lundi 10 novembre 2014

Edward Snowden : "Nous avons un droit à la révolution" / Edward Snowden: " we have a right for the revolution

Source de l'article  : 

http://www.courrierinternational.com/article/2014/10/30/edward-snowden-nous-avons-un-droit-a-la-revolution

Auteur de l'article : Gabriel Hassan
Dans une interview très politique au magazine américain The Nation,l'homme à l'origine des révélations sur la NSA défend le principe de la désobéissance civile.

Image extraite d'une vidéo diffusée par Wikileaks, montrant Edward Snowden lors d'un dîner entre d'ex-agents d'espionnage américains et des activistes à Moscou, le 9 octobre 2013 - AFP/WikileaksImage extraite d'une vidéo diffusée par Wikileaks, montrant Edward Snowden lors d'un dîner entre d'ex-agents d'espionnage américains et des activistes à Moscou, le 9 octobre 2013 - AFP/Wikileaks
"Si nous nous contentons de suivre les règles que l'Etat nous impose, [...] nous ne changerons rien." Dans une longue interview au magazine de gauche The Nation, Edward Snowden défend le droit à la désobéissance civile "lorsque l'Etat agit contre l'intérêt général". Une désobéissance qui ne doit pas être elle-même encadrée par des règles.

"Nous sommes une démocratie représentative. Mais comment en sommes-nous arrivés là ? Par l'action directe. [...] Nous avons un droit à la révolution", soutient le lanceur d'alerte à l'origine des révélations sur l'Agence de sécurité nationale américaine (NSA), qui vit toujours à Moscou.

Edward Snowden, qui cite en exemple le mouvement Occupy Wall Street, défend ainsi la légitimité de ses divulgations, contre les accusations des responsables américains.

Une culture d'impunité


Il critique ensuite ouvertement le gouvernement des Etats-Unis. "La plus grande déception au sujet du gouvernement Obama, affirme-t-il, c'est que, au lieu de faire machine arrière, il aura poussé encore plus loin les violations de la loi qui avaient cours sous George W. Bush".

Snowden déplore en particulier que James Clapper, l'actuel directeur du renseignement national américain, n'ait pas été puni pour avoir déclaré au Congrès, en mars 2013, que la NSA ne collectait pas les données de millions d'Américains. "Si nous laissons nos responsables enfreindre la loi publiquement sans conséquences, nous instituons une culture de l'impunité", souligne-t-il.

Une Magna Carta des droits numériques

Interrogé sur les conséquences de ses révélations, l'ancien consultant de la NSA distingue "deux voies de réforme : la voie politique et la voie technique". "Je ne pense pas que la voie politique aboutisse, estime-t-il. Le sujet est trop abstrait pour la plupart des gens (...). Et nous ne sommes pas dans une époque révolutionnaire."

En revanche, Snowden place beaucoup d'espoirs dans la réforme "technique". "Depuis les révélations, on a assisté à un changement majeur dans les fondements et le fonctionnement d'Internet", explique-t-il, prenant l'exemple du nouvel iPhone 6 d'Apple, équipé d'une technologie de cryptage. "Les entreprises américaines ont compris que le gouvernement n'avait pas seulement mis à mal des principes américains : il a causé du tort à leurs activités", note le lanceur d'alerte.

Snowden entend d'ailleurs se consacrer désormais à la "réforme technique", "parce que je ne suis pas un politicien [...] ; je parle le langage de la technologie". Il insiste sur la nécessité pour cette génération de créer "une Magna Carta pour Internet" – une référence à la "Grande Charte des libertés d'Angleterre" octroyée en 1215 par le roi Jean sans Terre – et de définir des "droits numériques".