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L'impression d'une entrée en guerre de l'Europe contre la Russie se précise. Cette guerre n'est pas réalisée, pour l'instant, sous la forme d'une confrontation militaire directe, même si le discours européen monte dangereusement en puissance, mais elle se dirige juridiquement pour une contestation de l'étaticité de la Russie. Et pour cela, le discours médiatique de l'ennemi, centré sur Poutine entraînant une Russie, devenue "terroriste" lorsqu'elle se défend, s'accentue dans un espace médiatique, qui ne supporte plus la nuance. Une stratégie à trois niveaux se met en place contre la Russie. Analyse :
En dehors de l'armement de l'Ukraine, l'étau, qui se resserre autour de la Russie, fonctionne sur trois plans à la fois : celui des organismes internationaux, qui doivent en faire un Etat-paria ; celui de la communication, qui doit contrôler totalement le discours public, afin de faire de Poutine un monstre déséquilibré et la Russie un Etat criminel à la déroute, justifiant alors une action armée contre elle ; celui de la justice internationale, qui doit ainsi arriver comme un Deus ex Machina sauver la face sanglante du monde global atlantiste.
L'ONU et le Conseil de l'Europe dans la constitution
de la "Russie, Etat terroriste"
Les organismes internationaux mis en place suite à la Seconde Guerre mondiale ont perdu depuis la chute de l'URSS leur qualité "internationale", pour se transformer en organes de gouvernance globale, faute de pluralité de centres de pouvoir. Si la Russie est revenue sur la scène internationale, elle n'est pas encore en mesure de constituer un pôle de pouvoir politique alternatif. Les différentes organisations régionales fonctionnent sur le plan économique, mais leur capacité de résistance politique est très faible, d'autant plus qu'ils ont parfaitement intégré les dogmes du monde global (et reprennent même aujourd'hui la grande peur médiatique de la grande famine globale).
Dans ce contexte général et dans celui du conflit provoqué en Ukraine depuis 2004 contre la résistance russe, la radicalisation de la ligne de ces organes accompagne la montée en puissance de la dimension militaire. Dans un premier temps, l'ONU a lancé une procédure extraordinaire contre un membre permanent du Conseil de sécurité, à savoir la nomination d'un rapporteur spécial pour les droits de l'homme en Russie. La justification est simple : le peuple russe serait pris en otage par un régime totalitaire, il faut donc sauver le peuple russe - de lui-même, manifestement. Il est vrai que cette démarche s'appuie que le rapport de la très américaine Freedom House, dont l'objectivité n'est pas même discutée, puisqu'elle n'existe pas.
‘With this vote, Council members have pledged their support to Russian civilians and civil society groups as they are under attack from an increasingly violent and totalitarian State,’ said Phil Lynch, Executive Director of the International Service for Human Rights.
Ensuite, l'AG de l'ONU a été sommée de se prononcer contre les référendums tenus dans les régions de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporojié, où les populations votantes ont demandé leur rattachement à la Fédération de Russie. Il est vrai que l'entrée de ces territoires en Russie conduit à un changement de qualité des tirs menés contre ces territoires et à un changement de statut du conflit (voir notre texte ici). Le vote est sans grande surprise, même si Borrell est inquiet du niveau d'abstention - l'unanimité exigée dans tout système totalitaire n'ayant pas été obtenue :
Ce vote montre bien que si la Russie arrive à déstabiliser le monde global, et la géographie des abstentions le montre parfaitement, elle n'a pas encore pu monter un pôle de pouvoir alternatif pouvant imposer son ordre du jour ou imposer l'ordre du jour globaliste.
Parallèlement, le Conseil de l'Europe, dont l'Assemblée parlementaire (APCE) a été totalement phagocytée par les pays russophobes, adopte à 99 voix sur 100 une résolution, qui n'a qu'une valeur politique, certes, mais dont il ne faut pas sous-estimer le poids comme feuille de route. Suite à la condamnation de la Russie pour son "agression" de l'Ukraine (n'oublions pas que le conflit ukrainien, pour les autorités atlantistes, est sorti de son contexte et ne commencerait qu'en février avec l'intervention militaire russe) et le rattachement des territoires, fait trois propositions, qui méritent d'être relevées :
- Condamnation politique de la Russie et soutien inconditionnel et multiforme à l'Ukraine : cette position est non négociable et manifestement supérieure à l'intérêt national, qui n'a plus raison d'être dans le monde global, puisque le conflit doit durer jusqu'à la disparition de la Russie, quel qu'en soit le prix à payer par les pays européens.
- Réforme du fonctionnement de l'ONU, avec un renforcement des pouvoirs de l'AG (que les Atlantistes peuvent plus facilement manipuler) au détriment du Conseil de sécurité (où la Russie détient un droit de veto) : d'une part, cette proposition marque la fin de la reconnaissance de la souveraineté des Etats, qui se verraient imposer dans ce cas des décisions qu'ils ne partagent pas ; d'autre part, cette réforme de l'ONU non seulement conduirait à sa disparition, mais toute réforme fondamentale de l'agencement international ne peut être que le fait des vainqueurs. Or, à ce jour, le conflit est en cours.
- reconnaissance de la Russie comme Etat terroriste : cette déclaration revient à la rupture de toute relation diplomatique avec la Russie, ce qui dans ce contexte de conflit militaire ouvert, équivaut au regard des effets politiques à une déclaration de guerre.
"L'Ukraine pourrait extrader des suspects de crimes de guerre russes vers la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, même si Moscou n'en est pas membre, a déclaré cet après-midi le procureur de la juridiction, dans le cas où leur procès ne peut pas avoir lieu en Ukraine pour des raisons juridiques.
La Russie n'est pas un État membre de la CPI, créée en 2002 pour juger les individus accusés des pires atrocités commises dans le monde, telles que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et les génocides. Toutefois, "juridiquement oui, cela ne représenterait pas un obstacle à notre juridiction", a déclaré Karim Khan lors d'une conférence de presse au siège d'Eurojust."
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