lundi 24 octobre 2016

Opposition de la Wallonie au CETA : «Les gens sont contre l’idée de mondialisation» / Opposition of the Wallonia to the CETA: " people are against the idea of globalization "

source : https://francais.rt.com/opinions/27985-wallonie-ceta-gens-contre-mondialisation
Par Jean Bricmont
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Docteur en sciences et essayiste belge, Jean Bricmont est professeur à l’Université catholique de Louvain. Il est auteur et co-auteur de plusieurs ouvrages dont La république des censeurs, Impostures intellectuelles (avec Alan Sokal).

Opposition de la Wallonie au CETA : «Les gens sont contre l’idée de mondialisation»
24 oct. 2016
Belgique, octobre 2016© BRUNO FAHY / Belga / AFP
Belgique, octobre 2016
Les Européens se méfient du CETA et s'y opposent, parce que les traités de ce genre sont en réalité un transfert de pouvoir à des entités non-élues, comme l’UE, l’OTAN, ou les tribunaux arbitraux, estime l'essayiste belge Jean Bricmont.

RT France : Comment expliquez-vous que la Wallonie s’oppose au CETA ?

Jean Bricmont (J. B.) : Comme le disent beaucoup, l'opposition au CETA est très large. En Wallonie il y a une majorité de gauche au Parlement, c’est-à-dire qu'il y a les socialistes, les écologistes, les communistes, le Parti du travail de belgique (PTB), les chrétiens-démocrates qui ont voté avec eux... soit la majorité. A mon avis, on était sous la pression d’une partie du PTB d’extrême gauche, ces 14% q'on trouve dans les sondages, ce qui est inouï dans l'Europe d'aujourd’hui. Le Parti socialiste est obligé de faire attention au fait qu’il y a depuis un certain temps une poussée des associations, des syndicats et des ONG contre le CETA. Après, je ne sais pas s’ils vont tenir. Car la Wallonie reçoit de l’argent de l’Europe et de la Flandre - il y a des moyens de pression, et je ne sais pas combien de temps cela va durer. Pour l’instant, elle a l’air de tenir. Et pour les socialistes qui sont au pouvoir, c’est très difficile de reculer, parce qu'ils sont sous pression du PTB, qui est un peu une sorte de Parti communiste. Je pense aussi que ce qui explique la particularité de la situation est le fait qu’en Belgique a été décidé que ce genre de traités devaient être ratifiés par des différentes instances régionales, les Flamands, les francophones, etc. On a donné des pouvoirs à l’Etat fédéral, mais ces décisions internationales doivent être acceptées aussi par les assemblées fédérées, ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays. En Allemagne, je ne pense pas que les länder aient le droit de décider de grand chose. En Suisse les cantons non plus. C’est une anomalie de nos règlements, ce n’est pas la même chose ailleurs. Ailleurs, je pense qu’il n’y a pas eu de tel débat, de telle pression sur le Parlement, ou bien les parlements n’ont tout simplement pas le droit de décider.

Le Brexit, l’opposition au CETA et au TTIP, la montée de l’extrême droite en Europe, cela fait partie des mêmes mouvements de démondialisation
Lire aussi
Manifestation contre le CETA en Wallonie, octobre 2016. CETA : «L’Europe souffre de son ultra-libéralisme»
RT France : La position de la Wallonie peut-elle faire capoter le CETA ?

J. B. : Théoriquement, oui, parce qu’il faut l’unanimité des Etats. Mais ils vont trouver une façon de faire accepter la Wallonie, en faisant des concessions particulières. Ils vont essayer de sauver l’essentiel du CETA, en faisant des aménagements. Evidemment, il est possible que la Wallonie soit le point de départ d'une lutte contre le CETA, qui est déjà un peu la préparation du TTIP. Il y a beaucoup de gens contre le TTIP et contre le CETA. Je pense, que le Brexit, l’opposition au CETA et au TTIP, la montée de l’extrême droite en Europe, en Hongrie, en Pologne... font partie des mêmes mouvements, ce ne sont pas les mêmes idéologies, mais participent au même mouvement de démondialisation. Les gens sont contre l’idée de mondialisation, c’est ce que la gauche ne peut jamais comprendre. Ces traités sont en fait un transfert de pouvoir à des entités non-élues, comme l’UE, l’OTAN, les tribunaux arbitraux. Il y a donc une méfiance. Je pense que les journaux français comme Le Monde,  Libération - qui sont ce que j'appelle les libéraux de gauche - vont être extrêmement mécontents. La Russie aussi est un exemple de démondialisation, de recouvrement de la souveraineté populaire. C’est quelque chose qui, pour l’instant, à 90%, est le fait de la droite ou de l’extrême droite. Les gens qui sont anti-CETA ne comprennent pas qu'il s'agit là d'un même mouvement.

Il y a une méfiance généralisée à l’égard de ce genre de traités
RT France : Donald Tusk a dit qu’il avait essayé de faire pression sur la Belgique, car l’échec du CETA pourrait compromettre tout accord commercial avec d’autres pays à l’avenir, et qu’il redoutait que le CETA puisse être le dernier accord de libre échange de l’UE…

O. D. L. : Le problème de ces acteurs est qu'ils ne sont pas transparents. En outre, au moment, par exemple de l'ALENA (entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique), il y avait des propositions des syndicats en faveur d’un accord de libre-échange, mais avec des garanties sociales et environnementales. C’était tout à fait maîtrisé. La question est donc effectivement qui va négocier cet accord et dans quel esprit. Il est clair que l’esprit est de renforcer le pouvoir des entrepreneurs, de la petite branche des entrepreneurs par rapport aux Etats, aux travailleurs, par des mise en concurrence, etc. Pendant des décennies, une rhétorique libérale et néo-libérale l’a emporté, et, maintenant, on y voit une opposition populaire. Mais c'est aussi une opposition à l’ouverture des frontières, et d’autres choses que la gauche réclame.

[...] Je pense qu’il y a une méfiance généralisée à l’égard de ce genre de traités. Ces traités sont en train d’être lus, il y a un expert qui les lit, et un autre expert qui les lit... et ces experts ne disent pas la même chose. C’était la même chose avec l'Union européenne, les pouvoirs publics ne se rendent pas compte que quand on livre des traités extrêmement compliqués, les parlements ne peuvent plus décider. Les parlements ne sont pas compétents - et ce n'est plus un système démocratique. Même le Parlement européen n’est pas tout à fait compétent. Il est déjà plus dans l’idéologie supranationale.

Lire aussi : «Le CETA, frère jumeau du TAFTA, a pour but de préparer le terrain pour sa signature»

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lundi 17 octobre 2016

L'assassinat de Motorola, insurgé du Donbass : à qui profite le crime ? The murder of Motorola, insurgent of the Donbass: who benefits the murder ?

Zéro et héros

17 Octobre 2016 , Rédigé par Observatus geopoliticusPublié dans #Europe#Ukraine
Attardons-nous aujourd'hui sur deux hommes, aux trajectoires diamétralement opposées mais dont le destin a épousé les circonvolutions du Grand jeu et de ses avatars ces dernières années.
A tout saigneur, tout honneur, commençons par le zéro, symbole des contradictions inhérentes de l'empire. Le nom de Jabr al Bakr ne vous dit peut-être rien ; c'est ce Syrien arrêté la semaine dernière en Allemagne alors qu'il prévoyait de faire sauter un aéroport. Dans un grand élan de bisounourserie, la volaille médiatique s'est empressée d'insister sur l'aide des gentils réfugiés pour arrêter le réfugié terroriste. Ouf ! la morale merkelienne est sauve et l'omerta sauvegardée. Parce que derrière, ce n'est pas triste...
On apprend en effet que ce Jabr al Bakr était membre d'Ahrar al-Cham, le groupe rebelle délicieusement "modéré" allié à Al Qaeda en Syrie et, à ce titre, soutenu par la clique occidentalo-saoudienne. Mais le pire est à venir : il faisait également partie des Casques blancs ! Vous savez bien, c'est cette merveilleuse organisation humanitaire qui enchante les officines du système parce qu'elle "sauve" les civils d'Alep des bombardements barbares des gros méchants Syro-russes ("crrrimes de guerre", avec force trémolos dans la voix). Certains boute-en-trains sont même allés jusqu'à réclamer le prix Nobel de la paix pour ces braves Casques blancs.
Jabr al Bakr ou le symbole de tous les bugs de la politique impériale : l'Europe vassale supporte au Moyen-Orient des djihadistes qui la détestent et qui, une fois entrés sur son territoire grâce à la naïveté droit-de-l'hommesque de ses dirigeants (et la bienveillance toute intéressée du grand patronat), s'empressent d'y commettre attentats et tueries. J'en avais déjà parlé dans un billet d'humeur au lendemain des attaques de Paris l'année dernière : rien n'a changé apparemment...
A quelques milliers de kilomètres de là, un héros est mort, lui aussi dans un attentat, ciblé celui-là. L'un des plus célèbres commandants insurgés du Donbass, le fameux Motorola, a été tué hier à Donetsk dans l'explosion d'une bombe placée dans un ascenseur.
Arsen Pavlov de son vrai nom, il a pris les armes dès le printemps 2014 à Slaviansk avant de se battre vaillamment - ses compagnons parlent de "courage aveugle" - dans toutes les grandes batailles de la guerre du Donbass avec son fameux bataillon Sparta : Ilovaïsk (la première déculottée ukrainienne), aéroport de Donetsk, Debaltsevo (la deuxième grande fessée prise par Kiev et qui a accéléré la signature des accords de Minsk)... Ici, Ilovaïsk (l'action commence après 2 minutes) :



La question évidemment sur toutes les lèvres est : qui a fait le coup ? Et là, ce n'est pas si simple...
La première hypothèse consiste à y voir la main des services secrets ukrainiens (SBU) utilisant des groupes de saboteurs, peut-être avec l'aide d'agents d'une certaine puissance bien connue outre-Atlantique... Le leader de la République populaire de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko, l'a affirmé de but en blanc : « Porochenko a violé la trêve et nous a déclaré la guerre ». Si ça se confirme, nous assistons alors aux prémices d'un réchauffement du conflit gelé en Ukraine, où la tension est effectivement montée depuis deux mois.
Sauf que cette thèse pose quelques petits problèmes, dont celui-ci : comment se fait-il que le généralement inefficace SBU ait pu placé un dispositif relativement sophistiqué de bombe à distance dans l'immeuble gardé de Motorola ? Et pourquoi s'en prendre à un commandant "à la retraite" et non aux dirigeants politiques du Donbass ? Car ce n'est pas la première fois qu'un tel cas arrive...
L'avantage des médias russes ou novorussiens est qu'ils sont bien plus francs et ouverts que leurs homologues occidentaux où règne l'omerta (on l'a vu plus haut). Plusieurs se posent sans détours et publiquement la question : et si c'était un coup interne ? Ces interrogations sont reprises de manière mesurée et objective par La Tribune de Genève, dont voici l'article en entier :

Un chef des rebelles prorusses tué à Donetsk

«Motorola» a été tué dimanche dans l'explosion d'une bombe. Donetsk accuse le président ukrainien.

Un chef militaire des rebelles prorusses, Arseni Pavlov, plus connu sous son nom de guerre «Motorola», a été tué dimanche dans l'explosion d'une bombe à Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, ont annoncé les autorités locales.
Le président ukrainien Petro «Porochenko a violé la trêve et nous a déclaré la guerre», a estimé le «président» de la «République populaire de Donetsk» (DNR), Alexandre Zakhartchenko, dans une déclaration aux journalistes sur place.
L'immeuble où l'explosion s'est produite se trouvait dimanche soir entouré par des camions militaires, un blindé léger et une cinquantaine d'hommes armés. Un soldat portant l'insigne de l'unité Sparta, que commandait Arseni Pavlov, a indiqué que la bombe avait été placée dans l'ascenseur de l'immeuble et avait tué le chef militaire et son garde du corps.
«Soit c'est une opération des services ukrainiens, soit c'est un coup des nôtres», a-t-il déclaré à l'AFP sous couvert de l'anonymat.
D'autres chefs tués
Outre «Motorola», plusieurs chefs de guerre séparatistes considérés comme des adversaires des autorités rebelles ont été tués dans des circonstances troubles, loin des zones où les combats continuent. En 2015, les chefs cosaques Pavel Dremov et Alexandre Bednov «Batman» ont succombé l'un dans un attentat à la voiture piégée, l'autre dans une embuscade.
Le commandant Alexeï Mozgovoï a été lui aussi tué en 2015 dans une embuscade en plein territoire rebelle, une opération des services spéciaux ukrainiens, avaient affirmé les séparatistes.
Arseni Pavlov, qui avait participé aux principales batailles contre les forces ukrainiennes, autour de l'aéroport de Donetsk, à Slaviansk, Ilovaïsk et Debaltsevo, avait déjà échappé à un attentat à la bombe en juin à Donetsk, selon les autorités locales.
Son assassinat intervient alors que les deux régions séparatistes de Donetsk et de Lougansk ont été ces derniers mois le théâtre de plusieurs attentats, de purges dans les instances dirigeantes et, selon les autorités rebelles de Lougansk, d'une tentative de putsch.
Bombes
Le 22 août, les autorités de la DNR avaient annoncé qu'une bombe avait été désamorcée près du domicile du «président» Zakhartchenko, qui avait déjà été la cible d'un autre attentat en avril, selon la même source.
Le 6 août, une bombe contenant une quinzaine de kg de TNT a explosé au passage du «président» de la «République populaire de Lougansk» (LNR), Igor Plotnitski, qui a été blessé, selon les autorités rebelles.
A la suite de cet attentat manqué, le «vice-ministre de la défense» de la LNR Vitaly Kissilev a été arrêté pour tentative de putsch, ainsi qu'un ex-«Premier ministre» de la LNR, Guennadi Tsypkalov, dont le suicide en détention a été annoncé peu après.
Si l'Ukraine post-Maidan est un invraisemblable merdier, tout n'est pas rose non plus du côté des Républiques séparatistes, question sur laquelle se penchait d'ailleurs un site russophile il y a quelques semaines. La République de Lougansk, notamment, est un véritable panier de crabes et ce n'est sans doute pas un hasard si "Batman" ou Mozgovoï y ont été assassinés dans des conditions mystérieuses sur lesquelles s'interrogent ouvertement les sites pro-russes. L'assassinat de Motorola est par contre plus étonnant, ayant eu lieu dans la république plus "saine" de Donetsk.
Saura-t-on un jour le fin mot de l'histoire ?

source : http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2016/10/zero-et-heros.html

Un Mélenchon en pleine forme : Russie, Syrie, immigration, troisième guerre mondiale, néolibéralisme, front de gauche, etc. / In great shape Mélenchon: Russia, Syria, immigration, World War III, neoliberalism, left front, etc.

vidéo de 45 minutes. Cliquer sur :

http://www.dailymotion.com/video/x4x0mku_invite-jean-luc-melenchon-l-epreuve-de-verite-11-10-2016_tv

dimanche 16 octobre 2016

Un aberrant désir de guerre / an absurd desire of war

source : http://www.entrefilets.com/un_aberrant_desir_de_guerre.html


13/10/2016 Le pire n’est jamais garanti dit-on. Certes. Sauf que c’est exactement ce que l’on devait dire avant le déclenchement de la Première, puis de la Deuxième guerre mondiale. Et persiste pourtant cette sorte de naïveté qui fait penser à beaucoup que non, finalement non, «plus jamais ça», plus jamais 20 puis 60 millions de morts au nom de la Patrie, c’est-à-dire pour le profit des industriels et des banksters. Or depuis le coup d’Etat perpétré en Ukraine par les barbouzes de l’OTAN, l’Empire US et ses laquais européens n’ont eu de cesse de créer toutes les conditions d’une guerre majeure contre la Russie (et donc la Chine), utilisant parallèlement toute la vermine médiatique aux ordres de part et d’autre de l’Atlantique pour préparer les peuples à l’inéluctable, à l’indicible, en leur assénant quotidiennement leur dose de haine antirusse. Et les menaces ne cessent de gagner en intensité. Sans parler de l'épisode dérisoire d'un Flanby voulant traîner le Président russe devant la CPI, le Général Mark Milley, chef d’état-major de l’US Army, vient ainsi de déclarer à l'adresse de Moscou: «Je veux être clair pour ceux qui, dans le monde entier, veulent détruire notre façon de vivrenous vous détruirons» ["We will beat you harder than you have ever been beaten before"] (1). Plus que jamais, le Bloc atlantiste sous commandement US est ainsi saturé d’un aberrant désir de guerre que renforce en lui l’évidence de son déclin.

La peur du videDeux facteurs principaux se conjuguent et se nourrissent l’un de l’autre pour pousser l’Empire US à vouloir affronter la Russie. D’une part, la restauration de la puissance russe et la crainte grandissante de voir s’opérer à terme une jonction entre Paris, Berlin et Moscou, alliance qui éjecterait de facto l’Empire de l’Eurasie (2) en lui coupant du même coup les vivres, notamment énergétiques.
Le deuxième facteur étant bien sûr le déclin de l’Empire lui-même, déclin dont l’accélération exponentielle ravage désormais toutes les structures sociales, économiques, militaires et politiques. Menacé de banqueroute, de guerre civile, de dislocation ou des trois à la fois, l’Empire est aux abois. De par son caractère explosif avec le seul choix entre une folle ardemment prête pour la guerre nucléaire et un trublion mondialement conspué, l’élection présidentielle à venir ne fera d’ailleurs qu’intensifier le mécanisme d’autodestruction en cours. Mais quoi qu’il en soit l’Empire n’entend manifestement pas mourir dans son lit (3).

Les canons prêts à «entamer leur rouge labeur»Sur l’échiquier planétaire, le grand jeu prend dès lors une allure de plus en plus sinistre. L’Otan tient littéralement la Russie en tenailles et a déployé des dizaines de milliers d’hommes ainsi qu’un fantastique arsenal en Europe de l’Est. En Roumanie, les Etats-Unis viennent même d’inaugurer une installation de lance-missiles conçue pour une attaque nucléaire de première frappe. Du côté de la Mer de Chine, Washington souffle en même temps sur toutes les braises possibles entre Pékin, Taipeh, Tokyo, Séoul et Pyongyang.
Mais c’est d’une Syrie déjà ravagée par les flammes que se propagera manifestement l’incendie. L’Empire US et ses laquais y entretiennent sciemment une boucherie depuis plus de 5 ans, s’associant aux pires groupes terroristes qu’ils prétendent combattre, avec pour seule obsession de renverser Bachar al-Assad, et contrer ainsi la Russie et ses alliés iraniens ou du Hezbollah libanais.
En face, Vladimir Poutine avance méthodiquement ses propres pions, apparemment convaincu que l’Empire US est bel et bien décidé à l’affrontement final. Dans l’enclave de Kaliningrad, Moscou a donc déployé des missiles Iskander à capacité nucléaire. Dans ses deux bases syriennes, ses systèmes anti-missiles S300V4 «Antey-2500» (4) sont désormais opérationnels et sont capables de détruire aussi bien les avions prétendument furtifs des américains que leurs vieux missiles de croisière Tomahawk.

En attendant l’étincelleTout est donc en place pour le grand suicide final et ne manque que l’étincelle.
Or en matière d’étincelle, la bataille d’Alep en cours pourrait bien faire l’affaire. Devant l’efficacité de l’offensive lancée conjointement par le Président syrien et la Russie, le Bloc atlantiste est passé en mode panique. Pour protéger ses gentils terroristes qui s’y font littéralement désosser, l’Empire menace désormais de frapper directement les troupes du Président syrien. Or les Russes ont déjà prévenu qu’en ce cas ils riposteraient immédiatement (5).
Un affrontement direct entre les deux principales puissances nucléaires de la planète est donc désormais envisagé de part et d’autre (6).
Pour mémoire, la Première Guerre mondiale a coûté la vie à 1,15% de la population mondiale.
La Deuxième guerre mondiale a coûté la vie à 2,5% de la population mondiale.
Rapporté en 2016, ce pourcentage correspond à 200 millions de morts.

Se détacher de l’Empire, viteLe pire n’est jamais garanti, dit-on. C’est vrai. Mais il est toujours possible. Et le présent texte n’a d’autre ambition que de le rappeler.
Car nous avons atteint aujourd’hui un point qui n’est peut-être pas encore celui du non-retour, mais qui commence à y ressembler fortement.
Reste à savoir si dans un Bloc occidental où la pègre dirigeante et son clergé médiatique semblent désormais possédés par le désir de guerre, les peuples accepteront une nouvelle fois d’être conduits à l’abattoir sans broncher.
En Europe, sur 500 millions d’âmes, seule une poignée de riches hallucinés placés aux postes clés sont prêts à suivre l’Empire US dans sa folie suicidaire.
N’est-il pas devenu urgent de les congédier ?

Mis en ligne par entrefilets.com le 13 octobre 2016

1 U.S. Army Chief theatens War with Russia 
2  Ukraine-Russie: quand l’Empire tombe le masque
3 L’empire, le docteur Kübler-Ross et la Syrie
4 S300V4 «Antey-2500»
5 Syrie: l’ultimatum passif de la Russie aux Etats-Unis, à un cheveu de la guerre
6 Généraux américains : un conflit «extrêmement meurtrier» avec la Russie est «quasiment certain»

jeudi 13 octobre 2016

Notre (3ème) Guerre mondiale-stealthy / Our stealthy-WW3

11 octobre 2016 – On notera d’abord que le concept n’est pas nouveau : si l’on a bon souvenir, c’est en Ukraine que fut inventée pour cette période postmoderne le concept de “guerre stealth”, ou “guerre-stealthy” (*)... La “guerre invisible” si l’on veut du sensationnalisme, et plus précisément la “guerre discrète”. C’est le 2 septembre 2014 que nous avons longuement disserté sur la “guerre stealth”, ou plus précisément l’“invasion stealth” (de l’Ukraine par la Russie), en partant de la référence la plus sacrée en cette matière technologique, qui est le JSF lui-même. Dans ce cas, bien entendu, il s’agissait de l’“invasion stealth” comme représentation d’une invasion russe qui eut bien lieu ça c’est sûr puisque la presse-Système et les élites-Système ne cessèrent de le clamer, et qui eut même lieu à de nombreuses reprises cette année-là (2014) ; qui en fait, d’ailleurs, n’eut jamais lieu en tant que telle, ni en 2014 ni après, – mais qu’importe, tout ça c’est du passé...
Si nous nous attardons tant autour d’un phénomène si intéressant qu’il a suscité chez nous la formation d’autres concepts pour s’y reconnaître, – déterminisme-narrativiste et vérité-de-situation précisément, – c’est parce que le concept de “guerre-stealthy” est à nouveau proposé pour les projets du brillant secrétaire à la défense Ashton Carter, pour ce qui est de la poursuite de l’effort US en SyrieLe 7 octobre, dans UNZ.com, Mike Whitney expose ainsi le “plan C” du secrétaire à la défense Carter, qu’il qualifie de “guerre de basse intensité, ou guerre stealth en Syrie” (« Carter Launches Plan C; Pentagon Begins Low-Intensity, Stealth War in Syria »)
« Call it stealth warfare, call it poking the bear, call it whatever you’d like. The fact is, the Syrian war has entered a new and more dangerous phase increasing the chances of a catastrophic confrontation between the US and Russia. [...] So what sort of escalation does Carter have in mind, after all, most analysts assume that a direct confrontation between the United States and Russia will lead to a nuclear war. Is he really willing to take that risk?
» Heck no, but not everyone agrees that more violence will lead to a nuclear exchange. Carter, for example, seems to think that he can raise the stakes considerably without any real danger, which is why he intends to conduct a low-intensity, stealth war on mainly Syrian assets that will force Putin to increase Russia’s military commitment. The larger Russia’s military commitment, the greater probability of a quagmire, which is the primary objective of Plan C, aka–Plan Carter. [...]
» Don’t you think the Washington Post should have mentioned that Carter’s sordid-little enterprise is already underway? [...]
» “Kerry’s deputy, Antony Blinken, testified last week that the U.S. leverage in Russia comes from the notion that Russia will eventually become weary of the cost of its military intervention in Syria. “The leverage is the consequences for Russia of being stuck in a quagmire that is going to have a number of profoundly negative effects,” Blinken told the Senate Foreign Relations Committee.” (Washington Post) See? There it is in black and white. “Quagmire”. The new “Plan C” strategy is designed to create a quagmire for Putin by gradually ratcheting up the violence forcing him to prolong his stay and deepen his commitment. It’s a clever trap and it could work, too. The only hitch is that Putin and his allies appear to be making steady headway on the battlefield. That’s going to make a lot harder for Syria’s enemies to continue the provocations and incitements without triggering massive retaliation... »
Whitney considère de toutes les façons que le “Plan C” de Carter est d’ores et déjà en route, avec l’“erreur” de l’USAF du 17 septembre (l’attaque sur Deir ez-Zor) et une autre attaque à la fin septembre qui a rendu inutilisable deux ponts sur l’Euphrate, et plus difficile une attaque en cours contre Daesh. Bien entendu et selon une habitude désormais bien établie, tout cela se fait sans autorisation d’Obama, le Pentagone ayant décidément considéré qu’il n’y avait aucune nécessité de suivre les ordres de son Commandant-en-Chef, quand il y en a (« ... [A]pparemment les militaires [US] ne prêtent guère d’attention [aux ordres] de leur Commandant-en-Chef » [Lavrov, le 26 septembre]). En fait, proclame TheDuran.com le 8 octobre, Obama est “officiellement” un président dit-lame-duck après les dernières péripéties de fin septembre-début octobre, y compris le recul diplomatique US suivant les ultimatums russes :
« Technically, Barack Obama will remain President of the United States until January of next year. In reality he has retired in all but name. He has lost control of his own Pentagon, lost control of his own policy advisors, and lost control of Hillary Clinton who is in danger of running out of countries, individuals and concepts to declare war upon. »
L’auteur et expert russe Eduard Popov écrit pour FortRuss le 8 octobre que la marche est entamée vers la Troisième Guerre mondiale en Syrie, si celle-ci n’est déjà commencée, et cela parce que les USA sont en pleine déroute mais qu’ils ne peuvent se permettre d’accepter une défaite en Syrie parce que ce serait tout leur système de Pax Americana qui s’écroulerait comme un château de cartes (House of Cards). « Selon toutes probabilités, le monde est en train de sombrer dans une nouvelle crise des missiles de Cuba de 1962, mais avec une différence notable. En 1962, les USA avaient à leur tête un dirigeant fort, responsable, à l’esprit indépendant, John F. Kennedy ; aujourd’hui, le pays est dirigé par Obama, qui n’a même plus assez d’autorité pour contrôler ses propres militaires... [...] [Pourtant,] il est improbable que nous allions vers une Troisième Guerre mondiale totale, avec l’utilisation d’armes nucléaires stratégiques, mais plus probablement vers un certains nombres de conflits locaux et périphériques. La Syrie sera le principal de ces conflits... »
Pavel Chipiline, qui écrit en russe et est traduit et repris dans FortRuss.com le 7 octobre, observe que l’un des actes les plus fermes de Poutine, qui a stupéfié l’administration et la bureaucratie US, c’est son “ultimatum” sur la coopération sur le retraitement de plutonium, suspendu du côté russe et qui ne reprendrait qu’à certaines conditions exorbitantes émises par Poutine. Chipiline énonce ces conditions et ajoute, ironiquement « Je suis surpris que Poutine n’ait pas demandé en plus la restitution de l’Alaska à la Russie ». Chipiline est d’avis que cette ultimatum sur l’uranium, avec mesure unilatérale brutale du côté russe, constitue un durcissement considérable directement liée à la situation en Syrie. Du reste, les circonstances évoquées par Poutine pour justifier cette mesure portent sur des « changements fondamentaux de circonstances, la menace contre la stabilité stratégique du fait d’actions hostiles ». Chipiline passe donc sur un tout autre terrain, celui qui nous intéresse à l’évidence...
« On September 20, three days after the American attack on Syrian positions, our [cruise missiles“Kalibr” destroyed the command post of the Western coalition in Deir ez-Zor, killing 30 officers — employees of the American, Israeli, British, Turkish, Saudi and Qatari intelligence servicesThat is, we quite deliberately attacked NATO troops and their allies, causing very serious damage. And methodically. However, the Americans for some reason didn't say a word about their losses.
» And we are silent. Why?
» It seems to me,  there is only one logical explanation for our silence about the attack on the coalition headquarters, and a sharp deterioration of relations with Americans: our Russian soldiers were killed in the treacherous bombardment by the coalition of Syrian positions on September 17. In this case, everything falls into place — the death of 30 Western spies was an act of retaliation, which the US was forced to swallow, leaving no response.
» But at the same time Putin came to the conclusion that the there is nothing more to talk about with our American ‘partners’. And soon raised the stakes to an unacceptable for Washington level, presenting the ultimatum. These are the fundamental changes of circumstances, the emergence of “threats to strategic stability as a result of hostile actions,” as states the decree on suspension of weapons-grade plutonium agreement.
» An American tragedy is not that we have suspended the cooperation in sectors sensitive for the U.S.  Apparently, the first direct clash between Russia and NATO had taken place in Syria. And NATO, in front of everyone had lost this local, but so important for the prestige of the United States battle.
» The halo of power No. 1 around the White house went out. »
Chipiline aurait pu ajouter à cette intervention russe du 20 septembre où fut détruit un poste de commandement et tué une trentaine d’officiers de renseignement du bloc-BAO travaillant tous directement pour les terroristes islamistes, une autre intervention probable une grosse semaine auparavant, contre une incursion israélienne en Syrie, au cours de laquelle deux avions israéliens auraient été abattus. L’intervention anti-aérienne fut proclamée par les Syriens mais il est probable là aussi qu’elle fut le fait des Russes. A part un démenti israélien concernant les allégations syriennes et elles seules, – et y a-t-il plus de raison d’y souscrire que l’affirmation syrienne, ou plutôt moins ? –, il n’y a eu aucun prolongement officiel, comme dans les cas précédemment mentionnés et, de ce point de vue, nous serions tentés d’inscrire  l’affaire dans une logique (“stealthy”) similaire.
Il ressort de ces diverses appréciations autant que des observations qu’on a pu faire sur le terrain que l’engagement en Syrie entre la Russie et les USA semble complètement réel, effectif et déjà en cours, – au-delà des autres participants qui sont eux-mêmes très actifs mais sont à un autre niveau puisqu’ils ne représentent pas des puissances stratégiques nucléaires (**). Tout tourne alors sur la forme de cet engagement, illustrée notamment par l’affirmation de Whitney concernant le secrétaire US à la défense, selon laquelle ce même Carter semble estimer que les USA peuvent aller très haut dans l’engagement direct « sans réel danger » de risquer un affrontement nucléaire ; ce qui se reflète dans sa volonté de conduire « une guerre de basse intensité, une guerre-stealthy essentiellement contre les capacités syriennes de façon à forcer Poutine à augmenter l’engagement militaire de la Russie ».
Admettant que Whitney interprète justement la stratégie de Carter, ce qui paraît assez probable, on est alors stupéfait devant l’extraordinaire erreur, l’impuissance intellectuelle de ce secrétaire à la défense, et de la bureaucratie du Pentagone derrière lui, à saisir l’essentialité du caractère de ce conflit : son rythme, sa rapidité, l’extrême vitesse à laquelle on change de posture et d’orientation, — essentiellement à cause de la puissance de la communication d’une part, de la capacité des Russes à réagir et à agir très rapidement, avec une capacité d’adaptation à mesure. Dans ces conditions, envisager ce qui serait une véritable guerre d’attrition longue par définition pour forcer les Russes à un engagement graduel, ce qui est jouer sur le temps-long, est tout simplement absurde, une idée élaborée sur une autre planète, dans un autre univers dont on se demande s’il est même parallèle. Quoi qu’il en soit, toute la stratégie de Carter est fondée sur la “guerre de basse intensité”, la “guerre-stealthy” puisqu’il n’est pas question de passer au nucléaire ; par conséquent, il s’agit de la Troisième Guerre mondiale interprétée sur le mode “guerre de basse intensité” ou “Troisième Guerre mondiale-stealthy”. Même s’il se trompe complètement sur la durabilité de l’affrontement, même s’il est destiné à quitter rapidement le Pentagone (y compris si Clinton est élue, qui a d’autres candidats à placer, sans doute Michelle Flournoy), Carter laissera sans aucun doute comme legs à tous les participants à la crise, l’ouverture des hostilités stealthy, non officiellement reconnues au plus niveau de leur opérationnalité, mais officiellement actées par certains des acteurs les plus importants (essentiellement les Russes, devenus beaucoup plus durs et ayant émis des ultimatums qui constituent en fait une reconnaissance de cet “état de guerre-stealthy”, – mais en aucun cas une acceptation desa finalité pour leur compte, comme on le verra).

Vite... “Une révolution immédiatement”

Qu’est-ce que c’est que cette guerre-stealthy selon-Carter puisque, si l’on veut bien sacrifier à l’évidence et au bon sens, il est indiscutable qu’il y avait déjà des interventions US, contre Assad (Who Else ?) bien entendu, éventuellement et/ou indirectement contre les Russes ? (De même et a contrario, il est logique d’accepter la même hypothèse à l’inverse, qu’il y ait eu des interventions syriennes ou russes contre des unités US, toujours dans des circonstances de dissimulation et de mutisme des deux parties.) Il s’agit de l’officialisation, de la reconnaissance de “ce qu’on ne voit pas” mais qui se passe effectivement : on sait désormais qu’il se passe quelque chose mais officiellement on ne sait pas, “on ne voit pas” ce qui se passe ; auparavant, il y avait “ce qu’on ne voit pas” sans qu’on n’en sache quoi que ce soit nous-mêmes, et la position officielle était de dire qu’on ne savait pas qu’il se passait quelque chose qu'on ne connaissait pas. Si l’on veut, nous passons, nous public et commentateurs, du monde des “unknown unknowns” (“inconnues inconnues”) au monde des “known unknowns” (“inconnues connues“), selon les formules et références fameuses du non moins fameux philosophe Donald Rumsfeld. (« Il y a les inconnues inconnues, – les choses dont nous ignorons que nous les ignorons ; il y a les inconnues connues, – les choses dont nous savons que nous les ignorons ») 
Chargés de toutes les informations collectées ci-dessus, et notamment  de la nouvelle confirmée de plusieurs sources sur l’attaque secrète du 20 septembre contre le poste de commandement de la coalition-BAO et de ses amis terroristes et pourvoyeurs de terroristes, on peut effectivement observer que d’une certaine façon Troisième Guerre mondiale est commencée, mais qu’elle est commencée sur ce mode stealthy qui implique, là aussi comme pendant la Guerre froide, une certaine complicité des adversaires dans ce sens qu’ils ne communiquent ni ne rendent public en rien les pertes qu’ils causent et qu’ils subissent, les attaquent qu’ils lancent et qu’ils essuient. “Comme pendant la Guerre froide”, — cette remarque correspondant à ceci, comme le faisait observer PhG dans son Journal dde.crisis du 9 octobre : « En fait, les deux puissances antagonistes, et même ennemies mortelles à l’occasion, se trouvaient absolument complices dans de telles circonstances (éventuellement pour dissimuler, d’un commun accord, une rencontre ou un accrochage lorsque cela se produisait tout de même)... »
Mais il y a une différence de taille. L’occurrence ainsi soulevée concernant la Guerre froide concerne une exception, un accident, un événement imprévu et devenu incontrôlable, etc. (Le cas des MiG-15 nord-coréens pilotés par des Russes contre les Sabre F-86 de l’USAF pendant la guerre de Corée [1950-1953] est l’exemple extrême et certainement l’exception, mais tout de même contenu dans des limites de prudence puisque les MiG-15 opéraient au-dessus du territoire nord-coréen et les pilotes russes abattus et sautant en parachute restaient incognitos en territoire ami.) En Syrie et selon le “plan-C” de Carter, il s’agit bel et bien d’une forme générale de guerre dont les deux adversaires accepteraient (hypothèse) les règles, d’une technique généralisée dont le but recherché est clairement que les forces US en tant que telles affrontent les forces russes en tant que telles, même si cela doit être dissimulé et parce que cela est dissimulé.
Nous laisserons ici les objectifs tactiques sempiternels et d’une stupidité durable depuis des décennies (forcer les Russes à se mettre “dans un bourbier”) et nous observerons ceci : les experts et commentateurs bellicistes US qui sont derrière cette poussée, et certains généraux avec eux car il y a beaucoup de ce beau monde proche du Pentagone dont on connaît l’autonomie présente, veulent en découdre directement avec les Russes ; d’une part parce qu’ils sont persuadés de la supériorité US, – on leur laisse bien volontiers la responsabilité de cette affirmation même si l’on demande à voir, et avec insistance dans le doute ; d’autre part, parce qu’ils veulent montrer cette supériorité et faire sentir ses effets pour préparer la phase finale de toute cette aventure, qui ne peut être que la capitulation russe ou/et la destruction de la Russie : pour eux, “ce n’est qu’un début, nous continuerons le combat”... (Bien entendu, nous ne faisons là que rapporter les grandes lignes du phantasmes qui habitent nécessairement le jugement des gens précédemment cités.) Ainsi est-ce bien là l’articulation de l’argument essentiel du “ils veulent ‘en découdre’, tout de même en évitant la voie vers une guerre nucléaire”, et de toutes les façons pour mieux préparer l’investissement et la mise en à l’encan de la Russie (une sorte de “retour aux années 1990”, en définitivement institutionnalisé et globalisé).
Du côté russe, c’est un autre univers... Un changement fondamental a eu lieu ces derniers jours, avec la phase des ultimatums et le renforcement très “visible” en systèmes sol-air de défense aérienne sur lesquels nous avons donné de la documentation, y compris dans les extraits ci-dessus. Ce “changement fondamental” vient d’une conviction née chez Poutine et très largement partagée par sa direction, notamment son Conseil de Défense, depuis l’attaque-“erreur” du 17 septembre, selon laquelle il n’y a plus rien à faire avec les “partenaires”-US ; d’où, outre ce qui a été fait sur le terrain en Syrie, la rupture au niveau de la coopération sur l’uranium, rupture sous forme d’ultimatum (la phrase de Chipiline : « ...Poutine en vint à la conclusion qu’il n’y avait plus rien à dire avec nos “partenaires” américains... »). On doit ajouter, en faisant ce qui est à peine une hypothèse et qui s’impose comme une vérité-de-situation fondamentale, que la population russe elle-même soumise à une pression terrible depuis 2014 et l’Ukraine pense de cette façon et qu’elle est mobilisée et prête aux plus terribles des sacrifices si les choses en venaient à leur extrémité. Ce commentaire d’Israël Shamir, dans son texte du 9 octobre (sur UNZ.com), dit cela dans des termes tragiques qui nous renforcent dans l’appréciation que les Russes sont bien plus préparés à un conflit, et au conflit suprême s’il le faut, que n’importe quel autre peuple... En cela, ils sont dans un autre univers, celui de la métahistoire et de la tragédie vraie (pas la tragédie-bouffe), c’est-à-dire la vérité-de-situation fondamentale.
« Russians aren’t worried about the forthcoming war. There is neither panic nor fear, just cool stoic acceptance of whatever comes. This week, some forty million people participated in a huge civil defence exercise. Shelters of Moscow and other cities have been aired and repaired. They do not want war, but if it comes, it will be met. The Russians have fought many wars against the West; they never started a war, but invariably fought to the finish.
» An American attack on Syrian or Russian bases in Syria could be a starting point for the avalanche. I am truly amazed by the Russian spirits: they are considerably higher than they were in the days of Korean war, of Vietnam war or the Cuban crisis. Then, they were scared of war and ready for sacrifices to avoid MAD. Not anymore.
» This readiness for the Armageddon is the most unexpected and scary feature I observed. It is even more unexpected, as the daily life of an average Russian has greatly improved. Russia probably never lived as good as she does now. They have much to lose; it is only the feeling of being cornered and unjustly so, that makes them to react in such a way. »  
D’une façon générale, cet état d’esprit des Russes qui embrasse le plus largement et le plus hautement possible la situation générale, implique que ce pays n’est plus tout à fait, c'est-à-dire plus du tout  prêt à appliquer des règles que lui proposeraient ses “partenaires” US, et particulièrement celles d’une guerre-stealthy, y compris une Troisième Guerre mondiale-stealthy pour ne pas risquer l’engrenage vers le nucléaire. Les Russes savent très bien que cette “proposition” implicite s’avère n’être qu’une ruse vers le pire pour eux-mêmes (“ce n’est qu’un début, nous continuerons le combat”). Ils semblent bien ne plus être prêts à faire quelque cadeau que ce soit aux USA et, s’il le faut, si la situation tactique le demandait, il se pourrait bien qu’ils écartent les règles non-écrites de la guerre-stealthy et interviennent d’une façon directe en désignant et en dénonçant leur adversaire selon les nécessités, comme des agents maléfiques qui recèlent finalement la volonté d’une destruction totale. Cela revient à dire qu’ils seraient prêts à ne faire cette guerre-stealthyque s’ils la gagnent et s’ils peuvent parachever cette victoire en contribuant à la victoire décisive des Syriens à Assad ; sinon, plus de furtivité et la guerre à visage découvert...
Cela signifie qu’il n’y a plus que trois options : ou bien on en reste à la guerre-stealthy (la Troisième Guerre mondiale stealthy) parce que les USA y sont battus et s’en vont (quittent la Syrie) ; ou bien l’engagement dégénère en guerre ouverte, et plus rien n’empêche l’escalade, et tout conduit à l’escalade... Mais cela ne fait que deux options ? La troisième, bien entendu, la seule et véritable chance de stopper cette course vers l’abîme d’une guerre totale, c’est le développement de la situation intérieure US et essentiellement, fondamentalement cela. PhG a déjà développé cet aspect des choses en présentant l’analogie de 1980-1981 avec l’éclosion soudaine aux USA d’un mouvement populaire énorme qu’on devrait qualifier d’hostilité vitale à la guerre nucléaire plutôt que de pacifiste, car il s’agit bien de survie. Il y a d’autres hypothèses, toutes fondées bien entendu sur la situation intérieure explosive des USA, et explosive pour les mois, sinon les semaines à venir.
(Quelque chose dans le genre de ce que déclare l’actrice Susan Sarandon, pourtant ultra-progressiste : elle préfère Trump, non seulement par détestation de Clinton, mais aussi et surtout parce qu’avec Trump, « nous aurons la révolution immédiatement ; s’il arrive au pouvoir, les choses exploseront vraiment ». [« Meanwhile, I’m with Susan Sarandon, who says bring it on, bring on Trump, because she despises Hillary, and because: “Donald Trump will bring the revolution immediately; if he gets in then things will really explode.” »]. La logique ici, qui se renforce chaque jour avec le renforcement de l’antagonisme Trump-establishment, est que l’élection de Trump produirait une véritable insurrection de l’establishment, qui conduirait à une rupture “révolutionnaire” au sein du pouvoir, rupture dans laquelle la force populaire serait elle-même partie prenante et nécessairement conduite à s’exprimer.) 
L’idée de guerre-stealthy, et par conséquent de Troisième Guerre mondiale stealthy, est une idée de cette époque postmoderne complètement fondée sur l’imposture, le simulacre, la mascarade de la vérité-de-monde. En un sens qui est celui de la pression de cette vérité-du-monde, cette Troisième Guerre mondiale-stealthy faite prétendument pour durer incognito et soi-disant éviter le pire, constitue en vérité le contraire : une incitation à aller très vite pour faire évoluer la situation des crises en cours (en Syrie), évidemment en cherchant par tous les moyens à écarter le nucléaire ; “aller très vite” signifiant mettre à jour d’une façon ou l’autre la déroute de la puissance US (sans nécessité de parler de “victoire russe” car la logique de cette situation n’a qu’un seul but, qui est de mettre à jour le caractère absolument insupportable, déstructurant, destructeur du monde, de la surpuissance de l’américanisme, c’est-à-dire du Système, dans son déchaînement) ; “mettre à jour la déroute de la surpuissance de l’américanisme, c’est-à-dire du Système...”, en fait pour le seul but d’apporter une contribution importante à l’évolution de la situation interne aux USA... C’est dans cette direction-là que la situation crisique et paroxystique en Syrie rencontre la situation crisique et paroxystique aux USA, parce que c’est cette situation crisique et paroxystique aux USA qui fait l’essentiel aujourd’hui. Le but en effet, qui est aussi notre seule chance à tous y compris les Américains eux-mêmes, est effectivement qu’il y ait “la révolution immédiatement”, que “les choses explosent vraiment”, – aux USA certes, c’est-à-dire au cœur du Système.

Notes

(*) Le mot anglais “stealth”, pour “furtif”, est d’emploi courant dans le jargon stratégique et militaire depuis l’apparition du mythe de l’“avion invisible” (fin des années 1970) et la mise au jour de la “technologie de la furtivité” (“Stealth Technology”], ou encore en langage bureaucratiquement plus strict : “Low observable Technology” (LOT). Il s’agit donc plus d’extrême discrétion que d’invisibilité.
(**) Nous faisons une différence entre les “puissances nucléaires” en général (les pays possédant l’arme nucléaire, compris les USA et la Russie certes), et les puissances nucléaires stratégiques (offensives) dotées d’une puissance nucléaire maximale impliquant la capacité de lancer des offensives nucléaires stratégiques d’anéantissement. En l’occurrence, la Russie et les USA...

mercredi 12 octobre 2016

Le nationalisme agressif des États-Unis risque de nous mener à la 3e Guerre mondiale / The aggressive nationalism of the United States risks to lead us to the 3rd World war


Lecture : 1 min

Cette vidéo est à l’origine une création du site d’éducation populaire Humanity First pour alerter l’opinion publique sur les risques d’une Troisième Guerre mondiale qui serait provoquée par le nationalisme brutal des États-Unis, dont le bellicisme vis-à-vis de la Russie constitue l’un des principaux facteurs.
Les propos va-t-en-guerre et irresponsables qui sont tenus dans ce bref montage sont tenus par :
  • le général Mark Milley, chef d’état-major de l’US Army,
  • Josh Earnest, porte-parole de la Maison Blanche,
  • et Michael Morell, ancien directeur adjoint de la CIA.
Il s’agit de personnes exerçant, ou ayant exercé, de très hautes responsabilités.
La vidéo présentée ici résume donc le discours officiel du « parti de la guerre » qui domine la vie politique et médiatique aux États-Unis.
source : https://www.upr.fr/actualite/france/nationalisme-agressif-etats-unis-risque-de-mener-a-3e-guerre-mondiale

mardi 11 octobre 2016

Clinton, Daech, Seoud : les liaisons dangereuses / Clinton, Daech, Seoud: the dangerous connections


11 Octobre 2016 , Rédigé par Observatus geopoliticusPublié dans #Moyen-Orient#Etats-Unis
Clinton, Daech, Seoud : les liaisons dangereuses
C'est confirmé : l'Arabie saoudite et le Qatar ont bien fourni un soutien financier et logistique à l'Etat Islamique. Et la source n'est pas n'importe laquelle puisqu'il s'agit de l'hilarante Clinton en personne au travers de ses mails piratés !
Dans son courrier électronique du 17 août 2014, elle écrit noir sur blanc :
The governments of Qatar and Saudi Arabia are providing clandestine financial and logistic support to ISIL and other radical Sunni groups in the region.
Cela ne gêne apparemment pas la candidate démocrate dont la campagne électorale a été financée à hauteur de 20 millions de $ par ces mêmes Saoudiens. Pour Riyad : Daech/Clinton, même combat !
Si les fidèles lecteurs du blog ne seront pas surpris par cette révélation, l'on peut déjà sentir l'immense malaise de la mafia médiatique. Voilà en effet une information infiniment plus scandaleuse et importante que les petites phrases de Trump, mais qui touche le système impérial en son coeur. Imaginez un peu le Figaro de Dassault alors que l'avionneur rêve de vendre ses Rafales à l'Arabie wahhabite et au Qatar, l'imMonde "sorosisé", Flamby Ier qui a décoré le prince héritier de la Maison des Seoud de la Légion d'honneur... Imaginez enfin cette pauvre Clinton, déjà retournée comme une crêpe lors du second débat et qui voit une nouvelle casserole s'accrocher à ses basques, elle qui ne marche déjà pas toujours très droit...
Gageons que le landerneau impérial paniqué fera tout pour que l'on n'en entende pas parler.
source : http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2016/10/clinton-daech-seoud-les-liaisons-dangereuses