"Il n'existe rien de constant si ce n'est le changement" BOUDDHA; Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots." MARTIN LUTHER-KING; "Veux-tu apprendre à bien vivre, apprends auparavant à bien mourir." CONFUCIUS ; « Nous savons qu’ils mentent, ils savent aussi qu’ils mentent, ils savent que nous savons qu’ils mentent, nous savons aussi qu’ils savent que nous savons, et pourtant ils continuent à mentir ». SOLJENITSYNE
samedi 31 mai 2025
vendredi 30 mai 2025
LA FABRIQUE DE LA GUERRE par le capitalisme militarisé - Claude Serfati
▶ Claude SERFATI a été enseignant-chercheur en sciences économiques à l’université de Saint-Quentin-en-Yvelines. Il est membre du conseil scientifique d’ATTAC-France. Ses travaux portent en particulier sur les interactions entre l’économie et le militaire dans le monde, en Europe et en France. Il est l'auteur de "L'État radicalisé" et "Un monde en guerres" aux éditions La Fabrique. Dans cette interview par Olivier Berruyer pour Élucid, Claude Serfati revient sur les dynamiques de la mondialisation armée et la radicalisation de l’État français à l'heure ou les tensions internationales et nationales explosent. Il décrypte les ressorts du capitalisme militarisé et de l’imbrication croissante entre intérêts économiques et impérialismes concurrents. Un échange essentiel pour comprendre comment le capitalisme contemporain, loin de pacifier le monde, engendre au contraire un enchevêtrement de crises de plus en plus graves.
« VOUS JOUEZ AVEC LE DESTIN DE L’EUROPE ! » – ZAKHAROVA TACLE BERLIN
Suite à la déclaration du chancelier allemand Friedrich Merz autorisant l’Ukraine à utiliser les armes occidentales – y compris les missiles Taurus – pour frapper directement des cibles en territoire russe, Maria Zakharova a répondu avec une sévérité glaçante. « Je ne sais pas ce qu’ils expérimentent entre eux là-bas, mais il faut quand même leur dire une chose : soyez plus sérieux, camarades, vous jouez au minimum avec le destin de l’Europe. Ce genre de propos ne peut reposer sur une opinion personnelle biaisée ou une ambition individuelle. »
Des documents exposent l’influence israélienne au Royaume-Uni pour que les manifestants anti-génocide soient accusés de terrorisme
Source : https://lesakerfrancophone.fr/des-documents-exposent-linfluence-israelienne-au-royaume-uni-pour-que-les-manifestants-anti-genocide-soient-accuses-de-terrorisme
Par Kit Klarenberg – 27 mai 2025 – The Grayzone
Des documents publiés par le gouvernement britannique révèlent que Londres s’est coordonné avec des responsables israéliens pour poursuivre les manifestants associés au groupe activiste Palestine Action pour avoir perturbé les opérations d’Elbit Systems, qui fabrique des armes mortelles utilisées dans le génocide à Gaza.
Les documents mettent en évidence une campagne d’influence israélienne longue de plusieurs années et suggèrent que l’ingérence de Tel Aviv a incité Londres à abandonner des normes juridiques bien établies afin d’inculper des militants anti-génocide en vertu de dispositions antiterroristes hautement politisées.
Un document particulièrement révélateur montre que le Bureau du procureur général britannique fournit à ses homologues israéliens des conseils sur la manière d’éviter un mandat d’arrêt pour crimes de guerre, les rassurant sur le fait que le Crown Prosecutorial Service (CPS) “a renforcé les garanties procédurales autour de la délivrance de mandats d’arrêt privés ces dernières années.”
Les Israéliens sont sur le qui-vive depuis que l’ancienne ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni a été forcée d’annuler un voyage à Londres, en 2009, après qu’un tribunal britannique a émis un mandat d’arrêt pour son implication dans l’assaut sanglant contre Gaza cette année-là. Des fichiers divulgués du ministère israélien de la Justice ont révélé comment Tel Aviv a par la suite lancé une campagne de lobbying intensive – et finalement couronnée de succès – pour garantir à ses fonctionnaires des certificats de “mission spéciale” qui leur permettaient de se rendre à Londres sans craindre d’être arrêtés. Comme l’a rapporté Declassified UK, le gouvernement britannique a accordé à Israël trois certificats de mission spéciale depuis le génocide à Gaza.
Un autre dossier surprenant publié par le gouvernement britannique a révélé que Nicola Smith, responsable du droit international au Bureau du Procureur général britannique, avait partagé les “coordonnées” des procureurs britanniques et des enquêteurs antiterroristes avec l’ambassadeur adjoint d’Israël à Londres.
Le courriel a été envoyé à l’envoyée adjointe d’Israël, Daniela Grudsky Ekstein, avec pour objet “De Nicola Smith aux Israéliens, les coordonnées de CPS/SO15”, indiquant que le gouvernement britannique avait référé Tel Aviv directement au CPS, ou Crown Prosecutorial Service, ainsi qu’à SO15, l’escouade antiterroriste de Londres, pour faire avancer les poursuites contre les militants affiliés à Palestine Action.
Le courriel de Smith, envoyé le 9 septembre 2024, est arrivé moins de deux semaines après qu’Ekstein et Smith aient tenu une réunion en personne le 29 août 2024, à l’ambassade d’Israël notoirement infestée d’espions à Londres. Le message est familièrement adressé de “Nicky » à « Daniela« , suggérant des relations chaleureuses entre les deux.
Plus tôt ce mois-là, 10 militants de Palestine Action avaient été emprisonnés après avoir attaqué une usine Elbit à Filton, dans le sud-ouest de l’Angleterre. Ils y ont détruit des quadricoptères israéliens construits sur le terrain. Ces petits drones sont régulièrement utilisés pour mutiler et assassiner des civils palestiniens dans la bande de Gaza assiégée.
Les militants qui ont manifesté contre Elbit sont actuellement détenus en vertu de la loi sur la “lutte contre le terrorisme”, bien qu’ils fassent face à des accusations non liées au terrorisme mais plutôt à des dommages criminels, ce qui a incité les rapporteurs de l’ONU à publier une déclaration condamnant leur détention. Le CPS a répondu qu’il soutiendrait que leurs infractions avaient un « lien terroriste » afin de maximiser leurs peines.
Les dossiers publiés par le gouvernement britannique suggèrent que le gouvernement israélien a poussé à l’incarcération et à la poursuite des manifestants de Palestine Action, connus à l’époque sous le nom de “Filton 10« .”
Le rendez-vous d’août 2024 n’était pas la première interaction en face à face entre Smith, le conseiller en droit international du procureur général, et l’ambassadeur adjoint d’Israël, Ekstein. Un mois auparavant, les deux hommes s’étaient rencontrés aux côtés du Conseiller aux Affaires politiques de l’Ambassade d’Israël, Yosef Zilberman, et du procureur général au Royaume-Uni, Douglas Wilson. Les réunions consécutives montrent une coordination fréquente entre les ambassades britannique et israélienne – une notion renforcée par des courriels déclassifiés examinés par The Grayzone à partir de mai 2022 montrant que des responsables de l’ambassade israélienne à Londres ont secrètement rencontré des représentants du procureur général, y compris Wilson.
Bien que les comptes rendus du sommet soient expurgés, il semble que Tel Aviv essayait de s’immiscer dans les affaires en cours contre les manifestants de solidarité avec la Palestine. Dans un courriel ultérieur adressé aux apparatchiks de l’ambassade israélienne, Wilson a signé : “Je sais par expérience qu’il existe des contacts directs bien établis entre [nos] équipes juridiques, à la fois entre les capitales et via nos missions à New York.”
Trois mois après que les responsables du ministère de la justice aient fourni à l’ambassade israélienne les coordonnées des officiers enquêtant sur les militants à l’origine du raid de l’installation de Filton, dix autres manifestants de Palestine Action impliqués dans l’action ont été arrêtés. Huit ont ensuite été inculpés et placés en détention provisoire en vertu des mêmes lois antiterroristes que les dix précédents, et le groupe est maintenant appelé le “Filton 18« . Si Israël était de quelque manière que ce soit responsable de cette décision, cela représenterait une violation flagrante du code de base du ministère de la justice dans ce qui semble être un scandale majeur d’ingérence étrangère.
Comme le stipule explicitement le Principe général 2.1 du Service, “les procureurs britanniques doivent être libres d’exercer leurs fonctions professionnelles sans ingérence politique et ne doivent pas être affectés par des pressions ou influences indues, de quelque source que ce soit.”
La cofondatrice de Palestine Action, Huda Amori, a insisté sur le fait que Tel Aviv influence les poursuites britanniques contre les manifestants anti-génocide. « Il existe des preuves claires montrant une ingérence politique et étrangère continue dans les affaires de Palestine Action », a déclaré Amori à The Grayzone, et que « les poursuites en cours contre les journalistes et les militants qui osent défendre la Palestine sont motivées politiquement et se font sous l’influence de l’ambassade israélienne.”
« Toute violation de l’indépendance du pouvoir judiciaire est un abus de procédure dans le cadre de l’État de droit”, a-t-elle poursuivi. « Par conséquent, les poursuites doivent être arrêtées et les prisonniers libérés.”
Une ancienne collusion secrète
Les courriels obtenus par The Grayzone montrent que la collusion entre les forces de l’ordre britanniques, Elbit Systems et l’ambassade d’Israël à Londres se poursuit depuis plusieurs années. Le 2 mars 2022, la ministre de l’Intérieur de l’époque, Priti Patel, rencontrait le PDG britannique d’Elbit, Martin Fausset. L’objectif explicite de la réunion était de rassurer le marchand de mort international « que les actes criminels de protestation contre Elbit Systems UK sont pris au sérieux » par les autorités de Londres.
Une note d’information pour Patel décrivait les « points clés à soulever » avec Fausset. « L’activité criminelle de Palestine Action est du ressort de la police d’enquêter », indiquait une note. Mais alors que les forces de l’ordre locales étaient ostensiblement “opérationnellement indépendantes du gouvernement”, le document révélait que des responsables du ministère de l’Intérieur avaient “été en contact avec la police à propos de Palestine Action.”
Le dossier déclassifié est fortement expurgé, bien qu’un segment non expurgé sur les “lignes à prendre” pendant le sommet secret ait demandé à Patel de “remercier Martin pour le travail qu’Elbit fait en soutien aux Forces armées britanniques. » Un courriel interne ultérieur discutant de la réunion a ensuite été envoyé à divers hauts responsables de la “lutte contre le terrorisme” du Ministère de l’Intérieur, dont Michael Stewart, alors chef du tristement célèbre programme PREVENT de Grande-Bretagne.
Le courriel résumait la réunion et « les prochaines étapes immédiates en priorité ». Fausset a été cité se plaignant que “les manifestations qu’Elbit subissait par Palestine Action devenaient de plus en plus sévères”, avec des manifestants “bien organisés, financés et formés” et “un effort important en ligne pour mobiliser et former ». Patel aurait été « profondément préoccupée par tout ce qu’elle entendait” et aurait proposé que diverses mesures soient prises en réponse.
Parce que les documents sont fortement expurgés, on ne sait pas ce qui s’est passé lors de la réunion entre Patel et Fausset. Avant leur discussion, pas un seul membre de Palestine Action n’avait été condamné pour avoir ciblé Elbit Systems. À peine un mois plus tard, cependant, l’État britannique a pris la décision inhabituelle de faire appel de l’acquittement de quatre militants qui avaient renversé une statue du marchand d’esclaves, Edward Colston, à Bristol en juin 2020. Les auteurs sont ressortis libres après avoir plaidé la défense des droits de l’homme, plaidoirie qui avait été employée par les manifestants de Palestine Action pour contrer des accusations de dommages criminels à des occasions précédentes.
Cependant, dans l’affaire Colston, le tribunal a statué que la défense des droits de l’homme ne pouvait être invoquées qu’en cas de vandalisme de biens publics, et non dans les cas où des dommages criminels ont été causés à des biens privés. Parce qu’Elbit est une entreprise privée, le Bureau du procureur général a utilisé cet argument pour augmenter considérablement les poursuites contre les militants de Palestine Action.
Les accusations de « terrorisme » se poursuivent malgré l’absence de charges
The Grayzone a examiné un courriel déclassifié du 1er février 2023 envoyé par une source, vraisemblablement interne au gouvernement britannique, au directeur du Bureau du procureur général, Douglas Wilson, décrivant une réunion six jours plus tôt entre son bureau et plusieurs diplomates israéliens. “La réunion était organisée à la demande de l’Ambassade et portait sur une variété de sujets”, en premier lieu une “déclaration conjointe” entre les ministères de la Justice respectifs de Londres et de Tel Aviv. Il a été présenté par l’Ambassadeur adjoint d’Israël en Grande-Bretagne, Oren Marmorstein, aujourd’hui chef de la division des affaires publiques et des médias de l’entité sioniste.
La déclaration « visait une coopération bilatérale plus étroite entre les deux ministères dans les domaines de responsabilité mutuelle” – “à savoir la législation et la réforme juridique, le droit civil et pénal et l’éducation juridique. » Comme cela ne relevait pas de la compétence du procureur général, Wilson “s’est engagé à engager les responsables concernés du ministère de la Justice sur ce sujet pour qu’ils s’engagent avec l’Ambassade [israélienne].« Cela faisait suite à un courriel adressé aux diplomates basés à Londres de Tel Aviv dans lequel des responsables de la Justice britannique promettaient qu’ils seraient “en contact avec vous sous peu.”
“La procureure générale serait ravie de rencontrer son homologue israélien si vous avez des suggestions de dates appropriées pour une réunion à Londres”, ajoutait joyeusement le courriel.
L’interprétation selon laquelle Tel Aviv influence les lois britanniques au détriment des militants de la solidarité avec la Palestine est renforcée par de nombreuses sections de la Loi sur la sécurité nationale de Londres, entrée en vigueur en décembre 2023. Ces passages donnent toutes les apparences d’être construits sur mesure pour neutraliser légalement la campagne de démolition de Palestine Action contre Elbit Systems.
Priti Patel avait présenté cette législation en sa qualité de ministre de l’Intérieur. Elle a été réintégrée au gouvernement en 2019 après avoir été forcée de démissionner d’un poste précédent, en novembre 2017, pour avoir tenu 12 réunions secrètes avec des responsables israéliens sans autorisation officielle ni notification.
Le 19 avril 2023, le ministre britannique de la Police de l’époque, Chris Philp, a rencontré des représentants du Bureau du procureur général, du Ministère de l’Intérieur, de plusieurs forces et organes de police, d’Elbit Systems et du fournisseur d’armes français de la société Thales, pour discuter de “la criminalité de Palestine Action.” Selon une lecture interne « le ministre Philp a ouvert la réunion [en] soulignant que le gouvernement britannique voulait s’assurer que les entreprises basées au Royaume-Uni puissent poursuivre leurs activités légales.” Un représentant d’Elbit « a donné un aperçu des attaques de Palestine Action sur Elbit au départ et maintenant sur leur chaîne d’approvisionnement. » En raison de manque de comptes rendus écrits, on ne sait pas quelles décisions, le cas échéant, ont été prises concernant les poursuites contre les militants.
Mais si la réunion précédente entre Elbit et le ministre de l’Intérieur de l’époque, Patel, était une indication, l’acquittement puis la condamnation des membres de Palestine Action fut probablement un sujet clé pour les participants. Au cours de leur discussion de mars 2022, le gouvernement britannique avait ouvertement reconnu que Palestine Action “n’atteint pas le seuil d’interdiction” en tant que groupe terroriste en vertu de la loi britannique, “car ils ne commettent pas, ne participent pas, ne se préparent pas, ne promeuvent pas, n’encouragent pas ou ne sont pas autrement concernés par des actes de terrorisme.”
L’invocation récente des pouvoirs antiterroristes pour emprisonner les manifestants de Palestine Action peut indiquer que le gouvernement britannique a identifié un artifice juridique qui permet aux autorités de traiter le groupe comme une entité terroriste, malgré son absence d’interdiction formelle. La période de détention provisoire de Filton 18 s’étend sur 182 jours, bien au-delà des limites habituelles pour les crimes non liés au terrorisme. Leurs contacts avec le monde extérieur sont également sévèrement restreints, encore une fois contrairement à la jurisprudence britannique standard.
Ce 1er mai, les procureurs britanniques ont inexplicablement annoncé que des « liens avec le terrorisme » seraient également pris en compte dans le procès de 10 manifestants de Palestine Action qui ont attaqué le fournisseur d’Elbit, Instro Precision, en juin 2024. Encore une fois, les accusations – cambriolage aggravé, dommages criminels et troubles violents – ne relevent même pas de la définition la plus large du terrorisme. De telles considérations, déclare la SCP, ne seront explorées qu’au moment de la détermination de la peine.
La documentation examinée par The Grayzone implique fortement que ces violations sans précédent des normes juridiques établies de longue date résultent directement d’une vaste campagne d’influence et d’ingérence israéliennes.
La mère d’une militante de Filton 18, emprisonnée mais non encore condamnée, a déclaré à The Grayzone que les révélations des responsables du Bureau du procureur général impliquant des responsables israéliens dans la poursuite de sa fille Zoe, âgée de 21 ans, la faisaient “se sentir physiquement malade. » Zoé est maintenant en prison depuis huit mois sans procès. Cela aura duré 15 mois au moment où son procès commencera en novembre.
« Zoe a pris des mesures directes contre Elbit Systems parce qu’elle ne supportait pas de voir son pays complice d’un génocide”, a déclaré la mère de la militante emprisonnée. « Elle a vu le Royaume-Uni commettre des crimes de guerre en armant Israël, alors elle a pris des mesures pour faire respecter le droit international. Maintenant, nous savons que c’est cette même alliance impie entre Israël et le Royaume-Uni qui a conspiré pour utiliser les pouvoirs antiterroristes du Royaume-Uni contre Zoe et les Filton 18.”
Kit Klarenberg
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
L’Allemagne trahit encore : cap sur une nouvelle guerre ? (doublage français)
Le ministre allemand de la Défense a annoncé que le pays allait non seulement se remilitariser, mais aussi mettre jusqu'à 460 000 soldats sous les armes. Le problème ? Un traité international de 1990 promettait que l'armée allemande ne dépasserait pas 370 000 hommes. Cela, ajouté aux promesses non tenues de ne pas stationner d'armes nucléaires dans l'Allemagne réunifiée, constitue une rupture majeure de l'accord négocié pour mettre fin à la division allemande et, avec elle, à la guerre froide.
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Originally Published on: 2025-05-25
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Disclaimer: Read by A.I. Voices. Auto-translated.
MISÉRICORDE ! 30.5.2025 — Le briefing avec Slobodan Despot
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Piotr Tolstoï : je n'ai rien à dire à l'agité-poudré du bocal, mais peut-être bien à Brigitte
PIOTR TOLSTOI : JE NE DISCUTERAI PAS AVEC MACRON (INTERVIEW CHOC) "Un homme d'État est celui qui pense aux générations futures, et un homme politique est celui qui pense aux prochaines élections." Abraham Lincoln "En politique, on succède à des imbéciles et on est remplacé par des incapables". Georges Clemenceau "La bonne politique est de faire croire aux peuples qu'ils sont libres." Napoléon Bonaparte
jeudi 29 mai 2025
Qu’est-ce que le missile Orechnik ? (rappel)
Source : https://www.lejdd.fr/international/quest-ce-que-le-missile-orechnik-152267
L’ANTISÈCHE. Le 21 novembre 2024, la Russie a utilisé en Ukraine un nouveau missile nommé Orechnik. Une arme terrifiante pour un tir au retentissement historique. Chaque jour, le JDD éclaire une question en apparence simple pour mieux comprendre les enjeux de l’actualité.

Orechnik, le « noisetier » en russe… Tel est le nom du nouveau missile à capacité nucléaire dévoilé par la Russie, utilisé pour la première fois le 21 novembre en Ukraine. Une arme terrifiante, dont l’emploi marque un tournant dans l’histoire militaire : jamais un tel engin n’avait été testé en conditions réelles.
Un missile à capacité nucléaire
Orechnik est un missile à portée intermédiaire, capable de frapper des cibles à une distance de 5 000 kilomètres. Sa particularité ? Il peut être équipé de six ogives nucléaires, chacune dotée de sous-munitions. Tiré dans sa version conventionnelle lors de son premier déploiement, le missile a atteint une vitesse de Mach 10 (environ 12 350 km/h). Une performance qui en fait une arme redoutable, conçue pour semer la terreur tout en défiant les systèmes de défense modernes.
Le missile a parcouru 1000 kilomètres avant de pulvériser l’usine de satellite Pivdenmach
La première frappe d’Orechnik s’est déroulée dans la nuit du 21 novembre. Lancé depuis la région russe d’Astrakhan, le missile a parcouru 1 000 kilomètres en seulement 15 minutes avant de pulvériser l’usine de satellites Pivdenmach, située à Dnipro, au cœur de l’Ukraine. Si cette frappe spectaculaire, filmée par des habitants, n’a causé aucune victime, son impact psychologique est immense. Le Kremlin a expliqué qu’il s’agissait d’un « avertissement à l’Occident », témoignant de la puissance de ses nouvelles capacités militaires.
Poutine et la production de masse
Le 28 novembre, Vladimir Poutine a salué l’efficacité d’Orechnik, tout en laissant entendre qu’il pourrait être utilisé à nouveau. « Nos usines produisent désormais ces missiles en série », a-t-il annoncé, en insistant sur l’incapacité des systèmes de défense actuels, notamment américains, à intercepter cette arme. « Les systèmes de défense antimissile en Europe et dans le monde ne peuvent rien contre Orechnik. »
Un missile impossible à intercepter ?
Les affirmations de Poutine semblent fondées : le système américain THAAD, réputé pour être l’un des plus performants au monde, ne pourrait vraisemblablement pas intercepter Orechnik. Ses missiles intercepteurs, volant à une vitesse de Mach 8.2 (environ 10 000 km/h), sont tout simplement dépassés par la rapidité et la manœuvrabilité de cette nouvelle arme russe.
Concernant la France, Orechnik mettrait environ 15 minutes pour arriver à Paris
Orechnik redéfinit également les perceptions du temps de réaction. Depuis le site de Kapustin Yar, un tir vers l’Europe centrale serait fulgurant : 12 minutes pour Berlin, 13 pour Rome et seulement 15 pour Paris. Une menace qui place la Russie à l’avant-garde d’une nouvelle génération d’armement stratégique.
Le Führer et l’Article 5
Source : https://www.dedefensa.org/article/le-fuehrer-et-larticle-5
• Terrible perspective, n’est-il pas ? • L’Allemagne tirant quelques missiles sur la Russie et recevant par retour de courrier une riposte salée, si possible avec le très-précis et horriblement destructeur ‘Orechnik’ qui réduirait en poussière, de nuit pour éviter les travailleurs, une usine fabriquant ces mêmes missiles. • Que se passerait-il ensuite ? Une guerre en Europe ? Non, dit Alastair Crooke. • Nous dirions plutôt : le désordre et la totale désunion, – – de l'Europe bien entendu. • L’Europe aurait au moins senti « le souffle brûlant et terrible de la guerre ».
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Depuis son entrée officielle en fonction, le chancelier Friedrich Merz
fait feu des quatre fers. Il ne cache pas ses intentions d’attaquer la
Russie pour qu’enfin la Vérité apparaisse dans toute sa nudité, et que
Zelenski puisse se promener sur la Place Rouge. Son zèle enthousiaste
inquiète même un tantinet ses propres voisins et alliés et, dans
l’esprit de la chose, certains Français retrouvent des souvenirs qu’ils
croyaient enfuis à jamais grâce aux vertus pacificatrices de l’UE telle
qu’on en parlait dans les années 1950-1990.
La fièvre du chancelier tourne notamment autour du missile ‘Taurus’, censé terroriser et pulvériser la Russie selon les plans de Merz. Le chancelier parle de ces plans comme ils feraient d’un acte d’une audace complètement inattendue et imprévue, même si l’on parle de ce missile pour l’Ukraine depuis bien plus d’un an. Quant à ses capacités qui sont ce qu’on sait, – assez bonnes, sans plus, et de toutes les façons insuffisantes et une bonne proie pour les S-400, – Merz en parle comme Hitler parlait de ses “armes secrètes” en 1944-1945, pour redresser brutalement à son avantage le cours de la guerre.
Mais laissons l’emphase de côté. Venu de Blackrock, Merz est un Führer à la petite semaine et au gros salaire. L’élément singulier est qu’il a l’air de s’y croire. Les Russes, quant à eux, ne veulent rien laisser au hasard, et ils examinent froidement la situation. L’“unanimité russe”, devrait-on dire, qui pour suivre le parcours de Merz et envisager le cours de cette guerre, estime il faut la conduire jusqu’à son terme victorieux disent-ils, – y compris les libéraux occidentalistes, désormais patriotes exacerbés. (On laisse pour l’instant de côté les zig-zags de Trump, autre numéro de cirque.)
Voyez ce que dit Crooke, suite à son très récent séjour à Saint-Petersbourg, – des paroles venues d’un entretien avec “Judge Napolitano”, telles que reprises en partie par Mark Wauck sur ‘Meaning in History’ du 27 mai :
« Crooke commence par décrire l'atmosphère qu'il a ressentie lors de son récent séjour à Saint-Pétersbourg, la fenêtre libérale de la Russie sur l'Occident. Selon Crooke, l'atmosphère a radicalement changé depuis seulement un an. Les Russes libéraux sont désormais aussi en colère contre l'Occident que les Russes plus nationalistes. Ils sont profondément offensés par la diabolisation occidentale de la Russie, des Russes et de leur culture, qualifiée de barbare. La multiplication des sanctions et les mensonges constants sur la prétendue barbarie des Russes ont eu un effet cumulatif sur la psychologie russe... »
C’est un facteur important et, contrairement aux vitupérations de Merz et aux zig-zags de Trump, un facteur très sérieux. Peu après avoir repris ces considérations de Crooke, Wauck remarque : « Et Poutine est bien conscient de tout cela ». Cela signifie que les Russes, leur président en premier, envisagent bel et bien une attaque, – ou disons “une frappe”, – d’origine allemande sur le territoire de la Sainte Russie, – qui serait nécessairement suivie d’une “brutale” riposte russe sur le territoire allemand. La chose est clairement dite par un expert russe que nous connaissons depuis longtemps, lui aussi à l’origine bien connu comme libéral et occidentaliste, – Dimitri Trenine :
« La Russie a clairement indiqué qu'une frappe sur notre territoire avec des armes à longue portée, que le chancelier allemand Friedrich Merz a autorisées à utiliser sans restriction par les forces armées, impliquerait Berlin dans le conflit et légitimerait les cibles allemandes pour des attaques de représailles de l'armée russe. Dimitri Trenine, directeur de l'Institut d'économie et de stratégie militaires mondiales de l'École supérieure d'économie et membre du FNI, s'est dit confiant lors de l'émission de Tsargrad. L'essentiel est que le Kremlin ne bluffe pas : la réaction en cas d'agression sera brutale. »
Coucou, le revoilà, l’Article 5 !
Aussitôt qu’une telle hypothèse, latente depuis trois ans, acquiert un certain crédit, sinon une réelle crédibilité, surgit la question : une guerre avec l’Allemagne ou une guerre avec l’Europe et l’OTAN ? Et pour ceux qui sont bien informés et qui peuvent jouer aux spécialistes bien informés, l’argument de l’Article 5 s’impose puisqu’il implique, dit-on encore de-ci de-là, l’engagement automatique des pays de l’OTAN au secours d’un des membres de l’Organisation. Trenine le balaie en quelques phrases.
« Une telle riposte contre l'Europe ne mènera pas à une guerre avec l'OTAN dans son ensemble. Selon l'expert, les États-Unis l'accepteront. Ainsi, la vérité sur l'article 5 de la charte de l'Alliance atlantique, qui présuppose une assistance mutuelle en cas d'attaque contre l'un des pays du bloc, a été révélée, et [Trenine] a souligné que cet article est fortement mythifié.
» Cette disposition de la charte n'implique pas l'entrée en guerre automatique des autres membres de l'alliance, du moins des États-Unis. Elle prévoit des consultations et l'application de certaines mesures sur lesquelles les membres de l'OTAN se mettront d'accord ultérieurement. »
Lumières sur un mythe éclatant
Que n’a-t-on cité l’Article 5 ! C’est, pour un ensemble de pays qui forment la matrice de la civilisation, la seule poutre légaliste à laquelle ils s’accrochent pour se lancer dans les aventures les plus absurdes en croyant assuré le soutien de leurs coreligionnaires. En quelque sorte, on dirait que l’Article 5 est ce qui donne à leur comportement de pirates et d’agresseurs un vernis de respectabilité sous le couvert d’une garantie légale.
Mais tout cela n’est qu’un bla-bla sans consistance, bien que la communicationSystème y revienne à chaque occasion comme s’il y avait du vrai là-dedans : que l’un d’entre eux se lance dans une aventure et tous les autres, membres de l’OTAN ou d’un état d’esprit de cette sorte, se conformeront à l’obligation légale d’être à ses côtés sans plus s’interroger. Tout cela, grâce à l’Article 5 !
C’est une singulière aventure que celle de l’Article 5 à défaut que cet Article 5 puisse garantir les aventures diverses des membres divers. La question a commencé à se poser très sérieusement, pour notre période de temps, il y a près de 16 ans, lors de la guerre entre la Russie et la Géorgie. On parla à cette époque, pour bloquer les tentatives de certains pour bidouiller une intervention antirusse lors de cette guerre, – de “réinterprétation” de l’Article 5. Cette “réinterprétation” consistait à démentir ceux qui affirmaient que l’Article 5 obligeait à un engagement militaire complet auprès d’un pays de l’Alliance qui se trouvait engagé dans des hostilités (l’affaire géorgienne ayant amené certains pays européens de l’OTAN à envisager eux-mêmes, en pure théorie d’ailleurs et sur la pointe des pieds, une intervention qui devait, dans leur “interprétation” de l’Article 5, entraîner les autres).
dedefensa.org intervint, à cette époque également, à plusieurs reprises à propos de cet Article 5, voulant notamment montrer la désorganisation complète que créait les diverses “interprétations”, notamment le 20 août 2008 et le 19 septembre 2008. Dans ce dernier texte, nous montrions notamment que l’“ambiguïté” dont tout le monde parlait (et continue à parler) à propos de l’Article 5, – au contraire extrêmement clair comme on le constate dans l’extrait ci-dessous, – se trouvait chez ceux qui en parlaient pour se couvrir ou se donner de bons arguments de solidarité, bien plus que dans l’article lui-même. Cette clarté de non-engagement automatique avait été voulue par le Sénat US en 1949, lors de la rédaction et la ratification du traité, pour éviter un automatisme visant à lier nécessairement les USA à une guerre européenne ; c’était une des dernières cartouches des isolationnistes.
C’est nous-mêmes qui soulignions de gras l’expression essentielle de l’article, suivi de la remarque que « l'emploi de la force armée » y est mentionnée comme une mesure extrême éventuelle (“y compris”) et nullement comme la mensure centrale envisagée. Enfin, l’Article 5 précisait que n’est concernée par sa recommandation que « la région de l'Atlantique Nord ».
« En fait de “réinterprétation”, il s’agit simplement d’une interprétation évidente de l’Article 5, dont on sait qu’il ne fait aucune obligation de la forme d’aide à apporter dans ce cas puisqu’il laisse à chaque membre le soin d’apprécier quelle aide il voudra apporter. Jusqu’alors, “jusqu’à il y a un an ou deux”, on se contentait d’accepter l’ambiguïté qui se faisait croire à soi-même que l’Article 5 était contraignant. Il est caractéristique de cette ambiguïté que Shanker [journaliste du NYT], en expliquant rapidement ce qu'est l'Article 5, laisse entendre que l'intitulé de cet article rend compte effectivement d'une ambiguïté. Mais non, l'ambiguïté n'est pas dans l'énoncé du texte, il est dans l'attitude officielle qu'on a entretenue vis-à-vis de lui; l'attitude est (était?) ambiguë, pas le texte...
Pour rappel, toujours, ce fameux article, avec notre propre souligné en gras: “Les parties conviennent qu'une attaque armée contre l'une ou plusieurs d'entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d'elles, dans l'exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l'article 51 de la Charte des Nations Unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d'accord avec les autres parties, telle action qu'elle jugera nécessaire, y compris l'emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l'Atlantique Nord”. »
Perspectives du désordre européen
Ces précisions sur l’Article 5 sont données pour montrer l’imbroglio juridique et psychologique dans lequel seraient plongés l’OTAN et les pays européens en cas de riposte russe sur le territoire allemand. Il est intéressant de noter une autre remarque d’Alastair Crooke sur cette question d’un conflit touchant directement l’Europe otanienne
« Je ne pense pas que cela mènera à une guerre plus vaste en Europe, car les Européens n'en sont pas capables. … Mais leur objectif est de pousser Trump à une escalade croissante contre la Russie. Ils veulent ainsi affaiblir Trump et son programme, car ils le détestent, et ensuite, ils craignent les conséquences de son programme économique. Ce programme économique peut détruire l'Europe, et ils le comprennent, donc ils ne veulent pas que cela arrive. »
L’affirmation sur la possibilité, assez négative selon Crooke, d’une guerre en Europe est très fondée. Dès que les Occidentaux commenceront à comprendre en réalité et de visu les capacités russes, l’on assistera nécessairement à des divergences diverses, des échappatoires, des faux-fuyants et autres dérobades-cabrioles des uns et des autres. En effet, bien plus que l’extension d’une guerre dont on aura senti le souffle brûlant et terrible, il est plutôt concevable qu’on assistera à un éclatement des pseudo-solidarités, selon les intérêts des uns et des autres, avec des remous intérieurs pouvant prendre des proportions révolutionnaires. Nous laissons de côté le facteur américain et américaniste tant lui-même sera soumis à des tensions extrêmes, moins avec ses “alliés” européens qu’en son propre sein, entre ses partis et ses factions qui se détestent... Comme le dit Crooke dans sa conférence de Saint-Pétersbourg, et en prenant “culturel” dans son sens idéologique le plus aigu :
« Le conservatisme américain semble donc se reconstruire sous une forme plus brutale, plus cruelle et beaucoup moins sentimentale. [...] La guerre culturelle quittera alors l'arène publique pour se dérouler sur le champ de bataille de la rue. »
Cela est triste sinon horrible à dire, – mais où est le fautif sinon dans ce travers humain de se croire maître du monde alors qu’on est en train de le détruire sans nécessité de ‘Taurus’ ? Cela est triste à dire, donc, mais nous avons besoin de ce “souffle brûlant et terrible” de la guerre pour revenir dans la dureté impitoyable mais aussi sans faux-semblant de la réalité. Nous avons besoin de quelques vérités-de-situation catastrophiques pour songer à nouveau à la Vérité qui doit nous sortir de notre simulacre satanique.
Mis en ligne le 30 mai 2025 à 19H30.
Les soleils du ‘Goulag’
Source : https://www.dedefensa.org/article/les-soleils-du-goulag
23 mai 2025 (13H00) – Le professeur norvégien Glenn Diesen, activiste et professeur à l’université du Sud-Est de Norvège, produit et présente un site d’un très grand intérêt, dans sa version ‘Glenn Diesen French’ très intéressante pour nous avec une traduction parlée instantanée en français. Nous nous arrêtons à une excellente intervention qu’il a faite en interviewant interviewe le 17 mai 2025 Marlène Laruelle pour son dernier livre ‘Idéologie et fabrication du sens sous Poutine’.
Marlène Laruelle, de nationalité française, est une universitaire très originale, occupant une fonction de la plus haute importance à la fameuse université Georges Washington de Washington D.C. Elle y est professeure de recherche en affaires internationales et en science politique, ainsi que directrice du programme d’études sur l’illibéralisme, – sujet particulièrement nouveau et également original, et d’une importance chaque jour grandissante, – et qu’il est si étonnant de voir déjà établi en programme à George Washington University.
Nous nous attachons ici à un sujet également du plus grand intérêt, qui est l’influence de Soljenitsyne dans cette “idéologie” et cette “fabrication du sens” qui est en train de s’installer dans la Russie de Poutine, dans le flux d’un courant qui est de plus en plus au cœur de l’affrontement entre la modernité progressiste globaliste d’une part et d’autre part l’espèce d’“archéo-futurisme” qui se développe en s’appuyant sur un puissant retour des grandes tendances de la Tradition en adversaire féroce de la modernité globaliste. Par conséquent, le sujet débattu par Diesen-Laruelle, s’il est typiquement russe, est également, et de façon beaucoup plus vaste, transnational et au cœur du déclin accéléré de la civilisation moderniste occidentale. On peut ici rappeler la proximité, – que nous nommions le 26 février 2025 “complicité”, – de la pensée du vice-président des États-Unis JD Vance avec celle de Soljenitsyne.
La présentation du livre de Laruelle (actuellement dans sa seule version anglaise) sur le site de vente résume aussi bien la démarche de la chercheuse explorant l’idéologie russe comme une des expressions les plus fortes de l’“illibéralisme” :
« De nombreux écrits tentent de comprendre les caractéristiques idéologiques du gouvernement russe actuel, ainsi que ce qui se trame dans l'esprit de Vladimir Poutine. Rejetant les clichés des experts qui dépeignent le régime russe soit comme une kleptocratie cynique, soit comme le produit des grands desseins machiavéliques de Poutine, ‘Ideology and Meaning-Making under the Putin Regime’ propose une généalogie critique de l'idéologie dans la Russie d'aujourd'hui. Marlene Laruelle propose une analyse innovante et multiméthodes du processus de production idéologique du régime russe et de ses modalités d'opérationnalisation en politique intérieure et extérieure. »
Soljenitsyne aujourd’hui
Mais il s’agit de Soljenitsyne, comme nous l’exposons plus haut. Nous avons donc sélectionné dans l’interview un passage où les deux interlocuteurs débattent de l’influence de Soljenitsyne sur les conceptions qui se développent actuellement, comme sur l’évolution de la Russie depuis l’arrivée de Poutine. Ce sont des précisions bienvenues tant il est vrai que cette influence de Soljenitsyne est souvent ignorée et oubliée. Pourtant, l’émotion soulevée par le discours de Harvard, pour ceux qui ont vécu cette période, fut absolument considérable, – et notamment la “stupéfaction lente” pour ceux qui, dans un Occident (re)devenue férocement antisoviétique après la période de détente sans avoir acquis quelque bon sens que ce soit, découvrirent peu à peu le sens profond et prophétique du discours.
Voici donc l’extrait de l’interview du 17 mai 2025 :
Glenn Diesen : ... Je pense souvent que nous avons tendance à voir l'influence russe partout mais en réalité la Russie produit des visions du monde qui circulent ensuite d'elle-même et acquièrent une certaine résonance.
Ceux qui essaient de définir l'idéologie russe font beaucoup de référence évidemment aux opinions de Dostoïevski mais aussi à Soljenitsyne. Chaque fois que j'entends les conservateurs russes je pense toujours au discours de Soljenitsyne à Harvard en 1978 où il affirmait que les communistes comme les capitalistes s'étaient condamnés eux-mêmes en poursuivant le moderne et le matériel au détriment du spirituel et qu'ils allaient malgré toute leur hostilité réciproque souffrir et mourir tous deux de la même maladie. Ce n'était pas forcément le message que les personnalités US assistant au discours voulaient entendre de sa part mais il me semble que c'est en fin de compte l'essence de beaucoup de ce que vous entendez et constatez aujourd’hui
Marlène Laruelle : Oui absolument Et je pense que nous avons encore du mal à saisir à quel point Soljenitsyne est devenu si important selon moi dans la construction de cette vision russe car ce n'est pas nécessairement celui qu'on cite le plus. Si vous regardez qui est cité vous trouverez Dostoïevski, Danilevski, Léontiev et d’autres classiques mais Soljenitsyne ne l’est pas souvent. En réalité si l'on considère la manière dont les idées sont formulées, je pense qu'il a vraiment eu une influence très forte dans la structuration de ce modèle de prise de distance avec la modernité qui s'inscrit dans une longue tradition de la pensée philosophique russe car on y trouve une la spiritualité sous la forme d’un mysticisme eschatologique
Tout cela même si cela a largement disparu de la société russe contemporaine, il reste bien sûr présent d'une certaine manière dans l'air. Cela dégage l’impression que cette idée semblent familière même si la tradition intellectuelle s'est perdue. Je pense qu'à cet égard Soljenitsyne a aussi été un précurseur avec cette forme d'anti-consumérisme anticapitaliste qui rejette l'abondance matérielle pour revenir à quelque chose de beaucoup plus centré sur la spiritualité
Cela raisonne fortement dans de nombreux débats actuels dans ce que l'on appelle la sphère postlibérale n'est-ce pas y compris en Occident. Je pense aussi que sur ce point la Russie compte un certain nombre d'auteurs qui ont en un sens été les précurseurs de beaucoup de ces tendances et cela parle à des publics qui se trouvent aussi en dehors de la Russie.
« Le déclin du courage »
Cela étant dit comme il se devait d’être, nous complétons avec un extrait de ce discours qui porte sur l’idée centrale de Soljenitsyne quant à la société occidentale et la civilisation qu’elle prétend porter. « Le déclin du courage », cette expression est devenue l’emblème superbe et désolante du grand message que nous adressa cet homme qui avait vécu le calvaire du ‘Goulag’ et qu’on aurait cru entièrement absorbé dans la critique de cette seule atrocité, parfaitement et idéologiquement identifiée.
« Si je m'adressais aujourd'hui à un public dans mon pays, mon analyse globale des fractures mondiales se concentrerait sur les calamités de l'Orient. Mais comme mon exil forcé en Occident dure maintenant depuis quatre ans et que mon public est occidental, je pense qu'il serait plus intéressant de me concentrer sur certains aspects de l'Occident contemporain, tels que je les perçois.
» Le déclin du courage est peut-être le trait le plus frappant qu'un observateur extérieur remarque en Occident aujourd'hui. Le monde occidental a perdu son courage civique, tant globalement qu’individuellement, dans chaque pays, chaque gouvernement, chaque parti politique et, bien sûr, aux Nations Unies. Ce déclin est particulièrement perceptible parmi les élites dirigeantes et intellectuelles, donnant l'impression d'une perte de courage de la société tout entière. Nombreux sont les individus courageux, mais ils n'ont pas d'influence déterminante sur la vie publique.
» Les fonctionnaires politiques et intellectuels manifestent cette dépression, cette passivité et cette perplexité dans leurs actes et leurs déclarations, et plus encore dans leurs raisonnements égoïstes quant au caractère réaliste, raisonnable et intellectuellement, voire moralement justifié, de fonder les politiques de l'État sur la faiblesse et la lâcheté. Et ce déclin du courage, atteignant parfois ce que l'on pourrait appeler un manque de virilité, est ironiquement accentué par les accès de colère et l'inflexibilité occasionnels de ces mêmes fonctionnaires face à des gouvernements faibles et à des pays en manque de soutien, ou à des courants condamnés qui ne peuvent manifestement offrir de résistance. Mais ils deviennent muets et paralysés face à des gouvernements puissants et à des forces menaçantes, à des agresseurs et à des terroristes internationaux.
» Faut-il rappeler que, depuis l'Antiquité, le déclin du courage a été considéré comme le premier symptôme de la fin ? »
Le choc de Harvard
... Cette dernière phrase, surtout l’expression « symptôme de la fin », “nous” parut finalement absurde et blasphématoire. Je faisais partie physiquement et pseudo-socialement de ce “nous” mais je ne ressentis rien, intellectuellement et spirituellement, de ces caractères d’absurdité et de blasphème. Pourtant, je le répète à mon tour, tout ce que disait et faisait Soljenitsyne à notre époque tenait presque du sacré. Cet homme, sorte de prophète à la longue barbe, sorti du néant de l’horreur, nous avait révélé une esquisse de ce néant avec ‘Une journée d’Ivan Denissovitch’, – un roman court d’une journée d’un ‘Zek’ dans un camp du ‘Goulag’. Ce livre, paru en 1962, en URSS, sur intervention de Nikita Krouchtchev alors dans sa période de libéralisme, eut un destin chaotique, avec plusieurs tirages allégés de diverses interventions de la censure ; puis publié en France sous la surveillance du PCF, avec censures diverses, et enfin en édition complète en 1973.
L’esprit avait retenu son souffle. Justement, en 1973 il put respirer à nouveau car cette même année parut le premier tome du monumental ‘Archipel du Goulag’. Enfin, le grand écrivain de l’horreur stalinienne accomplissait son œuvre. A partir de là, avec le Prix Nobel 1974, commença une épopée à la fois baroque, rocambolesque, bureaucratique, avec un KGB en ébullition et des empoignades au Politburo. Soljenitsyne fut finalement interdit d’aller recevoir son Prix, à l’indignation générale d’un concert de nations, puis finalement (bis) autorisé à la condition de ne plus revenir en URSS et déchu de sa nationalité soviétique.
Il s’installa aux USA, dans le Maine, dans une propriété isolée, et sa puissance, son rayonnement purent enfin régner sur la Guerre froide qui entamait sa seconde et dernière période. Pour symboliser le tout, j’ai le souvenir ainsi d’un événement politique majeur qui s’était déroulé à ciel ouvert, à Harvard en juin 1978, mais encore sans la conscience d’un quiproquo du même poids. Soljenitsyne était consacré comme le géant de l’anticommunisme, la référence de la justesse de notre combat, et par conséquent comme une sorte de nouvelle statue de la liberté protégeant la vertu du monde libre au cœur du système américaniste-capitaliste.
C’est à l’aune de cette perception qui ne cessa de peser sur nous pendant ces années qu’il faut comprendre le choc incroyable que constitua le discours de Harvard. C’est pourquoi la signification de ce choc ne fut pas immédiatement réalisée, ni sa portée métahistorique ; un choc vous assomme d’abord, vous stupéfie, vous statufie, et vous empêche pendant un certain temps de bien comprendre ce qu’il représente exactement.
Mais non ! Il nous disait bien ceci : “Je vous ai montré l’horreur du monde communiste, mais sachez que, d’une autre manière, le vôtre ne vaut guère mieux, – sinon pire peut-être...”
Mais l’Occident n’avait pas le courage (« Le déclin du courage ») d’accepter immédiatement le sens de sa pensée. Au fond, ce fut peut-être préférable... Je crois que ce sont ces circonstances complexes, à la fois énormes et écrasantes, mais aussi lentes à se faire comprendre à des âmes sans courage, qui permirent à la pensée de Soljenitsyne de faire exactement, – peut-être inconsciemment, qu’importe puisque le prophète a toujours raison, – le chemin qu’il voulait qu’elle fit, chemin souterrain et prophétique.
Il est vrai qu’à considérer cette perspective et tous ces événements tels que je m’en souviens, autour de Soljenitsyne, l’extraordinaire notoriété dont il fut l’objet et l’extraordinaire quiproquo qui l’accompagna, on se dit qu’il y eut certainement une sorte d’influence inconsciente qui pénétra nombre de psychologie pour mieux nous plonger dans la puissance prophétique de sa vision. Ainsi en viens-je à penser que, s’il nous fit réaliser l’horreur du XXème siècle avec cet aspect du ‘Goulag’ il contribua avec sa force immense à faire naître au fond de nous-mêmes la réalisation que cette horreur du XXème siècle se manifestait également et tout aussi puissamment dans notre système.
...En passant et comme leçon pour aujourd’hui, il nous rappelle que les premières victimes du communisme venu de l’Ouest furent les Russes eux-mêmes, ceux-là que nous conchions aujourd’hui en souhaitant leur anéantissement pour cause de communisme déguisé en fascisme. Quelle dignité habite nos âmes sans courage !
Dette des principaux Etats européens
Discours de l’ombre – Quand Netanyahu parle, l’Enfer applaudit
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Le bombardement ATOMIQUE d'Hiroshima - Décomposition détaillée du modèle 3D
Infos sur la puissance des armes nucléaires :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Puissance_des_armes_nucl%C3%A9aires
L'aide à mourir
mercredi 28 mai 2025
Atteinte d'un cancer incurable à 30 ans : l'hymne à la vie de Clémence Pasquier
Pas besoin d'être catholique pour apprécier la valeur de ce témoignage émouvant et nuancé.
Billet du jour : l'union Trump / Poutine remise à des jours ... ultérieurs ?
Source :
https://russiepolitics.blogspot.com/2025/05/billet-du-jour-lunion-trump-poutine.html
Alors que l'on nous vendait le mariage du siècle, un mariage de raison certes mais un mariage quand même, il semblerait que la fiancée soit prête à renoncer et fait de plus en plus de déclarations émotives en ce sens. Rubio nous annonce bien que Trump n'est pas "déçu" par Poutine, mais un petit vent sibérien prend la route de Washington. Le motif en est simple : la Russie refuse de se laisser bombarder sans réagir. Quelle idée, en effet !
Comme nous l'avons écrit, ces derniers jours, la Russie a été victime d'une attaque croissante de drones et missiles, notamment américains, dont les cibles sont principalement civiles (écoles, centres commerciaux, véhicules privés, immeubles d'habitation, administrations, personnels administratifs dans les régions limitrophes, etc.). En réponse, l'armée russe a intensifié le bombardement des stocks militaires, des usines militaires, des navires de transport de "l'aide militaire" atlantiste au front ukrainien.
Ce qui a bien sûr provoqué l'ire des Atlantistes et quelques réactions inadéquats de Trump.
Tout d'abord, notre cher Donald s'est indigné du fait que la Russie ne se laisse pas passivement attaquer, ne laisse pas impunément l'armée atlantico-ukrainienne bombarder des civils, mais qu'elle réponde. Fortement et efficacement. Alors qu'elle devait se taire et négocier sagement sa capitulation.
J'ai toujours eu de très bonnes relations avec Vladimir Poutine, mais il lui est arrivé quelque chose. Il est devenu complètement FOU ! Il tue inutilement beaucoup de gens, et je ne parle pas seulement de soldats. Des missiles et des drones sont tirés sur des villes ukrainiennes, sans aucune raison.
Une certaine vision des choses, qui s'inscrit parfaitement dans le discours des élites atlantistes, contre lesquelles Trump est soi-disant en guerre ... Et d'ailleurs, Poutine devient aussi le méchant, qui veut toute l'Ukraine. Et la menace est ici directe :
J'ai toujours dit qu'il voulait TOUTE l'Ukraine, pas seulement une partie, et peut-être que c'est le cas, mais s'il le fait, cela mènera à la chute de la Russie !
Passons sur la fin, "Trump le pacifiste", qui parle de lui à la troisième personne, quand des HIMARS et autres missiles européens avec des composantes américaines (donc avec l'accord des Etats-Unis) sont tirés sur la Russie. Quand Trump a relancé l'aide militaire au front, que les Européens mettent les bouchés doubles.
Difficile de prendre cette logorrhée au sérieux et le Kremlin ne semble plus décidé d'en faire l'effort. La réponse de Peskov est cinglante : Donald est surmené, il n'a pas l'habitude, il fait sa petite crise d'hystérie. Poutine est là pour défendre la Russie et c'est ce qu'il fait.
"Le président Poutine fait ce qu'il faut pour assurer la sécurité de la Russie", a commenté le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, au cours de son briefing quotidien, notant les "efforts" de l'administration Trump qui ont poussé les belligérants à se rencontrer à Istanbul à la mi-mai.
"C'est un moment important, qui s'accompagne d'une surcharge émotionnelle pour tout le monde et de réactions émotionnelles", a estimé M. Peskov.
Et la Russie continue à cibler les sites militaires, pendant que l'armée atlantico-ukrainienne continue à tirer également et spécialement les cibles civiles. Donc Trump n'est pas content : Poutine ne l'a pas entendu une première fois, il insiste. Exaspéré, rien ne semble se passer comme les Atlantistes l'attendaient, malgré les compliments appuyés de Dmitriev à son maître.
L'attaque continue à être personnalisée contre Poutine :
«Ce que Vladimir Poutine ne réalise pas c'est que sans moi, la Russie subirait beaucoup de très mauvaises choses, et je veux dire, TRES MAUVAISES. Il joue avec le feu.»
La réaction russe officielle ne s'est pas faite attendre.
Dmitri Medvedev a remis les points sur les i :
« Quant aux propos de Trump selon lesquels Poutine « jouerait avec le feu » et concernant les « très mauvaises choses » avec la Russie, je ne connais qu'une seule chose vraiment mauvaise : une Troisième Guerre mondiale. »
Trump se demande alors, s'il va ou non imposer des sanctions à la Russie, car il a peur ainsi de faire définitivement sortir la Russie du processus de négociations. Les Atlantistes plus que les Russes en ont besoin, ça force en effet à réfléchir.
Les mariages de raison, lorsqu'ils sont contre-nature, ne peuvent apporter la paix dans le ménage ... L'histoire reprend ses droits.