"Il n'existe rien de constant si ce n'est le changement" BOUDDHA; Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots." MARTIN LUTHER-KING; "Veux-tu apprendre à bien vivre, apprends auparavant à bien mourir." CONFUCIUS ; « Nous savons qu’ils mentent, ils savent aussi qu’ils mentent, ils savent que nous savons qu’ils mentent, nous savons aussi qu’ils savent que nous savons, et pourtant ils continuent à mentir ». SOLJENITSYNE
Rassemblement devant le conseil communal en solidarité avec les cyclistes de la masse critique malmenés par la police vendredi soir et pour réclamer notre place dans l'espace public.
Prenez vos vélos et vos calicots !
À Liège, 90% de l'espace public est consacré à la voiture. Malgré les promesses, le vélo est systématiquement le grand oublié des aménagements. Chaque jour, nous risquons nos vies dans la circulation. Pourtant, le déplacement à vélo apporte la solution aux problèmes urbains actuels : pollution, congestion automobile, sécurité routière.
À l'heure où des aménagements sont urgemment nécessaires pour garantir notre sécurité et la fluidité de déplacement pour tous les usagers, la politique cyclable de la ville de Liège semble se résumer à la répression des cyclistes.
Le rendez-vous est fixé à 18h à l'arrière de l'hôtel de ville. S'en suivra une petite action « Die-in à vélo » (voir photo).
Nous ne bloquons pas le trafic, nous sommes le trafic !
.... "Nous sommes deux personnes ayant participé à la dernière masse critique (qui était très belle) et nous nous posons quelques questions toutes simples sur l'action des polices à Liège :
- Pourquoi la police a-t-elle décidé de bloquer la circulation pendant plus d'une demi-heure alors que le cortège de la masse critique ne l'a jamais ralentie plus de quelques minutes (grand maximum) depuis sa création ?
- Pourquoi la police est-elle rentrée dans un rond-point rempli de vélos (dont des "tall-bikes") de manière dangereuse, en sens inverse et en plein milieu du cortège ? Dans quel but exactement ?
- Pourquoi le peloton anti-banditisme est-il mobilisé pour intervenir contre (ce qui a été jugé comme) une entrave à la circulation ? Allô... ?
- Pourquoi le chef de la police, lorsqu'on lui demande son nom répond : "Je m'appelle Imperator" ?
- Si l'objectif de la police était de respecter la loi, donc de suivre les principes de nécessité et de proportionnalité, pourquoi a-t-elle sorti - devant des enfants entre autres - boucliers, matraques, armes automatiques et... taser ? spray ? (on cherche toujours à savoir). Pourquoi la personne qui a été embarquée a-t-elle subi une technique de placage ventral non nécessaire et disproportionnée ? Pourquoi une personne aveugle a-t-elle été séparée de son compagnon ? Était-ce vraiment nécessaire ?
- Pourquoi l'intervention (privation de liberté et contrôle des identités, ainsi qu'une arrestation) a-t-elle eu lieu sans qu'aucun avertissement n'ait été donné par hauts parleurs comme le prévoit la loi ?
Pensez-y de cette façon : les seuls moyens d’agression crédibles (dans le monde réel) qui restent à l’Empire sont les armes nucléaires. Beaucoup de gens (la plupart) ne le réalisent pas (encore), mais à chaque attaque conventionnelle ratée, cette réalité deviendra de plus en plus difficile à cacher.
Par le Saker – Le 20 avril 2018 – Source The Saker
Trump a pressé sur la gâchette, mais au lieu d’un « bang ! », ce que le monde a entendu, c’est un « clic » modeste. Considérant qu’il s’agit d’un jeu très dangereux de roulette russe anglosioniste potentiellement nucléaire, le « clic » est une très bonne nouvelle, en effet. Mais pour reprendre les mots de Nikki Haley, le « pistolet »américain est toujours « armé et chargé ».
Il existe un grand nombre de versions de ce qui s’est réellement passé, mais je pense que l’explication la plus probable pour ce « clic » est la combinaison de deux événements :
Les États-Unis ont fait tout leur possible pour éviter de donner l’impression d’attaquer les forces russes ou iraniennes en Syrie. Avec ce genre de règles d’engagement, la liste des cibles et la trajectoire de vol des missiles étaient faciles à prédire pour les défenses aériennes syriennes.
Les défenses aériennes syriennes, maintenant intégrées aux réseaux russes C4ISR et probablement modernisées, ont donné de meilleurs résultats que ce à quoi la plupart s’attendait.
Honnêtement, je ne sais pas qui aux États-Unis devrait avoir le mérite d’avoir fait ce qu’il fallait, mais cette personne ou ces personnes méritent notre gratitude collective. Des rumeurs disent que c’était Mattis, d’autres désignent Dunford et certains même Trump (j’en doute). Encore une fois, je ne sais pas qui l’a fait, mais cette action mérite une grande ovation. Que cette triste performance (prévisible) ait été ensuite recouverte de déclarations stupides à propos d’une « frappe parfaite » et autre « tous les missiles ont atteint leur cible » est une procédure standard, un exercice basique pour sauver la face et une tentative d’apaiser les néocons toujours assoiffés de sang. La leçon la plus importante de ce dernier développement est qu’il y existe encore quelques personnes dans des positions clé aux États-Unis qui ont fait ce qui devait être fait pour éviter une escalade catastrophique en Syrie. La question est maintenant de savoir combien de temps ces « forces saines d’esprit » (faute d’une meilleure identification) vont continuer à résister aux « fous ».
Cela va sans dire, le lobby israélien et les néocons sont absolument furieux. Et pour ajouter l’insulte à l’injure, les Russes disent maintenant qu’ils veulent fournir des batteries S-300 aux Syriens (qui seraient capables de suivre et de frapper les avions israéliens pratiquement depuis leur décollage). Je dirais que les Israéliens l’ont fait eux-mêmes avec leurs propres frappes de missiles au pire moment possible, mais le fait qu’ils se le soient infligé à eux-mêmes ne le rend pas moins douloureux pour les Israéliens.
Mais le plus grand problème est que ce résultat, très positif en soi, ne résout rien. Les principales questions non résolues sont :
Quelqu’un, en particulier le Conseil de sécurité de l’ONU et/ou la Russie peut-il opposer son « véto » aux actes de l’hégémonie anglosioniste partout sur la planète ? La position américaine officielle est un « non ! » catégorique. Le résultat en Syrie, pourtant, suggère fortement un « oui ».
Les États-Unis sont-ils prêts à accepter le fait que l’Hégémon a échoué à renverser le gouvernement syrien et que les Syriens ont gagné la guerre ? La position américaine officielle à ce sujet a fait volte-face à plusieurs reprises, mais je dirais que le camp du « non »est beaucoup plus fort que le camp du « oui ». L’attitude américaine actuelle en Syrie suggère fortement que les États-Unis ne sont pas encore tout à fait prêts à « proclamer la victoire et à s’en aller ».
Les (pseudos) attaques chimiques sous fausse bannière contre les Skripal et à Douma ont-elles suffi pour soumettre à nouveau l’UE post-Brexit à l’Anglosphère et les Anglosionistes ont-ils réussi à forger un front uni pour une « croisade contre la Russie » ? La majorité des gouvernements de l’UE se sont montrés prêts à cautionner n’importe quelle absurdité ou violation du droit international sous prétexte de « solidarité », mais il y a déjà quelques fêlures dans cette unité apparente.
En ce moment, la situation est extrêmement fluide et il y a trop de variables potentielles susceptibles de déterminer les prochains développements pour faire une prédiction meilleure qu’un pari sauvage. La seule certitude, c’est que cette confrontation entre l’hégémonie anglosioniste et la Russie est loin d’être terminée, en Syrie comme ailleurs (en Ukraine).
Fondamentalement, notre planète tout entière doit choisir entre deux ordres mondiaux qui s’excluent mutuellement…
Hégémonie anglosioniste
Monde multipolaire
Modèle civilisationnel
Exclusivement « occidental »
Divers
Modèle économique
Capitalisme
Divers
Modèle politique
Ploutocratie
Divers
Relations internationales
Régies par l’Hégémon
Régies par le droit international
Souveraineté nationale
Fictive
Réelle
Modèle social et culturel
Laïcité post-moderne
Traditionnel et local
En ce moment, l’ « Occident collectif » est engagé dans un effort véritablement titanesque pour préserver l’hégémonie, mais l’inscription est très visible sur le mur, d’où le genre d’histrions stupides que nous voyons aujourd’hui dans les personnes de Trump, May et Macron. Dans ce contexte, la guerre en Syrie est d’abord une guerre pour le droit des États-Unis de faire tout ce qu’ils veulent, sans égard pour le droit international, les faits, la logique ou même le bon sens. Le message de Nikki Haley au monde a été superbement simple, cohérent et franc : « Nous sommes l’Hégémon, nous sommes au-dessus de tout et de tout le monde, au-dessus de vous et au-dessus de vos lois ou de vos principes. Nous sommes même au-dessus des faits ou de la logique. Inclinez-vous et vénérez-nous, sinon… ! »
Le problème pour les Anglosionistes est que si la plupart des dirigeants occidentaux ont accepté ces termes (c’est ce que signifie « solidarité » aujourd’hui), le reste de la planète est tranquillement mais activement en train de chercher des moyens d’explorer d’autres options et certains pays relativement faibles et/ou petits (la Bolivie par exemple) sont même prêts à rejeter ouvertement ce diktat anglosioniste. Quant à la Russie et à la Chine, elles sont déjà de facto en train de créer un nouveau monde multipolaire alternatif, où l’anglosphère sera réduite à n’être qu’« une parmi beaucoup d’autres » et pas le genre de race des seigneurs planétaire que ses dirigeants s’imaginent être.
Il est intéressant de noter que la principale tactique choisie par l’« Occident collectif » pour répondre à ces défis a été de s’enfoncer dans le déni et de se préoccuper beaucoup plus des perceptions que des faits sur le terrain. D’où la « frappe parfaite ». C’est Carl Rove qui l’a le mieux formulé lorsqu’il a dit :« Nous sommes maintenant un empire, et lorsque nous agissons, nous créons notre propre réalité.Et pendant que vous étudiez cette réalité – judicieusement, comme vous le ferez – nous agirons à nouveau, créant d’autres réalités nouvelles, que vous pouvez étudier aussi, et c’est ainsi que les choses vont s’arranger. Nous sommes des acteurs de l’histoire… et vous, vous tous, vous serez réduits à étudier ce que nous faisons. »
Dans les années 1990, il y avait une expression populaire, mais non attribuée, qui disait : « Vous n’avez pas gagné avant que CNN ne dise que vous avez gagné. » Aujourd’hui, nous assistons à quelque choses de similaire, mais inversé : vous n’avez pas perdu jusqu’à ce que CNN dise que vous avez perdu. J’ai éprouvé un étrange sentiment de déjà vu lorsque Trump a tweeté : « Mission accomplie », répétant exactement les mêmes mots que Dobelyou avait prononcés sur son porte-avion juste avant que l’enfer ne se déchaîne vraiment en Irak (je peux imaginer comment les gens au CENTCOM, dont on dit qu’ils sont vraiment fâchés, doivent avoir grimacé en entendant ça !). J’espère que Marx avait raison lorsqu’il a dit que « l’Histoire se répète, la première fois comme tragédie, la seconde comme farce ». Le Moyen-Orient, qui souffre depuis longtemps, a sûrement vécu suffisamment de tragédies, mais je crains que ce à quoi nous avons assisté avec la dernière frappe américaine en Syrie ne soit la farce et qu’une tragédie très réelle ne se prépare.
On peut, en gros, séparer les néocons en deux types : d’abord ceux qui sont assez stupides pour croire que les dernières frappes étaient, en effet, un immense succès, et ceux qui sont juste assez intelligents pour comprendre que c’était un flop pathétique. Le premier type sera enhardi par un sentiment d’impunité totale (et les États-Unis se sont, en fait, tirés d’affaire avec cette violation grave de toutes les normes du comportement civilisé et du droit international) tandis que le second continuera à exiger une attaque plus forte. Mélangez les deux et vous aurez la recette parfaite pour une situation très dangereuse.
Et maintenant, voici la très mauvaise nouvelle : les forces terrestres américaines (l’Armée) sont pratiquement inutiles, tandis que la Marine et l’Aviation sont dans de gros, gros problèmes : la flotte de surface de l’US Navy est aujourd’hui presque dépassée à cause du missile russe Kinzhal, alors que l’US Air Force ne semble pas capable d’opérer dans un environnement comportant des missiles surface-air russes modernes. Aucune des deux ne semble en mesure de faire quoi que ce soit d’autre que de gaspiller des sommes d’argent énormes et de tuer des tas de gens, pour la plupart des civils. Comme leurs alliés israéliens et saoudiens, les forces armées américaines ne sont tout simplement pas capables d’affronter un ennemi capable de se défendre. Il n’y a plus qu’un seul segment des forces armées américaines encore capable d’accomplir sa mission : la triade nucléaire. D’où toutes les tentatives des planificateurs et stratèges américains pour trouver une doctrine non seulement pour l’usage des forces nucléaires comme moyen de dissuasion mais pour les reconcevoir comme une capacité de combat (défense antimissile, micro armes nucléaires, etc.). Pensez-y de cette façon : les seuls moyens d’agression crédibles (dans le monde réel) qui restent à l’Empire sont les armes nucléaires. Beaucoup de gens (la plupart) ne le réalisent pas (encore), mais à chaque attaque conventionnelle ratée, cette réalité deviendra de plus en plus difficile à cacher.
Les gens qui, cette fois, ont réussi à déjouer les plans néocons pour une véritable attaque dure sur la Syrie, et peut-être même sur la force d’intervention russe en Syrie, réussiront-ils la prochaine fois ? Je ne sais pas. Mais je ne peux ignorer le fait que chaque « clic »nous rapproche d’un pas du « bang ». Et cela me suggère que la seule véritable solution à cette situation extrêmement dangereuse est de trouver une manière d’ôter le doigt qui presse sur la gâchette ou, mieux, de retirer le pistolet au dingue qui nous menace tous avec.
(Je me permets de poster le commentaire que m'a laissé Deadsoul à propos de cette
chanson : )
Mein Herz brennt est une fable très sombre, comme Till Lindemann aime en écrire.
Il s'agit de l'histoire du marchand de sable, revisitée par Rammstein.
D'ailleurs, la démo de la chanson s'appelait " Sandmann ", ce qui signifie " Marchand de
sable ".
Le marchand de sable prend ici la forme de " la voix de l'oreiller ", qui vient terroriser
les enfants la nuit, avec ses légions de monstres : fantômes, démons, fées noires,
habituelles peurs des enfants.
Nun liebe Kinder gebt fein acht Maintenant chers enfants soyez attentifs Ich bin die Stimme aus dem Kissen Je suis la voix de l'oreiller Ich hab euch etwas mitgebracht Je vous ai apporté quelque chose Hab es aus meiner Brust gerissen Je l'ai tiré de ma poitrine Mit diesem Herz hab ich die Macht Avec ce coeur j'ai le pouvoir Die Augenlieder zu erpressen De commander vos yeux Ich singe bis der Tag erwacht Je chante jusqu'au lever du jour Ein heller Schein am Firmament Une lueur éclatante au firmament Mein Herz brennt Mon coeur brûle
Sie kommen zu euch in der Nacht Ils viennent vous voir pendant la nuit Dämonen Geister schwarze Feen Démons, esprits, fées noires Sie kriechen aus dem Kellerschacht Ils rampent dans les tréfonds Und werden unter euer Bettzeug sehen Et viennent vous voir sous votre lit
Nun liebe Kinder gebt fein acht Maintenant chers enfants soyez attentifs Ich bin die Stimme aus dem Kissen Je suis la voix de l'oreiller Ich hab euch etwas mitgebracht Je vous ai apporté quelque chose Ein heller Schein am Firmament Une lueur éclatante au firmament Mein Herz brennt Mon coeur brûle
Sie kommen zu euch in der Nacht Ils viennent vous voir pendant la nuit Und stehlen eure kleinen heissen Tränen Et vous volent vos petites larmes brûlantes Sie warten bis der Mond erwacht Ils attendent jusqu'au lever de la lune Und drücken sie in meine kalten Venen Et les glissent dans mes veines froides
Nun liebe kinder gebt fein acht Maintenant chers enfants soyez attentifs Ich bin die Stimme aus dem Kissen Je suis la voix de l'oreiller Ich singe bis der Tag erwacht Je chante jusqu'au lever du jour Ein heller Schein am Firmament Une lueur éclatante au firmament Mein Herz brennt Mon coeur brûle
Les médias occidentaux se basent-ils toujours sur des sources crédibles dans leur reportages sur la Syrie ? La réponse de cette journaliste canadienne a laissé sans voix son interlocuteur.
Par Andrew Korybko – Le 6 mars 2018 – Source Oriental Review
La « glorification politiquement correcte » par les médias alternatifs de tout ce qui est lié à la Russie est une réponse « bien intentionnée »mais instinctive à la russophobie rampante des médias traditionnels ; elle génère néanmoins une vision « trop parfaite » et donc inexacte du pays, vision qui contredit la réalité et qui a été démystifiée par nul autre que le président Poutine lui-même.
Mal comprendre la Russie
Le discours du président Poutine à la nation la semaine dernière a naturellement attiré l’attention des médias internationaux, les médias traditionnels intensifiant leur campagne incessante de peur en exagérant et en décontextualisant ses déclarations sur le programme d’armes hypersoniques russe pendant que les médias alternatifs se pâmaient devant l’annonce du président et la présentaient comme un autre « mouvement d’échecs de haute volée » mettant pour toujours un terme aux agressions de l’Amérique à l’étranger selon le « plan directeur » de leur héros. Les deux réactions sont hyperboliques à leur manière et se fondent sur l’attrait de leurs publics respectifs. Les MSM ont intérêt à pousser le récit de la « menace russe » parce qu’il renforce la paranoïa autour du « russiagate » et « justifie » le budget militaire gargantuesque de Trump qu’il a dévoilé plus tôt dans le cadre de sa politique étrangère América First centrée sur le Pentagone. En ce qui concerne la communauté des médias alternatifs, beaucoup de ses membres occasionnels, des personnalités officielles et ses outils de communications (qui ne dépendent pas des financements publics) ont déjà « déifié » le président Poutine, ces deux derniers faisant appel aux fantasmes de « vœux pieux » des masses désespérées pour rester pertinent en renforçant la « massification » de leur pensée de groupe .
Ni les MSM ni les médias alternatifs, cependant, n’ont accordé beaucoup d’attention à la majeure partie du discours du président axé sur les questions nationales, car ils semblent tous être arrivés indépendamment à la même conclusion que ces sujets ne sont pas assez « sexy » pour leur auditoire et n’intéressent que les Russes en Russie. En un sens, la Russie aurait pu esquiver une balle parce que le discours de son chef pourrait être exploité par les MSM de la même manière que la partie sur les armes hypersoniques. Dans le même temps, cependant, l’argument peut également être avancé que des médias alternatifs ont par inadvertance privé leur auditoire d’entendre parler de faits, de citations et de stratégies clés qu’ils ne connaîtraient pas autrement s’ils n’avaient pas lu la transcription de ce vaste discours, mais qui aurait pu leur donner une vision plus précise du pays que beaucoup d’entre eux ont jusqu’alors placé sur un pied d’égalité avec le « paradis». C’est dans l’intérêt de tous de rapporter et d’analyser des faits objectifs, quelles qu’en soient les conséquences sur notre propre perception de la Russie. C’est ce que la présente analyse va faire.
Pourquoi les médias alternatifs se trompent-t-ils sur la Russie?
La Russie, comme n’importe quel pays du monde, n’est pas « parfaite », mais tout comme l’objet du désir de chacun, ses adeptes ont tendance à la voir ainsi malgré tout, surtout s’ils n’en sont pas eux-mêmes citoyens mais plutôt attirés par elle pour des raisons géopolitiques ou simplement comme une déclaration d’opposition de principe aux politiques de leur pays d’origine. Quelle qu’en soit la raison, et il n’est pas pertinent dans ce contexte d’effectuer une psychanalyse de cette tendance, le résultat final est que beaucoup de gens à travers le monde apprécient vraiment les efforts de la Russie pour forger un ordre mondial multipolaire plus juste et plus honnête que la version unipolaire qu’elle cherche à remplacer. Cela se passe souvent en négligeant certaines des réalités désagréables du pays. C’est le plus souvent dû à une combinaison de dissonances cognitives dont le refus d’accepter que leur « modèle » déifié ne règne pas sur le « paradis ». C’est même une action délibérée pour éviter de tomber involontairement dans la russophobie dominant le débat général. Pour « noble » que cela puisse être ou ne pas être, cela a néanmoins alimenté une industrie artisanale en ligne en expansion qui décrit à tort la Russie comme n’ayant aucun problème.
Ce récit artificiel est devenu viral au point qu’un nombre croissant de personnes dans la communauté des médias alternatifs y adhère comme s’il s’agissait d’une « religion » avec ses propres « églises » (certains sites et forums) ; ses « prêtres » (écrivains et promoteurs) ; ses « congrégations » (leurs frères « croyants ») ; et des «païens » (ceux qui par « sacrilège »remettent en question le « caractère sacré » de « l’infaillibilité » de la Russie). Il n’y a rien de « mal » intrinsèquement à cela tant que les « membres de la secte » gardent leurs croyances pour eux et ne font pas de « prosélytisme ». Mais c’est un vrai problème quand ils essaient d’imposer leurs points de vue agressivement et/ou tentent de les disséminer comme des « vérités » indiscutables qui forment axiomatiquement la base des relations internationales. La perception déformée de la Russie qui commence à prendre forme dans la communauté des médias alternatifs en raison de la popularité grandissante de cette « religion laïque » (provoquée dans une large mesure par la russophobie des médias) doit être corrigée avant qu’elle échappe à tout contrôle et crée une réalité alternative complètement détachée de la vie réelle. Si ceux qui veulent vraiment comprendre et aider la Russie n’ont pas une idée précise de ce qu’elle est, alors leurs plans et leurs efforts ne serviront à rien.
Prenez-la telle qu’elle est
Les témoignages personnels de Russes et d’étrangers vivant dans le pays à propos de certaines lacunes de l’État ne sont pas non plus efficaces pour communiquer la vérité, car ils sont simplement qualifiés de « propagande Soros » de « fausses nouvelles » ou de « préjugés ». Les reportages factuels sur les médias russes financés par des fonds publics comme TASS ne sont pas non plus suffisants dans cette tâche. La seule façon de détruire la pensée dogmatique et finalement dangereuse de l’infaillibilité de la Russie qui s’est emparée de la communauté des médias alternatifs est d’utiliser les propres mots du président Poutine pour démonter ce faux récit une fois pour toutes, car il s’ensuit que les « croyants » sont forcés d’accepter tout ce que leur « divinité » leur dit, peu importe à quel point ils résisteraient autrement si le message venait de quelqu’un d’autre. En conséquence, étant donné la richesse des documents présentés dans le récent discours marquant du président Poutine à la nation et l’attention mondiale que cet événement a produit, il convient de citer l’homme lui-même en attirant l’attention sur certains des problèmes du pays qui sont complètement ignorés par la Communauté des médias alternatifs.
Il devrait être préfacé que le texte qui va suivre se concentrera intentionnellement sur les critiques constructives que le président Poutine a faites au sujet de son pays afin de sensibiliser sur la situation réelle en Russie, même si le chef du pays a énuméré de manière impressionnante une quantité stupéfiante de faits et de stratégies en prouvant que beaucoup de progrès ont déjà été faits depuis le début du siècle. Afin de ne pas «prêcher avec la chorale » et en comprenant que l’auditoire des MSM ne lira probablement jamais cette analyse, il a été décidé de pratiquer une « thérapie de choc » en citant les passages du discours du président Poutine qui vont paraître probablement «surprenants » et « incroyables » aux masses des lecteurs des médias alternatifs qui ont «déifié » l’homme et proclamé son pays « parfait ». Encore une fois, l’intention est de rétablir la vérité sur la Russie afin que ceux qui en suivent les affaires puissent se faire une idée précise de la réalité dans laquelle elle opère. Accepter ses lacunes est essentiel pour comprendre ses limites actuelles et prévoir ainsi ses actions les plus probables à l’avenir.
Après avoir écarté ces « mises en garde » voici les messages les plus « politiquement incorrects » et « sacrilèges » que le président Poutine a transmis dans son dernier discours et qui brisent puissamment les illusions des médias alternatifs sur « l’infaillibilité » de la Russie.
Plus de procrastination
Extrait :
«Nous n’avons pas le droit de permettre qu’une situation, lorsque la stabilité a été atteinte, conduise à l’autosatisfaction, d’autant plus qu’il reste tant de problèmes non résolus (…). Il est grand temps de prendre un certain nombre de décisions difficiles qui se font attendre depuis longtemps. Nous devons nous débarrasser de tout ce qui entrave notre développement et empêche les gens de libérer pleinement leur potentiel. »
Interprétation :
La Russie tarde depuis trop longtemps à faire le nécessaire et ne peut pas se permettre plus longtemps ce gaspillage inutile. Les jours de procrastination en raison de la complaisance perçue (l’apathie, parfois liée au trait culturel russe de « avos ») sont terminés, et le pays doit le reconnaître avant qu’il ne soit trop tard.
La Russie « prend du retard »
Extrait :
« Il ne s’agit pas de conquérir ou de dévaster notre terre. Non, le danger n’est pas là. La principale menace et notre principal ennemi est le fait que nous sommes à la traîne. Si nous sommes incapables d’inverser cette tendance, nous le serons encore plus. C’est comme une maladie chronique grave qui ruine constamment l’énergie du corps et le détruit progressivement de l’intérieur. Bien souvent, le corps ne s’aperçoit pas de ce processus destructeur. »
Interprétation :
Les ennemis extérieurs ne sont plus la menace principale de la Russie, car ils seront tenus à distance par l’armée nationale et ses armes hypersoniques récemment dévoilées qui ont rétabli l’équilibre stratégique mondial. Au lieu de cela, la principale menace pour le pays est son manque de développement. La Russie n’a pas su saisir l’occasion de capitaliser sur les nouvelles tendances et, par conséquent, elle prend du retard. Si on ne corrige pas cette trajectoire, elle sera détruite avant même de savoir ce qui lui est arrivé.
La structure de l’emploi est brisée
Extrait :
« Nous devons revoir la structure de l’emploi, devenu inefficace et archaïque, proposer de bons emplois qui motivent les gens, améliorer leur bien-être et les aider à découvrir leurs talents. Nous devons créer des emplois décents et bien rémunérés. »
Interprétation :
La Russie a de manière étonnante sorti des millions de personnes de la pauvreté et réduit le chômage, mais les emplois tenus par ses citoyens ne les inspirent pas suffisamment pour réaliser leur potentiel, à la fois personnellement et économiquement. Toute la structure est cassée et doit être réformée.
Les retraités sont aussi pauvres qu’ils sont supposés l’être
Extrait :
« Nous nous efforcerons également de réduire l’écart entre le montant des pensions et les salaires des pré-retraités. »
Interprétation :
Les retraités vivent dans la pauvreté et luttent pour maintenir un niveau de vie respectable.
L’espérance de vie en Russie est encore en dessous de celui des pays du G7
Extrait :
« L’espérance de vie a augmenté de plus de sept ans et se monte actuellement à 73 ans. Mais bien sûr, ce n’est pas suffisant non plus. Aujourd’hui, nous devons nous fixer un tout nouvel objectif. D’ici la fin de la prochaine décennie, la Russie doit rejoindre avec confiance le club des pays affichant une espérance de vie de 80 ans et plus, qui comprend le Japon, la France et l’Allemagne. »
Interprétation :
Les Russes ne devraient pas se satisfaire de vivre maintenant plus longtemps que durant les chaotiques années 1990, alors que l’espérance de vie n’était que de 65 ans et que celle des hommes tombait en dessous de 60 ans, mais ils devraient aspirer à atteindre ou dépasser celle de leurs homologues du G7 s’ils veulent vraiment donner un avenir meilleur à la nouvelle génération.
Le logement est trop cher et le système est corrompu
Extrait :
« La rénovation urbaine devrait être soutenue par l’introduction de techniques et de matériaux de construction de pointe, de solutions architecturales modernes, de technologie numérique pour les services sociaux, les transports et les services publics. Entre autres choses, cela rendrait le secteur du logement plus transparent et plus efficace, de manière à ce que les gens bénéficient de services de qualité à un coût raisonnable. »
Interprétation :
Il n’est pas suffisant de construire de nouvelles et meilleures maisons pour les Russes, mais ce processus doit être plus « transparent » (un euphémisme pour « sans corruption ») et les gens ne doivent pas payer les « yeux de la tête » pour acheter une maison et utiliser les services publics. De plus, tout doit être efficace, ce qui n’est pas le cas en ce moment, sans quoi le président n’insisterait pas sur ce point.
Les bureaucrates locaux ignorent la volonté du peuple et doivent être tenus pour responsables par leurs électeurs
Extrait :
« Bien entendu, beaucoup dépendra des autorités municipales et locales, si elles seront réceptives aux idées nouvelles. La capacité de répondre aux divers besoins des différentes générations, y compris les familles avec enfants, les retraités et les personnes handicapées, sera également déterminante. La population doit avoir son mot à dire sur l’avenir de ses villes et villages. Nous en avons discuté à maintes reprises avec les dirigeants des municipalités. Aujourd’hui, je ne dis pas cela uniquement pour cocher la case. Je vous demande de le porter à l’attention des décideurs à tous les niveaux. »
Interprétation :
Le président Poutine sait qu’il n’est qu’un homme seul et que ses paroles ne peuvent pas faire grand chose dans un pays qui a hérité de l’époque communiste de millions de bureaucrates sans scrupules, dont beaucoup travaillent encore dans les structures de l’État et ont même enraciné leurs mentalités obsolètes et contreproductives dans la «culture de leur lieu de travail ». La Russie ne se développera pas et ne rattrapera pas l’Occident (et de plus en plus l’Asie) au rythme dont elle a un besoin urgent, à moins que la population ne prenne ces faits en considération en faisant plus que simplement voter. Ils doivent recourir à une pression « ascendante » lorsque cela est nécessaire.
Il n’y a pas assez de Russes propriétaires de leur propre maison
Extrait :
« Je comprends combien il est important pour chacun, pour chaque famille, d’avoir sa propre maison, son propre foyer. Je sais que c’est le problème des problèmes en Russie. Il perdure de décennie en décennie. Combien de fois les gouvernement ont promis et essayé, sincèrement essayé, de le résoudre. Mais nous pouvons et nous devons le faire maintenant (…) Je vois trois facteurs clé pour rendre le logement plus accessible. Le premier est l’augmentation des revenus des gens. J’en ai déjà parlé dans le passé et nous devons nous en assurer. Ensuite, une baisse des taux d’intérêt et, bien sûr, une augmentation de l’offre sur le marché du logement. »
Interprétation :
Les Russes, comme n’importe qui d’autre dans le monde, rêvent d’avoir leur propre foyer et de quitter leurs parents une fois qu’ils atteignent un certain âge ou se marient. C’est malheureusement très difficile à faire, surtout à Moscou et dans d’autres grandes villes en raison des coûts excessifs, de la rémunération inadéquate de leurs emplois, du dysfonctionnement du système financier et de la corruption endémique qui aggrave la situation.
Le système financier doit être réparé
Extrait :
« En décembre, le taux d’intérêt moyen en roubles est descendu pour la première fois en dessous de 10%. Nous savons bien sûr que les conditions de prêt sont individuelles et peuvent différer d’un emprunteur à l’autre. Mais nous devons continuer à réduire le taux d’intérêt à 7%-8%. Nous avons eu de longues discussions sur le chiffre que je devrais énoncer ici. Je suis sûr que le chiffre que nous devons viser devrait être 7%. Ces six prochaines années, les prêts hypothécaires doivent devenir accessibles à la majorité des familles russes, aux travailleurs et aux jeunes professionnels. »
Interprétation :
Les taux d’intérêt sont prohibitifs pour la majorité des Russes, ce qui les empêche de contracter des emprunts, ce qui a un impact négatif sur leurs habitudes de dépenses pour stimuler l’économie par le biais des achats de consommation et dans l’immobilier, par exemple. Le système financier doit donc être réparé afin de rendre les prêts plus accessibles à la population et stimuler une croissance économique stable dans le pays, car cela pourrait aider à résoudre certains des problèmes que la Russie connaît actuellement dans le logement et dans d’autres domaines.
L’impôt foncier est injuste et hors de prix
Extrait :
« Je propose aussi de réviser l’impôt foncier des particuliers. Il doit être juste et abordable. Certaines personnes, y compris celles qui sont dans cette salle, ont essayé de me convaincre que cet impôt devrait être basé sur la valeur de la propriété sur le marché. Ils m’ont dit que recourir à l’évaluation désuète du Bureau de l’inventaire technique est un anachronisme. Mais il s’est avéré en réalité que la valeur cadastrale, qui devrait être comparable à la valeur marchande, la dépassait souvent de loin. Ce n’était pas prévu dans l’accord. Et les gens ne s’attendaient pas à cela de nous. Nous devons revoir le mode de calcul de l’impôt ainsi que celui de la valeur cadastrale de la propriété. D’une manière ou d’une autre, elle ne doit pas dépasser la valeur réelle du marché. Toutes les décisions sur ce plan doivent être prises sans délai au cours du premier semestre de cette année. »
Interprétation :
Qu’il s’agisse de corruption, d’inertie bureaucratique inepte, d’inefficacité, d’incompréhension d’une loi bureaucratique complexe ou autre, l’impôt foncier que les citoyens doivent payer est évidemment excessif et ne correspond pas à la valeur marchande du bien. Cela a provoqué beaucoup de frustration parmi la population et de ressentiment envers les autorités, sapant la confiance du public dans l’État. Si la Russie veut développer et élargir son marché du logement en le rendant plus accessible à la personne moyenne, elle doit également améliorer également cette question.
Les conditions de circulation sur les routes locales sont « complètement inacceptables »
Extrait :
« Nous avons restructuré les routes fédérales. Maintenant, nous devons moderniser les routes régionales et locales. Je ne parlerai pas des chiffres ici, mais je les connais. C’est un fait que les routes fédérales ont été en grande partie rénovées. La situation est un peu moins bonne pour les routes régionales et elle est totalement inacceptable pour les routes locales. »
Interprétation :
La connectivité est l’un des mots à la mode du XXIe siècle et si la refonte des routes fédérales par la Russie lui permettra de relier plus efficacement l’Europe occidentale à l’Asie de l’Est, la situation des routes régionales et locales est encore problématique. Ces dernières laissent en effet beaucoup à désirer, ce que le président Poutine considère comme « totalement inacceptable » et qui doit être traité le plus rapidement possible.
Les liaisons aériennes intérieures doivent être améliorées
Extrait :
« Nous rénoverons et étendrons le réseau d’aéroports régionaux dans toute la Russie. Dans six ans, la moitié des régions seront reliées les unes aux autres par des vols directs. La situation où il fallait prendre une correspondance à Moscou lorsqu’on voulait se rendre dans une région voisine appartiendra au passé. Nous y travaillons déjà. »
Interprétation :
Aussi surprenant que cela puisse paraître, le président Poutine a raison : parfois les Russes doivent d’abord s’envoler vers Moscou pour se rendre dans une région voisine, ce qui peut sembler absurde mais reflète la réalité de la situation actuelle. Le gouvernement fait des progrès dans l’amélioration de cette situation, mais cela reste une situation très consommatrice de temps.
Le risque de stagnation des salaires publics
Extrait :
« Nous ne devons pas perdre les positions que nous avons déjà atteintes. Je me réfère au niveau des salaires. Les salaires du secteur public doivent continuer à augmenter, ainsi que la qualité du travail et les compétences des personnes travaillant dans la santé, l’enseignement et d’autres domaines qui définissent le bien-être de la population. »
Interprétation :
Le président Poutine craint que les salaires publics ne stagnent, entravant ainsi la croissance du pays en privant ses employés publics de l’incitation dont la plupart des gens ont besoin pour améliorer la qualité de leur travail et de leurs compétences. Bien que non déclarée, la solution consiste pour l’État à engager plus d’argent dans cette sphère.
Certains changements administratifs dans les hôpitaux ont été désastreux
Extrait :
« Ces dernières années, nous avons optimisé le réseau hospitalier du pays. Cela a été fait pour proposer un système de soins efficace. Cependant, dans certains cas, je dois le dire aujourd’hui, trop de changements administratifs ont été introduits : des hôpitaux dans de petites villes et villages ont été fermés. Personne n’a proposé une alternative, et les gens ont été abandonnés pratiquement sans aide médicale. Le seul conseil qu’on leur donnait était : ‘Allez en ville pour recevoir un traitement’. Je dois dire que c’est inacceptable. Ils ont oublié l’essentiel : les gens, leurs intérêts et leurs besoins, des chances égales et la justice. »
Interprétation :
Presque aussi incroyable que de devoir parfois parcourir la moitié du pays en passant par Moscou pour atteindre une région russe voisine est le fait que certaines petites villes et villages n’ont pas d’hôpital. Les habitants sont au contraire forcés de se rendre ailleurs pour recevoir des soins de santé, et les autorités locales se moquent soigneusement de leur sort. Comme l’a dit le président Poutine, « c’est inacceptable » et cela va de pair avec son appel à ce que les gens demandent des comptes aux bureaucrates au-delà de la saison électorale.
Les défis environnementaux persistent toujours
Extrait :
« Nous avons renforcé les exigences environnementales pour les entreprises, ce qui devrait réduire la pollution industrielle. À partir de 2019, 300 entreprises industrielles ayant un impact négatif sur l’environnement devront se convertir aux meilleures technologies respectueuses de l’environnement disponibles et toutes les entreprises à haut risque environnemental devront le faire à partir de 2021. Nous nous sommes attaqués de nombreuses fois à ce problème, et chaque fois nos entreprises se plaignaient des difficultés que cela entraînait. Maintenant, il n’y a plus de retour en arrière. Je veux que tout le monde sache que nous ne retarderons plus ce programme plus longtemps. »
Interprétation :
La pollution est un problème en Russie, et le gouvernement semble avoir déjà cédé à la pression des entreprises en retardant l’application de diverses exigences. Cela ne se produira plus, et le président Poutine a clairement fait savoir qu’il était sérieux quant à l’application de nouvelles normes et sur la garantie qu’elles soient respectées à temps. Cela pourrait même être un message oblique à « l’oligarchie » qui exerce une énorme influence dans ce domaine.
Tout le monde n’a pas un accès fiable à l’eau potable
Extrait :
« Nous devons sérieusement améliorer la qualité de l’eau potable. Dans certaines petites villes, l’eau n’est accessible que quelques heures par jour. Nous devons utiliser les technologies de l’industrie de la défense pour régler ces problèmes. »
Interprétation :
Cela pourrait choquer certaines personnes, mais le fait est qu’une partie (vraisemblablement petite) des Russes n’a pas un accès fiable à l’eau potable, un problème associé de manière caricaturale aux pays de « l’hémisphère Sud ».
La naturalisation doit être plus facile à obtenir
Extrait :
« Je propose également de créer les conditions les plus confortables et les plus attrayantes pour que les jeunes gens talentueux issus d’autres pays puissent aussi s’inscrire dans nos universités. Ils viennent déjà étudier ici. Mais nous devons également créer les conditions pour que les meilleurs diplômés étrangers de nos universités travaillent en Russie. Cela s’applique pleinement aux scientifiques et aux spécialistes qualifiés étrangers. Je pense que nous devons sérieusement améliorer la procédure d’octroi de la nationalité russe. L’accent devrait être mis sur les ressortissants étrangers dont la Russie a besoin : des jeunes, en bonne santé et instruits. Pour eux, nous devons créer un système simplifié pour obtenir la nationalité russe. »
Interprétation :
La Russie a l’une des politiques migratoires les plus strictes au monde, ce qui l’a malheureusement empêchée de tirer profit des énormes talents étrangers qui arrivent chaque année dans le pays pour apprendre. Une fois que ces étudiants obtiennent leur diplôme, ils quittent la Russie pour la plupart et n’ont jamais l’occasion de revenir à moins d’avoir un visa touristique, ce qui est dommage pour ceux qui aiment sincèrement notre pays et veulent s’y installer. L’une des raisons pour lesquelles l’Occident a si bien réussi par le passé est qu’il a été capable d’intégrer avec souplesse les experts étrangers en leur offrant la citoyenneté, ce que la Russie a finalement compris qu’elle devait aussi faire.
La productivité du travail est toujours à la traîne
Extrait :
« Tout d’abord, il est important d’augmenter la productivité de la main-d’œuvre sur une nouvelle base technologique, gestionnaire et personnelle. Nous accusons toujours un retard important par rapport à cet indicateur. Il est nécessaire de faire en sorte que la productivité du travail dans les moyennes et grandes entreprises des industries de base, telles que la fabrication, la construction, les transports, l’agriculture et le commerce, augmente d’au moins 5% par an, ce qui nous mettra niveau des principales économies mondiales d’ici la fin de la prochaine décennie. »
Interprétation :
La transition de la Russie de sa dépendance ancienne aux exportations d’énergie vers une économie du secteur réel plus durable a déjà fait des progrès phénoménaux, mais son développement complet prendra encore un certain temps. Il est absolument impératif que le pays améliore sa productivité pour devenir compétitif avec les principales économies du monde et qu’il le reste, sinon il continuera à être à la traîne et à saper la vision globale du président Poutine d’une réforme socio-économique à la Trump en Russie.
L’économie de la Russie post-soviétique est encore trop contrôlée par l’État
Extrait :
« L’État doit progressivement réduire sa part dans l’économie. À cet égard, il convient de noter que celui-ci a repris un certain nombre d’actifs financiers dans le but de relancer le secteur bancaire. Ces initiatives vont dans la bonne direction et ont mon soutien. Cela dit, ces actifs doivent être mis sur le marché et vendus sans délai. »
Interprétation :
La Russie doit ouvrir son économie à l’investissement privé et permettre aux hommes d’affaires d’exercer plus d’influence sur la dynamique globale du pays. L’État a déjà fourni un soutien au secteur financier, mais il est temps que le gouvernement abandonne son contrôle sur ces actifs et les vende sur le marché libre dès que possible. Pour faire simple, l’économie russe doit être libéralisée plus tôt que plus tard.
Les fonctionnaires et les policiers corrompus intimident le monde des affaires
Extrait :
« Nous devons nous débarrasser de tout ce qui permet aux fonctionnaires corrompus et aux forces de l’ordre de faire pression sur les entreprises. Le Code pénal ne devrait pas servir d’outil de règlement des différends corporatifs. Ceux-ci devraient être soumis aux tribunaux administratifs et d’arbitrage. »
Interprétation :
En aucun cas, les fonctionnaires corrompus et les flics ne devraient abuser de la loi, surtout quand cela freine le développement économique. Cela crée un terrible précédent et est complètement contraire à tout ce que défend le président Poutine. La Russie ne peut améliorer sa position internationale à moins que cela ne change.
Les normes juridiques à double standard doivent disparaître
Extrait :
« En même temps, le droit pénal devrait être strictement appliqué dans le cas d’infractions portant atteinte aux intérêts des citoyens ou de la société, ou violant les libertés économiques. Je veux parler des infractions contre les biens et avoirs détenus par les citoyens, des prises de contrôle illégales, des violations du droit de la concurrence, de l’évasion fiscale et du détournement de fonds publics. »
Interprétation :
La corruption ronge l’efficacité de la Russie et lui coûte également des sommes d’argent incalculables qui pourraient autrement être investies dans l’économie pour le bénéfice de tous. Personne ne devrait jamais être au-dessus de la loi, mais malheureusement, certaines personnes l’ont été depuis un bon moment maintenant et c’est un problème si répandu que le président Poutine a utilisé cette tribune nationale pour y remédier.
Le gouvernement pourrait faire « beaucoup plus »pour aider les entreprises
Extrait :
« Maintenant, je voudrais m’adresser à tous les représentants des entreprises russes, ceux qui dirigent leur propre petite entreprise, une entreprise familiale ou une ferme, une entreprise innovante ou une grande entreprise industrielle. Je sais, je sais que nous avons encore beaucoup à faire. »
Interprétation :
L’un des thèmes principaux du président Poutine dans son discours a été de souligner que le gouvernement a finalement entendu les plaintes des citoyens et répondra à leurs problèmes. Les insuffisances structurelles qui ont retenu la Russie depuis l’indépendance ne pourront pas persister.
Certains fonctionnaires du gouvernement sont peu concernés et inefficaces
Extrait :
« Les fonctionnaires de tous les niveaux devraient être intéressés à améliorer leur efficacité et à se concentrer uniquement sur l’obtention de résultats concrets (…). Cette ligne de pensée devrait être utilisée pour reconstruire le système de service public, le cas échéant, et pour introduire des méthodes de travail par projet. »
Interprétation :
Le président Poutine a déclaré avec audace ce qu’aucun autre officiel n’oserait dire en public. Une partie du service public doit être « reconstruite » parce qu’elle est irrémédiablement déficiente. À cette fin, comme l’a suggéré le dirigeant russe, les fonctionnaires doivent absolument être plus concernés et plus efficaces.
Réflexions finales
Tous les messages ci-dessus, extraits et interprétations, donnent un aperçu brut de la situation réelle en Russie aujourd’hui, qui est celle d’une grande puissance qui monte, mais qui a néanmoins été freinée par de nombreuses difficultés intérieures dont certaines sont systémiques. Mais le président russe reconnaît finalement ce qui doit changer de toute urgence pour rattraper ses concurrents et réussir. Aucun des points soulevés ne devrait être un moyen de dénigrer la Russie, et personne ne devrait les exagérer pour adapter un récit décontextualisé sur son niveau de développement socio-économique, institutionnel et infrastructurel. Cependant, ces « faits gênants » ne devraient pas non plus être exclus de toute analyse objective sur le pays et ses capacités, car leur absence empêche les gens de trouver les solutions appropriées pour les corriger.
La Russie a parcouru un long chemin depuis 1991, mais elle a encore du chemin à faire, comme l’a souligné le président Poutine, et c’est justement à cause de son « incorrection politique » pour faire ressortir les problèmes de son pays qu’il est le mieux placé pour les affronter. Son exemple frappant, en abordant sans crainte les problèmes de la Russie, devrait servir d’exemple parfait à tous ses amis internationaux qu’il est tout à fait acceptable de critiquer de manière constructive le pays tant que ses intentions sont d’identifier ce qui ne va pas pour le réparer. Surmonter les différentes imperfections afin de faire avancer un récit hostile est inacceptable et manipulateur, mais si les médias alternatifs aspirent sincèrement à refléter exactement le véritable état des choses en Russie aujourd’hui, alors ils doivent inévitablement aborder ce sujet de façon mesurée et respectueuse.
Andrew Korybkoest le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographieGuerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime (2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.
Liens
Une tragique actualité montre bien le travail à accomplir
Note du Saker Francophone
Décidément cet auteur est surprenant de sagesse et de recul. Même s'il a des accents libéraux dans son analyse sans soulever les dangers de prise de contrôle du pays par le fait économique, au détour d'une libéralisation économique mal maîtrisée, il est évident que la Russie a de la marge. Ce n'est pas non plus un facteur limitant car la mise aux normes d'un pays ayant un certain retard peut être une belle occasion de faire un saut qualitatif. C'est l'Allemagne que l'on sent baver devant le gâteau, mais pour l'instant le maitre atlantiste a dit « Au pied ».