jeudi 13 octobre 2016

Notre (3ème) Guerre mondiale-stealthy / Our stealthy-WW3

11 octobre 2016 – On notera d’abord que le concept n’est pas nouveau : si l’on a bon souvenir, c’est en Ukraine que fut inventée pour cette période postmoderne le concept de “guerre stealth”, ou “guerre-stealthy” (*)... La “guerre invisible” si l’on veut du sensationnalisme, et plus précisément la “guerre discrète”. C’est le 2 septembre 2014 que nous avons longuement disserté sur la “guerre stealth”, ou plus précisément l’“invasion stealth” (de l’Ukraine par la Russie), en partant de la référence la plus sacrée en cette matière technologique, qui est le JSF lui-même. Dans ce cas, bien entendu, il s’agissait de l’“invasion stealth” comme représentation d’une invasion russe qui eut bien lieu ça c’est sûr puisque la presse-Système et les élites-Système ne cessèrent de le clamer, et qui eut même lieu à de nombreuses reprises cette année-là (2014) ; qui en fait, d’ailleurs, n’eut jamais lieu en tant que telle, ni en 2014 ni après, – mais qu’importe, tout ça c’est du passé...
Si nous nous attardons tant autour d’un phénomène si intéressant qu’il a suscité chez nous la formation d’autres concepts pour s’y reconnaître, – déterminisme-narrativiste et vérité-de-situation précisément, – c’est parce que le concept de “guerre-stealthy” est à nouveau proposé pour les projets du brillant secrétaire à la défense Ashton Carter, pour ce qui est de la poursuite de l’effort US en SyrieLe 7 octobre, dans UNZ.com, Mike Whitney expose ainsi le “plan C” du secrétaire à la défense Carter, qu’il qualifie de “guerre de basse intensité, ou guerre stealth en Syrie” (« Carter Launches Plan C; Pentagon Begins Low-Intensity, Stealth War in Syria »)
« Call it stealth warfare, call it poking the bear, call it whatever you’d like. The fact is, the Syrian war has entered a new and more dangerous phase increasing the chances of a catastrophic confrontation between the US and Russia. [...] So what sort of escalation does Carter have in mind, after all, most analysts assume that a direct confrontation between the United States and Russia will lead to a nuclear war. Is he really willing to take that risk?
» Heck no, but not everyone agrees that more violence will lead to a nuclear exchange. Carter, for example, seems to think that he can raise the stakes considerably without any real danger, which is why he intends to conduct a low-intensity, stealth war on mainly Syrian assets that will force Putin to increase Russia’s military commitment. The larger Russia’s military commitment, the greater probability of a quagmire, which is the primary objective of Plan C, aka–Plan Carter. [...]
» Don’t you think the Washington Post should have mentioned that Carter’s sordid-little enterprise is already underway? [...]
» “Kerry’s deputy, Antony Blinken, testified last week that the U.S. leverage in Russia comes from the notion that Russia will eventually become weary of the cost of its military intervention in Syria. “The leverage is the consequences for Russia of being stuck in a quagmire that is going to have a number of profoundly negative effects,” Blinken told the Senate Foreign Relations Committee.” (Washington Post) See? There it is in black and white. “Quagmire”. The new “Plan C” strategy is designed to create a quagmire for Putin by gradually ratcheting up the violence forcing him to prolong his stay and deepen his commitment. It’s a clever trap and it could work, too. The only hitch is that Putin and his allies appear to be making steady headway on the battlefield. That’s going to make a lot harder for Syria’s enemies to continue the provocations and incitements without triggering massive retaliation... »
Whitney considère de toutes les façons que le “Plan C” de Carter est d’ores et déjà en route, avec l’“erreur” de l’USAF du 17 septembre (l’attaque sur Deir ez-Zor) et une autre attaque à la fin septembre qui a rendu inutilisable deux ponts sur l’Euphrate, et plus difficile une attaque en cours contre Daesh. Bien entendu et selon une habitude désormais bien établie, tout cela se fait sans autorisation d’Obama, le Pentagone ayant décidément considéré qu’il n’y avait aucune nécessité de suivre les ordres de son Commandant-en-Chef, quand il y en a (« ... [A]pparemment les militaires [US] ne prêtent guère d’attention [aux ordres] de leur Commandant-en-Chef » [Lavrov, le 26 septembre]). En fait, proclame TheDuran.com le 8 octobre, Obama est “officiellement” un président dit-lame-duck après les dernières péripéties de fin septembre-début octobre, y compris le recul diplomatique US suivant les ultimatums russes :
« Technically, Barack Obama will remain President of the United States until January of next year. In reality he has retired in all but name. He has lost control of his own Pentagon, lost control of his own policy advisors, and lost control of Hillary Clinton who is in danger of running out of countries, individuals and concepts to declare war upon. »
L’auteur et expert russe Eduard Popov écrit pour FortRuss le 8 octobre que la marche est entamée vers la Troisième Guerre mondiale en Syrie, si celle-ci n’est déjà commencée, et cela parce que les USA sont en pleine déroute mais qu’ils ne peuvent se permettre d’accepter une défaite en Syrie parce que ce serait tout leur système de Pax Americana qui s’écroulerait comme un château de cartes (House of Cards). « Selon toutes probabilités, le monde est en train de sombrer dans une nouvelle crise des missiles de Cuba de 1962, mais avec une différence notable. En 1962, les USA avaient à leur tête un dirigeant fort, responsable, à l’esprit indépendant, John F. Kennedy ; aujourd’hui, le pays est dirigé par Obama, qui n’a même plus assez d’autorité pour contrôler ses propres militaires... [...] [Pourtant,] il est improbable que nous allions vers une Troisième Guerre mondiale totale, avec l’utilisation d’armes nucléaires stratégiques, mais plus probablement vers un certains nombres de conflits locaux et périphériques. La Syrie sera le principal de ces conflits... »
Pavel Chipiline, qui écrit en russe et est traduit et repris dans FortRuss.com le 7 octobre, observe que l’un des actes les plus fermes de Poutine, qui a stupéfié l’administration et la bureaucratie US, c’est son “ultimatum” sur la coopération sur le retraitement de plutonium, suspendu du côté russe et qui ne reprendrait qu’à certaines conditions exorbitantes émises par Poutine. Chipiline énonce ces conditions et ajoute, ironiquement « Je suis surpris que Poutine n’ait pas demandé en plus la restitution de l’Alaska à la Russie ». Chipiline est d’avis que cette ultimatum sur l’uranium, avec mesure unilatérale brutale du côté russe, constitue un durcissement considérable directement liée à la situation en Syrie. Du reste, les circonstances évoquées par Poutine pour justifier cette mesure portent sur des « changements fondamentaux de circonstances, la menace contre la stabilité stratégique du fait d’actions hostiles ». Chipiline passe donc sur un tout autre terrain, celui qui nous intéresse à l’évidence...
« On September 20, three days after the American attack on Syrian positions, our [cruise missiles“Kalibr” destroyed the command post of the Western coalition in Deir ez-Zor, killing 30 officers — employees of the American, Israeli, British, Turkish, Saudi and Qatari intelligence servicesThat is, we quite deliberately attacked NATO troops and their allies, causing very serious damage. And methodically. However, the Americans for some reason didn't say a word about their losses.
» And we are silent. Why?
» It seems to me,  there is only one logical explanation for our silence about the attack on the coalition headquarters, and a sharp deterioration of relations with Americans: our Russian soldiers were killed in the treacherous bombardment by the coalition of Syrian positions on September 17. In this case, everything falls into place — the death of 30 Western spies was an act of retaliation, which the US was forced to swallow, leaving no response.
» But at the same time Putin came to the conclusion that the there is nothing more to talk about with our American ‘partners’. And soon raised the stakes to an unacceptable for Washington level, presenting the ultimatum. These are the fundamental changes of circumstances, the emergence of “threats to strategic stability as a result of hostile actions,” as states the decree on suspension of weapons-grade plutonium agreement.
» An American tragedy is not that we have suspended the cooperation in sectors sensitive for the U.S.  Apparently, the first direct clash between Russia and NATO had taken place in Syria. And NATO, in front of everyone had lost this local, but so important for the prestige of the United States battle.
» The halo of power No. 1 around the White house went out. »
Chipiline aurait pu ajouter à cette intervention russe du 20 septembre où fut détruit un poste de commandement et tué une trentaine d’officiers de renseignement du bloc-BAO travaillant tous directement pour les terroristes islamistes, une autre intervention probable une grosse semaine auparavant, contre une incursion israélienne en Syrie, au cours de laquelle deux avions israéliens auraient été abattus. L’intervention anti-aérienne fut proclamée par les Syriens mais il est probable là aussi qu’elle fut le fait des Russes. A part un démenti israélien concernant les allégations syriennes et elles seules, – et y a-t-il plus de raison d’y souscrire que l’affirmation syrienne, ou plutôt moins ? –, il n’y a eu aucun prolongement officiel, comme dans les cas précédemment mentionnés et, de ce point de vue, nous serions tentés d’inscrire  l’affaire dans une logique (“stealthy”) similaire.
Il ressort de ces diverses appréciations autant que des observations qu’on a pu faire sur le terrain que l’engagement en Syrie entre la Russie et les USA semble complètement réel, effectif et déjà en cours, – au-delà des autres participants qui sont eux-mêmes très actifs mais sont à un autre niveau puisqu’ils ne représentent pas des puissances stratégiques nucléaires (**). Tout tourne alors sur la forme de cet engagement, illustrée notamment par l’affirmation de Whitney concernant le secrétaire US à la défense, selon laquelle ce même Carter semble estimer que les USA peuvent aller très haut dans l’engagement direct « sans réel danger » de risquer un affrontement nucléaire ; ce qui se reflète dans sa volonté de conduire « une guerre de basse intensité, une guerre-stealthy essentiellement contre les capacités syriennes de façon à forcer Poutine à augmenter l’engagement militaire de la Russie ».
Admettant que Whitney interprète justement la stratégie de Carter, ce qui paraît assez probable, on est alors stupéfait devant l’extraordinaire erreur, l’impuissance intellectuelle de ce secrétaire à la défense, et de la bureaucratie du Pentagone derrière lui, à saisir l’essentialité du caractère de ce conflit : son rythme, sa rapidité, l’extrême vitesse à laquelle on change de posture et d’orientation, — essentiellement à cause de la puissance de la communication d’une part, de la capacité des Russes à réagir et à agir très rapidement, avec une capacité d’adaptation à mesure. Dans ces conditions, envisager ce qui serait une véritable guerre d’attrition longue par définition pour forcer les Russes à un engagement graduel, ce qui est jouer sur le temps-long, est tout simplement absurde, une idée élaborée sur une autre planète, dans un autre univers dont on se demande s’il est même parallèle. Quoi qu’il en soit, toute la stratégie de Carter est fondée sur la “guerre de basse intensité”, la “guerre-stealthy” puisqu’il n’est pas question de passer au nucléaire ; par conséquent, il s’agit de la Troisième Guerre mondiale interprétée sur le mode “guerre de basse intensité” ou “Troisième Guerre mondiale-stealthy”. Même s’il se trompe complètement sur la durabilité de l’affrontement, même s’il est destiné à quitter rapidement le Pentagone (y compris si Clinton est élue, qui a d’autres candidats à placer, sans doute Michelle Flournoy), Carter laissera sans aucun doute comme legs à tous les participants à la crise, l’ouverture des hostilités stealthy, non officiellement reconnues au plus niveau de leur opérationnalité, mais officiellement actées par certains des acteurs les plus importants (essentiellement les Russes, devenus beaucoup plus durs et ayant émis des ultimatums qui constituent en fait une reconnaissance de cet “état de guerre-stealthy”, – mais en aucun cas une acceptation desa finalité pour leur compte, comme on le verra).

Vite... “Une révolution immédiatement”

Qu’est-ce que c’est que cette guerre-stealthy selon-Carter puisque, si l’on veut bien sacrifier à l’évidence et au bon sens, il est indiscutable qu’il y avait déjà des interventions US, contre Assad (Who Else ?) bien entendu, éventuellement et/ou indirectement contre les Russes ? (De même et a contrario, il est logique d’accepter la même hypothèse à l’inverse, qu’il y ait eu des interventions syriennes ou russes contre des unités US, toujours dans des circonstances de dissimulation et de mutisme des deux parties.) Il s’agit de l’officialisation, de la reconnaissance de “ce qu’on ne voit pas” mais qui se passe effectivement : on sait désormais qu’il se passe quelque chose mais officiellement on ne sait pas, “on ne voit pas” ce qui se passe ; auparavant, il y avait “ce qu’on ne voit pas” sans qu’on n’en sache quoi que ce soit nous-mêmes, et la position officielle était de dire qu’on ne savait pas qu’il se passait quelque chose qu'on ne connaissait pas. Si l’on veut, nous passons, nous public et commentateurs, du monde des “unknown unknowns” (“inconnues inconnues”) au monde des “known unknowns” (“inconnues connues“), selon les formules et références fameuses du non moins fameux philosophe Donald Rumsfeld. (« Il y a les inconnues inconnues, – les choses dont nous ignorons que nous les ignorons ; il y a les inconnues connues, – les choses dont nous savons que nous les ignorons ») 
Chargés de toutes les informations collectées ci-dessus, et notamment  de la nouvelle confirmée de plusieurs sources sur l’attaque secrète du 20 septembre contre le poste de commandement de la coalition-BAO et de ses amis terroristes et pourvoyeurs de terroristes, on peut effectivement observer que d’une certaine façon Troisième Guerre mondiale est commencée, mais qu’elle est commencée sur ce mode stealthy qui implique, là aussi comme pendant la Guerre froide, une certaine complicité des adversaires dans ce sens qu’ils ne communiquent ni ne rendent public en rien les pertes qu’ils causent et qu’ils subissent, les attaquent qu’ils lancent et qu’ils essuient. “Comme pendant la Guerre froide”, — cette remarque correspondant à ceci, comme le faisait observer PhG dans son Journal dde.crisis du 9 octobre : « En fait, les deux puissances antagonistes, et même ennemies mortelles à l’occasion, se trouvaient absolument complices dans de telles circonstances (éventuellement pour dissimuler, d’un commun accord, une rencontre ou un accrochage lorsque cela se produisait tout de même)... »
Mais il y a une différence de taille. L’occurrence ainsi soulevée concernant la Guerre froide concerne une exception, un accident, un événement imprévu et devenu incontrôlable, etc. (Le cas des MiG-15 nord-coréens pilotés par des Russes contre les Sabre F-86 de l’USAF pendant la guerre de Corée [1950-1953] est l’exemple extrême et certainement l’exception, mais tout de même contenu dans des limites de prudence puisque les MiG-15 opéraient au-dessus du territoire nord-coréen et les pilotes russes abattus et sautant en parachute restaient incognitos en territoire ami.) En Syrie et selon le “plan-C” de Carter, il s’agit bel et bien d’une forme générale de guerre dont les deux adversaires accepteraient (hypothèse) les règles, d’une technique généralisée dont le but recherché est clairement que les forces US en tant que telles affrontent les forces russes en tant que telles, même si cela doit être dissimulé et parce que cela est dissimulé.
Nous laisserons ici les objectifs tactiques sempiternels et d’une stupidité durable depuis des décennies (forcer les Russes à se mettre “dans un bourbier”) et nous observerons ceci : les experts et commentateurs bellicistes US qui sont derrière cette poussée, et certains généraux avec eux car il y a beaucoup de ce beau monde proche du Pentagone dont on connaît l’autonomie présente, veulent en découdre directement avec les Russes ; d’une part parce qu’ils sont persuadés de la supériorité US, – on leur laisse bien volontiers la responsabilité de cette affirmation même si l’on demande à voir, et avec insistance dans le doute ; d’autre part, parce qu’ils veulent montrer cette supériorité et faire sentir ses effets pour préparer la phase finale de toute cette aventure, qui ne peut être que la capitulation russe ou/et la destruction de la Russie : pour eux, “ce n’est qu’un début, nous continuerons le combat”... (Bien entendu, nous ne faisons là que rapporter les grandes lignes du phantasmes qui habitent nécessairement le jugement des gens précédemment cités.) Ainsi est-ce bien là l’articulation de l’argument essentiel du “ils veulent ‘en découdre’, tout de même en évitant la voie vers une guerre nucléaire”, et de toutes les façons pour mieux préparer l’investissement et la mise en à l’encan de la Russie (une sorte de “retour aux années 1990”, en définitivement institutionnalisé et globalisé).
Du côté russe, c’est un autre univers... Un changement fondamental a eu lieu ces derniers jours, avec la phase des ultimatums et le renforcement très “visible” en systèmes sol-air de défense aérienne sur lesquels nous avons donné de la documentation, y compris dans les extraits ci-dessus. Ce “changement fondamental” vient d’une conviction née chez Poutine et très largement partagée par sa direction, notamment son Conseil de Défense, depuis l’attaque-“erreur” du 17 septembre, selon laquelle il n’y a plus rien à faire avec les “partenaires”-US ; d’où, outre ce qui a été fait sur le terrain en Syrie, la rupture au niveau de la coopération sur l’uranium, rupture sous forme d’ultimatum (la phrase de Chipiline : « ...Poutine en vint à la conclusion qu’il n’y avait plus rien à dire avec nos “partenaires” américains... »). On doit ajouter, en faisant ce qui est à peine une hypothèse et qui s’impose comme une vérité-de-situation fondamentale, que la population russe elle-même soumise à une pression terrible depuis 2014 et l’Ukraine pense de cette façon et qu’elle est mobilisée et prête aux plus terribles des sacrifices si les choses en venaient à leur extrémité. Ce commentaire d’Israël Shamir, dans son texte du 9 octobre (sur UNZ.com), dit cela dans des termes tragiques qui nous renforcent dans l’appréciation que les Russes sont bien plus préparés à un conflit, et au conflit suprême s’il le faut, que n’importe quel autre peuple... En cela, ils sont dans un autre univers, celui de la métahistoire et de la tragédie vraie (pas la tragédie-bouffe), c’est-à-dire la vérité-de-situation fondamentale.
« Russians aren’t worried about the forthcoming war. There is neither panic nor fear, just cool stoic acceptance of whatever comes. This week, some forty million people participated in a huge civil defence exercise. Shelters of Moscow and other cities have been aired and repaired. They do not want war, but if it comes, it will be met. The Russians have fought many wars against the West; they never started a war, but invariably fought to the finish.
» An American attack on Syrian or Russian bases in Syria could be a starting point for the avalanche. I am truly amazed by the Russian spirits: they are considerably higher than they were in the days of Korean war, of Vietnam war or the Cuban crisis. Then, they were scared of war and ready for sacrifices to avoid MAD. Not anymore.
» This readiness for the Armageddon is the most unexpected and scary feature I observed. It is even more unexpected, as the daily life of an average Russian has greatly improved. Russia probably never lived as good as she does now. They have much to lose; it is only the feeling of being cornered and unjustly so, that makes them to react in such a way. »  
D’une façon générale, cet état d’esprit des Russes qui embrasse le plus largement et le plus hautement possible la situation générale, implique que ce pays n’est plus tout à fait, c'est-à-dire plus du tout  prêt à appliquer des règles que lui proposeraient ses “partenaires” US, et particulièrement celles d’une guerre-stealthy, y compris une Troisième Guerre mondiale-stealthy pour ne pas risquer l’engrenage vers le nucléaire. Les Russes savent très bien que cette “proposition” implicite s’avère n’être qu’une ruse vers le pire pour eux-mêmes (“ce n’est qu’un début, nous continuerons le combat”). Ils semblent bien ne plus être prêts à faire quelque cadeau que ce soit aux USA et, s’il le faut, si la situation tactique le demandait, il se pourrait bien qu’ils écartent les règles non-écrites de la guerre-stealthy et interviennent d’une façon directe en désignant et en dénonçant leur adversaire selon les nécessités, comme des agents maléfiques qui recèlent finalement la volonté d’une destruction totale. Cela revient à dire qu’ils seraient prêts à ne faire cette guerre-stealthyque s’ils la gagnent et s’ils peuvent parachever cette victoire en contribuant à la victoire décisive des Syriens à Assad ; sinon, plus de furtivité et la guerre à visage découvert...
Cela signifie qu’il n’y a plus que trois options : ou bien on en reste à la guerre-stealthy (la Troisième Guerre mondiale stealthy) parce que les USA y sont battus et s’en vont (quittent la Syrie) ; ou bien l’engagement dégénère en guerre ouverte, et plus rien n’empêche l’escalade, et tout conduit à l’escalade... Mais cela ne fait que deux options ? La troisième, bien entendu, la seule et véritable chance de stopper cette course vers l’abîme d’une guerre totale, c’est le développement de la situation intérieure US et essentiellement, fondamentalement cela. PhG a déjà développé cet aspect des choses en présentant l’analogie de 1980-1981 avec l’éclosion soudaine aux USA d’un mouvement populaire énorme qu’on devrait qualifier d’hostilité vitale à la guerre nucléaire plutôt que de pacifiste, car il s’agit bien de survie. Il y a d’autres hypothèses, toutes fondées bien entendu sur la situation intérieure explosive des USA, et explosive pour les mois, sinon les semaines à venir.
(Quelque chose dans le genre de ce que déclare l’actrice Susan Sarandon, pourtant ultra-progressiste : elle préfère Trump, non seulement par détestation de Clinton, mais aussi et surtout parce qu’avec Trump, « nous aurons la révolution immédiatement ; s’il arrive au pouvoir, les choses exploseront vraiment ». [« Meanwhile, I’m with Susan Sarandon, who says bring it on, bring on Trump, because she despises Hillary, and because: “Donald Trump will bring the revolution immediately; if he gets in then things will really explode.” »]. La logique ici, qui se renforce chaque jour avec le renforcement de l’antagonisme Trump-establishment, est que l’élection de Trump produirait une véritable insurrection de l’establishment, qui conduirait à une rupture “révolutionnaire” au sein du pouvoir, rupture dans laquelle la force populaire serait elle-même partie prenante et nécessairement conduite à s’exprimer.) 
L’idée de guerre-stealthy, et par conséquent de Troisième Guerre mondiale stealthy, est une idée de cette époque postmoderne complètement fondée sur l’imposture, le simulacre, la mascarade de la vérité-de-monde. En un sens qui est celui de la pression de cette vérité-du-monde, cette Troisième Guerre mondiale-stealthy faite prétendument pour durer incognito et soi-disant éviter le pire, constitue en vérité le contraire : une incitation à aller très vite pour faire évoluer la situation des crises en cours (en Syrie), évidemment en cherchant par tous les moyens à écarter le nucléaire ; “aller très vite” signifiant mettre à jour d’une façon ou l’autre la déroute de la puissance US (sans nécessité de parler de “victoire russe” car la logique de cette situation n’a qu’un seul but, qui est de mettre à jour le caractère absolument insupportable, déstructurant, destructeur du monde, de la surpuissance de l’américanisme, c’est-à-dire du Système, dans son déchaînement) ; “mettre à jour la déroute de la surpuissance de l’américanisme, c’est-à-dire du Système...”, en fait pour le seul but d’apporter une contribution importante à l’évolution de la situation interne aux USA... C’est dans cette direction-là que la situation crisique et paroxystique en Syrie rencontre la situation crisique et paroxystique aux USA, parce que c’est cette situation crisique et paroxystique aux USA qui fait l’essentiel aujourd’hui. Le but en effet, qui est aussi notre seule chance à tous y compris les Américains eux-mêmes, est effectivement qu’il y ait “la révolution immédiatement”, que “les choses explosent vraiment”, – aux USA certes, c’est-à-dire au cœur du Système.

Notes

(*) Le mot anglais “stealth”, pour “furtif”, est d’emploi courant dans le jargon stratégique et militaire depuis l’apparition du mythe de l’“avion invisible” (fin des années 1970) et la mise au jour de la “technologie de la furtivité” (“Stealth Technology”], ou encore en langage bureaucratiquement plus strict : “Low observable Technology” (LOT). Il s’agit donc plus d’extrême discrétion que d’invisibilité.
(**) Nous faisons une différence entre les “puissances nucléaires” en général (les pays possédant l’arme nucléaire, compris les USA et la Russie certes), et les puissances nucléaires stratégiques (offensives) dotées d’une puissance nucléaire maximale impliquant la capacité de lancer des offensives nucléaires stratégiques d’anéantissement. En l’occurrence, la Russie et les USA...