mardi 27 octobre 2015

Frontières, mondialisation, souveraineté / Borders, globalization, sovereignty


PAR JACQUES SAPIR · 22 OCTOBRE 2015

source : http://russeurope.hypotheses.org/4402

On parle beaucoup aujourd’hui, du fait de la crise des réfugiés en Europe et au Proche-Orient, d’un « retour des frontières ». Ceci est assez étonnant, tout en décrivant bien, en creux, l’idéologie dominante dans une partie de la presse et chez certains commentateurs. Il faut en effet constater que les frontières existent aujourd’hui. C’est une évidence mais cela relève de la « découverte » pour certain. De ces frontières, certaines sont plus étanches que d’autres, mais elles sont une réalité générale. Par ailleurs, même au sein de l’Union Européenne l’accord de Schengen est aujourd’hui ouvertement remis en cause. Signe des temps : nous voici bien ramené à la question des frontières. Mais, cette question pose en filigrane celle de la mondialisation et celle de la souveraineté.

Du rôle de la frontière

Parler de retour des frontières implique que nous vivrions dans un monde sans frontières, ce qui n’est à l’évidence pas le cas. Cette question est donc très mal formulée. La véritable question n’est pas est-on pour ou contre des frontières, mais à quoi ces frontières doivent-elles servir.

La frontière est en réalité la condition de la démocratie. C’est elle qui permet de relier la décision collective et la responsabilité. Sans l’existence de frontières, si nous vivions dans une indétermination territoriale, nous pourrions certes avoir la possibilité de la décision en commune mais pas la responsabilité de long terme qui vient de l’existence sur un territoire donné. Ce fut d’ailleurs, historiquement, le problème qui empêcha les peuples nomades de se donner des institutions sociales et politiques à l’image des peuples sédentaires. La frontière est aussi constitutive de la démocratie en cela qu’elle détermine un peuple (et non une appartenance ethnique ou religieuse). C’est la frontière qui met l’étranger voulant vivre dans un autre pays devant le choix de s’intégrer ou d’être privé de droits politiques. Elle est une séparation entre l’intérieur et l’extérieur, séparation sans laquelle aucune organisation, et je rappelle qu’un Etat est une organisation, ne saurait – tout comme tout être vivant – exister. Même les protozoaires ont une membrane qui les isole de leur environnement.

Une frontière doit donc jouer le rôle d’un filtre laissant passer certaines choses, et bloquant certaines autres. Aussi, la question des frontières pose celle du protectionnisme. On sait que ce dernier à mauvaise presse. Mais, la question du protectionnisme est indissolublement liée à celle des politiques de développement. Les travaux d’Alice Amsden[1], Robert Wade[2] ou ceux regroupés par Helleiner[3] montrent que dans le cas des pays en voie de développement le choix du protectionnisme, s’il est associé à de réelles politiques nationales de développement et d’industrialisation[4], fournit des taux de croissance qui sont très au-dessus de ceux des pays qui ne font pas le même choix. Avec l’émergence de la nouvelle théorie du commerce international de Paul Krugman, on peut considérer que le protectionnisme a retrouvé en partie ses lettres de noblesse[5]. Paul Krugman lui-même a récemment reconnu que la globalisation pouvait bien, malgré tout, être considérée comme coupable[6]. Des phénomènes comme le recours massif à une sous-traitance étrangère n’avaient ainsi pas été prévus et ont considérablement modifié l’approche de la globalisation[7].

Frontières et mondialisation

Le fait que les pays d’Asie qui connaissent la plus forte croissance ont systématiquement violé les règles de la globalisation établies et codifiées par la Banque mondiale et le FMI a été établi par Dani Rodrik[8]. Ceci renvoie à la question des politiques nationales et à la problématique de l’État développeur qui renaît dans le débat depuis quelques années[9]. Cette problématique est en réalité au cœur du réveil industriel de l’Asie. En fait, ce sont ces politiques nationales qui constituent les véritables variables critiques pour la croissance et le développement, et non l’existence ou non de mesures de libéralisation du commerce international. Mais admettre cela revient à devoir reconsidérer le rôle de l’État dans les politiques économiques et le rôle du nationalisme comme idéologie associée au développement. On touche ici à de puissants tabous de la pensée orthodoxe en économie comme en politique.

Pourtant, il est clair que ce protectionnisme, ces politiques de développement national, n’interdisent nullement le commerce international. Le protectionnisme n’est pas l’autarcie. Ceci devrait être évident pour tout le monde. Mais, quand François Hollande, Président de la République, appelle à l’occasion du soulèvement récent des agriculteurs en France à « manger français », ne se fait-il pas, lui l’apôtre de l’autarcie? Sa formule relève en effet de ce qui s’appelle l’autarcie et qu’aucun économiste ne peut recommander. En réalité, des formes de protectionnisme, égalisant les conditions tant sociales qu’écologiques dans lesquelles les biens sont produits, sont absolument nécessaire. Ces formes de protectionnisme seraient plus efficaces si nous pouvions arriver à un accord commun avec certains de nos partenaires. Mais, même sans cet accord, elles seraient incontestablement efficaces.

 Du rôle modérateur de la notion de frontière

Il faut ici se souvenir du petit livre publié en 2010 par Régis Debray et qui s’intitulait Eloge des Frontières [10]. Il faut donc lire ou relire ce petit livre qui dit une grande chose. La frontière, parce qu’elle distingue un intérieur d’un extérieur permet le contact avec l’autre comme elle permet la démocratie, cette combinaison de pouvoir et de responsabilité. Dans une interview qu’il donne à l’occasion de la sortie de ce livre au JDD, Régis Debray dit aussi : « La frontière, c’est la modestie : je ne suis pas partout chez moi. J’accepte qu’il y ait de l’autre et pour faire bon accueil à un étranger, il faut avoir une porte à ouvrir et un seuil où se tenir, sinon ce n’est plus un hôte mais un intrus. Un monde sans frontières serait un monde où personne ne pourrait échapper aux exécuteurs de fatwas ou aux kidnappeurs de la CIA. (…)La méconnaissance des frontières relève d’un narcissisme dangereux, qui débouche sur son contraire : les défenses paranoïaques. Une frontière invite à un partage du monde et décourage son annexion par un seul »[11]. On voit que le propos est large. Il faut en tenir compte. Sans l’existence de frontières la distinction entre l’invitant et l’invité cesserait d’exister. Dès lors ne pourrait plus être pensée l’obligation morale qu’il y a à accueillir un étranger poursuivi par u pouvoir tyrannique sur son sol natal, obligation qui – il faut le rappeler – existe dans la déclaration des Droits de l’Homme et dans le préambule de la Constitution en France. Mais, ce que dit Régis Debray va encore plus loin. L’existence de frontières permet de penser la pluralité du monde. Elle s’oppose à la vision unifiante – et terrifiante – de l’empire universel. C’est l’existence de frontières, parce qu’elle permet l’existence de nations, qui permet l’internationalisme et non, comme le confondent beaucoup aujourd’hui, un a-nationalisme, une généralisation du statut d’apatride pour tous.

Frontières et souveraineté

Mais, parler de frontière est une autre manière de parler de la souveraineté.

Dès lors, on peut définir le souverainisme étymologiquement comme l’attachement de quelqu’un à la souveraineté de son pays, et donc l’attachement à ses frontières. Cela pourrait en faire un équivalent de patriotisme. Mais, dans sa signification actuelle, le souverainisme définit en réalité un attachement et une défense de la souveraineté du peuple, qui est le fondement principal de la démocratie. Le souverainisme est donc ce qui permet l’expression de la volonté d’une communauté politique (le peuple) à pouvoir décider de lui même, par lui-même et pour lui-même sur les questions importantes[12].

C’est donc une notion qui s’enracine profondément dans une vision de gauche de la société. C’est ce qui explique, sans doute, le succès grandissant des idées souverainistes car elles sont les seule qui permettent de rattacher l’aspiration au progrès social à des mécanismes concrets, car fonctionnant au sein d’espaces territorialisés clairement définis. Ce souverainisme ne relève pas d’une quelconque xénophobie. Il permet au contraire de penser la libre disposition d’un peuple de prendre son destin en main.

Le souverainisme est donc la position logique, et même la position nécessaire, de tous ceux qui veulent penser la démocratie, non pas comme un rite formelle mais comme une pratique réelle. Qu’il y ait, à partir du moment ou la souveraineté est établie et la démocratie réelle rétablie, des oppositions entre courants se réclamant du souverainisme est chose normale. On peut même dire qu’elle fait partie intégrante du processus démocratique. Mais, ces différents doivent être unis quand il s’agit de défendre la souveraineté et la démocratie. De ce point de vue, et contrairement à ce que d’aucuns écrivent[13], il n’existe pas de souverainisme « de gauche » ou « de droite ». Il existe des opinions, de droite ou de gauche, tenues par des souverainistes. Mais, l’ensemble des « anti-souverainistes » sont en réalité des gens que l’on peut qualifier comme « de droite » car ils se prononcent contre les bases mêmes de la démocratie.

Retour des frontières ou retour des Nations ?

Ce à quoi on assiste depuis maintenant plus d’une dizaine d’années, c’est au contraire à un retour des Nations[14]. Ce retour a commencé avec le rétablissement de la Russie ; il s’est prolongé avec les politiques des Etats d’Asie orientale. Désormais, ce processus concerne directement l’Europe. Face à ce retour des Nations, on peut soit le combattre, mais c’est un combat perdu d’avance, ou l’on peut chercher à fonder de nouvelles formes de coopération entre ces Nations.

Car, le retour des Nations n’implique nullement celui du nationalisme et du bellicisme. Les grands projets, dont les européens sont fiers, à juste titre, ont TOUS été le résultat de coopérations multinationales, et non d’un processus fédéral. Qu’il s’agisse d’Ariane ou d’Airbus, au départ ce sont quelques pays qui ont décidé de mettre en commun leurs savoir-faire et leurs compétences. D’ailleurs Airbus n’aurait jamais existé sans l’accord franco-allemand pour la construction de l’avion de transport Transall et sans le Concorde franco-britannique, qui a permis une modernisation décisive de l’industrie française.

Aucun de ces grands projets, et de ces grandes réussites, n’est aujourd’hui possible dans le cadre étriqué et étouffant de l’Union européenne. On a tout à fait le droit de penser que les Nations sont des cadres périmés. Mais en ce cas, il faut en tirer les conséquences pour soi-même. C’est pourquoi on ne peut qu’être très choqué de certains propos tenus récemment par François Hollande lors de son discours devant le Parlement européen, non tant par les propos eux-mêmes, mais du fait qu’ils sont contradictoires avec la fonction de Président de la République qu’il occupe. S’il était cohérent, il devrait donc démissionner.

[1] A. Amsden, Asia’s Next Giant, New York, Oxford University Press, 1989.

[2] R. Wade, Governing the Market, Princeton (N. J.), Princeton University Press, 1990.

[3] G. K. Helleiner (dir.), Trade Policy and Industrialization in Turbulent Times, Londres, Routledge, 1994.

[4] Voir C.-C. Lai, « Development Strategies and Growth with Equality. Re-evaluation of Taiwan’s Experience », Rivista Internazionale de Scienze Economiche e Commerciali, vol. 36, n° 2, 1989, p. 177-191.

[5] Voir A. MacEwan, Neo-Liberalism or Democracy?: Economic Strategy, Markets and Alternatives For the 21st Century, New York, Zed Books, 1999.

[6] P. Krugman, « A Globalization Puzzle », 21 février 2010, disponible sur krugman.blogs.nytimes.com/2010/02/21/a-globalization-puzzle.html .

[7] Voir R. Hira, A. Hira, avec un commentaire de L. Dobbs, « Outsourcing America: What’s Behind Our National Crisis and How We Can Reclaim American Jobs », AMACOM/American Management Association, mai 2005 ; P. C. Roberts, « Jobless in the USA », Newsmax.com, 7 août 2003, www.newsmax.com/archives/articles/2003/8/6/132901.shtml .

[8] D. Rodrik, « What Produces Economic Success?  » in R. Ffrench-Davis (dir.), Economic Growth with Equity: Challenges for Latin America, Londres, Palgrave Macmillan, 2007. Voir aussi, du même auteur, « After Neoliberalism, What? », Project Syndicate, 2002 (www.project-syndicate.org/commentary/rodrik7).

[9] Voir T. Mkandawire, « Thinking About Developmental States in Africa », Cambridge Journal of Economics, vol. 25, n° 2, 2001, p. 289-313; B. Fine, « The Developmental State is Dead. Long Live Social Capital?  », Development and Change, vol. 30, n° 1, 1999, p. 1-19.

[10] Debray R., Eloge des Frontières, Paris, Gallimard, 2010.

[11] Publié dans le JDD du 13 novembre 2010, http://www.lejdd.fr/Culture/Livres/Actualite/Regis-Debray-La-frontiere-c-est-la-paix-interview-233498

[12] Selon la définition donnée par Abraham Lincoln de la démocratie dans la fameuse « Adresse de Gettysburg ».

[13] Voir Plassart P., « Sirènes souverainistes », in Le Nouvel Economiste, 22 octobre 2010, http://www.lenouveleconomiste.fr/sirenes-souverainistes-28489/

[14] Sapir J., Le Nouveau XXIè Siècle, le Seuil, Paris, 2008

Mots-clefs : DebraydémocratieFrontièresSouverainisme


Jacques Sapir

Ses travaux de chercheur se sont orientés dans trois dimensions, l’étude de l’économie russe et de la transition, l’analyse des crises financières et des recherches théoriques sur les institutions économiques et les interactions entre les comportements individuels. Il a poursuivi ses recherches à partir de 2000 sur les interactions entre les régimes de change, la structuration des systèmes financiers et les instabilités macroéconomiques. Depuis 2007 il s'est impliqué dans l’analyse de la crise financière actuelle, et en particulier dans la crise de la zone Euro.


lundi 26 octobre 2015

L’Asie du Sud-Est oublie la terreur occidentale / The South-East Asia forgets the western terror

http://www.legrandsoir.info/l-asie-du-sud-est-oublie-la-terreur-occidentale-counterpunch.html

 (Counterpunch)

Les élites du Sud-Est asiatique ont oublié les dizaines de millions d’Asiatiques assassinés par l’impérialisme occidental à la fin et après la Seconde Guerre mondiale. Elles ont oublié ce qui s’est passé dans le Nord – les bombes incendiaires sur Tokyo et Osaka, les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, la liquidation barbare de civils coréens par les forces états-uniennes. Mais elles ont aussi oublié leurs propres victimes – les centaines de milliers, en fait des millions de gens, qui ont été déchiquetés, brûlés par des armes chimiques ou liquidés directement – des hommes, des femmes et des enfants au Vietnam, au Cambodge, au Laos, en Indonésie, aux Philippines et au Timor oriental.
Tout est pardonné et tout est oublié.
Et une fois de plus, l’Empire pivote fièrement vers l’Asie ; il s’en vante même.
Cela va sans dire que l’Empire ne connaît ni la honte ni la décence. Il fanfaronne à propos de la démocratie et de la liberté, tandis qu’il ne prend même pas la peine de laver ses mains du sang de dizaines de millions de gens.
Partout en Asie, les populations privilégiées ont choisi de ne pas savoir, de ne pas se souvenir, ou même d’effacer tous les chapitres terribles de l’Histoire. Ceux qui insistent sur le souvenir sont réduits au silence, ridiculisés ou présentés comme à côté du sujet.
Une telle amnésie sélective, une telle générosité se retourneront très bientôt. Dans peu de temps, elle reviendra comme un boomerang. L’Histoire se répète. Elle le fait toujours, et en particulier l’histoire de la terreur occidentale et du colonialisme. Mais le prix ne sera pas payé par les élites moralement corrompues, par ces laquais de l’impérialisme occidental. Comme toujours, ce seront les pauvres d’Asie qui seront contraints de payer.

***

Après être descendu de la plus grande grotte à proximité de Tham Pha Thok, au Laos, j’ai décidé d’écrire à une bonne amie vietnamienne à Hanoi. Je voulais comparer les souffrances des peuples laotien et vietnamien.
La grotte était utilisée comme maison par le Pathet Lao. Pendant la seconde guerre du Vietnam, elle a effectivement servi de quartier général. Aujourd’hui, elle semblait complètement hantée, comme un crâne recouvert de mousse et de végétation tropicale.
L’armée de l’air américaine avait l’habitude de bombarder intensément toute la zone et il y a encore de profonds cratères tout autour, cachés par les arbres et les buissons.
Les États-Unis ont bombardé la totalité du Laos, à qui on a donné le surnom amer de « pays le plus bombardé sur la terre ». (*)
Il est vraiment difficile d’imaginer, en étant sobre, ce que les États-Unis, l’Australie et leurs alliés Thai ont fait au Laos peuplé, rural, paisible.
John Bacher, historien et archiviste de la communauté urbaine de Toronto, a écrit sur La guerre secrète : « Davantage de bombes ont été larguées sur le Laos entre 1965 et 1973 que les États-Unis n’en ont déversé sur le Japon et l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Plus de 350 000 personnes ont été tuées. La guerre au Laos était un secret pour le peuple américain et le Congrès. Elle anticipait les liens sordides entre le trafic de drogue et les régimes répressifs observés plus tard dans l’affaire Noriega. »
Dans cette opération secrète, la plus grande de l’histoire des États-Unis, l’objectif principal était d’« empêcher les forces pro-vietnamiennes de prendre le contrôle » sur la région. L’opération tout entière ressemble plus à un jeu auquel quelques garçons sadiques et protégés auraient été autorisés à jouer : bombarder tout un pays et le ramener à l’Age de la pierre pour plus d’une décennie. Mais fondamentalement, ce jeu n’était rien d’autre que l’un des génocides les plus brutaux dans l’histoire du XXe siècle.
Naturellement, presque personne en Occident ou en Asie du Sud-Est ne sait quelque chose à ce sujet.
J’ai envoyé un texto à mon amie : « Ce dont j’ai été témoin il y a quelques années en travaillant dans la Plaine des Jarres était évidemment beaucoup plus terrible que ce que je viens de voir autour de Tham Pha Thok, mais même ici, l’horreur des actions des États-Unis était écrasante. » Je lui ai aussi envoyé un lien sur mon précédent article parlant de la Plaine des Jarres.
Elle a répondu quelques minutes plus tard : « Si tu ne me l’avais pas dit... Je n’aurais jamais rien su de cette guerre secrète. Autant que nous le sachions, il n’y jamais eu de guerre au Laos. Pauvre peuple lao ! »
J’ai interrogé mes autres amis au Vietnam, puis en Indonésie. Personne ne savait rien du bombardement du Laos.
La guerre secrète reste top-secret, même maintenant, même ici, au cœur de la région Asie-Pacifique ou, plus précisément, surtout ici.
Lorsque Noam Chomsky et moi avons discuté de l’état du monde pour ce qui est finalement devenu notre livre L’Occident terroriste – De Hiroshima à la guerre des drones, Noam a mentionné sa visite au Laos en guerre. Il se rappelait clairement les pilotes d’Air America, ainsi que les hordes de journalistes occidentaux basés à Vientiane, mais qui étaient trop occupés à ne pas voir et à ne poser aucune question pertinente.

***

« Aux Philippines, la grande majorité de la population est convaincue aujourd’hui que les États-Unis ont effectivement libéré notre pays des Japonais », m’ont dit un jour mes amis journalistes de gauche.
Dr. Teresa S. Encarnación Tadem, professeur de science politique à l’Université des Philippines Diliman, m’a expliqué l’an dernier, en face à face, à Manille : « Il y a un dicton ici : "Les Philippins aiment plus les Américains que les Américains ne s’aiment eux-mêmes". »
J’ai demandé : « Comment est-ce possible ? Les Philippines ont été colonisées et occupées par les États-Unis. Quelques terribles massacres ont eu lieu... Le pays n’a jamais été vraiment libre. Comment se fait-il que cet amour pour les États-Unis domine aujourd’hui ? »
« C’est dû à la machine de propagande nord-américaine extrêmement intense », a expliqué le mari de Teresa, le Dr Eduardo Climaco Tadem, professeur d’études asiatiques à l’Université des Philippines Diliman. « Elle a dépeint la période coloniale états-unienne comme une sorte de colonialisme bienveillant, contrastant avec le colonialisme espagnol qui l’avait précédé, décrit comme plus brutal. Les atrocités pendant la guerre américano-philippine (1898-1902) ne sont pas abordées. Ces atrocités ont provoqué la mort d’un million de Philippins. A cette période, cela représentait environ 10% de notre population... Le génocide, les tortures... tout cela a été commodément oublié par les médias, c’est absent des livres d’histoire. Et ensuite, bien sûr, les images diffusées par Hollywood et la culture pop américaine : d’héroïques et bienveillants soldats US sauvant des pays malmenés et aidant les pauvres... »
Fondamentalement, une inversion totale de la réalité.
« Le système éducatif est très important, a ajouté Teresa Tadem. Le système éducatif fabrique le consensus, ce qui à son tour permet de créer un soutien pour les États-Unis... Même notre université, l’Université des Philippines, a été fondée par les Américains. Vous pouvez en voir le reflet dans les programmes – par exemple les cours de science politique... Ils ont leurs racines dans la guerre froide et sa mentalité. »
Presque tous les enfants des élites asiatiques sont éduqués en Occident, ou tout au moins dans ce qu’on appelle des écoles internationales dans leurs propres pays, où le cursus impérialiste est appliqué. Ou dans des écoles privées, plus probablement religieuses/chrétiennes... Une telle éducation emprunte lourdement aux concepts d’endoctrinement pro-occidentaux et pro-business.
Une fois conditionnés, les enfants des élites s’occupent à laver le cerveau de leurs concitoyens. Le résultat est prévisible : capitalisme, impérialisme occidental et même colonialisme deviennent intouchables, respectés et admirés. Les pays et les individus qui ont assassiné des millions de gens sont étiquetés comme porteurs de progrès, de démocratie et de liberté. Il est prestigieux de se mêler à ces gens et il est hautement désirable de suivre leur exemple. L’Histoire meurt. Elle est remplacée par quelques contes de fées primitifs, dans le style Hollywood et Disney.

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Le monument en mémoire de la guerre à Hanoi (Photo : Vltchek)
A Hanoï, la photographie emblématique d’une femme tirant une aile d’avion américain abattu est gravée sur un monument grandiose. C’est une grande œuvre d’art, impérieuse.
Mon ami George Burchett, un artiste australien renommé né à Hanoï et qui vit aujourd’hui de nouveau dans cette ville, m’accompagne.
Le père de George, Wilfred Burchett, était incontestablement le plus grand journaliste de langue anglaise du XXe siècle. L’Asie était la maison de Wilfred. C’est là qu’il a créé son œuvre monumentale, qui aborde quelques-uns des actes de brutalité les plus scandaleux commis par l’Occident : ses témoignages allaient du récit de première main du bombardement atomique de Hiroshima aux meurtres de masse d’innombrables civils pendant la guerre de Corée. Wilfred Burchett a aussi couvert le Vietnam, le Laos, le Cambodge, pour ne citer que quelques endroits malchanceux totalement dévastés par les États-Unis et leurs alliés.
Aujourd’hui, ses livres sont publiés et réimprimés par des maisons d’édition prestigieuses dans le monde entier, mais, paradoxalement, ils ne vivent pas dans le subconscient des jeunes Asiatiques.
Les Vietnamiens, en particulier les jeunes, savent très peu de choses des actes épouvantables commis par l’Occident dans leurs pays voisins. Tout au plus connaissent-ils les crimes perpétrés par la France et les États-Unis dans leur propre pays – au Vietnam, mais rien, ou presque rien, sur les victimes des monstres financés par l’Occident comme Marcos [aux Philippines] et Suharto [en Indonésie]. Rien sur le Cambodge – rien au sujet des vrais responsables de ces deux millions de vies perdues.
Les guerres secrètes restent secrètes.
Avec George Burchett, j’ai admiré le grand art révolutionnaire et socialiste au Musée des beaux-arts du Vietnam. D’innombrables actes abominables, commis par l’Occident, sont dépeints en détail, ainsi que la lutte de résistance déterminée menée contre le colonialisme états-unien par le grand peuple héroïque du Vietnam.
Mais il y avait une impression étrange dans ce musée – il était presque vide ! A part nous, il n’y avait qu’un petit nombre de visiteurs, tous des touristes étrangers : les grandes salles de cette magnifique institution dédiée à l’art étaient presque vides.

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« Les Indonésiens ne savent pas, parce qu’on les a rendus stupides ! », crie mon cher et vieil ami Djokopekik, dans son studio d’art à Yogyokarta. Il est indéniablement le plus grand artiste réaliste socialiste d’Asie du Sud-Est. Sur ses toiles, des soldats brutaux bottent les fesses des pauvres gens, tandis qu’un énorme crocodile (symbole de corruption) attaque, mord et dévore tout ce qui est à portée. Djokopekik est ouvert, et brutalement honnête : « C’était leur plan ; le grand objectif du régime était de laver le cerveau des gens. Les Indonésiens ne savent rien de leur propre histoire ou du reste de l’Asie du Sud-Est ! »
Avant de mourir, Pramoedya Ananta Toer, l’écrivain le plus influent d’Asie du Sud-Est, m’a dit : « Ils ne peuvent plus penser... et ils ne peuvent pas écrire. Je ne peux pas lire plus de cinq pages de n’importe quel écrivain indonésien contemporain... La qualité est honteuse... » Dans le livre que nous avons écrit ensemble (Pramoedya Ananta Toer, Rossie Indira et moi), il déplorait que les Indonésiens ne sachent rien sur l’histoire ou sur le monde.
S’ils avaient su, il se soulèveraient très certainement et renverseraient ce régime infâme qui gouverne leur archipel jusqu’à aujourd’hui.
Deux à trois millions d’Indonésiens sont morts après le coup d’État de 1965, déclenché et soutenu par l’Occident et par le clergé, principalement par des protestants venus d’Europe. La majorité des gens dans cet archipel désespéré sont maintenant totalement conditionnés par la propagande occidentale, incapables de même percevoir leur propre misère. Ils continuent à accuser les victimes (principalement des communistes, des intellectuels et des athées) des événements qui ont eu lieu il y a exactement 50 ans, des événements qui ont brisé l’échine de cette nation autrefois fière et progressiste.
Les Indonésiens croient presque entièrement la droite, les contes de fées fascistes, fabriqués par l’Occident et diffusés par les canaux des médias de masse locaux contrôlés par les élites locales débauchées... Il n’y a pas de miracle : pendant cinquante horribles années, ils ont été conditionnésintellectuellement et culturellement par les pensées du niveau le plus bas de Hollywood, par la musique pop occidentale et par Disney.
Ils ne savent rien de leur propre région.
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Une ville fantôme dans le brouillard, au Timor oriental (Photo : Vltchek)
Ils ne savent rien de leurs propres crimes. Ils ignorent les génocides qu’ils ont commis. Plus de la moitié de leurs politiciens sont en fait des criminels de guerre, responsables de l’assassinat de plus de 30% des hommes, des femmes et des enfants tués pendant l’occupation du Timor oriental (aujourd’hui un pays indépendant), soutenue par les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie, du monstrueux bain de sang de 1965 et du génocide en cours perpétré par l’Indonésie en Papouasie.
L’information sur toutes ces horreurs est accessible sur internet. Il y a des milliers de sites qui apportent des preuves détaillées et accablantes. Pourtant, lâche et opportuniste, la population indonésienneéduquée choisit de ne pas savoir.
Bien sûr, l’Occident et ses grandes compagnies bénéficient grassement du pillage de la Papouasie.
Par conséquent, un génocide est commis, totalement couvert par le secret.
Demandez au Vietnam, en Birmanie, et même en Malaisie, ce que savent les gens du Timor oriental et de la Papouasie ? La réponse sera : rien, ou presque rien.
La Birmanie, le Laos, le Cambodge, l’Indonésie et les Philippines – ils peuvent être situés dans la même partie du monde, mais ils pourraient tout aussi bien se trouver sur des planètes différentes. C’était ça, le plan : le vieux concept britannique du diviser-pour-régner.
A Manille, la capitale des Philippines, j’ai été un jour confronté à une famille qui soutenait avec insistance que l’Indonésie est effectivement située en Europe. La famille ignorait tout autant les crimes commis par le régime pro-occidental de Marcos.

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Les médias occidentaux vantent la Thaïlande comme le pays du sourire, pourtant c’est un endroit extrêmement déshérité et brutal, où le taux d’homicides (par habitant) est même plus élevé qu’aux États-Unis.
La Thaïlande a été totalement contrôlée par l’Occident depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Par conséquent, son gouvernement (le roi, les élites et l’armée) a permis sur son territoire certains des crimes contre l’humanité les plus terrifiants. Pour n’en mentionner que quelques-uns : le meurtre de masse des insurgés thaï de gauche et de leurs partisans (certains ont été brûlés vifs dans des fûts de pétrole), l’assassinat de milliers de réfugiés cambodgiens, les tueries et les viols de manifestants étudiants à Bangkok et ailleurs... Et le plus terrible : la participation peu connue des Thaïs à l’invasion du Vietnam pendant la guerre américaine... Le recours intensif à des pilotes thaï pendant les bombardements contre le Laos, le Vietnam et le Cambodge, ainsi qu’à plusieurs aéroports militaires (y compris Pattaya) pour les armées de l’air occidentales. Sans parler de l’organisation de la prostitution des jeunes filles et des jeunes garçons thaïs (beaucoup d’entre eux étaient mineurs) en faveur des soldats occidentaux.

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La terreur répandue par l’Occident sur tout le Sud-Est asiatique semble oubliée, du moins pour le moment.
« Passons à autre chose », ai-je entendu à Hanoï et à Luang Prabang.
Mais tandis que les Vietnamiens, les Laotiens et les Cambodgiens sont occupés à oublier leurs bourreaux, l’Empire assassine les peuples d’Irak, de Syrie, de Libye, du Pakistan, de l’Afghanistan, du Yémen, de l’Ukraine et de tous les coins de l’Afrique.
Il a été dit par beaucoup, et prouvé par certains, en particulier en Amérique du Sud, où presque tous les démons ont été exorcisés, qu’il ne peut y avoir d’avenir décent pour cette planète sans reconnaître et comprendre le passé.
Après avoir pardonné à l’Occident, plusieurs pays du Sud-Est asiatique ont été immédiatement poussés dans une confrontation avec la Chine et la Russie.
Lorsque c’est pardonné, l’Occident ne se contente pas d’accepter humblement la générosité de ses victimes. Un tel comportement ne fait pas partie de sa culture. Au contraire, il prend la gentillesse pour de la faiblesse, et il en profite immédiatement.
En pardonnant à l’Occident, en oubliant ses crimes, l’Asie du Sud-Est ne fait en réalité rien de positif. Elle ne fait que trahir ses compatriotes victimes, partout dans le monde.
Elle espère aussi, pragmatiquement et égoïstement, quelques bénéfices. Mais ces bénéfices ne viendront jamais ! L’Histoire l’a démontré en maintes occasions. L’Occident veut tout. Et il croit qu’il mérite tout. S’il ne se heurte pas à une confrontation, il pille jusqu’à la fin, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien – comme il l’a fait en République démocratique du Congo, en Irak ou en Indonésie.

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Le célèbre historien australien et professeur émérite à l’Université de Nagasaki au Japon, Geoffrey Gunn, a écrit pour ce texte :
« Les États-Unis exercent en part égales un pouvoir dur et un pouvoir doux, à ce qu’il semble. Dans mes déplacements dans et hors de l’Asie de l’Est ces quarante dernières années, j’admets être perplexe quant à la sélectivité des souvenirs du dossier américain.
Prenez le Laos et le Cambodge dans les années 1970 où, dans chacun de ces pays, les États-Unis ont largué un plus grand tonnage de bombes que celles déversées sur les villes japonaises pendant la Seconde Guerre mondiale, et où les munitions non explosées tuent encore quotidiennement. Il n’y a pas si longtemps, j’ai demandé à un haut responsable du régime à Phnom Penh si l’administration Obama avait présenté des excuses pour ce crime des crimes. « Pas question », a-t-il répondu, mais ensuite il n’a pas non plus brandi son poing, à l’instar de la population qui semble engourdie quant aux faits élémentaires de sa propre histoire, au-delà d’une idée générale des horreurs passées.
Je me trouvais au Laos en décembre 1975 lorsque les révolutionnaires ont pris le pouvoir, pleins de rage contre les États-Unis ; la diffusion des crimes américains – autrefois base de la propagande – a été reléguée dans les recoins des musées. Idem au Vietnam, qui entre lentement dans l’étreinte des États-Unis comme un partenaire stratégique, et sans contrition particulière du côté américain pour les victimes des bombardements, des armes chimiques et autres crimes. Au Timor oriental, sacrifié par le président américain Ford et le secrétaire Henry Kissinger aux généraux indonésiens dans un intérêt de déni stratégique, et où à peu près 30% de la population a péri, l’Amérique est pardonnée ou, du moins, évacuée des récits officiels. Lorsqu’il s’est rendu aux États-Unis pour une première visite d’État, le président chinois Xi Jinping a recherché des accords avec les grandes entreprises américaines, la nouvelle norme dans la seconde plus forte économie mondiale et maintenant partenaire des États-Unis dans la guerre contre le terrorisme, comme en Afghanistan. Eh bien, enseignant encore récemment l’histoire dans une université chinoise, j’aimerais ajouter que l’histoire est importante en Chine, mais elle prend de manière trop évidente le Japon comme point de référence. »

***

« La Chine s’est habituée à voir la lutte contre l’impérialisme, le colonialisme et le néocolonialisme occidentaux comme le principal cri de ralliement de sa politique étrangère, soupire Geoff, alors que nous contemplons la baie de la ville où il vit – Nagasaki. Aujourd’hui, à Beijing, on se souvient seulement des crimes du Japon. »
Mais revenons à l’Asie du Sud-Est...
Tout est oublié et pardonné, pour une raison claire. Oublier paie ! Le pardon amène des fonds ; il assure des bourses d’études, qui sont l’un des moyens pour les pays occidentaux de répandre la corruption dans leurs États clients et dans les États qu’ils veulent attirer dans leur orbite.
Les élites, avec leurs maisons somptueuses, leurs voyages à l’étranger, leurs enfants dans les écoles étrangères, sont un groupe très indulgent !
Mais ensuite vous allez à la campagne, où vit la majorité de la population sud-est asiatique. Et là, l’histoire est très différente. L’histoire là-bas vous fait frémir.
Avant de quitter le Laos, j’étais assis à une table dehors dans le village de Nam Bak, à 100 kilomètres environ de Luang Prabang. Mme Nang Oen m’a raconté ses histoires de tapis de bombes américaines, et M. Un Kham m’a montré ses blessures :
« Même ici, à Nam Bak, nous avions de nombreux cratères partout, mais maintenant ils sont recouverts de rizières et de maisons. En 1968, la maison de mes parents a été bombardée... Je pense qu’ils ont largué dessus des bombes de 500 livres [à peu près 225 kg, NdT]. La vie était insupportable pendant la guerre. Nous devions dormir dans les champs ou les caves. Nous devions nous déplacer tout le temps. Beaucoup d’entre nous souffraient de la faim puisque nous ne pouvions pas cultiver nos champs. »
J’interroge Mme Nang Oen sur les Américains. A-t-elle oublié, pardonné ?
« Ce que je ressens à leur propos ? Je ne peux vraiment rien en dire. Après toutes ces années, je reste sans voix. Ils ont tout tué ici, y compris les poulets. Je sais qu’ils font la même chose aujourd’hui même, dans le monde entier... »
Elle s’est arrêtée, a fixé l’horizon.
« Parfois, je me souviens de ce qu’on nous a fait. Parfois j’oublie. Elle hausse les épaules. Mais si j’oublie, c’est seulement pour un moment. Nous n’avons reçu aucune compensation, même pas une excuse. Je ne peux rien faire à ce sujet. Parfois, je me réveille au milieu de la nuit, et je pleure. »
Je l’écoutais et je savais, après avoir travaillé des dizaines d’années dans cette partie du monde : pour les peuples du Laos, du Vietnam, du Cambodge et du Timor oriental, rien n’est oublié et rien n’est pardonné. Et cela ne devrait jamais l’être !
Andre Vltchek
Andre Vltchek est philosophe, romancier, réalisateur et journaliste d’investigation. Il a couvert guerres et conflits dans des dizaines de pays. Ses derniers livres parus sont : Exposing Lies Of The Empire et Fighting Against Western Imperialism. Discussion avec Noam Chomsky : On Western TerrorismPoint of No Return est un roman politique acclamé par la critique. Oceania traite de l’impérialisme occidental dans le Pacifique sud. Enfin, son livre provocateur sur l’Indonésie :Indonesia – The Archipelago of Fear.
Andre réalise aussi des films pour teleSUR et Press TV. Après avoir passé de nombreuses années en Amérique Latine et en Océanie, Vltchek réside et travaille aujourd’hui en Extrême-Orient et au Moyen-Orient. Vous pouvez le contacter sur son site Internet ou sur Twitter.
Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone
(*) En supplément il faut vraiment voir ce documentaire : CIA Opération Laos.
CIA:operation Laos. par stranglerman
Avant de lire cet article du Saker, j’avais certainement presque inconsciemment voulu oublier ce documentaire et ses premières images qui en disent déjà si long dès le début, qu’elles m’étaient alors restées très longuement gravées.
"On est puceau de l’horreur comme on l’est de la volupté" avait dit Céline qui était fin connaisseur en "horreurs", par celles de la Grande Guerre qu’il avait subies...
Il faudrait avoir la capacité froide d’un ordinateur pour pouvoir emmagasiner toutes les "horreurs" fomentées par l’Empire depuis prétendument la fin de la "dernière", mais c’est humainement impossible. Il faudrait au moins en prendre conscience...
gérard
»» http://lesakerfrancophone.net/lasie-du-sud-est-oublie-la-terreur-occidentale/
URL de cet article 29449

jeudi 22 octobre 2015

Giulietto Chiesa sur le vol MH-17 : voilà les images du missile BUK-1 ukrainien / Giulietto Chiesa on the flight MH-17: here are the images of the Ukrainian missile BUK-1

mardi 20 octobre 2015

Philippe Verdier et la dictature de la pensée écologique / Philippe Verdier and the dictatorship of the ecological thought

Je n'ai pas encore lu ce livre mais d'ores et déjà, vive la liberté d'expression, vive l'esprit critique, vive l'échange d'arguments. 

France Télévisions, Charlie ou pas Charlie ? That is the question.

Quoiqu'il en soit, je pense que le mode de vie occidental, d'une façon ou d'une autre, n'est pas durable. Ni socialement ni écologiquement. Juste une intuition...

Christophe

source : http://fr.sputniknews.com/france/20151020/1018967631/philippe-verdier-changement-climatique-livre.html

"Je dénonce des liens financiers entre les gouvernements, le politique, l'économique, les organisations écologistes, les ce qu’on appelle ONG environnementales, les religions", estime le journaliste Philippe Verdier dans son entretien à Sputnik.
Le journaliste français de radio et de télévision, spécialisé dans la météorologie Philippe Verdier, dans un entretien à Sputnik, parle de son livre "Climat Investigation", en raison duquel il s'est fait licencier.
M. Verdier estime qu'il est difficile de parler calmement du thème du climat car "dès que l'on parle, ce sont des thèmes guerriers qui reviennent: on parle de luttes contre le changement climatique, de mobilisations, ou de thèmes religieux, on est sceptique quand on ne croit pas…"
"Des effets positifs du changement climatique"
Dans son livre, M. Verider donne la parole aux climato-sceptiques, ce qui est "un mot nouveau", "un mot horrible" car, selon l'opinion publique, le changement climatique est là, ce n'est pas discutable, explique l'auteur.
"Je défends la liberté d'expression des gens d'avis différents qui veulent démontrer le contraire. C'est ce que je fais dans le livre, en leur donnant la parole pour qu'ils puissent s'exprimer à la télévision, à la radio, dans les journaux. Aujourd'hui ces gens-là sont stigmatisés, sont discriminés", souligne le journaliste.
M. Verdier cite aussi des éléments positifs du changement climatique. Il y a en effet aussi quelques effets positifs, au-delà des effets bien sûr négatifs que tout le monde connaît parce qu'ils sont cités partout dans les journaux.
"Mais si on a un peu d'honnêteté quand on parle de ce qui se passe, il y a aussi pour l'instant des effets positifs. Et comme c'est un tabou, comme personne n'en parle pas, j'ai dépassé ce tabou, je l'ai brisé. Effectivement là le livre est critiqué et moi, je suis classé dans le rang des gens qui sont climato-sceptiques", poursuit-il.
"Pas de lien entre le bruit politique et le changement climatique"
C'est pour cet acte de liberté d'expression qu'il a perdu son travail, à cause de la publication de "Climat Investigation". "J'étais en congé lors des jours qui entouraient la sortie du livre.Et depuis quelques jours, je ne peux pas retourner faire mon travail, comme c'était prévu, parce que j'ai une décision de France Télévisions qui m'a demandé de rester chez moi et de ne pas retourner au travail. Je n'en sais pas plus sur les détails, mais je sais que c'est concrètement lié avec le livre", raconte-t-il.
Selon M. Verdier, le livre fait beaucoup parler de lui depuis qu'il est sorti au début du mois d'octobre en France. Le livre est axé sur une enquête qui montre qu'aujourd'hui, entre le bruit politique qui est fait sur le changement climatique et ce qu'il est réellement concrètement, il n'y a plus vraiment de lien. Bien sûr, le fait qu'il y ait à la fin de l'année, au mois de décembre, la conférence des Nations Unies sur le climat, qui se déroule à Paris, a une incidence politique. Et comme elle a lieu à Paris, le thème du changement climatique a pris en France une place soudaine et énorme dans les médias et dans le discours politique depuis quelques mois, explique l'auteur.

"Ce que je dénonce dans le livre à travers l'enquête, ce sont les liens financiers entre les gouvernements, le politique, l'économique, les organisations écologistes, les ce qu'on appelle ONG environnementales, les religions. Il y a donc des conflits d'intérêts qui sont dans le livre, qui sont dénoncés clairement", souligne M. Verdier.
Selon lui, il y a des flux financiers, il y a toute une porosité entre sections et groupes, entre la science très politisée qui dépend des Nations Unies, des gouvernements, des économies où les scientifiques parlent au nom des politiques.
"Le problème c'est qu'à travers tout ce discours, les gens ne comprennent plus grand-chose à ce problème et en fait, ça fait 20 ans que ce problème n'est pas résolu, qu'il traîne et qu'il prend de l'ampleur beaucoup plus grande. Donc il y a une responsabilité qui n'est pas prise aujourd'hui à son degré d'intérêt", estime-t-il.
Le sort de Philippe Verdier et de son livre a suscité l'attention de nombreux internautes, qui expriment leur soutien à ses propos courageux et qui dénoncent l'atteinte à la liberté de l'expression en France.
Deux autres articles intéressants en lien avec le climatosepticisme :

« Solutions climat » : entrez dans la grande foire du greenwashing et du lobbying


source : http://www.bastamag.net/Solutions-climat-entrez-dans-la-grande-foire-du-greenwashing-et-du-lobbying

PAR 

Agenda des solutions, trophée des solutions, galerie des solutions, temps des solutions… Il sera beaucoup question de « solutions » au début du mois de décembre, lorsque Paris accueillera la 21e Conférence sur le climat organisée dans le cadre des Nations unies, la COP21. « Venez vivre l’expérience climat », et entrez dans le monde de l’optimisme préformaté, où chaque entreprise vient vendre ses solutions pour le climat, à grand renfort de publicité et de greenwashing. Et avec la bénédiction de l’État français, promoteur de cette vaste foire.
À rebours de l’atmosphère de résignation qui prévaut généralement dès que l’on aborde la crise climatique, le gouvernement français a choisi de placer la Conférence sur le climat sous le signe de la positivité, sinon de l’optimisme. La COP21 sera donc la COP des « solutions », mais aussi des « partenariats pluri-acteurs » et des « collaborations ». Un bel unanimisme pour faire diversion face à l’impuissance réelle de la COP21 et à l’emprise croissante du secteur privé et de ses « fausses solutions » ? Un des points d’orgue de ce grand effort de communication et de positivité : l’initiative « Solutions COP21 ». Respirez, tournez vos regards vers le ciel, laissez vos cheveux voler au vent, souriez : entrez dans le monde merveilleux de« l’expérience climat ».
Solutions COP21 sera avant tout une grande exposition publique au Grand Palais à Paris, du 4 au 10 décembre 2015. 50 000 visiteurs y sont attendus, qui pourront choisir entre 250 conférences et débats, 7 concerts, ou admirer les œuvres de 8 artistes internationaux. Sont également prévus un pavillon dans l’espace de la « société civile » au Bourget, où se tiendra la conférence officielle, des visites en région, et une plateforme web « contributive », le « hub des solutions climat. Le tout dans le cadre d’une communication soigneusement orchestrée pour nous faire positiver sans retenue – au risque d’en oublier le sérieux de la crise climatique, notamment pour ses premières victimes dans les pays pauvres.
Mieux se déplacer, mieux se nourrir, mieux se loger, maîtriser l’énergie, mieux se divertir et communiquer : Solutions COP21 entend montrer comment le changement climatique est aussi « une opportunité d’améliorer notre vie de tous les jours ». De la production d’énergie à partir de marc de café aux quartiers à énergie positive, il y en a pour tout le monde. On en perdrait presque de vue que le dérèglement climatique a deux causes principales bien identifiées : la combustion massive d’énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) et l’agriculture industrielle. Et que la priorité devrait sans doute être de trouver des « solutions » qui s’attaquent directement à ces deux causes.

Des « solutions » confisquées par les multinationales ?

Solutions COP21 n’est pas une initiative des pouvoirs publics. Elle est portée par deux clubs très liés, le Comité 21 et le Club France développement durable, qui regroupent institutions publiques, petites et grandes entreprises, collectivités, associations et ONG, et instituts de recherche. Mais pour les festivités prévues en décembre, les associations semblent avoir disparu du paysage. Parmi lespartenaires de Solutions COP21, quelques organismes et collectivités comme la mairie de Paris, la région Pays de Loire ou encore l’Agence française de développement. Mais surtout une ribambelle de multinationales, parmi lesquelles Engie – qui organise son « Tour de France des solutions climat » et une campagne de spots publicitaires sur « Le temps des solutions » [1] –, Carrefour, Ikea, Suez environnement, Michelin, Schneider Electric, Generali, Renault Nissan, L’Oréal et La Poste – sponsors officiels de la COP21. On retrouve aussi parmi les partenaires des entreprises comme Veolia, Sanofi, Avril-Sofiprotéol et Coca-Cola.
Le gouvernement français s’est déjà attiré les foudres des ONG lorsqu’il a annoncé la liste des entreprises sponsors officiels de la COP21, dont certaines comme Engie, EDF ou BNP Paribas sont massivement impliquées dans les énergies fossiles (lirenotre article). Même problème pour Solutions COP21. Cette initiative permet « aux grandes entreprises de promouvoir leurs solutions technologiques mystificatrices et basées sur une logique purement commerciale », dénonce l’ONG bruxelloise Corporate Europe Observatory (CEO), sur le point de publier une note très critique sur Solutions COP21, dont nous avons pu prendre connaissance [2].

« Les ONG ont toute leur place »

Le poids disproportionné des grandes entreprises se retrouve sur le « hub des solutions climat ». Sur 284 « solutions » mises en ligne, plus des deux tiers émanent d’entreprises, à quoi il faudrait ajouter celles qui proviennent d’associations professionnelles ou d’institutions de recherches très proches des milieux économiques [3]. Les PME se comptent sur les doigts de deux mains. En revanche, des grandes entreprises comme Engie (27 solutions, près de 10% des solutions du site !), Suez environnement (18), Veolia (12) ou Bouygues (11) sont présentes en force. Un peu plus d’une quarantaine de solutions proviennent de collectivités locales, et à peine 17 sont d’origine associative. Seule une poignée des solutions mises en ligne sur le hub sortent un tant soit peu du moule économique dominant.
Gilles Berhault, Président du Comité 21 et du Club France Développement Durable, qui a accepté de répondre à nos questions, admet que « certaines entreprises ont été les premières à profiter de l’opportunité de présenter ce qu’elles font », mais promet que la participation des associations « n’ira que croissant » et que le déséquilibre sera corrigé au Grand Palais : « Les ONG y ont toute leur place dans une répartition qui devrait être moitié public, moitié privé. » Qu’en pensent justement les ONG ? La Coalition Climat 21, qui regroupe 130 organisations de la société civile française (syndicats, organisations confessionnelles, associations), a refusé d’être présente au Grand Palais – même si quelques-uns de ses membres y ont prévu des activités.

Agrocarburants et énergies fossiles, présentés comme solutions

Certes, Solutions COP21 évite quelques « fausses solutions » classiques habituellement mises en avant par les milieux industriels. Ainsi (du moins si l’on se fie aux solutions présentées en ligne), il n’y sera pas directement question d’énergie nucléaire. Ni d’organismes génétiquement modifiés. Ni de « charbon propre » ou de capture-séquestration de carbone (CCS) [4]. Mais les énergies fossiles restent présentes en filigrane de plusieurs solutions mises en ligne. Vallourec, l’entreprise parapétrolière française, en propose pas moins de sept, qui visent toutes à rendre l’exploitation actuelle des énergies fossiles plus efficientes, que ce soit au niveau des forages, des plateformes pétrolières offshore ou des centrales thermiques. Certes, la mauvaise qualité des puits de forage est une source majeure d’émissions de méthane, un gaz à effet de serre 84 fois plus puissant que le CO2, particulièrement lorsqu’il s’agit de fracturation hydraulique. Mais de là à considérer que des technologies visant à rendre les puits de gaz de schiste plus efficients sont une « solution » à la crise climatique, il y a un pas que beaucoup n’oseraient franchir.
Autre sujet extrêmement controversé : celui des agrocarburants. Aussi bien le groupe Sofiprotéol-Avril, spécialiste du biodiesel, et présidée par le patron de la FNSEA Xavier Beulin, que l’association française Bioéthanol figurent parmi les partenaires officiels de Solutions COP21. Sur le hub, Sofiprotéol-Avril fait la promotion non seulement de son biodiesel, le très controversé diester [5], mais il vante aussi son projet de production de soja à grande échelle en France pour l’alimentation animale. Quand on connaît l’impact environnemental et climatique des agrocarburants et de l’élevage intensif, là aussi, on peut se poser des questions.

Un salon commercial où tout est à vendre

Pour Gilles Berhault, ce n’est pas un problème : « Dans le cadre du Hub, chaque organisation qui y propose une solution est responsable de ce qu’elle écrit… Ce n’est pas notre rôle de choisir de mettre en valeur telle ou telle solution. Notre rôle est d’apporter la possibilité à toutes les organisations de mettre en valeur les leurs. »
De fait, la plupart des solutions mises en avant sur le hub se contentent de faire la promotion des produits vendus par les entreprises, en reprenant parfois mot pour mot leurs brochures commerciales. Explication de Gilles Berhault : la plateforme n’accueille que des « solutions expérimentées ». Mais alors en quoi Solutions COP21, qui se veut une initiative modèle de « gouvernance pluri-acteurs », se distingue-t-elle d’un salon commercial à peine reformaté ?
Au final, le seul critère de sélection des « solutions climatiques » qui seront présentées au Grand Palais et sur le hub internet n’est-il pas… l’argent ? Laplaquette de Solutions COP21 présente toute une gamme d’offres pour mettre en valeur les « solutions » : la mise en ligne d’une solution climat sur le hub coûte ainsi 100 euros HT pour une entreprise, mais est gratuite pour tous les autres acteurs. Les entreprises peuvent également se payer un page promotionnelle sur le site pour 7000 euros HT. Tout est à vendre : espaces d’expositions au Grand Palais, panneau ou présentoir, créneau d’une demi-heure pour présenter sa solution dans un « corner » ou de 25 minutes sur le « Plateau TV COP21 », organisation d’une conférence, d’un petit déjeuner ou d’un cocktail... Il y en a pour (presque) toutes les bourses.
« Solutions COP21 est basé sur un seul principe : money talks (« L’argent parle »), dénonce Corporate Europe Observatory, qui ne voit dans les tarifs préférentiels accordés aux associations qu’un alibi pour se donner davantage de légitimité. « Plus vous avez d’argent, plus vous pouvez vous acheter les moyens d’être vu et entendu par nos dirigeants politiques... Dans le même temps, la société civile est à peine écoutée…, ce qui souligne la nature antidémocratique de ce genre de foire du lobbying. »

La « vraie » COP21, noyée dans une multitude d’« événements »

Au-delà de la publicité offerte aux multinationales se profile l’enjeu de l’accès privilégié des acteurs économiques aux décideurs et à l’espace des négociations. Solutions COP21 n’est pas le seul grand événement prévu en décembre à Paris pour valoriser les « solutions » des multinationales face à la crise climatique. Et les frontières entre ces événements et la conférence officielle apparaissent de plus en plus poreuses. Outre le « Business & Climate Summit » organisé à l’Unesco en mai dernier, sont notamment prévus le Sustainable Innovation Forum les 7 et 8 décembre au Bourget [6], le Caring for Business Climate Forum qui aura lieu également au Bourget [7], le World Climate Summit, qui se définit comme « le forum original réunissant entreprises, finance et gouvernements » [8], ou encore la Conférence Energy for Tomorrow, organisée par le New York Times les 8-9 décembre à la Chambre de commerce et d’industrie de Paris [9].
Bref, la concurrence est rude. Au Bourget, les grandes entreprises pourront faire coup double. D’un côté, elles bénéficieront d’un espace commercial spécifique, la « Galerie des solutions », un événement organisé par Reed Exhibtions, leader mondial de l’organisation de salons commerciaux (à but lucratif). De l’autre côté, elles auront aussi une place de choix dans l’« Espace Génération Climat », dédié à la « société civile », qui accueillera aussi des collectivités et d’autres organisations non gouvernementales – ainsi qu’un espace pour Solutions COP21 [10].

Une COP21 sous influence des multinationales

Et que penser de la « vraie » COP21, la conférence intergouvernementale placée sous l’égide des Nations unies et qu’on risque de perdre de vue dans une telle confusion ? La brochure « Devenez partenaire de l’événement » élaborée par le ministère des Affaires étrangères enchaîne les arguments commerciaux pour attirer les sponsors : « Les partenaires de la COP21… bénéficieront d’une exceptionnelle vitrine médiatique pour mettre en valeur leur engagement. Plus de 3000 journalistes seront présents au Bourget. » Et de lister les divers bénéfices que les entreprises pourront retirer de leur contribution, défiscalisée à 60% : « Une utilisation du visuel ‘partenaire officiel de la COP21’ (que toutes les entreprises concernées se sont empressées d’apposer sur le site web et leurs documents de communication),« une visibilité forte » sur le site, « un accès privilégié aux espaces de rencontre et d’expression » dans le village de la société civile au Bourget, « une participation à la cérémonie d’ouverture de la COP21 », et enfin « une participation à un dialogue privilégié » avec les ministres Laurent Fabius et Ségolène Royal. Impossible de connaître le montant exact de la contribution (financière ou en nature) des sponsors de la COP – les organisateurs n’ayant pas répondu à nos demandes répétées de communication des conventions [11].
Pour Pascoe Sabido du Corporate Europe Observatory, témoin de l’influence grandissante du secteur privé sur les COP au fil des années, « la COP21 compte parmi les pires, à la fois du fait de son agenda explicitement favorable aux entreprises et à travers la publicité énorme faite aux sponsors et à d’autres via le label officiel COP21. L’année dernière à Lima [lors de la COP20], l’influence des entreprises était plus discrète, suite à la débâcle de la COP19 [à Varsovie] dont les organisateurs avaient organisé une conférence de promotion du charbon. Tout ce qui manque maintenant à Paris est que le gouvernement français décide d’organiser une conférence de promotion du nucléaire ! »

Une opération de promotion des entreprises françaises

Le gouvernement français n’a jamais caché que son choix de mettre l’accent sur les « solutions » visait aussi à faire de la publicité pour les produits et les technologies des entreprises tricolores. Les sponsors de la COP21 et les partenaires de Solutions COP21 se recrutent d’ailleurs dans leur immense majorité parmi les grands noms du CAC40. EDF se présente comme le « partenaire officiel d’un monde bas carbone » et Engie comme le « leader européen de la transition énergétique », à des années-lumière de la réalité de ces entreprises (voir nos deux « contre-rapports » sur EDF etEngie).
« Chaque pays organisateur de la COP essaie de promouvoir ses propres priorités et ses propres entreprises, poursuit Pascoe Sabido. À Varsovie, la Pologne a essayé de présenter le ‘charbon propre’ comme une solution climatique en raison de ses intérêts économiques dans le charbon. Mais c’était tellement extravagant que cela n’a pas marché. Ce qui est inquiétant à Paris, c’est que cela semble efficace. La COP21 a davantage l’air d’un salon commercial que d’une conférence destinée à lutter contre le changement climatique. »
Pour Juliette Rousseau, de la Coalition Climat 21, l’enjeu est de « démocratiser la question du climat » et des réponses à y apporter, comme le revendique à sa manière Solutions COP21. « Mais c’est totalement contradictoire avec le fait de concentrer les ‘solutions’ du côté des grandes entreprises, qui en plus sont celles qui ont provoqué le problème au départ. »
Olivier Petitjean

Notes

[1Engie se targue d’être plus qu’un partenaire, un « allié » des organisateurs de Solutions COP21 (voir la page web dédiée de l’entreprise). L’entreprise a placé elle la thématique des « solutions » au centre de sa communication.
[2Déclaration de transparence : notre Observatoire des multinationales est actuellement impliqué dans un projet conjoint avec le Corporate europe Observatory sur le lobbying autour de la COP21.
[3Selon notre décompte effectué en date du 16 septembre 2015 sur la partie du site en français, comme pour tous les chiffres qui suivent.
[4Le « charbon propre » fait référence aux centrales charbon modernes légèrement plus efficientes et moins polluantes que les anciennes. Le CCS est une technologie souvent présentée comme « la » solution qui permettrait de continuer à brûler du charbon, du pétrole et du gaz à perpétuité… sauf que cette technologie n’est pas encore au point, qu’elle coûte plus beaucoup cher que d’investir dans les énergies renouvelables, et qu’elle implique elle-même des risques de pollutions supplémentaires.
[5Les agrocarburants dits de première génération (basés sur des cultures alimentaires), dont le diester, sont désormais largement discrédités du fait de leur contribution à l’accaparement des terres et à l’insécurité alimentaire, alors que leurs bénéfices réels pour le climat sont extrêmement douteux. Lire « Quand l’agriculture sert à nourrir les machines aux dépens des humains ».
[6Organisé par le Programme des Nations unies pour l’environnement pour promouvoir le thème de l’économie verte et sponsorisé par BMW et Vattenfal, se présentant comme « le plus important événement focalisé sur le monde des affaires durant la COP » et avec un site web dont l’adresse prête à confusion : http://www.cop21paris.org/.
[7Organisé par le Pacte mondial et d’autres organisations onusiennes dont la CCNUCC et sponsorisé (entre autres) par EDF.
[8Il est organisé en marge de chaque COP. Les sponsors de cette année incluent notamment Alstom.
[9Elle compte parmi ses sponsors Total et le World Business Council for Sustainable Development, lobby dédié au « développement durable » des grandes multinationales mondiales.
[10La Coalition Climat 21, quant à elle, n’y sera pas, par refus de la place privilégiée ainsi accordée aux entreprises et de l’idée même d’un espace pour la société civile organisé par les pouvoirs publics. Juliette Rousseau, sa coordinatrice, explique qu’à l’origine de la Coalition Climat 21, il y a le walk-out de Varsovie, il y a deux ans, lorsque toutes les composantes de la société civile s’étaient mises d’accord pour quitter ensemble la COP afin d’exprimer « leur refus conjoint de l’influence privilégiée des grandes entreprises sur les négociations », ainsi que « des fausses solutions ».
[11Les seuls chiffres affichés par le gouvernement français sont le budget global de la COP21 – 187 millions d’euros – et l’objectif de faire assurer 20% de ce budget par le secteur privé, soit 37,4 millions. En date du 29 septembre 2015, le site officiel de la COP21 dénombrait 31 sponsors, soit 1,2 million d’euros par sponsor (défiscalisés à 60%, rappelons-le), mais certains articles de presse ont évoqué une cinquantaine de sponsors.



COP 21 : Projet d’accord scandaleux pour l’humanité, et double jeu de la France


source : http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2015/10/08/cop-21-projet-d%E2%80%99accord-scandaleux-pour-l%E2%80%99humanite-et-double-jeu-de-la-france/
Vous trouverez via ce lien un texte de Maxime Combes présentant très sérieusement dix bonnes raisons de rejeter vigoureusement le projet actuel des Nations Unies préfigurant un éventuel accord final sur le climat à Paris. Je me contente de reproduire ci-dessous les titres des dix points critiques. Il est clair que sans la montée d’une protestation puissante de la société civile mondiale, nous courons au désastre.
Je joins également ensuite des extraits d’un article sur l’un des multiples double jeux de la France sur le climat : sa complicité active dans la poursuite, par Engie, de la construction de centrales à charbon dans le monde, ici en Turquie, pays prêt à devenir une « bombe climatique » en Europe.
L’ANALYSE DE MAXIME COMBES
1. Le cœur du problème : les objectifs de réduction d’émission des pays ne font pas partie de la négociation
2. L’ONU et les Etats prévoient de négocier avec le réchauffement climatique. Les résultats et préconisations du GIEC sont ignorés par ce texte.
3. Un mécanisme de révision mal envisagé (repoussant à dix ans une révision des ambitions à la hausse !)
4. Un projet de texte qui ignore l’origine de plus de 80% des émissions de GES : proposition est faite que la COP21 continue d’ignorer totalement les énergies fossiles !
5. Pas de financements adéquats prévus
6. L’aviation et le transport maritime épargnés !
7. Pas de plan pour le développement des énergies renouvelables (le terme n’apparaît même pas !)
8. Reléguer les droits humains, sociaux et politiques dans un article sans valeur
9. Un affaiblissement généralisé de la Convention cadre de Rio de l’ONU
10. Des idées dangereuses ne sont pas écartées
Paragraphe de conclusion :
« Accepter ce texte comme base de négociations revient peu ou prou à expliciter que les négociations sont sur la bonne voie ! Ce n’est pas le cas. Pourquoi ne pas le dire ? Pourquoi ne pas explicitement exprimer notre consternation face à des négociations qui nous conduisent à la catastrophe climatique ? Refuser clairement ce texte parce qu’il n’est pas à la hauteur des enjeux, c’est indiquer explicitement à l’opinion publique qu’il y a un problème. C’est générer une tension politique salutaire. C’est faire événement pour expliciter les enjeux, pour lever les voiles et obliger toute le monde à jouer cartes sur table. Une telle proposition revient à interpeler l’opinion publique et expliquer clairement que, derrière les beaux discours, il n’y a rien. C’est enfin jouer notre rôle de lanceur d’alerte. Si nous ne le faisons pas, qui le fera donc à notre place ? »
DOUBLE JEU DE LA FRANCE : « LA TURQUIE POURRAIT DEVENIR LA NOUVELLE BOMBE CLIMATIQUE DE L’EUROPE, AVEC L’AIDE D’UNE ENTREPRISE APPARTENANT EN PARTIE A L’ETAT FRANÇAIS : ENGIE (ex GDF Suez) »
L’article complet du Réseau Action Climat est accessible via ce lien. En voici la présentation sur leur site :
« L’énergéticien français Engie, détenu à 33% par l’État, continue d’investir massivement dans les centrales au charbon hors de France. Engie en possède déjà 30 sur tous les continents et prévoit d’en construire de nouvelles, notamment en Turquie, Mongolie, Brésil et Chili !
En Turquie, Engie a pour projet de construire la centrale d’Ada Yumurtalik (de 1230MW). Cette centrale viendrait s’ajouter à un plan de développement du charbon dans la région, particulièrement climaticide et nocif pour les populations. 500 000 personnes sont déjà affectées par les effets du charbon dans cette zone.
Un grand nombre d’ONG internationales, françaises et turques ont adressé aujourd’hui une lettre à François Hollande lui demandant d’agir pour qu’Engie se retire du secteur charbonnier en Turquie.
Le Réseau Action Climat France, le Climate Action Network Europe, ainsi que les Amis de la Terre France et l’ONG turque Iskenderun Environmental Protection Association, publient un dossier sur les enjeux du développement du charbon en Turquie par l’entreprise Engie ».
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13 commentaires de “COP 21 : Projet d’accord scandaleux pour l’humanité, et double jeu de la France”

  1. Jean GADREY : COP 21 : Projet daccord scandaleux pour lhumanité, et double jeu de la France | Econewsafrique dit : 
    […] le projet actuel des Nations Unies préfigurant un éventuel accord final sur le cli … voir source Partager :Partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Partager sur Facebook(ouvre […]
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  2. DURAND dit : 
    => Merci à ENGIE DE RIDICULISER, PAR CES FAITS, LA COP21, SE TENANT EN FRANCE ! (Comme si on avait déjà pas assez de problèmes!)
    LE “CHARBON PROPRE” N’A JAMAIS EXISTE (car propriétés PHYSIQUES) ET N’EXISTERA JAMAIS car capturer la totalité du CO2 (technique purement THEORIQUE, de surcroît!) émis coûtera une bonne partie de l’énergie (donc non-distribué à l’homme) SANS COMPTER LE PLOMB ET LE MERCURE EMIS! (source wikipédia) ET AUCUNE ILLUSIONS : CES CENTRALES NE SERONT JAMAIS REMIS AU NORMES DE DEPOLLUTIONS CROISSANTES (comme pour celles déjà existantes!).
    CETTE FILIERE TUE ET EST LE PIRE POLUANT ! Voulez-vous vraiment l’encourager? :
    => 670 000 CHINOIS MORTS/AN (sur 7 000 000 dans le monde) PAR LA POLLUTION AU CHARBON
    Vous avez, en tant que multinationale dans l’énergie, UN IMPACT SUR L’AVENIR DE MILLIARDS DE VIES ENTRE VOS MAINS sans compter sur les conséquences CLIMATIQUES FINALES COMME LES SECHERESSES ENGENDRANT FAMINES, MANQUE D’EAU ET D’AUTRES MORTS (EUROPE DE PLUS EN PLUS TOUCHE
    => http://ec.europa.eu/environment/pubs/pdf/factsheets/water_scarcity/fr.pdf
    => M. JEANCOVICI (48:06) : https://www.youtube.com/watch?v=MULmZYhvXik&feature=iv&src_vid=Mu2vOeCGqqE&annotation_id=annotation_809977)
    Au lieu d’innover et d’investir plus intelligemment dans l’avenir (ex : biomasse et transition de type d’énergie) et d’être “utile aux hommes” (votre slogan!) CES GENRES PROJETS AGGRAVERONS ET NOUS CONDAMNERONS TOUS AU NOM DE… VOS PROFITS?!
    “MERCI BEAUCOUP!!!!” DE LA PART DES 7 MILLIARDS!!!!!
    A REGARDER ET A PARTAGER D’URGENCE!!!
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  3. revue des blogs | Veille énergie climat dit : 
    […] Climat : Le projet d’accord doit être rejeté ! Non aux crimes climatiques ! / Maxime Combes, blog Mediapart, 8/10/2015 Un nouveau texte, pouvant préfigurer ce que pourrait être l’accord de Paris lors de la COP21, a été rendu public par l’ONU. Il est inacceptable. En endossant ce texte, les négociateurs des Etats accepteraient que le chaos climatique devienne l’horizon indépassable de l’humanité. Nous devons le rejeter. Un éventuel sursaut politique et citoyen est à ce prix… lire la suite  ; commentaire de Jean Gadrey sur son blog […]
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  4. jp Simand dit : 
    Cette conférence est le moins pire qu’on puisse faire faire actuellement: des promesses. C’est pour cela qu”il faut la soutenir.
    Sinon, on fait quoi? Boycott? On menace de bombardement nucléaire les pays récalcitrants? (Et on fera de la géo ingénierie involontaire
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  5. jp Simand dit : 
    ;)
    Après tout, au 18e s, les anglais bombardaient bien les autres pays qui n’avaient pas aboli l’esclavage !
    https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Abolition_de_l%27esclavage_au_Royaume-Uni
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  6. jipebe29 dit : 
    Il n’y a AUCUNE urgence climatique, et la COP21 se terminera par un bide, comme les 20 COP précédentes. Quelques informations de bon sens–le bon sens s’étant souvent égaré dans le dogme du réchauffement climatique anthropique…
    1) Le CO2 est gaz de la vie: sans lui, pas de photosynthèse, pas de vie sur Terre.
    2) Est-il prouvé qu’il ait une action mesurable sur la température? Non
    3) S’il en avait, comment expliquer qu’il n’y a plus de réchauffement global depuis près de 19 ans, alors que, sur cette période, nous avons émis 40% de toutes nos émissions depuis le début de l’ère industrielle?
    4) Comme les projections des modèles numériques divergent de plus en plus des observations, on ne peut accorder le moindre crédit à leurs projections multidécennales. Voir: http://imagesia.com/plantage-lamentable-des-modeles-numeriques_10hj7
    5) Selon le rapport AR5, page 471, figure 6.1, le taux d’émissions anthropiques de CO2 n’est que de 4% environ.
    Voir : http://imagesia.com/echanges-co2_10hg0
    6) 36 publications scientifiques donnent, en moyenne pondérée, 8,8 ans pour le temps de résidence du CO2 dans l’atmosphère, alors que le GIEC, violant ses propres procédures de synthèse des publications a décidé que le TR est de 100 ans, ce qui est contraire aux lois de la Nature, car le CO2 anthropique n’a pas de marqueur spécifique.
    7) Selon les mesures des 3600 sondes océaniques ARGO, qui mesurent les températures de la surface à une profondeur de 2000 m, les océans sont en léger refroidissement depuis début 2004, date de leur mise en service opérationnelle.
    8) Après la fin de la dernière ère glaciaire et la montée de 120 m des océans, les niveaux océaniques ont continué à monter de quelques mm/an. La montée moyenne des niveaux océaniques est, depuis les années 1800, de 1-1,5 mm/an, et aucune accélération n’a été observée. Allez sur le site http://www.climate4you.com/ (site du climatologue Ole Humlum, très documenté), onglet “oceans”, puis sélectionnez “see level from tide-gauges”. Vous y trouverez les mesures sur différents points de la planète, et les mesures globales par marégraphes.
    9) Penser que les EnR intermittentes permettent de produire une énergie fiable, compétitive, indépendante des caprices d’Eole et des cycles jour-nuit, est irresponsable et dangereux pour notre économie et le pouvoir d’achat des ménages. L’exemple allemand montre ce qu’il ne faut pas faire, car le prix du kWh est deux fois plus cher que chez nous, et les émissions de CO2 s’envolent.
    Voir: http://dropcanvas.com/a1djk
    Bref, on nous roule dans la farine avec un RC qui n’existe plus depuis 19 ans et d’absurdes politiques climat-énergie qui ne servent à rien sauf à réduire le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité de nos entreprises.…
    Giecum delendum est !…
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  7. Bernard GARRIGUES dit : 
    La préconception préalable de jipebe29 me paraît, à la fois, radicale et osée : je peux vous assurer que, il y a cinquante ans, les tomates ne mûrissaient pas à La Garde Guérin (850 mètres d’altitude) … d’autres constats du réchauffement climatique peuvent être effectués. Le problème du GIEC me paraît différent :
    (1) dans l’histoire de l’humanité, chaque fois qu’un nombre important d’intellectuels font cause commune, ils aboutissent à une croyance, pas à une vérité scientifique réfutable ; disons à une religion ;
    (2) afin de parvenir à une vérité scientifique à peu près robuste, il me paraît nécessaire de trouver a minima deux points de vue différents cohérents entre eux : Pascal a démontré cela élégamment par son Traité des coniques, vers 1640 ; mais les banquiers génois l’avaient mis en pratique, dès le 13ème siècle, par la comptabilité en partie double ;
    (3) en matière, pour faire simple, de climat, le point de vue des climatologues GES doit être cohérent avec celui des climatologues thermodynamiciens afin d’avoir quelques chances d’être juste : le moins que nous puissions dire aujourd’hui que ce n’est pas le cas. Or, avant tout, notre terre, comme tous les astres, est une machine thermodynamique d’une immense puissance.
    (4) Assez difficile à calculer, mais je dirai que l’énergie industrielle représente 0,4% de l’énergie mise en œuvre par le système terre dans un pays développé ; donc, une variable énergétique très faible.
    (5) Une autre difficulté provient du cycle « énergétique » de la terre qui est journalier, alors que les données mises à disposition facilement portent sur des cycles d’un an : il n’y a pratique aucune chance de comprendre comment fonctionne un système sans observer exhaustivement son cycle réel ;
    (6) Le principal processus mis au point par la vie afin de capter et stocker l’énergie est la photosynthèse qui a un rendement faible (mais qui respecte les lois de la thermodynamique) : or la variable « température » du processus est le degré-jour-croissance, qui est une variable approchée, pas le degré Celsius ou fahrenheit : pratiquement la base degré-jour-croissance est singulière à chaque plante.
    (7) Conclusion : nous devons observer le climat, jour par jour, à une maille relativement faible (5 km ?) pour avoir quelques chances d’être juste (exact).
    Ceci écrit, il est probablement juste que le COP 21 s’achèvera par un bide : sauf hasard, il y a très peu de chance de trouver une solution à un problème mal posé, voire vérolé.
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  8. CABY dit : 
    Après Copenhague, les ONG et les associations ont compris que, de toute façon, les négociations onusiennes n’aboutiraient jamais à des actions à la hauteur des enjeux.
    C’est pourquoi il appartient maintenant aux citoyens et aux élus locaux de mettre en oeuvre des solutions adéquates, au travers des Alkternatiba et des Journées de Transition citoyenne.
    Prenons otre avenir en mains, essayons d’entraîner les négociateurs le + loins possible, mais sans illusion.
    Gérard
    Membre de Transition Citoyenne 49 et des Amis de la Terre
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  9. jipebe29 dit : 
    @Bernard Garrigues
    1) On ne peut se baser sur un événement local pour en déduire qu’il y a réchauffement global. C’est ce que les anglo-saxons appellent du “cherry picking”, qui ne prouve rien, ni dans un sens, ni dans l’autre. Vos autres remarques sont par contre pertinentes.
    2) Il est exact que les mesures de température, qu’elles soient au sol ou par satellites n’ont pas une précision acceptable. Voir la première partie de ce document:http://www.scmsa.eu/archives/SCM_RC_2015_08.pdf
    3) Il existe des cycles climatiques bien documentés, de périodes 1000, 230 et 60 ans, non pris en compte par le GIEC, qui se polarise curieusement sur le CO2 en général, et anthropique en particulier… Voici les conférences du Pr Gervais et du Pr Weiss:
    http://www.institutschiller.org/Le-climat-reel-valide-t-il-les
    https://www.youtube.com/watch?v=c90Y1W1WxQg
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  10. Bernard GARRIGUES dit : 
    @ jipebe29,
    Oui et non. Je suis géographe du développement local, variété systémicien, pas climatologue :
    1/ Admettons que nous trouvions une maille à peu près pertinente de territoire : il me parait logique d’émettre l’hypothèse que les comptes énergétiques de cette maille peuvent être dressés (presque) simplement ; je ne dispose pas des données, mais je dois savoir faire.
    2/ Nous pouvons émettre une deuxième hypothèse : Il est possible de dresser les comptes énergétiques de toutes les mailles de n’importe quel territoire.
    3/ Donc de consolider les comptes énergétiques d’un département, d’un pays, etc … Bien entendu, le résultat sera en kwh pour les flux d’énergie et en kw pour la puissance du territoire ; pas en t° moyenne, ni en degré-jour-croissance. Cependant, le degré-jour-croissance rend compte de l’énergie disponible.
    Un exemple caricatural : la température moyenne annuelle de la Lozère est, à peu près, de 9° ; donc une température extrêmement peu clémente pour la photosynthèse ; cependant si vous faites des relevés en degré-jour-croissance cela vous donnera, par exemple, que le muguet y fleuri au environ du 1er juin à l’altitude moyenne (1 000 m). Je vous signale que les plantes, comme les animaux, dispose d’un horloge interne, resynchronisée chaque 24 heures par la nuit.
    Je doute personnellement des cycles climatiques ; par contre, je pense qu’il existe une histoire du temps qui nous apprend beaucoup ; le cycle météo est de 24 heures ; certes, il existe aussi un cycle annuel mais la combinatoire du cycle journalier et du cycle annuel relève, quant à sa représentation, de la théorie mathématique du chaos. Rappelons que c’est Edward LORENZ, un météorologue, qui a trouvé la première représentation à peu prés juste de la théorie de chaos, théorisée par Henri POINCARÉ.
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  11. Géd dit : 
    jipebe29 s’appelle Jean-Pierre Bardinet et est un climato-sceptique bien connu en France.
    Sa principale activité est d’intervenir sur tous les sites ou blogs parlant de réchauffement climatique afin de vendre sa camelote qui pourtant a été réfutée par nombre de ses compères outre-Atlantique sur le site de pseudo-science what’s up with that.
    Il est inutile de discuter avec Jean-Pierre Bardinet, quoique vous lui opposiez il vous renverra toujours les mêmes arguments réfutés maintes et maintes fois.
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  12. Michel Martin dit : 
    Mais que fait donc Pascal Canfin dans cette galère?
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  13. Bernard GARRIGUES dit : 
    Il m’indiffère absolument de savoir qui est qui : j’ai commis le choix depuis l’origine de n’intervenir que sous mon nom réel afin d’éviter d’écrire des inepties. Je suis loin d’être un climatosceptique, pourtant le discours des climatologues mainstream me paraît futile sans validation thermodynamique.
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