On doit cette célèbre expérience à Milgram.
Cette expérience a été maintes fois reproduite dans de nombreux pays et les résultats sont toujours aussi convaincants que ceux de Milgram.
Cette expérience peut donner des pistes de réflexions sur ce qui peut amener des personnes à torturer (ici par des chocs électriques) d’autres personnes et cela, non pas du fait de leurs caractéristiques individuelles mais du fait d’un contexte spécifique.
Pour cette expérience, 600 Sujets étaient recrutés par annonce de presse parue dans la publication locale de la ville de New Haven.
L’expérimentation se déroulait dans un luxueux laboratoire de l’université de Yales.
L’expérimentation se déroulait dans un luxueux laboratoire de l’université de Yales.
La procédure est simple :
On fait croire aux participants que l’on réalise une expérience sur la mémoire et que l’on cherche à tester les effets de la punition sur le processus d’apprentissage. Le sujet tire "au hasard" un papier sur lequel est inscrit le Rôle qu'il tiendra durant l'expérience (le tirage au sort est truqué, il sera forcément le professeur). On demande donc au sujet naïf qui sera obligatoirement dans le rôle du professeur, de faire apprendre des paires de mots (comme « chapeau – ballon ») à son élève qui est en fait un compère (complice de l'expérimentateur).
La consigne est simple :
Si l’élève donne une mauvaise réponse, le professeur (sujet naïf) doit lui administrer un choc électrique croissant de 15 volts à chaque erreur et cela de 15 jusqu’à 450 Volts où il est d’ailleurs indiqué « danger ».
Bien sûr, les chocs électriques ne sont pas réels mais ce qui est important c’est qu’ils le sont pour le sujet naïf.
Bien sûr, les chocs électriques ne sont pas réels mais ce qui est important c’est qu’ils le sont pour le sujet naïf.
L’expérimentateur habillé de sa blouse blanche n’a le droit de dire que quelques phrases telles que :
« vous devez continuer » ou « il faut continuer » ou « continuez » ou « l’expérience veut que vous poursuiviez » ; pour mettre quelques variantes.
« vous devez continuer » ou « il faut continuer » ou « continuez » ou « l’expérience veut que vous poursuiviez » ; pour mettre quelques variantes.
Milgram avait fait une petite enquête au préalable auprès de « professionnels du comportement humain » comme les psychiatres, les étudiants diplômés ou encore les professeurs de sociologie.
Tous semblaient unanimes pour dire que la plupart des sujets allaient se montrer désobéissant et ne pas administrer les chocs ; à l’exception de quelques cas pathologiques, ne représentant que 1 à 2 % de la population, qui assouvirait leurs pulsions agressives.
Tous semblaient unanimes pour dire que la plupart des sujets allaient se montrer désobéissant et ne pas administrer les chocs ; à l’exception de quelques cas pathologiques, ne représentant que 1 à 2 % de la population, qui assouvirait leurs pulsions agressives.
Les résultats vont donc être bien loin des attentes
Le tableau ci-dessous représente le % d’individus allant au choc maximal et mortel de 450 Volts, ainsi que les moyennes des chocs électriques délivrée selon la plus ou moins grande proximité de la victime (l’élève)
Le sujet ne sait pas si il va devoir jouer le rôle du professeur ou celui de l'élève | Le sujet sait que le tirage au sort est truqué et qu'il jouera le rôle de l'élève | |
Sujet naïf | Sujet compère |
Différentes variantes ont été réalisées et exposées pour la plupart ci-dessous:
% de sujets allant jusqu'à 450 volts | Moyenne des chocs électriques délivrés | |||
Expérimentation 1
La "victime", l'élève n'est pas dans la même pièce que le professeur (sujet naïf), à 300 volts, le compère (enregistrement audio) tape sur la cloison pour protesterb et ne donne plus de réponse à partir de 350 volts
| 65% | 405 Volts | ||
Expérimentation 2
La situation est la même mise à part que les cris de douleurs sont clairement entendus au travers de la cloison
| 62.5% | 370 Volts | ||
Expérimentation 3
La "victime" est dans la même pièce que le sujet naï, il est donc vu et entendu
| 40% | 310 Volts | ||
Expérimentation 4
Il y a contact physique entre "victime" et sujet naïf puisque ce dernier doit le contraindre par la force à ce qu'il pose ses mains sur une plaque sensée délivrer des chocs électriques
| 30% | 270 olts |
Ces résultats sont assez effrayants et mettent en évidence le poids très important de l’autorité ; ici symbolisée par la blouse blanche du médecin, les locaux de Yales...
On peut d’ailleurs voir avec les résultats suivants que, sans l’Autorité, il n’y a pas de soumission possible.
On peut d’ailleurs voir avec les résultats suivants que, sans l’Autorité, il n’y a pas de soumission possible.
% de sujets allant jusqu'à 450 volts | Moyenne des chocs électriques délivrés | |||
Si le sujet naïf est une femme | 65% | 370 Volts | ||
Absence de l'expérimentateur (garant de l'autorité) | 20.5% | 275 Volts | ||
L'expérience était réalisée hors de l'université | 47.5% | 315 Volts | ||
Le sujet naïf a le choix du niveau de choc | 2.5% | 82 Volts |
La hiérarchie apparaît indispensable à tous processus d’obéissance.
L’individu qui entre dans un système d’autorité ne se voit plus comme l’acteur de ses actes ; contraires à la morale, mais plutôt comme l’agent exécutif des volontés d’autrui. Il va attribuer la responsabilité à l’autorité.
L’individu qui entre dans un système d’autorité ne se voit plus comme l’acteur de ses actes ; contraires à la morale, mais plutôt comme l’agent exécutif des volontés d’autrui. Il va attribuer la responsabilité à l’autorité.
% de sujets allant jusqu'à 450 volts | Moyenne des chocs électriques délivrés | |||
C'est la "victime" qui demande les chocs, l'autorité s'y opposant fermement | 0% | 150 Volts | ||
Absence de l'expérimentateur. L'ordre est donné par un compère sensé être une personne comme le sujet naïf | 20% | 245 Volts | ||
2 expérimentateurs s'opposent: l'un dit de continuer, l'autre est contre | 0% | 150 Volts |
Milgram nous dit que l'individu passe de l’état autonome (on est déterminé de l’intérieur) à l’état agentique (l’individu se sens comme un rouage d’une volonté qui est extérieur à la sienne)
Comment se fait ce passage et quels sont les facteurs de maintenance ?
Conditions préalables générales :
- La famille
- Le cadre institutionnel
- Les récompenses
Conditions générales spécifiques :
- Il faut que les sujets perçoivent l’autorité comme légitime
- L’expérience est présentée comme scientifique (idéologie du scientisme)
Conséquences :
- Perte du sens des responsabilités
- L’image de moi m’est donnée par l’autorité qui valorise l’obéissance
- Je vais être le siège d’une tension car je répugne à faire souffrir autrui
Façons de résoudre les tensions :
- La dérobade comme si on n’entendait plus les cris de l’autre
- Les manifestations psychosomatiques
- La désapprobation ; « je ne suis pas d’accord » mais je le fais quand même
- La désobéissance qui ramène à l’état autonome
Facteurs de maintenance dans l’état agentique :
- La continuité de l’action ; « la main dans l’engrenage »
- Contrat moral, règles du jeu
Mais d’où l’expérimentateur détient-il son pouvoir ?
Il n’a aucun réel moyen de coercition.
Le pouvoir est une notion éminemment politique et il faut se tourner vers les appareils idéologique d’état : Ensemble d’institutions publiques et privées qui élaborent, inculquent le système de norme et qui a pour fonction la reproduction des rapports sociaux existants.
Le pouvoir est une notion éminemment politique et il faut se tourner vers les appareils idéologique d’état : Ensemble d’institutions publiques et privées qui élaborent, inculquent le système de norme et qui a pour fonction la reproduction des rapports sociaux existants.
Pour conclure, l’individu est en fait habitué à obéir et à recevoir des récompenses pour cela que ce soit dans le domaine scolaire, familial ou professionnel. La société inculque à l’enfant et dès son plus jeune age un profond respect de l’autorité.
Le sujet de Milgram ou Monsieur tout le monde agit contre ses convictions et en souffre. Cependant, il va se conformer à ce qu’on attend de lui.
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