samedi 30 août 2014

Russie... Face aux sanctions, la dangereuse faiblesse de nos élites / Russia... In front of penalties, the dangerous weakness of our elites

Source : http://www.courrierinternational.com/article/2014/08/01/face-aux-sanctions-la-dangereuse-faiblesse-de-nos-elites?page=all
VU DE RUSSIE

Si les Etats-Unis ont poussé pour sanctionner la Russie, c'est pour assurer leur hégémonie en renversant Vladimir Poutine. Leur meilleur allié étant une élite russe "faible, corrompue, consumériste et excessivement bigarrée idéologiquement", alerte ce chroniqueur du quotidien conservateur Vzgliad.
Le président russe Vladimir Poutine dans sa résidence de Novo-Ogaryovo dans les environs de Moscou, le 30 juillet 2014 (AFP 
PHOTO / RIA-NOVOSTI / POOL/ ALEXEI NIKOLSKY)Le président russe Vladimir Poutine dans sa résidence de Novo-Ogaryovo dans les environs de Moscou, le 30 juillet 2014 (AFP PHOTO / RIA-NOVOSTI / POOL/ ALEXEI NIKOLSKY)
Une nouvelle étape dans les sanctions économiques contre la Russie a été officiellement franchie [fin juillet]. Tandis que la fracture entre la Russie et l’Occident après l’épisode de la Crimée était une évidence, il restait pourtant quelques incertitudes : la guerre économique et politique qui commençait allait-elle rester cantonnée aux Etats-Unis ou bien allait-elle s’étendre à tout le bloc occidental ? Et à quelle vitesse nos relations allaient-elles se dégrader ?

Ces incertitudes donnaient à une partie des élites économiques et politiques russes l’espoir de pouvoir limiter, à défaut de l’arrêter, la prise d’indépendance de la Russie et d’éviter ainsi que ce processus devienne irréversible. Aujourd’hui, ils ont perdu leurs illusions.

Il est absolument avéré que le renversement du pouvoir en Russie est l’un des principaux objectifs des Etats-Unis, ce qui explique ces sanctions, cette isolation et ce blocus. Comment doit se matérialiser ce changement de pouvoir ? Pour les Américains, peu importe que Poutine parte après un complot au sommet de l’Etat ou après un soulèvement populaire fomenté par une partie des élites libérales et provoqué par la chute du niveau de vie. Il doit partir, car sa progression représente un danger pour l’hégémonie américaine.

Dans nos élites, des esclaves idéologiques de l'Occident


Cela n’a rien de nouveau pour Poutine, il construit depuis longtemps sa politique non pas en fonction du regard porté sur lui par les Etats-Unis mais en les ayant juste à l’esprit. De même, il connaît toutes les failles de la politique intérieure russe qui sont la cible des Anglo-Saxons. La première d’entre elles : une élite faible, corrompue, consumériste et excessivement bigarrée idéologiquement, une élite que les Américains cherchent à soulever en durcissant les sanctions et en augmentant la pression sur la Russie.

Car les Etats-Unis croient vraiment qu’il sera facile de faire pression sur nos "notables", puisque les fonds et les enfants de ces derniers se trouvent en Occident. Du reste, ils s’étaient déjà fourvoyés en 2011-2012 [préparatifs puis retour de Vladimir Poutine au pouvoir pour un troisième mandat présidentiel en 2012] en pariant là-dessus. La tentative d’arrêter Poutine n’a rien donné, et celui-ci a entamé une épuration des élites cosmopolites en rébellion contre lui, estimant avec raison qu’elles agissaient sur ordre de l’étranger. Dans la perspective d’une confrontation directe avec les Etats-Unis, son objectif premier fut alors de protéger le pays de la "cinquième colonne", de ceux qui vous frappent dans le dos.

Il a amorcé le travail, mais c’est loin d’être fini. La nationalisation des élites ne fait que commencer. Poutine a à peine eu le temps d’annoncer qu’un tournant patriotique était indispensable dans l’idéologie, la culture et l’éducation et qu’il était nécessaire de mettre en place une nouvelle politique des effectifs au service de l’Etat… Même si Poutine arrivait à se débarrasser à la fois de cette cinquième colonne ostentatoire et des corrompus, cela ne réglerait pas le problème principal : dans nos élites, il y a un pourcentage excessivement élevé d’esclaves idéologiques de l’Occident, de cosmopolites convaincus, pétrifiés à l’idée même d’une fracture avec l’Occident.

Une nouvelle classe militante : les poutinistes

En vérité, l’occidentalisme d’une grande partie des élites russes n’est que l’expression d’une profonde méconnaissance de leur propre pays, de leur peuple, de nos traditions, de notre culture et de notre histoire. Cet occidentalisme, c’est celui d’une élite colonisée dont le cerveau est bourré de théories occidentales "en vue" qui dictent la "bonne organisation du monde", et ce n’est pas la première fois dans l’histoire russe que cette élite voit dans son peuple un ramassis d’idiots et considère son pays juste comme un terrain de chasse.

Au début des années 2000, il est devenu clair que la Russie ne veut pas rejoindre le monde occidental. Et les élites ont décidé de "faire de l’argent en Russie pour le dépenser en Occident". Cependant, une nouvelle classe militante a émergé : les poutinistes, la colonne vertébrale du pouvoir, aux commandes du pays, pour la plupart profondément patriotes et désirant sincèrement servir la Patrie. Ils viennent généralement des services secrets. Mais même parmi eux, beaucoup n’ont pas su résister aux tentations du capitalisme consumériste globalisé, oubliant que nul ne peut servir deux maîtres.
Le reste du cercle rapproché de Poutine proposait avec insistance (bien qu’en privé), de chercher un nouveau modèle économique et social pour la Russie, conscient que le modèle actuel étatique-oligarchique et dépendant du monde de la finance occidental et, plus encore, dépendant de l’éthique occidentale de marché libre et de société de consommation, que ce modèle n’est pas viable, qu’il est simplement dévastateur pour la Russie.

Rassembler des patriotes 


On attend d’un Poutine plus que jamais soutenu par son peuple, non seulement la victoire sur le front extérieur mais aussi un tournant sur le front intérieur. Sur fond de la confrontation directe [avec l’Occident], l’épuration et l’idéologisation des élites sont le gage de la survie de la Russie. Non pas parce que ces élites risquent de nous frapper dans le dos mais parce qu’elles ne seront pas capables de relever les défis.

Seule une équipe partageant les mêmes idées peut formuler et mettre en marche un programme national de développement, d’avancer ses pions sur l’échiquier mondial sur tous les continents et sur tous les fronts. Il ne s’agit pas de se ranger derrière une pensée unique mais de rassembler des patriotes connaissant de la Russie, et également au fait des systèmes de pensée et les idéologies de combat des autres civilisations.

Plus important encore, ces patriotes doivent sans faux-semblants partager les valeurs traditionnelles russes et placer l’intérêt de la Patrie au-dessus de leurs intérêts personnels. Les grandes causes appellent les grands hommes. Sinon nous serons purement et simplement anéantis.

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