lundi 21 février 2022
Lorsque le 10 février je suis contacté pour rencontrer une équipe de TF1 venue à Donetsk, j'avoue avoir été méfiant, par expériences précédentes ou observation du traitement partial des événements de la crise ukrainienne en général et du Donbass en particulier par les grands médias occidentaux, le plus souvent alignés sur la doxa propagandiste étasunienne.
Cependant, la neutralité et le professionnalisme observés dans les 2 premiers reportages de cette équipe arrivée à Donetsk le 7 février 2022, m'a encouragé à accepter finalement la rencontre avec Liseron Boudoul, Gilles Parrot et Charles, leur accompagnateur.
Je ne demande pas à un reporter d'être en accord avec mon engagement métapolitique ou militaire, loin s'en faut, et je peux témoigner que dans le cas présent nous avons dans nos conversations amicales des divergences d'opinion, mais lorsque le journaliste, en respect avec l'éthique de sa profession, adopte une neutralité dans son travail et garde intacte la parole des personnes rencontrées, sans jugement aucun, alors je le respecte, chapeau bas, d'autant plus que dans le mainstream dominant, un tel comportement est devenu malheureusement rarissime.
Avant de vous laisser apprécier le travail de cette équipe de TF1, toujours présente à Donetsk du fait de l'exacerbation actuelle des combats, je vous note que les autorités ukrainiennes, dans une débilité ukropithèque coutumière ont inscrits le noms de ces reporters sur leur site "Mirotvorets" ("bienvenus au Club") où, sous la qualification de "terroristes", on trouve désormais pèle mêle des séparatistes, des enfants, des journalistes venus dans le Donbass, des opposants politiques etc...
Cette mesure fébrile d'un pouvoir kiévien qui se prétend vouloir adopter les valeurs démocratiques droitdelhommistes dont la liberté d'expression est un pilier majeur montre à quel point la Vérité dérange les totalitarismes de la pensée unique. Alors que du côté russe, le gouvernement fédéral tolère des insectes rampants mondialistes tel que ce Paul Gogo, en poste à Moscou et venu à Donetsk lui aussi, mais pour vomir sa haine et sa connerie, et qui prétendent que la Russie est une dictature de la pensée !
Merci à Liseron et Gilles d'être venu dans le Donbass à la rencontre de ses populations trop souvent oubliées par les thuriféraires de la pensée unique (sauf quand c'est pour critiquer la Russie) et de m'avoir donné tort dans l'opinion que je généralisais trop concernant les journalistes occidentaux.
Erwan Castel
1 / Au coeur du Donbass:
rencontre avec les séparatistes pro-russes
le lien: 7 février 2022 (20h)
"Sur une autoroute du sud de la Russie, à proximité de l'Ukraine, nous ne mettons pas longtemps à croiser des convois militaires russes, imposants. Des véhicules blindés, des camions de transport de troupes, d'équipements, qui se succèdent sur des kilomètres et des kilomètres. Un déploiement exceptionnel qui fait craindre le pire. Sur une aire de repos, nous croisons quelques soldats. Ils ont l'air concentrés. Ils disent opérer des exercices militaires. Nous poursuivons notre route vers le poste-frontière entre la Russie et l'Ukraine, qui mène au Donbass, la région ultrasensible au cœur des discussions diplomatiques actuelles. Après un interrogatoire minutieux, nous obtenons le fameux laissez-passer. Nous voici dans la République auto-proclamée de Donetsk, ultrafermée. Ici, en théorie, c'est l'Ukraine, mais depuis huit ans, cette zone est tenue par des séparatistes ukrainiens pro-russes. D'ailleurs, le drapeau russe flotte sur la place centrale, derrière l'imposante statue de Lénine. Cette République a même son président. Denis Pouchiline nous reçoit et nous livre son message. Ce président nous confie qu'il attend beaucoup de la France pour éviter une guerre d'envergure. À dix minutes du centre-ville, c'est un tout autre décor. Toute cette zone résidentielle a été la cible de tirs provenant du côté ukrainien. Cet habitant nous montre sa petite maison et son poulailler, plusieurs fois touchés par des tirs d'obus. Le cessez-le-feu négocié il y a quelques jours reste précaire. Les Ukrainiens aimeraient reprendre cette République russophone qui demande son autonomie et qui est sous protection russe."
2 / Ukraine-Russie:
que veulent les habitants de la région du Donbass
le lien: 8 février 2022 (20h)
"Cela fait maintenant huit ans que la guerre fait partie de la vie d'Elena. Elle nous montre un abri dans sa cave. Elle s'y est réfugié avec sa famille plusieurs fois. Comme la plupart des habitants de la République autoproclamée de Donetsk, Elena considère que ce sont les Ukrainiens qui ont déclenché la guerre en 2014. Alors depuis, ils se tournent de plus en plus vers la Russie. Dans la région, tout le monde parle russe. Elle, son fils et son mari ont le passeport russe. Ils espèrent que le Donbass sera un jour rattaché à la Russie. Dans la librairie de l'avenue Artyoma, pas de surprise, on trouve toutes sortes de livres, tous écrits en russe. Au supermarché, nous constatons que beaucoup de produits viennent de Russie ou de Biélorussie. Et ce n'est pas tout, la monnaie aussi est russe. Les gâteaux, le pain, les jus de fruit, les fruits, les légumes... tout se paie en rouble. De toute façon au Donbass, on ne trouve plus de monnaie ukrainienne. Toutes les banques sont fermées depuis sept ans. Sur l'avenue principale de Donestk trône un gigantesque slogan : "Nous sommes le Donbass russe".
3 / Donbass
les séparatistes russes en état d'alerte
le lien: 13 février 2022 (20h)
"Dans ce quartier au nord de Donetsk, à proximité de la ligne de front, de nombreux immeubles sont détruits, inhabités. Seules huit personnes vivent encore ici, dont Tatiana avec son chien. Elle nous conduit dans sa cave. Et elle a tout prévu pour tenir quelques jours dans cet abri. Après huit ans de guerre, elle nous confie qu’elle rêve d’une vie normale. Quand on se rapproche encore un peu plus de la ligne de front, on perçoit une immense lassitude chez les habitants. Alexandre est retraité. La guerre, nous dit-il, va encore faire souffrir les civils. Actuellement, les miliciens sont sur leur garde. “D’ailleurs, dans ce village, beaucoup de maisons ont été ciblées, touchées par des tirs. Cette nuit, quatre tirs de roquettes ont été entendus un peu plus au sud sur la ligne de front. Donc le cessez-le-feu est très très précaire, en ce moment. Et dans les tranchées, chez les séparatistes, le niveau d’alerte est très élevé”, nous rapporte Liseron Boudoul, notre envoyée spéciale sur place."
4 / Ukraine
les séparatistes sur le qui vive
"Dans la nuit du mardi à mercredi, en plein couvre-feu, des échanges de tirs à l'arme lourde ont eu lieu dans les faubourgs de Donetsk. Le niveau d'alerte était maximum dans ces tranchées dans la vidéo en tête de cet article. Les séparatistes russes du Donbass sont sur le qui-vive malgré l'intensité diplomatique. "J'observe attentivement les blindés ukrainiens en face pour voir s'ils se déplacent ou s'il y a le moindre mouvement", lâche un militaire. D'un côté comme dans l'autre, il n'y a qu'une seule question. Qui pourrait déclencher le premier les hostilités ? "Les Ukrainiens font de tir de provocation pour qu'on réponde. C'est leur stratégie", affirme un séparatiste russe. Et chaque camp se protège pour éviter une incursion de l'ennemi. Il y a des mines tout autour de la tranchée. Nous avons rencontré Erwan Castel, un ancien officier de l'armée française d'origine bretonne, blessé par une mine antipersonnel. Il a combattu auprès des miliciens séparatistes il y a sept ans. Au sud du Donbass, nous avons rejoint le front maritime sur la mer d'Azov. Cette petite mer est stratégique car, la distance entre la Russie et l'Ukraine n'est que de 30 km. Sur ses cotes, pourrait donc aussi se déclencher un éventuel conflit. Les habitants de ce Donbass pro-russe le redoutent. Ils espèrent donc une issue diplomatique. Et ils croient que la Russie, qui les protège déjà depuis huit ans, les soutiendra si une guerre éclate."
5 / Bombardements à l'Est de l'Ukraine
des civils évacués vers la Russie
"Les voitures se ruent vers les stations essence. À Louhansk, ville contrôlée par les séparatistes pro-russes, les autorités viennent de demander aux civils d'évacuer. Les habitants se préparent comme l'a constaté notre envoyé spécial sur place dans la vidéo en tête de cet article. S'affichant en protecteur, Vladimir Poutine a annoncé qu'il hébergerait les réfugiés en Russie, les nourrirait et leur donnerait 129 euros. Dans le Donbass occupé par les séparatistes et à Donetsk, les sirènes retentissent pour demander aux civils d'évacuer. Une guerre des mots commence. Le chef de cette République autoproclamée accuse l'Ukraine. C'est un mensonge, rétorque le gouvernement ukrainien. Après deux mois plutôt calmes, les affrontements se sont intensifiés ces derniers jours de part et d'autre de la ligne de front. Côté ukrainien, une école a été touchée sans faire de victime. Jeudi, 600 échanges de tirs ont été répertoriés par les observateurs internationaux. C'est deux fois plus que la moyenne de l'année 2021. Est-ce le signe qu'une guerre entre la Russie et l'Ukraine se rapproche ? Coté russe, Vladimir Poutine dit continuer à retirer des troupes. Mais les États-Unis ne le croient pas. Bien au contraire, le nombre de soldats russes augmentent de 130 000 début février à 169 0000 voire 190 000. Ce vendredi soir, le président américain doit s'entretenir par visioconférence avec Emmanuel Macron et plusieurs autres leaders européens."
6 / Crise en Ukraine :
l'exode a commencé à Donetsk
le lien: 19 février 2022 (13h)
"À une vingtaine de kilomètres du poste-frontière avec la Russie, les habitants sont en train de quitter la région de Donetsk. D'ailleurs, ce samedi matin, des bus ont été réquisitionnés par la République autoproclamée de Donetsk pour évacuer la population prioritaire. Il s'agit notamment des femmes, des enfants et des personnes âgées dont les habitations sont situées à proximité de la ligne de front. Cette dernière qui s'est véritablement réactivée avec des échanges de tirs à l'arme lourde. Côté russe, ces personnes vont être accueillis dans des centres d'accueil. Et Vladimir Poutine a annoncé qu'il donnerait à chaque personne évacuée la somme de 10 000 roubles, soit environ 110 euros. Cela correspond à la moitié d'un salaire mensuel dans le Donbass. Une victimisation immédiatement dénoncée par les Etats-Unis."
7 / Donbass : l'exode des civils pro-russes
le lien : 19 février 2022 (20h)
"Dans la vidéo en tête de cet article, des habitants arrivent par petits groupes, en voiture ou en bus. Ils quittent la région de Donetsk pour aller se mettre à l'abri en Russie où ils vont être accueillis à bras ouverts par Vladimir Poutine. Natacha a préparé sa valise ce samedi matin pour quelques jours, dit-elle. Elle a peur. C'est la même angoisse qui pousse Valentina et sa fille à partir. Elles habitent à Gorlovka, tout à côté de la ligne de front. Les hommes de 18 à 55 ans ne peuvent pas sortir du Donbass. La mobilisation générale est décrétée. Alors que sur l'ensemble de la ligne de contact, les échanges de tirs se font de plus en plus violents. Exceptionnellement, nous avons pu pénétrer dans le deuxième bastion séparatiste du Donbass, la République autoproclamée de Louhansk. Dans ces tranchées désormais, ces miliciens nous disent craindre une action militaire d'envergure des forces ukrainiennes. Mais ces séparatistes nous assurent qu'ils ne ripostent pas pour le moment. Mais les habitants qui vivent dans cette zone dangereuse redoutent l'embrasement. Ils ne savent pas où ils doivent aller. Et certains ne veulent pas être évacués en Russie. Ils préfèrent rester sur leurs terres avec un infime espoir que les combats s'arrêtent."
8 / Séparatistes russes : mobilisation générale
le lien : 20 février 2022
"Depuis notre hôtel la nuit dernière, nous entendons des tirs à l’arme lourde. Ils résonnent jusqu’au cœur de Donetsk. Ce dimanche, quand nous traversons la ville, aucun habitant , aucune activité sauf ici dans cette rue. L’école est transformée en centre de recrutement de civils car c’est la mobilisation générale depuis samedi. Sergueï est volontaire pour aller “combattre les Ukrainiens” dit-il. Tous ces hommes veulent défendre leur Donbass pro-russe. Il y a même quelques anciens combattants comme Ivan. Liseron Boudoul, notre envoyée spéciale sur place, précise : “Tous les hommes qui s’engagent sont amenés directement avec ces bus sur leurs unités d’affectation. Certains d’entre eux vont rejoindre les fronts dans les heures qui viennent”. Le front, il n’est jamais loin ici. Et justement, les tirs reprennent. Nous sommes du côté de l’aéroport de Donetsk. Surpris, nous nous équipons rapidement. Il faut s’écarter rapidement de la voiture qui pourrait être prise pour cible car les tirs d’obus s’enchaînent. Ils proviennent des positions ukrainiennes à cinq kilomètres. Nous profitons d'un moment d'accalmie. Dans le quartier de Putilovka, des tirs résonnent encore. Natalia, l’épicière n’en peut plus. Alors que le front s’enflamme autour de Donetsk, les habitants se sentent de plus en plus seuls. La paix, ils n’y croient plus."
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