dimanche 20 novembre 2016

Trump menacé d’une révolution orange / Trump threatened with an orange revolution

source : http://lesakerfrancophone.fr/trump-menace-dune-revolution-orange

«Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple.» Bertolt Brecht

2016-07-19_11h15_59Le 14 novembre 2016 – Source entrefilets

C’est une missive édifiante. Elle est signée des présidents de l’UE et se veut une lettre de félicitations au POTUS nouvellement élu, Donald Trump. Or ce courrier, banal en apparence, contient entre les lignes un véritable ultimatum au trublion anti-Système, à qui il est dit en substance: «Ok, vous nous avez bien eus, mais maintenant voici la Règle : ou vous vous soumettez, ou nous vous détruisons.»


Bien sûr, les opérateurs-bouffons de la succursale européenne que sont les signataires Tusk et Juncker, ne sont dans cette affaire que les messagers transparents de l’oligarchie du Système néolibéral atlantiste. Mais en cette période de flottement à la tête de l’Empire US, il fallait bien rappeler officiellement Donald Trump à l’ordre, en lui précisant les règles du jeu dans la cour des grands où il vient de pénétrer par effraction. De l’autre côté de la tenaille, c’est l’inépuisable Soros qui s’occupe de faire monter la pression aux États-Unis, en organisant l’agitation des habituels bobos de service, pour bien faire comprendre au presque 45e président US qu’il n’est pas à l’abri d’une révolution orange, s’il ne rentre pas dans le rang. Le Système sort donc l’artillerie lourde, mais son effondrement reste pourtant inéluctable et il a lieu sous nos yeux.

Globalisation néolibérale et messianisme militarisé

La lettre du duo de comiques européens est une pathétique tentative d’intimidation déguisée, et l’on imagine fort bien dans quelle ambiance d’hystérie feutrée elle a dû être pondue par une brochette de spin-doctors-system triés sur le volet.

Ainsi, après une phrase glaciale de félicitations, la missive va directement à l’essentiel, pour réaffirmer le catéchisme officiel du Système au travers des «valeurs communes que sont la liberté, les droits de l’homme, la démocratie et une croyance en l’économie de marché.»

La pompeuse évocation de la Sainte-Trinité des vertus-vernis du Système n’est là que pour promouvoir le cœur de la machinerie : la globalisation néolibérale, c’est-à-dire le Marché. La connotation religieuse du mot croyance (est-ce un acte manqué ?) confirme d’ailleurs que pour le Système, il n’y a pas d’autre Dieu que le Marché (et que l’élite néolibérale atlantiste est son prophète).

Vient ensuite un verset d’auto-adoration, avec l’affirmation que l’UE et les USA «se sont employés à garantir la paix et la prospérité du monde» (ne riez pas…), puis c’est le rappel à l’ordre sur l’importance de «renforcer les relations transatlantiques», notamment pour faire face aux «menaces pour la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine».

Le Système rappelle ici très clairement à M. Donald Trump, qu’il n’est pas question de réchauffer les relations avec Moscou et que les Russes sont et doivent rester les méchants de l’histoire, pour l’instant. Et s’il devait subsister un doute dans son esprit, une piqûre de rappel arrive au paragraphe suivant, déjà où l’on évoque le «partenariat stratégique UE-États-Unis» pour faire face aux «menaces sur la sécurité des voisins orientaux (suivez mon regard) et méridionaux de l’Europe».

Enfin, avant de promettre d’adouber le bon Trump s’il se couche, le Système rappelle la marche à suivre au plan économique, en insistant sur l’importance des «négociations relatives au partenariat transatlantique de commerce et d’investissement». On voit bien ici que, malgré le rejet du TAFTA par les peuples européens, le Système exige donc que l’on poursuive dans cette voie et le fait savoir – les peuples ? Combien de divisions ?

Puis le Système psalmodie un peu, non sans cet humour involontaire 1 et impayable, dont le passage suivant est un morceau d’anthologie : «Les Européens ne doutent pas que l’Amérique, dont les idéaux démocratiques ont toujours représenté une lueur d’espoir dans le monde entier, continuera à investir dans ses partenariats avec ses amis et ses alliés, afin de contribuer à offrir à nos citoyens et aux populations du monde, davantage de sécurité et de prospérité.»Sic On se pince…

Enfin, la lettre-ultimatum se termine comme il se doit, par une invitation «dès que possible» à un sommet UE-États-Unis, avec la promesse implicite d’adouber le trublion pour les «quatre prochaines années» au moins si la Règle est respectée.

En résumé, via ses opérateurs-bouffons européens, le Système rappelle donc à M. Trump qu’au-delà d’enfantillages antisystèmes qu’on pourra bien lui pardonner, il ne peut y avoir d’alternative sérieuse ni à la globalisation néolibérale, ni au messianisme militarisé d’un Bloc atlantiste uni, car porteur de la vrai foi pour une humanité enfin soumise et nivelée, pardon, éclairée.

Pression maximum

Et pendant ce temps-là, les manifs anti-Trump font la une de tous les journaux et JT alignés, le tout sous l’aiguillon bien intentionné des acteurs habituels de l’oligarchie globalisée genre Soros et ses clones. Et Wikileaks de révéler que c’est précisément le spécialiste ès révolutions oranges de l’Empire, qui est aujourd’hui à la manœuvre aux États-Unis. On en rirait presque.

Et bien sûr, toute la caste médiatique occidentale est derrière lui, avec sa finesse et son impartialité coutumières.

Ainsi, en quelques jours, nous avons eu droit à un appel à l’assassinat lancé par une collaboratrice du Guardian, appel d’ailleurs relayé ensuite par un humoriste français subventionné.

De son côté, CNN s’appliquait à faire monter la mayonnaise avec la neutralité qu’on lui connaît, son reporter faisant même témoigner un copain à lui, pour illustrer la colère de la rue contre Trump.

Sur le site Change.org, une pétition ayant déjà réuni plus de 4 millions de signatures invérifiables, demande désormais aux Grands électeurs de désigner Clinton plutôt que Trump, le 19 décembre prochain. D’ailleurs, des manifestations sont d’ores et déjà en préparation pour l’investiture du 20 janvier à Washington, avec une marche d’un million de femmes prévue pour le lendemain…

Quant à l’ambiance bon-enfant et démocratique des manifestations, les bobos de service se sont surpassés. A l’agression d’une étudiante pro-Trump sur un campus faisait écho, en version Pussy Riot, la performance d’une possédée déféquant en pleine rue sur un portrait de Trump, avant de le badigeonner à pleines mains. Ambiance, ambiance.

Les bobos enrôlés à l’insu de leur plein gré par l’oligarchie sont donc prêts, chauffés à blanc et inondés de dollars comme il se doit, avec à la clé la menace d’une révolution orange ou d’un Printemps américain, comme on voudra.
On n’en attendait pas moins.

La pression est donc à son maximum, sur un Trump qui apparaît dès lors plus que jamais comme un président authentiquement anti-Système.

Un effondrement irréversible

Reste que le bonhomme est ce qu’il est et, pour l’heure, il n’est de loin pas assuré qu’il se couche.
L’apaisement des relations avec Moscou, le désengagement partiel d’avec l’OTAN, de même qu’un coup de frein aux guerres extérieures type Libye ou Syrie restent au programme, avec pour conséquence la fin de l’Empire en tant que gendarme et bourreau du monde. Et quand bien même Soros et sa bande d’hallucinés iraient jusqu’au bout de leur délire en provocant la chute de Donald Trump, celle-ci aurait de fortes chances d’entraîner une guerre civile, avec éventuellement dislocation du pays. On aboutirait donc au même résultat d’une chute de l’Empire, par d’autres moyens, éventuellement plus rapides.

Dans les états-majors de la politique-système européenne, la caste néolibérale dirigeante commence ainsi à comprendre que le phénomène Trump n’est pas un accident de l’Histoire, mais bien une étape de plus, certes décisive, dans un processus d’effondrement du Système néolibéral globalisé, qui finira tôt ou tard par emporter l’UE à son tour.

source : entrefilets.com

Note du Saker Francophone

Nous assistons là, à quelque chose de totalement inouï, quand, où et dans quel pays démocratique, a-t'on vu la presse et les perdants d'une élection remettre aussi violemment et rapidement en cause un résultat obtenu à une large majorité ? Ce comportement est insurrectionnel.

Un délai de latence, du genre deuil assumé démocratiquement, pour permettre au vainqueur de faire ses preuves, a toujours prévalu chez les vaincus.

Si ces manœuvres devaient finalement réussir, ce serait la preuve absolue de l'inanité des élections. Le seul recours restant serait une disparition symbolique du peuple par auto-dissolution, dans une désertion massive des urnes afin de ne pas se rendre complice de ce genre de mascarade, achevant ainsi la fulgurante prophétie de Bertolt Brecht "Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple."

Dès lors, sans l’archaïsme des élections, les dirigeants - forcément progressistes -, qui seront, eux, toujours là d'une manière ou d'une autre, choisiront eux-mêmes les catégories qu'ils ont envie d'avantager, après eux bien sûr : les bobos, les paysans, les ouvriers, les réfugiés, les noirs, les femmes,les commerçants, les banquiers, les fonctionnaires, etc., en fonction de leurs propres intérêts, et sans comptes à rendre, cela va de soi !

Comme aujourd'hui, en somme, mais sans le peuple, désormais vraiment innocent, l'hypocrisie sera levée...

Rêvant un peu beaucoup, on pourrait même imaginer que la culpabilité change de camp et qu'une certaine forme de moralité renaisse.

Notes

On dit même que le diable, quand il veut, est fort bon théologien ; il est vrai, pourtant, qu’il ne peut s’empêcher de laisser échapper toujours quelque sottise. René Guénon  ↩

Le secret de la fleur d'or : techniques naturelles de libération mentale pratiquées en Chine pendant des siècles / The secret of the golden flower: natural techniques of mental liberation practised in China during centuries


Le secret de la fleur d'or



Le naturel s'appelle la Voie.
La Voie n'a ni nom ni forme :
C'est simplement l'essence,
Simplement l'esprit primordial.


Le Secret de la Fleur d'or est un manuel de méthodes de clarification de l'esprit à l'usage du profane, fondées sur des enseignements bouddhique et taoïste. Florilège des techniques « psycho-activatrices » présentées dans les anciens classiques de la spiritualité orientale, ce livre décrit un moyen naturel de libération mentale pratiqué en Chine pendant des siècles.

La méthode de la « fleur d'or » incorpore la quintessence du bouddhisme et du taoïsme. L'or signifie la lumière, la lumière de l'esprit ; la fleur symbolise l'épanouissement, le jaillissement de la lumière de l'esprit. Ainsi, le nom même de cette technique désigne l'éveil fondamental du vrai soi et de son potentiel caché.

Exprimé en termes taoïstes, le but essentiel de « la Voie » consiste à retrouver l'esprit originel et divin pour se réaliser en tant qu'être humain. Dans l'optique bouddhique, un être pleinement réalisé est conscient de l'esprit originel, ou vrai soi, tel qu'il se manifeste spontanément à l'état naturel, vierge de tout conditionnement.

Cet esprit originel s'appelle aussi « esprit céleste » ou esprit naturel. Mode de conscience plus subtil et plus direct que celui de la pensée ou de l'imagination, il est essentiel à l'épanouissement de l'esprit. Le Secret de la Fleur d'or vise donc à recouvrer et à raffiner l'esprit originel.

Si ce livre contient une série de techniques de méditation fort utiles, sa méthode clé est bien autre chose qu'un simple procédé méditatif. Il s'agit en effet d'un processus qui permet de parvenir à la source même du principe conscient, sans recourir à des idées ou à des images. L'exercice a pour but de libérer l'esprit des limitations arbitraires et inutiles que lui imposent ses réflexes habituels de fixation sur son propre contenu. Une fois libéré de cet auto-conditionnement, disent les taoïstes, l'homme pleinement conscient cesse d'être prisonnier de sa condition et devient un « partenaire de la création ».

L'expérience de l'épanouissement de la fleur d'or est comparé à la lumière qui emplit le ciel, le ciel de la conscience inconditionnée, autrement plus vaste que le domaine restreint des images, des pensées et des sentiments : un espace sans obstacle, qui contient tout sans jamais être rempli. On accède ainsi à une intarissable source d'intuition, de créativité et d'inspiration : une fois que l'on a appris à mobiliser ce pouvoir d'éveil mental, on peut constamment y faire appel et l'approfondir à l'infini.

La pratique essentielle de la fleur d'or ne requiert aucun équipement, aucune adhésion à un dogme philosophique ou religieux, aucun accessoire ou rituel particulier : elle se pratique au cœur même du quotidien. Elle est donc accessible à tout moment puisqu'elle dépend de l'esprit même, bien que n'impliquant pas la mise en œuvre de pensées ou d'images mentales. Sa seule difficulté réside dans le fait qu'elle utilise l'attention d'une manière inhabituelle pour un esprit qui a coutume de fonctionner selon le mode discursif de la pensée ou de l'imagination.

La singularité du Secret de la Fleur d'or vient de ce que ce livre offre une méthode directe de réalisation de soi, accessible à tout un chacun. L'ouvrage fut écrit il y a plus de deux cents ans au cours d'une période de crise suscitant une grande renaissance de cet ancien enseignement qui, depuis lors, est périodiquement revenu au goût du jour dans les moments difficiles, du fait de la rapidité avec laquelle cette méthode permet d'accéder aux ressources cachées de l'esprit. [...]

Ayant consacré un bon nombre d'années à l'étude du bouddhisme chan, précurseur chinois du zen, j'ai apprécié le chan classique parce qu'il s'intéressait directement à l'essence de l'esprit, sans s'embarrasser de dogmes ou d'additions culturelles.

Cette simplicité de la démarche des classiques chan repose sur un procédé particulièrement intéressant, à savoir qu'ils condensent les enseignements des diverses écritures et écoles bouddhiques sous forme d'histoires symboliques, illustrant l'état naturel de l'esprit. Nombre de ces histoires ont directement trait au retournement de la lumière et, étant donné mon cheminement personnel, ce sont surtout celles-là qui ont retenu mon attention. Cependant, certaines sont complexes et difficiles puisqu'elles traitent de l'intégration créatrice de l'esprit de la fleur d'or à la vie du monde ordinaire. Elles nécessitent donc un travail mental au quotidien, et il m'a fallu bien plus longtemps pour commencer à en pénétrer le sens. J'ai finalement appris à pratiquer le retournement de la lumière selon les méthodes de toutes les grandes écoles du bouddhisme. Initialement, les moyens d'éveil de la conscience qu'enseignent le chan et le bouddhisme des Terres Pures eurent un très profond effet sur moi, mais j'ai eu par la suite l'occasion de constater que les techniques des différentes écoles avaient chacune leurs avantages propres. J'ai donc continué à pratiquer en appliquant chaque fois la méthode qui me semblait la plus appropriée à mes besoins du moment, ou la plus susceptible de raviver une inspiration fléchissante.

J'ai parallèlement étudié les divers systèmes mis au point par les écoles bouddhiques pour aider les pratiquants à expérimenter la conscience de la fleur d'or de manière fructueuse. Ce qui a contribué à éclaircir aussi bien les aspects pratiques que théoriques de la question, à savoir mon vécu quotidien et les résultats de mes recherches sur l'esprit, tel qu'il est conçu par la littérature orientale ancienne. C'est au cours de ces études que les circonstances m'ont mis en contact avec le taoïsme. Dans les années suivant ma première rencontre avec le bouddhisme, je m'étais également penché sur d'autres grandes traditions de l'Asie, telles que l'hindouisme, le confucianisme, le taoïsme et le soufisme. J'avais aussi lu la Bible, le Coran et les écrits des traditions mystiques du judaïsme et du christianisme. À la faveur de toutes ces recherches, j'en vins à constater que la méthode du retournement de la lumière m'avait ouvert les yeux sur l'existence d'une dimension insoupçonnée dans la littérature des autres religions. Grâce à l'apprentissage de cette technique, une appréciation neuve de la dynamique mentale du fait religieux s'imposait à moi spontanément, au-delà de toute distinction culturelle ou dogmatique. [...]

Si l'on écarte les déviations cultistes, scolastiques et culturelles, j'estime que le chan dans sa forme essentielle est sans doute un des éléments de l'enseignement de la fleur d'or — voire du bouddhisme en général — qui peut être le plus utile au monde occidental contemporain. Outre les techniques « psycho-activatrices » qu'il utilise, le chan propose en effet des structures psychologiques et intellectuelles qui forment d'excellents outils d'analyse, permettant à l'esprit de distinguer la logique interne des choses. Naturellement, la valeur pratique de ces méthodes dépend de l'efficacité avec laquelle elles sont mises en œuvre — telle la pratique selon Le Secret de la Fleur d'or, par exemple.

La théorie et la pratique de la méthode de la fleur d'or ont leur équivalent dans les traditions grecque et chrétienne, mais je pense qu'on peut plus facilement les analyser en termes de psychologie profane si l'on ne s'encombre pas d'une abondance de concepts philosophiques et religieux et que l'on se base sur les procédés chan, parfaitement compréhensibles et utilisables sans aucune connaissance préalable de la culture chinoise.

Le Secret de la Fleur d'or représente une façon d'arriver à la plénitude de l'énergie à travers la plénitude de l'esprit. L'enseignement se qualifie du reste lui-même de « transmission spéciale en dehors de la doctrine », fondée sur la perception directe de l'essence de l'esprit et la réappropriation de son potentiel inhérent. C'est en fait le signe distinctif du chan qu'on appelle parfois l'école de l'esprit éveillé.

À des fins pratiques, l'enseignement de la fleur d'or établit une distinction entre « l'esprit originel » et « l'esprit conscient ». L'esprit originel représente l'essence même de l'esprit, sans forme particulière, inconditionnée, transcendant la culture et l'histoire. L'esprit conscient correspond à l'ensemble des données mentales, des sentiments, pensées et attitudes conditionnés par l'histoire personnelle et culturelle de chacun, et emprisonnés dans des formes spécifiques imposées par l'habitude. Ces termes s'emploient aussi bien dans la tradition chan que taoïste.

L'intuition appartient à l'esprit originel, l'intellect à l'esprit conscient. L'essence du taoïsme consiste à raffiner l'esprit conscient pour le « réunir » à l'esprit originel. Le bouddhisme chan appelle aussi l'esprit originel primordial « l'hôte » ou « le maître », l'esprit conscient conditionné étant « l'invité » ou « le serviteur ». L'ignorance causée par soi-même apparaît quand le serviteur prend la place du maître, l'éveil par soi-même se produisant lorsque le maître retrouve son autonomie, au « centre ».

Cette notion de deux esprits ou de deux aspects de l'esprit se trouve déjà dans le vieux classique taoïste, le Tao Té Ching : « Usant du brillant rayonnement, vous retournez à la lumière, sans rien laisser qui puisse vous nuire. C'est ce qu'on appelle "entrer dans l'éternel". » On a là l'image du rapport idéal entre l'esprit originel, source du pouvoir, et l'esprit conscient, fonctionnaire subalterne. Une fois devenu clair, l'esprit conscient fonctionne de manière appropriée à la situation considérée, sans usurper l'autorité de l'esprit originel. Ce dernier demeure accessible, réserve d'intelligence lucide et vigilante à laquelle l'esprit conscient retourne, sans fixation nuisible sur lui-même ou sur ses objets.

Ainsi, l'intellect peut fonctionner efficacement dans le monde sans que cette activité de la conscience entrave l'accès à une connaissance spontanée et plus profonde, grâce à l'intuition directe d'une faculté plus subtile.

On appelle « renversement » ou « retournement de la lumière » l'opération qui consiste à passer de l'esprit limité, qui est celui de la conscience conditionnée, à l'esprit libéré, qui est celui de l'esprit primordial. Dans Le Secret de la Fleur d'or, ces termes correspondent au rétablissement d'un contact direct avec l'essence et la source de l'esprit. Ce contact direct permet d'accéder à la connaissance spontanée et de se libérer du joug des pensées et des sentiments conditionnés, alors même qu'ils surgissent. Pour citer le Tao Té Ching : on peut être « créatif sans possessivité ».

Dans le taoïsme comme dans le bouddhisme, le « retournement de la lumière » signifie détourner l'attention de la fascination que lui inspirent les objets pour la diriger sur l'essence ou source de l'esprit. Cet exercice sert à clarifier la conscience et à libérer l'attention. De nombreux taoïstes qui avaient de fortes affinités avec le bouddhisme chan firent un grand usage de cet exercice du retournement de la lumière qui, bien que commun à toutes les écoles bouddhistes, est particulièrement important dans le chan. Le Secret de la Fleur d'or représente l'une des méthodes les plus radicales pour atteindre l'éveil par des moyens spirituels, et le texte est pratiquement entièrement consacré à la présentation des subtils détails de cette simple pratique du retournement de la lumière.

On trouve dans de nombreuses sources chan, zen ou taoïstes, la description des différentes techniques et « trucs » qui permettent d'induire, de développer et d'intégrer l'expérience menant à l'épanouissement de la fleur d'or. Le principe fondamental et la base même de la pratique sont exposés en termes simples dans les enseignements de Dahui (Ta-hui), célèbre maître chan du XIIe siècle : « Le bien et le mal viennent de votre propre esprit. Mais, qu'appelez-vous votre esprit, en dehors de vos actes et de vos pensées ? Et d'où vient votre esprit ? Si vraiment vous savez d'où vient votre esprit, une infinité d'obstacles créés par vos propres actes disparaîtront aussitôt. Ensuite, toutes sortes de possibilités extraordinaires s'offriront à vous, sans même que vous les cherchiez. »

Il y a quantité d'histoires chan qui parlent des différentes façons d'accéder à l'exercice de la fleur d'or. Certaines sont très simples et peuvent resservir indéfiniment.

Un disciple interrogea un maître : « Qu'est-ce que le Bouddha ?
Le maître répondit : « Cet esprit est bouddha. »

Un disciple interrogea un maître : « Que doit-on faire quand sans cesse apparaissent et disparaissent [les pensées] ? »
Le maître répondit : « Tttt ! À qui appartient ce qui apparaît et disparaît ainsi ? »

Un maître demanda un jour à un disciple « D'où viens-tu ? »
Le disciple répondit qu'il venait de tel et tel endroit. Le maître s'enquit alors : « Y penses-tu ? »
Le disciple répondit que oui, souvent.
Le maître dit alors : « Celui qui pense est l'esprit ; l'environnement est ce à quoi il pense. Cet environnement comprend des montagnes, des rivières, des terres, des maisons, des gens, des animaux et ainsi de suite. Maintenant, retourne ta pensée pour penser à l'esprit qui pense : s'y trouve-t-il autant de choses ? »

Ces procédés chan illustrent quelques-unes des manières de gérer l'attention dans le but d'induire l'expérience de la fleur d'or. Cette technique mentale serait peut-être applicable à la théorie et à la pratique de la pychothérapie, du fait qu'elle représente une compréhension transcendante de soi, une méthode d'expérience du soi au-delà des distorsions de la personnalité, et une concentration sur la source vive de l'autonomie et de la maîtrise de soi.

L'enseignement de la fleur d'or offre au thérapeute des techniques de développement d'une plus profonde perception intérieure et d'une meilleure prise de conscience du potentiel humain, ainsi qu'un moyen d'entrer en contact avec le patient à un niveau mental qui ne soit pas pollué par les afflictions psychiques. Le patient, quant à lui, peut y trouver un moyen autonome de connaissance de soi, au-delà du domaine conditionné de la personnalité, des jugements et des opinions.

Correctement utilisée dans le contexte de la vie contemporaine, et non comme une sorte de culte exotique mal digéré, la pratique de la méditation de la fleur d'or a le pouvoir de dissiper l'influence des compulsions névrotiques. Pourvu qu'elle soit bien comprise et pratiquée...

Thomas Cleary, Le secret de la fleur d'or.


Mise en garde :

Le secret de la fleur d’or est connu de cerains new-agers qui souhaitent créer l'embryon de lumière. Seulement, c’est la déplorable traduction de Wilhelm qui s’est répandue parce que Carl Gustav Jung lui consacra une étude intitulée : " Commentaire sur le mystère de la Fleur d’or ". Jung disposait de la piètre traduction du traité chinois réalisée par le missionnaire protestant Richard Wilhelm.

Les erreurs de Wilhelm et de Jung inversent le sens du traité. L’inversion caractérise le nouvel âge et la contre-initiation.

Le jésuite, Etienne PERROT, professeur à la faculté des sciences sociales et économiques de l'institut catholique de Paris, a fait connaître au public francophone les textes tronqués de Wilhelm et de Jung, accélérant ainsi la confusion.

L’orientaliste Thomas Cleary s’efforce de corriger les égarements de Wilhelm, "décidément enclin à voir dans ce texte toutes sortes d’idées bizarres et de superstitions qui ne s’y trouvent pas ", écrit Cleary".

http://bouddhanar-8.blogspot.fr/2008/05/corps-de-gloire-merkabah-embryon-de.html





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L'édition française du livre, Le secret de la fleur d'or, est épuisée.