samedi 13 décembre 2014

Surveillance globale : le système / Global monitoring : the system

Par  27 novembre 2014
Source : http://reflets.info/surveillance-globale-le-systeme/
PORTADA-MC-EL-SISTEMAfinal-blog
Flash-back : en 1994, Mario Conde, un banquier espagnol publie un livre : « El Sistema. Mi experiencia del poder » (Le Système. Mon expérience du pouvoir). Ce livre est une sorte de témoignage sur la manière dont le pouvoir est exercé à l’époque en Espagne. Il revient sur un fait inédit qui l’a touché de très près : la mise sous tutelle de sa banque par la Banque d’Espagne, l’éviction de tout le conseil d’administration, et les poursuites engagées contre lui-même et quelques uns de ses proches. Mario Conde est un ovni dans le petit village madrilène. Sans faire partie du sérail, il a pris le pouvoir au sein du Banesto, en a fait la principale banque espagnole, s’intéresse à la politique économique du pays et s’exprime sur ce sujet, investit dans les médias, il dérange. Le système le lui fera payer au prix fort. Le système… Une définition prisée des complotistes et autres extrémistes pour nommer leur ennemi. Ils n’ont pas complètement tort. Ce même système, qui est transversal s’étend sur toute la planète. Il est également très actif dans la surveillance globale.
Le Symposium international Fiction et Réalité: au-delà de Big Brother a donné la parole à la salle à plusieurs reprises. Dans le public certains voulaient à tout prix désigner « l’ennemi ». Pour les uns il s’agissait bien entendu de la NSA et plus largement des Etats-Unis. Assurément, s’il faut définir Big Brother après les révélations d’Edward Snowden, c’est sans doute la NSA. Pour d’autres, ce sont les Apple, Microsoft, Facebook et autres énormes entreprises qui se gavent de nos données personnelles et qui ne rechignent pas à les communiquer à la NSA. Enfin, certains tentent d’élargir. L’ennemi, c’est le capitalisme.

Définition du pouvoir et exercice réel

Dans son livre « El Systema« , Mario Conde tente une définition en fonction de son expérience personnelle.
« J’ai appris, j’ai vécu et j’ai souffert du fonctionnement d’un schéma de pouvoir que je synthétise avec l’expression « le système ». […] J’entends par « système » un mode d’organisation des  relations réelles de pouvoir au sein de la société espagnole. » [Réel et non pas théorique… – NDRL] « Il ne suffit pas, pour comprendre le système d’observer comment sont définies dans un texte constitutionnel les libertés formelles dont disposent les groupes qui constituent une société. Ce qui est réellement intéressant à analyser, c’est si dans l’exercice de ces libertés formelles, on peut observer l’existence de facteurs qui détournent le principe formulé constitutionnellement. […]  Je dois avouer que lorsque j’ai accédé au pouvoir au Banesto j’ignorais comment fonctionnait réellement notre pays. En de nombreuses occasions j’avais entendu parler d’un certain groupe -désigné par plusieurs expressions-  qui détenait un pouvoir réel et effectif étant exercée avec des connotations tribales. Étant donné que je n’avais pas d’expérience directe, ces affirmations ne pouvaient pas avoir plus d’écho en moi qu’une hypothèse de laboratoire. Mais heureusement, quel que soit le coût payé pour -comme je le disais plus tôt-, l’expérimentation directe de ces années, m’apporte la preuve que ce groupe de pouvoir existe et a un pouvoir réel et effectif. Je qualifie cette structure avec le mot « Système » et par définition, il est susceptible de coexister avec un modèle démocratique d’organisation de la coexistence au sein d’une société ».
Si Mario Conde se concentrait à l’époque sur la définition du Système dans son pays, tant sur les plans politiques qu’économiques ou médiatiques, il convient d’élargir à la planète cette prise de conscience de l’existence du Système.
Le Système agrège en son sein des personnalités de tous bords politiques et de tous les secteurs économiques. Droite, gauche, secteur financier, industriel, médiatique, associatif, le système n’est pas regardant. Sauf sur un point, on n’en fait partie que si l’on se dédie à la survie du système.
La multiplicité des facettes du système permet d’épuiser ses opposants. Ils se battent tout à tour avec une multinationale, un groupe politique, un individu, un média… Mais jamais contre le Système qui continue de tirer les ficelles.
Pur discours extrémiste et complotiste ?

Le Cercle, cette partie émergée de l’iceberg du Système

Interrogeons-nous sur l’étonnante longévité des journalistes vedettes, les « éditocrates » présents sur toutes les chaînes, toutes les ondes, toutes les rédactions. Si Léon Zitrone était encore vivant, il serait encore, à cent ans, le présentateur vedette des mariages princiers sur TF1. Sur celle des hommes politiques qui, même qualifiés de « jeunes », ont fait leurs armes il y a plus de quarante ans. Sur celle des capitaines d’industrie, membres d’un nombre incalculable de conseils d’administration, toujours présents et actifs dans la gestion des plus grosses entreprises.
Tous se retrouvent régulièrement au sein, entre autres, du Cercle, mais pas uniquement. Ils fréquentent les mêmes lieux de villégiature, les mêmes dîners en ville. Il fonctionne en cercles. A la marge quelques agents du chaos du système font avancer leurs préoccupations propres, de manière occasionnelle.
Comme évoqué dans un précédent article, une raie qui vivrait dans deux dimensions ne peut conceptualiser une troisième dimension. L’inverse est vrai pour l’homme vivant dans trois dimensions. Il ne peut pas concevoir dans quel monde vit la raie parfaitement plate. En outre, si la raie peut avoir un éventuel intérêt à essayer d’imaginer les trois dimensions et à vouloir rejoindre le monde en trois dimensions, ceux qui vivent dans trois dimensions n’ont aucune envie de se priver de leur univers ou d’y laisser pénétrer trop de monde. Pensez-vous que le fait que 67 personnes dans le monde possèdent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la population, estimée à 3,5 milliards de personnes, soit le fait du hasard ?
Pour ce qui est de la surveillance, le système a tout intérêt à ce qu’elle devienne la plus intrusive et la plus vaste possible. Une société panoptique permet une auto-régulation des peuples. Par peur d’être accusés, les membres de la société évitent tout comportement déviant. Comprenez, tout comportement pouvant remettre en question la survie du Système. Ce dernier n’existe qu’afin que ses membres puissent conserver leurs privilèges. Pour les uns, ce sera le pouvoir, pour d’autre, l’argent. Et derrière tout cela, on retrouve l’ego. Sans ego, pas de système. Pas de « privilèges ». Mais on est encore loin du moment où les êtres humains sauront s’affranchir de leur ego, où ils commenceront par se changer eux-mêmes avant de vouloir changer le monde. En attendant, pour continuer d’asservir les peuples, pour assouvir l’ego de ses membres, continuer à leur procurer des richesses inutiles tant elles sont massives, le système fait croître la surveillance jusqu’à ce qu’elle devienne globale. Pour ce faire, tous les membres du système sont mis à contribution. Pas seulement la NSA, Apple ou Facebook, la finance ou le capitalisme… L’ennemi que recherchait une partie du public du Symposium international Fiction et Réalité: au-delà de Big Brother est tellement « multiple », il a un agenda tellement informe et complexe qu’un succès de nos luttes contre cette surveillance est rendue pratiquement impossible.
Etrangement, Mario Conde avait été au centre d’une surveillance intrusive. Déjà dans les années 90 le Système y avait recours pour se protéger. A l’époque, Kroll avait été l’un des outils du Système. Les services secrets également (CESID). Baltasar Garzon, avec qui il ne s’entend pas bien, et qui était présent au symposium à Lisbonne a également raconté comment le Système l’avait mis sous surveillance étroite pour le dissuader de poursuivre certaines de ses investigations.
L’Histoire se répète.