lundi 27 avril 2015

Gilles Ardinat sur l'altermondialisme et la démondialisation / Gilles Ardinat on the anti-globalization and the deglobalization



Etes-vous mondialiste, anti-mondialiste, alter-mondialiste ou... démon-dialiste ?

1h10 de réflexions qui en valent la peine








Un résumé écrit de cet exposé : 



Source : http://www.lengadoc-info.com/1761/societe/altermondialisme-et-demondialisation-avec-gilles-ardinat/





 « Altermondialisme et Démondialisation » avec Gilles Ardinat

« Altermondialisme et Démondialisation » avec Gilles Ardinat



Publié par : JordiV 20 avril 2015 dans Société Laisser un commentaire


20/04/2015 – 14h00 Montpellier (Lengadoc-info.com) – Professeur agrégé d’Histoire-Géographie enseignant à l’université Paul Valéry, Gilles Ardinat était invité ce vendredi à Montpellier par l’associationUniversité Réelle afin de débattre sur la question de l’altermondialisme et de la démondialisation.

L’auteur de « Comprendre la mondialisation en dix leçons » s’est attaché à définir avec précision des termes trop souvent employés à tort et à travers. Ainsi, si le mot « mondialisation » est souvent perçu comme un concept économique synonyme de néo-libéralisme, pour Gilles Ardinat il s’agit « d’un processus de généralisation des échanges entre les différents territoires de la planète ». En bon géographe, il place la notion de territoire au cœur du concept de mondialisation et l’économie n’est qu’un des aspects de ce processus. D’ailleurs la « généralisation des échanges » évoquée ne concerne pas uniquement les échanges économiques mais également l’information, les idées, les personnes, « ce sont des échanges de tout type ». A ne pas confondre avec le mondialisme, c’est à dire « la doctrine visant l’instauration d’un super état mondial, un gouvernement mondial comme le dirait Jacques Attali ». Mais pour l’universitaire, il n’y a pas aujourd’hui de mouvement politique qui se revendique ouvertement de cette doctrine, c’est pour cette raison qu’il est nécessaire d’élargir cette définition à tous ceux qui sont partisans du processus de mondialisation.

« Les altermondialistes sont dans une critique qui est partielle et qui ne va pas jusqu’au bout de sa logique »

Ainsi les « altermondialistes ce sont des gens qui critiquent les modalités de la mondialisation telle qu’elle existe mais qui voudraient en proposer une autre ». Un mouvement qui selon Gille Ardinat bénéficie d’une image plutôt positive dans les médias, ils sont perçus comme de « doux rêveurs ». Un mouvement aujourd’hui en échec malgré la pertinence de certaines analyses notamment dans la prévision des crises de ces dernières années, qui aurait du apporter une certaine crédibilité. « Les altermondialistes sont dans une critique qui est partielle et qui ne va pas jusqu’au bout de sa logique parce qu’ils n’envisagent que l’aspect économique et financier de la mondialisation. (…) Il y a une crainte chez les altermondialistes d’être catalogués comme des réactionnaires, des passéistes, des protectionnistes voire des nationalistes et pourquoi pas même des racistes. Ils ont peur d’être qualifiés de rouge-brun et restent favorables à l’ouverture des frontières par anti-racisme ».

Selon Gilles Ardinat, « l’anti-racisme est devenu une espèce d’étendard de militants qui ne sont plus là pour combattre le racisme. Leur but c’est de diaboliser, de terroriser, de rendre impossible un certain nombre de débats. (…) Aujourd’hui on n’ose plus aborder certains sujets qui n’ont rien à voir avec le racisme parce qu’on a peur d’être taxé de raciste. Dans le mouvement altermondialiste il y a cette peur et donc certaines questions ne peuvent pas être abordées. Exemple, le protectionnisme, qui est une doctrine économique qui n’a rien à voir avec une doctrine raciale. Défendre une forme de protectionnisme économique c’est défendre une forme de repli sur soi, c’est de la xénophobie, de l’égoïsme. (…) Pourtant, si l’on veut lutter contre la banque, contre la spéculation, il faudra nécessairement des frontières ». Ce n’est alors pas étonnant de voir le Medef faire la promotion de la liberté de circulation et de voir comment Madame Parisot s’est impliquée dans l’anti-racisme ».

« Ce n’est pas d’une autre mondialisation dont on a besoin mais d’une démondialisation »

L’universitaire montpelliérain ne se cache pas, pour lui, « si l’on doit faire une critique de la mondialisation il faut aller jusqu’au bout de la logique et proposer non pas une autre mondialisation mais un programme politique qui serait le contraire, c’est à dire la démondialisation ». Un concept politique qui est porté en France par Jacques Sapir et pendant un temps par Arnaud Montebourg. « Cette démondialisation c’est l’idée de mettre des frontières économiques, de faire du patriotisme économique, l’idée que l’État intervient. C’est un programme politique concret pour relocaliser les activités, ré-enraciner les économies ». Un programme qui a plusieurs facettes et notamment culturelle, « l’OMC et le système de libre échange œuvrent dans le sens d’une américanisation culturelle. Dans ce domaine, les altermondialistes sont moins complexés par la préférence nationale, c’est ce qu’on appelle l’exception culturelle avec par exemple les quotas de films en France ». Mais il faut aller plus plus loin, « la démondialisation ça pourrait être aussi un processus culturel de redécouverte des identités nationales et régionales face à cette américanisation forcenée ». « Si on veut proposer une alternative réelle, ce n’est pas d’une autre mondialisation dont on a besoin mais d’une démondialisation en reconstituant des communautés enracinées ».



Photos : DR

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Et si vous voulez un petit résumé de son bouquin : http://tem.revues.org/2650