mardi 30 juillet 2019

[RIP Éthique] Le “gilet jaune” Jérôme Rodrigues en garde à vue, soupçonné de violences conjugales


Source : https://www.les-crises.fr/le-gilet-jaune-jerome-rodrigues-en-garde-a-vue-soupconne-de-violences-conjugales/

Hier, l’éthique journalistique et la présomption d’innocence étant apparemment parties en vacances, nous avons eu droit à ce genre d’article au titre “putaclic” :
RTL donnait plus de précisions (c’est RTL qui a choisi les passages mis en gras, pas nous – nous, c’est le fluo 🙂 ) :

Jérôme Rodrigues avait été placé en garde à vue, dimanche 28 juillet, dans une affaire de violences conjugales envers sa compagne, qui a affirmé de son côté n’avoir subi aucune violence. Le parquet prendra une décision ultérieurement après examen du dossier.
Entendu depuis 10h30 par les enquêteurs dans une affaire de violences conjugales envers sa compagne, la garde à vue de Jérôme Rodrigues, figure emblématique du mouvement des “gilets jaunes“, a été levée en milieu de soirée, ce dimanche 28 juillet. Une altercation l’aurait opposé à sa compagne enceinte.
Le procureur a précisé que les faits se sont déroulés sur la commune de Thorigny, en Vendée, près de La-Roche-sur-Yon, et que les gendarmes sont intervenus. Cette version a été contredite par sa compagne Jenni elle-même : “J’ai fait une crise d’angoisse suite à cela et j’ai décidé d’appeler les pompiers pour qu’ils viennent me chercher”.
Après avoir été hospitalisée environ deux heures, elle a affirmé que “le procureur de la République a décidé de faire son coup de pub en plaçant Jérôme en garde à vueQuand je suis sortie de l’hôpital, on m’a auditionnée, on a tenté de me faire dire un tissu de mensonges, dont celui d’avoir subi des violences conjugales“. En attendant, la garde à vue de Jérôme Rodrigues peut durer 24 heures et être prolongée de la même durée pour une éventuelle mise en examen.
“Le parquet prendra une décision ultérieurement après examen du dossier”, a indiqué le procureur de la République Hervé Lollic dans un communiqué, en précisant que les déclarations de sa compagne avait varié au cours de la journée.

La compagne de M. Rodrigues a démenti les violences :

Donc si on comprend bien :
1/ l'opposant à @EmmanuelMacron , @J_Rodrigues_Off est en garde a vue pour violences conjugales, ce qui fait la Une des médias
2/ mais "en même temps" sa compagne dément formellement toute violence conjugale dans cette vidéo...

Voilà, voilà...

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Le Procureur a alors rédigé le communiqué de presse suivant :
Outre le niveau de détail, on appréciera particulièrement la phrase “le comportement décrit par M. Rodrigues et confirmé pour partie par les propos tenus apparaît correspondre à la définition légale” [sic], surtout quand on le rapporte à l’article 11 du Code de Procédure Pénale :
Article 11
Sauf dans le cas où la loi en dispose autrement et sans préjudice des droits de la défense, la procédure au cours de l’enquête et de l’instruction est secrète.
Toute personne qui concourt à cette procédure est tenue au secret professionnel dans les conditions et sous les peines des articles 226-13 et 226-14 du code pénal.
Toutefois, afin d’éviter la propagation d’informations parcellaires ou inexactes ou pour mettre fin à un trouble à l’ordre public, le procureur de la République peut, d’office et à la demande de la juridiction d’instruction ou des parties, rendre publics des éléments objectifs tirés de la procédure ne comportant aucune appréciation sur le bien-fondé des charges retenues contre les personnes mises en cause.

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]
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Commentaire recommandé

Fritz // 29.07.2019 à 07h50
Divine justice :
1) Assange est arrêté pour viol, sauf qu’il n’y a pas eu de viol. Et il va être extradé aux États-Unis.
2) Rodrigues est en garde à vue pour violences sur sa compagne, sauf que celle-ci dément.
3) Rodrigues a perdu un œil, sauf que ce n’est pas une violence policière.
L’Occident serait-il devenu l’Empire du Faux ?
Au passage, on remarque l’aide prêtée par l’ultra-féminisme au Système inquisitorial. S’il est « indifférent qu’une plainte soit déposée ou retirée » en matière de violences conjugales, tous les hommes vivant en couple peuvent être placés en garde à vue ? 

vendredi 26 juillet 2019

Opération coup-de-poing au tribunal de justice a Toulouse TGI Tr

Celtic Folk Music Full Live Concert @ MPS Festival Hamburg



RAPALJE Celtic Folk Music
Ajoutée le 15 mars 2017

Full concert show Rapalje Celtic folk music @ Mittelalterlich Phantasie Spectaculum Festival (MPS) in Hamburg, Germany
1,5 Hours live concert at the biggest traveling medieval and fantasy festival in Europe. The musicians of Rapalje with their wild hair and medieval kilts create a flaming energy with their enthusiasm and motivation. With sensitive ballads, fiery songs and vivacious Celtic melodies Rapalje electrifies their audience. A concert of Rapalje is like a journey through time with recognisable licentiousness and a rough way of life.

PLAYLIST: https://www.youtube.com/playlist?list...

0:00:00 Dunmore Lassies
0:04:33 The Galway Girl
0:08:04 Tjum Tjum (Bum Bum)
0:12:09 De Stad Amsterdam
0:16:24 As I Roved Out
0:20:22 Cooley's / Maid Behind the Bar
0:22:23 Whiskey in the Jar
0:26:12 Fairytale of New York
0:30:11 Tune for a Found Harmonium
0:33:17 Caledonia - Inis Oirr
0:39:41 Here's To You
0:43:43 Never Mind the Strangers
0:48:59 Home Is Where My Friends Are
0:53:42The Craic was Ninety in the Isle of Man
0:59:57 Busindre Reel
1:03:44 Heart of Steel - The Caber Feidh
1:09:57 Scotland's Story - Nelson Mandela's welcome to Glasgow
1:14:08 Wat zullen we drinken
1:23:43 Going to the Flatlands - Scotland the Brave
1:28:52 Loch Lomond / Farewell to the Creeks

RAPALJE  MERCHANDISE
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EVERY SATURDAY RAPALJE SHOW
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Merchandise: http://www.rapalje.com/shop
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The musicians of Rapalje with their wild hair and medieval kilts create a flaming energy with their enthusiasm and motivation. With sensitive ballads, fiery songs and vivacious Celtic melodies Rapalje electrifies their audience. A concert of Rapalje is like a journey through time with recognizable licentiousness and a rough way of life.



Christophe Dettinger : un symbole que Macron veut détruire. Interview de Karine Dettinger.


mercredi 24 juillet 2019

«Elle est hélas ce vers quoi l’Homme va»: quand Michel Onfray s’en prend à la «cyborg suédoise» Greta Thunberg


Greta Thunberg à l’Assemblée nationale mardi 23 juillet

«Elle est hélas ce vers quoi l’Homme va»: quand Michel Onfray s’en prend à la «cyborg suédoise» Greta Thunberg

© REUTERS / PHILIPPE WOJAZER
FRANCE
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Invitée de l’Assemblée nationale mardi 23 juillet, Greta Thunberg a annoncé aux élus français «de mauvaises nouvelles» sur le changement climatique. Ce discours de la militante écologiste de 16 ans n’a pas convaincu le philosophe Michel Onfray qui l’a critiquée pour avoir prononcé «le texte d’autres qui n’apparaissent pas».
Âgée de 16 ans, le militante écologiste suédoise Greta Thunberg a appelé ce mardi les élus français à «écouter les scientifiques» pour ne pas arriver au point où l’humanité ne sera plus «en mesure de revenir en arrière sur le changement climatique». 
Ni la personnalité, ni le discours de la jeune fille n’était au goût du philosophe Michel Onfray qui s’en est violemment pris à ce qu’elle représente dans un article intitulé «Greta la science» publié sur son site.

«La jeune fille qui ne sourit jamais»

Ironisant au sujet de François de Rugy, le philosophe estime que la végane Greta Thunberg pourrait bien remplacer l'ex-ministre de la Transition écologique car elle «n’aurait jamais pu causer la mort de ces pauvres crustacés géants» ni vider «la cave du contribuable», en outre M.Onfray reste sceptique quant au côté humain de sa personnalité.
«Cette jeune fille arbore un visage de cyborg qui ignore l’émotion: ni sourire, ni rire, ni étonnement, ni stupéfaction, ni peine, ni joie. Elle fait songer à ces poupées en silicone qui annoncent la fin de l’humain et l’avènement du posthumain. Elle a le visage, l’âge, le sexe et le corps d’un cyborg du troisième millénaire: son enveloppe est neutre. Elle est hélas ce vers quoi l’Homme va», estime le philosophe.

Écrit-elle elle-même ses discours?

M.Onfray s’interroge ensuite sur les connaissances de cette jeune fille qui appelle sans cesse à «respecter la science» tandis qu’elle sèche régulièrement l’école et a même annoncé son intention de ne pas aller en cours pendant un an afin de poursuivre son engagement contre le changement climatique.
«Pour Greta Thumberg, il semble que la science se réduise au compendium de passages à réciter», poursuit l’écrivain en faisant allusion aux rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) que la jeune fille citait lors de son discours.
Et d’ajouter:
«Ce qu’elle lit, à défaut de le dire librement, n’est pas écrit par une jeune fille de son âge. La plume sent trop le techno. Sa voix porte le texte d’autres qui n’apparaissent pas. Qu’est-donc d’autre qu’un cyborg, si ce n’est le sujet d’acteurs invisibles?»
Pour M.Onfray, la militante suédois n’est que la représentante d’une attitude qui se substitue à la raison des Lumières et opte selon le philosophe allemande Hans Jonas pour «une heuristique de la peur». «Autrement dit: il faut dramatiser, inquiéter, amplifier, exagérer, faire peur, c’est-à-dire tout le contraire de penser, examiner, réfléchir, débattre».

Adultes qui se font mépriser

Michel Onfray s’indigne également des élus «qui jouissent à se trouver des maîtres et à jouir dans la soumission».
«À la tribune, il semblait que c’était Mélenchon dans le corps d’Alice au pays des merveilles […] elle a tapé les élus, elle a cogné les politiques, elle a frappé les chefs d’entreprise, elle a giflé les adultes, elle a molesté les journalistes, et le public a applaudi, la regardant comme s’il s’était agi d’une nouvelle apparition de Thérèse à Lourdes.»
À la fin de son article, le philosophe reconnaît qu’«il n’y a rien à reprocher à une enfant qui veut voir jusqu’où va son pouvoir d’agenouiller les adultes c’est dans l’ordre des choses». Le pire, selon lui, «se trouve chez ces adultes qui jouissent de se faire humilier par l’une de leur créature».

samedi 20 juillet 2019

Où est Steve ? (et où va la police ?)

par Frédéric Lordon, 15 juillet 2019

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Félix Valloton. — Soirée sur la Loire (1923)

On peine à le croire et pourtant il le faut. Dans la France de Macron, il est désormais possible d’aller à une fête et de n’en pas revenir. Dans la France de Macron, la police a tout pouvoir. Éborgner du manifestant, on savait ; jeter à la noyade du teufeur, on découvre. En réalité, avec ce pouvoir on n’arrête pas de découvrir. De découvrir vraiment, ou de voir révélé ? — des essences : ici le macronisme comme essence du pouvoir néolibéral, c’est-à-dire de l’État du capital quand le capital pousse tous les feux. Comme souvent, l’essence est indiquée par le premier mouvement, le plus chargé de vérité, ici celui du préfet : l’intervention de Nantes s’est déroulée « de manière proportionnée ». Nous voilà donc informés des proportions en vigueur sous le macronisme : une fête, un mort. La proportion, le tarif — de même que : un acte de « gilets jaunes », tant d’éborgnés.
On le sait en toute généralité : l’essence des institutions commande le mensonge. Car les institutions ne vivent plus pour ceux qu’elles sont censées servir : elles vivent pour elles-mêmes, et n’ont plus cas que d’elles-mêmes. Si la persévérance requiert de mentir, on mentira. Et comme les institutions sont des lieux de pouvoir, ça requiert beaucoup. Alors on ment beaucoup.

Lire aussi Vincent Sizaire, « Maintien de l’ordre, les faux-semblants du modèle français », Le Monde diplomatique, avril 2019.
Cependant il y a tout de même des variations historiques. Lorsque la légitimité s’effondre, l’institution n’a plus que le recours de se mettre à mentir chroniquement, et puis énormément. Non seulement la fréquence, mais la taille des mensonges n’en finissent plus de croître, jusqu’au tragico-grotesque — registre caractéristique du macronisme : l’ignoble gorafisé. Par exemple, le cas de Geneviève Legay (1). Contre le procureur, qui bien sûr s’était empressé de mentir, les vidéos ont fini par faire voir la vérité. Dans les coordonnées de la langue préfectorale-policière, évidemment validée comme telle par les médias (« on ne fait que rapporter, c’est plus objectif »), tout le débat a tourné autour de la question de savoir si Geneviève Legay a, ou non, « été en contact avec la police ». Dans une langue qui n’aurait pas encore été martyrisée, « être en contact avec » signifie plutôt quelque chose comme « avoir pris langue pour se présenter ». Dans la police de Macron, les présentations se font par bouclier interposé. On se met en rapport avec le bouclier — ou avec la matraque, c’est selon (un tir de LBD, non, c’est autre chose, il reste une distance, il faut encore briser la glace).
Non seulement la fréquence, mais la taille des mensonges n’en finissent plus de croître, jusqu’au tragico-grotesque
Voilà où nous en sommes. Vienne le corps de Steve (2) à être retrouvé, on peut déjà redouter ce qui suivra de l’expertise médico-légale — qu’il était alcoolisé ou sous substance, et que telle est la raison. Comme telle avait été la raison d’Adama Traoré, dont on ne souvient plus bien d’ailleurs si elle était celle de l’infection généralisée (procureur) ou des 400 mètres courus en 20 minutes (expertise médicale d’État). Par quoi, au passage, on mesure aussi l’extension du périmètre des menteurs. Par cercles concentriques : le président « il n’y a pas de violences policières », le ministre de l’intérieur « il n’y a pas de violences policières », donc forcément à leur suite le collaborateur de TF1 « il n’y a aucun blessé grave », puis logiquement, les préfets, les procs (idéalement il faudrait écrire « procureurs » en entier car, avec « procs », une typo peut avoir des effets regrettables), l’IGPN « il n’y a pas de violences policières », et donc également la médecine légale « 400 mètres c’est tout de même un effort », et puis, dans son genre, la chefferie de l’AP-HP qui, comme à la belle époque, fiche les amochés de la police, en jurant n’avoir rien fait de tel, la preuve c’est qu’elle promet de ne pas livrer les fichiers à la police.
En bout de chaîne les médias. Cas plus retors, qui ne ressortit pas toujours au mensonge à proprement parler. Certes, on peut toujours compter sur le collaborateur de TF1 (on n’a pas souvenir que, de l’intérieur du champ journalistique, la moindre condamnation sérieuse ait été émise à l’endroit de Georges Brenier), et puis aussi sur un épisode propice qui fait revenir le naturel (« les casseurs envahissent la Pitié-Salpêtrière »). Pour le reste, s’exonérer du mensonge d’institution (du mensonge du bloc des institutions hégémoniques) ne demande que de ne pas parler. Rien dit, pas menti.
On ne peut pas dire qu’on se soit bousculé pour parler de Steve. Plus exactement, et c’est presque pire, « on en a parlé » — se récrieront les médias. Qui ont depuis longtemps appris à cultiver cet art paradoxal de parler en ne parlant pas : on « en parle », c’est-à-dire on rapporte, factuellement, alors on peut se dire à jour de tous ses devoirs « d’informer », mais dans un articulet, voire une simple dépêche bâtonnée, enfouie dans les profondeurs du journal ou du site Web, et on n’y revient pas. De sorte qu’on en a parlé sans en parler — du grand art. On écrira désormais : on en a « parlé ». Quand la presse veut parler de quelque chose, nul n’en ignore. La canicule, les pitreries one-man-show-grand-débat de Macron : on en a parlé. Le référendum Aéroports de Paris, on en a « parlé ». La mort de Steve, « parlé », pareil.
On ne peut pas dire qu’on se soit bousculé pour parler de Steve
Il arrive aussi qu’inexplicablement, après une longue catatonie, la chape se soulève. Après deux mois de déni des violences policières contre les « gilets jaunes », la presse, soudain, s’était décidée à en parler, mais sans guillemets. Réveil étrange au demeurant, essentiellement focalisé sur les LBD — aller au plus spectaculaire — pour laisser dans l’ombre la cohorte des « petites violences », celle, misérable, qui dit pourtant l’arbitraire de l’État dans l’État, et indique une tendance installée, un nouveau régime. Et puis rendormissement. Ici pareil : après trois semaines de silence, Le Monde fait un article sur Steve, mais un vrai article qui, étonnamment, dit quelque chose. Libération ne veut pas être en reste : une « couv » dès le lendemain. La pompe mimétique est amorcée : d’autres devraient suivre. Et le cycle énervé de l’imitation concurrentielle parcourue, le sentiment du devoir accompli, on passera sans doute à autre chose. On se retiendra donc de pavoiser prématurément, car parler vraiment, parler pour amener un gouvernement policier à s’expliquer, requiert plus que de parler : de faire campagne. « Allô Place Beauvau, c’est pour un signalement », ça, c’est parler. Mais après tout on ne sait pas, ça pourrait s’étendre. Les journalistes en sont venus au point d’avoir dû rédiger un « guide de survie » pour aller dans les manifs sous le macronisme. Les éditocrates et les vedettes du micro/écran ne cillent pas, mais dans les soutes, en plus de la précarisation, ça commence aussi à « détester la police ».
C’est nouveau. Quoique d’une nouveauté conforme aux enseignements d’une sociologie ordinaire : ce que vivent les autres classes, tant que vous ne l’avez pas expérimenté vous-même, rien ne rentre. Les violences policières, l’abus et l’arbitraire extrêmes, tant que c’était confiné aux quartiers des banlieues : rien. Énorme progrès avec les « gilets jaunes », s’il est cher payé (atrocement pour certains) : des couches bien plus larges de la population — y compris des journalistes ! — savent désormais ce qu’il y a lieu de penser de la police : une milice fascistoïde.
Ce que vivent les autres classes, tant que vous ne l’avez pas expérimenté vous-même, rien ne rentre
Dans un texte méconnu, de ceux qu’on dit injustement « secondaires », Bourdieu, dialoguant avec Jacques Maître (3), évoque ces transactions étranges qui se jouent entre les institutions et les individus qui les rejoignent (« qui les choisissent parce qu’elles les ont choisis » dirait-il), transactions implicites par lesquelles les individus trouvent dans l’institution une solution d’assouvissement de certaines pulsions, et les institutions un matériel pulsionnel à exploiter à leurs propres fins. En quelque sorte un échange de bons procédés entre les nécessités fonctionnelles des unes et les nécessités pulsionnelles des autres. Il n’est probablement pas d’institution qui, mieux que la police, illustre cette forme de troc inavouable, dont on trouverait sans doute la trace de bas en haut de la hiérarchie.
Žižek, pour sa part (4), ajoute que le pervers se caractérise en ceci qu’il peut donner carrière à ses pulsions les plus viles en s’exonérant de toute culpabilité du fait de s’abriter derrière quelque grande Justification, de quelque Autorité requérante : le service de Dieu, la Cause, le Devoir, l’État (protéger son autorité). En haut : dans un échantillon de veulerie journalistique difficilement surpassable, Paris Match nous informe que le préfet Lallement rejoint ses réunions « maintien de l’ordre » « en rangers et en pantalon commando » — mais hésitera peut-être à nous montrer sa pavane glaçante où il faut se retenir pour ne pas voir un sadique en liberté. En bas : la totale détente des flics qui gazent à bout portant les malheureux militants climatiques du pont de Sully, bonheur du corps parfaitement à son affaire gazeuse en main, libéré de toute réserve, jouissant d’une position de domination et d’impunité sans une ombre… jusqu’au moment gorafique où le grotesque reprend le pas sur l’ignoble, et le commandant des CRS perd connaissance sous les gaz qu’il fait lui-même asperger !
Mentir, dans ces conditions, c’est vraiment la moindre des choses. En réalité, on peut tout dire, et tout faire. On peut tuer une octogénaire d’un tir visé tendu et puis refuser de fournir les matériels qui permettraient d’établir des preuves. Non sans avoir bien sûr souillé sa mémoire en prétendant que la grenade lacrymogène n’y était pour rien. En fait on n’en finirait pas de dresser le tableau de l’ignominie policière-judiciaire-préfectorale-gouvernementale qui s’est donnée en spectacle depuis deux ans. Sans doute bien entamé à la fastueuse époque du socialisme pragmatique sous Hollande et Valls. Mais quand même avec un nombre de crans impressionnants franchis depuis lors.

Lire aussi Anna Feigenbaum, « Gaz lacrymogène, des larmes en or », Le Monde diplomatique, mai 2018.
On se souvient de ce tour de l’inconscient qui avait conduit Macron à cet aveu échappé, ensuite transformé en élément de langage et retrouvé en bouillie dans la bouche de Griveaux, aveu que le mouvement des « gilets jaunes » faisait un tort considérable à « l’image de la France à l’étranger » (5). Bien sûr dans « le mouvement des “gilets Jaunes” », nous étions invités à entendre, non pas l’épisode, mais les « gilets jaunes » eux-mêmes — « une infime minorité violente » avait dit Macron. Qui pour le reste avait vu assez juste, mais pas comme il croyait. Car il est certain que l’« image de la France à l’étranger » est désormais passablement « détériorée ». L’« étranger » n’en disconvient pas d’ailleurs, il le dit même de manière de plus en plus nette. Die Welt, qui n’est pas exactement une feuille de squatteurs berlinois, titre sur la police française : « La plus brutale d’Europe ». Le moment ne devrait pas tarder où l’on lira — mais dans la presse étrangère seulement — des mises en comparaison de la pratique gouvernementale-policière française et de celle d’Erdoğan. C’est qu’à l’aveugle (sans la reconnaissance des lieux, des tenues, etc., qui identifient), on peine déjà à dire quelles images viennent d’où. Pourtant, d’ici que l’éditocratie française en vienne à lâcher sa scie du « libéralisme » de Macron et de l’« illibéralisme » de Salvini-Orbán-Erdoğan, son théâtre de Guignol préféré, son objet transitionnel, sa certitude du bon dodo, il va en falloir de l’œil crevé et de la main arrachée.
Pendant ce temps, le niveau des eaux boueuses du macronisme n’en finit pas de monter. Une mer de boue en fait, car le délire policier ne trouve ses autorisations que dans un climat d’ensemble — le macronisme, précisément. « Macronisme » est la dénomination française de ce que Tariq Ali, puis Alain Deneault, ont appelé « l’extrême centre ». Il y a quelque chose de très profond dans cette appellation, et pas seulement un effet d’oxymore, quelque chose de très profond qui dit le lieu véritable de la radicalisation dans les sociétés néolibérales. Ça n’est nullement un hasard que ce soit depuis le cœur de ces sociétés, le cœur des dominants, que soit diffusée cette catégorie de « radicalisation », comme de juste sur le mode projectif-inversé : pour en réserver l’application à tout ce qui n’est pas eux quand les véritables radicalisés, ce sont eux.
Les indices les plus accablants ne sont pas forcément les plus spectaculaires. Certes nous savons que nous sommes sous la coupe d’un pouvoir de sociopathes, qui mutile sans un mouvement de conscience, et dont il n’est pas extravagant, au point où nous en sommes, d’imaginer qu’il pourrait faire tirer sur la foule si sa protection l’exigeait. Mais les mouvements collectifs de pensée et de discours de la base des convaincus dont ce gouvernement se fait une ceinture protectrice, quoique moins directement, physiquement, destructeurs, ne sont pas moins inquiétants pour autant. Le malheureux chef des Décodeurs du Monde qui devait sans doute communier dans la représentation centrale de son journal, où la violence est réservée aux extrêmes « usuels » — l’extrême droite et « l’extrême gauche », avec l’avantage indéniable de pouvoir mettre un signe « égal » entre le RN et la France Insoumise — et qui pensait probablement, sur cette base que le macronisme avait l’évidence démocratique du barrage, a découvert à ses dépens la vérité de l’extrême centre, des armées de trolls macroniens, parfois automatisées, parfois décentralisées, d’une morgue, d’une arrogance de classe et d’une violence verbale inouïes — au point de lui faire jeter l’éponge et se retirer des réseaux sociaux. Paradoxe qui, en raccourci, dit tout de l’époque : c’est la macronie qui aura eu la peau de Samuel Laurent !

Lire aussi Constantin Brissaud, « Les extrêmes se rejoignent… », Le Monde diplomatique, avril 2019.
On aurait tort de croire le phénomène strictement français : il a la même généralité que le néolibéralisme international. En mai 2018, une tribune publiée par un chercheur en sciences politiques dans un New York Times sans doute passablement déboussolé avait fait découvrir que, dans un assez large spectre de pays, les électeurs du centre étaient les plus sceptiques en les valeurs de la démocratie, et les plus enclins, s’il le fallait, à en congédier les institutions caractéristiques, notamment les élections et la presse libres, et à soutenir des régimes autoritaires, et ceci dans des proportions plus importantes que même l’extrême droite et l’extrême gauche ! Le macronisme est la parfaite émanation de cette inclination violemment antidémocratique des « démocrates », ce « centre » que la presse célèbre depuis des décennies, dont elle a épousé toutes les positions, et dont on se demande jusqu’où il faudra aller pour obtenir d’elle le premier décollement.
La « République du centre », cet éden de rationalité apaisée et de pragmatisme bien urbain, jadis célébrée par Rosanvallon, Furet et Julliardpour convaincre (avec succès) le PS d’enfin se rendre à la raison, peine, au bout de trois décennies, à masquer son vrai visage : celui d’une bourgeoisie possédante totalement dégondée. Le « centre » a la tête de malade mental de Macron, celle de voyou des plages de Castaner, et celle d’emmuré de Philippe. Il est assis sur un stock renouvelé de munitions LBD, et adossé à une police qui le tient bien plus qu’il ne la tient. Car évidemment, propre de tous les pouvoirs aux abois, le rapport de force hiérarchique interne s’est complètement renversé. Un gouvernement qui ne se maintient plus que par elle tombe nécessairement dans la main de sa police. Aux inclinations spontanées des gouvernants, s’ajoutent les coudées franches qu’une police sûre de sa position leur extorque. De là qu’« il n’y a pas de violences policières ». Où est Steve ? On ne sait pas. On s’en fout.