dimanche 8 février 2015

Comment l'UPR m'a endoctriné / How the UPR indoctrinated me

 |  PAR YANNICK DEL-TORRE





 Source : http://blogs.mediapart.fr/blog/yannick-del-torre/040215/comment-lupr-ma-endoctrine
Un article sincère pour alimenter le débat sur la question "Faut-il sortir de l'Europe" (et.... "Peut-on la réformer") ? 
Ne ratez pas non plus les commentaires instructifs, en particulier ceux du militant upr versus un militant front de gauche (cliquer sur le lien de l'article).

De plus en plus, je vois fleurir sur Médiapart des articles concernant l'Union Populaire Républicaine, comme en réaction à la montée inexorable de ce parti qui frôle à l'heure actuelle les 7 000 adhérents et les aura sans doutes déjà dépassé au moment où vous lirez ces lignes. Pourtant je constate, en les lisant, une absence totale de connaissance du sujet par leurs auteurs : pas ou mal sourcés, mal interprétés, trop orientés, dans l'erreur même bien souvent... il m’apparaît évident que ceux qui rédigent ces articles sur l'UPR n'en ont pour seule expérience la lecture d'autres articles similaires. J'ai donc décidé de partager ici l'histoire qui m'a mené à être engrainé dans ce parti, en témoignant de comment j'ai pu me laisser séduire par cette idéologie largement dénoncée pour son appartenance d'extrême-droite, étant pourtant un « gauchiste » engagé et convaincu. J'espère que cet article, écrit le plus sincèrement et objectivement possible évitera à d'autres de tomber dans le piège démagogique qui, un temps heureusement très court, a faillit me prendre dans ses filets.


 
Qui suis-je ?
Commençons par le début, cela fait bien longtemps que ma naïveté a été déflorée et je n'ignore pas qu'en rédigeant ceci je serais soumis au jugement de mes pairs, autant alors vous l'éclairer et me présenter à vous. Je m'appelle Yannick, j'ai 29 ans, je suis né à Paris où j'ai grandi jusqu'à environ 18 ans. Mes deux parents sont issus de l'immigration italienne, immigrée directe pour ma mère, première génération née en France pour mon père, mes grands parents paternels ont connu les camps de travail à leur arrivée en France d'après guerre. Mais je connais peu leur histoire, la vie m'a été trop dure sur mes début pour que je trouve la force et la volonté de rouvrir de vieilles plaies familiales. J'ai aussi une particularité à confesser : je suis différent de la norme, c'est un fait que j'ai voulu longtemps contester mais que la réalité me rappelle à chaque instants. Rassurez-vous je ne me considère pas mieux ou plus spécial que les autres, simplement je suis hypersensible, affublé d'une trop grande empathie pour pouvoir sereinement m'intégrer dans le monde actuel, je suis incapable d'assister passivement à l'injustice et il m'est extrêmement pénible de refouler la rage que provoque mon impuissance face à elle. Cette condition m'a poussé à préférer la vie solitaire, la déprime (heureusement passée) aidant aussi sans doutes, car non content d'avoir connu l'exclusion et le rejet, des drames familiaux, plus exactement le suicide brutal de mon père à lorsque j'avais 10 ans, m'ont plongé très jeune dans une dépression à la limite de la tendance suicidaire, que je m'étais de surcroît senti obligé de cacher, dressé que j'étais depuis toujours à me sentir gênant pour les autres.

C'est dès mon plus jeune âge dans ce contexte difficile qu'a dû se construire ma personnalité, pourtant, même si certaines douleurs restent vives, je parviens à être fier d'être devenu ce que je suis, car dans la souffrance j'ai pu trouver une sagesse : la certitude que ce que j'ai subi personne ne devait avoir à le subir, c'est sur ce principe que s'est construit la profonde conviction altruiste et humaniste qui n'a jamais cessé de guider mes pas. La déprime n'aidant pas à faire les bons choix, j'ai un temps laissé des conseillères d'orientation choisir pour moi mon parcours, je me suis ainsi retrouvé en BEP électronique, puis en bac pro de maintenance informatique, mes résultats toujours trop moyens n'aidant pas, j'ai fréquenté des établissements d'une qualité si déplorable qu'ils ont fini par arriver à bout de ma tolérance.

J'ai un jour fait le choix le plus important de ma vie: celui de ne plus laisser les autres décider pour moi de ce que je voulais, je me suis rebellé contre cette manipulation dont j'avais été l'objet durant toute ma scolarité et décidé que peu importe ce qu'il m'en coûterait je vivrais selon mes passions et non selon les statistiques socioprofessionnelles de fonctionnaires écervelés. J'ai tout plaqué, malgré l'obtention avec mention de mon diplôme de maintenance informatique, pour travailler auprès d'animaux. J'ai fait une année de volontariat dans une refuge animalier qui m'a suffit pour démasquer l'hypocrisie du milieu de la soi-disant protection animale et m'en dégoutter, j'ai alors obtenu et validé une formation diplômante de soin animalier qui m'a inculqué un autre dogme professionnel basé sur une vision des animaux qui, d'entrée de jeu, m'avait laissé un goût amer, j'ai ensuite travaillé plusieurs années dans des parcs zoologiques français, qui ont également achevé de me convaincre de l'hypocrisie du dogme qu'on m'avait instruit en formation, qui ne servait en réalité qu'à appuyer les intérêts d'une poignée de directeurs, névrosés et bien d'avantage passionnés par leur compte en banque que par la cause animale.

Je suis arrivé à un point ou la déception professionnelle, couplée à la déception politique que malgré tous mes efforts je ne parvenais pas à ignorer (nous étions alors dans les « grandes années » de la présidence de Nicolas Sarkozy), m'ont poussées à m'expatrier. Après tout on avait recommandé publiquement aux français d'aimer la France ou la quitter et je me rendais aisément à l'évidence que cette France là il m'était impossible de l'aimer. Je suis donc parti faire du volontariat, encore, car depuis déjà quelques années je n'avais travaillé qu'en tant que bénévole, stagiaire ou employé sous des termes bidons destinés à détourner des aides à l'emploi, mais cette fois à l'étranger, partant du principe que si j'allais me faire voler ma force de travail, autant que cela soit de manière consentie et dans un environnement auquel j'adhèrerais un peu plus. J'ai alors vécu un an en Thaïlande où j'ai eu l'occasion inestimable de côtoyer des tigres en contact direct, occasion dont j'ai tiré une grande partie de ma philosophie relationnelle, basée sur le respect mutuel et non sur la domination, philosophie que je transpose aux relations humaines, car on ne me fera pas croire que ce que j'ai accomplis avec des tigres, il serait impossible de l'accomplir avec des humains dont la nature trop vicieuse obligerait à adopter une approche autoritaire et dominante. 

Le cours des choses m'a plus tard mené en Colombie, au départ pour des raisons familiales (ma sœur s'y étant installée et ma nièce venant d'y naître), j’espérais y trouver du travail dans une réserve naturelle, la vie m'a conduit à tout autre chose. J'y ai rencontré un artiste philosophe qui m'a permis d'apaiser la fureur qui conduisait mes choix, fureur adressée contre un monde trop injuste, trop faussé, trop manipulateur, trop individualiste, contre lequel je m'étais révolté, contre lequel je m’obstinai, depuis déjà une bonne décennie, à réussir dans le milieu animal alors que, là comme ailleurs, ma vision des chose était trop différente des pratiques admises que je considérais pour beaucoup arriérées et inefficaces. Il faut dire qu'en dix ans j'avais construit une philosophie qui avait le fâcheux avantage de m'opposer simultanément aux dogmati... pardon, aux professionnels du milieu zoologique (pour qui je « dénaturais » les animaux en prônant l'imprégnation des animaux sauvages captifs) et aux hystéri... pardon, aux militants de la protection animale (pour qui je suis un tortionnaire qui exploite des animaux innocents pour faire du fric, car oui, il paraît qu'on peut faire 10 ans de volontariat par arrivisme).

J'ai alors décidé de faire face à ma phobie des études que mon difficile parcours scolaire m'avait inculqué, j'ai donc entrepris de reprendre des études en philosophie, ce qui impliquait de rentrer en France. Ça n'a pas été une mince affaire car je venais d'adopter un chien, trouvé à la rue en Colombie, qu'il m'était simplement impensable de laisser derrière moi, mon engagement était de parvenir à le ramener en France avec moi ou de rester sur place avec lui. Au terme de 4 mois de démarche acharnées et d'une dépense totale de plus de 3 000 € (le double de ce que m'aurait couté le retour seul), accumulée grâce à des visites guidées (à l'occasion desquelles j'ai pu apprendre l'histoire des révolutions d’Amérique du Sud et les mettre en perspective avec l'histoire de la révolution française), je rentrais en France au terme de 3 ans d'expatriation avec, pour la première fois de ma vie, le statut d'étudiant universitaire.

Rassurez-vous, j'arrête ici cette longue parenthèse biographique qui vous semble peut-être hors sujet, mais je considère indispensable de la résumer avant d'aborder les événements qui m'ont mené à adhérer à l'UPR. Il m’apparaît important de souligner que contrairement à l'image en vigueur de ses adhérents, je n 'étais pas issu d'un milieu favorisé, dépourvu d'éducation, ignorant des cultures étrangère, névrosé individualiste ou défendant de l'idée qu'un groupe de personne (« vrais français » pour ne citer que cet exemple) méritait plus que d'autres, et contre ceux-là, d'être favorisés. Mais venons-en au vif du sujet.

Comment, avec un tel parcours, ai-je pu adhérer à un parti comme l'UPR ? 

Tout au long de ce parcours, même durant mes voyages à l'autre bout du monde, je n'ai été capable de cesser de m'intéresser à la politique Française, avec dégoût, car c'est tout ce qu'étaient capable de m'inspirer la totalité des partis politiques français. Je l'ai dit en introduction : je suis fermement de gauche, si tant est que ça ait encore un sens en 2015, mais certainement pas la gauche du PS ou du front de gauche qui tiennent des discours flous, creux, agrémentés de jolis slogans vide de tout engagement politique réel mais dont ils parviendront tout de même à faire l'exact contraire une fois élus. Mon incontrôlable tendance à décrypter les double discours et l'hypocrisie m'a rendu inapte a adhérer à n'importe quel courant politique alors porté à ma connaissance. Je ne votais pas non plus, car d'une part la non-reconnaissance du vote blanc m'irrite profondément, d'autre part je me refusais à légitimer, faute de mieux, n'importe quel parti en lequel je ne croyais pas, voir avec lequel j'étais en désaccord. J'étais de ceux, très nombreux, qui affirmaient « ne pas faire de politique », car la politique ce n'est « que de la manipulation et de la tromperie ». En réalité je ne faisais que ça, de la politique, je m'en rend compte maintenant, mais l'écart entre le concept de politique et la pratique des politiciens est devenu si vaste qu'on n'ose même plus nommer par son nom ce qui est réellement de la politique.

Pourtant, peu après mon retour (sur Grenoble) une amie m'a convaincu de m'intéresser à un nouveau parti, alors minoritaire, candidat à la mairie de Grenoble. Non ce n'était pas encore l'UPR, c'était le Rassemblement de Gauche, mené par Éric Piolle. Par confiance envers cette personne je me suis un peu intéressé à la campagne et pour une fois le discours était un peu plus sensé, certes pas totalement épuré de slogans et techniques de marketing dont j'ai une sainte horreur, mais suffisamment pour me faire admettre que c'était, pour la première fois depuis longtemps, un parti pour lequel j'aurais pu voter. Je l'aurais certainement fait si, du fait de mon expatriation récente, je n'avais pas été dépourvu de carte électorale, que je n'ai pas pu refaire à temps. C'est ce rapprochement à un parti politique, bien que non adhérent, qui m'a permis de lever une première barrière : celle du « tous pourris » pour concéder sur un « peut-être que certains... ». J'ai donc été un peu moins réticent qu'à mon habitude à tous discours politique, faisant confiance à ma capacité de décortication et mon sévère jugement critique pour faire le tri.

J'ai dans un même temps assisté à quelques débats philosophiques tenus dans des associations plus ou moins autogérées mais clairement altermondialistes, au cours desquels j'ai procédé à des échanges de documentation avec des militants de tous bords (enfin de tous bord de gauche, soyons lucides, il s'agissait tout de même du milieu altermondialiste), souvent sous forme de vidéos diffusées via internet : Franck Lepage, Bernard Friot, Daniel Häni, Henris Guillemin... J'ai également visionné et vite réfuté des discours de l'autre bord politique, particulièrement ceux d'Alain Soral dont l'obsession à dénoncer sur des critères d'appartenance politique ou religieuse ceux dont il fait l'objet de toutes ses accusations est très vite arrivé au bout de ma patience, de plus le ridicule de son invitation à voter pour le Front National qu'il présente comme « parti du prolétariat » lui a instantanément fait perdre toute crédibilité à mes yeux (parce qu'excusez-moi, mais des prolétaires millionnaires j'en n'ai pas croisé des masses). Parmi ces documentaires et conférences, figurait celle d'un inconnu, un certain François Asselineau qui expliquait l'Histoire de France, j'avais commencé à la visionner juste après une vidéo sur l'histoire de la Commune par Henris Guillemin, j'étais donc intéressé par l'histoire bien plus que la politique à cet instant là.

C'était là ma première rencontre avec l'UPR et j'étais extrêmement méfiant lorsque j'ai réalisé (dès le début de la vidéo) qu'il s'agissait d'un parti politique : encore un parti qui arbore la drapeau français, ce symbole fasciste réservé au FN et aux Soraliens ! Et qui, en plus, va parler de l'histoire de France, sûrement pour nous expliquer que « tous ces immigrés » n'ont rien à y faire !

J'étais, par a priori, convaincu que j'allais être en désaccord, mais j'étais dans une démarche d'analyse critique et j'avais décidé que, d'accord ou non, je visionnerais ces documentaires et conférences, dans la limite de ma patience tout de même, car la conférence durait 3h15. J'étais particulièrement à l’affût d'une tournure de phrase visant à dé-diaboliser le FN, critiquer l'immigration ou « l'islamisation » de la France, inviter à rétablir la peine de mort et les châtiments corporels à l'école... ce genre de conneries habituellement prônées par l’extrême-droite et auxquelles seul un névrosé pourrait adhérer. Pourtant, rien, aucune invitation à soutenir ce genre d’imbécillités et même parfois des positions très clairement en contradiction avec elles, peu à peu je suis impressionné par la précision de l'analyse et la compétence de ce François Asselineau, qui présente une vision de la France dans laquelle je m'étonne de me retrouver complètement, appuyé sur une histoire détaillée, cohérente et très abondamment sourcée. Consciencieux, je vérifie presque systématiquement les informations dont j'ai ne serait-ce qu'un léger doute, toutes sont rapidement confirmées par des sources indépendantes. La conférence touche à sa fin, je reste bouche bée, c'était probablement l'une des plus intéressante et captivante que j'ai visionné parmi le « marathon intellectuel » dans lequel j'étais engagé depuis quelques semaines, je n'arrive même pas à croire que 3h15 se soient écoulées.

A ce moment là, j’étais très agréablement surpris par le discours tenu, mais pas beaucoup moins méfiant pour autant. Je n'oubliais pas les manipulations, magouilles, doubles discours et fausses promesses dont savaient faire preuve les partis politiques, qu'est-ce qui me garantissait que l'UPR était plus honnête que les autres et pas simplement capable de tenir des jolis discours seulement plus crédibles que la moyenne ? Hors de question que j'adhère au parti pour si peu, quant à voter pour eux c'était encore tout juste vaguement concevable. J'avais donc rangé l'UPR dans un coin de ma tête, celui des partis curieux et pas inintéressant, mais néanmoins affublé de la tare d'être un parti politique.

C'est lors des élection Européennes de 2014 qu'a l'occasion d'une discussion sur Twitter j'avais dit à un contact que, parmi quelques partis globalement alternatifs (démocratie réelle, parti pirate etc.), l'UPR me semblait une option intéressante (j'étais peu impliqué dans la campagne, n'ayant alors toujours pas reçu ma carte d'électeur). Grand mal m'en a pris, car immédiatement un bon samaritain est venu m'avertir de la grossièreté de mon erreur :

Si tu veux voter UPR, tu fais aussi bien de voter FN car ils ont strictement le même programme 

J'étais très surpris, un peu parce que, pour m'en être informé, je savais que le FN n'a strictement aucun programme (seulement des « punchlines »), mais surtout parce que malgré mes a priori et ma grande attention lors du visionnage de la conférence que j'avais vue, cela voudrait dire que j'étais passé à coté de quelque chose, que j'avais été berné en sorte. Je suis humain, je peux faire des erreurs et quand j'ai un doute je ne demande rien de mieux que de me faire donner tort pour pouvoir me rectifier, j'ai donc demandé des sources, on m'a renvoyé vers un certain article Médiapart que vous connaissez certainement. Je l'ai lu, il était effectivement très vindicatif et incendiaire envers l'UPR, mais rien de ce qui y figurait ne suffisait à réellement prouver quoi que ce soit, un pamphlet certes d'une grande qualité poétique, mais d'aucun intérêt politique. Insatisfait j'en demande une autre, plus fiable. Il n'en a pas, mais de toute façon c'est lui qui a raison m'assure-t-il et si je ne suis pas d'accord je suis endoctriné par un dogme fascisant et naïf comme un veau à l’abattoir. J'essaye d'insister, car il avait vraiment piqué ma curiosité, mais sans succès, je n'obtenais pas d'autre argument que l'impératif de m'accorder à son avis sur un acte de foi.

Je suis consciencieux, rappelez-vous, je décide donc de m'auto-documenter, je cherche et trouve une série d'articles contre l'UPR, pas si abondants non plus, je les lis, certains sont vaguement plausibles, mais toujours mal ou pas sourcés, sans preuve définitive, au mieux des suspicions plus ou moins crédibles et ostensiblement interprétée dans l'intérêt du propos tenu. Mais surtout, je trouve parmi ces arguments une immense majorité d'arguments faux, infondés, mensongers, diffamants, malhonnêtes, de quoi en réalité douter bien d'avantage de cette version que de celle défendue par François Asselineau dans ses conférences. Je me dis que décidément je ne trouverai pas d'argument plausible dans ce genre de torchons, je décide donc de vérifier par moi-même, j'ai un sens critique non ? Bien sûr que j'en ai un, il m'emmerde quotidiennement depuis mon enfance en me rendant incapable de ne pas remarquer ou ignorer le moindre détail de contradiction dans ce qu'on m'enseigne, me poussant à être un éternel contestataire qu'on préfère voir dans les pieds de quelqu'un d'autre que dans les siens, qu'on ne vienne pas me le contester au moment même où il pourrait être un avantage. Je me rend donc sur le site web de l'UPR et je regarde une à une la totalité de leurs conférences, de leurs interventions de presse, de leurs débats, je lis tous leurs articles... bref, je m'informe sur la totalité de ce que l'UPR à publiquement communiqué, avec une attention extrême au moindre détail, la moindre ambiguïté, la moindre zone d'ombre qui pourrait laisser la place à une pensée fasciste dissimulée.

Je ne trouve rien. Même, je trouve un nombre incalculable de preuves contraires et tout à fait définitives. Je suis fasciné, car entre temps j'ai appris une quantité de chose incroyable, toutes sourcées, vérifiables et vérifiées, je ne comprend plus du tout d'où peuvent possiblement venir ces accusations qui leur sont portées, elles sont aux antipodes de ce qui est soutenu dans chacune de leurs interventions, sans faute et sans hésitations. Il me restait à voir le programme, je le gardais pour plus tard car il dure tout de même 6h, mais là au moins il s'agit d'un engagement électoral je me dis: Si l'UPR a le même programme que le FN, on va bien le voir ici !

Je suis encore stupéfait, non seulement le programme n'a strictement rien à voir avec celui du FN, mais en plus il s'inspire directement du programme des « Jours Heureux » du Conseil National de la Résistance de 1945, pour qui j'ai toujours eu un immense respect. Je n'ai pas pu fermer ma bouche d'étonnement du début à la fin du programme, frustré qu'il soit déjà fini après 6h de visionnage que je n'ai à nouveau pas vu passer. Je n'aurais pas moi-même pu rédiger un programme politique plus conforme à mes convictions. Seul y manquait à mon goût des propositions qui me sont chères mais trop clivantes pour y figurer (l'UPR étant un parti de rassemblement), comme l'instauration d'un revenu de base (ou « salaire à vie » pour les fans de Friot), mais qui néanmoins étaient rendues possible par l'instauration d'un référendum d'initiative citoyenne, ça serait alors simplement au Réseau Français pour un Revenu de Base (dont je suis adhérent) de faire ensuite son travail pour promouvoir et proposer cette idée au débat publique, indépendament de l'UPR.

C'est à cet instant que j'ai cédé et que j'ai immédiatement adhéré au parti, après un modeste don de 10€, quand on est étudiant sans emploi et qu'on sort de 10 ans de volontariat on n'a guerre mieux à offrir, je suis officiellement devenu adhérent de l'Union Populaire Républicaine. Difficile, dans ces condition de ne pas y adhérer tant tout me démontrait qu'il n'y avait aucune accusation même lointainement fondée concernant l'UPR et leur programme et leurs conférences témoignaient à répétition de l'exacte contraire d'une pensée fasciste.

Qu'est-ce qui m'a fait regretter cette décision ? 

Et bien précisément, c'est là où je veux en venir. Car cette décision je ne l'ai pas regrettée. Je sais, je sais, je vous ai trompés, vous attendiez un désenchantement dramatique dans lequel je réalise que l'UPR est un parti facho et que je m'étais fait endoctriner comme le suggère le titre. Je l'avoue, j'ai volontairement choisi ce titre dans le but de vous induire en erreur et vous faire croire que je vous offrais ici un témoignage dans l'idée de celui d'un rescapé de secte. Mais la réalité c'est que je n'ai jamais regretté mon adhésion à ce jour, certes, seulement 10 mois plus tard, mais c'est suffisant pour constater la rectitude des positions de l'UPR qui n'ont pas variées, non seulement depuis mon adhésion, mais même depuis sa création en 2007. Jour après jour leurs analyses se confirment et si jamais un jour je constate que l'UPR a changé, que le discours à dérivé et que l'esprit auquel j'ai adhéré n'est plus, je serais le premier à publiquement brûler ma carte de parti et même à m'efforcer de détruire toute crédibilité qu'ils s’efforceraient de bâtir, partout où ils iraient.

Je sais que mon procédé (vous avoir fait croire en début d'article que je regrettais mon adhésion) n'est pas très honnête intellectuellement, et sincèrement je m'en excuse car ce n'est pas dans mes habitudes de recourir à ce genre de fourberies. Seulement j'ai constaté une chose, particulièrement vraie parmi les lecteurs de Médiapart : c'est qu'il est bien plus facile de croire ceux qui hurlent au fascisme que de s’intéresser à ce que dit vraiment celui qu'on en accuse. Si j'ai volontairement laissé croire que cet article était un témoignage à l'encontre de l'UPR alors qu'il est le contraire, c'est parce que je sais que comme ça, j'avais peut-être une chance d'être lu par lecteurs de Médiapart qui refusent d'office de laisser la moindre chance à l'UPR et sautent goulûment sur chaque article à son encontre pour s'entendre confirmer qu'ils sont bien fascistes et qu'ils ont raison de les détester, sans jamais faire une démarche inverse de vérification. J'ai longtemps, surtout dans mon adolescence, été proche des milieux altermondialistes et antifa, j'en ai retenu une leçon (merci encore à mon de sens critique qu'il m'est impossible de mettre sur pause) : c'est qu'une pensée qui impose une vision politique en interdisant tout débat et en interdisant de laisser s'exprimer le parti adverse est, purement et simplement, une pensée fasciste, peu importe si elle se réclame antifa ou néo-nazie.

Cette pensée, j'y ai toujours été opposé et je le suis toujours aussi résolument maintenant qu'avant mon adhésion à l'UPR, sans doutes plus encore même. Si vous défendez la liberté et la démocratie alors nous sommes d'accord, mais appliquez-les ! Ne gobez pas sur parole le premier article venu en vous interdisant ensuite de lire quoi que ce soit provenant d'un parti qui y a été dénoncé comme fasciste d'une manière purement arbitraire. Peu m'importe que vous adhériez à l'UPR ou non, peu m'importe que vous changiez d'avis dessus ou non, ce qui m'importe c'est que, quelque soit votre position, elle soit réfléchie et impartiale, pas imposée par une démagogie qui n'a d'anti-fasciste que le nom qu'elle usurpe. J'accepte toute critique de l'UPR, et même, je m'engage à brûler devant témoins ma carte du parti pour peu qu'on parvienne à me convaincre que ce parti est effectivement fasciste (et je parle d'arguments et de preuves, pas d'allégations et de conjectures). Seulement je vous demande de le faire comme il se doit : en lisant leurs arguments et en y opposant un argumentaire concret. Pas en Hurlant au loup en citant un article sorti de nul part.

Je me suis ouvert à vous le plus sincèrement possible dans ce témoignage, vous connaissez maintenant mon parcours et mes positions politiques, avant comme après mon adhésion, pensez vous vraiment qu'avec le vécu et les convictions qui sont les miens, je puisse soutenir une seule seconde un parti qui ne proposerait en fait qu'une idéologie basée sur la domination des plus faibles par les plus fort, ou simplement être suffisamment naïf pour ne pas déceler un tel discours entre les lignes d'un programme politique ? Cette démagogie que je dénonçait en introduction, celle dans laquelle un temps très court j'ai faillis tomber, n'est pas celle de l'UPR comme je l'ai laissé croire, mais celle des « anti-UPR » qui rédigent des articles totalement orientés à son encontre pour vous dissuader de prêter même une oreille vigilante à leurs propos. Mes convictions altruistes ne m'ont jamais quitté, c'est en parfait accord avec elles que je revendique aujourd'hui mon adhésion à l'UPR, quand bien même je voudrais y renoncer et défendre une pensée fasciste, j'en serais viscéralement incapable tant l'injustice, que j'ai longtemps moi-même subi, me révolte, et c'est sans compter qu'elle ne serait même pas en ma faveur puisque je suis un solitaire, un original, un marginal, un contestataire et un fils d'immigrés par dessus le marché, l'exemple même de ceux que les fascistes préféreraient voir en prison.

J'espère avoir pu, comme promis en début d'article, ouvrir les yeux de certains ici qui sont aveuglé par la démagogie d'un dogme qui se dit antifasciste mais n'incarne rien d'autre que le contraire des valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité qu'il prétend défendre, ou plutôt dont il s'empare comme étant le seul apte à dicter qui les représente ou non. Ne tombez pas dans le piège consistant à formuler votre opinion politique selon la volonté d'un autre, quand bien même la promesse d'être dans le camps des justes en le faisant est très attrayante. Informez-vous, renseignez-vous, vérifiez ce qu'on vous dit, n'acceptez jamais un argument pour ou contre quoi que ce soit sans avoir auparavant vérifié les arguments contraires. Il a toujours été dramatiquement plus facile de critiquer et accuser les autres de ce qui va mal que d'incarner soi-même le changement positif qu'on voudrait voir naître, soyez des citoyens et non des moutons, car la tâche qui nous attend tous est rude et l'heure n'est plus à laisser les autres vous dicter quoi penser ou quoi faire.

Sincèrement,
Yannick, le philosophe sauvage.