"Il n'existe rien de constant si ce n'est le changement" BOUDDHA; Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots." MARTIN LUTHER-KING; "Veux-tu apprendre à bien vivre, apprends auparavant à bien mourir." CONFUCIUS ; « Nous savons qu’ils mentent, ils savent aussi qu’ils mentent, ils savent que nous savons qu’ils mentent, nous savons aussi qu’ils savent que nous savons, et pourtant ils continuent à mentir ». SOLJENITSYNE
mardi 29 octobre 2019
lundi 28 octobre 2019
[Film Le joker] L’apothéose de la culture de la mort
Par Patrice-Hans Perrier − Le 12 octobre 2019 − Source Carnets d’un promeneur
La nouvelle mouture cinématographique du Joker est inspirante puisqu’un nombre incalculable de bimbos de la presse aux ordres semble craindre que cet opus puisse inciter certains blancs-becs laissés pour compte à passer à l’acte.
La démesure comme purge salvatrice
Hommage à la démesure au cœur du quotidien des « cerveaux dérangés », cette nouvelle production hollywoodienne semble mettre la table pour un procès en règle de notre société post-industrielle. Société du paraître où les plus faibles sont prestement mis en quarantaine, en attendant qu’on les euthanasie. C’est dans ce contexte que la figure, désormais, emblématique du Joker nous interpelle, comme si le « mal ordinaire » qui dort dans les eaux mortes de l’Amérique finissait par engendrer des « misfit » [mésadaptés] qui représentent un danger pour la sécurité des pharisiens aux commandes.
Un critique sur le web parle de la nouvelle incarnation du Joker par l’acteur Joaquin Phoenix en le dépeignant comme « … un mec qui pète un plomb après en avoir pris plein la gueule … ». De fait, la nouvelle version de cette histoire épique met en scène un Joker qui personnifie tous les mésadaptés de notre société vénale plongés au plus profond de leurs insolubles contradictions. Le mal et le bien n’existent plus. Seule, la folie ordinaire causée par la souffrance au quotidien exulte au gré d’un magnifique carnaval sadique et dionysiaque. Le mal-être finit par percoler le plus naturellement du monde à travers les vaisseaux sanguins d’une société qui ressemble à s’y méprendre à un vaste camp d’internement psychiatrique.
L’internement et la torture comme modus operandi
De facto, l’extraordinaire attirance générée par les antihéros de la trempe d’un Joker proviendrait du fait qu’ils personnifient une hypothétique revanche prise en charge par toutes les victimes des ordres psychiatriques, paramilitaires, mafieux et pseudo-religieux aux commandes du grand œuvre qui consiste à massacrer l’innocence stricto sensu. C’est justement ce phénomène libidinal qui fascine les foules depuis plus d’un siècle déjà.
La revanche sanglante du fou qui a été castré chimiquement, qu’on a édenté et électrocuté jusqu’à plus soif, prostré dans sa camisole de force et bafoué en son âme, cet appel d’air plonge littéralement les foules cinéphiles dans un état extatique. Et, cette fois-ci, il semblerait que la presse officielle aux abois n’ait pas du tout apprécié cette sordide mise en scène, craignant qu’une part importante du public ne finisse par se transformer en émule du Joker. L’internement et la torture représentant, in fine, le modus operandi d’une société construite sur le modèle d’une machine à générer toujours plus d’aliénation.
Une rédemption à l’envers
La dernière version cinématographique du Joker, mise en scène par Todd Phillips et son acolyte Joaquin Phoenix, est plutôt réaliste et s’inspire du style des polars mis en scène par tous les Scorsese des années 1970. C’est avec cette idée en tête que l’on peut facilement dresser un parallèle entre le Joker de Todd Phillips et le Taxi driver de Scorsese dans un contexte où c’est l’univers des mégapoles qui génère son lot de dégénérés. Ainsi, la folie, à plus forte raison si elle exulte au gré d’une orgie punitive, représente-t-elle une sorte de vengeance divine, ultime catharsis qui agit comme une rédemption à l’envers.
Un immense vide existentiel
S’il faut bien racheter les crimes de cette société, autant faire payer des boucs émissaires qui le méritent après tout. C’est ce que semblent insinuer ces deux opus américains en mettant en scène des déséquilibrés qui agissent comme des agents dormants, des forces létales qui attendaient leur moment pour se mettre en action et emporter les restes de la pudibonderie d’une moraline mise en scène par les bourreaux de la Société du spectacle. Malheureusement, une fois que l’expiation s’est traduite par de généreux bains de sang et que la catharsis s’est apaisée, il ne reste plus rien qu’un immense vide existentiel.
Une fois purgée de son lucre, de son stupre et de sa vénalité congénitale, la société reprend ses bonnes vieilles habitudes et la « violence ordinaire » peut se remettre à fonctionner imperceptiblement à travers les rouages d’un ordo marchand qui règle tous les rapports humains. Toute la grandeur d’un Scorsese consiste à pointer l’éclairage en direction des avocaillons, des malfrats et des dames de la bonne société afin de nous les montrer dans leur plus simple appareil. Tels des cafards, les acteurs de cette société du jeu et de la ripaille se mettent à courir dans tous les sens dès lors qu’un justicier dément les a pris pour cible.
Purger le mal à défaut de propager l’amour
Bien évidemment, cette purge fait le bonheur du cinéphile, trop désireux de fuir ses propres responsabilités afin de se réfugier dans cette funeste némésis. N’empêche, la « violence ordinaire » de nos congénères mérite bien, si l’on entre dans la tête des cinéphiles, quelques funestes représailles … afin qu’une poignée de complices des méfaits de cette abominable société expient pour leur complaisance. Toutefois, c’est un fantasme de guerre civile qui couve derrière toute cette folie vengeresse et meurtrière. Et, à force de vouloir purger le mal, c’est la vie dans son plus simple appareil qui en prend pour son grade !
On retrouve derrière toute cette soif de revanche quelque chose de proprement puritain, de typiquement américain. Il n’est donc pas surprenant que les Majors d’Hollywood aient consenti à produire cette version du Joker qui sort des sentiers battus pour s’épancher sur la déchéance sociale d’une Amérique qui ne parvient plus à produire que de la haine et de la violence. Véritable machine à tuer les masses, Gotham City n’est plus la cité néo-médiévale dépeinte dans les DC Comics, mais elle ressemble à s’y méprendre à nos froides mégapoles actuelles. On n’y forge plus des citoyens libres, mais des mésadaptés incapables d’assumer la moindre responsabilité puisqu’ils n’ont plus rien à dire. L’atonie et la souffrance des masses produit ses propres bourreaux, sommes-nous tentés d’ajouter.
En finir avec les « déchets humains »
Le Joker représente l’ancien citoyen de la cité dévoyée qui s’est mué en mésadapté au gré du process de la marchandisation des corps et des esprits. Les élites aux commandes ayant décidé d’en finir avec les « déchets humains », il convient de priver le commun des mortels de la moindre parcelle de liberté. Les contribuables confinés dans des habitations insalubres et incapables d’assurer leurs fins de mois attendent, patiemment, d’être immolés par de nouveaux bourreaux.
Cette fois-ci, contre toute attente, les bourreaux ne sont plus Staline, Hitler ou Mao, mais des inconnus mésadaptés qui, après avoir « pété les plombs », entreprennent de purger l’humanité de son trop-plein d’hypocrisie. Mais, au lieu de s’en prendre aux responsables de leur aliénation, tous les Joker de nos sociétés moribondes se contentent d’abattre les « agneaux silencieux » qui peuplent nos métropoles. Le Joker fait le sale boulot de l’oligarchie en instituant les bains de sang collectifs comme rituel expiatoire du XXIe siècle.
Patrice-Hans Perrier
Liens
- https://www.les-crises.fr/wp-content/uploads/2015/02/le-bouc-emissaire.pdf
- http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18684693.html
Avec près d’un milliard de dollars au box-office, «Joker» est le blockbuster le plus controversé sorti ces dernières années. Louée par une partie des critiques, détruite par l’autre, cette œuvre sombre fascine. Certains érigent le Joker en antihéros révolutionnaire. Ses détracteurs n’y voient qu’un psychopathe. Sputnik fait le point.
«On aime les superhéros lorsqu’on est enfant. Quand on grandit, on apprend à comprendre les méchants.»
Les utilisateurs de Facebook ont peut-être vu passer dans leur fil d’actualité cette citation, accompagnée d’une image du Joker, campé par Joachin Phoenix. Elle représente bien l’état d’esprit de nombreux spectateurs à la sortie des salles après avoir vu «Joker», de Todd Phillips. Sorti le 9 octobre en France, ce long-métrage, qui raconte la genèse du pire ennemi de Batman, bat des records au box-office mondial. Vainqueur du Lion d’Or à Venise, il pourrait prochainement atteindre le milliard de dollars de recettes, un score habituellement réservé à des franchises telles qu’Avengers ou Star Wars. Et c’est une œuvre qui sent le soufre. À tel point qu’au moment d’aligner les dollars, le studio Warner Bros a eu la tremblote, comme l’explique le New York Times. La société de production a partagé les coûts avec Village Roadshow et Bron Studios. Un très mauvais calcul pour la Warner quand on sait qu’avec un budget estimé entre 55 et 70 millions de dollars, peu pour un tel film, «Joker» a déjà rapporté plus de 850 millions de dollars. Qui dit partage des coûts, dit partage des recettes. «Too bad» pour Warner Bros.
JOKER DESERVES AN OSCAR!! 🏆 pic.twitter.com/bfBMaph1x9— 𝙰𝚛𝚝𝚑𝚞𝚛 𝙵𝚕𝚎𝚌𝚔 (@ArthurFleck___) October 30, 2019
La frilosité du studio pourrait s’expliquer par la nature d’un scénario auquel Hollywood n’est plus habitué. Pour éviter aux lecteurs qui n’ont pas vu le film tout «spoil», nous ne rentrerons pas dans les détails. Sachez seulement qu’Arthur Fleck, du nom du célèbre clown, est l’archétype du laissé-pour-compte dans une société néolibérale qui a tendance à broyer les plus faibles. Le Joker va donc s’extirper petit à petit de sa condition en empruntant un chemin fait de recherche de gloire et de meurtres, qui va mener à une révolte contre les nantis de Gotham City. Révolte dont il sera le symbole.
C’est cette symbolique derrière le parcours qui occasionne de sulfureux débats. Plusieurs experts du cinéma voient dans le Joker un personnage «scorsesien», qui cherche à attirer la lumière, à devenir quelqu’un, un peu entre le Rupert Pupkin de «La valse des pantins» et l’inoubliable Travis Bickle de «Taxi Driver».
D’ailleurs, ces deux personnages sont joués par Robert De Niro, également présent dans «Joker». Dans le premier, l’acteur fétiche de Martin Scorsese joue un comique raté qui enlève le présentateur d’un show télévisé afin de participer à son spectacle. Dans le second, De Niro entre dans la peau d’un chauffeur de taxi de retour du Vietnam qui, aliéné par la violente nuit new-yorkaise, va se muer en justicier vengeur. «On every street in every city, there’s a nobody who dreams of being a somebody» (dans chaque rue de chaque ville, un anonyme cherche à devenir quelqu’un), pouvait-on lire sur l’affiche de Taxi Driver, comme le rappelle Allociné. Autant d’éléments que l’on retrouve chez Arthur Fleck. «Joker» est donc «un immense film politique sous influence scorsesienne assumée, porté par l’interprétation démente de Joaquin Phoenix», pour Thierry Chèze, dans les colonnes de Première. Et c’est bien de la dimension politique que vient la controverse.
Juan Branco
The Joker, ôde aux luttes insurectionnelles et aux gilets jaunes en particulier, démarre en trombe au boxoffice américain. Symboliquement, c'est un énorme pas. Face à un ordre délirant et embrassant tous les excès, Hollywood choisit son camp avec courage, abattant Wayne & Batman.
Alors que le monde entier est frappé par un vent de contestation, qui embrase de Hong Kong jusqu’au Chili en passant par le Liban, l’Équateur ou la France, l’histoire de ce paria à l’origine d’une révolte qui verra «les gens qui ne sont rien» prendre leur (violente) revanche sur les nantis ne pouvait que faire écho avec l’actualité.
«C’est un violent appel au chaos et à la sédition dans une société qui méprise et détruit les plus vulnérables. Il agit tel un poison qui infuse lentement et grave en lettres de sang le cri de désespoir du futur ennemi juré de Batman. Joaquin Phoenix exécute une nouvelle performance hallucinante, comme possédé», analyse Stéphane Belpêche, du Journal du Dimanche.
Même son de cloche pour Alexandre Janowiak d’Écran Large: «Malgré ses imperfections, “Joker” est un véritable séisme pour les films du genre. Un brûlot radical contre les médias, les élites politiques et la société, retournant le rêve américain en cauchemar brutal, sanglant et macabre. Un film puissant mené par un Joaquin Phoenix habité et monstrueux.»
Juan Branco, le célèbre avocat, conseiller juridique de Julian Assange et défenseur des Gilets jaunes est même allé plus loin, voyant dans l’œuvre de Todd Phillips un hommage au mouvement social qui frappe la France depuis un an:
«Joker, ode aux luttes insurrectionnelles et aux Gilets jaunes en particulier, démarre en trombe au box-office américain. Symboliquement, c'est un énorme pas. Face à un ordre délirant et embrassant tous les excès, Hollywood choisit son camp avec courage, abattant Wayne & Batman.»
L’activiste américain et documentariste oscarisé Michael Moore a qualifié le film de «chef-d’œuvre» et a balayé les accusations qui voudraient qu'il incite à la violence:
«Le plus grand danger pour la société serait que vous n’alliez pas voir ce film. L’histoire que ce film raconte et les problèmes qu’il soulève sont si profonds, si nécessaires, que si vous vous détournez du génie de cette œuvre d’art, vous manquerez le cadeau qu’il nous offre: un miroir. Oui, il y a un clown dérangé dans ce miroir, mais il n’est pas seul. Nous sommes là et nous nous tenons à ses côtés.»
Signe de la complexité du film et des innombrables interprétations qui peuvent en être tirées, une partie de la droite s’est aussi emparée du phénomène. De nombreuses références favorables au film tapissent des pages pro-Trump sur les réseaux sociaux. Certains fans du locataire de la Maison-Blanche se réjouissant du succès du long-métrage alors que, contrairement à Juan Branco et Michael Moore, des personnalités de gauche l’ont haï. Richard Brody du New Yorker, média américain classé à gauche, a vu dans le film un discours «cynique, inconsciemment raciste, et pro-Trump».
La radicalité du personnage, sa violence et son recours au meurtre n’ont pas séduit tout le monde. Loin de là. En France, ce sont les critiques de l’émission «Le masque et la plume», diffusée sur France Inter (classé à gauche) qui ont démonté le film, le qualifiant tour à tour de «facho», «manipulateur de l’opinion publique» ou «détestable». Et à droite, l’économiste Philippe Herlin a tiré à boulets rouges sur l’œuvre polémique:
«“Joker” est un film malsain, pervers et abject, qui justifie le meurtre et la haine sociale (“tuez les riches”). Le bréviaire de l’extrême gauche pour une guerre civile qu’elle voudrait déclencher. À vomir.»
Le film de Todd Phillips est à l’image de ce monde globalisé aux sociétés complexes: difficile à saisir, à interpréter.
En attendant, «Joker» est déjà devenu un symbole de révolte à travers le monde. A Hong Kong, au Chili, au Liban et même en France, des manifestants commencent à arpenter les rues portant des masques à l’effigie du fantasque et violent clown.
Il y a quelques années, le masque de Guy Fawkes, célèbre activiste anglais qui a voulu faire sauter la Chambre des lords en 1605, recouvrait le visage de nombreux protestataires dans le monde, notamment les membres du groupe de hackers Anonymous. Ce déguisement a été popularisé par le film «V pour Vendetta», adaptation du roman éponyme d’Alan Moore. Ce dernier n’est autre que l’auteur de «Batman: The Killing Joke», roman graphique mettant en action le «chevalier noir» et son pire ennemi. Il se dit que Todd Phillips s’en est fortement inspiré pour créer son… «Joker».
plus d'infos dans la page- source : https://fr.sputniknews.com/societe/201910301042348881-joker-film-facho-appelant-a-tuer-les-riches-ode-aux-gilets-jaunes-ou-uvre-courageuse/
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