lundi 29 août 2016

Parti politique versus Anarchie / Political party versus Anarchy

" (...) Un parti politique est une structure centralisée et autoritaire sous la direction d’un seul homme (ou d’un “conseil d’administration“) qui fait “ruisseler” ses décisions jusqu’aux militants les plus éclairés.


Ces décisions doivent être totalement approuvées au risque d’exclusion, ce qui, pour un animal grégaire comme l’homme est la pire torture qui puisse être infligée.
Un parti libre et indépendant qui pourrait un jour avoir une importance quelconque se retrouverait immédiatement noyauté, infiltré, ses dirigeants corrompus, et les réfractaires impliqués dans des affaires sordides (“ballets roses” avec de jeunes garçons roumains, ça “claque” bien) ou victimes “d’accidents de la vie” (un pot de fleurs qui tombe d’une fenêtre est d’une banalité affligeante).
Certes il existe au sein des partis des “trublions” (coucou Montebourg 🙂 ) mais ils ne sont là que pour donner une illusion de pluralité et ne vont jamais aller à l’encontre des intérêts réels de ceux qui “choisissent” les “grandes valeurs” du parti.
Comme dans les “élections démocratiques libres” il y a quelques voix qui diffèrent de la grande messe, mais ils comptent pour des prunes. Ils sont juste là pour donner une illusion de “diversité” et de “liberté de pensée démocratique“.
Il ne faudrait pas que les citoyens créent un parti mais se rassemblent en associations sans dirigeants et que le but de ces associations soit l’obtention de compromis qui permettent de satisfaire tous les membres.
Et si d’aventure il était nécessaire de nommer des représentants leur pouvoir décisionnel serait limité à la seule application des compromis du groupe, sous peine de révocation et d’annulation immédiate de leurs actions.
Pas de dirigeants, compromis, révocation, annulation immédiate de choix contraire à l’intérêt général…
Quelle horreur, cette abomination s’appelle Anarchie.
Inacceptable, alors on va dénigrer ce système de pensée pour qu’il devienne fortement péjoratif et symbole de bordel ingérable.
En plus, pendant que ces crétins discuteraient des choix de vie qui leur conviendraient ils n’auraient plus de temps de cerveau disponible pour s’abreuver de la Sainte Parole des pubs lessivières.
Bordel ingérable certes, mais seulement pour ceux qui veulent que l’humanité suive à la lettre leurs propres décisions."
Auteur de ce commentaire : "RGT"
Partie commentaires dans https://www.les-crises.fr/nous-devons-comprendre-le-pouvoir-des-entreprises-pour-pouvoir-le-combattre-par-chris-edges/

samedi 13 août 2016

Thich Nhat Hanh, La colère, Transformer son énergie en sagesse, pocket, 2002 - résumé p. 1 à 66 / Thich Nhat Hanh, the anger, to Transform his energy into wisdom, pocket, on 2002 - Summary p. 1-66


Résumé p. 1 à 66 (à suivre)

Il faut prendre soin de son « bébé colère» avec autant de tendresse et d'attention qu'une mère le fait avec son bébé.

Un personne qui n'est pas capable de maîtriser ses émotions réclame de l'aide et non une sanction. L'aider et non la punir.

Il faut prendre le temps d'écouter et de guérir son enfant intérieur.

Souvent, lorsqu'on exprime sa colère à l'égard d'une personne, on veut punir celle-ci.

Il ne faut pas refouler, réprimer, chasser sa colère, il faut l'accueillir, la reconnaître, la maîtriser, l'aimer, sourire, respirer et marcher en pleine conscience. Il faut l'exprimer calmement.

La colère peut être vue comme un bébé qui souffre mais aussi comme une zone d'énergie négative. Pour la maîtriser, il faut générer une énergie de la pleine conscience (de l'illumination) qui est une énergie positive. Il faut la générer en pratiquant la pleine conscience (respiration et marche conscientes).

La rencontre entre ces deux zones d'énergie, l'une négative et l'autre positive, ne doit pas se transformer en champ de bataille. Il ne peut y avoir de vainqueur. Ces deux énergies sont inhérentes à la vie. Elles sont naturellement présentes. On peut s'imaginer l'énergie négative comme un déchet servant d'engrais à la fleur qui est en nous mais si nous ne prenons pas soin de nous et de tout ce qui nous entoure, la colère peut naître de la non-colère. Ne pas prendre conscience de ce principe de non-dualité nous expose à la violence (au champ de bataille) et comme ce principe relie tous les êtres (principe de l'inter-être), exercer une violence contre autrui, c'est l'exercer contre soi-même.

Exs : une dispute dans un couple, entre un père et son fils, le conflit Israël-Palestine, etc.



[et donc, dans le contexte de la guerre d'Irak p.ex, quand Bush parle de "l'axe du bien" contre "l'axe du mal", de façon flagrante, il ne répond pas à ces deux principes. "Il" (lui, son peuple, l'occident en général...) se plante complètement; même chose aujourd'hui avec "nos démocraties, nos droits de l'homme, nos libertés, etc, etc." versus "ces barbares terroristes djihadistes". Nous tuons, ils tuent... et inversement. La seule solution est de briser ce cercle vicieux au plus vite, car au bout du compte, les guerres finissent toujours par s'arrêter... et reprendre ailleurs ou plus tard, certes; il ne tient qu'à nous...; il s'agit aussi de prendre conscience que ces guerres sont initiées et entretenues par des intérêts privés (complexe militaro-industriel) càd par des élites non élues qui corrompent ou supplantent nos politiques] 

La compréhension du principe de non-dualité et de l'inter-être nous permet de traiter notre corps et nos émotions sans violence, avec tendresse.



mercredi 10 août 2016

Pourquoi je ne suis pas altermondialiste. Éloge de l’antimondialisation, par André Bellon / Why I am not alterglobalization. Praise of the antiglobalization, by André Bellon

source : 
https://www.les-crises.fr/pourquoi-je-ne-suis-pas-altermondialiste-eloge-de-lantimondialisation-par-andre-bellon/
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« Les dieux n’étant plus, et le Christ n’étant pas encore, il y a eu, de Cicéron à Marc Aurèle, un moment unique où l’homme seul a été. » Gustave Flaubert
Je ne suis pas alter-mondialiste ; et pourtant, je suis solidaire des centaines de milliers de manifestants qui s’expriment pour un autre monde dans les rues des mégapoles où survit une humanité de plus en plus paupérisée, soumise, méprisée ; je suis un parmi ces centaines de milliers de militants des forums sociaux locaux ou mondiaux comme un parmi ces millions d’hommes qui ont défilé dans les capitales du monde contre la folie guerrière des États-Unis. Ces défilés sont une réponse au discours révérencieux tenu depuis plusieurs décennies par les prêcheurs qui monopolisent l’expression publique, à l’enthousiasme parfois délirant [1] de la classe dirigeante vis-à-vis de la mondialisation. Ils sont une réaction à cet environnement oppressant que nous apportent, depuis des années, les principaux médias ; tournons, par exemple, au hasard, les pages de The Economist, cet hebdomadaire si politiquement correct : « Comment vous adaptez-vous à l’économie globalisée ? » ; « Pendant que beaucoup parlent de l’idée de village planétaire, nous le construisons [2]… ».
Cette unanimité est d’autant plus extraordinaire qu’on sait depuis longtemps que les processus d’uniformisation économique sont aussi générateurs d’inégalités. Privés des instruments de politique économique que sont le déficit budgétaire, voire la monnaie, les pays englobés dans la mondialisation voient l’ajustement se faire par l’inflation ou par le chômage. Dans tous les pays, la mondialisation met à mal les conditions de vie d’une partie d’autant plus importante de la société que le pays est plus pauvre. En atteignant des catégories de plus en plus larges, elle détruit les structures sociales sans les remplacer par une organisation viable de la société.
On ne peut donc que se réjouir de voir nombre de commentateurs ou de responsables politiques sortir, telle la Belle au bois dormant, de leur torpeur iréniste, et soudain forcés de constater que la mondialisation n’est pas heureuse pour tout le monde. Quelle satisfaction de voir le doute enfin s’installer quant aux conséquences humaines et sociales du développement capitaliste sans contraintes, d’avoir enfin le droit de dire que l’expansion commerciale ne s’accompagne pas systématiquement de « mœurs douces », contrairement à ce que ratiocinent les gardiens du « village planétaire », utilisant une pensée de Montesquieu qui leur sert de bréviaire !
L’expansion commerciale avait pourtant toujours eu son revers, depuis la traite des esclaves jusqu’à l’explosion des marchés d’armes ; mais elle a aussi toujours eu ses admirateurs zélés ; ce sont eux qui, dans les dernières décennies, ont occupé le haut du pavé, verrouillé l’expression publique contre toute nuance envers le nouveau dogme. De Raymond Barre à Margaret Thatcher en passant par Jacques Delors et Tony Blair, une seule politique était possible : elle devait passer par la mondialisation et par le développement des échanges commerciaux ; elle devait s’appuyer sur des organes internationaux chargés de vérifier le bon fonctionnement du libre échange, cette nouvelle panacée, de sanctionner les contrevenants, de châtier les hors-la-loi du nouvel ordre. Les peuples assistaient sans pouvoir dire grand-chose à ce raz de marée qui détruisait à la fois les nations et les acquis sociaux au nom du bonheur universel ; de temps en temps même, les puissances mondiales décrétaient, au nom du droit et de la démocratie, des interventions militaires qui rappelaient fâcheusement les canonnières d’antan. Mais, même si le citoyen moyen soupçonnait qu’on lui racontait une fois de plus des histoires afin de justifier juridiquement l’utilisation de la force pour des buts économiques et idéologiques, chacun finissait par s’en accommoder tant il paraissait impossible de faire autrement. La mondialisation était à la fois la nouvelle organisation de la planète et l’expression du génie de l’Occident. La critiquer, c’était attaquer un ordre de paix et de développement en même temps que la civilisation occidentale. Certains, parmi les nouveaux dirigeants du monde, s’octroyaient même le monopole du cœur en s’appropriant le principe de solidarité dont ils définissaient eux-mêmes les règles et les instruments, présentant toute autre option comme un mélange d’archaïsme, d’irresponsabilité, voire de terrorisme.
Ce fut même, dans ce contexte, une satisfaction de voir l’intervention militaire préparée par les États-Unis contre l’Irak à coup de mensonges et dans un déferlement violent de propagande, mobiliser contre elle l’hostilité des foules occidentales en dépit du personnage repoussant de Saddam Hussein alors que, depuis la chute du mur de Berlin, toute intervention américaine était, dans l’ensemble, perçue sous l’étendard de la prospérité et de la démocratie ; il existait donc encore une liberté de pensée, un esprit critique, une capacité à s’opposer dans cette société normalisée !
Cela étant, je ne regarde pas cette évolution sans incertitude ; on a trop souvent, par le passé, sous-estimé l’extraordinaire capacité du capitalisme à récupérer toute contestation, voire à la détourner à son avantage ; et les oppositions au monde que nous vivons sont composites, marquées par des aspects conformistes autant que par des pulsions révolutionnaires, par le prêche moraliste autant que par l’action, par l’attrait du changement autant que par la peur des innovations, par la continuité sociale autant que par le bouleversement de la société, par le goût de l’affrontement autant que par les attitudes non violentes.
Il est bon de rassembler ceux qui aspirent à un autre monde, ceux qui s’opposent aux forces du capitalisme sans contraintes et du libéralisme le plus inégalitaire qui dominent la planète. Critiquer la droite s’impose comme une évidence ; mais à trop rassembler, on s’engage souvent dans l’inappréhendable.
Il faut rappeler l’attitude de la gauche au pouvoir en France dans les années 80-90 pour faire comprendre à quel point la volonté d’être soutenu par le plus grand nombre aboutit soit à des messages fades, soit à de la démagogie plus ou moins hypocrite ; il faut, pour le comprendre, se remémorer la gauche officielle déversant, durant des années, des discours émouvants et lyriques en faveur des opprimés alors qu’elle menait une politique favorable aux intérêts financiers les plus importants. C’est pourquoi on ne peut écouter sans circonspection, dans le débat politique, les offensives menées contre la mondialisation du libéralisme sauvage ou contre les dégâts qu’entraînent les systèmes totalement soumis à la logique financière. Ces critiques ne sont-elles pas souvent, elles aussi, porteuses de la mondialisation ? Ne peuvent-elles pas être souvent, en effet, interprétées comme expliquant que, si la mondialisation libérale n’était pas sauvage ou si la finance était un peu plus encadrée, on pourrait parfaitement s’accommoder de la mondialisation, même libérale ? Le vocabulaire des gauches de pouvoir dans les pays occidentaux reste ambigu, même dans leurs combats ; bien plus, il se veut convenable, cherchant à être acceptable par ceux qu’on appelle pudiquement les modérés : le capitalisme n’y est plus jamais évoqué ; l’internationalisme n’est plus cité qu’en filigrane ; la construction européenne qui s’y est substituée est présentée, par principe, comme un projet de paix et de bonheur dont il suffirait de pallier quelques conséquences néfastes. Mais on ignore dans les faits, tout en s’en plaignant dans les discours, la dégradation de la situation sociale qu’entraîne la restructuration du monde ; on feint d’oublier que l’internationalisme était aussi un combat collectif pour l’amélioration de la situation des exploités. Bref, devant la mondialisation, leur attitude rappelle ceux que stigmatisaient autrefois Bossuet lorsqu’il s’écriait : « Ils feignent de s’affliger des conséquences tout en s’accommodant des causes. »
Bien sûr, la masse de ceux qui militent pour un autre monde rejette ces attitudes politiciennes largement déconsidérées de nos jours ; ils sont essentiellement mus par de nobles motifs : nous voulons un autre monde ; un autre monde est certes possible ; c’est d’ailleurs, aujourd’hui, une nécessité d’autant plus forte que nombre de problèmes sont apparus qui ne peuvent être résolus au niveau d’un État particulier quel qu’il soit ; ainsi en est-il de la pollution, de la prolifération nucléaire, de la maîtrise de nouvelles technologies, de la sécurité…
Cela étant, une évolution sémantique a eu lieu qui n’est pas, tant s’en faut, une question de détail ; elle est, au contraire, lourde de sens : le 21 juillet 2002, le journal Le Monde titrait encore « Un an après, le retour des anti-mondialistes à Gênes » ; puis soudain, dans les éditoriaux, les anti-mondialistes sont devenus alter-mondialistes. Ce changement est passé presque inaperçu ; la transformation de terminologie, adoptée par le plus grand nombre, s’est imposée sans qu’on s’interroge vraiment : pas du tout anodine, en a-t-on mesuré tout le sens et toutes les conséquences ?
Le choix des mots et des concepts est fondamental dans l’histoire humaine. George Orwell l’avait parfaitement compris lorsque, dans sa description du totalitarisme absolu [3], il montrait « comment rendre impossible le crime par la pensée grâce à l’abolition de la référentialité et de l’Histoire (…..), au contrôle de la mémoire, individuelle et collective, à l’imposition d’une langue, la novlangue (…), créant ainsi une véritable dystopie [4] de la communication [5] ».
Ne transigeons donc pas sur les mots. Pour ma part, je me définis comme anti-mondialiste. Cette vérité s’est imposée à moi comme un évidence au sortir d’un parcours personnel long, chaotique, parfois contradictoire ; comme toute une génération, j’ai vécu dans un pays longtemps dominé politiquement par le Parti socialiste de François Mitterrand ; comme beaucoup de citoyens de gauche, j’y suis passé et je dirai, au bout de ce chemin discutable, que c’était vraisemblablement une erreur qu’il fallait commettre. C’est au travers des difficultés et des erreurs qu’on découvre souvent le chemin qu’on doit prendre.
Je suis anti-mondialiste. Non par un goût ou une attirance particulière pour le passé : je sais, en effet, que des forces archaïques, en particulier d’extrême droite, combattent aussi la mondialisation ; je sais que leurs valeurs, en particulier leur vision étriquée et excluante de la nation, sont opposées aux miennes, qu’elles sont profondément réactionnaires. Mais je sais aussi que la mondialisation est déjà un concept dépassé, que les grandes luttes qu’elle a suscitées contre elle ne sont que les prémices de sa remise en cause. Je suis anti-mondialiste parce que je crois que la période qui s’ouvre demande aux hommes de retrouver une identité politique, loin de ces magmas idéologiques sans signification concrète qui leur sont imposés pour mieux pervertir leur pensée ; parce que je crois que la revitalisation de la politique, attribut essentiel de l’homme libre et donc du citoyen, et le retour de l’humanisme passent par le combat contre le concept même de mondialisation.
Bien évidemment, dans le cadre institutionnel du monde qui nous environne, devant les contraintes érigées justement par le système mondialisé, les anti-mondialistes mus par les principes humanistes n’ont pas de représentation politique ; ils en ont d’autant moins que le combat contre la mondialisation se retrouve dans des camps très divers, allant de l’extrême droite à l’extrême gauche, et que, donc, sa lisibilité est rendue très difficile ; doit-on pour autant se positionner, histoire de faire plus respectable, ou, naïvement, dans un souci d’efficacité, dans un autre camp tout aussi ambigu en dépit des apparences ? Les partis officiels, en se contorsionnant un peu et en jouant sur l’ambiguïté de l’« alter », peuvent se dire alter-mondialistes. Dans l’embrouillamini général de l’échiquier politique, il n’y aura aucune efficacité sans clarté totale ; il ne faut pas hésiter à développer des analyses et à proclamer des principes sans se soucier de l’attitude des autres. On ne lève pas les ambiguïtés en en créant d’autres et il n’y a pas d’ambiguïtés plus acceptables que d’autres.
Réaffirmer les valeurs humanistes, c’est refuser de se situer d’entrée de jeu dans les présupposés, dans les contraintes d’une conception mondialiste que cherche à imposer, sous des formes diverses, l’idéologie dominante ; c’est se comporter en homme libre. Ce concept vieillot est pourtant la pierre angulaire de toute contestation idéologique sérieuse. En plagiant Spinoza, on déclare que la liberté est la réalisation de soi, rendue possible par la raison. Elle est une réalité concrète qui s’exprime dans des actions réfléchies. La conduite de l’homme libre est donc tout à fait autonome. L’homme libre est à la fois l’acteur et le modèle de la philosophie humaniste, cette philosophie qui, comme le disait Jean-Paul Sartre, « prend l’homme pour fin et comme valeur supérieure ». Aujourd’hui, alors que l’idée même d’homme libre est redevenue suspecte, vouloir réaffirmer l’humanisme, face à une mondialisation présentée comme fatale au-delà de ses formes diverses, c’est avant tout réaffirmer l’autonomie de l’individu ; or, c’est justement être anti-mondialiste.
Au demeurant, pourquoi l’aspiration à un autre monde devrait-elle se référer à un autre mondialisme ? Il n’y a qu’un mondialisme connu, celui construit par le capitalisme à son niveau actuel de développement. Avant toute quête d’un monde différent, il importe de refuser clairement ce processus, ses présupposés, les forces qui le construisent et le dominent. Car la mondialisation n’est au fond qu’une représentation idéologique du monde dont le seul fondement historique véritable est le rôle et la fonction des intérêts économiques et financiers dominants ; ce n’est que pour légitimer cette construction politique que ses thuriféraires en cherchent la justification dans le développement considérable et universel de la technologie. Or, des bouleversements scientifiques et techniques d’une telle ampleur ont déjà eu lieu dans l’Histoire ; et les constructions politiques que l’humanité a faites en réponse ne furent pas toujours les mêmes. Le monde entier considéré comme le seul espace pertinent pour l’action politique est certainement intéressant pour le capitalisme dans sa phase de délocalisation permanente ou pour certains opérateurs financiers ; l’est-il autant pour le citoyen de base ?
Car il reste que, grâce à cette évolution de la pensée, le monde, dans son intégralité, est perçu comme le seul terrain possible de la transformation sociale ; conclusion d’autant plus perverse que cet espace total, par nature peu maîtrisable, ne se prête pas à l’organisation du combat social et que les capitalistes y ont toujours été gagnants. J’ai souvenir d’une réunion où quelques hommes d’affaires sentimentalement portés à une nostalgie envers la nation française évoquaient ce qu’ils appellent le souverainisme quand soudain l’un d’entre eux s’écria : « Oui, mais il ne faudrait pas que le souverainisme nous ramène le mouvement social ! »
L’idéologie de la mondialisation n’est pas apparue par hasard. Elle est le résultat du combat philosophique qui a été mené avec constance et application contre la pensée dite « moderne », c’est-à-dire contre le rationalisme et les grands philosophes des Lumières, contre une pensée historiquement libératrice. Les attaques des philosophes dits post-modernes ont conduit à critiquer l’humanisme, à rejeter la raison, à donner un sens péjoratif à la notion de nation, au nom des horreurs du 20è siècle, oubliant que c’est la disparition de l’humanisme, le déni de la raison et le dévoiement de la nation dans le nationalisme qui avaient conduit à ces dérives ; elles aboutissent, ces attaques, à dénier à l’homme sa capacité de contestation fondamentale.
Il y a quelque temps, un philosophe avait choisi pour thème de conférence « L’intelligence l’emportera-t-elle sur la bêtise ? » ; il posait, à sa manière, la même interrogation philosophique. Car le pari de l’intelligence, c’est celui de la confiance dans l’humanité ; c’est le droit laissé à chaque homme de faire sa propre analyse ; ce n’est pas parce qu’un individu ne peut expliquer ses refus ou ses aspirations que ses refus ou ses aspirations doivent être condamnés. Face à un système qui tente de tout imposer, de tout réglementer, de tout contrôler, il y a là une véritable gageure. Il n’empêche : vouloir un autre monde, c’est donc d’abord accepter et vouloir l’homme comme un être libre et comme un citoyen.
L’idéologie de la mondialisation libérale cherche, par ailleurs, sa pseudo-légitimation historique dans l’histoire chaotique et les échecs de la gauche depuis un siècle, qu’il s’agisse de la dérive caricaturale du communisme soviétique ou des facilités de son frère ennemi, le « nouveau » socialisme moderne dont l’histoire reste à faire. « Vous voyez bien, disent les thuriféraires du libéralisme, que toute autre voie conduit soit à des impasses, soit à reconnaître le bien-fondé de nos valeurs ».
L’aspiration à un autre monde impose de répondre à ces attaques ; d’abord en regardant d’un œil critique l’histoire de la gauche ; ensuite en travaillant sur la définition des axes de la transformation sociale et des espaces dans lesquels il est possible et efficace d’agir pour ce changement dans un univers que le capitalisme a généré en ce début de 21è siècle.
La question n’est d’ailleurs pas neuve dans l’histoire de la gauche ; sous d’autres formes, il y a plus de cent cinquante ans, dans les tout débuts du mouvement ouvrier, le Manifeste du parti communiste de Marx et Engels déclarait : « Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut leur ravir ce qu’ils n’ont pas. Comme le prolétariat de chaque pays doit en premier lieu conquérir le pouvoir politique, s’ériger en classe dirigeante de la nation, devenir lui-même la nation, il est encore par là national, quoique nullement au sens bourgeois du mot. » Au-delà de toute exégèse, remarquons le lien établi entre la transformation sociale, la prise de pouvoir politique et l’importance accordée à l’existence d’une communauté politique.
Alors que le processus de mondialisation conduit à un espace apolitique, comment poser la question sociale et celle de l’organisation de la société sans remettre en cause la nature même de ce processus ? S’il est juste de dire que le combat pour l’humanité est par nature universel, cela ne donne de force qu’aux principes éthiques sur lesquels doivent se fonder les luttes sociales, mais ne définit pas le caractère, la place, le champ d’action pour un autre monde, ni l’articulation entre les différents niveaux.
On peut certes craindre, à trop clarifier les enjeux, d’être trop minoritaire, trop isolé ; mais il faut craindre surtout, à vouloir trop rassembler, de ne plus ressembler à rien ; comme le dit Alessandro Barrico : « Il y a toujours une portion d’humanité qui n’est pas d’accord, qui se révolte contre l’inertie avec laquelle la majorité adopte les slogans que quelqu’un d’autre leur a inventés ; ce sont les rebelles [6] ».
Sans cultiver le mythe des rebelles, reconnaissons leur utilité dans cette phase de désarroi. Leur faire place n’est pas faire table rase du passé ; ce serait le meilleur cadeau à offrir aux forces qui construisent et dominent aujourd’hui le processus de mondialisation. Le rôle de la rébellion est à la fois plus simple et plus fondamental ; il est de redonner confiance dans le refus. Il est de certifier la liberté de l’homme. Lorsque, dans le roman 1984 d’Orwell, O’Brien torture Winston pour lui faire abjurer cette vérité en soi qui postule que 2 plus 2 font 4, il montre à quel point il s’agit de l’affirmation d’une liberté, d’une question politique. Il laisse entendre qu’il existe un lieu où l’individu peut l’emporter sur le mensonge de l’idéologie officielle [7]. Ce lieu perdurera-t-il ? C’est une question fondamentale, car seule son existence permet à l’individu d’exprimer ses refus.
Le refus est, en effet, un des attributs fondamentaux du citoyen ; il est et reste un des fondements de la démocratie et de la république : en son article 2, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen n’affirme-t-elle pas que l’un des « droits naturels et imprescriptibles de l’homme est la résistance à l’oppression » ?
La suite est à consulter dans le livre Pourquoi je ne suis pas altermondialiste. Éloge de l’antimondialisation par André Bellon, Éditions Mille et une nuits, 2004.

[1Voir Alain Minc, Le Monde, 17 Août 2001 : « La mondialisation heureuse ».
[2The Economist, Novembre 1999.
[3George Orwell, 1984, Gallimard, Folio, 1990.
[4Sorte d’utopie noire où l’objectif de société idéale est pris à contre-pied.
[5Voir Yves Breton, Grandeur et décadence-Le développement dans tous ses états, Éditions L’Interligne, 2002.
[6Alessandro Barrico, Petit livre sur la globalisation et le monde à venir, Albin Michel, 2002.
[7Voir Yves Breton, ib.

dimanche 7 août 2016

La non-violence: bref historique / The nonviolence: brief history

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Non-violence

La non-violence est un principe du christianisme, des religions de l'inde, de l'islam, et de la philosophie, qui se définit comme une « opposition à la violence sans nuire ou causer du tort à autrui ».1

La non-violence a été unanime chez les chrétiens des trois premiers siècles de notre ère, puis soutenue essentiellement par quelques sectes, séparées des États, au Moyen Âge et à partir de la Réforme protestante. Du xviie siècle jusqu'à l'introduction du terme « non-violence » par Gandhi, vers 1920, les auteurs chrétiens parlait plutôt de « non-résistance, » en référence au verset de l'évangile où Jésus enjoint de « ne pas résister à celui qui est méchant ».2

Dans l'hindouisme, le jaïnisme et le bouddhisme, la non-violence est appelé ahimsa, qui est parfois traduit « non-nuisance, » et étendue à toutes les créatures, en lien avec la croyance en la réincarnation et le végétarisme.

La non-violence délégitimise la violence, promeut une attitude de respect de l'autre dans le conflit et une stratégie d'action politique pour combattre les injustices.


Gandhi, pendant la marche du sel, le 5 avril 1930.

Sommaire  [masquer]
1 Origine et évolution du terme non-violence
1.1 Gandhi et la notion d'ahimsā
1.2 La « non-résistance » chrétienne
1.3 Autres sources
2 Les types de non-violence
2.1 La non-violence chrétienne
2.1.1 L'enseignement de Jésus
2.1.2 Vie de Jésus et des prophètes
2.1.3 La doctrine apostolique : le combat spirituel
2.1.4 Les premiers chrétiens
2.1.5 Les sectes chrétiennes
2.1.6 Auteurs phares
2.2 La non-violence dans l'islam
2.2.1 Le Coran
2.2.2 L'imam Shirazi
2.3 La non-violence dans les religions de l'Inde
2.4 La non-violence philosophique
2.5 La non-violence dite sentimentale
2.6 La non-violence nécessiteuse
3 Signification de la non-violence
4 La non-violence, mode de vie et moyen d'action politique
5 Aspects pratiques de l'opposition à la violence
6 La non-violence en tant que méthode et stratégie
7 Réflexions diverses sur la non-violence
8 Critiques
8.1 Critiques du terme non-violence
8.2 Critiques du principe de la non-violence
9 Le mouvement non-violent francophone
9.1 Belgique
9.2 Canada
9.3 France
9.4 Suisse
10 Photographies
11 Bibliographie
12 Notes et références
13 Voir aussi
13.1 Articles connexes
13.2 Liens externes

Origine et évolution du terme non-violence[modifier | modifier le code]

Gandhi et la notion d'ahimsā[modifier | modifier le code]

Le terme « non-violence » a été introduit en anglais (nonviolence) au début des années 1920 par Mohandas Karamchand Gandhi, pour exprimer le concept hindouiste, en langue sanskrit, de ahiṃsā3 dont la traduction littérale approximative est « non » (a-) et « violence » (-himsā), - soit « non-violence »4. Ce terme est actuellement utilisé dans la version française de la Bhagavad-Gita,5où Krishna s'en sert pour exprimer la plus haute loi, le plus haut Dharma, ainsi que dans les premiers Upanishad6.

Selon l'explication de Gandhi, « ahimsā signifie amour dans le sens de saint Paul, et plus encore parce qu'il s'étend à toutes les créature »7. La conception attribuée à Paul est celle du christianisme, qui consiste à surmonter le mal par le bien, mais le mot « ahimsā » a parfois été traduit non seulement par « non-violence » et « amour », mais également par « un respect et une justice », « inoffensivité » et « non-nuisance, »8 - ce dernier terme se retrouvant aussi dans la Bhagavad-Gita9. Ce concept de « non-nuisance » envers toutes les créatures est lié à la croyance en la réincarnation (et autres croyances apparentées, comme le samsara) dans l'hindouisme, le bouddhisme et le jaïnisme, ainsi qu'à une exigence du végétarisme qui est variable, mais très stricte dans cette dernière religion. D'un point de vue historique, le sentiment de pitié universelle dans la pensée de Bouddha (« Que l'on s'identifie avec autrui, ressentant ce qu'il ressent, et l'on ne tuera pas, l'on n'incitera pas à tuer »; « [abdiquer] la violence envers tout ce qui vit ».10) a été préfiguré chez Zarathoustra par la condamnation des sacrifices d'animaux et l'idée d'une sollicitude générale pour tous les êtres vivants11.

La « non-résistance » chrétienne[modifier | modifier le code]

Le concept de non-violence provient chez Gandhi non seulement des traditions religieuses de l'Inde, mais également de la doctrine chrétienne de « non-résistance, » en référence à l'enseignement de Jésus dans le Sermon sur la montagne à l'effet de « ne pas résister au méchant, »12 dont l'histoire a été résumée par Tolstoï.13 En effet, Gandhi affirme que c'est Léon Tolstoï qui l'a « [rendu] capable de fonder en raison [sa] non-violence »14, alors que ce dernier n'utilisait pas le terme "non-violence," mais "non-résistance", comme de nombreux auteurs avant lui. Ainsi, dans sa préface d'une réédition du livre de Adin Ballou sur la "Non-résistance chrétienne" (1846), Michael True (auteur de An energy field more intense than war: The Non-violent tradition and American littérature, 1995) écrit: « L'importance de Ballou comme théoricien de la non-violence ou, comme il appelait le concept, de la non-résistance...»15

Avec le mot non-violence, Gandhi rendait plus explicite, dans la notion de « non-résistance », le sens d'absence de vengeance16. Le terme « non-violence » tend à remplacer en anglais celui de « non-résistance, » qu'on retrouve dans plus de deux cents années de littératures, mais qui n'a par ailleurs jamais été beaucoup utilisé en français17.

Autres sources[modifier | modifier le code]

Le terme « non-violence » est attribuable à Gandhi, mais le concept à des origines plus lointaines, et notamment au sein des traditions religieuses. Ainsi, les « anabaptistes européens du xvie siècle parlaient de Gewaltlosigkeit, littéralement abstention de l’utilisation de la force » pour signifier leur refus de la défense personnelle violente et le rejet du service militaire18. Il n'est donc pas anachronique d'attribuer à des auteurs antérieurs à 1920 des explications sur le concept de « non-violence »

La non-violence se définit comme l’« abstention de la violence, ou le principe d’une telle abstention », et la « non-résistance » comme « le principe ou le fait de ne pas résister à la violence par la force [brute] »19.

Les types de non-violence[modifier | modifier le code]

Adin Ballou, le plus grand théoricien du sujet selon Tolstoï,20 a distingué quatre type de non-violence.

la non-violence chrétienne, qui a été enjoint et exemplifié par le Christ dans les écrits du Nouveau Testament,la non-violence philosophique, de diverses nuances, qui tient pour rien la révélation divine et l'autorité du Christ, exclut toute considération strictement religieuse, et tire ses conclusions à la lumière de la nature,

la non-violence sentimentale, qui est considérée comme la voix spontanée des sentiments les plus élevés de l'homme, transcendant toutes révélations divines spéciales, instructions positives, raisonnement et considération d'opportunité, et

la non-violence nécessiteuse, prêchée impérieusement par les despotes à leurs sujets comme leur devoir indispensable et la plus grande vertu; aussi recommandée par la prudence du monde aux victimes de l’oppression lorsqu'ils sont incapables de présenter une résistance qui a du succès à ceux qui leur font du mal.21 (l'imam Shirazi appelle ce type de non-violence, « non-violence par obligation » - qui est attribuable à la faiblesse22)

La non-violence chrétienne a beaucoup en commun avec la résistance philosophique et sentimentale, puisqu'elle est, dit Ballou, l’original divin dont elles sont des dénaturations humaines, et contenant tout le bien des deux sans les maux de chacune; mais elle n'a rien en commun avec la non-violence nécessiteuse.

La non-violence chrétienne[modifier | modifier le code]

La non-violence de Tolstoï, Gandhi et Martin Luther King était inspirée de l'enseignement du Christ, et notamment du Sermon sur la montagne23,24,25 Luther King a dit que « le Christ donnait l'esprit et la motivation, [et] Gandhi la méthode, »26 avec respectivement la « sublime doctrine de l'amour » et la « résistance non-violente »27; de même que Gandhi a dit avoir apprit la non-violence du Christ, et de Tolstoï la non-coopération28; et que ce dernier partageait en fait les opinions de William Lloyd Garrison, pour qui « la [non-violence] est fondée sur l’enseignement, les doctrines, les exemples et l’esprit de Christ »29.

L'enseignement de Jésus[modifier | modifier le code]

Ce que Régamey a appelé « l'Évangile de non-violence »30 dit :

« Vous avez appris qu'il a été dit : œil pour œil, et dent pour dent31. Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre. Si quelqu'un veut plaider contre toi, et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau (« Donne à quiconque te demande, et à qui te prend ton bien, ne le réclame pas »32). Si quelqu'un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui. …
Vous avez appris qu'il a été dit: Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi.33 Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Si vous aimez [seulement] ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous? [« même les pêcheurs aiment ceux qui les aiment ».34]… Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait »35.

Vie de Jésus et des prophètes[modifier | modifier le code]

Jésus est pour les adeptes chrétiens de la non-violence « le non-violent par excellence »36:

« En sa personne, il a tué la Haine »37.

« Il a résisté à la tentation d'établir le Royaume de Dieu par l'usage des armes, »38 « à la tentation de la puissance humaine »39; « il s'est dérobé aux enthousiasmes qui voulaient faire de lui un roi selon le monde, »40 en prenant même soin de ne pas révéler son identité, « parce que ses compatriotes conçoivent le Messie comme un chef violent ».41; Il ne chercha jamais à faire le bien en recourant au mal (une telle « contradiction serait une indication infaillible de fausseté »)42.

Il a rejeté publiquement la peine de mort, qui était requise selon la loi de Moïse, contre une femme adultère:

« Que celui de vous qui est sans péché lui jette la première pierre ».43, et lui-même « ne leva pas la pierre mortelle »:

« Moi non plus je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pêche plus ».44, 45

Il a réprouvé l'un de ses disciples, Pierre, qui avait pris un glaive pour le défendre :

« Rengaine ton glaive, car tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive. Penses-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père, qui me fournirait sur-le-champ plus de douze légions d'anges? Comment alors s'accompliraient les Écritures... »46
Il a été frappé, dévêtu, insulté, condamné sans raison, torturé, « mais il n'a jamais prononcé un seule parole d'injure, de menace, de malédiction ou de ressentiment ».47 Il appela "ami" celui qui le trahit,48 « ne résista pas, comme un agneau conduit à la boucherie, »49et « appela sur ses bourreaux le pardon de Dieu »50:

« Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font »51.

En conséquence, les apôtres ont prêché la non-violence en mettant de l'avant non seulement la doctrine, mais le caractère exemplaire de la vie de leur Maître :

« Le Christ vous [a laissé] un modèle, afin que vous suiviez ses traces, lui qui insulté ne rendait pas l'insulte, souffrant ne menaçait pas, mais s'en remettait à Celui qui juge avec justice - afin que morts à nos fautes nous vivions pour la justice »52.

Le caractère exemplaire de la non-violence de Jésus est en outre directement renforcé par son enseignement même, qui évoque à cet effet la vie exemplaire de tous les prophètes en général :

« Heureux êtes-vous si l'on vous insulte, [calomnie et persécute] à cause de moi. Soyez dans la joie et l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux; c'est bien ainsi qu'on a persécuté les prophètes, vos devanciers »53.

La doctrine apostolique : le combat spirituel[modifier | modifier le code]

La non-violence, ou non-résistance chrétienne, exclut complètement la passivité absolue, et considère comme un devoir d'opposer la plus grande résistance morale à toute manifestation du mal dans l'humanité ; le mal doit être surmonté par le bien, ce qui fera éventuellement de tous les ennemis des amis.54 ; « Lutter contre le mal est le seul but extérieur du christianisme, et le commandement sur la [non-violence] est donné comme le moyen le plus efficace de lutter avec succès contre lui » 55.

Les premiers chrétiens[modifier | modifier le code]

« Les premiers chrétiens prenaient les enseignements de Jésus à la lettre, et comprenaient ses inculcations de douceur et de « non-résistance » dans leur sens littéral. Ils identifiaient étroitement leur religion avec la paix; ils condamnaient fermement la guerre à cause de l'effusion de sang qu'elle impliquait; ils s'appropriaient la prophétie de l'Ancien Testament qui prédisait la transformation des armes de guerre en outils agricoles56; ils disaient que leur politique était de rendre le bien pour le mal, et de vaincre le mal par le bien ».57 Les textes les plus anciens dont nous disposons permettent de connaître la nature de la « non-violence » des chrétiens des premiers siècles de notre ère.

Au ier siècle, Clément de Rome enjoint « d'obéir à Dieu plutôt que de suivre l'arrogance et l'agitation des instigateurs d'une détestable rivalité [qui se lancent par] caprices (…) dans les querelles et les séditions; et la douceur, l'humilité et la prière « pour ceux qui sont coupables de quelque faute (« injustices, querelle, méchanceté, dureté avec les étrangers, » etc) « afin qu’ils cèdent, non pas à nous certes, mais à Dieu, » et en vue « de la concorde et la paix [pour] tous les habitants de la terre ».58 Un peu après, Polycarpe de Smyrne répète l'enseignement du Christ de « [prier] aussi pour les rois, les autorités, les princes, et pour ceux qui vous persécutent et qui vous haïssent » 59 Le Didachè, un texte très populaire parmi les chrétiens dès le iie siècle, reprend et détaille l'enseignement du Christ ("bénissez, priez et jeûnez pour ceux qui vous persécutent"); « aimez ceux qui vous haïssent, et vous n'aurez pas d'ennemis »; « tu ne dois haïr personne, mais reprendre les uns, et prier pour eux, et aimer les autres plus que ta vie »; et ne pas être irascible, jaloux, querelleur ni violent « car c’est de là que viennent les meurtres, » mais plutôt « mettre la paix entre ceux qui se combattent »60.

Athénagore (vers l'an 177) écrit, en lien avec avec le Sermon sur la montagne, que les chrétiens « ne rendent pas les coups lorsque frappés, ne poursuivent pas en justice lorsque pillés, donnent à ceux qui leur demandent et aiment leur prochain comme eux-mêmes ».61 Les martyrs de Lyon (an 177) « priaient pour leurs bourreaux comme Étienne, le premier martyr: "Seigneur, ne leur impute pas ce crime, " et ils « ne condamnaient personne. Ils déliaient chacun et ne liaient aucun ».62 Justin (dit le Martyr, - devenu chrétien vers 130) témoigne que l'enseignement du Christ sur l'amour des ennemis est commun parmi les chrétiens, et que cela correspond à la réalisation d'une prophétie sur la fin de toute guerre : « Nous qui étions remplis de guerre, de meurtre, de tout mal, nous avons sur terre transformé les instruments de guerre, les glaives, en soc de charrue, les lances en outils des champs, et nous cultivons la piété, la justice, la philanthropie, la foi, l’espérance...63 Tertullien (vers 160-230) formule le sentiment général des chrétiens de son époque concernant la guerre: « Le Seigneur, en désarmant Pierre, a désarmé tous les soldats »; «  une seule et même vie ne peut être due à deux maîtres, à Dieu et à César »64.

Origène (né en 185) expliquait aux non-chrétiens : « Nous ne tirons plus l’épée contre aucun peuple, et ne nous entraînons pas à faire la guerre: nous sommes devenus enfants de la paix, par Jésus qui est notre chef »65; « nous qui par nos prières vainquons tous les démons qui suscitent les guerres... nous apportons à l’empereur un plus grand secours que ceux que l’on voit combattre ».66; et il initiait ainsi les futurs convertis :« En toi est le combat que tu dois livrer, à l’intérieur de toi l’édifice du mal et du péché qu’il faut abattre; ton ennemi sort du fond de ton cœur. [C’est] le Christ qui le dit; « c’est du cœur que viennent les pensées mauvaises, meurtres, inconduites, diffamations...67 Réalises-tu la puissance de cette armée ennemie qui s’avance contre toi du fond de ton cœur ? Voilà vos vrais ennemis »68.

En somme, les premiers chrétiens utilisaient des « armes » spirituelles (prière, jeûne, paroles douces et message du Christ) contre ceux qui les haïssaient et les persécutaient, et tout en cultivant la piété et l'humilité, ils condamnait les mauvais sentiments, le meurtre, les guerres et les séditions. Mettant leur confiance dans le pouvoir de Dieu, ils refusaient de prendre part aux violences organisées, subissaient les outrages physiques sans répliquer pareillement, et recherchaient le bien de tous, la concorde et la paix. Une partie de ces attitudes peut être considérée, selon les définitions d'aujourd'hui, comme de l'objection de conscience, de la résistance passive et du pacifisme.

Les sectes chrétiennes[modifier | modifier le code]

Le Sermon sur la montagne du Christ est expressément présenté comme source de la doctrine de non-violence (non-résistance) et justification de la confession de foi chez les mennonites (incluant les amish),69 les huttérites,70 les quakers71 et les shakers72, ainsi que chez Adin Ballou73 et Léon Tolstoï.74 Cependant, la non-violence serait encore un devoir chrétien même sans ce sermon, dit l'historien mennonite Horsch, parce que les principes du christianisme sont absolument contraires à la guerre,75 qui comprend en fait toutes sortes de violences (politique et autres)76; de même pour Tolstoï c'est l'ensemble des enseignements du Christ et des doctrines des apôtres qui définissent une « règle générale, » la « loi de l'amour » (ou « loi de Dieu »), par opposition à la « loi de la violence »77. Pour sa part, George Fox disait « [vivre] sous une puissance qui supprime la cause de toutes les guerres »78; et en ce sens, la doctrine chrétienne de la non-violence peut correspondre pour ses adeptes au fait même de vivre avec une foi particulière en la nature, la volonté et l'existence même de Dieu.

Cette doctrine de non-violence a été également adoptée et enseignée par d'autres organisations chrétiennes au cours de l'histoire : pauliciens, bogomiles79, cathares80, vaudois81, franciscains82, lollards83, frères moraves84, doukhobors, moloques85, baptistes86, jésuites du Paraguay (cités par Lanza del Vasto87), adventistes88 et témoins de Jéhovah.89

Auteurs phares[modifier | modifier le code]

Les figures de proue de la doctrine chrétienne de la non-violence comprennent, notamment, parmi les Pères de l'Église Tertullien et Origène, les auteurs John Wyclif, Jan Hus et Petr Chelčický (en)90 à l'époque de la Réforme, des individus qui ont agit en tant qu'organisateurs de sectes, comme Vaudès, François d'Assise91, Menno Simon, Jacob Hutter et George Fox, ou qui ont collaboré avec eux ou suivi leurs traces, comme Conrad Grebel, Felix Manz, William Penn, John Woolman et Robert Barclay 92, ainsi que les réformateurs sociaux Adin Ballou, William Lloyd Garrison, Toyohiko Kagawa93, Léon Tolstoï, Gandhi et Martin Luther King. Une telle liste ne peut pas être exhaustive mais permet d'avoir des repères significatifs de l'histoire de la non-violence inspirée de la doctrine du Christ.

Dans les temps très anciens, ce sont parfois des auteurs inconnus qui ont exprimé la doctrine de non-violence, comme chez les vaudois dans le poème intitulé La Noble leçon94, et chez les lollards dans le tract La Somme des Écritures (« L'Évangile interdit d'être des hommes de guerre; L'Évangile c'est la paix et non la guerre »).95 Par ailleurs, il ne semble pas y avoir d'auteurs particuliers qui soient associés à la non-violence chrétienne des moraves, des doukhobors et des moloques, si ce n'est ceux de l'Évangile.

La non-violence dans l'islam[modifier | modifier le code]

Le Coran[modifier | modifier le code]

Les principes de la non-violence ont été promût et défendus dans l'islam depuis toujours. Ainsi, le Coran enjoint de ne dire que ce qui est le meilleur96, maîtriser ses accès de colère et pardonner à autrui97, laisser non seulement le dehors mais aussi le dedans du péché98, rechercher la paix, être juste et doux, et il condamne le meurtre99 et le fait de commettre des désordres (ou faire du mal)100, de fomenter des projets malhonnêtes et criminels, et de se concerter pour commettre des agressions et des actes de révoltes101.

La non-violence musulmane repose sur l'exigence du sacrifice de soi-même, pouvant aller jusqu'à la mort, lorsqu'on est physiquement outragé,102 ; de tels sacrifices sont consentis pour concourir au pardon du Seigneur103 et obtenir un accès au Paradis, qui est réservé à ceux qui seront purifiés de leurs péchés104. En vérité, le prophète de l'islam, Mahomet, se situait dans la continuité des prophètes du judaïsme et du message du Christ, et il a notamment confirmé, en langue arabe, les grands principes du Sermon sur la montagne:

« Bien et mal ne sont pas égaux. Riposte par quelque chose qui soit plus joli ; alors celui avec qui tu étais en inimitié deviendra comme s'il était ami chaleureux. Mais cela on ne le fait parvenir qu'à ceux qui endurent avec constance et on ne le fait parvenir qu'au possesseur d'une grande part »105.
« La jouissance pour un temps de la vie présente, c’est tout ce qui vous a été apporté, mais ce qui est auprès de Dieu est meilleur et plus durable, [pour ceux] qui font largesse (dans la bonne et la mauvaise fortune) sur ce que nous leur attribuons (...) tandis qu’ils pardonnent, eux, quand ils sont en colère, - quiconque pardonne et réforme, son salaire est à Dieu. C'est la sagesse de la vie que de supporter avec patience (endurer) et de pardonner (faire preuve de clémence) »106.

Le Coran appelle le musulman à:

ne pas provoquer l'esprit de vengeance, par exemple, ne pas insulter pour ne pas susciter des insultes, « par esprit de vengeance »107;
maîtriser sa colère, et ne pas commettre des agressions, qui sont fréquentes chez ceux qui ne croient pas, les "négateurs"108;
supporter les torts avec patience: « D'autres prophètes avant toi ont été accusés de mensonge. Mais ils ont supporté avec patience injures et persécutions jusqu'à ce que leur vint Notre secours, car rien ne peut modifier les paroles du Seigneur... ».109;
pardonner : « pardonne... car Dieu aime ceux qui sont bienveillants »110; et
laisser le jugement à Dieu: « Le châtiment que vous êtes si pressé de voir.... Seul Dieu en décidera et fera connaître la Vérité. Car il est le meilleur des juges.... Dieu connaît mieux que quiconque les vrais coupables ».111

L'imam Shirazi[modifier | modifier le code]

L'imam Shirazi (Mohammad al-Husayni al-Shirazi (en), - né à Najaf, Iraq en 1927) soutient que la non-violence est non seulement efficace contre les guerres mais également contre ses racines économiques, sociales et politiques112 Il dit que la violence doit être adoptée « par nature,» au même titre que le fait d'être brave ou juste, et non comme une « stratégie pour atteindre des objectifs, » parce que c'est « une vertu qui conforte également l'âme, » lorsqu'on fait ou s'abstient de faire quelque chose volontairement, mais non lorsqu'on agit à contrecœur; il résume « l'éducation du caractère et l'entrainement » que cela exige comme suit:

« La non-violence de la main est plus facile que celle de la langue, et celle de la langue plus facile que celle du cœur ».

La non-violence dans les religions de l'Inde[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Ahimsa.

Article détaillé : Bouddhisme et non-violence.

La non-violence philosophique[modifier | modifier le code]

La non-violence de type philosophique a été exprimée au cours de l'histoire, notamment, par Socrate, Lao Tseu, Étienne de La Boétie et Henry D. Thoreau, respectivement par une métaphysique et une philosophie morale,113 l'antimilitarisme,114 le concept de non-coopération avec le "tyran",115, et la revendication du droit à la désobéissance civile lorsque notre conscience personnelle l'exige116.

Ce type de non-violence, qui est essentiellement basé sur une analyse philosophique, sociale et politique des phénomènes de l'injustice et de la violence, sans se réclamer d'un enseignement religieux, comprend beaucoup des auteurs qui se sont opposé à la guerre et à la conscription, en fondant des associations pour la paix comme Alfred H. Love (en), William Ladd, William Channing et Noah Worcester, en cherchant à définir un idéal légal et politique comme Hugo Grotius, Emmanuel Kant, Victor Hugo, Frédéric Passy et Leo Szilard, par des appels aux pouvoirs en place (Hermann Hesse), en proposant des recherches sur la paix (Linus Pauling, Harold Taylor (en)) ou une éducation à la paix (Ernst Toller);

en dénonçant la guerre (Emil Brunner, Karl Liebknecht) ou le nationalisme guerrier (Herbert Spencer, Romain Rolland) comme dépassés, un fléau social (Scott Nearing) ou une maladie (Danilo Dolci), et la violence comme incohérente (Toyohiko Kagawa) ou suicidaire (Guglielmo Ferrero), en appelant à arrêter la course aux armements (Pape Jean XXIII), ou à désarmer unilatéralement (Rajendra Prasad), et en présentant la haine comme un crime (Lord Ponsonby alias Arthur Ponsonby, 1st Baron Ponsonby of Shulbrede (en));

en soutenant que l'homme peut arrêter de faire la guerre (Jerome Frank (psychiatrist) (en)) et qu'il n'est pas obligé de commettre le mal (William Jay (jurist) (en)), que l'obéissance aux gouvernements peut avoir des limites (William Ellery Channing), que la désobéissance peut être requise (Bertrand Russell, Harris Wofford (en)), en défendant l'objection de conscience (Norman Thomas (en)) et en refusant le service militaire (Max Eastman, Arle Brooks, Roger Nash Baldwin);

que le pacifisme est impuissant contre la guerre (Robert Pickus (en)), que les traités ne sont pas suffisant pour amener une paix permanente (Albert Einstein), que l'amitié internationale est la seule défense (Abraham Cronbach (en)), que le dialogue entre les peuples peut surmonter les conflits (Martin Buber), que la paix est le fruit d'un certain manière de vivre (Aldous Huxley), que la régénération du monde dépend d'une résistance morale (Thomas Cooper), qu'il faut témoigner contre la violence et pour la paix (William Ladd), que l'idéal est que chacun subordonne sa vie instinctive aux exigences de la raison, alors que ce qui favorise le développement culturel défavorise les guerres (Sigmund Freud), et, enfin, qu'il faut choisir entre la violence ou la persuasion amicale (Albert Camus)117.

La non-violence dite sentimentale[modifier | modifier le code]

La non-violence nécessiteuse[modifier | modifier le code]
(À CLARIFIER: Confusion de trois concepts: ne pas résister aux autorités (Paul), impuissance, et objection de conscience) « L'obéissance passive et la non-résistance » interprétées comme l'absence totale de toute forme d'opposition aux autorités, a été prêchée par plusieurs auteurs à partir de la fin du xviie siècle jusqu'à 1750 environ, par rapport aux pouvoirs anglais, aussi bien pour soutenir la monarchie118 que pour défendre la révolution,119 et même le tyrannicide. Ces auteurs étaient souvent des hommes de lois, mais dans presque tous les cas des « partisans, » même si leur argumentation invoquait le chapitre 13 de l'Épître aux Romains, où Paul soutient qu'obéir aux autorités c'est obéir à Dieu.

Mais ce texte de Paul a été réétudié, et le sens qui s'est de plus en plus imposé, pour des auteurs comme Jonathan Dymond (en), est qu'il faut « obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes ».120 Ce progrès de la conscience permettait aux adeptes de la non-violente chrétienne de renouer avec une tradition restée largement marginale depuis Augustin, Tertullien et Origène, et exprimé surtout par des hérétiques condamnés au bucher, comme Huss et Savonarole.

Avec le développement de la liberté de conscience et de parole, l'éducation, et l'exercice des processus démocratiques, ce que Tolstoï appelait « la superstitieux d’une minorité organisant les vies de tout le monde » était de plus en plus remis en question121.

Signification de la non-violence[modifier | modifier le code]

La « principale signification de la [non-violence] [est de] montrer qu’il est possible d’extirper le mal de notre propre cœur, comme de celui de notre prochain. Cette doctrine interdit aux hommes de faire ce qui perpétue et multiplie le mal dans le monde. Celui qui attaque quelqu’un et lui fait du tort provoque un sentiment de haine, le pire de tous les maux. Offenser notre prochain parce qu’il nous a offensé, avec le motif allégué de "légitime" défense, ne fait que renouveler l’action mauvais contre lui comme contre nous, ça engendre, ou du moins déchaîne ou encourage, l’Esprit Mauvais que nous désirons expulser. On ne peut chasser Satan par Satan, on ne peut purifier la fausseté par la fausseté, et on ne peut vaincre le mal par le mal. La véritable [non-violence] est la seule vraie méthode de s’opposer au mal, » explique Adin Ballou.122

Cette explication de la non-violence est partagée par des adeptes de toutes les plus grandes religions, incluant Gandhi123;

L'imam Mohammad al-Husayni al-Shirazi (en): « La signification de la non-violence est qu'un individu peut apporter une solution aux problèmes, avec une mansuétude complète de sorte que personne n'est blessé par le traitement. C'est le baume qui est placé sur la partie d'un corps malade, de sorte qu'il est guéri »; « L'arme de la non-violence est plus efficace que l'arme de la violence, de même que l'âme est supérieurs au corps »124;
Bouddha: « La haine jamais ne met fin à la haine ici-bas. La bonté seule apaise la haine, telle est la loi éternelle »125;
et Luther King :« Par la violence, vous ne pouvez établir la vérité, et vous ne pouvez en finir avec la haine »126
Les hommes avancent par l’impulsion d’un pouvoir spirituel et moral qui les aide à comprendre et à réaliser la vérité; tandis que la violence inspire aux hommes à mépriser le principe fondamental de leur vie, ce qui est une erreur fatale.127

La non-violence, mode de vie et moyen d'action politique[modifier | modifier le code]
On peut classer les partisans de la non-violence en deux tendances : ceux qui prônent la non-violence comme méthode politique et sociale, et ceux qui soutiennent que la non-violence est aussi une spiritualité à approfondir, intimement liée à la construction de la personnalité et à la pratique d'une morale de vie. Les frontières entre ces deux tendances ne sont pas clairement établies.

En France, elles se repèrent autour de deux groupes symboles : Le Mouvement pour une alternative non-violente et les Communautés de l'Arche de Lanza del Vasto. La branche française du Mouvement International de la Réconciliation (MIR-France) et Pax Christi France font partie de la tendance plus ouverte à la spiritualité.

Gandhi a affirmé que « La non-violence, qui est une qualité du cœur, ne peut pas résulter d'un appel au cerveau »128; « Pour obtenir un résultat décisif il ne suffit pas de convaincre la raison; il faut également toucher le cœur... C'est le seul moyen pour voir s'ouvrir en l'homme une autre sorte de compréhension qui, elle, est tout intérieure. C'est la souffrance, et non l'épée, qui est le blason de l'homme ».129

Aspects pratiques de l'opposition à la violence[modifier | modifier le code]
La non-violence comprend toujours trois aspects majeurs en tant qu'opposition à la violence:

1- L'objection de conscience, en tant que choix de la conscience individuelle qui est opposé à la violence, ou à ce qui est jugé tel,

2- Le pacifisme, en tant que refus de prendre part, de contribuer et de recourir à la violence, ou à ce qui est jugé tel, et dont l'effet caractéristique est l'absence de paix; et

3- Ce qu'on a appelé la résistance passive, en tant qu'acceptation consciente et volontaire de tout préjudice ou châtiment pénal qui survient dans le processus même de l'expression ou la manifestation de l'opposition à la violence, ou à ce qui est jugé tel.

La non-violence correspond à une combinaison particulière de l'objection de conscience, du pacifisme et de la résistance passive; un telle caractérisation est très utile pour concevoir la non-violence qui est un mode de vie apolitique, comme c'est le cas dans certaines sectes chrétiennes, y compris pour décrire les différences que celles-ci peuvent avoir entre elles.

La non-violence peut être exprimée ou manifestée par des personnes seules, et dans n'importe quelle circonstance particulières où elles se trouvent, selon leur conscience personnelle; elle n'a donc pas nécessairement un caractère public; c'est le Christ qui demande une justification à Anne et l'un de ses gardes, en disant "pourquoi me frappes-tu"130, Thoreau qui refuse de payer un impôt, et Van der Veer qui répond qu'il ne se soumettra pas à la loi de la conscription131.

Lorsque des actes non-violents sont effectués pour faire valoir la doctrine de la non-violence comme telle, et qu'ils deviennent connus, ou qu'ils sont appliqués un certains temps et de manière collective par rapport à des institutions ou des autorités civiles, et appliqués en vue d'une réforme politique, économique ou sociale, de manière plus ou moins organisées, et qu'ils font appel à l'opinion publique, la non-violence prend alors le caractère de ce qu'on a appelé une résistance non-violente; dans ces "luttes non-violentes", l'objection de conscience particulière qui est une désobéissance aux lois et règlements s'appelle plus spécifiquement désobéissance civile

La non-violence en tant que méthode et stratégie[modifier | modifier le code]
L'opposition non-violente aux injustices subies, qui sont des situations de violence, a pour but d'en arriver à une situation de justice tout en désamorçant les situations de violence. Pour ce faire, la doctrine de la non-violence fait une distinction entre les actes violents et les personnes qui les commettent, et cherche à convaincre, et non à vaincre, de sorte que la justice recherchée ne s'obtiennent jamais au détriment de "l'adversaire". Par contre, le non-violent ne ripostera pas si cet adversaire veut user de violence, physique ou légale contre lui, parce que la souffrance subit injustement et sans esprit de vengeance est un des moyens pour obtenir une conversion des consciences.

Les méthodes « non-violente » sont donc totalement à l'opposée à celles qui consistent, de la part des pouvoirs à imposer des amendes, faire des procès, emprisonner, châtier, exécuter, faire des préparatifs militaires et guerroyer, et de la part des peuples à fomenter des crimes, des révoltes, des insurrections, détruire des biens qui sont à autrui et menacer, blesser, tuer des personnes, etc.

Selon Gene Sharp l'action non-violente suppose l'exposition bien réelle des militants, non armés, aux armes de ceux qui choisissent des méthodes violentes pour résoudre les conflits. L'action « non-violente » table donc sur des ressorts psychologiques humains de l'adversaire qui ne pourrait durablement s'exposer à paraître lâche en utilisant la violence armée contre des gens désarmés. L'« opinion publique » apparaît donc comme le médiateur convoqué par la lutte non-violente. Les politiques modernes et médiatiques sont imprégnées de ce concept.Tout au long de l’Histoire humaine, dans de nombreux conflits, il s’est trouvé des gens qui ont su se battre, non pas en utilisant la violence, mais en employant des moyens psychologiques, sociaux, économiques ou politiques, parfois même simultanément. Ce mode de combat a été employé non seulement lorsque les intérêts en jeu étaient assez limités et lorsque les personnes impliquées avaient une attitude relativement convenable mais à de nombreuses reprises lorsque l’enjeu de la lutte était fondamental et lorsque les opposants étaient cruels et capables des plus grandes violences : exécutions, passages à tabac, arrestations, emprisonnements et massacres massifs. En dépit de ces répressions, lorsque les résistants ont persisté dans leur mode de lutte nonviolente, ils sont parfois parvenus à triompher132.

Cette technique s’appelle action ou lutte nonviolente. Elle est l’autre recours ultime possible: dans le cadre des conflits aigus, elle peut permettre d’éviter la guerre et les autres formes de violence132. Maria Stephan et Erika Chenoweth affirment dans une leçon d'anthropologie que la résistance non-violente est plus efficace que la résistance violente133.

Recourir à la violence, c'est offrir à ses adversaires les arguments dont ils ont besoin pour justifier leur propre violence. Le recours aux méthodes de l'action non-violente opère un renversement des rôles : ceux qui utilisent la violence sont acculés à une position défensive car ils doivent justifier leur propre violence devant l'opinion publique qui leur demande des comptes. Or, la répression mise en œuvre contre des acteurs non-violents qui défendent une cause juste par des moyens justes apparaît dans toute sa brutalité et reste sans véritable justification. Elle a toutes chances de discréditer ceux qui l'exercent et de renforcer l'audience de ceux qui la subissent. Dans le contexte d'une lutte non-violente, la répression met en évidence les véritables données du conflit et ses véritables enjeux134.

La répression s'inscrit dans la logique du développement d'une campagne d'action non-violente ; il faut donc compter avec elle. Il importe d'estimer le plus exactement possible à quelles mesures de répression on s'expose en agissant. La prudence commande de ne pas encourir des risques inconsidérés et de ne provoquer que la répression que l'on peut assumer. Il faut que le mouvement soit capable d"'encaisser" les coups de la répression sans être détruit par elle134.

Ce type de résistance à également été mis en œuvre dans le but de changer des structures sociales, que ce soient des gouvernements, des lois ou des institutions, comme ce fut le cas par Mohandas Karamchand Gandhi par rapport aux autorités coloniales britanniques en Inde, Léon Tolstoï en ce qui concerne le service militaire en Russie, ou William Lloyd Garrison et Adin Ballou dans le cas de l'esclavage aux États-Unis, lorsque des situations d'injustices graves et chroniques affectent des groupes d'individus, tels que les indiens, les paysans, les esclaves, etc.

Réflexions diverses sur la non-violence[modifier | modifier le code]
François d'Assise: « [Tous] auront soin de ne jamais se troubler à cause du péché ou du mauvais exemple d'autrui: car le démon, par le péché d'un seul, cherche à en ravager beaucoup d'autres; que de leur mieux, au contraire, ils viennent en aide spirituellement au coupable, car ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin, mais les malades135 ».136
Aldo Capitini : « La non-violence est une manière de faire qui découle d’une manière d’être. »137
Gandhi : « La non-violence sous sa forme active consiste en une bienveillance envers tout ce qui existe. C'est l'Amour pur. Je l'ai lu dans l'Écriture sainte hindoue, dans la Bible et dans le Koran »138
Martin Luther King :« La non-violence est une arme puissante et juste, qui tranche sans blesser et ennoblit l’homme qui la manie. C’est une épée qui guérit. »139
Jean-Marie Muller : « L'option pour la non-violence, c'est l'actualisation dans notre propre existence de l'exigence universelle de la conscience raisonnable qui s'est exprimée par l'impératif […] “Tu ne tueras pas”. »140; « Comme toute exigence éthique, la non-violence présente une double-face : l'une invite à ne pas collaborer avec la violence, l'autre à œuvrer pour la justice. »140; « Si l'on s'en tenait à l'étymologie, une traduction possible de ahimsa serait in-nocence. »140
A.J. Muste : « La non-violence est un moyen pour faire face à des situations actuelles, aux tensions et aux conflits. Elle influence bien le résultat possible, mais la “fin” reste totalement ouverte. Elle ne se durcit pas, ni ne devient absolutiste en un “-ism” auquel les hommes devraient se soumettre. Cela signifie un effort constant pour engager les gens dans le processus de décision, et de les soumettre à la discipline qu’une telle participation significative implique, plutôt qu’à des pressions externes et institutionnelles. »141
La non-violence est connue pour son application dans le champ des relations entre groupes sociaux et politiques grâce à des personnages politiques emblématiques. Elle a aussi son application dans le champ des relations interpersonnelles, notamment grâce aux travaux du psychologue Marshall Rosenberg142 qui la définit ainsi :

« Le moyen de renforcer notre aptitude à donner avec bienveillance et à inspirer aux autres le désir d'en faire autant »143.
Critiques[modifier | modifier le code]
Critiques du terme non-violence[modifier | modifier le code]
Le terme « non-violence » établit le rejet d'un principe, la violence. La non-violence se définit donc comme le refus d'un principe négatif. Cette négation d'un principe négatif ne dit pas ce que la non-violence porte de positif. C'est cette analyse qui fait dire à Mère Térésa : « Je n'irai pas à une manifestation contre la guerre, mais si vous faites une manifestation pour la paix, invitez-moi. »[réf. nécessaire].

De même, Marshall Rosenberg, tout en ayant choisi d'appeler sa méthode de communication « Communication non-violente », était critique sur le terme[réf. nécessaire]. Pour insister sur son impact positif, il préférait parler de la « communication du cœur ».

Critiques du principe de la non-violence[modifier | modifier le code]

Malcolm X critique la non-violence
Celse critiquait les chrétiens parce qu'ils ne contribuaient pas, disait-il, à la défense de l'empire et la gloire de l'empereur, - ce qui a suscité une réponse d'Origène.

Léon Trotski, Frantz Fanon, Reinhold Niebuhr, Subhash Chandra Bose, George Orwell, Ward Churchill (en)144 et Malcolm X étaient de fervents critiques de la non-violence, soutenant de maintes façons que la non violence et le pacifisme sont des tentatives d'imposer au prolétariat la morale de la bourgeoisie, que la violence est un accompagnement nécessaire au changement révolutionnaire, ou que le droit à la légitime défense est fondamental.

Durant les années 1960, pendant les répressions violentes des mouvements radicaux noir américains aux États-Unis, George Jackson, membre des Black Panthers, dit des méthodes non-violentes de Martin Luther King, Jr.:

« Le concept de non-violence est un faux idéal. Il présuppose l'existence de la compassion et d'un sens de la justice de la part de l'adversaire. Lorsque cet adversaire a tout à perdre et rien à gagner en faisant preuve de justice et de compassion, sa réaction ne peut être que négative145,146. »

Malcolm X s'est également opposé aux leaders de la lutte noir-américaine pour les droits civiques sur la question de la non-violence, en soutenant que la violence n'est pas à exclure si aucune autre solution n'existe : « Je crois que c'est un crime pour quiconque est brutalisé que de continuer à accepter cette brutalité sans faire quelque chose pour se défendre. »147

Lance Hill critique la non-violence en tant que stratégie inefficace et soutient que l'auto-défense de noirs armés et la violence civile ont plus motivés la réforme des droits civiques que les appels pacifiques à la morale et la raison (voir Lance Hill Diacres de la Défense)148.

Dans son livre Comment la non-violence protège l'État, l'anarchiste Peter Gelderloos (en) critique et définit la non-violence comme étant inefficace, raciste, étatique, patriarcale, tactiquement et stratégiquement inférieure à l'engagement militant, et bercée d'illusions149. Gelderloos affirme que l'histoire traditionnelle dissimule l'impact réel de la non-violence, en ignorant l'implication des militants dans des mouvements tels que le mouvement pour l'indépendance de l'Inde et le mouvement des droits civiques et donnant une fausse image de Gandhi et de Martin Luther King, en les décrivant comme étant les militants les plus actifs de ces mouvements150. Il soutient de plus que la non-violence est généralement prônée par les blancs privilégiés qui s'attendent à ce que les « personnes opprimées, qui sont pour beaucoup des personnes de couleur, souffrent patiemment sous une violence de plus en plus forte, jusqu'à ce que le Père Blanc soit influencé par les revendications du mouvement ou que les pacifistes parviennent à réunir une légendaire «masse critique» »151.

L'efficacité de la non-violence a également été contestée par certains manifestants anti-capitalistes prônant une « diversité des tactiques » au cours de manifestations de rue à travers l'Europe et aux États-Unis après les protestations anti-Organisation mondiale du commerce à Seattle (Washington) en 1999. L'écrivain américaine et féministe D. A. Clarke (en), dans son essai A Woman with a Sword, suggère que, pour que la non-violence puisse être efficace, elle doit être « pratiquée par ceux qui pourraient aisément recourir à la force s'ils le voulaient ». Cet argument conclut que les tactiques non violentes seront de peu d'utilité à des groupes qui sont traditionnellement considérés comme incapables de violence, puisque la non-violence sera en accord avec les attentes des gens à leur égard et ainsi « passera totalement inaperçu ». Tel est le principe du Dunamis(du grec δύναμις ou « puissance retenue »).

L'argument important contre la non-violence, est que cette vision du rapport de force (violence : vis=force) étant trop considérée par la population elle devient absolutiste et dangereuse, car elle retire le concept même de légitime défense, voir d'opposition réelle dans le rapport de force, c'est-à-dire que c'est le début d'un renoncement psychologique (exemple : les grèves du xxie siècle), et le renoncement est le début de l'acceptation et de la soumission. « Gandhi même s'il ne faisait pas preuve et ne prônait pas la violence physique, faisait preuve de force et violence psychologique, en plus d'une grande force de conviction »[réf. nécessaire]. D'autres, comme D. A. Clarke (en), font valoir qu'il faut être capable de force, mais de retenue pour garder un pouvoir réel.

Theodore Kaczynski parle de suicide pour l'utilisation de la non-violence dans certaines conditions152.

Le mouvement non-violent francophone[modifier | modifier le code]

Belgique[modifier | modifier le code]

En Belgique, plusieurs mouvements travaillent dans le domaine de la non-violence. Citons parmi elles : Une association historique fondée par Jean Van Lierde : le Mir-Irg fédère la branche belge du Mouvement International de la Réconciliation et l'Internationale des Résistants à la Guerre, d'origine anarchiste. Son pendant néerlandophone, beaucoup plus important, est : Vredesactie. Pax Christi Vlaanderen est un mouvement important sur base spirituelle, se référant fortement à la non-violence, contrairement à Pax Christi Wallonie-Bruxelles. Sortir de la Violence a.s.b.l. est une association s'inspirant de Jean Goss, d'inspiration chrétienne. L'Université de Paix, qui a son siège à Namur, fondée par le Père Dominique Pire, prix Nobel de la paix, s'occupe également de formation, au sens très large.

Canada[modifier | modifier le code]

Le catholique québécois Henri Bourassa, qui a démissionné du gouvernement du Canada en 1899 en guise de protestation contre la seconde guerre des Boers en Afrique du Sud, et a publié une série de livres contre la conscription lors de la Première guerre mondiale, a dénoncé la « doctrine infernale de la force qui fait le droit » comme « injuste et injustifiable ».153

France[modifier | modifier le code]

En France, le plus ancien mouvement non-violent est la branche française du Mouvement International de la Réconciliation (créée en 1923). Lanza del Vasto, ami de Gandhi, créa la Communauté de l'Arche en 1948. C'est grâce à la Communauté de l'Arche qu'a été créée, pendant la guerre d'Algérie, l'Action civique non-violente (ACNV), dont le principal animateur était Joseph Pyronnet.

Le philosophe Jean-Marie Muller, ainsi que Jean Toulat, Jacques Sémelin, et Christian Mellon, et d'autres, ont cherché à développer une théorie de la non-violence et son adaptation politique à travers des « groupes non-violents » à partir du début des années 1970. Le mouvement des objecteurs de conscience et la lutte des paysans du Larzac, à partir de 1972, ont popularisé la non-violence. Jean-Marie Muller et les plus motivés par l'action politique créèrent le Mouvement pour une alternative non-violente. Il existe également des mouvements s'inspirant des principes de la non violence pour mener des actions sur une thématique ciblée, comme les cercles de silence qui luttent depuis 2007 « protester contre l'enfermement systématique des sans-papiers dans les centres de rétention administrative ».

En 2013, lors du débat sur la légalisation du mariage homosexuel en France, le mouvement catholique dit des Veilleurs a repris les techniques de protestation non-violente.

Une organisation comme Les Désobéissants propose des formations aux techniques de la lutte non-violente et de la Désobéissance civile.

Suisse[modifier | modifier le code]

Du Mouvement international de la réconciliation est issu le Centre pour l'action non-violente (CENAC), créé en 1968. Formation pratique et engagement plus politique caractérisent ce centre.