lundi 27 janvier 2020

macron ou nous, c'est maintenant !


Proposition de François Boulo : blocage massif des raffineries accompagnée d'une caisse de grève nationale pour leurs salariés




Raoul Hedebouw est l’invité de Denis Robert pour un TPA franco-belge spécial « Retraites » : Camarades français, vous devez tenir bon !


L’idée d’inviter ce biologiste de 42 ans, porte-parole du PTB le parti des travailleurs de Belgique, est venue au lendemain de la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo devenue virale où on voit le député liégeois interroger, au parlement de Bruxelles, son « ministre des pensions » et lui demander de conseiller Emmanuel Macron pour qu’il sorte de l’impasse sociale dans laquelle il met notre pays. En Belgique, où, malgré une retraite prise autour de 67 ans, après plusieurs journées de grèves et de manifestations massives, la retraite à points a été rejetée par la population. Et le gouvernement a du suivre. En une heure d’échanges intenses, Raoul Hedebouw explique bien pourquoi toute l’Europe des salariés a les yeux fixés sur la France « Si vous échouez et si le projet de réforme passe en France, la contre-offensive libérale va déferler partout où ça résiste encore, à commencer par chez nous. C’est le souhait de la commission européenne.». Le député belge dont le parti pèse pour environ 20% du corps électoral belge soutient la lutte des grévistes français en allant lui-même manifester chaque week-end avec ses camarades du PTB à Lilles. Il se dit sidéré par les violences policières. Il évoque aussi dans ce TPA la corruption endémique de son pays, les faiblesses médiatiques et la joie de lutter quand les causes sont justes mais difficiles.





Manon Aubry - AQC #23 : la grève dans toutes ses formes, les inégalités & Davos, le vietnam et l'UE & la pantoufle


mercredi 22 janvier 2020

Liste d'actions de désobéissance civile

COMMENT DÉSOBÉIR ? QUELQUES LISTES
3 DÉCEMBRE 2019 / VICISS HACKSO / CONSTRUIRE
Face à face entre gendarmes et cinq femmes costumées en Marianne, samedi 15 décembre, sur les Champs Elysées lors de la manifestation des Gilets Jaunes. / © Valéry Hache / AFP
Actuellement je suis en train de finaliser le premier jet d’un très gros bouquin sur l’autodétermination qui m’a amené notamment à faire des recherches sur la résistance et sur la désobéissance civile, dans le champ historique et philosophique, en contexte de guerre, hors guerre, sous des formes « destructrices », « non violentes », altruistes ou non. Pour mieux comprendre le phénomène, j’ai étudié aussi le contraire,notamment les cas extrêmes tels que les obéissants aux génocides durant la Seconde Guerre (Eichmann, Stangl) et durant le génocide de 1994 au Rwanda (800 000 morts en 3 mois). Par exemple le dossier sur la personnalité altruiste, qui étudie les sauveteurs, ces désobéissances et résistants altruistes durant la Seconde Guerre mondiale, est issu de ces recherches.
Je suis assez frustrée de ne pas pouvoir vous partager cela maintenant, alors voici un résumé très synthétique des leçons que j’ai retenu de cette recherche. En cette fin d’année qui annonce des chamboulements dans le paysage politico-social, il me semblait pertinent d’en proposer une petite synthèse maintenant et vous présenter des livres formidables à ce sujet.

Comment désobéir ?

Liste philosophique


La philosophie désobéissante et des désobéissants, à commencer par La Boétie qu’on vient de citer, ne va pas nous donner un tuto dogmatique comme réponse, il s’agit plutôt d’un grand cri pour nous réveiller, nous sortir de l’apathie de l’obéissance. Voici la liste qui en ressort, principalement issue de La Boétie et Thoreau :
  • On peut désobéir lorsqu’on veut être libre, et être libre, c’est être responsable, et être responsable c’est donner du sens à sa et à la vie, concrètement, dans l’action, la prise en main des situations.
  • On peut désobéir quand on supprime notre adoration du ou des chefs.
  • On peut désobéir en cessant de surestimer le coût, les conséquences négatives de la désobéissance.
  • On peut désobéir en cessant de se détourner/divertir des questions importantes.
  • On peut désobéir en refusant de s’habituer, de s’accommoder à l’obéissance.
  • On peut désobéir en cessant d’avoir peur (du chaos, du jugement des autres, de l’ostracisation, des conséquences…).
  • On peut désobéir en cessant d’être zélé, de surobéir, de servir le/les tyrans, les autorités aliénantes.
  • On peut désobéir en arrêtant d’idolâtrer, supérioriser l’autorité, les dominants, les tyrans et les tyranneaux (expression de La Boétie pour désigner la cour rapprochée du tyran, qui surobéissent pour dominer d’autres, pour gagner des petits conforts et avantages).
  • On peut désobéir en refusant le confort de la soumission et de la déresponsabilisation.
  • On peut désobéir en refusant de se couper de la réalité, aussi moche et atroce soit-elle.
  • On peut désobéir en refusant d’agir de façon automatique.
  • On peut désobéir en étant guidé par sa propre conscience et non celle d’idéologues, de dogmatiques, d’autorités aliénantes…
  • On peut désobéir en ne laissant pas un autre penser à notre place.
  • On peut désobéir en se découvrant irremplaçable pour aider autrui à être plus libre et non lui être soumis ou vouloir le soumettre.
  • On peut désobéir en découvrant l’impossibilité de se dérober à la tâche (de désobéir, d’agir, d’œuvrer selon notre conscience).
  • On peut désobéir en découvrant l’impossibilité de continuer à obéir car cela reviendrait à un suicide psychique.
  • On peut désobéir en refusant la « neutralité » car la neutralité a pour effet de masquer sa responsabilité,d’œuvrer dans une complicité passive.
  • On peut désobéir par la reconnaissance des déterminismes, des causes extérieures multiples et non pas uniques.
  • On peut désobéir en reconnaissant que la liberté est illusoire, et que se libérer consiste non pas à atteindre un libre arbitre mythologique mais à se libérer des illusions de la liberté.
  • Désobéir ne consiste pas à opposer raison et émotion, en privilégiant l’un ou l’autre, mais bien à réconcilier l’un et l’autre, l’un offrant un cadre à l’autre, et réciproquement.

Comment désobéir ?

La liste psycho-sociale


Ici, ces leçons me proviennent principalement des études autour de l’expérience de Milgram, de l’autoritarisme et de la dominance sociale. C’est presque la même chose que ce qui est dit dans les écrits de La Boétie, excepté que cela a pu être testé et validé scientifiquement.
  • On peut désobéir lorsqu’on a préalablement accepté de ressentir pleinement les émotions extrêmement négatives que suscitent l’acte d’obéissance.
  • On peut désobéir plus facilement lorsqu’on a fait de petits actes d’opposition, même petits, à une ou à des autorités (distribution de tracts, manifestations, non acquiescement…).
  • On peut désobéir plus facilement si on a conscience et connaissance des dérives épouvantables de l’obéissance à des ordres ou à des idéologies destructrices (c’est à dire toute idéologie prônant la déshumanisation de certains individus ou groupes d’individus).
  • On peut désobéir plus facilement si on maintient son aversion à la souffrance, si on ne coupe pas son empathie (ce qui implique de pas dénier les différentes émotions que l’on peut ressentir).
  • On désobéit plus facilement lorsque les autorités sont incohérentes ou que des tiers soulignent leurs dérives ; à l’inverse on obéit davantage si l’autorité est proche de nous physiquement et que des tiers ne commentent pas leurs dérives.
  • On peut désobéir plus facilement si l’on voit littéralement la souffrance que cause notre obéissance sur autrui ; la distance (physique et/ou mentale) de la souffrance d’autrui participe au contraire à augmenter l’obéissance.
  • On peut désobéir plus facilement si on se regarde littéralement dans un miroir durant l’acte destructeur.
  • On peut désobéir plus facilement si on interagit beaucoup avec l’autorité et qu’on a donc pu constater qu’elle ne changerait pas d’avis, n’entendrait pas raison ; cela permet de voir aussi l’absence de justification valable/légitime/éthique à ces ordres, ces injonctions ou politiques.
  • On peut désobéir en étant complètement dans l’émotion, en pleurant, en « perdant la face », en ayant une apparence « fragile ». L’émotion dite négative n’est pas une faiblesse, mais une force qui permet de dire non. Les soldats désobéissants vomissaient parfois toutes leurs tripes devant les horreurs, partaient en hurlant, n’avaient plus du tout une apparence « forte » et c’est cet état émotionnel d’urgence qui leur a permis de désobéir, fuir, voire de se rebeller.

Comment désobéir ?

La liste d’action


Cette liste ci-dessous provient de sources historiques, psycho-sociale/historique, philosophique, d’essais sur la non-violence ( et par “non-violence”, il ne faut pas l’entendre ici par “non casse” comme on l’entend souvent aujourd’hui dans les médias), d’écrits divers et variés de désobéissants et résistants, de services de renseignements et de hackers. Je mettrais les sources à la fin.
⇒ en hackant les contrôles, les « verrous », les symboles de pouvoir et tout ce qui représente ou bloque littéralement la liberté, l’autonomie, l’autodétermination, l’empowerment, la satisfaction des besoins fondamentaux des personnes.

Le site du FBI rendu inaccessible par DDOS par anonymous en 2012

⇒ en occupant et en défendant des zones, de façon autodéterminée, d’un contrôle ou d’une dominance nuisible, insensée, destructive et/ou contraire à la dignité humaine.

Notre-Dame-des-landes, barricade Bison Futé : https://www.flickr.com/photos/jey-oh/13868284193/in/album-72157643993144014/

⇒ en sabotant

Camover, un collectif allemand qui détruit les caméras de surveillance

⇒ en arrêtant d’obéir, de faire

⇒ en obéissant à autre chose ; par exemple, des chauffeurs Uber ont manifesté tout simplement en respectant le Code de la route parce qu’implicitement on leur demandait le contraire ; plusieurs ont été « licenciés » suite à cette action :

⇒ en s’infiltrant dans les milieux problématiques puis en détournant de l’intérieur les mécanismes de destructivité.
Dans cette vidéo ci-dessus, dans cette infiltration il s’agissait surtout de blaguer, mais on voit que cela a eut des conséquences :

⇒ en décidant que l’autorité n’a plus du tout de pouvoir, que ces règles ne sont pas en vigueur et en vivant et en mettant en place le modèle de vie qu’on veut vivre.
⇒ en détournant son travail pour en faire autre chose, en se donnant d’autres quêtes plus sensées, autodéterminées et autodeterminantes, altruistes.
⇒ en libérant l’information (connaissances, lançage d’alerte, publication de données, de témoignages révélant les envers du décor, piratage)

⇒ en donnant gratuitement ce qui est censé apporter du profit à des dominants

Alexandra Elbakyan, robin des bois de la science, créatrice de l’indispensable sci-hub : https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandra_Elbakyan

Ici, Léo de Dirtybiology explique très bien en quoi les éditeurs sont un problème et donc en quoi cela légitime l’utilisation de sci-hub par exemple  :

⇒ en aidant et en soutenant autrui

Cela peut se faire furtivement, publiquement, l’un n’est pas « moralement » meilleur que l’autre, tout dépend des situations, et de l’efficacité possible de l’action. Les terrains d’actions peuvent être très divers, allant de la place publique, de la rue, dans l’entreprise ou institution problématique, sur internet (notamment dans une démarche hacktiviste par exemple).
Hacker, gripper, détourner tout ce qui cause de la destructivité n’est pas violent, c’est au contraire faire acte de non-violence, puisqu’il s’agit de condamner ou d’enlever de la violence. On n’accuse pas de violence le médecin d’avoir ouvert un corps infecté pour en retirer l’infection. Cependant, en bon docteur, ne confondons pas le mal réel de l’infection avec la personne qui la porte : ceux qui perpétuent des dominations, les injustices et les oppressions, les tyranneaux et la la garde, l’esprit de cour qui copie le tyran, comme le cite La boétie sont également aliénés par leurs rôles, passent totalement à côté d’une autodétermination puissamment heureuse, font l’erreur d’un mauvais calcul quant à leur existence.

Des livres sur la désobéissance autodéterminée


Ce ne sont là que listes, brèves et synthétiques; évidemment les livres que nous allons présenter vous offriront mille fois plus d’entrain que cette ultra-synthèse.
Les furtifs, Alain Damasio c’est rare que je mette de la fiction dans mes sources, mais ici c’est plus qu’approprié. C’est un chef d’œuvre. Et plus encore, c’est une prouesse de créateur, c’est proprement hallucinant tout ce qu’a donné Alain Damasio à cette œuvre, et on sent cette énergie, ce dépassement, l’œuvre nous transfuse de ce don si total. C’est une ode à la furtivité, à l’extension créatrice, à la liberté, à la désobéissance constructive, à la résistance civile chaleureuse, à l’engagement autodéterminé, et il y a tellement, tellement d’humanité dans ce monde-là. Il y a une injection massive de maturité socio-émotionnelle et de l’intelligence dans cette histoire, à un tel niveau d’altruisme que ça vous arrache des larmes de bonheur.
Discours de la servitude volontaireÉtienne de La Boétie. Si vous ne devez lire qu’un seul essai court sur la désobéissance, choisissez celui-là : La Boétie avait déjà tout saisi ce qu’il y avait à savoir de l’obéissance et de la désobéissance, et cela est condensé en un texte là aussi puissant en énergie, fort d’image marquantes, de phrases qui restent. Certes les formulations non modernes peuvent rebuter, mais on s’y habitue et finalement on se rend compte que le texte est beaucoup plus accessible qu’il n’y paraît au premier abord.
La Désobéissance civileDavid Thoreau ; là encore il s’agit d’un classique sur la désobéissance, qui personnellement m’a moins marqué car il est très lié aux questions de l’époque dont il est plus difficile de saisir l’exact climat, contrairement à l’ouvrage de La Boétie qui parle de tyran et de liberté de façon plus conceptuelle. Cependant, encore une fois, on sent quelque chose de puissant qui anime la réflexion.
Désobéir, Frédéric Gros, une excellente synthèse et voyage à travers la philosophie de la désobéissance, là encore extrêmement énergisant. Il est extrêmement accessible à lire sans perdre en cette magie qu’à la philosophie de nous donner du ciment à nos concepts éparpillés, de lier magnifiquement ce qui était confus, et de mettre de l’essence dans nos moteurs psychiques.

Des livres sur les désobéissants


The altruistic personnality, rescuers of jews in Nazi EuropeSamuel P. Oliner, Pearl M. Oliner, 1988 ; on en a fait un résumé ici, on y voit une désobéissance par altruisme, les témoignages sont absolument incroyables de courage tout en étant d’une simplicité sidérante.
Sans armes face à Hitler, Jacques Semelin, 1998 ; Pour sortir de la violence, Jacques Semelin, 1983 Les deux ouvrages comportent des exemples de résistance civile extrêmement inspirants, et Jacques Semelin est un excellent professeur, je recommande absolument tous ses ouvrages.
Mémoires Vives, Edward Snowden 2019, le meilleur mode d’emploi pour désobéir dans nos contextes actuels : D J’ai vraiment eu la joie de découvrir par ses mots quelqu’un qui aurait très bien être pu être ce pote geek/hacker qu’on a eu lycée, quelqu’un d’accessible, normal, mais qui est tombé comme beaucoup d’Américains dans une forme d’obéissance par peur du terrorisme. Il raconte comment il a changé en s’éveillant politiquement, en découvrant ce à quoi il servait, puis enfin comment il a désobéi.
La non-violence, Semelin et Mellon, 1994 décrit précisément des actes de désobéissance civile, mais si je le mets en valeur ici c’est surtout parce que j’en ai marre du grand n’importe quoi qui est dit sur le concept de « non-violence » qui est complètement tordu ; par exemple casser des vitrines lors d’une énième manifestation est un acte de non-violence et les pouvoirs n’ont encore rien voulu entendre, présentant cela comme la pire des violences ; et à l’inverse, effacer des tags parce ce serait des mots violents envers les policiers est violent. Ce livre est parfait pour comprendre ce que voulait vraiment dire non-violence.
Désobéir en démocratie, la pensée désobéissante de Thoreau à Martin Luther King, Manuel Cervera-Marzal 2010. un excellent résumé historique, conceptuel, mais aussi sous l’aspect juridique de la désobéissance civile en démocratie. Là encore, la définition de non-violence n’est pas tordue.


Et ce formidable documentaire sur Aaron Schwartz :
Et ce formidable documentaire sur Aaron Schwartz :


Sources


Et voici le reste des sources avec lesquelles j’ai construit mes « listes », par ordre d’année de publication :
  • Révolution non violente, Martin Luther King, 1963
  • Soumission à l’autorité, Stanley Milgram, 1974
  • Au fond des ténèbres, un bourreau parle : Franz Stangl commandant de TreblinkaGitta Sereny, 1974
  • L’Éthique des hackers, Steven Levy, 1984
  • Des hommes ordinaires : le 101e bataillon de réserve, Christopher R. Browning, 1992
  • Purifier et détruire, usages politiques des massacres et génocides, Jacques Semelin, 2005
  • Magda et André Trocmé, figures de résistance, textes choisis par Pierre Boismorand, 2008
  • L’Éthique hacker, Pekka Himanem, 2001
  • Un si fragile vernis d’humanité, Banalité du mal, banalité du bienMichel Terestchenko, 2005
  • Désobéissance civile et démocratieHoward Zinn, 2010
  • Anonymous, Nicolas Danet et Frederic Bardeau, 2011
  • Hacker : au cœur de la résistance numérique, Amaëlle Guitton, 2013
  • Un million de révolutions tranquilles, Bénédicte Manier, 2016
  • Rôle des mécanismes d’autorégulation dans la soumission à l’autorité, Johann Lepage, 2017
On a aussi parlé de désobéissance ici, sous l’angle du hack social :

mardi 21 janvier 2020

[macron : procédure en destitution] Marche ou grève, janvier 2020 : jusqu'où ira la répression ?


Au-delà des idéologies, ce qui devrait nous unir aujourd'hui, avant même les "réformes", et de toute urgence, c'est la préservation de l'Etat de droit.
Il existe une procédure en destitution du président de la république...voilà une formidable action à mettre en oeuvre à partir de la base. 

vendredi 17 janvier 2020

Thomas Wiesel, un jeune humoriste engagé


Interview sur Thinkerview. 


Et ses interpellations humoristiques valent leur pesant d'or...



dimanche 12 janvier 2020

Déclaration de... fin de discussion : edouard philippe: il-faut-parfois-utiliser-la-force-pour-ramener-l'ordre





«Nous allons aller au bout» de la réforme des retraites, a affirmé le Premier ministre dimanche 12 janvier au soir sur France 2, en appelant à la «responsabilité» ceux qui veulent poursuivre la grève et en estimant qu’«il fallait parfois utiliser la force pour ramener l'ordre».
Après que le gouvernement français a proposé samedi 11 janvier de retirer provisoirement l'âge pivot à 64 ans du projet de loi, le Premier ministre a appelé les manifestants à la «responsabilité», comptant «aller jusqu’au bout» de la réforme. 
«Nous allons aller au bout et, au fond, tous ceux qui incitent [les grévistes] à poursuivre la grève les envoient peut-être dans une impasse [...], je pense qu'ils devraient prendre leurs responsabilités», a déclaré le chef du gouvernement, au lendemain du «compromis» proposé aux partenaires sociaux de retirer l'âge pivot de 64 ans. 
«À titre personnel, je suis persuadé que l'âge pivot est la meilleure solution pour le rétablir [l'équilibre du système, ndlr]», a-t-il poursuivi.
«Il faut parfois utiliser la force pour ramener l'ordre et il ne faut pas en avoir peur», a déclaré Édouard Philippe concernant les mobilisations qui se poursuivent déjà depuis plus d’un mois. «Il faut être dans la solidarité totale avec les gardiens de la paix et les soutenir. Mais il faut également avoir des exigences vis-à-vis d'eux. On est cinq ans après des événements terribles dans notre pays.»

Compromis annoncé

Dans une lettre adressée aux syndicats, le gouvernement français s'est déclaré le 11 janvier disposé à retirer provisoirement l'âge pivot de 64 ans du projet de loi sur la réforme des retraites tout en conservant le principe d'un âge d'équilibre. La Confédération française démocratique du travail (CFDT) a salué la mesure proposée par le Premier ministre, y voyant «la volonté de compromis» de la part du gouvernement.
Parmi d'autres réactions, le dirigeant de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui a reproché au gouvernement d'«ajouter de l'embrouille aux embrouilles précédentes».

Petit rappel 
Macron ou le ravalement de façade du capitalisme financier ; Le pen ou la future roue de secours du capitalisme financier / Macron or the restoration of facade of the financial capitalism ;Le Pen or the future spare wheel of the financial capitalism
17 Juin 2017   ROBERT CHARVIN
   
L’Histoire continue….. au sein des institutions d’une V° République usée, bien sûr, mais surtout demain et après-demain dans les entreprises, les lieux de cultures, et la rue.
 Premier constat : la marée médiatique
L’intense bavardage médiatique sur la personnalité des candidats, sur l’interprétation qu’il « fallait » donner à leurs paroles et à leurs gestes, voire à leur style, tenue vestimentaire et autres, leur qualité de « grands » ou de « petits », sur la mise en exergue de tel point de leur programme et le silence sur d’autres, sur la place majeure qu’il convenait d’accorder aux sondages à effet multiplicateur, le tout sur un ton, selon les cas, agressif ou indulgent, a imprégné l’esprit des électeurs et entretenu une confusion inédite.
Sans que les journalistes, tous transformés en « expert » ou en « éditorialiste », n’aient une quelconque légitimité à se prononcer sur tout au nom d’une pseudo omniscience-autoproclamée (économique, écologique, sociale, financière, etc.), ils ont, tout autant que le discours des candidats, fabriqué le « climat » d’une élection que ne devaient gagner ni la gauche radicale de J.L. Mélenchon ni la droite-ultra et néofasciste de M. Le Pen : le Médef et l’establishment parisien avaient choisi et dans leur sillage les grands groupes de presse, les grands hebdos et la plupart des quotidiens du « Monde » à « Libé », via BFM TV et autres chaînes publiques et privées ! Macron était le meilleur !
Le F.N a été soigneusement instrumentalisé (tandis que Le Pen, Philippot et autres ont cru pouvoir en profiter) : il a servi de repoussoir et de justificatif à tous les ralliements et aux votes « utiles ».
La montée dans l’opinion de J. L. Mélenchon, source d’un bref affolement, succédant à une indifférence feinte, a été stoppée par l’évocation subite de quelques leaders d’Amérique latine, de « l’Alliance bolivarienne » et de l’inévitable référence e à la « méchante » Russie, qui auraient eu la sympathie de la France Insoumise, rompant ainsi avec le silence traditionnel en période électorale sur la politique internationale.
Contrairement à leurs prêchi-prêcha habituels, ces « honnêtes » médias n’ont pas insisté sur les droits de l’homme : les milliers de victimes des mouvements migratoires et le refus d’un accueil digne, l’état d’urgence prolongé qui préfigure l’éventuelle répression à venir d’un mouvement social trop radical, et l’indifférence totale vis-à-vis de la misère du Tiers Monde pas même effleurée, ne prêtaient pas à l’insistance sur « l’Humanisme occidental » !
Les grands médias ont, avec aisance, changé de logiciel !
Ils ont été capables de réagir aux dérapages plus ou moins imprévus qui ont troublé la « bien-pensance » hégémonique : les « affaires » suscitées par la presse elle-même ont permis de choisir Macron au détriment de Fillon (second choix des milieux d’affaires) ; la difficulté à imposer la priorité à la question sécuritaire en raison de la réalité trop prégnante du chômage et du pouvoir d’achat a conduit à dénoncer comme « populiste » aussi bien les promesses sociales du F.N que l’analyse critique du capitalisme financier de la France Insoumise ! Les citoyens ont été submergés par cette marée médiatique tous azimuts interdisant de penser par soi-même : le climat pré-macronique, initié par « Paris Match » précédait le « tout-Macron » courtisan qui a suivi l’élection et s’est poursuivi durant la campagne des législatives prolongeant le « délai de grâce », c’est-à-dire le temps des illusions, traditionnel après une consultation. Le plus « convenable » et consensuel des candidats s’est vu ainsi récupéré au-delà de ses propres voix, les 50% de suffrages anti-F. N de ceux qui croyaient (ou feignaient de croire) le néofascisme aux portes de l’Élysée !
Une fois de plus, le vote « utile » a joué, évitant surtout que le nouveau Président soit un mal-élu !
Ainsi, avec habileté et bombardement intensif, tout a été entrepris pour médiatiser à outrance un semi-inconnu, affichant sa volonté de faire du neuf avec du vieux, dans un style bonapartiste, en écartant Fillon, droitier démodé et cléricalisé, en jouant avec Le Pen pour qu’elle fasse peur (juste ce qu’il fallait pour qu’elle soit présente au second tour, adversaire « idéale ») et évidemment en dénonçant Mélenchon, à l’anticapitalisme financier insupportable pour l’oligarchie établie !
Il fallait produire par tous les moyens le plus de « franc-macrons » possible et persuader tout le monde qu’une France nouvelle était née ! Les résultats de cette mobilisation médiatique ont été cependant très médiocres pour les élections législatives : le succès ne provient que du mode de scrutin (majoritaire uninominal). Le mouvement de Macron ne représente au premier tour que 16% des inscrits ! Plus de 51% des citoyens se sont abstenus !! Le « triomphe » est totalement artificiel.
Cet envahissement médiatique n’est pas l’affirmation éclatante de la liberté d’expression, comme certains journalistes le proclament eux-mêmes. C’est, au contraire, une méthode d’asphyxie des citoyens, de destruction de leur esprit critique : submergés par le flot continu des commentaires tous azimuts, ils restent enfermés dans un faux pluralisme étroitement interne au système socio-économique existant et aux institutions césariennes de la V° République, faisant du Chef de l’État une sorte de Zorro, Superman, présenté comme capable de résoudre tous les problèmes ou presque !
L’orchestration de cette bataille de « têtes » et non de programmes, tous les cinq ans, n’est que source d’abêtissement des électeurs, transformés en sous-citoyens en attente d’un sauveur suprême, rapidement déçus évidemment, mais à qui il convient de redonner périodiquement confiance pour perpétuer l’ordre établi. Napoléon (le petit) sommeille chez tous les candidats, souvent jusqu’au ridicule !
A tout cela s’ajoutent les attentats « déjoués » et ceux intervenant à la veille du scrutin : le tour de force a réussi. Le candidat de l’establishment a été élu et il a sa majorité absolue qui ne dérange pas le Médef.
 Second constat : la question de l’autonomie relative des forces politiques
Chaque force politique est en relation privilégiée avec certaines catégories sociales, groupes d’intérêts, milieux professionnels, etc. et avec certains régimes politiques étrangers (particulièrement les États-Unis, l’éternel grand frère, quel que soit leur Président), mais on ne peut mécaniquement considérer que les partis politiques ou les mouvements style « En Marche » soient l’expression stricte de telle classe sociale ou de tels groupes d’intérêts. La relation est plus complexe mais elle est cependant incontestable : les milieux d’affaires, par exemple, ont clairement choisi de soutenir en premier choix E. Macron. On peut analyser les élections de 2017 en France comme la condamnation par ces mêmes milieux d’affaires de l’autonomie relative jugée trop grande du parti de droite traditionnel, Les Républicains, excessivement animé par des querelles de clan, des manifestations abusives d’égos, d’obsessions électoralistes trop importantes.
Le patronat a besoin avant tout de « paix » sociale, d’habiletés séductrices à l’égard des citoyens passant par des mesures sociétales peu coûteuses, que n’ont pas procuré ces dernières décennies ni le sarkozisme ni le hollandisme. F. Fillon, soigneusement « démoli », durant la campagne, était, par exemple, jugé en cas d’élection comme source de perturbations sociales inutiles pour l’Entreprise, comme l’avait déjà été « l’agitation » sarkoziste. Le mouvement catholique intégriste auquel Fillon avait fait allégeance n’était certainement pas très apprécié !
Il fallait en finir avec une force de droite « classique » dont la médiocrité globale et le conservatisme outrancier devenaient un handicap pour le monde de l’argent, même s’il satisfaisait ses revendications.
Était exclue aussi la solution « allemande » » d’une union nationale droite- « gauche », le Parti Socialiste français étant aussi le siège de multiples contradictions et d’une misère idéologique et pratique atteignant des sommets avec ses « Hollandais », gérant la France comme avait pu l’être la Corrèze, département de F. Hollande !
La solution « ni droite ni gauche » à la Macron est ainsi devenue l’idéal (provisoire) de ceux pour qui « tout doit changer afin que rien d’essentiel ne change », comme l’écrivait Tomasi di Lampedusa, dans « Le Guépard ».
Évidemment, cette solution de type bonapartiste, ralliant tous les opportunistes et tous les ambitieux refoulés, devant leur carrière à leur « chef », mais aussi une fraction des électeurs incertains séduits par le flou délibéré du programme de « La République en Marche » et par sa critique de la « politique », ne pourra à l’avenir que susciter dans la société diverses contradictions très vives et des déceptions profondes, mais… « après lui, le déluge » ! Le système sortira, le moment venu, d’autres gadgets séducteurs sources de pérennisation ….
Pour l’heure, le syncrétisme néolibéralisme-social-démocrate l’emporte sous l’égide d’un homme en osmose avec les milieux d’affaires français, européens et américains. Un césarisme « moderne » et cosmopolite, style « manager yankee, soignant sa ligne au crossfit, appuyé par un « mouvement » à facettes multiples « attrape-tout », se substitue ainsi à un système de partis qui ne fait plus ses « preuves » et handicape la « bonne marche » de la course au profit. Le « terrain est dégagé » par ce ravalement de façade du capitalisme financier.
Cette pseudo « rénovation » va servir quelques-uns et séduire les autres, avant tout ceux de la classe moyenne qui en votant Macron se sont tirés un balle dans le pied sans le savoir, sous couvert d’une prise en compte de leurs intérêts ! L’unique horizon « macronique » est en effet l’Entreprise (la grande) sacralisée, le rêve américain (à peine gallicanisé), mais inaccessible au plus grand nombre, et une décadence aimable sous couvert d’un universalisme hors sol (en Afrique notamment) compensant une régression sociale généralisée !
 Troisième constat : que devient la gauche ?
L’ « exécution » politique du P.S est la meilleure nouvelle apportée par les élections de 2017. Avaient raison ceux qui souhaitent depuis longtemps la réduction de ce parti à un groupuscule sans importance pour tout le mal politique dont il est responsable depuis des décennies !
Malheureusement, son effondrement n’est sans doute pas définitif tant les « socialistes » ont une capacité de reproduction et tant ils sont utiles au système qui déjà les re-médiatise : ils correspondent en effet sociologiquement à une partie des « couches moyennes » et populaires inaptes à choisir clairement la société qu’ils souhaitent et dotés d’un goût irrépressible pour les compromissions. Leur rôle – essentiel – d’occultation des réalités sociales, de refus des clivages de classe, et leur adhésion à un capitalisme « amélioré », est indispensable au système. Depuis la victoire de Macron, tout est fait pour redonner vie à un P.S dont la défaite a été totale : les médias multiplient les interventions de ceux qui ont été ridiculisés quelques semaines plus tôt !
Avec générosité, le système offre à ce parti de nouvelles possibilités afin qu’il se rende encore utile – comme la CFDT dans le monde syndical – : le système a besoin d’une « opposition de sa majesté », sans risque, pour rendre la pseudo-démocratie « crédible » ! De plus, les cadres du P.S, souvent des professionnels de la politique, n’ont pas d’autres débouchés (à défaut de ralliement à Macron) que leur participation à une reconstruction d’un parti sous une forme ou une autre : ils ont débuté avec le lancement de divers « mouvements » incertains autour de quelques élus (dont B. Hamon, battu au premier tour des législatives) qui espèrent se pérenniser.
Ils sont toujours hostiles par nature à la fois aux communistes (malgré l’extrême (et excessive) indulgence des dirigeants du PCF à leur égard) et plus encore à la France Insoumise de Mélenchon, qui a le grand tort de bien les connaître) : ils ne se chargent pas, en effet, de faire l’Histoire. Ils se satisfont, conformément à leurs « valeurs » ambiguës et à leur indifférence de fait à tout principe, à jouer aux politiciens à coups de mini-tactiques, pour survivre en essayant de profiter de leur instrumentalisation. Cette réalité n’est pas seulement française : elle est italienne, grecque, espagnole, belge, allemande, etc. Nul en Europe n’est l’héritier de S. Allende !
Aujourd’hui, une partie de la social-démocratie s’est réfugiée dans la formule Macron, fusionnée avec une droite renouvelée, pour le plus grand avantage des fondamentaux du conservatisme libéral. Mais le léger « mâtinage » pseudo-socialiste du Macronisme suffit aux ralliés style Valls et autres.
C’est la « France Insoumise », avec un capital humain de 7 millions de citoyens ayant voté pour J.L. Mélenchon, qui constitue le cœur d’un radicalisme en rupture avec le capitalisme financier français et européen, toujours tourné vers les États-Unis. Elle absorbe les « Verts » (avec un programme écologique très avancé) dont l’organisation est en perdition, n’ayant jamais eu la volonté de reconnaître la contradiction majeure entre logique du profit, règne de l’argent et exigences de la protection de l’environnement.
La France Insoumise met à mal la direction du PCF, elle aussi professionnalisée et très inquiète de son avenir immédiat. Cette direction semble prête à poursuivre une stratégie timide et prudente assurant, selon elle, sa survie. Elle se refuse à l’insertion du parti dans la dynamique de la France Insoumise, jugée trop « aventureuse » ! Il apparaît que l’avenir socialiste et la Révolution (dont elle ne parle plus jamais) se soient éloignés à jamais !
On peut penser avec de nombreux militants, particulièrement en province, que cette direction se trompe lourdement, comme elle s’est égarée lors de la dissolution des « Comités antilibéraux » de base qui s’étaient constitués et l’avaient emporté en 2005 contre le Projet de Constitution européenne, lors du refus entre 2012 et 2017 de rassembler à la base dans le « Front de Gauche » les simples citoyens ne souhaitant pas entrer dans l’un des partis le composant, puis en menant une campagne très « réservée » pour J.L. Mélenchon, puis très critique lors des législatives pour des raisons incertaines.
Au lieu d’essayer d’être les plus militants les plus actifs et inventifs et donc les « meilleurs » au sein des 7 millions de citoyens ayant voté Mélenchon, en stimulant des groupes de base, ils se sont coupés pour les législatives des électeurs récemment conquis et parfois arrachés au F.N, dès lors qu’ils n’étaient pas associés à La France Insoumise.
Ces dirigeants ont opté pour une position de repli à la fois sectaire et opportuniste, en comptant une fois de plus que sur quelques alliances ici ou là avec les restes du P.S et des Verts, et ailleurs avec la France Insoumise, la gestion de Paris en étant le modèle, effectivement relativement satisfaisant. Faute d’une volonté de conquête et évidemment d’un scrutin proportionnel les élections législatives n’ont pas confirmé le succès de J. L. Mélenchon aux présidentielles.
Pour le P.C.F le plus grave n’est pas la perte de la plupart de ses députés (dont la discipline de groupe avait d’ailleurs disparu), mais une orientation prudente et craintive, comme si La France Insoumise était perçue comme une « aventure politique » dangereuse par sa radicalité. Qu’est devenu le parti révolutionnaire d’antan, qui semble accablé par trop de défaites accumulées ?
 Quatrième constat : le F.N, roue de secours éventuelle
Quant au F.N, l’échec relatif des présidentielles, qui a entraîné un plus grand échec aux législatives, a fait surgir les clivages traditionnels des mouvements fascisants qui ont, par exemple, éclaté au sein du fascisme italien et du nazisme dans les années 1930-1940 : le courant « national-social » de Philippot est évidemment contesté, comme ont été éliminés ces mêmes courants en Italie et en Allemagne, avec l’appui du conservatisme « classique ».
Pour les « Frontistes », néanmoins, rien n’est perdu, s’ils se rallient, comme leurs prédécesseurs historiques, aux compromissions « utiles ». Le F.N demeure en effet une ultime « roue de secours » si la solution Macron s’avérait dans quelques années un nouvel échec pour le monde des affaires qui n’a aucune préoccupation démocratique réelle. Nul ne souhaite cette solution « brutale », susceptible de provoquer des réactions contraires dangereuses pour « l’ordre » économique. Mais s’il fallait en passer par là, comme on l’a vu dans le passé, un nouveau syncrétisme affairiste de la droite et du néofascisme pourrait « servir ». Les scrupules n’ont jamais perturbé le monde de l’argent.
En bref, l’Histoire continue….. au sein des institutions d’une V° République usée, bien sûr, mais surtout demain et après-demain dans les entreprises, les lieux de cultures, et la rue.
Robert CHARVIN