vendredi 28 janvier 2022

Idriss Aberkane - La semaine de l'Hyperdoctor : Doit-on s'inquiéter des ruptures d'approvisionnement au Royaume-Uni ?

 

Doit-on s'inquiéter des ruptures d'approvisionnement au Royaume-Uni?

Les ruptures d'approvisionnement sont devenues un phénomène systémique à partir de l’année 2020 pour deux raisons simples : ces chaînes logistiques sont non seulement fragiles mais elles ajoutent le défaut de ne pas être élastiques.
Et la raison principale pour laquelle elles ne sont pas élastiques et qu’elles sont fragiles c’est que ces chaînes d’approvisionnement sont optimiséesLe Royaume-Uni n'est qu'un exemple parmi beaucoup d'autres. Mais on va voir d'autres ruptures d'approvisionnement, de la même manière qu’on l'avait vu quand les Chinois avaient décrété un embargo sur le Japon au sujet des terres rares entre 2010 et 2011.

On voit bien que ces sujets ne sont pas nouveaux.

Aujourd'hui, on parle de rupture d'approvisionnement sur les cartes à puce ou de hausse du prix du bois, ou, encore une fois, sur les mémoires flash, les microprocesseurs et les cartes graphiques. D'une façon générale, on constate que ce sont des phénomènes plus ou moins ponctuels qui sont soumis aux mêmes problématiques et aux mêmes pics de demande.

Mais on peut constater d'une façon générale, que, dans notre histoire, on peut voir que lorsqu’on est confrontés à des ruptures d'approvisionnement prolongées, le génie humain tend à créer des produits de substitution. On pourrait dire que ces situations de crise stimulent l'innovation.

L'innovation elle non plus n'est pas élastique, on remarque que c’est quelque chose qui se met en place lentement, sauf en temps de guerre. Par exemple, quand les Japonais ont coupé l'approvisionnement des États-Unis en caoutchouc naturel, les États-Unis ont su créer un ersatz (DLR : un produit de remplacement) très rapidement. De la même manière, quand les Allemands manquaient de pétrole, ils ont appri à en produire à partir de charbon brun, ce qui a justifié l’annexion des Sudètes (NDLR : Le 1er octobre 1938, commence l'occupation allemande des Sudètes, une partie du territoire nord-est du quadrilatère de Bohême se situant entre la Porte de Moravie et les monts des Géants. Cette annexion, décidée à Munich au cours d'une conférence tenue les 29 et 30 septembre 1938 entre Hitler et Mussolini d'une part, Daladier et Chamberlain de l'autre sans l'avis de Prague, enlève à la Tchécoslovaquie 30 000 kilomètres carrés et 3 millions d'habitants).

Ce qu’on peut ajouter d'une façon plus globale, c’est qu’il est difficile de décider politiquement de lancer un programme d'innovation pour substituer un produit. C’est le plus souvent la confrontation avec les difficultés rencontrées sur le terrain qui permettent de déclencher les processus d’innovation.

Mais ce que l'on sait, c'est que le Royaume-Uni est très comparable au Japon, peut-être pas dans son aspect historique, mais d’un point de vue géopolitique. C'est une île au bord d'un continent. On sait que les 3 grands pôles économiques mondiaux sont l'Europe, l'Asie et les États-Unis, l'Amérique du Nord, mais il faut rappeler que le Royaume-Uni a une position mondiale comparable au Japon dans le sens que ce dernier, comme le Royaume-Uni, dispose de très peu de ressources naturelles.

Ces deux pays ont donc dû s'organiser pour créer des centres de stockage, des réserves stratégiques pour tous les produits importants et même des ressources moins vitales comme le café ou le chocolat.


Il existe au Japon des réserves stratégiques secrètes classées secret défense, dont l'emplacement est inaccessible au public et où stockés des produits aussi commun que du cacao et du café, mais qui contiennent également des matières premières plus stratégiques comme des terres rares et l’ensemble des produits dont l'industrie japonaise a besoin pour fonctionner correctement.

À la suite du Japon, on peut s'attendre à ce que le Royaume-Uni procède de la même manière et crée sa propre infrastructure de stockage stratégique.

Et ce qu’on peut ajouter c’est que si le Royaume-Uni n'est que l'ombre de lui-même si on compare sa situation actuelle avec celle qui était la sienne à l'époque de Suez, ses capacités maritimes demeurent. La Grande-Bretagne reste un pays capable d’aller chercher lui-même ses matières premières et de créer de nouveaux débouchés.


Si on s’intéresse à son histoire, on voit que le Royaume-Uni a toujours su régler ses problèmes et ses ruptures d'approvisionnement. Cette grande puissance a su par le passé surmonter ses difficultés, même si on peut opposer le fait que dans les années 80 le Royaume-Uni s'est considérablement industrialisé et qu’aujourd'hui, il en paye le prix.


Car on peut souligner le fait que, si le Brexit est fondamentalement une excellente idée comme on peut le constater aujourd'hui, l'ultra-financiarisation de l'économie britannique ne l’est peut-être pas autant.

Je ne serais pas surpris qu’on assiste, suite à ces ruptures d'approvisionnement, à une nouvelle ère de réindustrialisation du Royaume-Uni.


 
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