Par Dmitry Orlov – Le 18 janvier 2021 – Source Club Orlov
Je me demande à quel moment il deviendra évident pour une fraction critique de la population que le problème auquel s’attaquent les fermetures, les verrouillages, les couvre-feux et diverses autres mesures de contrôle prétendument épidémiques, qui sont en réalité des mesures de suppression de la consommation, n’est pas épidémiologique mais pétrochimique, motivé par la nécessité de réduire la consommation de pétrole de manière systématique et symétrique ? Après tout, cela m’est déjà apparu comme une évidence. Se peut-il que je sois vraiment seul ? Permettez-moi de vous donner un indice.
Pour revenir un peu en arrière, du point de vue du capitalisme transnational, le monde est là simplement pour lui fournir des ressources et des services à partir desquels il peut générer des profits. Sa vision du monde naturel montre un déficit mental frappant : une incapacité à voir les limites. Tant qu’il ne les rencontre pas, il ne peut tout simplement pas les voir et suppose que les ressources sont infinies. Et lorsqu’il se heurte à ces limites, il traite invariablement le problème comme un problème financier et jette de l’argent en l’air pour le régler, qui peut généralement être imprimé par une banque centrale convenablement coopérative. Il est évident qu’il considère la presse à imprimer comme une autre ressource inépuisable, comme en témoigne la longue série de poussées d’hyperinflation dans les pays du monde entier.
Ainsi, lorsqu’en juillet 2008, le prix du pétrole a atteint près de 150 dollars le baril, on a automatiquement supposé que le problème n’avait rien à voir avec l’épuisement des ressources mais était entièrement dû au manque d’investissement dans l’industrie pétrolière. Comme le pétrole des puits de pétrole conventionnels sur terre se raréfiait, le système a jeté d l’argent dans le forage en mer, dans les sables bitumineux, dans la fracturation hydraulique et d’autres ressources relativement plus coûteuses, l’imprimant à volonté selon les besoins. Certes, l’augmentation des investissements a fini par entraîner une augmentation de la production et un marché pétrolier saturé, mais le fait que l’augmentation des investissements soit devenue nécessaire avait tout à voir avec l’épuisement des ressources : les ressources qui pouvaient être produites le moins cher étaient les premières à être produites et les premières à être épuisées. De plus, l’effet de l’augmentation des investissements est temporaire ; comme la rouille, l’usure ne dort jamais, et à un certain moment, le niveau de dépenses nécessaire pour maintenir la production devient impossible à maintenir.
Avançons rapidement jusqu’en août 2019, lorsqu’il s’est soudainement avéré que les instruments de la dette fédérale américaine, que l’on pensait auparavant aussi bons que l’or, ne pouvaient plus être utilisés comme garantie pour les prêts au jour le jour entre banques sans payer des intérêts exorbitants. À peu près au même moment, il est devenu évident que la poursuite de la production américaine de pétrole de schiste, qui a permis aux États-Unis de redevenir pendant un bref instant le premier producteur mondial de pétrole, est non seulement un gaspillage net d’argent, mais s’épuise aussi trop rapidement pour être soutenue. La chute de la production de pétrole aux États-Unis et les réductions de production prétendument volontaires de l’Arabie saoudite (dont les champs sont énormes mais très anciens) ont fait de la Russie le producteur pivot, capable de contrôler les prix du pétrole à sa guise. Pire encore, les Russes construisent furieusement des usines pétrochimiques et autres parce qu’ils prévoient d’arrêter d’exporter du pétrole et de se tourner vers la fabrication et l’exportation de produits à valeur ajoutée. Par exemple, ils prévoient de s’emparer d’un tiers du marché mondial du plastique polyéthylène.
Comme le niveau de la consommation de pétrole détermine directement le niveau de l’activité économique globale, si l’on ne peut ni produire ni acheter plus de pétrole, il faut réduire la consommation de pétrole. Une fois que cette prise de conscience a été faite, vers décembre 2019, les conseils d’administration des grandes corporations et leurs sous-fifres supposés élus démocratiquement dans les gouvernements nationaux occidentaux se sont tournés vers la suppression de la consommation publique par l’imposition de contrôles sociaux. Une merveilleuse solution provisoire a été trouvée sous la forme d’un virus de la grippe pas particulièrement mortel. Les frontières ont été fermées et des mesures de confinements ont été imposées, ce qui a entraîné l’arrêt du tourisme et d’une grande partie du secteur des services. Alors que la crise économique s’aggrave, des souches mutantes de ce virus de la grippe pas particulièrement mortel sont découvertes dans le monde entier et sont utilisées pour justifier de nouvelles restrictions à la consommation dans les pays qui manquent de ressources financières et physiques pour continuer à fonctionner comme avant.
Cette stratégie est de plus en plus difficile à vendre au grand public, car les chercheurs du monde entier découvrent que les raisons d’imposer des contrôles sociaux ne sont pas justifiables en tant que mesures de santé publique. Aucune preuve n’a été montrée que la fermeture des écoles et des cours de récréation a affecté le cours de l’épidémie. Aucune preuve n’a été trouvée que des individus asymptomatiques (c’est-à-dire en bonne santé) sont capables de propager le virus. On ne peut pas non plus prouver que les « lockdowns » (une forme de peine de prison américaine pour enfermer les détenus dans leur cellule pour leur propre protection) ont été efficaces. Le test PCR couramment utilisé produit de nombreux faux positifs qui le rendent au mieux trompeur en tant que test de dépistage pour une population majoritairement saine, et au pire un peu de technologie politique : le paramètre Ct du test PCR peut être utilisé comme un bouton pour régler le nombre prévu de résultats faux positifs.
Les preuves ne sont pas encore concluantes, mais il semble probable qu’il sera finalement prouvé que le port du masque par des individus en bonne santé (maintenant appelés « asymptomatiques ») fait plus de mal que de bien en incubant et en aidant à la propagation des bactéries. La réponse à l’apparition de ces résultats de recherche a été d’imposer des contrôles stricts sur les médias sociaux, en essayant d’arrêter la propagation de ces idées subversives, et en essayant de supprimer les manifestations et les émeutes des personnes qui s’opposent à être opprimées de cette manière, parce que l’information fuite.
Enfin, permettez-moi d’expliquer pourquoi les fermetures, confinements, couvre-feux et diverses autres mesures de contrôle prétendument épidémiques, qui sont en réalité des mesures de suppression de la consommation, sont motivées par la nécessité de réduire la consommation de pétrole de manière symétrique. Environ la moitié de chaque baril de pétrole est transformée en essence, utilisée dans les voitures et autres petits moteurs ; l’autre moitié est transformée en distillats – diesel, carburéacteur, combustible de soute pour les navires et mazout de chauffage. Pour que l’industrie pétrolière continue à fonctionner sans heurts, à rester rentable et à éviter l’accumulation de stocks invendus, la destruction de la demande pour ces deux types de produits doit être symétrique ; ainsi, il faut trouver un équilibre entre empêcher les gens de prendre l’avion (économie de kérosène) et empêcher les gens de se rendre au travail en voiture (économie d’essence). Le mécanisme par lequel ces problèmes logistiques de l’industrie pétrolière sont traduits en déclarations de sécurité publique prétendument motivées par des raisons médicales reste un mystère. Si, à un moment donné, quelqu’un divulgue un modèle informatique qui permet de régler les boutons de confinement, de fermeture des entreprises, de couvre-feu et de fermeture des frontières afin d’ajuster et d’équilibrer la consommation d’essence et de distillats de pétrole, alors nous aurons notre arme du crime.
Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
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