francis Dupuis-Déri.
Réalisé avec un budget de 300 millions de francs pour accompagner les célébrations du bicentenaire de la Révolution française, le film fut un échec commercial1,2. Il se divise en deux parties :
« Les années lumière » regroupe les événements de 1789 jusqu'à l'assaut des Tuileries, lorsque le roi Louis XVI fut enfermé avec sa famille au Temple, le 10 août1792 ;
« Les années terribles » regroupe les événements du 10 août 1792 à la fin de la Terreur, avec l’exécution de Robespierre.
Le conseiller historique de la série est Jean Tulard, historien spécialiste de la période révolutionnaire.
Les événements relatés dans les deux parties de La Révolution française sont nombreux. Les producteurs ont voulu relever le défi inédit de couvrir l’ensemble de la période révolutionnaire, et donc tous ses principaux événements (ce qui en fait d'ailleurs un film pédagogique, malgré son parti pris clairement dantoniste). L'œuvre passe cependant très vite sur la guerre de Vendée qui n’est mentionnée que quatre fois, notamment par Robespierre et Desmoulins, qui dénonce le massacre d’ « un peuple entier ». Le film se termine sur l’exécution de Robespierre et Saint-Just en 1794 et omet d'évoquer la suite des événements. Toutefois, la Révolution française s'étend jusqu'en 1799, année du coup d'État de Napoléon Bonaparte.
La première partie du film retrace les événements suivants :
Ce sont les propres enfants de Jane Seymour qui interprètent les enfants de la reine Marie-Antoinette. Édouard Baer, alors inconnu, interprète le furtif rôle d'un pendu.
La bataille de Valmy a été tournée à Huez, près de Bona dans la Nièvre, sur les 20 hectares environ du terrain de Pierre Laporte. Ce tournage a duré une semaine avec 400 soldats volontaires appelés du contingent venus du 7e régiment d'artillerie de Nevers, du 602e régiment de circulation routière de Dijon, du 511e régiment du train d'Auxonne, 30 civils, une quinzaine de chevaux avec autant de cavaliers et l'équipe technique de près de 200 personnes. Le moulin a été reconstitué sur la colline. Les soldats volontaires pour figurer dans le film ont dû se laisser pousser les cheveux et la barbe pour se rapprocher le plus possible de la réalité historique.
La scène se déroulant à Nancy a été tournée dans l'enceinte du château de Fontainebleau en novembre 1988 avec des appelés du contingent Élèves Officiers de Réserve de la base aérienne de Villacoublay et des musiciens de la Garde Républicaine. Les costumes ont été faits sur mesure avec essayage dans les anciens studios de "L'Île aux enfants" à Joinville le Pont. Cette scène, qui dure un peu plus de 2 minutes à l'écran, a nécessité 18 heures de tournage, notamment à cause d'une météo capricieuse caractérisée par des éclaircies et des périodes humides. Mario Luracchi était présent sur les lieux pour gérer ses chevaux qui devaient rester immobiles. Des périodes de "dégourdissement" étaient nécessaires.
La séquence consacrée au 9 thermidor présente une version raccourcie des événements : dans le film, les députés robespierristes ne sont pas arrêtés mais s'enfuient à l'hôtel de ville de Paris. Dans les faits, Robespierre et consorts sont arrêtés, mais relâchés dans un second temps puisqu'aucune prison parisienne ne voulait prendre la responsabilité de les retenir.
Le film se termine sur une citation apocryphe de Danton4 :
« Nous avons brisé la tyrannie des privilèges en abolissant ces pouvoirs auxquels n'avait droit aucun homme. Nous avons mis fin au monopole de la naissance et de la fortune dans tous ces grands offices de l'État, dans nos églises, dans nos armées, dans toutes les parties de ce grand corps magnifique de la France. Nous avons déclaré que l'homme le plus humble de ce pays est l'égal des plus grands. Cette liberté que nous avons acquise pour nous-mêmes nous l'avons affectée aux esclaves et nous confions au monde la mission de bâtir l'avenir sur l'espoir que nous avons fait naître. C'est plus qu'une victoire dans une bataille, plus que les épées et les canons et toutes les cavaleries de l'Europe et cette inspiration, ce souffle pour tous les hommes, partout en tout lieu, cet appétit, cette soif de liberté jamais personne ne pourra l'étouffer. »
Il s'agit, avec Le Grand Bleu, de l'un des derniers films dans lequel apparaît Jean Bouise, mort quatre mois avant la sortie du film.