mercredi 2 novembre 2022

Publié le 11 octobre 2022. Faut-il devenir plus intelligent avec nos énergies ?

 source : https://2000watts.org/index.php/home/reflexion/1300-faut-il-devenir-plus-intelligent-avec-nos-energies.html


Dans le monde de l’électricité, du pétrole et du gaz, l’augmentation des prix est pratiquement la seule alarme audible pour les citoyens. Tant que les prix évoluent sous les radars, il n’y a pas de quoi s’inquiéter, mais quand l’essence dépasse un certain seuil psychologique, le rêve américain s’écroule et la panique gagne.

Même l’impact de la destruction des gazoducs Nord Stream, qui relient la Russie à l’Allemagne, reste illisible et trop complexe pour sortir le consommateur de sa torpeur.

 

En fait, le prix n’est pas vraiment l’indicateur ultime pour comprendre ce qui se passe géologiquement, pour mesurer les quantités disponibles ou déchiffrer les enjeux géopolitiques.

 

Mieux avec moins

Ainsi, après avoir dépassé les $130, le pétrole a dégringolé sous les 90. Tout va mieux?

Pas vraiment, car dans les coulisses, tous les voyants sont au rouge. A moins d’une récession, il n’est pas certain que l’offre puisse suivre la demande.

Paradoxalement, l’objectif premier des majors pétrolières et gazières n’est pas d’extraire toujours plus de matières premières, mais de dégager un maximum de bénéfices en vue de rétribuer les investisseurs avec de généreux dividendes afin de recommencer le cycle. La quantité d’hydrocarbures extraite n’est qu’un effet de bord du système.

Dans ce contexte, la découverte de nouveaux gisements pétroliers est au plus bas depuis plus de 70 ans. A force de vider les caisses avec des dividendes et de racheter des actions pour faire grimper artificiellement les cours des actions de ces géants de l’énergie, la part dévolue à l’exploration et à l’extraction n’est plus à la hauteur du défi, au point que l’industrie annonce un plateau de production entre 2025 et 2028.

Du côté du méthane, trop de pays en réclament et les grands producteurs mondiaux n’arrivent plus à satisfaire les besoins, d’autant que les exportations russes toussent et que les gaz de schiste américains vont entrer dans le déclin.

 

Une utilisation chirurgicale des énergies

Dans ce contexte, la crise actuelle a le potentiel de changer la donne: faire nettement mieux avec moins, et surtout, commencer à utiliser avec une intelligence chirurgicale ces précieuses matières premières essentielles à notre vie.

Ainsi, au lieu de dilapider le peu de méthane et de mazout qui restent sous nos pieds, la nécessité de les réserver pour des usages à grande valeur ajoutée va s’imposer. Il devient difficile de justifier l’utilisation d’une flamme à plus de 1000 °C pour chauffer un bâtiment à 21 °C et l'eau d'une douche à 38 °C. Que dire du  selfie de son nombril lors d’un week-end à Barcelone b?

Le manque de respect pour ces matières premières quasi magiques est sans limite.

 

De nouveaux caps

En pratique, depuis la Deuxième Guerre mondiale, la population a grandi de 5 milliards d’individus pendant que la malnutrition a fortement diminué. L’utilisation d’ammoniac comme engrais industriel à base de gaz, a créé ce miracle et a permis de démultiplier les récoltes de céréales et d’aliments.

La pétrochimie entre dans la fabrication de nombreux médicaments. La chaleur du méthane permet de fondre l’acier, indispensable à nos infrastructures. Ses molécules créent des plastiques et des résines qui facilitent notre vie notamment dans la chirurgie.

Même si certains gouvernements tentent de maintenir le statu quo et de rester dans des périmètres connus, cette violente crise énergétique a le potentiel de chambouler les habitudes et les convictions.

Petit à petit, la diminution de l’offre va imposer de nouveaux caps, tout comme la destruction des gazoducs Nord Stream va redessiner l’Allemagne et certainement l’Europe.

La cacophonie politique actuelle pourrait atteindre un pic puis évoluer vers une adaptation lucide. Il restera à définir la gouvernance et la création de nouvelles règles du jeu.

Historiquement, ce type de changement de fond intervient lors d’une révolution, d’une guerre ou d’une crise économique. Faut-il vraiment passer par ce genre d’événements pour commencer à devenir plus intelligent ?

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