mercredi 20 décembre 2017

[Lutter contre le management] Baptiste Rappin: «Le management est une arme cognitive, jouant sur nos modèles mentaux» + Tirez parti de la crise, changez votre vie par Charles Sannat / [ Fight against the management] Baptiste Rappin: " the management is a cognitive weapon, playing on our mental models " + Take advantage of the crisis, change your life by Charles Sannat

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    Baptiste Rappin: «Le management est une arme cognitive, jouant sur nos modèles mentaux»

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    Edouard Chanot
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    Le management dépasse le cadre de l’entreprise pour s’immiscer partout, y compris en politique. Loin d’être une discipline «neutre», il est porteur d’une vision du monde. Entretien avec Baptiste Rappin, pour décrypter cette révolution silencieuse, vectrice d’un monde américanisé.
    La République française est aujourd'hui en Marche et elle entend marcher joyeusement avec efficacité. Et pour cela, rien de plus efficace que le management. Ainsi LRM souhaite-t-elle bouleverser la politique par les méthodes de l'entreprise. Ses candidats, rappelons-le, avaient été sélectionnés sur dossier en bonne et due forme avec CV, lettre de motivation et entretien. Voici donc venu le rêve des managers: finie la politique des apparatchiks, transformons les partis en start-up, plaçons à leur tête un DRH qui ne manquera pas de transformer les mandats des élus en CDD.

    Efficacité, disions-nous. Mais cela est-il aussi simple? Le management est une révolution… Or, «l'enfer est pavé de bonnes intentions», nous enseigne le bon sens. Et comme nous le savons, les révolutions ont toujours des conséquences inattendues.

    Alors justement, pour comprendre ce qui se trame et risque fort d'advenir, nous accueillons Baptiste Rappin, qui enseigne à l'institut d'administration de Metz, et vient de publier Au régal du management, le banquet des simulacres, aux éditions Ovadia.

    La troisième voie managériale
    «Quand on est étudiant en école de management, on a l'impression de recevoir des méthodes et des processus qui visent à optimiser le fonctionnement de toutes les organisations: entreprises, mais aussi association, hôpitaux, armée. Même les maternelles s'y mettent. Mais c'est plus complexe que cela quand on lit les fondateurs du management. Taylor offre la synthèse de sa doctrine en 1911: que vise-t-il? Le pacifisme. Ce dont il faut se débarrasser en premier, c'est tout type de conflits. Ce qui est visé ici, c'est la lutte des classes. Taylor n'a jamais collaboré avec les syndicats, car ils sont porteurs d'une vision belliqueuse et belligène des relations. Mais aussi éliminer tous les conflits qui naîtraient de la divergence des intérêts individuels. Ni marxiste ni libéral, Taylor s'inscrit dans la troisième voie que l'on nomme l'industrialisme, qui vise à établir le règne d'une fraternité universelle. Le projet du management, c'est celui du pacifisme.»

    La révolution permanente du management

    «Il s'agit de mettre aux commandes de l'État des hommes d'affaires. Le management et l'efficacité prennent les commandes. Il y avait des infiltrations du management sous la forme d'audit dans les administrations précédentes, mais là c'est un projet enfin assumé et explicite. Le management est une révolution en lui-même: ce qu'il promeut c'est "l'amélioration continue" comme on dit dans le jargon de la qualité totale. Le changement est l'ordre normal des choses. Le management est un monde sans repos.»

    L'intention managériale
    «Le management est la science du travail dans une société industrielle. Il est de coutume d'opposer les nouvelles modes managériales, à partir de la Seconde Guerre mondiale, aux anciennes manières de procéder, séparant un taylorisme autoritaire et hiérarchique de nouvelles modes comme le coaching ou le bien-être en entreprise, qui —enfin!- réconcilieraient le bonheur et la performance.
    Je m'inscris en faux contre cette perspective, car je considère que nous sommes encore fidèles au projet taylorien tel qu'il a été écrit. Il ne faut pas oublier que Taylor était quaker. Il parle de "friendly cooperation". Il y a un peu de l'homo festivus chez Taylor: on doit travailler, mais dans la bonne humeur et en se considérant comme des frères les uns des autres. C'est de la sécularisation de l'évangélisme américain. La révolution cybernétique a placé l'information au cœur de notre société. Mais la cybernétique reprend ces grands thèmes de la révolution industrielle, du Salut par l'organisation et l'efficacité.»
    Face à la docilité, réenraciner
    «J'apprends à mes élèves à se distancier, à prendre du recul avec ce management. Le management ne va pas de soi: il est questionnable et porteur en lui d'une vision philosophique et géopolitique très actuelle. On peut certainement diriger les hommes autrement, mais non les manager autrement. Il existe des traditions de direction, de conduite, d'animation d'équipes qui sont civilisationnelles, nationales, parfois régionales, qui n'entrent pas dans le giron du management. La logique contractuelle des États-Unis n'est pas celle de l'honneur et de rang qui caractérise la France du fait de son héritage d'Ancien régime. (…) La docilité provient du corporatisme qui sous-tend le management: en arrangeant l'environnement, on en sortirait le comportement qu'on veut: la docilité s'appuie sur une sorte de superficialité de l'être humain, qui ne serait qu'une surface de stimuli et de réponses. Réenraciner suppose de lui donner une certaine intériorité et une certaine verticalité pour sortir de cet aplanissement.»

    Un vecteur du soft-power américain
    «Les deux coups d'envoi du management, Taylor et la cybernétique, sont américains. (…) Les États-Unis ont développé des armes culturelles dont font partie le cinéma, l'art contemporain, mais également le management, c'est-à-dire "la façon américaine d'organiser le travail". Que s'est-il passé en France? La discipline des sciences de gestion a été reconnue officiellement dans les années 70. La première génération française a été se former parmi les fondateurs du management contemporain, ils ont obtenu leur Ph.D. aux États-Unis. (…) Le management est là pour, en permanence, remettre en question ce qui est institué au nom de la révolution continuelle pour l'efficacité. C'est une arme cognitive, car elle joue sur nos modèles mentaux.»
    Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.
    source : https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201711211033980909-arme-cognitive-management/
    Un article plus ancien... mais toujours d'actualité et pertinent 
    « Tirez parti de la crise, changez votre vie !»

    Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

    C’est la crise, c’est terrible, il n’y a plus de travail, c’est tellement dur, que vais-je devenir ? Ces questions là mes chers amis lecteurs, je les entends désormais presque tous les jours, dans les transports, chez mes proches, dans ma famille ou encore dans vos mails nombreux.
    Aujourd’hui, parce que l’économie n’est pas une science dure, mais une « science sociale » je voulais vous parler de vous. Je voulais remettre l’individu, défini par sa capacité de choisir, au centre de la réflexion. De votre réflexion. Vous en ferez bien ce que vous voudrez ou ce que vous en pourrez. Il n’y a dans les considérations que vous pourrez lire qu’une infinie bienveillance à l’égard de toutes et tous, la vie étant pour beaucoup faites de vicissitudes et de difficultés surmontées avec plus ou moins de succès.

    Ne vous demandez pas ce que l’Etat peut faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour vous aider vous-mêmes !!

    La phrase que vous venez de lire est un plagiat d’une citation un peu déformée et adaptée d’un Président américain. N’imaginez pas que dans ma bouche ce soit une ode au libéralisme le plus débridé ! Telle n’est pas ma vision des choses, mais au bout, du bout, tout au bout du compte, se trouve votre vie résumée par une succession de choix ou de non-choix plus ou moins heureux ou malheureux.

    Notre vie est la conséquence de ces choix

    Pour bien vivre, l’idée générale doit tourner autour de notre capacité à faire le moins de mauvais choix possibles, car évidemment nous en faisons tous des erreurs. Parfois, quand l’accumulation de mauvais choix est trop importante, la situation devient critique. Trop de nos concitoyens terminent dramatiquement sur les autoroutes sans radar du suicide avec plus de 11 000 morts par an et plus de 200 000 blessés. La société blesse. La société exerce une violence sur les âmes. La société peut retirer beaucoup de sens… MAIS, nous restons dans notre esprit fondamentalement libre de penser si nous faisons l’effort de penser et de poser des actes de choix issus d’un processus de réflexion.

    La souffrance au travail n’est pas une fatalité

    Il y a ceux qui ont compris parce qu’ils ont pu poser les mots sur leur situation, et toutes celles et ceux par millions qui souffrent tous les jours en silence, allant travailler la peur au ventre parce qu’il n’y a pas le choix, parce qu’il y a 6 millions de chômeurs, parce qu’il faut bien payer les crédits et accessoirement élever ses enfants.
    Vous devez bien comprendre que c’est normal de raisonner de cette façon-là car c’est exactement de cette façon-là que l’on veut que vous raisonniez.

    Les techniques de management sont en réalité des techniques de manipulations psychologiques

    Vous n’avez pas idée de la puissance des idées et des mots. Ils détruisent, ils font mal, ou au contraire, ils élèvent, ils grandissent, ils mobilisent.
    Le problème c’est que depuis une vingtaine d’année les mots sont utilisés à des fins malsaines dans le but soit de « fabriquer le consentement » des masses, comme l’a si bien écrit et expliqué l’activiste américain de gauche et brillantissime linguiste Noam Chomsky ce qui n’est qu’une forme d’endoctrinement moderne, soit comme techniques dites de management; ces techniques, et nous allons y revenir, ayant pour objectif de vous asservir au totalitarisme marchand.

    Les techniques de management c’est quoi ?

    Ce sont des outils basés sur l’étude de votre fonctionnement psychologique… enfin pas du vôtre, celui de façon générale de l’être humain.
    Tous les managers vont être formés selon un principe pyramidal à ces techniques. Les petits encadrants n’auront droit qu’à la formation de base sans même comprendre la portée réelle de la puissance de ces premiers outils ni de leur dangerosité et qui seront dans des mains totalement incompétentes.
    Plus vous monterez dans la hiérarchie, plus les outils auxquels vous aurez accès seront puissants et redoutables. L’idée c’est que le N+2 puisse avoir les moyens de pressurer le N+1, qui lui même dispose des outils pour pressurer les masses laborieuses d’en bas.
    Prenons un exemple. Le petit commentaire glissé le vendredi soir à 17 heures juste avant votre week-end. « Pierre-Paul-Jacques, vous passerez me voir lundi à 10 heures dans mon bureau, il faut que je vous vois ». Rien d’autre évidemment, pas d’explication.
    Vous allez me dire, celle-là je la connais (je sais c’est fait pour cet exemple, on a tous les mêmes chefs à la con qui ont suivi les mêmes formations venues des Etats-Unis et conçues par les mêmes grands cabinets de conseils), c’est pour me faire passer un sale week-end et me mettre la pression… erreur !
    C’est pour déclencher en vous un processus de culpabilité qui va conduire à votre mise en infériorité psychologique. Vous devez vous sentir inférieurs au chef. Un être qui se sent inférieur est docile.

    Comprenez-moi bien. Vous n’êtes pas inférieurs. MAIS vous devez vous sentir inférieur.

    Nous pourrions multiplier les exemples à l’infini.
    Une autre phrase type dans cette logique c’est quand un collaborateur répond à une question en disant à son chef « je crois que… blablabla ». Le chef martial lève la tête et dit d’un air glacial et sans appel « vous croyez, ou vous êtes sûr »… le message implicite est clair, « vous êtes une grosse merde en état d’infériorité et moi y en a être le grand chef omniscient ».
    Vous pouvez tenter comme moi de jouer le malin en lui expliquant que par définition, si vous dites « je crois » il faute comprendre « je crois », ce qui implique une potentialité d’incertitude et de marge d’erreur dont l’analyse brillante de sa sainteté le chef devrait lui permettre de prendre quand même une décision basée sur des éléments partiels ce qui est le boulot d’un chef… Bon je vous le dis tout net, cette approche permet de vous faire plaisir, de sauvegarder en totalité votre estime de soi, mais rarement de favoriser une forme d’ascension dans votre carrière…
    Je rappelle au passage que si vous dites « je crois » c’est que l’on vous formate depuis l’école à ne pas être sûr de vous !!! Si vous dites « je » dans une rédaction on vous explique que ce n’est pas bien, que c’est très prétentieux, et qu’il faut faire preuve de modestie (quand j’ai répondu que « JE pense, donc J’écris, donc JE suis » ce qui était parfaitement juste dans le contexte concernant mon utilisation abusive du pronom « JE » dans ma dissertation, je suis parti viré pour insolence)… Pourquoi ? Parce que seul(e) la maîtresse, le maître (le mot en lui-même n’est pas un hasard) ou le professeur est un « sachant qui sait »… vous, vous ne savez rien, vous vous taisez, vous obéissez !!
    Là encore l’Education nationale a un gros travail à fournir avant de réussir à renforcer l’estime de soi des élèves, ce qui est évidemment la base pour lutter contre l’échec scolaire. Mais c’est un raisonnement sans doute trop complexe pour une telle institution, à moins que l’éducation ne serve pas à éduquer mais à formater de bons consommateurs bien obéissants.
    Néanmoins cette approche est indispensable car nous n’avons pas encore parlé de l’essentiel. L’essentiel c’est la conséquence de votre mise consciente en infériorité.

    La conséquence, la perte d’estime de soi, et c’est dramatique.

    Soyons direct. Quand on vous dit que vous êtes nuls en permanence c’est difficile d’avoir confiance en soi.
    L’obéissance et la soumission que le totalitarisme marchand veut générer chez vous a pour conséquence la destruction de votre « estime de soi ».
    L’estime de soi, c’est une idée essentielle de la construction psychique de chaque individu, de chaque être humain.
    Basiquement, cette estime de soi est construite, si tout se passe bien, par vos parents pour qui vous êtes le plus beau, le plus grand, le plus merveilleux, le plus précieux des trésors.
    Vous êtes un être exceptionnel dans le regard rempli d’amour de vos parents. C’est de cet amour que vous pourrez tirer la force, bien plus tard, d’affronter le monde des grands (pas toujours
    joyeux) !
    Ceux qui n’ont pas cet amour infini et inconditionnel, cette admiration permanente et le regard attentif de leurs parents, ceux-là seront des blessés à vie et pour beaucoup hélas nous les retrouverons dans les statistiques d’une insondable tristesse que je citais plus haut.
    Ce que je veux vous dire, vous faire comprendre, et faire comprendre à ceux autour de vous dont vous pouvez percevoir la détresse, c’est que l’on ne peut pas survivre longtemps à la destruction de l’estime de soi.
    Or les techniques managériales détruisent l’estime de soi , ce qui est justement leur cible, pour vous rendre dociles et corvéables à merci.

    Vous serez de plus en plus nombreux à devoir choisir entre vous et votre travail !

    Lorsque l’on est lucide, si je pose la question « vous préférez vivre ou vous suicider en raison d’une dépression causée par la perte d’estime de vous au travail ? ».
    Normalement vous allez le dire je préfère vivre… sinon c’est que vous en êtes à un stade trop avancé et dans ce cas là cela doit faire sonner un signal d’alarme. Dans ce cas vous ne seriez plus lucides.
    Le problème c’est qu’hélas, la question est rarement posée en ces termes. Au contraire, votre entourage, bien intentionné et bien formaté aussi, va vous sortir l’ineptie suivante : «  Quooooooaââââ ??? démissionner ? Mais tu n’y penses pas, toi qui as un très bon travail, un beau salaire ? »… si vous laissez faire 10 secondes de plus vous aurez droit au sempiternel « mais qu’est-ce que tu vas faire ? ».
    Le postulat de base erroné est que vous devez tout faire pour garder votre travail. A tout prix. Que votre travail lui ne vous garde pas à tout prix et que vous soyez « virables » à n’importe quel moment ne doit surtout pas rentrer dans la réflexion, pas plus que le fait que si vous continuez dans ce boulot, vous finirez au cimentière avec l’épitaphe suivante : »
    Ci-gît Pierre-Paul-Jacques mort parce qu’il avait peur de quitter son boulot »…

    « Sannat vous vous mettez en danger »…

    Pour détendre un peu l’atmosphère, à l’époque où j’étais banquier il y a fort longtemps, j’avais eu l’outrecuidance au bout tout de même du 4ème hold-up à mains armées dans mon agence, d’écrire au Directeur du Groupe (un truc qui ne se fait pas, vu que cela ne suit pas la sacro-sainte voie hiérarchique) pour lui expliquer qu’au bout de 4 braquages en un an, ça serait bien d’installer un sas de sécurité et pas juste un panneau portes-ouvertes… bon évidemment, j’ai été convoqué pour une séance de soufflante devant le n+1, +2 et +3 réunis pour une séance d’exécution publique. Et le N+3 a eu cette admirable remarque en citant mes propos mon courrier sous les yeux « Sannat, vous ne vous rendez pas compte, avec ce genre de lettre, vous vous mettez en danger »…
    Vous imaginez ma réaction évidemment… j’ai à mon tour soulevé les sourcils, utilisé l’arme fatale du silence (le silence est une arme terrible, un jour je vous expliquerai) et d’un ton glacial je lui ai répondu que « effectivement Monsieur, vous avez parfaitement raison. Chaque jour où je viens travailler, chaque heure passée ici me met dans un très grand danger. Vous avez parfaitement raison de si bien le dire après 4 braquages et toujours pas de sas ».
    Bon l’agence a un eu un sas de sécurité et moi une mutation directe à l’agence ANPE (à cette époque on comptait en francs et on pointait à l’ANPE)… mais j’étais encore en vie.
    Tout n’est pas possible, tout n’est pas acceptable et votre vie, souvent, vaut bien plus que votre emploi, même quand il y a 6 millions de chômeurs…

    Tirez partie de la crise, changez votre vie, et changer votre vie c’est changer votre façon de voir!

    Tirer profit de la crise n’est pas qu’une question d’argent. C’est bien l’argent, c’est super, c’est indispensable même, mais le bonheur ne s’achète pas, même si l’argent nous évite les malheurs matériels l’argent ne protège pas des maladies, de la tristesse ou encore et c’était l’objet de mes réflexions de la destruction massive de l’estime de soi des gens.
    Alors, oui, il faut le dire, tirer partie de la crise c’est aussi savoir dire non, c’est aussi savoir demander ou négocier une rupture conventionnelle, c’est aussi savoir se réorganiser pour vivre autrement, pour gagner moins et vivre mieux ou vivre plus.
    La crise fait que beaucoup parmi vous perdront leur travail, ou auront peur de le perdre.
    Comment vivre sa vie dans la peur permanente ? Comment vivre quand votre chef lamine votre âme avec comme enjeu un pauvre tableur excel dont la case numéro 57892 n’a pas été incrémenté du bon chiffre… Tout cela est dérisoire, dérisoire et pourtant c’est tout votre environnement, toute votre vie, impossible de vous projeter sans votre tableur excel et votre chef caractériel parce que toute la société vous conditionne à supporter cela.
    Certains font le choix de tout quitter, de changer de vie. Pour certains ça marche. Pour beaucoup… ça foire !
    Je ne veux pas vous dire de quitter votre job ! Loin de moi cette idée-là et chacun doit vivre sa vie. Ce que je vous invite juste à faire en revanche, c’est à réfléchir aux conditions de votre servitude.
    Qu’est-ce qui vous rend dépendant au point de supporter les pires humiliations ? L’égo ? L’ambition ? L’argent ? Les crédits à rembourser ? La peur ? Le carriérisme ? Peu importe vos réponses. Elles ne concernent que vous.
    Ce qu’il faut en revanche c’est que vous pensiez dès maintenant à ce que vous ferez si votre travail vous quitte ou si le burn out vous brûle les ailes.
    Comment créer les conditions de votre émancipation ? Il existe quelques réponses comme le désendettement, la simplicité volontaire et la baisse consciente de vos besoins, la constitution d’une épargne ou même, l’investissement dans votre futur outil de travail ou dans des savoirs-faire, sans oublier le déménagement pour aller dans des endroits moins chers.
    Se préparez à ne pas subir la crise c’est chercher à ne pas attendre, à ne pas être passif, à ne pas subir en vain et sans visibilité.

    Oui le travail tue, et il tuera de plus en plus.

    Ne soyez pas une victime et pour ne pas être une victime il faut être indépendant car la main qui reçoit est toujours placée en dessous de celle qui donne. N’oubliez pas comme le disait Saint-Exupéry que l’on ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux. Ne participez pas à la pression sociale qui consiste à critiquer malgré vous ceux qui n’en « peuvent » plus et qui veulent tout plaquer… entendez leurs souffrances et n’ayez pas peur, une autre vie est toujours possible!
    En fait ce que je voulais vous dire c’était de prendre soin de vous.
    Préparez-vous, il est déjà trop tard !
    Charles SANNAT
    http://www.insolentiae.com/tirez-partie-de-la-crise-changez-votre-vie-ledito-de-charles-sannat/



    Et si c'était ça, la clé du bonheur ? / And if it was that, the key of the happiness?

    La Lettre de Xavier Bazin

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    Chers amis,
    Parmi toutes mes lettres, voici celle qui vous a le plus touché en 2017, de loin (462 commentaires incroyables d'enthousiasme !).
    Un immense MERCI à vous tous, chers amis, chers lecteurs - c'est vous qui m'insufflez l'énergie qui m'anime !
    Joyeux Noël et excellentes fêtes à tous,
    Xavier Bazin 



    Et si c’était ça, la clé du bonheur ?


    Cher(e) ami(e) de la Santé,

    C’est une leçon de vie qui restera toujours gravé dans ma mémoire.

    C’était en Tanzanie. Je revenais des gorges d’Olduvai, considérées comme le berceau de l’humanité… car c’est là où tout a commencé pour nous, hominidés !

    Encore sous le coup de cette charge symbolique, je me dirigeai vers mon deuxième objectif de la journée : la rencontre avec les Massaï.

    Les Massaï sont un des tout derniers peuples au monde à vivre selon les coutumes et traditions de leurs ancêtres – et cela, depuis des milliers d’années !

    Semi-nomades, ils migrent chaque année au Kenya lorsque la saison sèche frappe la Tanzanie. Ils emmènent alors leurs troupeaux de vaches, chèvres et moutons… et, arrivés à destination, ils reconstruisent entièrement leur village.

    Ce jour-là, j’ai eu la chance d’être accueilli par le fils du chef du village. Il me conduisit dans sa « maison », une sorte d’igloo fait de boue, de bouse de vache et de branchages.

    Et c’est dans cet espace minuscule, au confort plus que rudimentaire, qu’il me fit cette confidence qui me laissa sans voix.

    Lui, le guerrier massaï qui me faisait face, était diplômé de l’Université de Dar es Salam, la capitale économique de Tanzanie !

    • Mais, mais… lui-dis-je, n’avez-vous pas eu la tentation de rester en ville ? 
    • Jamais de la vie, me sourit-il avec un enthousiasme et une sincérité désarmante. Je suis beaucoup plus heureux ici ! 
    Cet homme avait goûté pendant plusieurs années au confort de la vie moderne… et pourtant, pour rien au monde il n’aurait renoncé à la vie massaï, rythmée par la tradition, les lois de la nature et la cadence des saisons.

    Comment est-ce possible ? Qu’avait-il compris du bonheur qui m’échappait totalement ?

    La réponse, je crois, est que notre vie moderne n’a pas que des bons côtés : elle comporte aussi des pièges cruels et difficiles à déjouer… sauf si l’on nous en donne les clés !

    Premier piège : l’abondance

    Le confort est un bienfait incontestable… mais il ne fait jamais le bonheur.

    Des psychologues l’ont montré de façon frappante en étudiant des gagnants du loto : ces « heureux élus » vivent quelques mois d’euphorie… mais au bout d’un an environ, ils reviennent presque toujours à leur niveau de bonheur d’avant.

    Ils ont beau avoir une grande maison, une voiture de luxe et un confort matériel incomparable avec leur vie d’avant, ils ne sont pas plus heureux. Pour une raison simple : ils s’y sont habitués.

    En fait, il nous est très difficile de nous réjouir d’une source de bonheur si elle est là tous les jours. On finit par trouver cela normal et on n’y pense plus.

    On oublie qu’avoir deux jambes pour marcher est une chance énorme… jusqu’au jour où l’on se fracture la cheville.

    Les psychologues appellent cela « l’habituation hédonique » : c’est notre tendance à tenir pour « acquis » tout ce que nous avons.

    Et sur ce point, les sociétés traditionnelles ont un avantage.

    Là-bas, manger à sa faim, boire à sa soif, survivre aux caprices de la nature n’est jamais totalement garanti. Ils en retirent donc un bonheur quotidien plus profond et durable.

    Voici comment l’agriculteur et écrivain Pierre Rabhi parle de la petite communauté algérienne de son enfance :
    « Ici, l’existence s’éprouve d’une manière tangible. La moindre gorgée d’eau, la moindre bouchée de nourriture donne à la vie sur fond de patience toujours renouvelée, une réelle saveur. On est prompt à la satisfaction et à la gratitude dès lors que l’essentiel est assuré, comme si un jour vécu était déjà un privilège, un sursis». [1]
    Avec l’abondance, au contraire, on risque toujours de ressembler à ces enfants gâtés… qui ne réalisent pas la chance qu’ils ont… et qui n’arrêtent pas d’en réclamer davantage

    Plutôt que de penser à ceux qui n’ont pas leur chance, ils trépignent de ne pas posséder ce que leurs camarades viennent d’avoir.

    Voilà pourquoi la course à l’accumulation des richesses ne conduit jamais au bonheur ! Car il y aura toujours autour de nous quelqu’un de mieux loti, que l’on pourrait jalouser.

    Et c’est une pente d’autant plus dramatique qu’il n’y a rien de plus précieux dans la vie d’un être humain que d’entretenir des relations saines et profondes avec ses semblables.

    Deuxième piège : la solitude

    Tout le monde le sait, intuitivement : le plus grand trésor qu’il nous est donné d’avoir sur cette terre, c’est l’amour et l’affection qui nous lie aux autres.

    Cela a même été prouvé scientifiquement, grâce à l’incroyable « étude de Harvard », commencée en 1938 et encore poursuivie aujourd’hui. 

    Depuis 80 ans, des chercheurs examinent minutieusement le parcours de vie de plus de 700 Américains diplômés à la fin des années 1930. Chaque année, ils réalisent avec eux des interviews approfondies et examinent leurs bilans de santé.

    Aujourd'hui, leur conclusion est sans appel : ce qui rend heureux et en bonne santé, ce n’est ni l’argent, ni le succès… mais le fait de nouer des relations étroites, amicales ou amoureuses ! [2]

    Selon le Dr Waldinger, qui a dirigé les recherches :
    « La conclusion la plus nette que nous pouvons tirer de cette étude de 75 ans est celle-ci : de bonnes relations nous maintiennent heureux et en bonne santéC’est tout. »
    Le problème, malheureusement, c’est que la modernité ne nous y aide pas vraiment !

    Les Massaï, eux, n’ont aucun effort à faire : de leur naissance à leur mort, ils ne sont jamais seuls. Ils jouissent d’interactions permanentes avec les membres de leur village, qui n’est autre qu’une grande famille de 150 personnes environ.

    Dans nos sociétés modernes, au contraire, on peut choisir de passer toute la journée derrière un écran de télévision et d’ordinateur, sans jamais sortir de chez soi…

    Or la solitude n’est pas seulement liée au malheur : elle est aussi la cause directe d’un état de santé dégradé : mort prématurée [3], déclin cognitif [4], crise cardiaque. [5]

    Et malheureusement, les « amis virtuels » que nous offre la technologie (Facebook…) ne sont pas d’un grand secours. Rien ne remplace le contact face à face, yeux dans les yeux. [6]

    Les nouvelles technologies sont décidément à double tranchant. Si vous n’y prenez pas garde, elles peuvent même vous entraîner dans le dernier grand piège de notre temps :

    Troisième piège : la vitesse

    Il suffit de passer quelques minutes au cœur d’une grande ville pour en faire l’expérience : bruits, feux rouges, voitures, passants, panneaux publicitaires, vitrines : notre état de conscience est interrompu sans arrêt par un flux ininterrompu de stimulations.

    Et avec les nouvelles technologies, c’est encore pire : sonneries, SMS, emails, tweets… notre esprit est sollicité et interrompu en permanence.

    Le problème est que notre cerveau n’est pas du tout fait pour cela. C’est au contraire le meilleur moyen de le faire dépérir !

    Car notre bien-être dépend en grande partie de notre capacité à être attentif : c’est lorsque nous sommes réellement présents à ce que nous faisons que nous sommes le plus heureux.

    Or la sur-stimulation de notre temps détraque notre attention et entraîne notre cerveau dans un tourbillon incessant. Il est incapable de fixer son attention… et en ressort lessivé !

    Mais la bonne nouvelle, c'est que ce piège-là, comme les deux autres, possède son antidote !

    Ils peuvent tout à fait être déjoués par des solutions simples et faciles à suivre !

    Cultivez la simplicité avec ce mantra secret

    Et cela commence par un maître mot, la simplicité.

    Cultiver la simplicité, ou la sobriété, c’est aller à l’essentiel. Comme dans une vieille maison, il est important de faire le tri… et se débarrasser du superflu et des distractions.

    C’est renoncer à l’accumulation de biens matériels dont nous n’avons pas besoin. C’est jouir des plaisirs simples de la vie en y étant pleinement présent.

    Être « simple d’esprit », ce n’est pas être stupide, bien au contraire.

    C’est fuir les complications et les distorsions de la vie moderne pour mieux embrasser une vie sobre, profonde et authentique.

    Ce n’est pas évident, bien sûr. Comme le rappelle le Pr Kabat Zinn :
    « Il est tellement facile de regarder sans voir, d’écouter sans entendre, de manger sans rien goûter, de ne pas sentir le parfum de la terre humide après une averse, et même de toucher les autres sans être conscient des émotions que l’on échange » [7] 
    Heureusement, il existe des exercices pratiques qui nous aident à revenir à l’essentiel.

    L’un d’entre eux est le « mantra secret », révélé par le philosophe Matthieu Ricard :
    « Voici le mantra qu’un maître tibétain a recommandé. C’est le mantra le plus secret qu’on puisse imaginer, je me demande même si j’ai la permission de le partager avec vous. Le voici : « je n’ai besoin de rien ». 

    Répétez-le dix fois de suite. Vous verrez, on se sent si bien ! »
    Voilà le premier pas vers le bonheur : réaliser qu’on n’a pas besoin d’avoir « toujours plus » pour être heureux.

    Musclez votre esprit, entraînez le à la sérénité

    Mais cela ne suffit pas, évidemment.

    Si on le laisse à lui-même, notre cerveau se compare, jalouse, rumine… et ce ne sont pas les sur-stimulations permanentes du monde moderne qui l’aident à se calmer !

    Voilà pourquoi il est crucial de muscler notre cerveau dans la durée pour l’habituer au calme et à la satisfaction du moment présent.

    Et pour y réussir, je ne connais pas meilleure pratique que la méditation en pleine conscience.

    Ne soyez surtout pas intimidé par ce terme de « méditation ». C’est beaucoup plus simple et « terre à terre » qu’on ne le croit : il s’agit uniquement de s’arrêter quelques secondes ou quelques minutes dans sa journée, et de se concentrer sur l’instant présent.

    Écouter votre cœur battre, sentez votre respiration, faites un « scan corporel » en essayant de ressentir chacun de nos membres (jusqu’à vos doigts de pieds).

    Cela peut être éprouvant, au départ. Car il est très difficile d’empêcher notre esprit de « vagabonder » ! On est en permanence obligé de se rappeler à l’ordre (avec bienveillance) et d’en revenir à la concentration sur le moment présent.

    Mais quelle récompense, lorsque vous faites l’effort !

    Pas seulement pour ces moments de grâce où vous goûtez soudainement à une autre expérience du monde et de vous-même…

    …mais surtout pour les effets de long terme de cette pratique pour retrouver la sérénité au quotidien.

    Réduction du stress, de l’anxiété, des problèmes cardiaques, des douleurs chroniques, des troubles du sommeil… on ne compte plus les bienfaits de la méditation, prouvés scientifiquement. [8]

    Mantra secret, méditation… ajoutez à cela quelques exercices de gratitude et vous serez comblé :

    Soyez reconnaissant de ce que vous avez

    J’ai consacré une lettre complète aux vertus thérapeutiques du sentiment de gratitude, et aux études scientifiques récentes qui en montrent les éclatants bienfaits pour notre santé.

    Mais la gratitude est beaucoup plus qu’un médicament : c’est l’antidote le plus puissant de la modernité… parce qu’elle nous pousse à nous comparer à ceux qui ont moins, plutôt qu’à ceux qui ont plus.

    Et c’est si simple ! Voici comment faire, si vous voulez profiter de ses bienfaits :

    Dès le matin, au réveil, prenez quelques secondes pour réaliser la chance que vous avez.

    Vous auriez pu vous réveiller aveugle, sourd ou paralysé… mais non, votre cœur bat tranquillement, vous respirez sans difficulté, vous avez bien vos deux jambes, vos deux bras et une tête bien faite.

    Vous avez la chance d’avoir un toit au-dessus de votre tête. Vous avez l’eau courante, l’électricité à toute heure de la journée, un ordinateur qui vous permet de vous connecter à des informations passionnantes.

    Vous vivez dans un pays libre. Vous avez des yeux pour admirer la beauté de ce qui nous entoure.

    Maintenant, allez un cran plus loin : soyez reconnaissant de tout ceci. Dites merci. Exprimez votre gratitude.

    Si vous être croyant, c’est facile : il vous suffit de remercier le Créateur. Si vous ne l’êtes pas, vous pouvez vous contenter de remercier « la vie » pour tous ses bienfaits.

    Essayez de réaliser que ce qu’il y a de positif dans votre vie, vous le devez au moins en partie à quelqu’un d’autre : à vos parents qui vous ont donné la vie, et à tous ceux qui l’ont influencé, etc. Remerciez-les en pensée.

    Vous êtes malade, vous souffrez, vous traversez des épreuves ? Faites tout de même l’effort de remercier la vie pour ce qu’elle vous apporte de positif. Des chercheurs ont montré que la gratitude est efficace y compris chez des victimes d’une maladie dégénérescente et incurable. [9] 

    Voilà, après ces quelques secondes de gratitude, vous pouvez à présent vous lever et bien commencer la journée.

    Et le soir venu, juste avant de dormir, prenez à nouveau une à deux minutes.

    Cette fois, pensez (ou, mieux encore, notez dans un carnet !) à tout ce qui vous est arrivé de positif dans la journée, et exprimez votre reconnaissance à ceux qui l’ont facilité.
    « Soyons reconnaissants aux personnes qui nous donnent du bonheur ; elles sont les charmants jardiniers par qui nos âmes sont fleuries », disait joliment Marcel Proust.
    Et bien sûr, tout au long de la journée, pensez bien à remercier chaleureusement tous ceux qui vous rendent service. Ne considérez jamais rien comme « donné » – par exemple, n’hésitez pas à remercier votre conjoint d’avoir cuisiné… même s’il le fait depuis 30 ans !!

    La magie de la gratitude est de nous lier plus étroitement aux autres. Elle nous pousse à la bienveillance envers celui qui nous a rendu service… qui se sentira d’autant plus proche de vous qu’il recevra un « merci » !

    Cultivez la simplicité, la sérénité et la gratitude… et vous verrez que l’amour sera décuplé dans votre cœur et celui de votre entourage.

    Et c’est bien cela, le plus important dans la vie.

    Bonne santé !

    Xavier



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