jeudi 30 juin 2022

Du rêve à la communauté - L’habitat groupé au Champ d’Alévie

 


Photo: Carole Detroz

Les membres de l'habitat groupé Champ d'Alévie, photo: Carole Detroz

Rencontre28 juin 2022

par Martin Collette

Le Champ d’Alévie, à Ottignies, est un petit habitat groupé niché au creux d’un bois et bordé de potagers luxuriants. Le projet, qui fête ses dix ans, a réussi à s’intégrer harmonieusement dans son environnement. Deux habitantes nous racontent leur trajet vers la vie en communauté.

« Et si on commençait par faire le tour des (co)propriétaires ? » Anouk me guide entre les potagers communs et les petits jardins, sur les sentiers fleuris qui sillonnent la colline où a été érigé cet ensemble de quatre habitations. On croise Fred, son mari, qui nettoie la cabane du grand potager. Et aussi Monica, débroussailleuse à la main, qui dégage les abords du verger, entretenu quant à lui par deux moutons. Une ribambelle de poules nous observe avec curiosité. 


Habitat groupé Champ d'Alévie, photo: Carole Detroz

Harmonie avec la nature

Délimité par la lisière du petit bois de l’Escavée, serti d’une couronne de potagers et de fruitiers parsemée de friches ensauvagées, le quartier du Champ d’Alévie laisse transparaître le souci qu’ont ses habitants d’intégrer harmonieusement leur habitation à leur environnement.

« Pour nous, souligne Anouk, c’était important de tenir compte de la nature et de son « petit peuple » sauvage ». Les toitures végétalisées aux courbes arrondies semblent acquiescer.

Grâce à la solidarité et aux échanges, l’habitat groupé rend possibles des choses qui ne le seraient pas autrement.

Anouk Pavy, habitante

Autre particularité : l’équilibre entre espaces communautaires et privatifs, qui préserve un mode de vie plutôt traditionnel, avec quatre habitations séparées, dotées de jardinets attenants. « Au départ, nous étions trois familles avec de jeunes enfants. Nous avions tous et toutes le souhait de partager un espace et des activités, tout en conservant une vie de famille indépendante ».

7 ans de réflexion

Comment le projet est-il né ? Anouk raconte : « Tout commence avec deux couples d’amis, qui rêvent d’un habitat groupé ». Ils sont bientôt rejoints par une troisième famille. Différents terrains sont envisagés, certains pouvant accueillir une communauté plus large. « Finalement, nous trouvons ce petit terrain en Brabant wallon, proche de nos lieux de vie et de travail. » Au total, 7 ans se sont écoulés depuis les premières discussions. Les choses s’accélèrent alors brutalement. « Il a fallu rapidement compléter l’effectif, avec l’arrivée de Jean-François, qui occupe le quatrième logement, et finaliser l’offre. » 

Entre le rêve et sa concrétisation, il faut faire face à des hauts et des bas. « L’année de la construction a mobilisé toute notre énergie », avoue Anouk. Au menu : imprévus en cascade, différend avec la commune, réunions urgentes, stress et, finalement, explosion des budgets. « Il a donc fallu se retrousser les manches, tout cela en plus de nos emplois et des enfants. »

Plus de diversité et d’échanges

Une fois passé le stress de la construction, les aspects positifs n’ont pas tardé à émerger. « Peu à peu, un équilibre s’est créé et des projets communs se sont mis en place », indique Anouk.  Monica, qui nous a rejoints autour de la table de pique-nique commune, confirme : « C’est du travail, il y a des discussions et des tensions, mais finalement, c’est très enrichissant.

Pour nous, c’était important de tenir compte de la nature et de son « petit peuple » sauvage.

Anouk Pavy

Personnellement, je travaille au contact de décideurs politiques. Comme beaucoup de gens, j’avais tendance à les accuser de tous les maux. L’habitat groupé m’a fait réaliser combien il est difficile de prendre des décisions et d’avancer en communauté. Mais cela vaut vraiment la peine. On apprend la persévérance et la résilience ».

« Grâce à la solidarité et aux échanges, l’habitat groupé rend possibles des choses qui ne le seraient pas autrement », poursuit Monica. En ce moment, elle accueille avec son mari deux Ukrainiennes, mère et fille, qui seront bientôt trois : « La jeune femme doit accoucher d’un jour à l’autre, peut-être aujourd’hui ! ». Anouk : « Nous nous sommes réparti les tâches : certains s’occupent des aspects administratifs, d’autres des rendez-vous médicaux, etc. » Même les voisins participent en apportant leur soutien. Car cet îlot de verdure n’a rien d’une île : « la dynamique du groupe a fait tache d’huile dans le voisinage », se réjouit Anouk. 


Habitat groupé Champ d'Alévie, photo: Carole Detroz

Maisons bioclimatiques

En matière de construction, l’accent a été mis sur les aspects écologiques. « Nous avons opté pour des maisons bioclimatiques, avec de larges ouvertures au sud et très peu au nord, de façon à maximiser l’apport de lumière et minimiser les pertes de chaleur », explique Anouk. Une isolation performante à base de matériaux écologiques et des panneaux solaires complètent le dispositif. « Nous nous chauffons peu et seulement au bois ».

L’habitat groupé m’a fait réaliser combien il est difficile de prendre des décisions et d’avancer en communauté. Mais cela vaut la peine. On apprend la persévérance et la résilience.

Anouk Pavy, habitante

Habitat groupé Champ d'Alévie, photo: Carole Detroz

Pour le financement, le choix de la Banque Triodos s’est d’emblée imposé. « C’était évident pour nous », se souvient Anouk. « Cela n’avait pas de sens de s’adresser à une autre banque, d’autant que Triodos est l’une des rares banques qui accueille favorablement les projets d’habitat groupé. » Monica complète : « Nous avons même bénéficié de taux réduits pour certains aménagements, comme l’isolation, les panneaux solaires et le système écologique d’épuration des eaux ».

70 kilos de fraises, 100 kilos de tomates

Finalement, on peut dire que le projet porte ses fruits. « De juin à octobre, notre famille est quasiment autonome pour ses légumes et je produis de l’ail pour toute l’année », estime Monica. « L’an dernier, nous avons récolté 70 kilos de fraises. Et l’année d’avant, 100 kilos de tomates. Sans compter les courgettes, les bettes, et j’en passe ». 

Quant aux nombreuses poules pondeuses, elles ont une place très spéciale dans le cœur des habitants, qui semblent les considérer comme des membres à part entière de la communauté. « Par le biais de l’association « Les poules heureuses » (sic), nous rachetons nos poules avant qu’elles soient envoyées à l’abattoir, pour un prix très modique. Nous leur donnons ainsi une seconde vie, elles sont vraiment bien chez nous. »

Source : https://www.triodos.be/fr/articles/2022/lhabitat-groupe-au-champ-dalevie?

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