dimanche 6 avril 2014

"Poutine me fait peur"... La crainte du moment / " Putin frightens me "... The fear of moment

Alors, oui, il nous faut encore et encore dénoncer haut et fort les agissements de Vladimir Poutine, qui nous fait “peur”. 
Tout d’abord sur le plan économique. Car qu’a-t-il fait depuis 15 ans, concrètement ? Le pouvoir d’achat des Russes : il a doublé – et est désormais proche de 4 fois celui des Ukrainiens (qui est lui-même largement inférieur à celui de la Namibie ou d’Irak). L’inflation : passée de 100 % à presque rien. La balance commerciale : largement redressée et désormais excédentaire. Le taux d’emploi : en très forte hausse. La dette publique : passée de 90 % du PIB à 10 %. La pauvreté : divisée par 2. [1] Bref, les chiffres parlent d’eux-mêmes : un échec lamentable – il n’y a qu’à comparer avec les résultats de notre leader Minimo François Hollande. 
Au niveau politique : des élections régulières, de gros succès électoraux – on est donc bien loin de la situation de nos amis d’Arabie Saoudite (pays de la peine de mort pour les homosexuels) ou de Chine (au fait, le Tibet, on en est où ?). L’asile politique donné à un criminel comme Edward Snowden a fait tomber les masques l’année dernière… 
Évidemment, sa côte de popularité n’est jamais descendue sous les 65 % d’opinions positives, et elle est remontée à 80 % actuellement [2] – tout ceci étant prévisible vu les chiffres catastrophiques précédemment avancés. 
D’ailleurs, on se rend bien compte que les chiffres sont évidemment truqués, Obama plafonnant à 40 % [3], Hollande étant descendu à 15 % [4], et le taux d’approbation du Congrès américain venant de réussir l’exploit d’atteindre un seul chiffre, avec 9 % de satisfaction des Américains. [5] 
Mais c’est au niveau géopolitique que le pire est à craindre pour la sécurité du monde. Là encore, le bilan est cruel. Voici la liste des pays bombardés ou déstabilisés par la Russie au cours des 30 dernières années : , , , , , , , . Éloquent, non ? Il est simple de la comparer avec la liste des États-Unis : Liban, Grenade, Libye, Bolivie, Iran, Philippines, Panama, Irak, Somalie, Bosnie, Serbie, Haïti, Zaïre, Soudan, Afghanistan, Irak, Serbie, Macédoine, Afghanistan, Yémen, Philippines, Colombie, Irak, Venezuela, Liberia, Haïti, Pakistan, Somalie, Syrie, Yémen, Libye… Mais il est vrai que les États-Unis n’ont actuellement des militaires que dans 175 pays… [6]
Et maintenant, que prône M. Poutine ? Des référendums ! Pour demander leur avis aux gens ! Non mais, sérieusement, jusqu’à quand allons-nous tolérer ceci en Europe ? 
Faisons bien attention aux conséquences de notre pusillanimité : si nous laissons des référendums se développer en Europe, cela en sera fini de la marche vers le « Progrès Européen ». Terminé les traités budgétaires soumettant nos élus au bon vouloir de la technocratie bruxelloise. Fini l’austérité pour complaire à des marchés financiers s’attaquant désormais à l’économie réelle et à ses entrepreneurs. Fini les rémunérations à 7 chiffres pour des traders cocaïnomanes spéculant à la vitesse de l’éclair. Abandonnées les augmentations de l’âge de la retraite jusqu’à 70 ans. 
Pire, personne n’acceptera de saigner la Grèce pour rembourser des hedge-funds vampires. Et quel européen non lobotomisé votera pour élire Hermann Van Rompuy Président du Praesidium Européen ? Et pourquoi pas un référendum révocatoire pour renvoyer Hollande à Tulle avec son scooter tant qu’on y est ? 
De même, si nous faisons un référendum au Royaume-Uni, il est clair que ce pays quittera rapidement l’Union européenne. Comme le feront pas mal d’autres pays si nous demandons leur avis aux citoyens – préférant la Démocratie à l’Empire. 
Et quel peuple acceptera de voter pour l’accord d’association UE/Ukraine signé le 21 mars dernier [7], qui met désormais nos entreprises européennes en concurrence avec le pays le plus pauvre d’Europe, où le salaire minimal est de 100 € par mois (30 % de moins qu’en Chine !) [8] – prélude à de futurs plans pour combattre une « inattendue » « perte de compétitivité » ? Aucun peuple censé ne l’acceptera – craignant évidemment le chômage, puisque n’ayant pas fait l’ENA. Il faut donc bel et bien bannir le référendum du continent et laisser Bruxelles décider. Seul. 
Par Olivier Berruyer
Source : http://www.les-crises.fr/poutine-me-fait-peur/
On a d’ailleurs vu avec quel brio Bruxelles a géré le dossier ukrainien, la subtilité de la Diplomatie européenne ayant parfaitement su gérer les conséquences prévisible sur la Russie (qui disposait d’un accord de libre-échange avec l’Ukraine) de son projet d’accord de libre-échange avec l’Ukraine. Un peu comme si l’Algérie signait avec l’Espagne de Schengen un accord de libre circulation des personnes – évidemment, nous regarderions sans rien dire… Quelle finesse quand François Hollande lance son “Nous ne paierons pas l’Ukraine” [8-2], ou quand Barroso a renvoyé l’Ukraine dans les cordes quand elle a proposé de négocier à 3 UE/Ukraine/Russie : « Quand nous signons un accord bilatéral, nous n’avons pas besoin d’un traité trilatéral » [8-2]. Bel exemple pour l’édification de nos futurs diplomates…
Oui, rappelons bien ceci à Poutine : « La Démocratie, No pasara ! ». Rappelons que la France est une monarchie élective, influencée par une oligarchie discrète ! Que celui qui décide ici, seul, c’est notre prince Scooterman Ier – après avoir demandé l’autorisation à Barack Obama, bien entendu. 
Mais là où apparait clairement la perfidie du président russe, c’est que, non seulement il a fait voter les habitants de Crimée sur leur avenir pour la première fois de leur Histoire, mais en plus, alors que, essentiellement Russes, ils ont logiquement demandé leur rattachement à la Russie à une écrasante majorité (incontestable si on connait la composition et l’histoire de ce territoire [9]), eh bien, Poutine les écoute et il répond à leur demande ! Imagine-t-on ceci en Europe ? Mais enfin, nous n’aurions jamais pu signer le traité de Lisbonne si des attitudes aussi irresponsables avaient tenu compte de la demande des Français de 2005. 
Tout ça, alors que, dans cette affaire, la solution était tellement simple – et nous l’aurions surement appliquée si des ministres russes avaient alimenté des manifestations populaires pro-russes au Canada, puis avaient surtout fomenté un coup d’État avec des néonazis qui auraient interdit le français au Québec. 
Il nous faut donc ne pas écouter des pacifistes incompétents comme Kissinger, Védrine, Carrère d’Encausse ou Sapir, appelant à « finlandiser » l’Ukraine, pour en faire un pont neutre entre l’UE et la Russie. Non, il nous faut continuer à renier nos promesses solennelles de 1989 de ne pas intégrer l’Europe de l’Est dans l’OTAN et nous emparer de toute l’Ukraine de peur que Poutine ne s’empare un jour de la moitié russophone. 
Et bien sûr, il faut punir très fortement Poutine (la punition étant désormais un axe central en Diplomatie, plutôt que la négociation), renvoyer la Crimée dans le giron du gouvernement putschiste ukrainien non élu, puis, évidemment, envoyer des chars ukrainiens noyer dans le sang le soulèvement qu’il n’y aurait pas manqué d’avoir envers un gouvernement comportant un tiers de néonazis russophobes assumés (dénoncés par la Knesset ou le Congrès Juif Mondial [10], et ré-inhumant régulièrement des Waffen SS avec les honneurs militaires par exemple [11]) et soutenu par un Occident cynique comme jamais. 
Car en l’espèce, c’est comme un divorce : ou on laisse son conjoint partir, où on lui tape dessus pour qu’il reste. Alors, que diable, un peu de Courage, rejoignons nos glorieux prédécesseurs qui nous ont montré la voie du respect des frontières : Guy Mollet en 1956 en Algérie ou l’URSS en 1968 en Tchécoslovaquie ! Ne copions pas ce faible Gorbatchev qui a laissé l’Ukraine quitter l’URSS ! Un peuple ça ferme sa gueule ou ça meurt… 
Là, au-moins, dans un tel scénario, à la Yougoslave, l’UE sait agir : tweets, discours enflammés, résolutions, condamnations, envois d’observateurs et de Bernard-Henri Lévy, puis d’enquêteurs, puis de médecins légistes, et enfin saisie de la Cour pénale internationale puis cérémonies funèbres. 
Mais au lieu de cela, Poutine à tout gâché, et le peuple de Crimée a fêté dans la liesse populaire son rattachement à la Russie [12]. Et le peuple de Kiev a manifesté sa révolte le 23 mars, l’ampleur de la manifestation phénoménale de 5 000 personnes montrant bien le caractère totalement illégitime de la chose pour les Ukrainiens – tout comme le fait qu’à peine 20 % des militaires ukrainiens en Crimée aient obéi à l’ordre de leur ministre de rentrer au pays, préférant rester avec l’oppresseur russe… [13] Tout ceci est donc désolant, c’est à désespérer du « rêve européen »… 
Au moins, l’isolement diplomatique de la Russie est total, la communauté internationale étant soudée contre Poutine – il n’a plus avec lui que la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Argentine, l’Afrique du Sud et quelques autres pays [14]. Ce qui n’est pas étonnant, tant le droit international interdit ce genre de référendum (Citons ainsi l’article 1 de la Charte des Nations Unies : « respecter le principe de l’égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes », ou la Cour de Justice Internationale en 2010 « Le droit international général ne comporte aucune interdiction applicable des déclarations d’indépendance. ») [15] 
Et comme nous ne savons pas jusqu’où ira Poutine, il nous faut donc SURTOUT nous armer de lucidité et de continuer à voir le monde sous le prisme « Les gentils contre les méchants » – cela a toujours donné d’excellents résultats ! [16] 
P.S. bien entendu, ce billet vise essentiellement à critiquer la position occidentale et l’UE, et à mieux comprendre la Russie, et non pas à faire un panégyrique de Poutine – il y a en effet beaucoup de choses à dire  sur la liberté de la presse en Russie, le cas de la Tchétchénie etc. Mais alors, parlons d’abord de l’Arabie, du Gabon, du Qatar et de la Chine que nous recevons avec tapis rouge à Paris et où la situation du peuple de ces États frôlant parfois la barbarie est bien bien pire qu’en Russie… Le 2 poids 2 mesures est inacceptable : fixons la règle de comportement, et tenons-nous y, quel que soit le pays, et non pas quand ça nous arrange…
Olivier Berruyer
[1] Cf. Loic Abadie
[2] Levada ou VTsIOM par exemple
[3] Time
[4] Le Figaro
[5] CBS
[6] Ministère Défense US
[7] Les-Crises
[8] Insee ukrainien
[8-2] The Telegraph
[9] Ici ou  par exemple. Pour mémoire, le référendum pour la départementalisation de Mayotte en 2009 a été gagné par… 95,24 % de oui…
[10] Les-Crises
[11] JN1
[12] AFP
[13] RFI
[14] RIA, ici  ou  : « Les deux pays jugent inacceptable la politique de deux poids, deux mesures de certains pays occidentaux et organisations internationales. Les présidents ont appelé à tenir compte des traditions nationales, historiques et culturelles des peuples. »
[15] Ici et 
[16] Le Point, 500 000 morts en Irak en 10 ans par exemple…