jeudi 20 janvier 2022

Billet donbassien : les Communistes russes posent la question de la reconnaissance par la Russie des républiques du Donbass

 


En déposant un projet de résolution parlementaire demandant au Président russe de reconnaître officiellement les républiques autonomes de Donetsk et de Lougansk, les députés communistes obligent à clarifier le débat politique intérieur, à ce jour très ambigu sur la question. Car si la Russie soutient effectivement ces républiques, surtout sur le plan humanitaire et technique, elle s'accroche de toutes ses forces, et au-delà semble-t-il du raisonnable, aux moribonds accords de Minsk, largement foulés aux pieds par l'Ukraine. Les autorités russes, ainsi, refusent à ce jour d'envisager toute reconnaissance officielle ou encore pire, une possible intégration du Donbass. Mais cette position défensive est-elle encore adaptée à la situation géopolitique ?

Des députés communistes ont hier, 19 janvier 2022, déposé un projet de résolution parlementaire, dans lequel ils demandent au Président russe Vladimir Poutine de reconnaître les républiques de Donetsk et de Lougasnk comme, je cite, "des Etats démocratiques, souverains et indépendants". Les députés estiment, que ces dernières années, sur la base de la volonté populaire, des véritables organes étatiques ont vu le jour, faisant de ces structures des Etats légitimes.

La dimension sécuritaire est particulièrement présente dans le projet de résolution, puisque selon les auteurs, cette reconnaissance serait une véritable protection pour les populations civiles, qui sont actuellement confrontées à danger réel de génocide.

Cette initiative a provoqué un véritable tsunami politico-médiatique, un vent de panique s'est levé, montrant bien que, malheureusement, elle a très peu de chances d'aboutir. La politique défensive de la Russie sur la question du Donbass, avec le temps, l'a conduite à totalement intégrer le discours globaliste, à avoir peur de ne pas froisser, de ne pas se faire critiquer, comme si les critiques diffusées contre elle pouvaient être rationnellement endiguées par une politique "d'autocontainment". Son discours est totalement centré sur les déclarations défensives, répétant plusieurs fois par semaine qu'elle ne va pas "agresser" l'Ukraine ... quand l'armée ukrainienne, aidée par de plus en plus de "consultants" de l'OTAN, armée par les pays de l'OTAN masse des forces sur la ligne de front. Comment continuer à s'accrocher aux accords de Minsk dans ces conditions ? S'ils sont bafoués par la partie centrale, l'Ukraine, ils n'existent plus. Un accord international bilatéral est existant, tant qu'il est appliqué d'une manière plus ou moins systémique par les deux parties, sinon il ne s'agit plus que d'une prise unilatérale d'obligation.

Ainsi, le vice-président du comité de la Douma pour les affaires de la CEI et de l'intégration eurasienne est immédiatement monté au créneau, pour montrer patte blanche, mais celle du mouton qui veut faire comprendre au loup qu'il est gentil et donc qu'il n'est pas nécessaire de mordre. Assez surprenant comme ligne politique ... Selon Viktor Vodolatsky, la proposition des députés communistes tombe mal, car elle risque de provoquer des critiques à l'égard de la Russie, alors qu'elle cherche à obtenir de très improbables garanties de sécurité, qui ont déjà pour l'essentiel, de toute manière, été refusées. Je cite :

"Il me semble qu'aujourd'hui est il important d'obtenir des décisions plus fondamentales, que nous avons formulées dans nos exigences. Une déclaration de reconnaissance de DNR et LNR pourrait conduire les négociateurs du côté des Etats-Unis et de l'OTAN à qualifier la Russie d'agresseur et l'accuser de vouloir récupérer la moitié de l'Ukraine"

Peut-être Viktor Vodolatsky n'est-il pas au courant que la Russie est déjà qualifiée d'agresseur, qu'elle est déjà accusée de vouloir envahir l'Ukraine, que les lignes rouges, comme l'interdiction de l'élargissement de l'OTAN à l'Est, ont déjà été rejetées d'un revers de main par les Etats-Unis et l'OTAN. Peut-être, simplement, n'est-il pas au courant ? Sinon sa position serait surprenante. Comment, en effet, refuser a priori par peur d'un "nouveau" danger qui existe déjà, une décision stratégique pouvant jouer à long terme, qui donnerait immédiatement du poids justement pour des négociations difficiles, qui ne sont rien d'autre qu'un rapport de force direct entre la Russie et les Etats-Unis, dans lequel chacun joue sa vision du monde ?

Il serait bon d'y réfléchir en tout cas. 

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