vendredi 1 novembre 2013

Arcelormittal, Ford Genk et bien d’autres… : vers une décroissance subie ou organisée ?/ Arcelormittal, Ford Genk and many others... : towards an undergone or an organized degrowth ?

Bonjour. Je travaille à mi-temps dans le secteur de l’éducation relative à l’environnement. Mes conditions de travail sont relativement bonnes et je voudrais que celles-ci soient partagées par le plus grand nombre.

Je milite pour l’objection de croissance : http://www.objecteursdecroissance.be/

Nous sommes un certain nombre de personnes à penser que le capitalisme n'est pas durable et qu’il ne peut pas être réformé dans le sens d’une plus grande justice sociale. Ce qui pose problème, c'est de s'accorder sur les solutions pour en sortir. Cela est d’autant plus difficile que nous sommes nombreux à faire partie, à différents niveaux, des rouages de ce système que nous dénonçons.

Arcelormittal, Ford Genk  et bien d’autres… Le constat : 

un patronat qui n’a de cesse d’augmenter ses gains de productivité : réduction de la « masse salariale », dégradation des conditions de travail, délocalisation… ; au niveau international, en perspective, une augmentation inéluctable du coût des matières premières et de l’énergie (raréfaction des ressources naturelles couplée à une demande croissante des pays émergents) ; au niveau national, une offre en situation de surproduction et une demande… décroissante.  

Les solutions :

A court terme, garantir le maintien de l’outil ainsi qu’un revenu aux travailleurs sont des revendications vitales. A long terme, s’en contenter est une erreur tactique lourde de conséquences : elles ne remettent pas en cause le système. Et dans ce système, si on envisage le pire, on peut penser que les  travailleurs seront lâchés tôt ou tard. 

Racheter l’outil avec les deniers publics ? Encore faut-il qu’il soit à vendre, ce qui n’est manifestement pas le cas. Mais « admettons » qu’il le soit… Encore faut-il en avoir les moyens. Certes, les pouvoirs publics les ont eus pour les banques mais on devine que ce n’est pas une solution durable. Et à supposer que ces moyens soient encore disponibles, il faudrait, dans un souci d’équité, les avoir pour tous les secteurs en difficulté. Or, combien de temps est-il  possible de maintenir toute une économie sous perfusion ? Combien de temps ce système fou de l'argent-dette peut-il tenir ? 

Réquisitionner l’outil ? Nationaliser l’économie ? On peut remettre en cause, au moins de façon partielle, la propriété des moyens de production. Mais la propriété privée a encore des beaux jours devant elle et…  je ne suis pas sûr que l’humanisme et l’intelligence soient le fait exclusif ou systématique des « gestionnaires » publics.

Que faire pour combattre le sentiment d’impuissance ?

Se mettre en marche à tous les niveaux : individuel, collectif et politique. Choisir le ou les niveaux  où l’on se sent le plus efficace pour agir. Les travailleurs doivent non seulement défendre leur emploi mais ils doivent aussi trouver une issue de secours qui puisse devenir une vraie alternative : seuls ou collectivement, ils peuvent se reconvertir, se projeter dans un nouveau métier, se former (les filières sont multiples), apprendre à s’autogérer ; ils peuvent aussi s’impliquer activement et massivement dans un syndicat, un parti  ou un mouvement politique de leur choix pour faire avancer leurs idées. Ces démarches exigent des efforts et de la créativité. « Créer c’est résister. Résister, c’est créer. »  Stéphane Hessel… résistant. 

Malgré mes origines sociales « favorables », deux parents professeurs, je n’ai pas été dispensé de faire des efforts… Et je ne dispose pas de la recette du bonheur.  Chacun, ou presque, peut progresser à son rythme, dans les conditions qui sont les siennes.

Cela n’exclut évidemment pas le maintien et l’amélioration des mécanismes de solidarité.

Notre système de croissance n’a jamais été capable de créer des emplois stables et de qualité - respectant le travailleur et son environnement - pour le plus grand nombre.

Faut-il attendre l’aggravation et l’extension de la catastrophe sociale ou écologique pour se mettre en marche ? Faut-il attendre que l’on se tape à nouveau dessus ? 

« Le 21ème siècle sera spirituel ou ne sera pas »,  André Malraux.


Christophe

                                                        ********

Dans le prolongement de cette réflexion….Quelques extraits (résumés) du livre de Bayon Denis, Flipo Fabrice, Schneider François, « La décroissance. 10 questions pour comprendre et en débattre », Editions La Découverte, Paris, 2010, 236p.


« (…) La destruction massive du travail vivant dans nos sociétés occidentales est le résultat direct du développement économique qui repose sur la croissance de la productivité et le remplacement du travail vivant par les machines. Les gains inouïs en termes de productivité du travail conduisent à une destruction massive du travail humain et à une dégradation de sa qualité et de son efficacité écologique.


Une société de décroissance qui bannirait des techniques de production socialement et écologiquement nuisibles aurait vraisemblablement recourt, de façon massive, au travail humain.


Que les syndicalistes se rassurent. Cela concernerait notamment :


- les domaines du transport (collectif),
- de l’énergie (renouvelable),
- de l’habitat (isolation),
- de l’agriculture (petites exploitations en agriculture biologique).

[Petit ajout à ce résumé... "Rapport du Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, 
Olivier De Schutter 
Résumé 
Le réinvestissement dans l’agriculture, suscité par la crise des prix alimentaires de 2008, 
est essentiel pour la réalisation concrète du droit à l’alimentation. Cela étant, dans un contexte 
de crise écologique, alimentaire et énergétique, la question la plus urgente aujourd’hui, lorsqu’il 
s’agit de réinvestir dans l’agriculture, n’est pas de savoir combien mais comment. Le présent 
rapport étudie la manière dont les États peuvent et doivent réorienter leurs systèmes agricoles 
vers des modes de production hautement productifs, hautement durables et qui contribuent à la 
réalisation progressive du droit fondamental à une alimentation suffisante. 
S’appuyant sur un examen approfondi des publications scientifiques qui ont vu le jour 
au cours des cinq dernières années, le Rapporteur spécial présente l’agroécologie comme un 
mode de développement agricole qui n’entretient pas seulement des liens conceptuels solides 
avec le droit à l’alimentation mais qui a aussi produit des résultats avérés, permettant 
d’accomplir des progrès rapides dans la concrétisation de ce droit fondamental pour de 
nombreux groupes vulnérables dans différents pays et environnements. L’agroécologie offre 
en outre des avantages qui peuvent compléter ceux qui découlent de méthodes 
conventionnelles mieux connues comme la culture de variétés à haut rendement. De plus, elle 
contribue de manière importante au développement économique dans son ensemble. 
Le présent rapport défend l’idée que la transposition de ces expériences à une plus 
grande échelle est le principal défi à relever aujourd’hui. Des politiques publiques adéquates 
peuvent créer des conditions propices à de tels modes de production durables. Il s’agit 
notamment, en matière de dépenses publiques, de donner la priorité à l’acquisition de biens 
publics plutôt que de se borner à subventionner les intrants, d’investir dans les connaissances 
en réinvestissant dans la recherche agricole et les services de vulgarisation, d’investir dans 
des formes d’organisation sociale qui encouragent les partenariats, notamment la création de 
réseaux d’innovation reliant des fermes-écoles et des organisations d’agriculteurs, 
d’autonomiser les femmes et de créer un environnement macroéconomique favorable, 
notamment en reliant les exploitations agricoles durables à des marchés équitables. "
Source : 

Contrairement à la « Relance verte », la décroissance [organisée] s’opérerait :


- par une importante relocalisation des activités. Celle-ci ne serait évidemment pas totale : aucun objecteur de croissance ne vise une quelconque « autarcie », laquelle n’a d’ailleurs jamais existé;
- en substituant le travail au capital;
- en diminuant fortement la consommation finale des ménages et des administrations, ce qui pousserait à une réduction des besoins en travail;
- en proposant des conditions de mise au travail plus démocratique : partage du temps de travail, de la pénibilité des tâches, remise en cause de la propriété du capital; et une réelle réflexion sur la qualité et la finalité du travail, réflexion qui fait particulièrement défaut actuellement.  


(…)


Le marxisme traditionnel entend abolir la valeur d’échange pour restaurer la valeur d’usage mais il ne précise pas ce qu’il entend par valeur d’usage. La valeur d’usage, c’est ce à quoi la marchandise peut servir;  la valeur d’échange, c’est-ce contre quoi la marchandise peut être échangée. Dans les faits,


- soit il soutient explicitement des valeurs d’usage « modernes » tels que la voiture… qu’il perçoit comme des progrès;


- soit il soutient des valeurs d’usage revendiquées par les mouvements écologistes tels que [les transports en commun] tout en soutenant les valeurs d’usage « modernes »… Mais sans vraiment se demander si les unes sont compatibles avec les autres. Cette seconde vision est le fait de courants minoritaires tels que l’écosocialisme.


Pour de nombreux objecteurs de croissance, l’objectif est la décroissance des échanges marchands. Cette décroissance doit permettre de dégager du temps libre pour faire de l’expérimentation sociale : monnaies locales, Système d’Echange Local,  autoproduction, etc. (…) »



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