Article Publié sur Essentiel.news le 25 juillet 2025
Je
ne suis évidemment pas la seule à faire une série d’articles sur
Jeffrey Epstein, mais je pense que c’est une affaire qu’il faut
absolument suivre et j’aime y apporter un regard personnel parce que je
reste en contact avec de nombreuses survivantes en Belgique, où peu à
peu la toile se dévoile…
Décortiquer
l’affaire Epstein va nous permettre de montrer comment et pourquoi la
pédocriminalité est au coeur de la gouvernance mondiale depuis des
décennies. Epstein, ce sera l’affaire Dutroux des américains. On ne peut
pas directement comparer les 2 personnages. Dutroux était un exécutant
de bas niveau, alors qu’Epstein était la coqueluche de l’élite. Mais
tout le système de contrôle, de chantage, les liens avec différentes
affaires politiques et criminelles, les protections des services
secrets, la manière dont on étouffe l’affaire sont très similaires. Il y
a même un fameux nombre de personnes qui ont été cités par des
survivantes en Europe.
Rien d’étonnant puisqu’au top c’est le même réseau criminel qui est à la manoeuvre…
Voilà
pourquoi, il est nécessaire de commencer en dressant le tableau général
de l’alliance malsaine entre la politique, l’armée, la mafia et les
services secrets.
À
l’heure actuelle, le monde s’interroge sur les raisons pour lesquelles
Donald Trump et son administration s’évertuent à étouffer le dossier
Epstein de manière aussi ouvertement pathétique, après avoir ‘promis’ de
révéler toute la vérité au public durant une longue campagne électorale
et les 1ères semaines du nouveau gouvernement. Un communiqué
de minuit non signé, du département de la justice et du FBI annonçant
qu’il n’y avait plus rien à communiquer sur Epstein, a jeté de l’huile
sur le feu. Pas de « liste de clients », pas d’assassinat dans la
prison, pas de raison de « continuer à parler de ce type », selon Trump.
Il fallait s’y attendre, pas un jour ne passe sans une nouvelle analyse
ou une nouvelle déclaration provocatrice à ce sujet.
Cette
marmite en ébullition est régulièrement attisée par les tweets d’Elon
Musk – dont on souligne peu qu’il a lui aussi fréquenté Jeffrey Epstein.
Musk, comme tant d’autres, accuse Trump « d’être partout dans le
dossier » et souligne le ridicule des déclarations contradictoires qui
s’enchaînent.
Les
démocrates s’offusquent et ricanent: « l’envoyé de Dieu qui allait
nettoyer le marais » ira-t-il jusqu’à pardonner Ghislaine Maxwell dans
les derniers jours de sa présidence? Les supporters de « l’élu »
accusent le choc et brûlent leurs casquettes MAGA. Trump est-il
finalement lui aussi un pédophile? Va-t-il trahir leur confiance?
Epstein est-il un agent du Mossad? Pourquoi un tel volte-face au moment
où le président reçoit la visite de Netanyhaou? Les commentateurs se
déchaînent. Sous l’impulsion de Thomas Massie,
« un des rares élus à s’opposer au lobby israélien », les députés des
deux camps s’allient pour forcer Trump à faire toute la transparence sur
le dossier.
Et
pendant que le public est en transe, on promet plus d’armes à Israël et
à l’Ukraine et on introduit une monnaie numérique programmable avec le
Genius Act. De son côté l’homme le plus riche du monde, Elon Musk, adopte la position de l’outsider sage et honnête et
prépare son costume de superhéros, prêt à dégainer une solution
technocratique « non partisane » qui rendra enfin justice au peuple et
mettra fin au chaos. A moins que… les politiques ne soient mis au
bûcher. Car « si la vérité était révélée », les gens ne pourraient pas
le supporter.
Quelles
sont les ramifications de cette affaire, trop énorme pour être révélée,
mais impossible à enterrer? Y a-t-il une stratégie dans son traitement
incongru et sa mise en récit?
L’affaire
Epstein est le couvercle d’une boîte de Pandore, celle de la «
gouvernance transnationale par le crime » qui fait les grandes fortunes
de ce monde. Comprendre son ampleur et ses enjeux est nécessaire si l’on
veut saisir la complexité des mécanismes qui gangrènent notre société
et son « leadership » et assainir le fameux marais dans lequel notre
monde patauge.
Cette
série d’articles abordera successivement la toile de fond qui a permis à
Epstein de mener sa vaste carrière criminelle, la vie d’Epstein agent
du Mossad et de la CIA, les accusations contre Donald Trump et ses
relations avec Epstein, ainsi que l’instrumentalisation de « la saga
Epstein », notamment par le personnage d’Elon Musk.
Alliances innommables
L’étendue
des activités criminelles de Jeffrey Epstein, les moyens dont il a
bénéficié et l’impunité dont il a joui pendant des décennies ne se
comprend que si l’on place le personnage au centre d’un réseau criminel
préexistant, qui opère avec la complicité des services secrets de
différents pays.
La
journaliste américaine Whitney Webb, qui a enquêté sur cette affaire
durant de nombreuses années, a publié un ouvrage monumental intitulé « One Nation Under Blackmail« dans lequel elle fait l’historique d’une Amérique emprisonnée dans une vaste toile de corruption et de chantage.
Le
constat qui se dégage de ce millier de pages documentées est que les
agences de renseignements ne sont pas au service de la population ou des
gouvernements, mais du crime organisé par la mafia et soutenu par ses
bénéficiaires de Wall Street. Que ce soit le trafic de drogue, les
réseaux de prostitution, le commerce d’esclaves, la vente d’armes,
l’extorsion, le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale ou les activités
terroristes, on y retrouve les mêmes acteurs, protégés par la CIA, le
Mossad et d’autres agences étrangères.
Ceci
est facilité par le fait qu’au niveau de leur direction et/ou des
opérations de « contre-intelligence », un certain nombre de services
secrets travaillent ensemble depuis leurs débuts. La CIA et la NSA
(National Security Agency) ont été organisées avec l’aide des
britanniques (le MI6) et des nazis recrutés après la guerre via
l’opération Paperclip, sous l’influence des frères Foster et Allan Dulles.
Les frères Dulles ont travaillé avant, pendant et après la guerre, pour
le compte d’industriels et de banquiers qui ont promu le fascisme et
l’eugénisme, qui ont en grande partie financé l’ascension d’Hitler et de
la machine militaire allemande.
Au lendemain de la guerre, les frères Dulles recrutèrent le général nazi Reinhardt Ghelen,
chef des renseignements sur le front russe d’Hitler. L’Organisation
Ghelen joua un rôle important dans la formation et les opérations de la
CIA, employant d’anciens officiers nazis et fournissant des
renseignements sur l’Union soviétique et les pays du bloc de l’Est.
C’est également Ghelen qui mit sur pied la BND, le service d’espionnage
de l’Allemagne « libérée », qu’il dirigea sous un nom d’emprunt,
jusqu’au milieu des années 60, en collaboration avec ses nouveaux amis.
À
la même époque, Israël fait appel aux Américains par l’intermédiaire de
son 1er ministre Ben Gourion pour mettre sur pied ses propres agences.
Une alliance secrète se noua bientôt entre ces différents acteurs, sous
la direction de James Jesus Angleton. Angleton était le n°2 de la CIA, chef du département de contre-espionnage et directeur des services secrets à l’étranger.
Fasciste convaincu, anti-communiste enragé et paranoïaque de haut vol, il fut le personnage clé de la coopération étroite avec Israël, ainsi que l’un des principaux architectes de l’Opération Gladio en Europe, en partie financée par le Vatican (1, 2, 3).
Considéré comme « le père du Deep State », la structure occulte qui
tire les ficelles à l’intérieur des États, l’on suspecte qu’il ait
collaboré à l’assassinat de Kennedy orchestré par la CIA, sans doute
avec la complicité du Mossad.
Ce
bref rappel de l’historique des services secrets en Occident montre que
leur apparente compétition pour garantir la sécurité des États
respectifs était et reste toute relative.
L’emprise sur les société occidentales
Dans une interview récente,
le colonel Towner Watkins, spécialiste du renseignement militaire
américain, a déclaré que les opérations conjointes entres agences,
principalement la CIA, le Mossad et les services secrets saoudiens et
parfois européens, représentent 400 coups d’État et 75 assassinats de
leaders politiques. Durant ses années de formation, elle a dû étudier «
tous les complots et renversements de régime depuis l’Antiquité ». Le
seul qui n’avait jamais été abordé était l’Opération Gladio, alors que
c’était justement la principale action en cours, lorsqu’elle a pris ses
premières fonctions en mission à Rome.
Gladio
c’est la création d’une armée secrète par les acteurs précités dans une
lutte contre la menace communiste. Le réseau s’est constitué par un
ensemble de cellules ‘dites dormantes’ composées d’anciens nazis et
fascistes, de criminels en tous genres, de militants d’extrême droite et
d’anciens résistants. Loin de rester inactif, il organisa différents
attentats terroristes dans l’intention de neutraliser la gauche
communiste et d’installer une gouvernance d’extrême droite en Europe.
L’Opération
Gladio a été révélée dans le contexte italien, mais a été déployée dans
toute l’Europe de l’Ouest: en France, en Belgique, au Luxembourg, en
Allemagne, aux Pays-Bas, en Norvège, au Danemark, en Turquie et en
Grèce. Ainsi de nombreuses affaires criminelles apparemment
indépendantes, non résolues, sont en réalité reliées entre elles via la «
nébuleuse » d’individus actifs dans ce réseau (attentas tels que les
brigades rouges, les CCC, les tueries du Brabant, l’assassinat d’Aldo
Moro, d’André Cools, les avions renifleurs, le trafic d’armes et de
drogue de l’Iran Contra, etc.). Il semble que l’opération était dirigée
par un comité qui comprenait principalement des agents de la CIA et du
MI6 et qui orientait les directives de l’OTAN.
Le
caractère secret et illégal d’un programme d’une telle envergure a de
facto nécessité un financement opaque et la mise sous contrôle des
personnes impliquées. Et c’est là le point de rencontre inévitable entre
les chefs de gouvernements, les directeurs de banques, les industriels
et les militaires avec les trafiquants d’armes, de drogues, de diamants,
d’êtres humains et les réseaux de prostitution et de crimes en tous
genres, chacun y trouvant son avantage.
Petit
à petit, cette matrice occulte a pris de l’ampleur telles des cellules
cancéreuses qui se métastasent, par une emprise sur la majorité des
organisations stables et hiérarchisées de la société. On pense ici aux
églises, à la franc-maçonnerie,
à la magistrature, aux services de police, aux groupes de presse, à des
grandes ONG, ainsi qu’à la noblesse, aux ordres de chevalerie comme
l’Ordre de Malte qui conseille l’ONU, aux grandes familles industrielles
et aux organisations internationales dont on peut utiliser les fonds et
les activités sous divers prétextes bien argumentés. Cette description
sans doute caricaturale ne signifie pas que les dites entités étaient
pour ainsi dire propres, mais leurs interconnections ont renforcé « le
réseau criminel transnational ».
La pédocriminalité comme huile dans le moteur de la gouvernance
Le
moyen le plus efficace pour attirer ces dirigeants consiste à les
réunir dans des cercles d’affaires, des Think tanks et des soirées VIP
où se combinent le plaisir et le business. Mais, ces rencontres
privilégiées sont aussi le moyen de s’assurer le silence et la
soumission de chacun grâce à un dossier de chantage, monté avec des
photos et des films où de jeunes enfants sont consommés par cette «
belle société » dans des orgies sexuelles. Pour accompagner le
champagne, il y a des caméras…
L’affaire
Esptein, ce sont des victimes qui ont été utilisées partout dans le
monde lors de ces odieuses pratiques, perpétrées depuis des décennies
avec la complicité des gouvernements successifs. Virginia Giuffre, celle
qui a osé confronter le prince Andrew et d’autres personnalités
connues, est certainement la plus célèbre d’entre elles. Mais les
victimes des réseaux se comptent par milliers, autant que leurs amuseurs
« riches, célèbres et puissants ».
Cathy
O’Brian, une survivante des programmes MK Ultra, a été utilisée comme
esclave sexuelle à des fins de chantage et d’espionnage durant des
décennies. Elle a témoigné devant les tribunaux et devant une commission
parlementaire des viols et tortures qu’elle a subis aux mains des
militaires et de la CIA, avant d’être offerte en tant que « mannequin
présidentiel » à différents chefs d’État. Dans les 2 tomes de « L’Amérique en pleine Transe-formation«
, elle révèle avoir « servi » chaque président américain de son époque:
Gerald Ford, Jimmy Carter, Ronald Reagan, Georges Bush et Bill Clinton.
MK Ultra, une opération conjointe de la CIA et de l’armée
conçue à des fins d’espionnage, a été financée avec plus de 25 millions
de dollars de fonds fédéraux et la collaboration discrète de 80
institutions, universités, armées, hôpitaux, bases militaires. MK Ultra
fut également déployée en Europe, notamment avec d’anciens bourreaux
nazis.
Chez nous, le documentaire Les Survivantes, la série « C’est notre petit secret« ,
et d’autres reportages sur les affaires en France (chaînes de Karl Zéro
et Alexandre Lebreton), en Belgique, en Suisse et ailleurs en Europe,
ont aussi libéré la parole des victimes offertes « en cadeau » lors de
ces réunions de haut niveau.
La belge Anneke Lucas affirme
par exemple avoir été soumise à des programmations par la torture aux
mains de Hans Harmsen, un ancien nazi, et ensuite prostituée à des
hommes politiques importants, notamment lors de la réunion du groupe Bilderberg à Knokke-le-Zoute en 1972, lorsqu’elle avait une dizaine d’années. Dans un entretien sur un podcast américain,
suivi par des millions de personnes, elle a aussi révélé avoir été
l’esclave sexuelle de David Rockefeller durant près d’une année. Parmi
ses bourreaux, on retrouve plusieurs noms célèbres du carnet d’adresses de Jeffrey Epstein.
Aucun gouvernement ne fera la lumière sur l’affaire Epstein
Dans
l’Occident d’après-guerre, la pédocriminalité est devenue l’instrument
privilégié qui touche tous les domaines de la société, jusqu’aux
organisations de protection de l’enfance. En France, les scandales qui
se succèdent dévoilent peu à peu « la nébuleuse autour des Macron
» et du pouvoir politique qui protège et promeut la pédophilie. En
Belgique, l’affaire Dutroux qui a mobilisé plus de 300 000 personnes
dans une Marche blanche historique, a elle aussi été étouffée, car «
c’est tout le pays qui serait tombé ». (1, 2)
En
somme, il serait difficile d’accéder à un haut niveau de responsabilité
sans avoir des faveurs à rendre ou sans être sous la menace d’un «
dossier ».
Comme le dit l’économiste américaine Catherine Austin Fitts, qui a été sous-secrétaire d’État au logement durant l’administration Bush, à propos de l’affaire Esptein:
Tout
le monde a un dossier sur le dos à Washington! Mon patron me disait
qu’il cherchait à me trouver des casseroles, car il savait que j’étais
intègre et difficile à contrôler.
Catherine Austin Fitts a fini par lâcher parce qu’on l’a menacée d’assassiner des membres de sa famille.
Qui contrôle les dossiers Epstein? Ceux qui ont été capables de voler 21 000 milliards de dollars à l’État…
C’est
donc dans le contexte d’une forme de criminalité systémique
transnationale qu’il faut analyser « l’affaire Epstein ». Car le beau
Jeffrey cochait toutes les cases: espionnage, trafic d’armes,
détournement de fonds, évasion fiscale, corruption politique, trafic
d’être humains et chantage pédocriminel et malheureusement « tout le
monde appréciait Jeffrey ».