Bon, on n'est pas obligé de se focaliser sur ce qui peut déconcerter... Cette dame est très intéressante à écouter.
Son site : http://www.personocratia.com/accueil/
La 100 000ième personocratia !!!
L’humanité est en train de vivre la plus grande transformation de son histoire, une véritable mutation qui donnera naissance à un règne nouveau sur terre, la diessité, et à un nouvel individu, l’être diessique.
Comme dans le « Phénomène du centième singe »*, il arrivera un moment critique où la bascule de la conscience collective se fera subitement, telle une épidémie d’amour, car seul l’amour est contagieux... Utopie ridicule ou évolution inévitable ?
Toi seule le sait.
Quand verrons-nous le paradis-sur-terre ?
Quand nous aurons atteint la masse critique de personocratias. Quand atteindrons-nous cette masse critique ?
Quand il y aura un nombre suffisant de personnes conscientes se comportant en êtres diessiques dans leur vie quotidienne. Que se passera-t-il alors ?
L’humanité passera subitement de l’inconscience animale à la conscience diessique. Comment le saurons-nous ?
L’individu remplacera la guerre par la paix.
La société passera de l’enfer-sur-terre au paradis-sur-terre.
Verrons-nous cela de notre vivant ?
Tout dépend de nous, car notre création dépend de notre niveau de conscience. Que pouvons-nous faire pour y arriver ?
Accélérer notre transformation individuelle et nous libérer de nos peurs. Laquelle des personocratias fera exploser la vieille conscience collective ?
La 100 000ième !!!
* Le « Phénomène du centième singe »
Voici ce que révélèrent d’étonnantes observations anthropologiques japonaises, liées à l’étude en milieu naturel, pendant 30 années, des macaques de l’archipel des îles Okinawa Tô :
Dans l’île de Koshima, des scientifiques approvisionnaient les singes de patates douces qu’ils laissaient tomber sur la plage. Les singes aimaient bien le goût de la patate douce crue, mais trouvaient déplaisant de manger du sable.
En 1952, Imo, une jeune femelle de 18 mois, trouva la solution au problème en lavant les patates. Entre 1952 et 1958, les observateurs notèrent que les premiers à suivre l’exemple de la guenon furent les jeunes singes qui l’accompagnaient, de plus en plus nombreux, avec d’autres femelles. Les plus réticents furent les vieux mâles, rivés à leurs habitudes, qui observaient ce manège avec des grimaces réprobatrices.
Les années passèrent, et le processus continua lentement à s’amplifier jusqu’au jour où ce groupe atteignit une "centaine" d’individus. À l’automne de 1958, le "centième" singe apprit à son tour à laver ses patates, et c’est à ce moment que se passa un phénomène extraordinaire : toute la communauté bascula et l’ensemble de la société des singes adopta ce comportement. Plus extraordinaire encore, les scientifiques découvrirent, stupéfaits, que ce nouveau comportement venait de franchir l’océan d’un seul bond !
En effet, des colonies de singes occupant d’autres îles, et même la troupe vivant sur le continent dans la ville de Takasaki, commencèrent eux aussi à laver leurs patates douces ! L’addition de "l’énergie mentale" de ce "centième" singe créa donc une véritable percée idéologique, une révolution culturelle inattendue.
La nature elle-même délivrait ce message : lorsqu’un certain nombre d’individus atteint un niveau de conscience, celui-ci peut être transmis d’un individu à l’autre !
Même si le nombre exact d’individus touchés par ce changement peut varier, le « Phénomène du centième singe » demeure le même. Lorsqu’un nombre restreint de personnes apprend une nouvelle façon de penser, de vivre et d’agir, ce nouvel apprentissage reste connu des seuls initiés. Cependant, il suffit alors qu’une seule personne parvienne à son tour à cette nouvelle conscience, pour que celle-ci atteigne tout le monde !
Même si le nombre exact d’individus touchés par ce changement peut varier, le « Phénomène du centième singe » demeure le même. Lorsqu’un nombre restreint de personnes apprend une nouvelle façon de penser, de vivre et d’agir, ce nouvel apprentissage reste connu des seuls initiés. Cependant, il suffit alors qu’une seule personne parvienne à son tour à cette nouvelle conscience, pour que celle-ci atteigne tout le monde !
* Cette histoire provient du livre The Hundredth Monkey de Ken Keyes, Jr.
source : http://www.personocratia.com/1oo-ooo-e/
deux chaînes utube :
https://www.youtube.com/channel/UC3Mmjyd2Sgbfd4IfhoJyIkw
https://www.youtube.com/channel/UCdYxldcDf-ppxQg8uIX1Qbg
pour aller plus loin
dans la suivante, la santé et, notamment, la problématique des vaccins
Pour être complet, une critique de son oeuvre et une spiritualité qui l'inspire... Chacun en tirera ses conclusions.
1. Critique de son oeuvre
Le complot Lanctôt
par Georges-André Tessier
Extrait du Québec Sceptique no 34, page 27, été 1995
L'ouvrage du Dr Guylaine Lanctôt, La Mafia médicale, est un livre éparpillé et syncrétique qu'il est bien difficile de critiquer de manière cohérente. Tout dans cet ouvrage est un tissu de contradictions : des présupposés méthodologiques jusqu'aux conclusions. Pour mieux mesurer l'ampleur des incongruités de Mme Lanctôt, nous avons choisi de considérer son propos sous différentes facettes.
Mettre de côté la raison... au profit de la voyance
Parmi les rares qualités de l'ouvrage, on observe le fait que son auteure, tout au début du prologue, formule clairement la méthode de recherche à l'origine de ses prétendues « découvertes ». Mme Lanctôt explique ainsi que ledomaine qu'elle nous invite à explorer avec elle ne se comprendra pas seulement avec la « logique » du cerveau mais davantage avec « l'intuition » du coeur (p. 4).
Pour ses lecteurs qui n'auraient pas compris les implications de sa méthode intuitive, l'auteure de La Mafia médicale précise que si l'on veut vérifier la véracité de ses conclusions, il ne faut pas chercher « les preuves, les références, les chiffres… » Elle nous avoue candidement que nous n'en trouverons pas dans son ouvrage. Mme Lanctôt propose les titres de plusieurs ouvrages dans les marges des pages de son livre, mais elle admet ne pas les avoir lus :
Certains, je les ai lus de bout en bout; d'autres, je les ai seulement feuilletés; d'autres enfin, je ne les ai pas lus du tout. Ça n'a pas d'importance…
(p. 4)
Comme critère de validité, Mme Lanctôt nous propose plutôt ce qu'elle appelle la « voix intérieure » qui loge dans « votre moi profond » (p. 4). Selon elle, toute vérité est subjective et seule la voix intérieure peut permettre aux individus de distinguer le vrai du faux. Plus loin dans le corps de son ouvrage, elle devient plus explicite encore en invitant carrément ses lecteurs à « faire taire leur raison » (p. 114)!
En réalité, Mme Lanctôt se trompe profondément. En matière de santé et de science, il n'est jamais bon de faire taire sa raison au profit de sa « voix intérieure » car, dans ces circonstances, on ne fait que s'enfermer dans ses propres préjugés. Rappelons incidemment que c'est pour défendre leurs préjugés que les Inquisiteurs ont refusé de considérer les mesures de Galilée prouvant le mouvement de la Terre autour du Soleil. C'est aussi pour défendre ses préjugés que l'Église anglicane a longtemps refusé de reconnaître les faits et la justesse des raisonnements de Charles Darwin. Et c'est encore pour s'enfermer dans leurs préjugés que les nazis ont cherché à faire la preuve de l'infériorité de certaines minorités ethniques pendant la Seconde Guerre. En écoutant leur intuition et leur voix intérieure, les nazis sont parvenus à se convaincre que la race aryenne était supérieure aux autres races… Les préjugés ont la vie dure. Seules la raison et l'observation impartiale des faits permettent parfois d'en venir à bout.
En prenant connaissance de l'ouvrage de Mme Lanctôt, nous avons également reconnu un autre mode d'appréhension du réel exploité par l'auteure : la révélation. En effet, celle-ci adhère à la croyance suivant laquelle nous sommes, en plus de notre corps physique, pourvus de quatre corps invisibles. Chacun de ces corps serait caractérisé par des « vibrations » dont la fréquence et la masse fluctuent suivant leur proximité avec l'Esprit divin…
Ces vibrations, Mme Lanctôt nous précise que nous ne pouvons ni les voir ni les toucher et qu'aucun appareil de mesure ne permet de les enregistrer! Si elle connaît leur existence, c'est par l'entremise de voyantes qui ont, selon elle, la faculté « de voir ou de sentir les vibrations des corps et de l'âme, au point de pouvoir les décrire et les quantifier » (p. 19). Elle a reçu cette révélation par l'entremise de deux auteures guérisseuses (Janine Fontaine et Barbara Brennan) en qui elle croit manifestement sans réserve.
Or, notre expérience de Sceptiques nous apprend que les révélations des voyantes méritent toujours d'être vérifiées par d'autres méthodes. Ainsi, c'est en oubliant de vérifier ses intuitions que Luc Jouret est parti vers l'étoile Sirius en entraînant avec lui dans la mort une cinquantaine de personnes. Le Gourou avait décidé d'emprunter une piste qui lui était dictée par ses qualités de voyant.
Une part de vérité
Malgré sa méthode peu orthodoxe, l'ouvrage de Guylaine Lanctôt n'est pas seulement un jardin où fleurit l'imaginaire. L'auteure formule des constats très justes sur les coûts prohibitifs des services de santé et sur le caractère déshumanisant de la pratique médicale. Elle reproche ainsi à la médecine scientifique d'être une médecine de maladie, centrée sur le curatif plutôt que sur le préventif. Elle questionne les mobiles véritables de certains acteurs du secteur de la santé, comme les politiciens, les compagnies pharmaceutiques et les syndicats professionnels dont la compassion et le désintéressement ont en effet souvent été démentis.
Mme Lanctôt fait aussi d'autres observations très justes sur l'hygiène physique et psychologique dans l'approche préventive de la maladie et elle formule quelques lieux communs sur le rôle néfaste de la pauvreté et de la pollution. C'est sur ces quelques vérités qu'elle cherche à se faire un peu de crédit pour ensuite conduire ses lecteurs vers des constructions carrément délirantes.
Ivan Illich : un auteur mal interprété
Parmi la masse des auteurs farfelus ou paranoïaques qu'elle cite dans son livre (voir article suivant), Mme Lanctôt se réfère également, ça et là, à des auteurs sérieux. C'est le cas par exemple d'Ivan Illich, un auteur qui a publié en 1975 une essai critique sur l'institution médicale. Lanctôt reprend à son compte l'une des thèses du célèbre essayiste, suivant laquelle, dans les sociétés industrielles, la médecine nuit à la santé (voir encadré). Cependant, elle déforme complètement la thèse d'Illich pour la détourner au profit de sa propre « théorie ».
D'ailleurs, à ce chapitre, l'auteure de La Mafia médicale joue double jeu avec l'oeuvre d'Ivan Illich. Tantôt, elle porte ce dernier comme un étendard et reproche aux « autorités gouvernementales » de ne pas tenir compte des critiques qu'il a formulées (p. 78). Mais ailleurs, c'est elle qui abandonne, sans explication, l'analyse que propose Illich pour se mettre à défendre des thèses qui contredisent les démonstrations de l'auteur qu'elle chérissait quelques lignes auparavant. Il faut dire que l'ouvrage d'Ivan Illich appartient peut-être à ceux que Lanctôt se vante d'avoir seulement feuilletés!
En effet, si Illich observe dans une certaine mesure que la médecine nuit à la santé, il conçoit ce phénomène comme un effet paradoxal propre aux services publics, évoluant dans une société de production industrielle. Illich est pleinement conscient de la complexité des organisations qu'il critique et de l'emprise limitée des dirigeants d'hôpitaux ou des chefs politiques sur les phénomènes qu'il décrit. Le chapitre IV de son essai est d'ailleurs consacré à considérer ces limites.
Tout au contraire, Lanctôt considère que les dirigeants sont conscients et tout-puissants et que l'institution médicale nuit sciemment à la santé des citoyens dans le but de pouvoir ensuite leur vendre des services et des médicaments. Mais surtout, elle y voit plus précisément encore l'objet d'un complot, d'une « machination » ourdie par la « mafia médicale » et par ses agents (p. 5).
L'Industrie : le grand maître du Complot mondial
Ainsi donc, à partir des constatations réalistes appartenant à une saine critique du capitalisme et des institutions sociales, Lanctôt glisse ensuite progressivement dans une interprétation délirante des phénomènes sociaux. Pour ne retenir que les grandes lignes, considérons ici les aspects saillants de la conspiration que l'auteure de La Mafia médicale croit avoir démasquée.
Le Parrain
D'après elle, un « Parrain » malveillant est à l'origine de toute cette machination :
L'INDUSTRIE: c'est l'exploiteur. C'est le Parrain du système médical. C'est le grand dictateur et bénéficiaire de la maladie. Sous couvert de recherche scientifique et de souci humanitaire, il sème la maladie à tout vent et récolte les profits. (…) Son immense pouvoir occulte lui soumet tous les niveaux des « autorités » aussi bien gouvernementales que médicales et médiatiques.
(p. 86)
Ce serait cette industrie, en association avec les gouvernements, qui exercerait un contrôle omnipotent sur « tous et de tout ». C'est elle également qui veillerait à semer la maladie pour récolter des profits suivant le principe mercantile :
Plus il y a de patients, plus ils sont malades souvent, plus ils sont malades longtemps, plus c'est payant!
(p. 108)
Effets secondaires planifiés
D'après Lanctôt, la grande industrie pharmaceutique ne se contenterait pas de nous vendre des médicaments inefficaces, mais elle s'efforcerait même de retirer les bons remèdes du marché (p. 77). Pire encore, elle chercherait à développer des médicaments conçus pour ne pas être efficaces et même provoquant des effets secondaires qui rendront les patients plus malades et les obligeront à consommer davantage de médicaments :
Pour le fabriquant, plus il [le patient] consomme de produits, meilleur il est. Plus il est malade, plus il est profitable. Il faut donc faire en sorte qu'il soit malade, que les médicaments ne le guérissent pas, qu'il développe de nouvelles maladies.
(p. 86)
Pauvreté planifiée
Au-delà de sa propre activité, la grande industrie piloterait les gouvernements pour qu'ils s'efforcent de maintenir la population dans la pauvreté (p. 76). Pourquoi? Parce que les gens plus pauvres ont davantage de chances d'être malades et que les gens malades consomment plus de soins médicaux (p. 8 et 69).
Cet énoncé n'est pas seulement exagéré, il est en contradiction avec la proposition précédente à l'effet que les compagnies cherchent à faire de l'argent. La population est constituée de fait de clients potentiels de la grande industrie. Or, en vertu du principe mercantile formulé plus haut, il ne serait pas avantageux pour la grande industrie d'appauvrir ses clients… qui ne pourraient plus alors se payer les produits qu'elle vend!
Pollution planifiée
C'est encore pour répondre à la commande de la grande industrie pharmaceutique que les gouvernements négligeraient de légiférer en matière de pollution et en matière agro-alimentaire. La pollution et la mauvaise alimentation, en rendant les gens plus malades, contribuent à faire augmenter la vente des produits pharmaceutiques (p. 108 et 113).
Tous complices
Pour matérialiser son méfait et semer la maladie, la grande industrie a besoin de s'assurer de la complicité de presque toutes les personnes oeuvrant dans le domaine de la santé. Suivant la théorie de Lanctôt, la grande industrie est parvenue par des « pots-de-vin » (p. 109) à s'assurer le silence ou le mensonge des dirigeants et des responsables directs tels que les élus (p. 87), les fonctionnaires (p. 92), les corporations professionnelles et les dirigeants d'hôpitaux (p. 86).
La grande industrie contrôlerait également les agents indirects comme les facultés de médecine (qui abrutissent sciemment les étudiants pour en faire des « inconscients tranquilles ») (p. 86), l'Organisation mondiale de la santé (p. 89), l'ONU et la CIA (p. 126 et 139), qui est, bien sûr, de tous les complots. Ils sont en avance sur leurs émules : les communistes et les islamistes qui ne trouvent une place qu'à la fin du livre de madame Lanctôt (p. 231).
Les scientifiques et les chercheurs seraient eux aussi partie prenante de la machination. D'après Guylaine Lanctôt, ils « falsifient les données au profit des compagnies » (p. 93).
Toujours d'après elle, les médias (p. 77 et 194) et les organismes de charité (p. 77 et 151) seraient aussi impliqués dans la conspiration. Par exemple, les campagnes publiques pour le dépistage précoce du cancer du sein viseraient en réalité à provoquer une peur pathogène qui serait, elle, la véritable cause du cancer :
Les autorités proclament partout qu'une femme sur 3… 4… ou 9 aura le cancer du sein et programment ainsi dans la tête des gens pour que cela se réalise.
(p. 113)
Finalement, même les syndicats d'acupuncteurs (CSN), récemment impliqués dans la reconnaissance de l'acupuncture comme corporation professionnelle, ne font, d'après Lanctôt, que tromper leurs membres dans le but de servir leur véritable maître la grande industrie qui veut rendre les gens malades.
Voilà qui fait beaucoup, beaucoup, beaucoup de complices!
La vaccination : une opération meurtrière
C'est sur ce ton que l'auteure aborde le problème délicat de la vaccination. Comme les autres produits fabriqués par l'industrie pharmaceutique, les vaccins seraient conçus non pas pour prévenir la maladie mais bien pour la propager!
Mme Lanctôt expose évidemment la liste exhaustive des complications (réactions allergiques, infections, etc…) qui peuvent survenir à la suite d'une vaccination. Il s'agit hélas de dangers réels, connus et documentés. Cependant, elle va bien plus loin que le connu, en évoquant des épidémies survenues dans des pays lointains à cause de campagnes de vaccination et en citant des chiffres épouvantables à cet effet. Malheureusement, ses sources sont nébuleuses…
Elle fait également référence à des problèmes de santé à long terme, comme les troubles d'apprentissage chez les enfants et les mutations « génétiques » :
Voulons-nous attendre de constater l'apparition d'ailes de poulet sur nos petits enfants pour commencer à nous poser des questions sur les bienfaits de la vaccination?
(p. 116)
La vaccination serait également la cause de nombreuses et épouvantables calamités, comme la vague de violence dont la société occidentale est actuellement la proie :
Les conséquences catastrophiques et bouleversantes d'une DÉFICIENCE NEUROLOGIQUE étendue à un grand nombre d'enfants suite aux vaccins : (…) cette vague de violence sociale et de crimes perpétrés par des « personnalités sociopathes » créées par les vaccins.
(p. 118)
Pour Lanctôt, la vaccination est plus que l'objet d'un commerce vicieux et injustifié, c'est une arme biologique servant à « l'extermination des minorités dérangeantes » (p. 126). Ce serait la raison pour laquelle certaines populations (homosexuelles, autochtones et même québécoise) sont ciblées par les campagnes de vaccination. En effet, pourquoi a-t-on procédé en 1993 à une campagne de vaccination contre la méningite à l'intention des jeunes Québécois? Pour Mme Lanctôt, la réponse est évidente :
Comme les Autochtones, le peuple québécois est dérangeant : il tient à sa différence et réclame sa souveraineté.
(p. 128)
Contradictions au sujet du sida
Pour Lanctôt, le sida est l'une des conséquences préméditées des campagnes de vaccination. Sur ce terrain, par contre, son raisonnement est plus difficile à suivre.
Notons ici que les contradictions dans La Mafia médicale ne sont pas rares. Partout, de chapitre en chapitre, le Dr Lanctôt formule des énoncés qui se contredisent les uns les autres. Par exemple, elle dénonce les soins médicaux comme nocifs mais trouve « injuste » que les personnes riches aient accès à plus de soins que les pauvres (p. 225). Elle considère les médicaments comme des poisons, mais déplore que le fabriquant qui développe un nouveau médicament ait le monopole sur le produit pendant des années (p. 110). Elle condamne la vaccination, mais fait la promotion de l'homéopathie qui cherche pourtant à se valoriser en se comparant à la vaccination [Québec sceptique #32/33, hiver 1995, p. 44]. Ces contradictions sont cependant souvent indirectes.
Toutefois, lorsqu'elle aborde le problème du sida, les contradictions deviennent directes. Elle dénonce la campagne mensongère faisant du VIH la source du sida. Selon elle, la vraie cause serait plutôt une combinaison de facteurs tels que les médicaments, les vaccins, la pollution, la malnutrition, la débauche et la peur. Les infections (dont le VIH) ne seraient que des circonstances supplémentaires, accessoires mais non indispensables à l'apparition de la maladie.
D'après Lanctôt, le sida peut apparaître sans le VIH, et le VIH peut être présent sans que jamais le porteur ne développe la maladie (p. 137). Selon elle, encore, certains médecins ont monté ce canular dans le but de vendre le test de dépistage du VIH (p. 139). Pourtant, plus loin dans le même chapitre, l'auteure explique que le VIH est une arme biologique mise au point par la CIA (p. 139) et expérimentée sur les Noirs d'Afrique et les homosexuels d'Amérique par l'entremise des vaccins anti-hépatiques.
Mme Lanctôt réalise donc le tour de force de nous affirmer simultanément que le sida n'est pas une atteinte virale… et qu'il est une atteinte virale! En somme, pour elle, l'important est surtout de nous démontrer que le sida est le résultat d'un complot peu importe quelle en est la nature.
Le complot du cancer
Pour Guylaine Lanctôt, le cancer aussi est une des conséquences de la vaccination, de la pauvreté, de la pollution et de la peur. Comme nous l'avons vu plus haut, elle ne craint pas d'identifier la peur du cancer comme étant une cause importante de cette maladie.
Fait inédit dans le cas du cancer, Lanctôt prétend que les autorités médicales connaîtraient un remède efficace (« une longueur d'onde électro-magnétique précise »), mais qu'elles auraient tué l'inventeur et cacheraient la recette de manière à pouvoir continuer à vendre leur panoplie de médicaments inefficaces (p. 144).
D'un délire à l'autre
Lanctôt n'aime pas Claude Bernard, fondateur de la méthode scientifique en médecine. Elle déteste encore plus Louis Pasteur, à qui elle reproche d'être un « tricheur, un menteur et un voleur » (p. 155). D'après elle, le vaccin contre la rage est un autre canular puisque la rage « n'existe pas » (p. 155); ce serait plutôt le vaccin antirabique qui rendrait malade et qui tuerait, et non la rage elle-même.
Lanctôt englobe dans sa théorie personnelle d'autres discours d'auteurs pas beaucoup mieux documentés. Elle fait aussi la promotion de toutes sortes de théories, comme celle des microzymes inventée par le Dr Béchamp (un contemporain de Pasteur oublié par l'Histoire) ou celle de la somatide de Gaston Naessens, qui s'est sauvé de France après avoir été accusé de charlatanisme. Lanctôt cherche même à amalgamer sa théorie avec un certain discours féministe, sans toutefois que les liens n'apparaissent évidents.
La solution Lanctôt
En opposition à la « médecine de maladie », Guylaine Lanctôt propose un projet composite tout aussi contradictoire et délirant que sa critique de la médecine scientifique.
En résumé, retenons que dans son projet mégalomaniaque, elle propose d'utiliser les médecines douces (homéopathie et remède 714-X de Naessens) comme étape intermédiaire pour se rendre vers d'autres techniques permettant l'autoguérison de l'âme. D'après elle, les pouvoirs religieux ont détourné la vraie spiritualité. Les voies de la santé de l'âme sont maintenant enseignées par des « maîtres spirituels » (p. 59) qui proposent de nouvelles techniques « qui abordent l'âme directement » (p. 59).
L'auteure n'expose pas le détail de ces procédés inédits mais elle nous affirme que ces techniques devraient ultimement nous permettre d'atteindre « la vie éternelle » (p. 233), ou pour mieux dire, « l'immortalité » (p. 8). Rien de moins!
L'auteure de La mafia médicale suggère en effet que, comme dans le cas de la maladie, la vieillesse et la mort seraient le résultat d'une programmation artificielle. Elle en appelle à la physique quantique comme témoin de sa révélation :
En physique quantique, le temps et l'espace sont des illusions. Ils n'existent pas. Leurs corollaires, la maladie, la vieillesse et la mort sont aussi des illusions et non des réalités. Elles ne peuvent exister sauf si nous y croyons… nous les faisons alors se réaliser.
(p. 46)
Conclusion
Il est presque impossible de faire le tour complet de toutes les complications et de tous les appendices de la vaste conspiration que, dans son délire, Mme Lanctôt croit avoir mise à jour. Il n'est pas davantage possible de critiquer tous les emprunts que cette phlébologue québécoise fait à des théories à la mode dans les milieux ésotériques et les groupes d'extrême droite. Il nous semble cependant que les quelques extraits que nous en avons tirés auront suffi à vous faire une idée juste du caractère incongru de son ouvrage.
Mme Lanctôt est probablement de bonne foi, mais les découvertes qu'elle croit avoir faites ne sont pas le résultat d'une enquête ou d'une recherche rigoureuse. Ses conclusions sont manifestement des constructions imaginaires répondant à des besoins personnels et rappelant ceux d'une personne dépressive en proie à un sentiment de persécution.
2. Une spiritualité qui inspire Ghis
Aurobindo Ghose dit Sri Aurobindo ( à Calcutta - à Pondichéry) est un des leaders du mouvement pour l'indépendance de l'Inde, un philosophe, poète et écrivain spiritualiste et mystique. Il a développé une approche nouvelle du yoga, le yoga intégral.
Sommaire
[masquer]Biographie[modifier | modifier le code]
Après ses études en Angleterre (1879-1893) à Cambridge, il retourne en Inde, commence à étudier les grandes traditions de son pays avant de militer pour l'indépendance1.
En 1907, il fit la rencontre du yogi Vishnu Bhâskar Lélé, venu de Gwalior pour examiner avec lui son intention de yoga activiste. Il organisera avec lui des rencontres spirituelles dans l’Inde occidentale2.
En 1909, il sort de la prison où il a passé un an pour ses activités indépendantistes. Il était soupçonné d'avoir participé de près ou de loin à des attentats : il reconnaîtra d'ailleurs ultérieurement que sa philosophie spirituelle ne conduit pas à militer pour la non-violence comme celle de Gandhi3. Pendant cette année de prison, il dit avoir vécu une série d'expériences spirituelles qui l'auraient conduit à expérimenter des états de conscience au-delà du Nirvana4.
Pour échapper aux Anglais5, le 4 avril 1910, il finit par s'établir à Pondichéry, ville sous autorité française. Affirmant alors qu'il y a une lutte pour l'avenir de l'humanité au-delà de la lutte légitime pour l'indépendance de l'Inde, il se consacre à ses recherches spirituelles et à la composition de ses œuvres. De plus en plus de disciples commencent à venir pour vivre auprès de lui et de sa collaboratrice française, Mirra Alfassa, que lui et ses disciples nomment « Mère ». Cette dernière prendra la direction matérielle de l'âshram fondé officiellement dans les années 1920.
Il considère que le sens de son âshram est d'être un « laboratoire évolutif »6. Jusqu'en 1926, il développe sa doctrine : selon lui, l'homme n'est aujourd'hui qu'à un niveau imparfait de son évolution ; il faut pour lui reconnaître que « l'homme est un être de transition »7. Quand Charles Darwin avoue « comme confesser un meurtre » avant sa publication de l'Origine des espèces8, cela concerne le fait de reconnaître que l'humanité appartient à la même famille que les singes. Pour Sri Aurobindo, admettre l'évolution des espèces va plus loin encore. L'admettre revient à nous faire considérer la possibilité que l'être humain soit un chaînon vers une nouvelle espèce. Cette nouvelle espèce dont l'homme serait une transition ne serait pas forcément dotée d'une conscience compréhensible pour la conscience mentale humaine. Cette conscience nouvelle dont serait dotée cette nouvelle espèce pourrait être incompréhensible pour l'homme comme la conscience humaine mentale l'est pour les autres animaux. Cependant Sri Aurobindo envisage une différence évolutive importante avec les évolutions d'espèces précédentes : nous pouvons a priori la concevoir et surtout nous pourrions peut-être y collaborer consciemment.
Le chemin conscient de notre évolution est d'après lui à chercher dans le développement de nos capacités spirituelles. Un développement plus radical des capacités spirituelles déjà explorées par l'humanité aboutirait selon lui un jour à l'éveil d'une dimension encore tout à fait inconsciente. La manifestation d'une telle dimension de conscience marquerait le saut évolutif propre à la manifestation d'une nouvelle espèce.
En 1926, Sri Aurobindo entre dans une retraite pour se consacrer exclusivement à la manifestation terrestre du supramental. Il ne sort de sa retraite que rarement : soit pour retrouver des fidèles réunis, soit pour intervenir dans la vie politique indienne. Le reste du temps, il communique par écrit avec ses disciples.
Il a écrit beaucoup de livres sur les écritures sacrées indiennes qui seront pour beaucoup d'Occidentaux à la suite de ceux de Vivekananda une véritable porte d'entrée vers l'hindouisme et sa philosophie. Il meurt dans son âshram en 1950.
Bref aperçu de la pensée évolutionniste de Sri Aurobindo[modifier | modifier le code]
La conception de l'évolution que propose Sri Aurobindo n'est donc pas seulement matérialiste comme celle de la plupart des héritiers de Charles Darwin. Aurobindo ne nie pas l'approche matérialiste mais il signifie sa limite :
- « Tout le monde sait maintenant que la Science n'est pas un énoncé de la vérité des choses mais seulement un langage pour exprimer une certaine expérience des objets, leur structure, leur mathématique, une impression coordonnée et utilisable de leurs processus - rien de plus. La matière elle-même est quelque chose (peut-être une formation d'énergie ?) dont nous connaissons superficiellement la structure telle qu'elle apparaît à notre mental et à nos sens et à certains instruments d'examen (dont on soupçonne maintenant qu'ils déterminent largement leurs propres résultats, la Nature adaptant ses réponses à l'instrument utilisé), mais nul savant n'en sait davantage ou ne peut en savoir davantage9 ».
À partir de ce constat, Sri Aurobindo affirme que la science n'interdit pas un point de vue spiritualiste sur l'évolution. Pour lui, l'inconscient n'est pas seulement de nature subconsciente comme l'affirment les Freudiens (mais pas les Jungiens) et tous les psychologues matérialistes10, mais l'inconscient a aussi une nature spirituelle où la conscience est élargie, se dépassant elle-même en supra-conscience.
Certes on peut considérer à un certain niveau que le subconscient est comme un ensemble de pulsions qualitatives traduisant un jeu de forces matérielles que la Science estime quantitatives et qui seules assureraient l'évolution[réf. nécessaire]. Mais pour Sri Aurobindo découvrir que l'inconscient est aussi de nature supraconsciente apporte un éclairage supraconscient jusqu'au fond du subconscient qui montre que le regard scientifique passe forcément à côté de la conscience cachée au cœur de la matière11.
Sri Aurobindo caractérise la conscience humaine comme une conscience mentale :
- « Dans la terminologie de notre yoga, le substantif « mental » et l'adjectif « mental » sont utilisés pour désigner spécialement la partie de la nature qui a rapport avec la cognition et l'intelligence, avec les idées, les perceptions de l'esprit ou la pensée, les réactions provoquées par les objets sur la pensée, les formations et les mouvements vraiment mentaux, la vision et la volonté mentales, etc12 ». La conscience mentale humaine englobe selon lui une conscience vitale héritée des animaux et une conscience physique héritées des premières formes de vie.
Au-delà des plus hautes cimes supraconscientes de la conscience mentale, Aurobindo affirme qu'il nous est possible d'expérimenter un « supramental », qui est une connaissance directe de la vérité aujourd'hui connaissable indirectement et partiellement par notre intelligence mentale :
- « Par supramental, j'entends la Conscience de vérité… par laquelle le Divin connaît non seulement sa propre essence et son être propre, mais aussi sa manifestation13 »
mais ailleurs il précise :
- « une description mentale de la nature supramentale ne pourrait que s'exprimer soit en termes trop abstraits, soit en images mentales qui pourraient la transformer en tout autre chose que sa réalité14 ».
Le yoga intégral élaboré par Aurobindo voudrait permettre la progression spirituelle individuelle et collective vers ce nouvel état.
L'innovation de Sri Aurobindo dans le domaine spirituel tient surtout au fait que pratiquer son yoga intégral permet non seulement d'aller vers le Divin, mais aussi d'accueillir en soi l'énergie divine, dans le but de manifester pleinement la conscience divine dans la matière : le mysticisme de Sri Aurobindo est actif, car il cherche à modifier dès à présent notre monde sur le plan matériel de son évolution. Il prône une certaine ascèse, mais à l'encontre d'un rejet du corps matériel15, il cherche à nous faire prendre conscience d' « une même loi supérieure [qui] gouverne la matière et l'esprit ».
Œuvres[modifier | modifier le code]
Le Vedānta intégral[modifier | modifier le code]
Selon Sri Aurobindo, la philosophie spirituelle est une des quatre voies de l'évolution comme l'occultisme, la pratique des yogas (l'expérience spirituelle) et la religion16. En tant que telle, elle ne consacre qu'une ouverture du mental à toutes les possibilités y compris celles qui le dépassent17.
La Vie divine est certainement son ouvrage le plus philosophique. Sri Aurobindo l'a ré élaboré au fil de sa vie et sa lecture fut toujours vivement recommandée à ceux qui se voulaient ses disciples. Il commence par y exposer ce qui lui semble deux dénis complémentaires. Ces deux dénis ne sont pas seulement deux erreurs. Ce sont aussi deux demi-vérités puisque toute erreur puissante recèle un aspect de vérité qui cherche à s'imposer18. D'une part il y a le déni matérialiste qui nie l'importance de la conscience et ne considère l'évolution que comme une évolution matérielle. D'autre part il y a un déni spiritualiste de la valeur de la vie présente en considérant qu'elle n'est qu'une manifestation ou une évolution illusoire19. Cette approche spiritualiste implique que la matière ne soit qu'une illusion grossière, une force d'inertie à toute libération spirituelle : Sri Aurobindo s'oppose donc à l'interprétation dominante de la pensée védantique en Inde.
Sri Aurobindo ne nie pas cependant la valeur des expériences spirituelles même si elles véhiculent cette interprétation totalement étrangère à la part de vérité inhérente au matérialisme : il estime cependant que les expériences spirituelles dont il est question doivent être réexaminées, approfondies et dépassées pour devenir une authentique connaissance psychologique au service de l'évolution métaphysique de la Nature20. Cette psychologie spirituelle au service de l'évolution métaphysique de la Nature vise ultimement à dépasser la conscience mentale humaine non pas en la niant mais en la transcendant. Cette conscience mentale à travers la lecture de La Vie divine est appelée à comprendre le sens de l'évolution qui pour Sri Aurobindo est d'abord une évolution divine : « Le but du yoga est de pénétrer dans la présence et la conscience divine, et d'être possédé par elle […] Le divin seul est notre but », précise-t-il dans ses Lettres sur le yoga. La Vie Divine prend donc le point de vue de l'évolution du divin lui-même : en terme plus proche de la terminologie de la pensée védantique, l'évolution du divin lui-même est appelée manifestation divine. L'enjeu de l'évolution ou de la manifestation divine est d'abord de manifester « la félicité d'être » divine elle-même au niveau humain mental qui ressent souffrances, douleurs et vit le drame de la mort21. D'après Sri Aurobindo cette Vie Divine, de plus en plus clairement, se manifesterait au niveau de la conscience humaine comme l'émergence d'une harmonie entre individu et collectif capable de refléter la venue d'une nouvelle réalité métaphysique divine au-delà de la conscience mentale :
- « Ce n'est que lorsque le voile est déchiré et le mental divisé dominé, silencieux et passif sous l'action supramentale, que le mental lui-même retourne à la Vérité des choses. Là nous trouvons une mentalité réflectrice, lumineuse, qui obéit et sert d'instrument à l'Idée-réelle divine. Là nous percevons ce qu'est réellement le monde ; nous savons de toutes les manières que nous-mêmes sommes en autrui, qu'autrui est nous-mêmes et que nous sommes tous l'Un universel qui s'est multiplié. Nous perdons la position individuelle rigoureusement séparée qui est la source de toute limitation et de toute erreur22 ».
Plus ambitieusement encore, le divin veut d'après Sri Aurobindo que la venue de cette nouvelle réalité métaphysique au-delà du sommet de la conscience mentale révèle dans la matérialité humaine sa félicité, sa perfection, sa puissance, son immortalité, etc. Cette révélation s'accomplirait à travers la supramentalisation de nos corps humains comme auparavant dans l'évolution la matière avait été dynamisée, vivifiée et mentalisée.
Selon Sri Aurobindo, cette réalité métaphysique supramentale non encore manifestée sur le plan terrestre a déjà été aperçue par les Rishis védiques. Et son védanta intégral vient achever le chemin, qui avait été frayé par les Rishis, puis laissé en friche pour développer la conscience mentale. Il constate que l'évolution terrestre et humaine s'est centrée sur l'évolution de la conscience mentale :
- « L'âge de la connaissance intuitive, représenté par l'ancienne pensée védântique des Upanishads a… dû faire place à l'âge de la connaissance rationnelle ; l'Écriture inspirée a cédé le pas à la philosophie métaphysique, comme ensuite la philosophie métaphysique a dû céder le pas à la science expérimentale… La raison humaine tient à avoir satisfaction par sa propre méthode23 ».
Le supramental n'est pas compréhensible du point de vue d'un horizon mental : d'après Sri Aurobindo, il se situe au-delà de toute compréhension intellectuelle même s'il peut se concevoir intellectuellement24 car :
- « La vie échappe aux formules et aux systèmes que notre raison s'efforce de lui imposer ; elle s'avère trop complexe, trop pleine de potentialités infinies pour se laisser tyranniser par l'intellect arbitraire de l'homme… Toute la difficulté vient de ce qu'à la base de notre vie et de notre existence, il y a quelque chose que l'intellect ne pourra jamais soumettre à son contrôle : l'Absolu, l'infini25 ».
Selon Sri Aurobindo, il nous appartient donc de mieux comprendre les limites inhérentes à une conscience mentale pour envisager de plus près la possibilité d'une conscience supramentale. Outre son échec face à l'infini, la conscience mentale usuelle au mieux s'exerce dans des raisonnements conduits par des règles logiques diverses, des concepts de différentes natures : le mental peut ainsi opposer aisément à n'importe quel point de vue un autre point de vue en apparence contradictoire26. Une conscience mentale ne peut donc qu'approximer la réalité en en donnant une suite de points de vue partiels.
Son poème Savitri propose un raccourci suggestif pour nous faire concevoir une conscience supramentale : « Un unique regard innombrable27 ».
Le surmental comme flux de visions intuitives reste pour Sri Aurobindo une connaissance prisonnière du pluriel, de regards divisés et donc partiels : par exemple, selon lui, les grandes religions furent fondées par des êtres humains capables d'un tel regard mais leur regard surmental a impliqué des différences d'accents spirituels.
Le yoga intégral[modifier | modifier le code]
Le yoga intégral de Sri Aurobindo est exposé essentiellement dans sa Synthèse des yogas, dans ses Lettres sur le yoga, dans Le Guide du yoga, dans les derniers chapitres de La Vie divine mais aussi et surtout dans son œuvre poétique Savitri.
- « il y a en nous une double entité psychique, l'âme de désir superficielle [..] et une entité psychique subliminale, pure puissance de lumière, d'amour, de joie, essence d'être épurée qui est notre âme véritable derrière cette forme extérieure d'existence psychique que si souvent nous honorons de ce nom. C'est quand un reflet de cette entité psychique plus vaste et plus pure paraît à la surface que nous disons d'un homme qu'il a une âme […]28 ».
Ceci commence alors à faire surgir notre authentique individualité, notre véritable essence individuelle intégralement tournée vers le divin et la divinisation puisqu'elle en est la manifestation individualisée : Sri Aurobindo parle en ce sens précis de psychicisation29.
La psychicisation de la conscience plus ou moins achevée aspire alors aussi à une véritable spiritualisation purifiant le mental et le vital jusqu'à ce qu'ils s'illuminent sur-mentalement. Cette illumination sur-mentale n'est plus religieusement axée dans le but de trouver un salut loin du subconscient terrestre comme par le passé. Cette spiritualisation surmentale a pour but de voir consciemment les phénomènes sub conscients corporels qui restent peu saisissables et maîtrisables pour une conscience mentale et vitale usuelle même psychicisée.
Le poète[modifier | modifier le code]
Sri Aurobindo conçoit la lecture de sa poésie et plus particulièrement la lecture sincère de son œuvre poétique majeure Savitri comme une façon d'exposer sa conscience usuelle à une pression supraconsciente même si elle n'est pas immédiatement perceptible30.
Il affirme que le lecteur ne comprendra pas la portée de son épopée dès lors qu'il la lira à un niveau de conscience ordinaire31, mais comme Mère l'indique dans un entretien, cette lecture suivie de relectures, par les effets mantriques, agira peu à peu sur sa conscience32. Nous savons qu'une relecture d'un texte riche de sens apporte toujours une meilleure compréhension analytique de la signification de son propos et qu'elle peut contribuer à faire évoluer notre système d'interprétation spontanée du monde si on adhère aux propos ainsi compris. Nous savons aussi que des propos compris plus intensément passant l'épreuve du réel quotidien révèlent le sens d'autres propos d'un texte puissant compris initialement moins intensément. Si le texte lu est très riche de sens, une nouvelle vision mentale peut alors se constituer qui nous libère de la vision mentale précédente plus limitée. Mais ici il ne s'agit plus seulement d'une interprétation du monde qui libère notre vision mentale de son étroitesse, il est question de commencer à voir le mental depuis un horizon sur-mental, il est question de briser l'hégémonie de la vision mentale dans nos vies.
Lisant Savitri de manière sincère comme on écoute quelqu'un jusqu'au point de laisser ses paroles devenir ce qui explore notre propre conscience de façon plus vraie que nous-mêmes ne l'avions fait jusque là, pouvons-nous au fil des relectures voir se développer une évolution consciente de la conscience transperçant notre forteresse mentale. Des choses qui se veulent aussi belles et bonnes à imaginer que possible peuvent-elles nous faire faire une expérience de conscience plus consciente et donc plus vraie ?
Auroville dans le yoga intégral d'Aurobindo[modifier | modifier le code]
Sri Aurobindo et Mirra Alfassa (« Mère ») sont les inspirateurs de la communauté internationale d'Auroville près de Pondichéry. Auroville cherche à devenir la cité idéale, où les résidents se préparent à l'émergence de l'homme nouveau, à la manifestation de la conscience supramentale.
Dans la pensée de Mère, Auroville offre une niche écologique humaine favorable à la démultiplication des êtres surmentaux et supramentaux33.
Critiques[modifier | modifier le code]
Comme tout enseignement original, l'œuvre de Sri Aurobindo a été diversement appréciée par certains autres sages et enseignants spirituels. Swami Prajnanpad le maître d'Arnaud Desjardins affirme sévèrement34 :
- « Sri Aurobindo était totalement à l'intérieur de son mental. Lire une page c'est lire les milliers de pages qu'il a écrites… c'est toujours pareil… Et l'erreur de Sri Aurobindo est là. Il voulait faire descendre le supramental… Oh ! C'est toujours mental. Ce n'est pas au-delà du mental. Aussi grand qu'il ait été, il est resté dans le domaine du mental. Il n'était pas libre du mental. Il n'était pas libéré. »
Alain Daniélou, un indianiste respecté vécut à Pondichéry et visita plusieurs fois l'ashram d'Aurobindo. Il écrit dans Le chemin du Labyrinthe, Robert Laffont, p. 224 :
- « L'ashram d'Aurobindo a été l'une des principales entreprises utilisées pour déformer le message de l'Inde et pour exploiter la bonne volonté de beaucoup de gens sincères à la recherche d'une vérité « autre ». L'ashram était d'autant plus pernicieux qu'il a été créé par des gens remarquablement intelligents et probablement sincères avec ce fanatisme irresponsable qui caractérise beaucoup d'anarchistes et fait leur force. »
Ken Wilber dans son livre Integral Spirituality estime avoir dépassé la pensée intégrale de Sri Aurobindo qui, selon lui, n'a jamais vraiment produit une véritable spiritualité intersubjective.
Sri Aurobindo dans la culture populaire[modifier | modifier le code]
- À l'occasion du centième anniversaire de l'arrivée de Sri Aurobindo à Pondichéry, l'état indien a édité en 2010 un timbre poste. C'est son deuxième timbre, le premier ayant été imprimé en 1972 pour commémorer le centième anniversaire de sa naissance35.
source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Aurobindo_Ghose
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