jeudi 17 janvier 2019

Message de Nouvel an d'un Maire au Président de la République + chanson Le déserteur de Boris Vian




Monsieur le Président, je vous fais une lettre, que vous lirez peut-être... si vous avez le temps.

Ce dernier soir de l'année, vous vous adresserez aux Français à la télévision. En fait vous vous adresserez surtout à la caméra, avec ou sans prompteur, mais dans un monologue, monocorde, monotone, si formaté qu'on le connait par avance. Votre Cour vous flattera sans doute, les commentateurs et les experts de tous poils disserteront bien sûr. Mais en réalité vous serez bien seul, pathétique, dans les ors de la République face à cette caméra.

Comme des millions de Français, j'éteindrai ma télévision à ce moment précis pour ne pas vous entendre, c'est là une marque ostensible d'irrespect que j'assume. Parce que vous manquez à tous vos devoirs et parce que vous ne respectez pas le Peuple de France.

Lorsque les caméras se seront retirées, lorsque vous vous retrouverez tout seul, ne sachant que faire pour occuper le silence qui suivra en cette triste soirée, Monsieur le Président, je vous invite à me lire ou à écouter "mon" allocution de fin d'année sur mon site herveferon.fr

Nous ne vous croyons pas, parce que vous avez menti. Et voici deux
exemples :

- L'an dernier, lors de vos vœux aux Français vous disiez "L'année 2018 sera celle de la cohésion". Nous ne vous reprochons pas de ne pas y être parvenu, nous vous reprochons de ne jamais en avoir eu l'intention.
- Il y a trois semaines, sous la pression du Peuple en colère, vous annonciez une augmentation de 100€ sur le SMIC. C'était un mensonge et vous le saviez bien ! D'abord cessons de parler du SMIC en brut et de donner l'impression qu'un Smicard touche 1498€ par mois. Le Smicard, lui, ne connait que ce qu'il perçoit réellement, c'est à dire le salaire net et ce salaire net, Monsieur le Président, il est de 1184,93€ ! Ça, c'est le monde réel !!! Le SMIC n'augmentera, pas de 100€, il augmentera comme c'était prévu de 1,8%, c'est à dire qu'il passera de 1184€ à 1210€ ! Soit + 26€...

Je vous interpelle aujourd'hui parce que vous faites défaut à votre fonction en méprisant ainsi le Peuple.

Vous vous comportez comme un monarque, détournant ainsi tous les principes de la Constitution Française. Vous vous êtes même comparé à Jupiter (Dieu de la Terre, du Ciel et de tous les êtres vivants...) dans un moment d'égarement mégalomaniaque indigne de la fonction présidentielle, mais c'était là une première injure faite au Peuple. D'autres petites phrases ont suivi.
Le Roi, lui, avait des sujets et ses sujets lui devaient allégeance, cela s'appelle la monarchie. Le Président de la République, lui, doit être au service des Citoyens. Il doit les entendre, cela s'appelle la démocratie.

Vous exercez votre fonction tout autrement, vous décidez seul, sans véritable stratégie, mais avec obstination. Votre épouse qui n'a aucune légitimité pour cela, intervient sans cesse dans les affaires de la Nation, comme la Pompadour régnait auprès de Louis XV.

Vous le savez, vous avez été élu par une minorité de Français, 43,6% des électeurs inscrits seulement ont voté pour vous ! C'est à dire que 47 millions de Français n'ont pas voté pour vous ! Et parmi ces 43,6% d'électeurs, 43% ont déclaré voter pour vous, pour faire obstacle à Marine Le Pen.

Vous vous appuyez sur la majorité des votes exprimés, mais croyez-vous qu'il y a 50 ans les rédacteurs de la Constitution française avaient imaginé qu'un tel scénario pût être possible ? N'est-ce pas là un premier détournement de l'esprit de la Constitution, au sens par lequel Montesquieu traitait l'esprit des lois ?

Assis donc sur le trône triste de l'illégitimité, drapé de votre solitude amère, vous contemplez avec dédain le Peuple habillé de jaune qui vous crie sa colère, quand votre cote de popularité a pulvérisé tous les records en s'effondrant en dessous des 18%.

Ces gilets jaunes, vous tentez de les dissoudre, de vous en débarrasser. Vous prétextez les casseurs, les infiltrés de toutes sortes pour les décrédibiliser et brouiller leur message. Et puis, vous comptez sur l'usure du temps. À chaque acte, il nous est annoncé qu'ils sont moins nombreux. Et vous et vos Ministres, au fur et à mesure, vous faites dans la provocation, vous revenez immédiatement avec vos mesures insupportables et insupportées, vous décrétez l'Etat permanent de l'injustice sociale.

Je suis contre les violences, contre les dégradations, contre le blocage des petits et des gros commerces. Mais pas d'amalgame, les gilets jaunes, les vrais, ne sont que des gens pauvres qui n'en peuvent plus et qui vous crient leur misère. Ç'est ça la France aujourd'hui Monsieur le Président.
J'ai vu des retraités dans la rue, des femmes avec des enfants, des travailleurs pauvres, des gens inoffensifs que vous avez fait gazer, par l'envoi de grenades lacrymogènes, vous avez fait utiliser les flash Ball sur des Français non-violents, sous prétexte qu'ailleurs, à d'autres moments, il y avait eu des violences inadmissibles ! J'ai vu des femmes, des personnes âgées, les yeux rougis, verser des larmes dues autant au gaz lacrymogène qu'à la tristesse et au dépit. Vous avez fait tirer sur le Peuple. Prenez la Guerre des Farines de 1775, remplacez la farine par l'essence, Louis XVI par Emmanuel Macron et vous avez la Révolte des Gilets Jaunes de 2018-2019. Il n'y a pas de violence dans le mouvement des gilets jaunes qu'il faut considérer avec discernement, en responsabilité politique due par votre fonction. La seule violence, c'est celle que vous leur faite.

Vous êtes dans l'erreur Monsieur le Président.

Sur le fond, les Français sont très largement favorables aux gilets jaunes. Traquez-les, chassez-les, gazez-les, d'autres reviendront de partout, par les rues adjacentes. C'est inéluctable. "Ceux qui veulent éteindre les étoiles en feront toujours naître de nouvelles !"

Que pouvez-vous faire ? Rendez au Peuple sa dignité, renoncez à votre culture de banquier des riches, rendez honneur à la Fonction Présidentielle. Liberté - Égalité - Fraternité. 

Pour cela, vous avez des solutions possibles et si vous renonciez à votre entêtement, ce serait même assez simple :

- Remettez en place l'Impôt sur la Fortune immédiatement.
- Augmentez la TVA sur les produits de luxe à 30%. Croyez-vous vraiment que celui qui a les moyens de s'acheter une Ferrari à 200 000€ sera très gêné si elle lui coûte 20 000€ de plus ?
- diminuez la TVA a minima sur les produits de première nécessité, dont il faut allonger considérablement la liste en prenant en considération la dure réalité du quotidien des Français.
- Luttez contre l'évasion fiscale qui coûte chaque année à la France entre 60 et 80 Milliards. Donnez-vous les moyens, faites-en une priorité absolue, dénoncez l'Europe complice qui abrite en son sein des paradis fiscaux.
- Engagez-vous courageusement contre ce diktat de l'Europe qui contraint la France à emprunter aux banques privées et non à la Banque de France. Quand la dette publique frôle les 100% du PIB, vous surtaxez les français pour payer des intérêts aux banques privées. Le remboursement de ces intérêts est le 4ème poste budgétaire de l'Etat ! C'est à cela qu'il faut vous attaquer et non pas aux pauvres gens !
- En ces temps de populisme ambiant, il est raconté souvent n'importe quoi sur internet à propos des revenus des élus. Je pense que la plupart des élus travaillent beaucoup et sont honnêtes, il est tellement facile d'ironiser et de les suspecter systématiquement du contraire.
Ils méritent d'être bien indemnisés.
Mais je pense que les grands élus pourraient contribuer à l'effort national. 577 députés et 348 sénateurs. Je suis convaincu que s'ils diminuaient leurs indemnités de frais de mandat de 1000€ par mois, ils pourraient continuer à bien vivre et à bien fonctionner. Cela serait vécu comme un acte significatif de solidarité nationale. 925 Parlementaires multipliés par 1000€, multipliés par 12 mois, puis par 5 ans de mandat = 55 500 000€ d'économies.
Lorsque j'étais député, j'ai fait cette proposition qui n'a jamais été retenue, il m'a été conseillé fortement et de tous côtés de ne pas insister...
Mais imaginons qu'on étende cet effort de solidarité à vos Ministres, à vous-même, aux anciens Présidents de la République, à votre armée de conseillers, aux très hauts fonctionnaires et à tous les nantis de la République. Il s'agirait juste de faire un effort de contribution solidaire, il ne s'agit pas de vous mettre sur la paille... Mais les économies se compteraient par milliards.

=> Ainsi, vous pourriez trouver les recettes pour supprimer l'augmentation de la CSG sur les retraites. La retraite n'est pas une allocation sociale, elle est un dû, la diminuer est un acte anti républicain.
=> Vous pourriez aussi revaloriser de façon significative le SMIC. Pensez-vous qu'une personne qui touche le chômage ou même le RSA, ait intérêt à retrouver un travail au SMIC, c'est à dire précaire, en sachant qu'elle devra payer une nounou pour garder ses enfants, ou payer l'essence hors de prix pour aller travailler ? Il n'y a pas assez de différence entre les aides sociales et les bas salaires pour motiver les gens à accepter des emplois souvent pénibles. Car une des incohérences dans notre société est que les emplois les plus pénibles, les moins épanouissants, les moins valorisants sont souvent les plus mal payés.
=> Et puis avec ces recettes, vous pourrez donner le coût de pouce nécessaire aux employeurs des PME, PMI qui sont étranglés par les taxes et les procédures. Ce sont eux les premiers créateurs d'emplois et d'activité. C'est comme ça que vous relancerez l'économie, par la France d'en bas !
=> Avec ces recettes, vous pourrez aussi redonner des moyens aux services publics et garantir l'aménagement des territoires  équilibré. Des moyens à l'offre de soin, aux hôpitaux publics, à l'Ecole de la République, aux bailleurs sociaux que vous étranglez, aux associations d'Education Populaire qui ont disparu par dizaines de milliers depuis le début de votre quinquennat, ...
En République et vous devriez en être le garant, il est normal que le service public coûte cher, pour être de qualité et accessible à tous.

Ce ne sont pas des allocations, des primes, des compensations que demande le Peuple, c'est juste de la dignité. Pas de charité bien ordonnée, juste le respect des valeurs de la République et des Droits de l'Homme et du Citoyen.
=> Avec ces recettes, vous pourrez vous atteler à l'urgence climatique, mais pour cela il faut en avoir la volonté. Ne prenez-pas la planète en otage ! Surtout n'opposez pas l'indispensable nécessité de sauver la planète au minimum à vivre des Français.

Enfin, je suis Maire d'une petite Commune. Les Gouvernements successifs nous ont tout pris. Le pouvoir d'agir, en nous dépossédant de nos domaines de compétences et de nos responsabilités qui sont de plus en plus hyper-concentrés dans les mains des barons locaux Présidents de Métropoles, on a éloigné de nous les lieux de pouvoir avec les Grandes Régions, on nous diminue sans cesse les dotations indispensables pour des services publics de proximité.
Vous vous inscrivez dans cette continuité, vous méprisez les Maires en refusant leur invitation à leur Congrès National et vous diminuez leurs dotations, bien que vous affirmiez le contraire.
Ainsi les Maires ne sont plus que de simples gestionnaires, administrant leurs Communes sans la possibilité de faire vivre les Politiques Publiques. Là aussi, vous tentez de les décrédibiliser... On dira ensuite qu'il y a trop de Maires, trop de communes, trop d'employés municipaux...
Mais ces Maires sont le dernier bastion de cette République solidaire que nous appelons de nos vœux. Chaque jour, ils se battent, ils inventent des solutions pour secourir les plus pauvres et les plus démunis. Ils sont les garants de la cohésion sociale.
Ne les ignorez pas. Si les Maires de France n'avaient pas été là après les attentats du Bataclan, comment la France aurait-elle pu continuer à faire société, à vivre libre et en sécurité. C'est l'extraordinaire réseau des Maires qui a organisé sur tous les territoires la possibilité de continuer à vivre, par leur connaissance de la population, leur proximité sur le terrain. Sans eux, la moindre kermesse d'école, la moindre fête des voisins, la moindre rencontre sportive auraient dû être interdites.
Ils sont sans cesse dans la proximité, ils ont une expertise permanente de la réalité de la vie des habitants et de leurs difficultés. Ce fut une énorme erreur de supprimer totalement la présence des Maires à l'Assemblée. Ils sont les premiers représentants du Peuple.
Moi, comme Maire, je sais ce que ni vous, ni les députés ne savent. Je sais qu'aujourd'hui, il y a des familles, des chômeurs, des retraités, des travailleurs pauvres, des jeunes étudiants, qui font le choix de ne plus faire trois repas par jour, quand ils n’en ont plus les moyens ! Je ne vous dis pas là du Zola, je vous parle de scènes de la vie courante en 2018.
Alors, Monsieur le Président, redonnez-nous les moyens de cette indispensable solidarité, nous sommes là, en proximité auprès de tous les habitants sans exception dans nos Communes.

Le sujet n'est pas de redonner aux Français confiance en vous ou pas, le sujet est de leur redonner espoir, dignité et pouvoir d'achat.

À l'approche de ces 12 coups de minuit, je souhaite à toutes celles et à tous ceux qui m'auront entendu, en espérant naïvement que vous en serez Monsieur le président, une excellente année 2019.

Nous avons tous ensemble la République à reconstruire, des valeurs, la solidarité, le respect, les Droits et les Devoirs. Ainsi nous lutterons tous ensemble contre toutes les formes d'obscurantisme, contre les casseurs, contre le terrorisme, contre toutes les formes de violences physiques ou morales. Ce message Monsieur le Président n'est jamais qu'un message d'amour.
Pour une République à jamais solidaire Une et indivisible, une République Humaniste.
source  : http://herveferon.fr/index.php/component/content/article/57-blog/2914-message-de-nouvel-an-d-un-maire-au-president-de-la-republique




[RussEurope-en-Exil] Notre réponse : lettre au Président de la République à la suite de la lettre envoyée aux Français, par Jacques Sapir




Lettre au Président de la République à la suite de la lettre envoyée aux Français


Monsieur le Président de la République,

Vous avez envoyé à tous les Français une lettre sur le « débat national » que vous avez organisé. A cette lettre, nous voulons répondre. Certains répondrons en actes, bien sûr, qu’il s’agisse de manifestations, et d’autres par écrit.
Monsieur le Président, vous avez, certes, écouté la révolte qui gronde. Si tel n’avait pas été le cas d’ailleurs, jamais vous n’auriez écrit votre lettre. Mais, clairement, vous ne l’avez pas entendue. Nous en voulons preuve le choix des thèmes que vous proposez dans ce « débat », choix qui écarte soigneusement les « sujets qui fâchent ». Vous voulez que nous débattions des impôts, de nos dépenses et de l’action publique, de l’organisation de l’État et des collectivités publiques, de la transition écologique et enfin de la démocratie et de la citoyenneté. Mais, vous avez soigneusement omis les thèmes du pouvoir d’achat, de l’inégalité des richesses, tout comme vous avez omis la construction européenne, que vous mentionnez par ailleurs. Vous affirmez dans votre lettre « Je n’ai pas oublié que j’ai été élu sur un projet, sur de grandes orientations auxquelles je demeure fidèle ». Vous feignez d’ignorer, que ce soit à dessein ou non, que votre élection ne s’est nullement faite sur un « projet ». Il est patent que vous n’avez été élu que parce que l’autre candidate, Mme Marine le Pen, était rejetée. Cette ambiguïté était manifeste dans votre élection. Votre tort fut de ne pas la reconnaître. Jamais les Français ne vous ont donné un mandat pour mener les réformes auxquelles vous vous êtes livré. La révolte actuelle est le produit direct, et logique, de cette situation.
Monsieur le Président, votre action, depuis maintenant près de deux ans, a été une suite d’attaques contre les plus modestes, contre les travailleurs. Attaques donc contre les services publics qui sont d’autant plus indispensables que le revenu est faible mais aussi contre le droit du travail. Attaques encore dont ont résulté une suite de renforcements des inégalités, ce que l’INSEE reconnaît. Enfin, par vos déclarations, vous avez fait subir une suite d’humiliation aux humbles et aux plus pauvres, vous avez donné des démonstrations constantes de votre mépris. Les formes, parfois violentes, de la révolte actuelle en découlent. Quand une situation devient insupportable, on ne la supporte plus. Craignez la colère du peuple, Monsieur le Président. Ce qu’elle exprime dans le refus de votre personne, dans la demande de votre départ qui monte dans les « cahiers de doléances », ce n’est pas simplement le refus de votre politique, c’est le refus des humiliations.
Votre politique n’est d’ailleurs que la traduction, dans le contexte particulier de la France, des recommandations de l’Union européenne. Quand le mot souveraineté sort de votre bouche, ce n’est que pour parler de l’Union européenne et jamais de la France. En voulant substituer un pouvoir technocratique à la souveraineté du peuple, vous tournez le dos aux fondements mêmes de notre République que vous prétendez par ailleurs défendre. Comme vos prédécesseurs, vous pensez que le tour de passe-passe du Traité de Lisbonne, annulant le référendum de 2005, constitue un acquis. C’est une dangereuse présomption. Craignez de finir comme ont fini tous ceux qui ont ignoré ou méprisé la souveraineté du peuple de France.
Monsieur le Président, vous entendez poursuivre votre néfaste chemin. Après vous être attaqué au droit du travail, à la SNCF, ce sont à des attaques contre le régime des retraites et la sécurité sociale que vos experts se préparent. Ces attaques, si elles étaient conduites à leur terme, aggraveraient la situation des plus modestes, empireraient la pauvreté qui monte dans notre pays alors même que jamais ce dernier n’a été aussi riche. S’il vous restait une once de sens commun, un atome d’honnêteté, ces questions auraient dû faire partie du « débat national ». Devant l’ampleur du mouvement que la France connaît, vous auriez dû reconnaître qu’une telle remise en cause de vos convictions était inévitable. Las, il n’en sera évidemment rien.
Nous constatons tous que le problème ne s’arrête pas à votre politique ; c’est votre comportement et votre personne qui sont aujourd’hui la cause des troubles violents que nous connaissons. Et, cette violence, elle d’abord et avant tout, subie par le peuple, qui ne compte plus aujourd’hui ses blessés, ses estropiés, et demain peut-être ses morts. De cela, il vous faudra un jour répondre.
Monsieur le Président, oui, votre comportement pose problème. Nous l’avons vu avec vos déclarations. Ce mélange d’arrogance et de suffisance, de mépris teinté de condescendance, est pour beaucoup dans les événements dramatiques que nous avons connus depuis le mois de novembre. Nous le voyons encore avec le texte de votre lettre. Elle mélange la démagogie avec une volonté évidente de confusion. Vous multipliez les questions secondaires afin de mieux faire passer des questions primordiales dont certaines ne sont même pas formulées. Quel dédain coule de cette lettre où les mots de « pouvoir d’achat » ne figurent pas alors qu’ils sont pourtant la cause première de la révolte populaire. Les études que vous avez faites ne vous donneront jamais le droit d’insulter les gens. Plus profondément, vous affectez de croire que l’élection vous a donné en propriété un pouvoir dont, à dire le vrai, vous n’êtes que le délégataire. Vous êtes aujourd’hui devant un choix qui est clair : revenir à la raison ou entraîner le pays avec vous dans le chaos.
Monsieur le Président, nous vous écrivons une lettre, que vous lirez peut-être, si vous avez le temps. Ainsi commence une célèbre chanson de Boris Vian, entrée dans la culture populaire. Mais, ce n’est pas nous qui entendons déserter notre pays. Ce sont vos amis et vous qui avez fait sécession avec le peuple de France. Cette sécession est potentiellement grosse de malheurs pour tous. N’en doutez pas, l’histoire est tragique. Elle l’est tout particulièrement pour les dirigeants qui tournent le dos avec mépris et constance au peuple.
Assurément, vous avez, mais pour combien de temps encore, la force des armes. Souvenez vous pourtant de cette phrase de Victor Hugo : LA DERNIÈRE RAISON DES ROIS, LE BOULET. LA DERNIÈRE RAISON DES PEUPLES, LE PAVÉ.
Signataires :
Bruno Belllegarde
Leila Charfadi
Denis Collin
Jacques Cotta
Michèle Dessenne
Danièle Goussot
Eric Julliot
Marie Annick Le Bars
Marc Lebas,
Bertrand Renouvin,
Claude Rochet
Jacques Sapir

Signataires de l’appel pour la création du « collectif pour la souveraineté et la justice sociale », le CNSJS

source : https://www.les-crises.fr/russeurope-en-exil-notre-reponse-lettre-au-president-de-la-republique-a-la-suite-de-la-lettre-envoyee-aux-francais-par-jacques-sapir/

Policier, enlève ton casque


Il faut, disait l’autre, pousser ce qui tombe. Ne semblent plus empêcher la fin du cirque que les forces de l’ordre – le fait est sans précédent. Qu’elles fassent défection, ce qui ne serait que bon sens, et c’en est fini de la Macronie. Pas de muscles, pas d’arrogance qui tienne…
C’est dans l’ordre des choses que les voyous, petits délinquants ou bandits d’honneur – s’il en existât jamais – détestent les flics. De bonne guerre que les habitués des manifestations ne portent pas spécialement les CRS dans leur cœur. Presque ordinaire, hélas, que les ”jeunes de quartiers“, comme on dit si mal, se sentent, sinon pis, hargneusement regardés. On sait aussi, et depuis longtemps, que notre police peut très mal agir. De quoi l’on a pu concevoir à titre individuel, communautaire ou simplement civique, une rancœur parfois fort justifiée. Cela d’ailleurs sans s’évaporer pour autant dans les désirs adolescents d’une société sans police, ni verser dans les luttes prétendument politiques sauce « All Cops Are Bastards ». Car le flic, faut-il le dire, a également constitué l’ennemi commode, unique et obsessionnel de certains mouvements, dépourvus par ailleurs de toute vision du monde. La lutte en soi contre “la” police, donc, bigrement œdipienne, est bien entendu stérile et nul ne songe hors quelques incurables niais à l’abolir en tant que telle.
Pourquoi diable alors, à la mi-décembre 2018, ne reste-t-il plus (provisoirement, peut-être…) à la déclarer « remarquable » ou « exemplaire » que Monsieur le procureur de la République de Paris, David Pujadas et quelques politiciens affolés ? Et à croire ces derniers les rares indigents qui n’ont pour s’informer que BFM TV – ou une poignée d’acnéiques que la matraque fascine ? Réponse : l’attitude subie, vue, filmée et portée à la connaissance de tous, de certains policiers à qui les autorités semblent avoir donné toute licence de se tenir comme des brutes. Avec cet effet inédit que rien n’est aujourd’hui plus partagé par le routier, l’étudiant, le retraité, le chômeur, que le sentiment d’une répression excessive.
La stratégie du samedi 8 décembre était rudimentaire. Intimider, casser les genoux, dissuader les plus frileux de grossir les cortèges. Prétendre, ensuite, que le mouvement s’essouffle. Croiser les doigts pour que la prophétie s’autoréalise et que chacun, s’étant tenu pour dit que tout était fini, reste chez soi. Brandir enfin les sanctions pénales, se gargariser des comparutions immédiates pour enfoncer le clou.
Piètre machinerie, ourdie par un pouvoir qui n’a désormais d’alliés qu’une certaine presse, quelques “experts” et les forces de l’ordre – à qui, c’est un signe, il en est à verser des primes trébuchantes. La presse quittera – quitte déjà – le navire à temps, c’est entendu. La cour prépare sa sortie à l’anglaise, et l’on peut dès à présent prendre les paris quant à ceux, aujourd’hui pieux macroniens, qui renieront Jupiter par trois fois avant le chant du coq.
Et la Police ? Et les gendarmes ? Les chaises sont faites pour s’asseoir, les boulangers pour faire du pain, les CRS et les gendarmes mobiles pour maintenir l’ordre. Seulement, voilà : l’ordre vacille. L’ordre soudoie, certes, ses gros bras mais, comme chacun sait au fond de chaque caserne, les méprise. Et exige d’eux des attitudes iniques auxquelles ne peuvent guère se prêter la tête haute que de francs butors. Gazer une vieille dame, pousser un homme aux cheveux gris, agenouiller des adolescents, passer un homme seul à tabac, extraire une jeune homme de son fauteuil roulant… Qui peut donc sans sadisme s’y adonner gaiement ? De surcroît pour défendre une grande andouille que les instances de l’argent ruisselant ont couronné à la hâte, sans finesse ?
Ce ne sera peut-être pas pour ce samedi. Ni même pour cette année. Mais peut-être si, qui sait ? Car la situation est inédite. Le peuple entier (commerçants, soignants, agriculteurs, transporteurs, ouvriers, étudiants, enseignants, petits entrepreneurs, chômeurs, etc.) est, c’est très rare, d’accord sur au moins une chose : il faut que le roi et ses marionnettistes dégringolent et s’en aillent. Ce qui ne saura, certes, jamais constituer une fin en soi – mais, au fond, peu importe.
La force est à ce jour le dernier argument des perruques poudrées. Au flic serions-nous donc tentés de dire : fais défection. Enlève ton casque, mets-toi en arrêt-maladie. Et, sans violence, s’effaceront les rictus cyniques, une page se tournera.
Photo de Une : © Serge D’Ignazio
source : https://comptoir.org/2018/12/14/policier-enleve-ton-casque/

[Gilets jaunes] Juan Branco à propos de la crise des gilets jaunes... et du système macron

Extrait :

l'interview complète ici : https://la-bas.org/la-bas-magazine/entretiens/Juan-Branco-desosse-Macron


TELECHARGER ICI SON DOCUMENT en version pdf (112 pages)

http://branco.blog.lemonde.fr/files/2019/01/Macron-et-son-Crepuscule.pdf

Pour en savoir plus sur cet acteur de la crise :


[Gilets Jaunes] Une légitime défense, par Michel Onfray

Source : Michel Onfray, janvier 2019
“Si tout le monde agresse tout le monde, la société se défait.”
Macron, Lettre aux Français
Neuvième acte des gilets-jaunes. Envie de vomir en écoutant les commentaires des journalistes ou de philosophes comme Ferry ou BHL qui veulent absolument associer la violence aux gilets-jaunes alors qu’avec leurs discours, auxquels il faut ajouter ceux du pouvoir et de Macron, ils font tout pour la créer.
Je songe par exemple à cette galette des rois au cours de laquelle Macron en a profité pour gifler à nouveau les gilets-jaunes. Chacun a bien compris le message présidentiel quand il dit: “Les troubles que notre société traverse sont aussi parfois dus, liés au fait que beaucoup trop de nos concitoyens pensent qu’on peut obtenir sans que cet effort soit apporté. Parfois on a trop souvent oublié qu’à côté des droits de chacun dans la République – et notre République n’a rien à envier à beaucoup d’autres – il y a des devoirs. Et s’il n’y a pas ce sens de l’effort, le fait que chaque citoyen apporte sa pierre à l’édifice par son engagement au travail.”
Cette déclaration est un authentique crachat lancé au visage de ceux qui, à la moitié du mois, alors qu’ils travaillent dur et ne sont ni des professionnels de l’allocation ni des assistés, ne peuvent plus faire face aux dépenses de base! Après l’illettrisme, l’alcoolisme, le tabagisme, l’intelligence limitée des pauvres face à sa pensée complexe, les gens qui ne sont rien parce qu’ils n’ont rien, voilà une nouvelle variation sur le thème du mépris: la fainéantise des gens modestes. Qui crée la haine? Qui la sème? Qui ne cesse d’en faire usage? Qui l’excite et l’énerve alors qu’il en est son pouvoir de la calmer?
Je ne cesse de dire que notre époque s’effondre sous les coups de boutoirs de la moraline. Nos temps ont mis derrière elle la généalogie qui, jadis, avec les Lumières en un autre moment emblématique, permettait de se demander d’où venaient les choses et non s’il fallait en rire ou en pleurer comme les esprits contaminés par la moraline ne cessent de faire aujourd’hui.
Les chaînes d’information continue attendent la cogne, elles guettent la castagne, elles s’impatientent devant les foules calmes: c’est leur nourriture. Des crétins qu’on nous présente comme des journalistes -l’un d’entre eux n’a cessé de parler la veille des “planches en bois” apposées sur les vitrines des banques…- sont à l’affût du moindre vélo retourné ou de la moindre poubelle répandue sur le sol afin d’envoyer le message de la Présidence et du ministère de l’Intérieur: les gilets-jaunes sont violents. Hors dictatures, on n’avait jamais vu à un tel point la collusion entre pouvoir d’Etat et journalisme.
Faisons de la généalogie.
1 LE TEMPS DES RONDS-POINTS
Je rappelle qu’au commencement, c’était le temps des ronds-points, les gilets-jaunes revendiquaient des choses simples: du pain et de la dignité. Rien d’autre. Ils ne sont pas contre les impôts comme le disent d’autres crétins [1] qui affabulent car où et quand l’auraient-ils fait savoir? Une seule phrase d’un seul gilet-jaune disant qu’il ne voulait plus du tout payer d’impôts et je m’incline… Les gilets-jaunes ont juste dit deux choses. La première: “nous ne refusons pas de payer des impôts mais pourquoi, alors qu’ils devraient financer le service public, le voit-on disparaître dans les provinces? Nous payons des impôts directs et indirects et les écoles ferment, les maternités et les hôpitaux aussi, ainsi que les lignes de chemin de fer et les petites gares de campagne. Il existe des plans Banlieue pour lesquels les milliards coulent depuis des années, et personne n’a rien à redire à cela, mais pourquoi dans le même temps n’y en-a-t-il aucun pour les campagnes?” Il n’y a donc pas refus de l’impôt mais revendication d’un droit de regard sur son affectation, ce qui ne fait pas une revendication de droite, voire d’extrême-droite ou bien encore poujadiste, mais clairement républicaine.
Je rappelle que l’article 13 de la Déclaration des droits de l’homme stipule ceci: “Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses de l’administration, une contribution commune est indispensable; elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés.”
L’article suivant, quant à lui, dit ceci: “Les citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée.”
Ces deux articles font-il de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen un bréviaire de la haine? Un manifeste poujadiste? Un tract d’extrême-droite? Un marqueur rouge-brun du refus de l’impôt? Allons donc! Il faut raison garder…
Les gilets-jaunes demandent rien moins que le respect des Droits de l’homme: personne chez eux n’a jamais parlé contre l’impôt dans l’absolu, en soi, sur le principe, car tous savent que la force publique et l’administration de l’Etat sont indispensables et qu’il faut les financer. Aucun n’a souhaité l’abolition de la police et de l’armée, du statut de fonctionnaire dans les écoles, les hôpitaux, les gares, ni même dans l’administration du recouvrement de l’impôt puisqu’ils demandent même la pérennité et la multiplication du service public.
Ils souhaitent en revanche, et c’est le contenu de l’article 14, que l’impôt soit également réparti entre tous les citoyens “en raison de leurs facultés”. Ils ont par exemple l’impression que Carlos Ghosn, ou les grandes entreprises du GAFA, ne paient pas l’impôt proportionnellement à ce qu’ils peuvent. Ils savent en même temps qu’eux paient plein pot, si je puis dire, puisque la taxe sur le diesel était un impôt clairement levé sur les plus modestes que l’Etat prenait ainsi sciemment à la gorge. On ne sache pas que Ghosn roule (enfin roulait…) autrement qu’en véhicule hybride avec chauffeur -des voitures payées par la régie, donc par le contribuable- ou en jet privé dont le kérosène n’est pas polluant … puisqu’il n’est pas taxé! A quoi l’on voit d’ailleurs que l’écologie était un pur prétexte.
Par ailleurs, les gilets-jaunes veulent également, c’est cette fois-ci le contenu de l’article 15 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, constater par eux-mêmes la nécessité de la contribution publique! “Par eux-mêmes”, parce qu’avec le temps ils ont compris que leurs représentants ne les représentaient pas sur ce terrain parce qu’ils étaient juges et parties. Ils veulent consentir librement à l’impôt, mais ne pas être les seuls à subir celui que Macron leur impose à l’instant même où il en libère les plus riches.
Ils veulent avoir leur mot à dire sur la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée de l’impôt: autrement dit, ils souhaitent faire l’impôt par le peuple, pour le peuple, et non le subir quand il est concocté par les politiciens populicides de Maastricht. Les gilets-jaunes savent en effet que l’impôt macronien, quand il porte sur les campagnards qui se déplacent dans de vieilles voitures diesel et non dans des avions privés, n’est pas équitable, juste, égal proportionné: cet impôt se montre faible avec les forts et fort avec les faibles.
2 LE TEMPS DES PAVES
Le temps des ronds-points a été suivi par le temps des pavés. Le mouvement est d’abord profus, divers, multiple et surtout provincial. C’est l’époque où La France insoumise se tâte et se pince le nez. Clémentine Autain affirme qu’elle ne participera pas à la manifestation du 17 novembre 2018: trop de ploucs, trop de pécores, trop de péquenots, trop de provinciaux, trop de pauvres en vrai, pas assez du bon peuple relooké par Terra Nova.
Cette gauche intellectuelle et urbaine, mondaine et parisienne n’aime pas ce peuple old school qu’elle estime trop proche de Marine Le Pen -et pour cause, cette gauche germanopratine ayant tourné le dos à ce peuple, il s’est retourné vers ceux qui lui ouvraient les bras: la force du Rassemblent national s’initie dans le mépris de cette gauche mondaine pour ce peuple de gens simples et modestes dont c’est aujourd’hui le retour en jaune.
Ce fameux think tank Terra Nova a invité à jeter ce peuple aux poubelles de l’Histoire afin de lui préférer le néo-peuple constitué par les marges de ce même peuple -femmes du féminisme et LGBT, immigrants et “racisés” comme il est dit dans le vocabulaire néo-raciste, phallocrates, misogynes, violents et antisémites des banlieues, pourvu que ce soit au nom de l’islam.
Or ce néo-peuple n’est pas un anti-peuple ni même un contre-peuple, mais une partie du peuple, une partie et pas son entièreté. Une partie ne saurait revendiquer d’être le tout, sauf coup d’Etat idéologique. La gauche culturelle, l’extrême-gauche, la gauche mondaine et parisienne ont effectué ce coup d’Etat idéologique sans vergogne: ce peuple qui “fume des clopes et roule en diesel” détesté par Griveaux qui vient de la gauche maastrichtienne, la gauche culturelle l’a envoyé se faire voir chez les Le Pen. Il y est allé.
Sauf BHL qui parle pour elle, ou Ferry qui l’accompagne sur le siège arrière de son véhicule idéologique, le silence de la gauche germanopratine si prompte à se mobiliser pour les grandes causes humanistes, pourvu qu’elles ne sentent pas la nicotine et le fuel, fait sens. Où sont en effet les chanteurs et les acteurs, les comédiens et les écrivains, les sportifs et les artistes, les people et les “humoristes” qui, parfois lucides, se présentent de temps en temps comme des enfoirés?
Si l’on évite la moraline qui fait de ce peuple méprisé par la gauche mondaine de méchantes chemises brunes, fascistes, racistes, homophobes, antisémites, soraliennes, complotistes, populistes, et qu’on veut procéder en généalogiste du refoulement de ce peuple par la porte qui revient par la fenêtre, on voit bien qui il faut remercier!
Ce temps des pavés est celui des récupérations. C’est toujours un moment stratégique déterminant dans l’économie des révolutions lors de ses premiers temps. C’est aussi le moment le plus dangereux. Les sans-culottes, les sections, la Commune de Paris et les Enragés qui portaient la parole populaire après 1789 ont été instrumentalisés par Robespierre et les siens. La Loi sur les suspects, le tribunal révolutionnaire et la guillotine se trouvaient au bout de ce chemin.
On ne comprend les tergiversations de Mélenchon, donc de La France insoumise qui le suit le doigt sur la couture du pantalon, qu’en regard de son opportunisme carriériste. Comment parler de conviction chez un homme qui fut si longtemps sénateurs socialiste, ministre de Jospin, admirateur, encore aujourd’hui, de Mitterrand (au point parfois de le singer avec galurin noir et écharpe rouge…), mais surtout fervent partisan et thuriféraire de l’Etat maastrichtien pour lequel il a fait campagne en 1992, un programme qu’il n’a critiqué que bien longtemps après pour en faire son fond de commerce aujourd’hui ?
Je ne confond pas les électeurs et les sympathisants ni même les membres de La France insoumise et Mélenchon leur chef. J’ai même dit ma sympathie politique pour François Ruffin. Mais il faut avoir la mémoire courte pour ne pas se souvenir que Mélenchon ne fut acquis à la cause des gilets-jaunes bien après qu’ils eussent montré leur force et leur constance. Il adhère, mais comme la tique au chien.
Je n’oublie pas non plus que, toujours pour des raisons électoralistes, et nullement pour le bien du peuple et du pays, Mélenchon hésite entre deux lignes: un rassemblement de la gauche old school ou la fédération d’un souverainisme de gauche. Ce sont deux lignes de fractures puisqu’elles séparent la gauche libérale, maastrichienne et écologiste de Hamon, et la gauche antilibérale anti-maastrichienne. La gauche de Hamon a échoué après avoir eu les pleins pouvoirs depuis 1992. Elle avait pour objectif de réaliser le programme de l’Etat maastrichtien dont la police tabasse aujourd’hui les GJ dans la rue: Hamon devrait être modeste, toute sa carrière politique s’est faite contre ces gens qui affirment aujourd’hui en avoir par dessus la tête …
J’aime, dans La France insoumise, le lignage souverainiste de gauche. Or, Mélenchon ne sait pas s’il est rentable électoralement. Voilà la raison pour laquelle il ne le porte pas, après avoir tout de même tenté deux ou trois sorties dans cette direction en forme de ballon d’essai.
Pour l’heure, il a clairement éjecté sans ménagement [2], et par le seul fait du prince rouge, deux personnes de qualité qui incarnaient cette ligne de force: Djordje Kuzmanovic et François Cocq. Ces deux hommes auraient dû être les fers de lance d’une ligne qui tourne le dos au gauchisme mondain, urbain et parisien, souvent islamo-gauchiste, qui pèse lourd dans le logiciel électoraliste de Mélenchon.
Ce geste politique digne d’un dictateur old school montre que Mélenchon décide de la ligne tout seul -ou avec une garde prétorienne à ses ordres. S’il écrit droit et clair, pourquoi pas. Mais il écrit de travers, cherche et se cherche, puis triomphe moins dans le courage politique d’une ligne claire que dans ce qu’il sait le mieux faire: la harangue médiatique dans la logique de la vieille politique politicienne.
Le voilà qui fait l’éloge d’Eric Drouet en confessant une “fascination” -le mot est fort mais Mélenchon n’aime rien tant que se prosterner devant les leader virils. Car Drouet, c’est aussi le nom d’un acteur de la Révolution française, ce qui met le lider minimo en transe. Qui était-il? Rien moins qu’à Varennes le délateur qui donne le roi et toute sa famille… Or, Louis XVI n’est pas un assassin, lui: il n’a pas fait tirer sur la foule, il n’a rien mis en place qui ressemblerait, sur le terrain de l’injustice, à un tribunal révolutionnaire où la défense est interdite, ou, sur la façon d’appliquer cette justice, à l’activation de la guillotine en place publique. Drouet, c’est aussi un homme qui, élu à la Convention pour prix de cette dénonciation qui va induire la mort d’un homme, d’une femme et d’un enfant, excusez du peu, peu proclamer à la tribune: “C’est le moment de verser le sang des coupables. Qu’avons-nous besoin de notre réputation en Europe? De tous les côtés ne vous appelle-ton pas des scélérats, des brigands, des assassins? Et bien, puisque notre vertu, notre modération, nos idées philosophiques ne nous ont servi de rien, soyons brigands pour le bonheur du peuple!” Après la Révolution, l’homme fut sous-préfet à Sainte-Menehould, une cité bien connue pour ses pieds de cochon, et finit comme pâtissier à Mâcon, ce qui, sous la plume de Mélenchon, donne: “Le Drouet de Varennes est resté un révolutionnaire républicain jusqu’à son dernier souffle.” On ne sache pourtant pas qu’il ait révolutionné la pâtisserie.
Quant Mélenchon était trotskiste, son pseudonyme était Santerre. Qui était Santerre? Le commandant de la Garde nationale qui, au pied de l’échafaud, fit rouler les tambours afin d’empêcher que la foule entende ce que Louis XVI avait à lui dire avant d’être assassiné. C’est aussi l’homme qui, grande gueule, demanda un commandement pour aller massacrer en Vendée -une idée de Robespierre- et s’y si montra si nul qu’il fut rappelé à Paris. Il spécula sur les biens nationaux mais, même là, il fut tellement mauvais, qu’il fit faillite et mourut ruiné. Quant il nomme ses héros de la Révolution française et qu’il ne choisit pas Robespierre -un tyran-, Mélenchon avance les noms d’un délateur, Drouet, et celui d’une nullité doublée d’un trafiquant, Santerre… Chez lui qui passe pour cultivé auprès des journalistes incultes, notamment en matière de Révolution française, le choix de ces références renseigne sur sa véritable nature. Serait-il bon que Mélenchon s’empare des gilets-jaunes à la manière dont Dolmancé possède l’Eugénie du marquis de Sade? Je ne le crois pas…
Il existe une autre récupération, et elle me semble bien plus dangereuse car elle a l’appui et le soutien du pouvoir, c’est celle des casseurs -nommons-les comme ça. N’importe quel observateur de l’actualité sait qu’il existe depuis des années une frange d’individus pour lesquels la violence est en soi révolutionnaire -du moins, qui croit qu’elle précipiterait l’avènement d’une société sans classes.
On trouve ces milices armées aux sommets des G20, à Notre-Dame-des-Landes, à Davos, lors des rencontres internationales ou à l’occasion de sommets avec des chefs d’Etat, elle sont présentes à la moindre manifestation syndicale mais sont plus ou moins contenues par les services d’ordre desdits syndicats. On connaît ses actions rapportées par quantité de journaux télévisés depuis des années, bien avant les gilets-jaunes.
Ces milices laissent des traces avec des bombages clairement d’extrême-gauche: ils ont été abondamment photographiés et filmés sur l’Arc de Triomphe. On pouvait y lire ceci: “Justice pour Adama”, “Anarchiste” et son sigle, un A dans un cercle, “L’ultra droite perdra”, des signatures d’extrême gauche et bien d’autres slogans parmi lesquels un “Les Gilets Jaunes vaincront”.
Il est étonnant que “Le Parisien”, “Vingt Minutes”, France-Info TV, “Paris Match”, LCI pour ne prendre que quelques médias consultables sur le net et qui arrivent en tête des consultations quant on tape “tag arc de triomphe”, publient des photos sur lesquelles tous les slogans sont effacés, sauf le dernier. Les formules de toutes les couleurs, de toutes les graphies qui maculent le monument ont miraculeusement disparu des clichés, sauf celui qui désigne explicitement les gilets-jaunes comme seuls et uniques tagueurs…
J’ai déjà dit mon étonnement que des casseurs puissent dépaver l’avenue des Champs-Elysées sous le regard des caméras qui diffusent les images en direct sans que le ministère de l’Intérieur ne donne l’ordre de les arrêter afin d’empêcher ce qui ne manquera pas d’arriver après que les pavés auront été dégagés: ils seront balancés sur la police et dans les vitrines… Il semble que le principe de précaution, si cher au politiquement correct quand il faut pourrir la vie du citoyen lambda, cesse d’être d’actualité quand il s’agit d’empêcher les dégradations.
Mais on comprend dès le lendemain pourquoi ces détériorations ont été nécessaires au pouvoir: elles permettent aux journalistes de planter leur caméra devant l’une des trois ou quatre vitrines cassées sur les Champs-Elysées afin d’illustrer leur direct qui effectue d’infinies variations sur le thème des sauvages qui ont dégradé la plus belle avenue du monde! Pendant ce temps, on ne parle pas des revendications citoyennes et républicaines des gilets-jaunes: on montre, images à l’appui, que ce sont tous des casseurs qui détruisent, salopent, cassent, brisent, brûlent, incendient, sans une seule fois se demander pourquoi, alors que tous les Français ont pu voir tout cela tranquillement se dérouler sur leurs écrans, la police n’intervenait pas… Place Beauvau, le mot d’ordre était: “Laissez dépaver, laissez empaver, avec ça, nous allons les dépraver…”
On ne verra jamais les journalistes qui filment la casse prélever un casseur afin d’effectuer leur travail de journaliste en lui demandant qui il est, quel est son travail, quel est son niveau d’études, d’où il vient, quel est son revenu mensuel, quelles sont ses revendications. Le micro-trottoir fait pourtant partie des ficelles du métier chez les paresseux idéologisés. Le journaliste laisse croire qu’il prélève par hasard quelqu’un qui passe par là et à qui on demande son avis, alors qu’il a soigneusement sélectionné le péquin à qui il fera tenir le discours officiel du média. Le casting des pigeons fait partie du métier. Mais on n’aura jamais vu un casseur filmé qui aurait été sollicité verbalement par un journaliste afin de témoigner, même à visage couvert: et pour cause, on découvrirait alors que ces violents sont là pour la violence et qu’il leur suffit de porter un gilet jaune pour se fondre tranquillement dans la foule -et au passage discréditer le mouvement dans sa totalité avec les services du ministère de l’Intérieur et des journalistes, des éditorialistes et des intellectuels du système maastrichien.
Il faudrait également disposer de quelques renseignements sur le noyautage des casseurs par la police. C’est une histoire vieille comme le monde. On sait en effet que le pouvoir a intérêt à créer la violence qu’il instrumentalise ensuite en prétendant qu’elle vient d’ailleurs. C’est le B.A.BA du métier d’envoyer des fonctionnaires de police fomenter la violence qui agrège à elle les mécontentements de ceux qui se trouvent dans la rue justement parce qu’ils ont déjà des motifs de ne pas être contents! Le premier qui arrache un poteau de signalisation, tape dans une voiture, balance un vélib, brûle un véhicule, tague ou défonce une vitrine, crée un appel d’air dans lequel s’engouffrent des gens surchauffés par les slogans de la foule, l’ambiance fraternelle des masses, le délire festif des rassemblements, la clameur sonore des pétards et des sirènes. Pas besoin d’avoir lu ‘La Psychologie des foules” de Gustave Le Bon ou “Masse et Puissance” d’Elias Canetti pour savoir comment conduire un foule où l’on veut -pour le meilleur et, bien souvent, pour le pire.
C’est dans cette perspective qu’il faut inscrire l’épopée du boxeur qui fait reculer tout seul quelques policiers casqués, armés, protégés par le kevlar de leurs gilets, le plexiglass de leurs boucliers et leur savoir-faire d’assaut -c’est leur métier. Cet homme seul cogne, cogne, cogne et met la police de l’Etat en déroute, le tout devant les caméras de télévision du monde entier.
Les images de cette scène incroyable ont été montrées par les médias du système après avoir été montées. Hors montage, quand on montre ce qui n’a pas été monté, le film brut, on voit bien le déchaînement de violence de la police contre un groupe dans lequel se trouve le nouveau Marcel Cerdan avant son pétage de plomb. On enlève les images d’avant car elles expliquent les images d’après qui sont isolées et diffusées: il s’agit en effet de montrer une violence qui sortirait de nulle part et qui serait à elle-même sa propre cause et sa propre fin. Une violence dont la cause serait le caractère délinquant du seul boxeur.
Il suffit ensuite de transformer ce boxeur en figure emblématique de ces gilets-jaune pour en faire le porte-parole idéal: “voyez-vous comme ils sont tous? Regardez cet homme qui boxe pour boxer. Tout est là.” Ni les défenseurs du système ni les victimes du système ne s’y sont trompés.
Côté défenseur du système, le sommet a été atteint par Luc Ferry qui estime que l’une des plus grandes armées du monde devrait régler le problème en tirant -avec des armes non létales dira-t-il le lendemain, après le buzz, en feignant d’ignorer que ces armes non létales sont déjà tellement utilisées depuis le début qu’elles ont défiguré un très grand nombre de personnes. Dans son esprit il s’agissait bien d’armes létales, car, sauf à mépriser la logique, on ne saurait conseiller d’utiliser des armes dont l’usage est avéré depuis des semaines.
Côté victimes du système, une cagnotte a été organisée. Le système y est allé de sa propagande: “Une cagnotte pour payer ceux qui veulent tuer les flics.” Qui a dit cela? Quand? Où ? Cette cagnotte a été initiée par des gens qui savent que, quand on se trouve entre les mains de la justice, qui plus est de la justice d’Etat et opposé à ce monstre froid, on n’a pas intérêt à être impécunieux. Cette solidarité était celle de pauvres à l’égard de l’un d’entre eux et non une gratification de qui aurait invité à tuer la police! Il n’y a que ceux qui paient et se font payer en tout pour ne pas comprendre que l’argent est ici le nerf d’une guerre juridique. Pour l’heure, le boxeur est en prison. Il vaut mieux boxer des policiers dans les territoires perdus de la République, où le cogneur ne craint rien, que dans le centre de Paris un jour d’échauffourées, pris entre le pouvoir qui envoie ses forces de l’ordre pour maintenir un ordre injuste et les sujets qui se font tabasser pour avoir demandé en vain du pain et de la dignité depuis des semaines.
Le pouvoir a organisé une contre-cagnotte pour les policiers. Je me suis amusé des arguments convaincants de ceux qui ont estimé que les dons arrivaient surtout groupés et la nuit, ce qui pose la question d’un robot à clics -si j’osais: un robot à flics…- et des contre-arguments pas convaincants du tout du patron du site incriminé.
Les Français aiment leur police, sauf quelques gauchistes attardés. Ils savent que les CRS ne sont pas des SS, ni les gendarmes mobiles, ni les policiers qui sont bien souvent eux-aussi des prolétaires de l’Etat maastrichtien -modestes paies, conditions de travail pénibles, absence de soutien de l’Etat en cas de ce que la presse du gauchisme culturel présente comme des “bavures”. Quelques-uns qui regardent ma web-TV m’écrivent discrètement pour me raconter leur quotidien: il est plus proche de celui des gilets-jaunes que des profiteurs de l’Etat maastrichtiens qu’ils sont malgré tout professionnellement obligés de protéger et de défendre.
Après les robespierristes embusqués, les casseurs masqués, la récupération est également à craindre du côté du Rassemblement national. Car ce parti godille depuis des années en tirant des bords entre l’ultralibéralisme de Jean-Marie Le Pen et l’ultra-protectionnisme de la ligne Philippot, entre l’homophobie du premier et l’homosexualité du second, entre l’antisémitisme du père et le philosémitisme de la fille, entre la complaisance pour Pétain, Vichy, la troupe nazie, l’Algérie française du géniteur et l’aveu que la Shoah fut la plus grande catastrophe de son siècle effectué par sa fille, on se perd.
Si l’on prend acte que le Rassemblement national n’est plus le Front national, car un changement de tête et un nouveau nom ne sont pas rien, les choses ne paraissent pas plus claires: entre l’ultralibéralisme du grand-père repris et porté par sa petite fille Marion Maréchal très suivie dans le parti, et le protectionnisme social de sa tante, quelle ligne est celle du RN? Et puis, on l’a vu lors de ce fameux débat d’entre les deux tours de la présidentielle, qu’en est-il de l’euro? De la monnaie unique? De l’Europe? Faut-il un Frexit? Doit-on sortir de l’Etat maastrichtien? Est-il envisageable de revenir au franc? Est-ce qu’une monnaie commune pourrait exister en lieu et place d’une monnaie unique? Sur ces sujets Marine Le Pen godille sévère.
Or, le mouvement des gilets-jaunes est très clairement l’aveu d’une souffrance induite par l’Etat maastrichtien depuis 1992. Les médias du régime parviennent à éviter cette question qui est totalement absente des débats, pourtant nombreux, parce que c’est la véritable généalogie de ce qui advient.
In fine, la généalogie des généalogies du mouvement des gilets-jaunes, c’est celle-là: l’Etat maastrichien broie les plus faibles depuis plus d’un quart de siècle pendant qu’elle rend la mondialisation heureuse à une aristocratie arrogante et cynique, suffisante et insultante.
On ne voit pas que Marine Le Pen ait envie de remettre en cause cet Etat-là par une proposition dont j’estime qu’elle devrait être communaliste libertaire afin de permettre un réel pouvoir du peuple par le peuple pour le peuple. Sous la pression du réel, Marine Le Pen à Matignon ou à l’Elysée, ce ne serait guère plus que le retour de Charles Pasqua.
3 LE TEMPS DES PROVINCES
L’acte IX semble ouvrir un troisième temps: celui des provinces. C’est également celui des brassards blancs. Après le temps des ronds-points, le temps des pavés, voici donc venu le temps des provinces. “Monter à Paris” était tentant: c’est le lieu du pouvoir, c’est la ville du cynisme et de l’opportunisme, c’est le champ d’action des Rastignac, on y trouve toute la France d’en-haut qui tient dans une main de fer toute la France d’en-bas. L’envie d’aller narguer ces gens-là était compréhensible. Mais c’était se jeter dans la gueule du loup.
Le centralisme de l’Etat français depuis Philippe le Bel, confirmé par Louis XIV, les jacobins de 1793, Napoléon, Pétain ou le général de Gaulle, a fait de la capitale la tête -l’étymologie en témoigne- d’un corps fait de provinces ponctionnées et aux ordres. Ce chef, toujours l’étymologie, se nourrit du sang et de l’énergie des régions. Les girondins, décapités par Robespierre et les siens, n’ont pas demandé par hasard que Paris fut réduit à 1/83° de son influence -autrement dit : que cette ville pèse autant qu’un autre département français et pas plus.
Le repli stratégique en province avec dissémination géographique rend le mouvement insaisissable par la police, l’armée et les journalistes qui tiennent leur camp à Paris. Il devient incontrôlable et les casseurs qui sont peu ne pourront être partout. L’infiltration par la police n’est plus possible pour les mêmes raisons. D’autant qu’en province, chacun se connaît et il est plus facile de repérer les casseurs venus d’ailleurs, le gilet-jaune qui dérape entraîné par eux ou le policier qui travaille à ce que l’on appelait jadis les Renseignements généraux.
Un seul foyer parisien se noyaute facilement: c’est un cas d’école pour les forces de l’ordre. Une multiplicité de foyers dispersés, éparpillés, donne moins un signe de faiblesse qu’un témoignage d’une force recouvrée ailleurs et autrement. S’il fallait recourir à des métaphores militaires, renvoyons à ce que Clausewitz nommait la “petite guerre”, la guérilla, capable de faire pièce à la “grande guerre” ancien modèle.
Précisons que cette petite guerre doit être pacifique: le non-violence est supérieure à la violence pour parvenir à ses fins. L’apparition de brassards blancs qui distinguent le service d’ordre est le premier pas positif vers l’organisation nécessaire afin d’écarter les charognards de la politique politicienne, tous, sans exception, et pour couper à la base toute velléité d’instrumentalisations médiatico-politiques.
Quitter les pavés de Paris, revenir en province, là où tout a commencé, mais ailleurs que sur les ronds-points, voilà qui fait sens. Solliciter les brassards blancs pour le service d’ordre, voilà un autre signe que du désordre peut naître un ordre nouveau. Voici une pulsion, une impulsion, une énergie qui prend forme, donc force.
Les provinces sont les lieux historiques de cette révolte contre l’Etat maastrichtien devenu empire. Créer un parlement délibératif dans chacune d’entre elle, mais pas seulement, serait un grand pas. Aller en mairie pour répondre aux questions du catéchisme maastrichtien proposées par Macron n’est pas la solution: il enfume et embrouille, il n’en fera rien, il l’a déjà dit, il ne changera pas de cap. Voici l’heure venue des girondins contre les jacobins. Cet acte IX pourrait bien être l’acte I d’une nouvelle pièce… A voir.
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[1] Christophe Bourseiller: “Les gilets jaunes évoluent dans une orbite idéologique de droite”
[2] https://www.marianne.net/politique/melenchon-bannit-cocq-les-enseignements-tres-politiques-d-une-querelle-entre-insoumis
Source : Michel Onfray, janvier 2019