Aujourd’hui, le principal facteur psychologique de la crise aigu et pathologique de l’américanisme poussée à son extrême par les démocrates-Woke, – dirions-nous ‘démoWoke’, ou le Woke transformant les démocrates en démiurge-postmoderne du démon ? – c’est la haine. Le raid du FBI montrerait alors que la “haine de Trump” l’a emporté sur la “haine de Poutine”, – décisivement par rapport au rendez-vous eschatologique des élections de novembre 2022. Ukrisis aurait alors conduit, par la tension qu’elle expose, à l’identité de la crise finale de la séquence novembre-2022.
Comment est interprété le raid du FBI contre Trump, procédure extraordinaire de la dynamique de ‘weaponization’ de la vie politique US (‘militarisation’ ou ‘violentisation’ de tous les aspects des activités civiles qui ne devraient être que de compromis pacificateurs) ? Du côté conservateur et populiste-indépendant, – plutôt que “du côté républicain” per se où une faction reste antiTrump, – les réactions sont extrêmes, comme celle de Mark Levin, vedette de FoxNews.
« C’est la pire attaque contre cette République dans l'histoire moderne. Point final... Et ce n'est pas seulement une attaque contre Donald Trump. C'est une attaque contre tous ceux qui le soutiennent. C'est une attaque contre toute personne qui ose soulever des questions sérieuses sur Washington, D.C., et l’Establishment des deux partis. Je n'ai pas entendu une seule chose de la direction républicaine du Sénat ! Et vous ? Pas un seul de ces gars n'a fait de déclaration. Parce qu'ils sont faibles. Voilà pourquoi. »
D’une façon générale, cette intervention pour le moins “musclée” du FBI est absolument sans précédent, pour le cas d’un ancien président sans aucun doute, et pour des questions qui semblent assez secondaires puisqu’il s’agirait au pire de récupérer des documents dits ‘classidied’ (vaste domaine pour qui connaît l’obsession du “secret” fe la bureaucratie US) pour les déposer dans les Archives Nationales, – donc semble-t-il, sans connexion ni avec des événements récents, ni avec des cas d’extrême gravité.
(Les acharnés absolument irrésistibles du complot fasciste, qu’on trouve chez ‘WSWS.org’, y voient au contraire une dissimulation des véritables documents à trouver, donc une dissimulation par l’administration Biden, – qui se lave les mains du raid-FBI en refusant de le commenter, – pour réaliser un ‘cover-up’ de la tentative de coup d’État de Trump ; donc Biden protégeant Trump... Chacun son truc.)
Si l’on ajoute le détail charmant que le FBI agissait sur l’équivalent d’une “commission rogatoire” d’un juge qui fut pendant de longues années l’avocat de Jeffrey Epstein, on peut goûter la composition épicée de la marmelade qui nous est proposée (disons “marmelade” comme équivalent très approximatif du nom du plat mexicain ‘Enchilada’ très épicé, est utilisé symboliquement plus que gasroniquement pour désigner cet épisode kafkaien et complotiste).
L’intervention du FBI a, d’une façon générale, aussitôt été interprétée à partir d’un article de loi (dite Section 2071) comme un moyen “légal” d’empêcher Trump de se représenter en 2024. Le constitutionnaliste Jonathan Turley, souvent apprécié comme le meilleur spécialiste du domaine aux États-Unis, souvent consulté par le Congrès, qui est de tendance démocrate et progressiste modéré c’est-à-dire certainement pas du côté de Trump, fait litière de cet argument après avoir étudié attentivement les significations labyrinthiques de l’article de loi cité. Dans son langage châtié et mesuré habituel, Turley laisse voir le jugement extrêmement négatif qu’il porte, notamment sur le comportement du FBI :
« Il y a [donc] de bonnes raisons de douter que la candidature à la présidence soit considérée comme interdite par la loi de cette manière. Ce qui ne fait aucun doute, c'est la façon dont cette nouvelle demande de disqualification serait reçue par des millions de citoyens déjà sceptiques quant aux motivations de l'administration Biden et plus particulièrement du FBI.
» Le fondement et même la motivation de cette descente de police apparaîtront clairement avec le temps, notamment s'il existe des preuves d'une conduite délibérée et illégale de l'ancien président. Cependant, quel que soit le résultat de ce raid, cette “marmelade” sera probablement difficile à avaler pour la plupart des juges comme moyen d'empêcher Trump d'être élu en 2024. »
On ajoutera pour donner une bonne mesure de la tension autour de Trump soudainement réactivée aux USA cet événement venu, mardi, ajouter à la confusion et à la polarisation. Il y a aussitôt, à cette occasion, l’observation par le journaliste Nick Arama, de ‘RedState.com’, que le FBI est « sauvagement hors de tout contrôle », sous l’apprentissage d’un parti démocrate qui a appris, ces dix dernières années, à s’affranchir des us & coutumes accompagnant le régime judiciaire de cette sorte d’affaires aux USA, prévoyant une certaine prudence respectueuse dans les actes d’enquête et de justice vis-à-vis des hommes politiques exerçant ou ayant exercé des fonctions électives. Arama rapporte l’aventure d’un député républicain de la fraction pro-Trump :
« Le représentant Scott Perry (R-PA), un proche allié de Trump et chef du groupe conservateur House Freedom Caucus, a déclaré que le FBI avait saisi son téléphone portable.
» “Ce matin, alors que je voyageais avec ma famille, 3 agents du FBI m’ont rendu visite et ont saisi mon téléphone portable. Ils n’ont pas essayé de contacter mon avocat, qui aurait pris des dispositions pour qu’ils puissent avoir mon téléphone si tel était leur souhait. Je suis outré, – mais pas surpris, – que le FBI, sous la direction du DOJ de Merrick Garland, saisisse le téléphone d’un membre du Congrès en exercice. Mon téléphone contient des informations sur mes activités législatives et politiques, ainsi que des discussions personnelles/privées avec ma femme, ma famille, mes électeurs et mes amis. Rien de tout cela ne concerne le gouvernement."
» Perry a affirmé dans sa déclaration que “comme avec le président Trump hier soir, le DOJ a choisi cette action inutile et agressive au lieu de simplement contacter mes avocats. Ce genre de tactiques de république bananière devrait inquiéter chaque citoyen, – surtout si l'on considère la décision prise devant le Congrès cette semaine d'engager 87 000 nouveaux agents de l'IRS pour persécuter davantage les citoyens respectueux de la loi”. »
Le raid du FBI a été dénoncé effectivement par de nombreux parlementaires républicains de la Chambre, très peu par des sénateurs, ce qui a parfaitement mis en lumière la coupure existant au sein du parti républicain entre les mandarins, les sénateurs beaucoup plus proches de l’establishment et donc anti-Trump, et les députés beaucoup plus proches de leurs électeurs et donc attirés vers le populisme. Pour le coup, il est manifeste que l’affaire profite aux seconds et dessert les premiers, en grandissant l’image de Trump comme martyr et cible du Système, et en renforçant encore l’image des sénateurs républicains comme marionnettes du Système. On observera également que l’événement arrive à point pour relever une dynamique de la popularité de Trump plutôt stagnante, et la relançant auprès de son électorat habituel.
‘Last but not least’ : Trump a reçu le soutien complet du gouverneur Ron DeSantis, qui laisse entrevoir en privé certaines occurrences où il pourrait désormais entraver de telles actions fédérales dans son État. Ce soutien de DeSantis a d’autre part mis en évidence les étranges risques et contradictions d’une action manipulée par les démocrates pour avoir la peau de Trump pour 2024... C’est-à-dire : serait-ce tellement un avantage pour eux, qui manquent désespérément de personnalités d’envergure pour 2024 (à moins qu’un Biden en chaise roulante fasse l’affaire pour un second mandat) ? Il est alors question de DeSantis bien entendu, comme l’explique l’analyste Jerry Wilson, aussi de ‘RedState.com’ :
« Il est ironique que les démocrates s’efforcent tant d’empêcher Trump de briguer un poste politique à l'avenir. S’ils parviennent à bloquer Trump, ils positionneront immédiatement Ron DeSantis pour les défier en 2024. DeSantis est un ennemi plus redoutable que Trump pour leurs plans. DeSantis a un dossier sur lequel il peut se présenter. La Floride a survécu au COVID en s'ouvrant tôt, s'en sortant bien mieux que tous les autres États qui ont tout fermé. DeSantis dirige par l'action, en soutenant ses paroles avec, par exemple, des décisions directes contre les enseignants guidés par leur programme sur plusieurs fronts, qu'il s'agisse de [toutes les fariboles du wokenisme]. DeSantis joint le geste à la parole.
» Il y a des différences évidentes. DeSantis est loin d'être copie conforme de Trump. Cependant, il est issu du même milieu, dont les porteurs sont facilement identifiables par le fait qu’ils ne se contentent pas d’avertissements sans suite et ne font pas de quartier. DeSantis travaille avec des gens qui partagent les mêmes idées. Imaginez une conférence de presse des correspondants de la Maison Blanche dirigée par Christina Pushaw [l’actuelle porte-parole de DeSantis]. À la fin de la conférence, tous les “journalistes” présents feraient une standing ovation en l’honneur du président DeSantis. »
» Il est naturel de ressentir une juste colère face au raid lâche et ouvertement politique de Mar-a-Lago. Mais ne la laissez pas vous consumer, en provoquant des paroles irréfléchies ou autres. Restez calme et concentré. Il y a de fortes chances que Trump en sorte plus fort que jamais. Même si ce n'est pas le cas, Ron DeSantis est le suivant, il a le sabre laser [de ‘Star Wars’], et il n'a certainement pas peur de l'utiliser. »
La haine de Poutine revient sur Trump
Cet épisode qui enflamme à nouveau l’Amérique contre elle-même, après l’opération ratée d’obtenir ce résultat avec l’affaire de la Cour Suprême vis-à-vis de l’avortement, ne nous intéresse guère dans ses aspects juridiques, politiques, voire complotistes. Il va en effet sans dire, et à peine mieux en le disant, que le raid du FBI est un coup évidemment inspiré par les diverses courroies de transmission du parti démocrate, et par un appareil de justice, FBI compris ô combien, complètement infesté par l’idéologie, – disons “démocrate”, ce qui ne veut rien dire, ou bien “gauchiste”, qui en dit à peine un peu plus. Non, l’idéologie à laquelle nous pensons a déjà été mentionnée d’un mot dans la premier paragraphe : la haine... L’“idéologie de la haine”, des démocrates, de la gauche wokeniste, des globalistes, du Système, – toute la chaîne se déroule...
Au départ, l’“idéologie de la haine” se développe contre Trump, dès 2015-2016. On ne s’intéresse pas de savoir si Trump la mérite, d’ailleurs Trump est un personnage suffisamment incertain et manquant de colonne vertébrale intellectuelle pour qu’il vaille de débattre à son sujet. La seule chose qui importe, c’est Trump “en tant qu’objet de l’‘idéologie de la haine’”. Il en subit les attaques durant toute sa mandature, et après elle, comme complotiste fasciste (le show-bouffe du 6 janvier 2021), puis comme complotiste pour revenir en 2024, – bref pour tout ce qu’on veut, pourvu que l’“idéologie de la haine” subsiste puisqu’elle conserve son objet : s’il y a “un objet de haine“, c’est que la haine est justifiée, et justifiée l’“idéologie de la haine”.
Mais il se trouve qu’à partir de décembre 2021-février 2022, un autre “objet de haine” s’imposa : Poutine. On connaît tout cela, et l’on sait aussi que cet objet n’est pas très maniable, dépendant de facteurs qui échappent aux idéologues de la haine ; d’où une sorte de fatigue de ce choix qui s’est développée, jusqu’à des situations où l’on envisage de lâcher du lest en même temps que Zelenski... Sur ces entre-faits et fort triomphalement, comme dans un film hollywoodien, surgit le FBI à la lumière jusqu’alors toussotante et poussive de l’enquête sur le 6 janvier ; ainsi la haine retrouve-t-elle son objet préféré, et l’on se croit sain et sauf !
Il faut relire notre ‘F&C’ du 9 juin 2022 sur « Les mille-et-une nuances de la haine », où nous examinions la haine lancée comme une ‘charia’ démocratique contre Poutine et la Russie. Tout y est dit, selon nous, sur le moteur de ce sentiment, notamment selon les écrits lumineux du philosophe Günther Anders (auteur de ‘L’obsolescence de l’homme’ et premier mari de Hannah Arendt), ‘La haine à l’état d’antiquité’. Il y démontrait la puissance méphitique, diabolique de la haine, comme moteur essentiel de la psychologie de destruction (de déconstruction ?) de “l’autre”, – en fait, pour les psychologies malades, le seul moyen d’exister vraiment, comme une ontologie de la dégénérescence de l’esprit (mots en gras de l’auteur, dans la citation) :
« Plus vrai que le célèbre ‘principe ergo’ de Descartes, il y a cet autre, vulgaire, quasi universellement reconnu : “Je hais, donc je suis”. Ou, plus précisément : “Donc, je suis moi”. Ou, finalement : “Donc, je suis quelqu’un”.
» En effet, la haine n’est pas seulement la forme première (pré-théorique) de la négation, elle n’est pas seulement le plaisir anticipé (sadique) d’anéantir l’autre, mais simultanément aussi l’affirmation de soi par négation et destruction de l’autre. [...]
» Le dit de la haine “il faut qu’il ne soit pas, pour que moi je sois”, culmine alors, après l’acte d’anéantissement, dans l’énoncé que voici : “Il n’est plus, donc je suis, moi qui reste l’unique”. »
... D’où l’absurdité tactique, l’erreur stratégique des efforts désespérés des démocrates pour détruire Trump, y compris par des moyens proches d’une “république bananière” (expression affectionnée par les républicains dans leurs ripostes) ; l’absurdité de leur “retour de haine” sur Trump avec le raid du FBI, qui les handicape plus encore pour les élections de novembre et regonfle à fond les populistes et les trumpistes ! Ce que cherchent les démocrates en cours de dissolution, en effet, c’est bien de tenter encore d’exister, et ils retrouvent absolument les constats d’Anders.
Bien entendu, tout cela dépasse Trump, qui se fiche du tiers comme du quart de Günther Anders, dont il se demande dans quel État il opère et combien de voix il peut lui rapporter. Mais on l’a dit, il ne s’agit pas de Trump, mais de la perversion suicidaire des démocrates, donc des USA finalement puisqu’il faut être deux pour danser le tango, – condition sine qua non du fonctionnement d’un système fondé sur les deux ailes du parti unique, – et que le haine n’est pas un rythme propice à cette danse.
Le véritable problème est que cette distorsion psychologique, qui a indubitablement un caractère collectif et qui touche de plein fouet les instances dirigeantes, empêche bien entendu toute coopération, sans parler de réconciliation, et entretient avec une incroyable puissance la crise du système de l’américanisme. Il est d’ailleurs tout à fait possible que nous n’ayons nullement à attendre 2024 pour atteindre un nouveau paroxysme de cette crise ; il est tout à fait possible que novembre 2022 suffira amplement maintenant que l’attention de la communication est en train de revenir plein feu sur la guerre civile communicationnel au USA : il est tout à fait possible que cela se fasse au grand désarroi de Zelenski.
Mis en ligne le 10 août 2022 à 16H05
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