samedi 23 septembre 2023

Combien a coûté le dîner d'État de Charles III à Versailles ? On a cherché à le savoir

Source :  https://actu.fr/societe/combien-a-coute-le-diner-d-etat-de-charles-iii-a-versailles-on-a-cherche-a-le-savoir_60110472.html

160 invités, du homard, du champagne, du vin rouge grand cru… Le faste déployé en l'honneur du roi Charles III interpelle beaucoup de Français. On a tenté de connaître la facture.Combien a coûté le dîner donné au Château de Versailles en l'honneur du roi Charles III ?

Combien a coûté le dîner donné au Château de Versailles en l’honneur du roi Charles III ? (©DANIEL LEAL / Avalon / MaxPPP)
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« Le meilleur repas de ma vie », « C’était merveilleux »… Au lendemain du dîner dans la galerie des glaces de Versailles, point d’orgue de la visite de Camilla Parker Bowles et Charles III, couple royal britannique, entre le 20 et le 22 septembre 2023, les superlatifs ne manquent pas. 

Les questions non plus, notamment celle-ci : « Combien ça coûte d’organiser un tel repas ? »

Sur les réseaux sociaux, d’aucuns parlent de « 38 000 euros par personne ». D’autres évoquent des bouteilles « qui coûtent deux Smic ». Mais personne ne semble avoir la vraie (et complète) information.

Alors chez actu.fr, on a tenté de démêler le vrai du faux.

On a contacté de nombreux interlocuteurs. Et spoiler : personne n’a été en mesure (ou n’a voulu) nous communiquer le prix d’un repas. Ou même nous dire qui a payé. Parce qu’après tout, il n’est pas exclu que les 160 convives aient payé eux-mêmes leur addition.

On vous raconte les dessous de notre travail d’enquête.

Homard, macarons et vin

Première étape : obtenir le menu. Et il a de quoi faire saliver : homard bleu et tourteau de casier servis avec un voile d’amandes fraîches et de la menthe coq en entrée, volaille de Bresse au parfum de maïs accompagnée d’un gratin de cèpes en plat, comté de 30 mois et stilcheton comme fromages, et fameux macarons Ispahan du chef pâtissier étoilé Pierre Hermé.

Après recherches, le kilo de cèpes est affiché à environ 40 euros pour des cèpes français (la saison ne battant pas encore son plein) ou 25 euros le kilo pour des cèpes provenant d’Europe de l’Est et vendus à Rungis. Le homard bleu quant à lui, selon qu’il provient de Rungis ou directement de Bretagne, est vendu entre 39 et 134 euros le kilo.

Il faut ensuite ajouter la boisson, principalement du vin et du champagne. Le Figaro, qui a réussi à se procurer la liste servie à table, parle d’une sélection parmi les meilleurs vins de France.

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On retrouve donc un champagne Pol Roger cuvée Winston Churchill 2013, côté à 289 euros pièces en 75 cl sur le site Envie de Champagne, un Bâtard Montrachet grand cru 2018 du domaine Olivier Leflaive vendu à 563 euros la bouteille de 75 cl sur Millesima.fr, et un Château Mouton Rothschild 2004 en double magnum, dont l’étiquette est ornée d’une aquarelle réalisée par le roi Charles, alors prince de Galles, s’il vous plaît. Cette dernière est cotée à 2772 euros pièce sur le site internet Vins & Millésimes.

Les deux premiers en version magnum d’1,5 litre, donc plus chers que le prix indiqué, et le dernier, en double magnum, soit 3 litres.

« Il manquait des vrais Français »

Deuxième étape : les invités. Le repas était prévu pour 160 personnes, nœud pap’ au cou. Parmi elles, des personnalités de la société civile comme Patrick Vieira, Charlotte Gainsbourg, ou encore Yann Arthus-Bertrand, qui a d’ailleurs remarqué qu’il « manquait des vrais Français, comme un boulanger, un postier… « 

Le photographe a aussi regretté que « les participants ne soient que des gens pas si étonnés que ça finalement et que les Français n’en profitent pas alors que ça leur appartient aussi ». 

Dans la facture globale, il faut aussi prendre en compte que plusieurs chefs étoilés ont œuvré à ce dîner – parmi eux Anne-Sophie Pic et Yannick Alléno – et compter le cachet de Daniel Lozakovich, jeune prodige du violon ayant brièvement joué devant les convives, le service, impeccable (les personnels manipulaient avec des gants pour ne pas laisser d’empreintes, par exemple) et la vaisselle.

Les serveurs devaient aligner les verres en cristal de baccarat avec les autres pièces, dont certaines datent d’avant 1870, selon franceinfo.

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Une facture qui passe mal

Dans un contexte de forte inflation (produits de première nécessité, carburants, électricité, gaz…), autant de faste, cela passe mal. 

«  Quand même… Ce n’était pas forcément nécessaire d’inviter autant de monde avec notre argent ! Que le roi d’Angleterre vienne, pas de problème. Mais c’est nous qui payons  », a lancé, ce mercredi, une retraitée à 78actu, présent dans la foule pour accueillir le roi.

Bien sûr qu’une grande nation comme la France n’allait pas servir une tranche de jambon sur son lit de purée au roi d’un pays ami. Évidemment. Mais un tel déploiement de magnificence donne à certains, comme Antoine Léaument, député LFI, un sentiment « d’indécence ».

Il y a des gens qui ont faim [...] Quand on apprend que des riches et des puissants se réunissent, mangent du homard et boivent des bouteilles à 2700 euros pièce, c'est indécent.

Antoine LéaumentDéputé LFI

Comme le dit Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise et député des Bouches-du-Rhône, au micro de franceinfo, « dans le contexte social actuel, avec les difficultés qui frappent une grande partie des Français, un peu de sobriété n’aurait pas fait de mal ». Une sobriété qu’aurait « pu comprendre le roi », par les temps qui courent, selon lui. 

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Combien ça coûte alors ? 

Pour croiser nos informations, nous nous sommes tournés vers le principal intéressé : l’Élysée.

Vers 9 h ce jeudi matin, le service presse de l’Élysée, contacté au téléphone par nos soins, nous a répondu. « Nous ne communiquerons sûrement pas à ce sujet. »

Mail envoyé (on y croit), nous avons ensuite tenté de joindre la Cour des comptes, le Haut conseil des finances publiques, la Société française des finances publiques et Anticor (association citoyenne anticorruption).

Certains sont revenus vers nous, assurant « chercher la réponse », ou « un interlocuteur ». La Cour des comptes a indiqué ne pas avoir d’informations à nous donner. Et malgré nos nombreuses relances, l’Élysée n’est pas revenu vers nous.

Obtenir des chiffres s’est révélé être un parcours du combattant… et un échec. Et pourtant, il y a quelques mois de cela, Gabriel Attal présentait le service « En avoir pour mes impôts« , « une grande opération de transparence qui permettra, au niveau national, de dire de manière très concrète, à quoi sert l’argent public ».

Pendant ce temps, après un discours au Sénat ce jeudi, direction Bordeaux pour le roi et la reine.

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