mercredi 18 mars 2015

Nuland, la Secrétaire d'Etat néocon américaine qui baise l'Europe est de retour... en Europe / Nuland, Secretary of State neocon American who fucks Europe is back...in Europe

http://www.dedefensa.org/article-brusquement_la_gr_ce_inqui_te_les_usa_nuland_sur_le_pont_18_03_2015.html

Brusquement la Grèce inquiète les USA : Nuland sur le pont

Au départ de la phase actuelle de la crise grecque, avec l’élection fin janvier de Tsipras, la Grèce représentait pour les USA un problème économique. Leurs conceptions cloisonnées les empêchait de voir autre chose que la seule querelle théorique et dogmatique de la Grèce avec l’UE (austérité ou pas), et ils prirent le parti de la Grèce (anti-austérité) au nom de leur propres pratiques économiques et dans le but annexe secret mais nullement indifférent d’affaiblir l’UE et la zone euro. Les USA viennent de découvrir que la crise grecque a aussi et d’abord un aspect politique, qui s’avère urgent et d’une importance plus grade que le seul problème financier et économique.
...Urgence sans aucun doute puisque les événements se sont déroulés à une vitesse remarquable : avant-hier, il était annoncé que Tsipras avait accepté une invitation de Merkel de venir à Berlin  ; puis, aussitôt l’annonce d’une visite à Moscou le 8 avril, suivant cette visite berlinoise. Aussitôt, c’est-à-dire quelques heures plus tard, la porte-parole de l’Assistante au secrétaire d’État pour les affaires européennes Victoria Nuland annonçait (voir le 16 mars 2015) que le déplacement à Bruxelles de Nuland (conversations avec les dirigeants de l’UE et de l’OTAN à l’occasion de son déplacement à Bruxelles pour le grand Forum Transatlantique du German Marshall Fund [GMF]) serait précédé d’une rapide tournée dans trois pays de l’UE, en Grèce d’abord, puis en Slovaquie et en Italie. (Nuland était alors d’ores et déjà partie pour la Grèce.) On ne se privera pas de noter que ces trois pays sont parmi ceux qui n’apprécient pas les sanctions antirusses, qui voudraient voir rétablies des relations normales avec la Russie et ainsi de suite.
Mais la Grèce d’abord. Les conditions très puissantes de la crise grecque, une situation apparente et même plus profonde de blocage entre la Grèce et l’UE, une certaine évolution du sentiment des élites-Système européennes pour la possibilité de la sortie de la Grèce de l’euro, dite GREXIT (le concept giscardien nouveau dit “friendly GREXIT”, dont Jacques Sapir parle, en suivant ce thème, dans une chronique de son blog du 16 mars 2015), tout cela rend soudain plus crédible sinon possible une sortie de la Grèce de l’euro accompagnant une absence d’accord avec l’UE, – et soudain, l’aspect politique de la crise grecque, jusqu’alors tenu au second plan, prend ou reprend la vedette. En effet, avec le voyage des Grecs à Moscou du 8 avril, l’hypothèse GREXITfriendly ou pas, prend soudain cette dimension politique qu’on doit qualifier de potentiellement rupturielle. Du coup, c’est la Grèce-membre de l’OTAN plus que la Grèce-membre de l’UE que Nuland a visitée hier en coup de vent (même chose d’ailleurs, mais en moins pressant, pour la Slovaquie et l’Italie).
Le Guardian du 18 mars 2015, qui rend compte de la rencontre Nuland-Tsipras, est d’ailleurs bien pessimiste. («Greece’s battle to stay solvent and in the eurozone is becoming a game of dangerous brinkmanship. Beyond the war of words between Athens and Berlin, the dark arts of diplomacy are also being played.») L’idée de base est bien qu’il existe aujourd’hui une impasse entre l’UE et la Grèce sur la question de la dette, et que cette situation donne la main à Moscou.
«On Tuesday, only hours after Greece’s leftist-led government announced that the prime minister, Alexis Tsipras, had accepted an offer by the German chancellor, Angela Merkel, to visit Berlin, it was revealed that he would also be making a similar tour to Moscow. “The prime minister will visit the Kremlin on 8 April after being invited by the Russian president, Vladimir Putin,” his office said. Before the sun had set over the Acropolis, the top US diplomat Victoria Nuland had waded in, holding talks with Greece’s foreign minister, Nikos Kotzias, in Athens.
»Nuland, who is assistant secretary of state for European and Eurasian affairs, flew into the capital amid mounting US concerns that the great euro debt crisis has begun to pose a geopolitical threat. Allowed to veer out of control, Greece could end up in the ambit of Russia, financially bereft and without the EU links that keep it bounded to the west. Nato’s south-eastern flank would be immeasurably weakened at a time of mounting global security worries over Islamic fundamentalists in the Middle East.
»Under Tsipras’s steely leadership, the country has worked hard to stoke such fears. Exploiting his far-left Syriza party’s traditionally good ties with Moscow, the young leader has allowed his ministers to suggest openly that they would turn to Moscow as a strategic protector in the event of Athens being ejected from the 19-nation currency bloc. Russia, in turn, has said it would happily consider a Greek request for aid – despite its own financial woes – should its fellow Orthodox state ask. “We want a deal with creditors,” asserted Panos Kammenos, the rightwing nationalist who leads the ruling coalition’s small Independent Greeks party. “But if there is no deal, and if we see that Germany remains rigid and wants to blow Europe apart, then we will have to go to plan B.” [...]
»“Russia has a great interest in seeing the Greek crisis turn for the worse,” said Dimitris Keridis, a professor of political science at Athens’ Panteion University. “It is very supportive of the drachma lobby precisely because a Greek exit from the euro [Grexit] would hurt the eurozone, weaken Europe and de-link Greece from the west. Russia does not want a united, strong Europe because it sees it as a potential geopolitical threat.”
»US diplomats fear that the hard line creditors are taking could backfire. Too much attention, they say, is being paid to the pressure of bailout concerns at the expense of geopolitical power and the influence that Greece exerts at the crossroads of east and west. Regionally, few places are as important as the southern island of Crete, home to facilities that provide command control and logistics support to US and Nato operating forces. If Athens were to turn its back on the west, Turkey could be next. “Greece is much more important than people think,” the former US ambassador to Greece, Daniel Speckhard, told a recent edition of Fortune magazine. “The conventional wisdom is now that we can allow a Grexit and just cauterise the wound, but it’s not that simple.”»
• Parallèlement, on disposait d’une autre indication du climat politique tendu au sein de l’UE, concernant les relations avec la Russie. Bloomberg.News du 18 mars 2015, obligeamment relayé en français par Sputnik.News ce même 18 mars 2015, affirme qu’un front de pays de l’UE qui s’est regroupé en une opposition à la prolongation des sanctions antirusses, et à plus forte raison à de nouvelles sanctions, va tenter de faire entendre sa voix au sommet des pays-membres de l’UE qui commence demain à Bruxelles. Les pays sont au nombre de sept : Autriche, Chypre, Espagne, Grèce, Hongrie, Italie et Slovaquie.
«“Un groupe de pays hostiles aux sanctions tentera de se faire entendre dans le cadre du prochain sommet de l'UE qui débute jeudi à Bruxelles”, indique l'agence. “Il est probable que ces pays n'accepteront pas une prolongation des sanctions déjà introduites et reporteront leur décision jusqu'à ce qu'elles ne soient plus en vigueur”, a expliqué Ian Bond, directeur du Centre for European Reform, think tank basé à Londres.»
Il n’est pas assuré que ce “front” parviendra à imposer sa position au sommet, tant on sait que ces réunions se passent sous le feu de pressions extrêmement fortes pour parvenir à un consensus ; que ce consensus, en cette matière des relations avec la Russie, reste marqué par la tendance maximaliste antirusse de l’UE ; que Merkel, poursuivant sa politique en zigzag particulièrement illustrative de la faiblesse de sa pseudo-politique extérieure (un coup proaméricaniste, un coup timidement antiaméricaniste), s’est prononcée pour la poursuite des sanctions ... On verra, mais on constate d’ores et déjà que la Russie reste toujours le sujet le plus grave, le plus sensible, le plus diviseur pour le bloc BAO.
C’est donc dans ce climat que Nuland a entamé sa tournée-express pour tenter de terroriser quelques récalcitrants, particulièrement les Grecs. La démarche est typiquement américaniste : une découverte brutale d’une dimension, la dimension politique de la crise grecque, qui était évidente dès son début en janvier, avec les bonnes relations de la Grèce avec la Russie. Mais le cloisonnement de fer de la bureaucratie washingtonienne avait d’abord fait considérer cette question (la crise grecque) du seul point de vue de la politique économique, et avait placé les USA plutôt du côté de la Grèce contre l’UE. Soudain, basculement complet, quand Washington, toujours rapide sur la balle, découvre la dimension politique de la situation.
D’une façon caractéristique, vu l’urgence de la situation, c’est Nuland qui intervient, alors que cette même urgence aurait fait penser qu’une visite du secrétaire d’État lui-même aurait du s’imposer. Décidément, la crise ukrainienne et russe, pourtant proclamée hystériquement comme particulièrement grave à Washington, reste l’exclusivité du boutefeu du ministère qu’est Virginia Nuland, ce qui en dit long sur la situation de désorganisation à Washington, avec comme effet de favoriser les plus extrémistes, même quand il s’agit de seconds couteaux. Laisser la quasi-gestion permanente de la crise russo-ukrainienne, et sans doute aussi la définition de l’orientation de la politique américaniste en la matière, à une assistante du secrétaire d’État, alors même qu’on sait que le président Obama souhaiterait au fond de son cœur qu’on n’allât pas trop loin, mesure bien la profondeur de cette désorganisation et l’efficacité de l’activisme des centres extrémistes dans l’administration, particulièrement au département d’État. Ce n’est pas un surprise mais c’est toujours un sujet d’étonnement de constater combien l’appareil washingtonien bureaucratique et de sécurité nationale est incapable de la moindre adaptation, et tout aussi incapable de tirer des leçons de ce qui s’est déjà passé. L’argument selon lequel l’administration Obama laisse faire Nuland parce qu'elle développe une politique extrémiste favorisant tactiquement la position US qui entend rester très dure, cet argument est de moins en moins valable. A côté de la politique de confrontation dans la crise elle-même, Washington est placé devant des risques de divisions graves au sein du bloc BAO, particulièrement avec l’Europe, qui constituent pour les USA un problème autrement plus grave et immédiat demandant une autre autorité que celle dont dispose Nuland pour agir. Mais finalement, pour avancer l’hypothèse décisive, Nuland dispose d’un atout considérable en ceci que sa politique maximaliste de terrorisation correspond à la politique-Systèmecontre laquelle personne à Washington, y compris Obama, n’a le courage et la force de caractère de s’opposer d’une façon efficace.
Il faut bien insister sur ce fait que l’intervention de Nuland concerne moins les problèmes que la Grèce a et aura avec l’UE, que la position de Grèce dans et vis-à-vis de l’OTAN. (Ces remarques valent pour les autres pays “inspectés” par Nuland, en un peu moins pressantes.) C’est-à-dire que sa venue va faire passer la question de la Grèce de son niveau de ses rapports crisiques à l’UE, à celui de ses rapports crisiques avec l’UE avec en plus la question de sa position dans l’OTAN. Les signaux et indications existant à cet égard montrent que Nuland veut faire du problème de l’appartenance à l’OTAN le problème central de tous ces pays UE + OTAN qui veulent “renouer” avec la Russie. Il se pourrait que cette faction extrémiste dans le pouvoir américaniste veuille voir posée d’une façon officielle et maximaliste la question de l’appartenance de ces pays à l’OTAN, si ces pays poursuivent leur politique de “rapprochement” avec la Russie, – sorte de quitte ou double extrêmement dangereux et risqué : c’est l’appartenance à l’OTAN ou de meilleures relations avec la Russie, mais pas les deux ensemble. Cette orientation, – qui rejoint en un sens celle du Pentagone, mais traitée d’une façon beaucoup plus rupturielle, – est encore plus risquée et dangereuse pour la cohésion du bloc BAO, dans la mesure où elle s’apparente à un ultimatum qui porte évidemment sur la cohésion, voire la structure même de l’Alliance atlantique. Mais ce genre de risques n’a jamais fait peur à une Nuland...
Nous voici donc au cœur des interférences de la Grande Crise de l’axe transatlantique-Russie. On y trouve rassemblées la crise de l’UE face aux sanctions russes, la crise grecque avec sa dimension financière et économique, avec la possibilité duGREXIT (friendly ou pas) qui secouera l’Europe et l’euro en même temps qu’elle agira sur les relations avec la Russie, la crise de la cohésion interne sinon de l'unité de l'OTAN, enfin la grande crise ukrainienne et des relatons avec la Russie. C’est une relance de printemps pour une tension considérable au cœur du Système et chez les antiSystème de situation ou de vocation, par conséquent la poursuite du développement de la “crise haute” par définition qui affecte le Système.

Mis en ligne le 18 mars 2015 à 10H47