mercredi 5 janvier 2022

Kazakhstan : Gilets jaunes ou Soros boys ?

5 Janvier 2022

Source : https://www.chroniquesdugrandjeu.com/2022/01/kazakhstan-gilets-jaunes-ou-soros-boys.html?

 

2022 commence en fanfare. Les émeutes relativement inattendues qui touchent le coeur de l'Asie centrale ne pouvaient qu'attirer le regard des observateurs du Grand jeu eurasien. Et conduisent déjà à des interprétations diverses et variées. Simple révolte populaire ? Tentative de révolution colorée manigancée par le Washingtonistan ? A moins que...

L'étincelle qui a mis le feu aux poudres (et aux stations-service) est le doublement du prix du carburant il y a quelques jours, faisant passer le prix du litre de GPL, utilisé comme carburant par de nombreux automobilistes, de 50-60 tenge à 120 (1 euro ≈ 500 tenge). Les manifestations se sont multipliées, la fronde a gagné toutes les villes du pays et d'autres revendications, plus politiques, ont commencé à se faire jour.

A vrai dire, nous n'avons ici ni plus ni moins qu'un copié-collé de la révolte des Gilets jaunes. Et ceci est important à garder à l'esprit, car il ne faut pas sous-estimer l'aspect purement local des choses avant de se précipiter pour y voir un nouvel épisode du gigantesque affrontement international.

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le Kazakhstan est le théâtre de grandes manifestations à caractère socio-économique ; celles-ci éclatent même avec une admirable régularité tous les cinq ans. En 2011 à Zhanaozen, une grève générale des employés du secteur pétrolier a fait la bagatelle de 14 morts. En 2016, c'est une réforme agraire qui déclenche les protestations. Et aujourd'hui, la crise est à nouveau partie de Zhanaozen, petite ville décidément bien turbulente et qui n'est pas précisément la première idée qui viendrait à l'esprit pour imaginer une base de la CIA capable d'organiser une rébellion...

En réalité, le Kazakhstan n'a pas grand chose à envier aux pétromonarchies du Golfe pour ce qui est des inégalités et il n'est guère étonnant qu'avec son passé communiste, il voie de temps en temps fleurir des flambées de revendications sociales.

Mais évidemment, la position stratégique du pays, coeur de l'Eurasie, lien territorial incontournable entre l'ours et le dragon, attire irrémédiablement l'attention dès qu'il s'y passe quelque chose. Son rôle de pivot ferait baver d'envie n'importe quel stratège US dans la lignée de Mackinder, Spykman et Brzezinski, et il n'a pas fallu attendre longtemps pour que certains voient dans les événements actuels la main de tonton Sam.

Certes, en plus de tout ce que nous avons dit plus haut, d'ambitieux projets visent à faire du Kazakhstan une plaque-tournante énergétique et infra-structurelle entre la Chine et l'Europe sous la supervision russe, véritable cauchemar de qui vous savez. Certes, une partie des manifestants semble (les médias qui le rapportent ne sont pas neutres) vouloir remettre en question l'alliance avec le grand voisin du nord. Certes, ces événements interviennent à quelques jours de discussions cruciales entre Américains et Russes sur l'Ukraine.

M'enfin, l'empire n'est plus que l'ombre de ce qu'il était en Asie centrale, comme nous l'expliquions il y a deux ans :

Les années 90 ou l'âge d'or de l'empire. La Russie eltsinienne est alors au fond du gouffre, la Chine n'est pas encore ce qu'elle est devenue et la thalassocratie américaine peut rêver les yeux ouverts de s'implanter durablement au cœur même du continent-monde.

Elle soutient dès 1994 le séparatisme tchétchène menaçant de désagréger le Heartland russe tandis que fleurissent les projets de captation des richesses énergétiques de la Caspienne afin d'isoler Moscou. Le fameux BTC est conçu, véritable bébé de Brzezinski qui publie en 1997 son non moins fameux Grand échiquier : "Il est impératif qu'aucune puissance eurasienne concurrente capable de dominer l'Eurasie ne puisse émerger et ainsi contester l'Amérique. La mise au point d'un plan géostratégique relatif à l'Eurasie est donc le sujet de ce livre."

Tout est dit. Ce plan n'est rien moins que monumental :

En mars 1999, au moment même où les premières bombes s'abattaient sur la Serbie et quelques jours avant que la Pologne, la Hongrie et la République tchèque ne deviennent membres de l'OTAN, le Congrès américain approuva le Silk Road Strategy Act, ciblant ni plus ni moins huit ex-républiques de l'URSS - les trois du Caucase et les cinq -stan d'Asie centrale. Derrière la novlangue de rigueur, le but était de créer un axe énergétique Est-Ouest et d'arrimer fermement ces pays à la communauté euro-atlantique. Dans le collimateur, même si cela n'était pas dit explicitement : Moscou et Pékin.

Mars 1999 ou la folie des grandeurs américaine... Europe de l'est, Balkans, Caucase, Asie centrale : la Russie serait isolée sur tout son flanc sud et l'Eurasie divisée pour toujours.

Un quart de siècle plus tard, Lisa Curtis, directrice du département Asie centrale et méridionale au Conseil de Sécurité Nationale, ne peut que constater les dégâts : "L'influence chinoise augmente sans cesse dans la région tandis que le poids de la Russie y est toujours aussi fort, ce dans toutes les sphères, politique, économique et militaire." Puis vient la confidence, terrible pour les petits génies des années 90 : "Nous ne nous attendons pas à ce que la situation change et nous ne cherchons pas (plus ?) à rivaliser avec l'influence russe." Dr Zbig doit se retourner dans sa tombe...

Pour Washington, c'est game over en Asie centrale et dame Curtis ne fait qu'entériner un état de fait. Qu'elles sont loin, les prodigieuses velléités impériales de l'âge d'or. Et ce n'est pas le sympathique voyage de Pompée au Kazakhstan et en Ouzbékistan qui changera quoi que ce soit, comme le reconnaît, désabusé, un autre think tank.

Si les -stan utilisent souvent ces rares visites américaines pour faire monter un peu les enchères vis-à-vis de Moscou et Pékin dans leurs négociations bilatérales, cela ne trompe personne et surtout pas les Etats-Unis.

La dégringolade américaine au coeur de l'Eurasie est irréparable, encore accentuée par le catastrophique retrait afghan, et l'on a tout de même un peu de mal à imaginer que la mêlée actuelle ait été téléguidée depuis Washington. La présence de l'Open Society sorosienne, réelle mais somme toute relativement anecdotique par rapport à son poids dans d'autres pays, n'y change rien et la première réaction officielle US est d'ailleurs assez neutre, allant jusqu'à condamner la violence et les destructions. Pas vraiment le son de cloche qu'on entendait pendant le Maïdan...

Il y a quinze mois, votre serviteur doutait fortement de l'implication US dans les incidents kirghizes. Il renouvelle ici sa position et se permet même de poser une audacieuse question allant encore plus loin : et si tout ceci ne bénéficiait pas en réalité à Moscou ?

Une fois n'est pas coutume, donnons la parole à l'imMonde qui, s'il ne pouvait s'empêcher quelques exagérations inévitables au long de l'article, rapportait avec à propos la récente scoliose des dirigeants kazakhs :

Loin de nous l'idée d'affirmer que le Kremlin aurait organisé la petite sauterie actuelle mais force est de constater que les manifestations tombent à point nommé pour recadrer les choses. Son pays plongeant dans le chaos, le président Tokaïev est obligé de quémander l'aide de l'Organisation du Traité de Sécurité Collective d'obédience russe, et l'on ne parle soudain plus du tout du sultan dans les chaumières kazakhes...

Par le biais de Nikol Pachinyan (l'Arménie est présidente de l'OTSC cette année), qui retrouve au passage une posture internationale à laquelle il ne s'attendait peut-être pas de sitôt, la demande a été acceptée presque dans l'heure. Américains et Turcs n'ont pas eu le temps de placer un mot que déjà, des troupes russes et arméniennes sont en partance pour le Kazakhstan !

Si l'opération est théoriquement limitée dans le temps, certains russo-sceptiques craignent que la présence du contingent de la paix ne s'éternise et n'offre un boulevard à Moscou. Dans tous les cas, l'ours a posé sa patte et marqué résolument son territoire.

Idriss Aberkane - La semaine de l'Hyperdoctor : Revue des bonnes nouvelles de 2021

 

 
 
Rappelons, pour commencer cette édition de la lettre Hyperdoctor,  la fameuse phrase d'Ibn Khaldoun qui a été reprise par le romancier américain G. Michael Hopf : Les temps faciles créent des gens faibles et les gens faibles créent des temps difficiles par leurs conneries, les temps difficiles créent des gens forts parce qu'ils n'ont pas le choix et les gens forts créent des temps faciles parce qu'ils sont sages.

On peut penser qu’on se trouve au beau milieu de cette période et que les bonnes nouvelles de 2021 relèvent de cette dynamique, où nous sommes entrés dans une période de restriction des libertés dans le monde, dans une période où le courage est devenu de plus en plus rare, dans une période où ce sont les gens faibles qui prennent les décisions politiques, les gens corrompus, les gens qui aiment le profit facile et qui n'ont ni courage politique, moral ou philosophique.

 
De telles périodes offrent des opportunités considérables. Elles font émerger des talents. N'oublions pas que Charles de Gaulle est né dans une période comparable. Il est né dans une période où les gens faibles avaient porté Pétain au pouvoir. Les gens faibles disaient que le national-socialisme était la solution en Europe. Et c'est parce qu'il existait un si grand nombre de gens faibles en Angleterre et en France que des hommes comme Churchill et de Gaulle ont pu émerger.

Nous voyons émerger les futurs Churchill et les futurs de Gaulle et ce sont peut-être les meilleures nouvelles de 2021.

On peut aussi évoquer les grandes transitions sociales et démographiques. En termes d'usage, par exemple, on assiste de plus en plus à un retour à la terre. Les confinements ont rendu les villes beaucoup moins attractives et les restrictions des libertés publiques plus encore. De plus en plus de personnes prennent conscience du fait qu’elles peuvent gagner de l'argent en étant plus proche de la Terre, en étant plus proche de la campagne. Et cette prise de conscience va créer une inversion de l'exode rural à une échelle massive, d’une magnitude qu’on n'avait pas connue depuis la révolution industrielle.

Rappelez vous, Steinbeck décrivait les effets de la démographie de la crise de 1929 dans Les raisins de la colère. C'est ce à quoi on va assister.

Nous entrons dans une nouvelle ère, avec tout ce que ça implique et cette nouvelle ère va être extrêmement riche en opportunités.

Alors ces bonnes nouvelles de 2021 ne sont encore que des graines. Si on devait faire une revue des bonnes nouvelles de 2021, on ne pourrait parler que de graines. Ces graines ne sont pas encore saillantes, pas encore majestueuses. Mais les graines qui ont été semées en 2021 vont s'épanouir dans le 21e siècle et vont nous impressionner considérablement.

Et selon moi, les graines les plus importantes sont celles de ce redéploiement sociologique :  Le retour à la terre, une entraide plus grande entre personnes, évidemment d'inspiration résistante et l'émergence de grandes figures courageuses qui seront les Churchill et les de Gaulle de demain.


Idriss Aberkane

Le Monde Moderne - La revue de presse du mardi 4 janvier 2022


BORN TO PISS OFF... Du rififi à l'AN -- Watch live at https://www.twitch.tv/lemondemoderne

Unis ? Requiem pour des c... 😁❤ Stefan Cuvelier crame deux convocations à la vaccination, magnifique :-)


 

Alexis Poulin : «C'est insensé d'avoir un président qui aimerait "emmerder" une partie des Français»


 RT France

Lire l’article 📰 : https://francais.rt.com/france/94351-... Notre éditorialiste Alexis Poulin revient le 5 janvier sur «les propos insultants d'Emmanuel Macron». Dans Le Parisien, le président de la République a dit vouloir «emmerder» les non-vaccinés et le «faire, jusqu’au bout» plutôt que de rendre la vaccination purement et simplement obligatoire. #Macron #Vaccinés #AlexisPoulin Rejoignez-nous sur Telegram : 🔵 https://t.me/rtfrance_officiel Abonnez-vous à la chaîne YouTube de RT France : https://www.youtube.com/rtenfrancais RT en français : http://rtfrance.tv Facebook : https://www.facebook.com/RTFrance Twitter : https://twitter.com/rtenfrancais Instagram : https://www.instagram.com/rtfrance/
MOINS

Suspendue car non-vaccinée, une dentiste interdite de trouver un remplaçant


 Sud Radio

Pauline Chaniat, praticienne à Auxerre, est l'invitée d'André Bercoff. Un crétin a décidé de l'emmerder.

Elections présidentielles 2022 : émergence d'une union sacrée ? Il faut l'espérer. Plus d'une vingtaine de candidats se présentent dans un débat animé par Ingrid Courrèges.